Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 8 – Chapitre 6

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Chapitre 6 : La réalité ici et maintenant

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Chapitre 6 : La réalité ici et maintenant

Partie 1

« C’est comme une vision de l’enfer..., » avais-je murmuré en regardant la scène en dessous de nous.

C’était l’heure des sorcières, et Julius et moi étions debout ensemble au sommet des murs de Lasta.

Au cas où quelque chose se passerait, Aisha était un peu derrière nous. Ce n’était pas une précaution contre Julius, mais contre les créatures du dessous.

Les créatures ressemblant à des chimères fourmillaient maintenant sous nous, se régalant des restes rôtis des hommes-lézards tués par nos bombardements aériens. Ces abominations se nourriraient volontiers de l’homme et de l’homme-lézard.

Il y avait des cris dispersés pendant que les monstres se battaient pour la nourriture.

Regarder, ou même simplement écouter tout cela ne pourrait pas être bon pour mon bien-être mental.

« Avec tous ces hommes-lézards qui les entourent, je suis impressionné que ce petit pays résiste depuis si longtemps, » avais-je dit, mal à l’aise. « Ça n’aurait pas été inattendu qu’ils vous engloutissent en un rien de temps. »

« Peut-être, mais nous ne pouvions pas renoncer à la vie, » déclara Julius. « Nous sommes ici parce que tout le monde s’est battu pour survivre. »

C’était surprenant d’entendre Julius dire ça. Il semblait qu’il avait vraiment changé. Le Julius que j’avais connu avant ne se serait pas autant soucié des soldats qui combattaient à ses côtés. Ses jours d’errance et son temps avec la princesse Tia lui avaient vraiment laissé un homme changé.

« Au fait..., » commença Julius, « Qu’est-il arrivé à la cavalerie-wyverne ? »

« Je les ai renvoyées à la force principale, » déclarai-je. « Puisqu’ils avaient épuisé les barils explosifs qu’ils avaient apportés. De plus, vous n’avez pas les réserves pour les nourrir ici indéfiniment. »

« ... En effet, » déclara Julius.

Les wyvernes mangeaient l’équivalent d’une vache par repas. Cependant, une fois qu’elles avaient mangé, elles n’avaient pas eu besoin de se nourrir de nouveau pendant près d’une semaine, de sorte que leur coût global n’était pas trop élevé. Malgré tout, ce serait un lourd fardeau pour un pays assiégé, et je ne pourrais donc pas les nourrir ici.

Soit dit en passant, si Naden ou Ruby utilisaient leur souffle de feu ou leurs décharges électriques sous forme de dragon, cela consommait une quantité considérable d’énergie, et elles mangeaient affreusement pendant un certain temps après pour compenser. À cause de cela, je n’avais pas non plus encore été capable de les laisser se déchaîner sous forme de dragon.

« J’ai, au moins, demandé à la cavalerie-wyverne d’apporter les vivres qu’il vous manque ici, mais... c’est environ à une demi-journée de voyage, donc au plus tôt ils arriveront demain soir, » avais-je dit. « Nous devrons nous battre avec les soldats de ce pays et les Dratroopers pendant un peu plus longtemps. »

« Dans ce cas... il sera important de décider comment le commandement des troupes des deux pays sera assuré. » Julius m’avait regardé. « Êtes-vous sûr de vous, de me laisser commander les forces de Friedonia ? »

« Dans cette situation, il n’y a pas beaucoup d’alternatives, » déclarai-je.

Après avoir parlé à mon officier d’état-major, Kaede, nous avions décidé que, pour le temps limité qu’il fallait à la force principale pour nous rencontrer, Julius se verrait confier le commandement des Dratroopers.

C’était une mesure que nous prenions pour éviter tout conflit dans les structures de commandement des forces armées de Friedonia et Lastania.

« Vous êtes après tout le commandant le plus expérimenté ici, » déclarai-je. « Je suis peut-être plus haut placé, mais je suis plus du genre bureaucratique, et les Dratroopers sont de féroces combattants, mais ce sont tous des têtes emplies de muscles. Kaede est le meilleure commandant que nous ayons en main, mais bien qu’elle soit douée pour la planification des opérations, elle n’est pas faite pour prendre le commandement au milieu d’un champ de bataille. Bref, vous êtes le seul vrai général ici, Julius. »

« Je comprends cela, mais... Je vous demande si vous ou vos hommes pouvez me faire confiance. S’ils ignorent mes ordres parce qu’ils ne peuvent pas, c’est un problème. Je pourrais utiliser les Dratroopers comme s’ils étaient remplaçables. Ça ne vous inquiète pas ? »

J’avais souri ironiquement à sa question presque paranoïaque, et j’avais dit. « Vous n’avez rien à gagner à faire cela dans la situation actuelle. De plus, si vous faisiez quelque chose d’incorrect, vous vous ferez des ennemis des quelque 60 000 soldats qui viennent par ici. »

« Je suppose que vous avez raison, » déclara Julius.

Je me penchai sur le bord du mur et levai les yeux vers le ciel du soir de l’automne. « Je n’aurais jamais pensé qu’un jour, on se battrait ensemble. »

« Je pourrais dire la même chose. Je ne m’attendais pas à voir le jour où je sois sauvé par mon ennemi juré, » Julius croisa les bras et s’appuya aussi contre le mur.

