Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 2 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Le sort de deux nations

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Chapitre 2 : Le sort de deux nations

Partie 1

— 9e mois de l’année 1546 du Calendrier Continental — dans la Capitale Princière de Van

La cité de Van, qui était la capitale princière de la Principauté d’Amidonia, était entourée par de hautes murailles, et son architecture ne présentait aucun excès ou ornement quelconques. Pour le dire d’une manière élogieuse, il présentait ce qu’on pouvait appeler comme étant austère et brut de forme. Mais avec des termes moins favorables, alors on pourrait dire qu’il s’agit là de quelque chose de monotone et terne. Et ce paysage peu raffiné de cette ville ressemblait beaucoup à sa population.

Il y a deux règnes, ce pays, qui avait perdu des terres lors d’une guerre avec Elfrieden, avait fait de la vengeance envers ce royaume leur politique nationale. Ce qu’ils avaient dès lors apprécié au-dessus de tout était la philosophie guerrière. De leurs hommes, ils avaient exigé de l’austérité. De leurs femmes, ils avaient demandé de la servilité envers ces hommes, ainsi qu’une grande modestie féminine. De ce fait, il n’y avait pas d’hommes qui riaient dans les rues et qu’aucune femme ne se promenait dans des tenues à la mode.

Voici la nature profonde de la "ville tranquille" de Van, mais récemment il y avait eu un étrange engourdissement dans l’air. Ceci avait commencé lorsque leur pays voisin, le Royaume ennemi d’Elfrieden, avait subi un changement soudain de roi.

En l’an de grâce 1546 du Calendrier Continental, le Roi Albert d’Elfrieden avait abdiqué de son trône.

Albert, l’ancien roi, était un souverain médiocre, mais en raison de sa nature douce, il était respecté par ses vassaux et le peuple. Cependant, en raison de cette douceur, il n’avait jamais mis en œuvre les politiques draconiennes qui auraient déraciné la corruption de ses abjects vassaux. Grâce à cela et à une variété d’autres causes qui se chevauchaient, le royaume était tombé dans un lent déclin.

Cet Albert avait donné son trône à un héros qu’il avait invoqué en provenance d’un autre monde. Ce héros était connu sous le nom de Souma Kazuya.

En même temps qu’Albert avait confié le trône à Souma, il avait également arrangé des fiançailles avec sa fille unique Liscia, avec le nouveau roi, assurant ainsi la prise de pouvoir de Souma. Ce Souma, auquel le trône avait été transféré, n’avait pas encore été formellement couronné, mais il était en effet le roi et s’était engagé dans une série de réformes politiques de grande envergure.

Avec ce changement soudain de roi, il y avait eu ceux qui au départ, avaient soupçonné une usurpation du trône, mais, avec le soutien de Liscia, il avait réparé les torts causés par ses vassaux, rassemblé du nouveau personnel, amélioré grandement la situation de la sécurité alimentaire alors que nous étions en période de pénurie et fait installé un réseau de transport à l’échelle nationale afin d’augmenter la capacité de transports dans tout le pays.

Avec la mise en œuvre régulière de ses politiques et plus encore, Souma avait acquis le soutien de la population. Pour un héros, il était plutôt quelconque, mais en tant que roi, il était magnifique. Il s’agissait là de l’appréciation que le peuple avait de lui.

*

Cependant, le règne de Souma ne naviguait pas en douceur sur tous les aspects.

Tout d’abord, les trois ducs qui contrôlaient les forces terrestres, aériennes et maritimes d’Elfrieden (il y avait aussi une autre force que ces trois-là, l’Armée Interdite, qui servait directement le roi) n’avaient toujours pas juré fidélité à Souma.

Le Général de l’Armée terrestre, Georg Carmine était un homme-bête de type lion.

L’Amirale de la Marine, Excel Walter, était quant à elle une femme-serpent des mers.

