Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Prologue – Partie 3

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Prologue

Partie 3

« Je peux les forcer à s’habiller si ça te dérange tant que ça », avais-je proposé. Une partie de moi se demandait pourquoi ces mots étaient sortis de ma bouche. Je détestais ces types depuis le début — ils étaient mes anciens ennemis.

Noëlle avait été prise au dépourvu par ma suggestion. Elle avait hésité un moment avant de secouer la tête. « Je ne pense pas que tu doives aller aussi loin. »

C’était encore l’hiver en République, raison de plus pour laquelle je ne pouvais pas croire qu’ils se promenaient encore à moitié nus. Ont-ils des lésions cérébrales ?

« Oh oui, ce n’était pas sur la liste, mais j’aimerais prendre quelques fruits. Léon, ça te dérange si on s’arrête encore à un endroit ? » demanda Noëlle.

« C’est le travail d’homme à tout faire, de se taire et de suivre. » C’était précisément la façon dont les hommes étaient censés se comporter dans le Royaume de Hohlfahrt, mais il s’avérait que les choses étaient différentes dans la République.

« Je vais porter les fruits, » dit-elle. « Je me sens mal de te faire tout trimballer pour moi. »

L’entendre dire quelque chose d’aussi réconfortant m’avait pratiquement fait monter les larmes aux yeux. Ah, la République est un pays étonnant en effet !

Noëlle avait dû remarquer que mes yeux s’embuaient parce qu’elle avait fait la grimace. « Tu sais, à chaque fois que ça arrive, je me dis la même chose : pourquoi es-tu si émotif pour des choses qui n’ont que du bon sens ? »

« Parce que ta version du bon sens est comme la bienveillance d’une sainte. »

Combien de fois avions-nous eu cet échange exact ? Noëlle inclinait toujours la tête et disait : « Les femmes du Royaume sont-elles vraiment si terribles ? Les deux filles avec qui tu es fiancé avaient l’air vraiment gentilles. » Elle n’avait pas rencontré beaucoup de femmes du Royaume. Anjie et Livia étaient exceptionnellement rares parmi les étudiantes qui fréquentaient l’académie de Hohlfahrt. Elles ne pouvaient pas être comparées à la racaille typique : un groupe de filles, chacune issue d’une famille dont les rangs vont de « baron » à « comte ».

« Ce n’est qu’une petite partie d’entre elles qui sont complètement intolérables, » avais-je avoué. « Ou peut-être devrais-je dire étaient-elles complètement intolérables ? »

La tête de Noëlle s’était penchée en raison de sa curiosité. « Étaient ? Pourquoi le passé ? »

« Je suis parti étudier à l’étranger avant que les conditions sur place ne commencent à s’améliorer. »

« Se sont-elles améliorées ? »

C’était une longue histoire. En gros, l’extrême hiérarchie matriarcale qui existait autrefois à l’académie avait finalement été rectifiée — prétendument, en tout cas. J’étais parti pour la République avant d’avoir pu voir le résultat final de ces changements, donc je n’avais aucun moyen de savoir comment les choses s’étaient passées.

Pendant notre bref échange, Noëlle avait continué à chercher un magasin vendant des fruits frais. Dès qu’elle en avait repéré un, elle s’y était rendue. Chaque produit exposé était un délice fraîchement cueilli, mais Noëlle avait l’intention de ne sélectionner que les meilleurs d’entre eux. La maison Lespinasse faisait autrefois partie des Sept Grandes Maisons (aujourd’hui réduites aux Six Grandes), et tous ses membres étaient des nobles de haut rang. Noëlle était l’une des rares survivantes de cette maison, et son statut éminent faisait d’elle l’équivalent d’une princesse. Voir une personne d’une telle importance errer dans le marché matinal en se demandant quel fruit choisir sur l’étal était un spectacle époustouflant.