Nous avions été ennemis, mais nous étions devenus alliés. Le monde était un endroit imprévisible. Il y eut un moment de silence pendant que je réfléchissais à cette pensée.

Au bout d’un certain temps, Julius avait ouvert la bouche avec hésitation. « Je veux que vous me le disiez. Mon père, Gaius VIII... comment était sa fin ? »

J’avais fait une pause. « Comment ça, comment était-ce ? »

« D’après ce que les soldats m’ont dit, après notre séparation, il a dit qu’il allait “montrer la Volonté d’Amidonia”. Père a-t-il pu atteindre son but ? » demanda Julius.

J’étais devenu silencieux.

Son ton n’était pas accusateur. Julius voulait simplement savoir ce qu’avait été la fin de Gaius VIII, prince souverain d’Amidonia.

« C’était effrayant, » avouai-je. « Quand Gaius est venu pour prendre ma tête, il était vraiment terrifiant. Pour être honnête, la lame de l’homme n’était qu’à un pas ou deux de m’atteindre. »

Même maintenant, j’avais parfois vu les événements de ce jour-là dans mes rêves. Dans mes rêves, le résultat fut différent, et l’épée qu’il lança avec le reste de ses forces me transperçait la poitrine.

Cela montrait à quel point cette journée avait été traumatisante pour moi. Je n’oublierais jamais le visage de Gaius, tordu comme celui d’un démon et empli d’intentions meurtrières, pour le reste de ma vie.

Julius avait gloussé. « C’est vrai, mon père a été assez éblouissant pour que quelqu’un craigne pour sa vie. »

« Je ne peux pas en rire. J’avais sérieusement accepté ma mort et je me demandais quels mots je laisserais à ma fiancée, » déclarai-je.

« Je vois... Il semble que Père ait pu montrer sa volonté à l’époque. » Julius avait souri un peu tristement, puis il se fait une claque sur les joues comme pour s’aider à changer de vitesse. « Mon père a pu vivre le reste de sa vie comme un guerrier. Ce n’est pas à moi d’en parler maintenant. Comme mon père, je m’efforcerai de vivre comme je le désire vraiment. »

« De quel mode de vie s’agit-il ? » lui avais-je demandé.

« Je vivrai en protégeant ceux que j’aime de toutes les fibres de mon être. Alors, Souma, pour protéger la princesse Tia et ce pays, laissez-moi vous prêter ma force, » après ça, Julius inclina la tête devant moi.

Il avait... vraiment changé, hein.

J’avais tapoté Julius sur l’épaule, puis j’avais commencé à marcher. « Allons-y, Julius. J’aurai besoin de vous pour diriger le conseil de guerre. »

« D’accord, » déclara Julius.

Nous nous étions donc dirigés vers le château où tout le monde attendait.

 

 

***

Pendant ce temps, à peu près au même moment...

Devant l’une des tours de guet près du château, il y avait deux personnes, une grande et une petite. C’était la petite sœur de Souma, Tomoe et son garde du corps Inugami.

Dans la scène de l’obscurcissement, seul le feu de veille qui était allumé près de l’entrée de la tour avait brillé de mille feux.

Dans cette atmosphère inhabituelle, Inugami regarda Tomoe avec inquiétude.

« Allez-vous vraiment y aller ? » demanda Inugami.

Tomoe hocha la tête. « Grand Frère a dit : “Je veux que tu testes s’il est possible de converser avec le monstre à l’intérieur”. Il voulait que j’apprenne autant que possible. »

Tomoe allait utiliser son pouvoir sur le monstre à l’intérieur... ce qui voulait dire qu’elle allait interroger l’homme-lézard pris dans la bataille précédente. S’ils pouvaient apprendre l’écologie des hommes-lézards, il serait possible de s’en servir pour planifier les opérations futures. Cependant, c’était une créature qui avait essayé de se régaler de la chair des gens. Être capable de comprendre ce qu’il dit pourrait conduire à un traumatisme psychologique pour Tomoe.

Souma était aussi extrêmement inquiet à ce sujet, mais cédant à l’enthousiasme de Tomoe pour l’aider, il lui avait demandé à contrecœur de recueillir des informations.

Inugami, inquiet, exhorta Tomoe à être aussi prudente que la situation le justifiait. « Sa Majesté a aussi ordonné de ne pas en faire plus que ce que vous pouvez supporter. Si je juge que cela a un mauvais effet sur votre état mental, Petite Sœur, je vous ferai sortir d’ici par la force si nécessaire. »

« D’accord. Je vous en prie, Monsieur Inugami, » déclara Tomoe.

Tomoe serra la main d’Inugami. Parce qu’elle était un loup mystique et qu’Inugami était un loup gris, ils ne ressemblaient à rien si ce n’est à un père et sa fille quand ils se tenaient la main.

Ils avaient ouvert la porte de la tour, se tenant encore la main, et étaient entrés. Puis, descendant l’escalier en colimaçon, ils s’étaient tenus devant une cellule de prison.

Là, à l’intérieur, un homme-lézard était ligoté main et pied.

« Kshaaaa ! » Il ouvrit sa gueule carnivore et secoua ses chaînes.

« Eep..., » Tomoe avait dégluti.

« Petite sœur !? Maudit sois-tu, homme-lézard ! » Inugami s’avança pour se mettre entre Tomoe, qui avait trébuché et était tombée sur le côté, et l’homme-lézard.

Tomoe secoua la tête comme pour chasser les mauvais sentiments. « Je... Je vais bien. »

Tomoe essuya ses sueurs froides, s’accrochant au bras d’Inugami alors qu’elle se levait, puis le serrant contre elle alors qu’elle faisait face à l’homme-lézard une fois encore.

« Cet homme-lézard n’a dit rien d’autre que faim, » déclara-t-elle enfin. « Il ne nous voit que comme de la nourriture. “Je veux manger”. C’est tout ce qu’il dit. On ne peut pas leur parler. »

« Donc, la base de leurs actions est exactement telle qu’elle apparaît ? » demanda-t-il.

« Oui. Mais... Hmm ? » déclara Tomoe.

Tomoe pencha la tête sur le côté. Quelque chose la tracassait peut-être ?

« Il y a un problème ? » demanda Inugami.

« Je me demande pourquoi..., » Tomoe déclara enfin. « M. Homme-Lézard a l’air bizarre. »

« Bizarre ? » demanda Inugami.

Tomoe hocha la tête. « Je ne sais pas quoi penser, mais... J’ai l’impression qu’il manque quelque chose que tout être vivant devrait avoir. Quelque chose de très important... »

« ... ? »

Ce que Tomoe disait n’avait aucun sens pour Inugami.

Tomoe n’arrivait pas à le formuler très bien elle-même, alors c’était tout naturel. Bien que cela ait frustré Tomoe, elle avait fini par abandonner, secouant la tête.

« Ce n’est pas bon. Je ne sais pas comment le dire. Bref, je dirai à Grand Frère et à tout le monde ce que j’ai trouvé ici, » déclara Tomoe.

Tomoe et Inugami avaient quitté la tour, laissant le lézard derrière eux.

Le sentiment étrange que Tomoe avait éprouvé de la part du lézard... il leur faudra encore un certain temps avant d’apprendre la vraie nature de ce que c’était.

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Partie 2

Il était maintenant tard dans la soirée. Dans une salle éclairée aux chandelles du château de Lasta, les figures importantes du Royaume de Friedonia et du royaume de Lastania s’étaient réunies.

Du côté Friedonien, Aisha, Roroa, Naden, Halbert, Kaede, Ruby et moi étions présents. Du côté Lastanien se trouvait Julius, à qui le roi de Lastania avait confié le commandement complet de leurs forces, le capitaine Lauren, et Jirukoma, qui était le chef de la force militaire volontaire. La princesse Tia était également présente, voulant surveiller les débats en tant que membre de la famille royale.

Aisha, qui n’était pas très douée pour utiliser sa tête dès le départ, n’était là que comme garde du corps, et Roroa et la princesse Tia, qui n’étaient pas des spécialistes des questions militaires, étaient assises tout au fond de la table.

Et comme il avait été bruyant lorsqu’il avait dit : « Nous aussi, on veut être au conseil de guerre ! » Kuu et Leporina, le couple maître-serviteur de la République de Turgis, étaient autorisés à participer à condition qu’ils promettent de rester au bout de la table et de bien se tenir.

« Maintenant, je voudrais commencer le conseil de guerre, » dit Julius. 

Ayant été chargé du commandement des deux armées, on lui avait également confié la direction du conseil de guerre.

Julius regarda autour de lui les officiers présents. « Tout d’abord, pour commencer... à cette occasion, le Roi de Lastania m’a confié le commandement de l’armée Lastanienne. Le commandement des Dratroopers, qui sont venus nous renforcer, m’a également été donné par le Roi Souma. Y a-t-il quelqu’un qui s’y oppose ? Je voudrais m’adresser tout particulièrement à ceux d’entre vous qui viennent du Royaume de Friedonia. »

« Je suppose que c’est le moment. Je n’aime pas mentir, alors je vais être franc, » Hal s’était gratté la tête et avait parlé. « Je me sens mal à l’aise avec ça. Je ne sais pas si je peux me battre sous le commandement d’un ancien ennemi. »

« Hal, » objecta Ruby, « Tu n’as pas à le dire comme ça... »

Hal avait levé la main pour l’arrêter. Kaede posa aussi une main sur l’épaule de Ruby, secouant la tête en silence.

Quand Ruby s’était calmée, Hal avait continué.

« Nous ne sommes peut-être encore que 200, mais je suis le capitaine des Dratroopers. Je n’ai pas encore ce qu’il faut pour diriger des milliers de soldats. Je sais que vous êtes le chef de troupes le plus compétent ici, et je suis sûr que c’est pourquoi Souma vous a laissé le commandement des Dratroopers. »

Julius était silencieux.

« Mais même s’il n’y a que 200 hommes, leur vie est sous ma responsabilité, » poursuit Hal. « Je ne peux pas laisser leur vie entre les mains d’un type qui n’est pas totalement engagé. »

Julius écouta ses paroles en silence.

« Nous étions aussi des ennemis pour vous, » continua Hal. « Pouvez-vous nous commander correctement ? »

Julius ferma les yeux un instant, puis se mit à parler lentement.