« Monsieur, j’aimerais ceux-ci ici et ceux-là là-bas. » Une fois que Noëlle avait fait sa sélection, le marchand chargé de l’étal fourra ses fruits dans un sac. Il me jeta un regard fugace et ajouta un fruit supplémentaire, même si nous ne l’avions pas payé.

« Voyez ça comme un cadeau, puisque vous semblez si proches tous les deux. Vous avez trouvé une jolie fille, mon garçon. Je vous envie. » Les lèvres du marchand s’étaient fendues d’un large sourire, et il avait gloussé un peu trop fort. Noëlle et moi avions échangé des regards avec des sourires troublés sur nos visages. C’était gentil de la part de l’homme de nous donner un cadeau, et aucun de nous ne voulait le gâcher en le corrigeant, alors nous l’avons simplement remercié pour sa gentillesse avant de quitter le marché.

Sacs en main, nous étions retournés à la propriété de Marie. Il devait être environ neuf heures à ce moment-là, je suppose. Nous avions pris notre temps pour regarder toutes sortes de produits, et le temps passa très vite. Comme nous n’avions pas encore pris de petit-déjeuner, j’étais vraiment affamé.

Noëlle, par contre, ne semblait pas préoccupée par son estomac vide. Elle était trop occupée à s’inquiéter de ce que ce marchand nous avait dit. Ses joues étaient rougies par la gêne, son discours plus rapide que d’habitude. « Je n’aurais jamais imaginé que nous aurions l’air d’un couple aux yeux des autres. Ah ha ha, j’espère que ça ne t’a pas dérangé. Si ? »

Pas en particulier. Je me suis dit que ça la dérangerait.

« Non, je vais bien », avais-je dit. « Mais ça a dû être un peu ennuyeux pour toi, non ? »

« Qu-Quoi ? Bien sûr que non ! »

En voyant avec quelle insistance elle le niait, j’étais d’autant plus sûr qu’il devait y avoir une erreur, comment une femme de son calibre pouvait-elle tomber amoureuse d’un crétin comme moi ? Un jour ou l’autre, un partenaire plus digne de ce nom se présenterait, et elle se réveillerait enfin. C’est ce que je voulais croire, en tout cas, je ne la méritais sûrement pas. Et Anjie et Livia, alors ? C’était aussi curieux qu’elles m’aient choisi comme partenaire, puisqu’elles étaient toutes les deux si merveilleuses. Mais… Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander comment les choses auraient pu tourner si j’avais rencontré Noëlle en premier.

J’avais repéré un café avec une terrasse ouverte alors que nous flânions dans les rues. Il y avait plus de couples que d’habitude, étant donné que c’était le week-end, et ils semblaient tous engagés dans une conversation animée, peut-être en train d’élaborer des plans sur l’endroit qu’ils allaient visiter ensuite. Parmi les couples, j’avais repéré un homme assis seul. Il avait l’air terriblement mal à l’aise. Je m’étais tout de suite senti concerné.

« Les gens ont l’air de bien s’amuser, même si c’est si tôt », avais-je commenté.

Noëlle s’était figée sur place. Elle avait ouvert la bouche pour dire quelque chose, avait changé d’avis et l’avait refermée aussitôt.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » avais-je demandé.

« Ce n’est rien, vraiment ! De toute façon, nous devrions nous dépêcher de rentrer. Rie doit nous attendre. »

Bien qu’elle semblait impatiente de rentrer, je trouvai mon regard errant vers le café. « Non, je ne vois aucun problème à les faire attendre. Allons d’abord manger un morceau ! Nous pourrons nous vanter à notre retour auprès de Marie d’avoir été manger quelque chose de délicieux. »

Je savais que Marie grincerait des dents d’envie si on mangeait dehors. Sa vie doit être bien misérable pour qu’elle soit jalouse d’une chose aussi minuscule. Je m’étais souvenu que dans notre vie précédente, elle sortait à la moindre occasion pour manger un morceau, prétextant que c’était trop compliqué de cuisiner à la maison. Les chemins de la vie étaient bien mystérieux.