« Je pense qu’il est inévitable que nous ayons tous les deux nos doutes. Je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de ressentiment dans mon cœur. Cependant, ce pays est tout pour moi maintenant. Si c’est pour protéger ce pays, je travaillerais avec n’importe quel partenaire et je courberais la tête devant n’importe qui. Si cela me permet de gagner votre confiance, Sire Halbert, vous en faites partie. »

Hal était resté silencieux.

« Ookyakya, tu es plus passionnée que tu ne l’es... Aïe, ça fait mal ! » Les taquineries de Kuu avaient été interrompues par un coude de Leporina, le laissant dans la douleur.

Il fait du bruit, pensai-je. Peut-être que je devrais le jeter dehors après tout.

Pendant que je réfléchissais à ça, le regard sinistre de Hal s’était adouci.

« Vraiment ? Si vous êtes si dévoué, je n’ai rien d’autre à dire. Notre Seigneur a décidé de vous le laisser, alors nous suivrons sa décision. N’est-ce pas ? » déclara Hal.

Hal m’avait regardé, alors j’avais hoché la tête.

« J’ai affecté Kaede à Julius comme officier d’état-major, » déclarai-je. « S’ils font un plan, cela sera peut-être fou, mais ce ne sera pas imprudent. Je pense que nous pouvons avoir confiance en cela. »

« Merci, » dit Julius. « Maintenant, commençons le conseil de guerre. »

Il avait déroulé la carte du Royaume de Lastania et des environs qui était sur la table. Puis il avait commencé par montrer Lasta, où nous étions.

« Examinons d’abord la situation. Du côté des forces de Lastania, il y a encore eu des morts et des blessés dans les combats aujourd’hui. Je dirais que, si l’on inclut les conscrits de la population en général, nous avons environ 2 800 personnes qui peuvent se battre. Avec les 200 Dratroopers de Friedonia, ce qui porte le total à environ 3 000, c’est notre effectif total, » déclara-t-il.

3 000, hein... Considérant qu’il s’agissait en grande partie de conscrits, ce n’était pas un chiffre très rassurant.

Ensuite, Julius avait indiqué les forêts près de Lasta. Les hommes-lézards qui s’étaient échappés de nos bombardements s’y cachaient maintenant.

« Du côté des hommes-lézards. Ils ont dû recevoir un coup dur du bombardement d’aujourd’hui. Leur nombre a dû tomber à huit, peut-être 900. Toutefois, compte tenu de la situation jusqu’à présent, ces chiffres seront réapprovisionnés chaque jour. Cela se produit à un rythme d’environ plusieurs centaines par jour. »

« Hm ? L’ennemi déploie-t-il ses forces en petits groupes ? » lui avais-je demandé.

Je pensais que c’était une mauvaise stratégie, mais... oh, c’est vrai, les hommes-lézards n’étaient pas assez intelligents pour penser d’une manière stratégique. Il y avait un « homme » dans leur nom, oui, mais seulement parce qu’ils avaient des parties humaines.

« Ça veut dire qu’il y a une raison pour qu’ils n’arrivent que petit à petit ? » lui avais-je demandé.

Julius hocha la tête, montrant du doigt une grande rivière au nord de Lasta.

« La frontière entre l’Union des nations de l’Est et le Domaine du Seigneur Démon est cette grande rivière connue sous le nom de Dabicon. Cette rivière, qui est assez large pour que le rivage lointain soit flou, et assez profond pour qu’un rhinosaurus puisse flotter, nous a protégés des monstres qui sortent du Domaine du Seigneur Démon. Cependant, étant une rivière naturelle, la profondeur varie, et elle peut être franchie facilement à certains endroits. Au nord de Lasta, il y a une section étroite qui est peu profonde, et les hommes-lézards doivent y traverser, » expliqua Julius.

« Je vois, » dis-je en réfléchissant. « La partie peu profonde est étroite, ils ne peuvent donc traverser que petit à petit, hein... Attendez, attendez ! Alors si le Dabicon est endigué en amont, cela signifie qu’il y a un nombre totalement fou d’hommes-lézards de l’autre côté ? »

Quand j’avais demandé ça, Julius avait acquiescé d’un signe de tête grave. « Très probablement... dans les dizaines de milliers. »

« Des dizaines de milliers, hein..., » répondis-je.

L’Empire m’avait dit que c’était l’un des endroits où la vague du démon était particulièrement intense, donc cela aurait pu être une évidence. Sans la rivière Dabicon, ce pays aurait été piétiné en un rien de temps. J’avais supposé que c’était pour ça que le Dabicon était la frontière.

« Je suppose que cela devra attendre que Ludwin arrive ici avec la force principale, » déclarai-je.

« Oui, » Julius avait hoché la tête. « Je pense que nous n’avons pas d’autre choix que de demander aux renforts du Royaume de Friedonia de s’en occuper. Cependant, avant l’arrivée du gros des renforts, j’aimerais faire quelque chose en utilisant les troupes ici. »

Après avoir dit ça, Julius avait posé son poing à un certain endroit sur la carte. C’était la forêt où se cachaient les hommes-lézards qui s’étaient échappés des bombardements.

« J’en ai aussi discuté avec la jeune Mlle Kaede, mais je pense que je veux exterminer les hommes-lézards qui rôdent dans la forêt avec les 3 000 soldats que nous avons ici. Maintenant, même si leur nombre diminue, c’est notre meilleure occasion de le faire, » déclara Julius.

« Wôw, attendez, quoi ? » s’exclama Hal. « Nous avons des effectifs limités, et vous voulez sortir ? Leur nombre a diminué, ce qui a soulagé la pression, alors ne pouvons-nous pas nous terrer dans les murs de la ville jusqu’à ce que les renforts arrivent ? »

« Hal, cela donnera à l’ennemi le temps de récupérer leur nombre, tu sais, » déclara Kaede. « Comme l’a dit Sire Julius, le nombre d’hommes-lézards augmente de jour en jour. Leur nombre est beaucoup plus bas maintenant, donc les hommes-lézards attendent de voir ce qui se passe, mais si leur nombre se rétablit, ils attaqueront à nouveau. Dans un conflit, l’important est d’augmenter le nombre de troupes que vous pouvez déployer dans une seule bataille, tout en diminuant le nombre de troupes ennemies. Par exemple, si vous comparez le combat de 3 000 soldats ennemis avec 5 000 soldats et le combat de trois fois 1 000 soldats ennemis avec 5 000 soldats, ces derniers causeront moins de dommages à vos propres forces. »

Oh ! J’avais déjà entendu ça avant. C’est pourquoi il était préférable de ne pas déployer vos forces en petits groupes, mais de les déployer dans un groupe aussi grand que possible. C’est du moins ce que disait la connaissance établie.

« Comparé à une bataille de siège menée contre un groupe de lézards rassemblés, les exterminer dans une bataille sur un terrain dégagé alors que leur nombre est plus bas réduira le nombre de pertes de notre côté, » dit Kaede.

« De plus, si nous pouvons éliminer la présence de l’homme-lézard ici, nous pouvons restaurer les lignes de ravitaillement de Lasta, » poursuit Julius, en montrant du doigt un endroit près du Dabicon. « Il y a une forteresse près d’ici. Il n’y avait aucun moyen de la défendre avec les seules forces régulières, alors elle a été abandonnée au début de cette vague de démons, mais si nous pouvons exterminer les hommes-lézards ici, avancer vers le nord en écrasant leurs renforts, et envoyer des soldats dans cette forteresse, nous devrions être capables de tenir à distance les hommes-lézards qui traversent la rivière ici. Si nous pouvons le faire, Lasta sera libéré des monstres qui l’assiègent. Cela rétablira les lignes d’approvisionnement, de sorte que d’autres renforts... ne viendront probablement pas, mais l’aide matérielle devrait affluer. »

Si ce pays tombait, le prochain pays au sud serait en danger après tout. Peut-être penseraient-ils à envoyer de l’aide matérielle, pour nous aider à tenir un peu plus longtemps ?

Il pourrait aussi y avoir des marchands qui penseraient que c’était le bon moment pour se faire de l’argent. Des médicaments pour soigner les soldats blessés pourraient arriver.

Tout cela sonnait bien, mais... il y avait juste une chose qui m’inquiétait.

« Si vous avez seulement l’intention de traiter avec des hommes-lézards, c’est très bien, mais il y a d’innombrables monstres déformés qui campent à l’extérieur des murs de la ville, n’est-ce pas ? » demandai-je.

En regardant à l’extérieur des murs de la ville avec Julius, nous avions vu les monstres ressemblant à des chimères avec des corps assemblés de diverses sources. Il y avait encore des milliers de ces choses qui se régalaient avidement des cadavres des soldats et des hommes-lézards qui étaient morts à l’extérieur du mur.

« Si vous sortez des murs, ils ne vont pas vous attaquer, non ? » leur avais-je demandé.

« C’est préoccupant. » Julius pressa une main contre son front, mécontent. « Ces monstres n’ont rien de spécial, pris seuls. Ils peuvent être tués facilement à distance avec des arcs ou de la magie. Cependant, lorsqu’ils forment un si grand essaim, ils deviennent un problème. Si nous combattons les hommes-lézards et les monstres qui nous attaquent quand nous sommes blessés, nous ne pouvons pas gérer cela. »

« Je vois. Nous devrons donc combattre ces monstres, » déclara Aisha en croisant les bras.

« Si tu me laissais me déchaîner sous ma forme de ryuu, je pourrais facilement disperser ces choses, » annonça Naden.

Je le savais, mais dans une situation où nous avions un nombre limité de calories disponibles, je ne pouvais pas laisser Naden et Ruby se battre à pleine puissance.

Julius poussa un petit soupir. « C’est une bénédiction mineure que les hommes-lézards et les monstres n’agissent pas ensemble. Pour les monstres, ils nous voient, nous et les hommes-lézards, comme de la nourriture potentielle si nous mourons. »

« Ce sont des charognards, comme des chacals ou des vautours..., » avais-je murmuré. « Ce serait beaucoup plus facile s’ils attaquaient et mangeaient les hommes-lézards. »

« Les monstres sont plus faibles que les hommes-lézards. C’est pour cela qu’ils ne font que récupérer les cadavres, » expliqua Julius, exaspéré.