J’avais attrapé Noëlle par la main et l’avais traînée jusqu’à l’entrée. Le personnel nous avait conduits à nos sièges et avait apporté les menus en un rien de temps. Noëlle avait posé ses affaires et m’avait fait face. Son agitation à être entourée de tant de couples était plutôt évidente.

« Ah ha ha, d-désolée de te faire faire ça, » dit-elle.

« Non, tu ne me causes aucun problème. J’avais faim, et je me suis dit que ce serait une bonne idée de manger quelque chose de consistant avant de rentrer. »

Noëlle avait secoué la tête. « Si tu manges trop ici, tu ne pourras pas prendre ton petit-déjeuner plus tard. »

« Psh, je suis un garçon qui grandit. Je suis sûr que je peux tout ranger. » Être jeune avait ses avantages. Peu importe combien je mangeais, mon estomac semblait perpétuellement vide.

Alors que je jetais un coup d’œil au menu, Luxon parla assez doucement pour que je sois le seul à l’entendre. « C’est précisément ce qui me trouble tant chez toi, tu es un lâche et pourtant tu prends des décisions aussi audacieuses sorties de nulle part. Mais bon. Même avec cette atmosphère romantique que tu as créée, tu es toujours trop veule pour mettre le doigt sur elle au final, donc le fait demeure que tu es un lâche. »

Il m’agace au plus haut point.

J’avais jeté un coup d’œil à Noëlle. Elle était occupée à scruter le menu. « Hmm, peut-être ça ? Oh, mais ce ne serait pas bon de trop en manger… » C’était adorable de voir avec quel sérieux elle se débattait pour savoir quoi commander. Quand elle avait finalement pris une décision et levé la tête, nos regards s’étaient croisés. Ses joues étaient devenues rouge vif. Cette vision m’avait rendu triste, car je n’avais jamais profité de telles situations dans ma vie précédente. Mais je n’avais pas à me plaindre, j’étais heureux maintenant, et c’est ce qui comptait.

« Ne me regarde pas comme ça. C’est embarrassant, » dit Noëlle.

« Hein ? Quelle partie est embarrassante ? »

« Tu me regardes m’agiter sur ce que je vais commander. »

Je n’avais pas pu m’empêcher de glousser.

« Pourquoi ris-tu ? »

J’avais haussé les épaules. « Rien, j’ai juste pensé que c’était mignon. Bref, pourquoi ne pas commander ? »

Noëlle avait fait la grimace, mais peu importe à quel point elle essayait de paraître grincheuse, sa voix était trop claire pour me tromper. « Tu es tellement méchant, tu sais. Et tu es un plus grand coureur de jupons que tu ne le dis. »

« Je suis un jeune homme gentil et droit qui manque de s’affirmer à l’occasion. Rien de plus, rien de moins. »

« Et un menteur aussi ! La façon dont tu as trompé Louise la dernière fois était particulièrement minable. » Autant elle me grillait, autant elle n’était jamais allée jusqu’à la vraie critique.

« Mentir pour le bien de quelqu’un d’autre est un véritable fardeau pour mon cœur honnête, » lui avais-je dit. « Tu devrais essayer de me réconforter. »

« Tu en fais tellement trop que c’est plutôt attachant. Bien que je suppose que ça n’a pas d’importance… »

La conversation s’était arrêtée là pour le moment, et j’en avais profité pour lever la main et faire signe à un serveur. L’homme que j’avais identifié comme une âme sœur un peu plus tôt m’avait lancé un regard furieux et avait fait claquer sa langue en signe d’agacement. J’étais le seul à nous considérer comme semblables, il semblait que, de son point de vue, nous devions ressembler à n’importe quel autre couple.

Luxon murmura : « Tu as l’air de t’amuser. Je suppose que cela ne te dérange pas si je considère cela comme une double aventure ? »

S’il te plaît, laisse tomber ça. On est juste deux bons amis qui sortent prendre un petit-déjeuner, d’accord ?

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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