Non, je disais ça pour que tu n’aies pas à répondre si sérieusement... Attends. Hein ? J’avais fait une pause dans mes pensées. Les monstres n’attaquent pas les hommes-lézards parce qu’ils sont plus faibles qu’eux, mais alors... Hein ? Pourquoi les hommes-lézards n’attaquent-ils pas les monstres ?

Avant ce conseil de guerre, j’avais reçu de Tomoe un rapport sur le lézard capturé. D’après Tomoe, elle n’avait ressenti que la faim du lézard. Il n’avait vu Tomoe que comme une proie.

S’ils mouraient de faim à ce point, pourquoi les hommes-lézards n’avaient-ils pas essayé de manger les monstres ?

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Partie 3

J’avais discuté de cette question avec tout le monde.

« La raison pour laquelle les hommes-lézards ne mangent pas de monstres ? » s’interrogea Julius. « Je n’y ai jamais pensé. »

« C’est certainement étrange, oui, » Kaede était d’accord. « Ces hommes-lézards ont décidé que nous sommes comestibles. Cependant, il est étrange qu’ils aient exclu les monstres avec lesquels ils ne coopèrent pas de la liste des sources potentielles de nourriture. »

Julius et Kaede semblaient y réfléchir profondément. 

« Peut-être qu’ils ne peuvent pas les manger ? Comme s’ils étaient empoisonnés ou quelque chose comme ça, » Hal l’avait suggéré, mais j’avais secoué la tête.

« Non. J’ai entendu cela de Madame Jeanne, mais certains monstres sont apparemment comestibles. Si je me souviens bien, elle a mangé un serpent ailé... ou quelque chose comme ça ? » déclarai-je.

« Avec un si joli visage, elle fait des choses terriblement sauvages..., » déclara Julius exaspéré. Il connaissait aussi Jeanne.

Oui, j’étais d’accord.

« Mais... dans ce cas, c’est encore moins logique, » déclara Julius. « Pourquoi, alors que les hommes-lézards meurent de faim, n’attaquent-ils pas et ne mangent-ils pas les monstres qui sont plus faibles qu’eux ? »

Pendant que tout le monde se creusait la cervelle à ce sujet, une personne avait levé la main avec hésitation.

« Euh, un mot si je peux ? »

C’était Aisha.

Aisha était la plus grande guerrière de notre pays, mais elle n’était pas particulièrement douée pour utiliser sa tête. Bien qu’elle participait à ce conseil de guerre, c’était surtout en tant que garde du corps, alors elle se taisait et s’abstenait de faire des commentaires pendant nos délibérations. On aurait dit qu’elle voulait dire quelque chose.

« Qu’y a-t-il, Aisha ? » lui avais-je demandé.

Aisha avait hésité en disant, « Euh... J’ai pensé cela en vous écoutant parler, mais est-ce que la raison pour laquelle les hommes-lézards ne mangent pas de monstres pourrait être... euh... qu’ils n’ont juste pas très bon goût ? C’est que beaucoup de viandes sentent trop fort pour les manger crues. »

Est-ce qu’elle avait capté ce sujet parce qu’il s’agissait de nourriture ? Cependant, c’était plus à propos des monstres que de la nourriture...

« Non, mais Madame Jeanne les a mangés... Attends, hein ? » J’en étais arrivé là, puis j’avais compris quelque chose qu’Aisha avait dit.

« C’est que beaucoup de viandes sentent trop fort pour les manger crues. »

... De la viande crue ? C’est tout ce que j’avais à dire. Même si Jeanne avait mangé de la viande de monstre, elle n’aurait pas pu la manger crue. Plus la viande était inconnue, plus elle voudra la cuire à fond.

L’humanité cuisinait, tandis que les hommes-lézards mangeaient probablement leur nourriture crue.

La clé, c’était... la présence d’un moyen de préparer les aliments à l’aide de la chaleur.

J’en étais arrivé à une conclusion.

« Les hommes-lézards ne savent pas manger les monstres, » déclarai-je pour que tout le monde puisse entendre.

Julius plissa son front. « Comment manger des monstres ? »

« Il y a des parasites et des bactéries dans la viande... mais si je le dis de cette façon, je suppose que vous ne saurez pas ce dont je parle. Ce sont comme de petits insectes à l’intérieur de votre corps, et si vous mangez de la viande avec eux dedans, vous tomberez malade, et vous pourriez même mourir. Mais une bonne cuisson de la viande les tuera, ce qui réduira les risques d’intoxication alimentaire. C’est une façon de préparer les aliments en les stérilisant à la chaleur, » déclarai-je.

« Je suis désolé, mais je n’ai aucune idée de ce dont vous parlez, » dit Julius, l’air empli de doutes.

Tout le monde hocha aussi la tête.

Bien que j’avais poussé une révolution médicale avec des médecins comme Hilde et Brad à l’avant-garde, les connaissances en médecine et en biologie n’étaient pas très répandues, alors il fallait s’y attendre. Même si ce n’était pas encore possible, si l’apprentissage académique devenait plus répandu, et que je pouvais planter la connaissance avec des programmes diffusés... Attendez, ce n’était pas le moment de penser à l’avenir ! J’avais besoin que les individus avec moi comprennent d’abord.

« Même si vous ne comprenez pas les mots que j’utilise, vous devriez tous le savoir par expérience, » déclarai-je. « Si la viande vieillit, vous la faites bien cuire, non ? Pourquoi est-ce que c’est comme ça ? »

« Ookyakya ! » intervint Kuu. « C’est parce que si tu manges de la viande crue, tu seras parfois malade. »

J’avais hoché la tête. « C’est vrai. Même sans expliquer en détail comment cela se produit, l’humanité sait par expérience que manger de la viande crue peut nous rendre malades, et si nous la cuisons bien, nous pouvons grandement réduire le risque que cela arrive. Même si nous n’en avons pas fait l’expérience nous-mêmes, l’expérience se transmet de parent à enfant, et c’est exactement comme si nous l’avions vécue nous-mêmes. »

« Cette expérience se transmet, et elle devient une connaissance, ou le bon sens... C’est tout ? » Julius hocha la tête, semblant satisfait.

Il était vraiment très rapide. Tout aussi intelligent qu’il fût, Julius était vraiment malin.

J’avais hoché la tête et j’avais continué à parler. « Je doute que les hommes-lézards aient cette connaissance. D’après ce que j’ai entendu, les hommes-lézards mangent de la viande crue, non ? S’ils mangeaient ces monstres bizarres crus, ce ne serait pas bizarre pour eux d’être malades, n’est-ce pas ? »

« Je ne voudrais certainement pas les manger crus, » déclara Aisha en faisant une tête dégoûtée.

On aurait dit que même Aisha, la déesse noire de la gloutonnerie, ressentait la même chose.

« Quand Madame Jeanne et son peuple ont mangé de la viande de monstre, je suis sûr qu’ils l’ont bien cuite, » déclarai-je. « En d’autres termes, peut-être qu’un lézard a mangé la viande d’un monstre et est tombé malade. Et c’est pourquoi les hommes-lézards ne mangent plus de viande de monstre ? »

« Je vois. Voilà donc la différence entre Madame Jeanne et un homme-lézard, » déclara Kaede en écoutant avec un regard pensif sur son visage. « Dans ce cas, si on apprend aux hommes-lézards à préparer la nourriture en utilisant la chaleur, les hommes-lézards affamés peuvent chasser les monstres, vous savez. »

« Je comprends ce que vous voulez dire, bien sûr, mais comment, précisément, voulez-vous leur enseigner ? » demanda Hal. « Ce n’est pas seulement que nous ne pouvons pas leur parler, nous ne pouvons pas communiquer du tout, n’est-ce pas ? »

Il reposait son visage sur la paume de ses mains.

C’était le problème, oui...

« Cela dépendra de l’intelligence dont ils disposent..., » avais-je murmuré.

D’après ce que Tomoe m’avait dit, ils ne pensaient qu’à dévorer les autres, et la communication était impossible. Mais encore une fois, quand Tomoe avait utilisé son pouvoir avec des animaux à faible intelligence comme les rhinosaurus...

Tomoe : « Cargaison, portez, d’accord ? »

Rhinosaurus : « Herbe savoureuse, femelle mignonne, OK. »

C’était le genre de communication simple qui s’en est suivi.

Si ces créatures refusaient même ce niveau de communication, il serait impossible de leur apprendre quoi que ce soit. Pour qu’on leur enseigne, ils avaient besoin d’avoir la capacité d’apprendre.

Je commençais à croire que ce plan pour que les hommes-lézards chassent les monstres pour nous avait échoué.

« Non, je ne pense pas qu’ils soient irréfléchis, » déclara enfin Julius. « C’est l’impression que j’ai eue en les combattant. C’est vrai qu’ils ignorent les portes et ne peuvent pas utiliser les tactiques de siège appropriées, mais ils ont assez d’intelligence pour choisir des endroits où nos défenses sont faibles, et s’ils sentent qu’ils sont désavantagés, ils battent en retraite. »

« C’est exact..., » déclara Jirukoma. « Ils évitent tout contact avec des ennemis puissants et donnent la priorité à l’attaque des faibles. »

« Il y a une certaine ruse dans leur façon d’agir, » avait convenu Lauren. « C’est l’impression que j’ai eue. »

Jirukoma et Lauren s’étaient battus aux côtés de Julius, alors ils savaient de quoi ils parlaient.

« Sont-ils intelligents à quel point ? » lui avais-je demandé. « Pensez-vous qu’ils pourraient réussir à voler des choses dans la nuit ? »

« Je ne les comparerais pas aux races de l’humanité, mais en même temps, elles sont plus à même d’évaluer le risque qu’une bête commune, » déclara Julius. « Le plus proche serait peut-être le shoujou, mais ils pourraient être plus intelligents. »

« Le shoujou... Des singes, hein, » déclarai-je.

Ils étaient plus intelligents que des singes. Dans ce cas, nous pourrions leur apprendre quelque chose de simple.

Mais vu que j’avais eu un rapport de Tomoe disant que le dialogue était impossible, nous ne pourrions pas leur enseigner directement.

Attendez ! Et si on leur enseignait indirectement ?

Même si nous ne leur enseignions pas correctement, si nous nous en remettions à un certain « singe voir, singe faire », peut-être que nous pourrions les amener à agir de la même manière, comme si nous leur avions enseigné.

En y repensant, j’avais entendu parler d’un précédent dans le monde d’où je venais. Si je me rappelais correctement...

« Des singes lavant des pommes de terre..., » déclarai-je.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Julius.

« C’est une histoire de singes de mon ancien monde. Quand un singe a commencé à laver des patates douces dans l’eau de mer, le reste des jeunes mâles de sa troupe a commencé à faire de même, » déclarai-je.

Le fait d’être témoin de ce phénomène a donné lieu à une discussion sur l’existence ou non d’une culture dans le règne animal.

Eh bien, on avait aussi parlé de comment, « Quand le centième singe de l’île a appris à laver les patates douces, les singes d’une montagne lointaine ont commencé à montrer le même comportement (indiquant la possibilité de la télépathie), », mais c’était du charabia occulte. La chose sur laquelle je voulais me concentrer ici n’était pas l’occultisme, mais la capacité d’apprentissage des singes. Si les hommes-lézards avaient aussi la capacité d’apprendre...

« Si nous avons un lézard, apprenons-lui le goût du monstre cuit, montrons-lui le processus de cuisson, puis remettons-le dans la meute, puis il commencera à cuisiner et à manger des monstres..., » avais-je lentement dit.

« Vous voulez dire que les hommes-lézards de la meute qui le pourraient peuvent commencer à imiter ce comportement ? » dit Julius lentement. « Je crois me souvenir que vous avez trouvé ce qu’il vous fallait pour ça, n’est-ce pas ? »

« Ouais. On en a pris un vivant et on l’a enfermé dans la tour, » déclarai-je.

Julius me regarda dans les yeux et me demanda. « Pensez-vous que c’est possible ? »

« Je ne sais pas, mais ça vaut sûrement le coup d’essayer. Dans le pire des cas, nous n’augmenterons le nombre d’hommes-lézards ennemis que d’un seul. Si on y travaille, ça ne devrait pas prendre plus d’une demi-journée, » déclarai-je.

« Hm... Même si cela échoue, nous affronterons les hommes-lézards et les monstres avec nos forces actuelles. S’ils forcent une attaque, cela fera plus de victimes, et je préférerais éviter cela, alors... afin d’éviter cela, j’aimerais beaucoup que vous fassiez de cette idée un succès, » déclara Julius.

« Je le sais, » déclarai-je. « Décidons comment on va faire. Nous devons d’abord procurer le monstre que nous donnerons à manger au lézard... »

De là, Julius, Kaede et moi avions monté un plan.

Au fur et à mesure que l’on se demandait ce qu’il fallait faire, le plan, qui avait commencé par une pensée hasardeuse, avait commencé à s’étoffer et à paraître plus réaliste.

Je ne pensais pas avoir ressenti cela depuis que j’avais élaboré des plans contre la Principauté d’Amidonia avec Hakuya. C’est drôle que le gars avec qui je travaillais était l’un des ennemis contre qui je complotais à l’époque.

 

C’est en partie ce qui le rend si fiable.

En regardant le visage sérieux de Julius, c’est ce que je pensais.

♥♥♥

« C’est un sentiment étrange, » déclara Roroa, regardant Souma et Julius travailler sur le plan.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda la princesse Tia en penchant la tête sur le côté. Elle était aussi assise là à regarder le conseil de guerre se dérouler.

Peut-être parce qu’elle était gênée d’être interrogée sur ce qu’elle s’était dit, Roroa se gratta maladroitement la joue et sourit avec ironie. « Je suppose que c’est la vue de mon chéri et de mon grand frère travaillant ensemble sur un plan. C’est tellement irréel que je suis un peu perdue. Ce sont des ennemis acharnés qui se sont déjà battus pour s’entretuer, mais maintenant ils travaillent ensemble vers un but commun, vous voyez ? »

Tia était silencieuse.

« C’est comme si je rêvais... Hé, ça fait mal ! » déclara Roroa.

Tia pinçait légèrement la joue de Roroa.

« Qu’est-ce que vous faites !? » s’exclama Roroa, se frottant la joue et protestant.

Tia lui sourit doucement. « Ce n’est pas un rêve, » déclara-t-elle en prenant la main de Roroa et en l’enveloppant de la sienne. « Cette scène est, sans aucun doute, la réalité, Dame Roroa. »

« La réalité..., » murmura Roroa.

En retournant cette pensée dans son esprit, elle avait finalement commencé à accepter que la scène devant elle fût réelle. L’homme qu’elle aimait et son frère de sang travaillaient dans le même but. Elle n’avait plus besoin de voir son frère comme un ennemi. Même devant son frère, elle pouvait aimer Souma.

« Vous avez raison. Il n’y a aucun doute là-dessus, ici et maintenant, c’est la réalité. » Maintenant capable de l’accepter, Roroa avait aussi souri. « Merci, Grande Soeur. »

 

 

« Oh, il est trop tôt pour m’appeler Grande Soeur, » déclara Tia, remuant d’embarras. « En plus, je suis plus jeune que vous de toute façon. »

« Aw, bon sang. Vous êtes la plus mignonne, grande soeur ! » déclara Roroa.

« Eek !? »

Tia était si mignonne que Roroa l’avait prise dans ses bras.

En les regardant tous les deux du coin des yeux, Souma et Julius baissèrent tous les deux la tête sur le côté en s'interrogeant.

Qu’est-ce qu’elles faisaient toutes les deux là-bas ?

☆☆☆

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