Et pour finir, le Général des Forces Aériennes, Castor Vargas, était un dragonewt, un mélange entre un homme et un dragon.

Depuis le changement de rois, ces trois personnes avaient rapatrié leurs armées et s’étaient retirées sur leur propre territoire.

Parce que tout cela avait eu lieu dans un autre pays, leurs intentions exactes restaient inconnues, mais il était clair que leurs relations avec Souma étaient tendues. En particulier, il y avait des rumeurs selon lesquelles le général de l’armée, Georg Carmine, avait rassemblé encore plus de troupes sur son territoire, rendant claire sa position de contestation vis-à-vis de Souma. En outre, les nobles qui avaient été accusés par Souma de corruption s’étaient retournés contre Souma.

Ceux qui avaient commis des actes répréhensibles sérieux et avaient été dépouillés de leurs titres avaient vu leurs terres et leurs biens saisis. Ceux dont les crimes étaient encore plus graves devaient être emprisonnés ou punis encore plus sévèrement.

Les nobles corrompus n’étaient pas contents de ces répercussions et avaient tenté de prendre leurs biens et de fuir le pays. Cependant, les frontières avaient déjà été scellées et, sans autre choix possible, ils s’étaient rassemblés chez Georg Carmine, qui était en opposition clair face à Souma.

*

Ainsi, avec la discorde entre Souma et les trois ducs qui remontait à la surface, les citoyens d’Amidonia étaient pleins d’entrains. Il y avait des rumeurs tout à fait plausibles selon lesquelles le roi Souma avait commencé à rassembler des troupes afin de neutraliser les trois ducs qui ne reculaient pas de leur position de rebelle. Le royaume connaissait un conflit entre le roi et ses vassaux.

Il s’agissait d’une situation où la Principauté d’Amidonia avait l’eau à la bouche. Ceci semblait être une chance inattendue de pouvoir poursuivre leurs objectifs nationaux, de ‘récupérer nos terres volées’ et de ‘se venger de ce royaume’.

En raison de ces faits, non seulement parmi les soldats, mais aussi dans la population en général, le consensus présent était le suivant : « C’est le moment parfait pour envahir le royaume ! »

Dans cet état militariste, l’armée venait en premier et le bien-être de la population en second. La priorité avait été accordée à l’armée lorsque l’argent avait été distribué, ce qui signifiait que la population n’était pas du tout devenue plus prospère. Bien sûr, il y avait eu beaucoup de mécontentements, mais la population avait accepté, car pour eux, « toutes nos souffrances sont entièrement de la faute du Royaume d’Elfrieden, qui a volé nos terres. »

Plutôt que de diriger leur colère vers les politiciens ou l’armée, ils l’avaient plutôt dirigée vers le Royaume d’Elfrieden. Peu importe combien ils étaient mal gouvernés, c’était toujours de la faute de ce royaume. Du point de vue d’un homme d’État, il ne pouvait y avoir de situation plus idéale.

En outre, cette croyance selon laquelle ‘ce royaume est responsable de toutes nos difficultés’ avait conduit naturellement à croire que ‘nos vies deviendront meilleures si nous pouvons vaincre le royaume ennemi’. C’était précisément la raison pour laquelle, compte tenu de cette opportunité, apparemment idéale, il y avait eu une poussée croissante visant à lancer l’invasion du royaume. Après avoir eu vent de cette poussée, des mots audacieux pouvaient être entendus dans chaque coin de rue.

« Enfin, le temps est venu pour nous de nous battre contre ce royaume ! »

« C’est vrai ! Nous n’attendrons pas plus longtemps ! »

« Le vaillant et viril Seigneur Gaius ne perdra jamais face à ce gamin ! »

« Une guerre, hein... !? »

Alors que beaucoup de personnages parlaient de la guerre, il y avait aussi ceux qui se sentaient incertains sur la guerre qui semblait se rapprocher à vue d’œil. Ils craignaient qu’eux-mêmes, leurs foyers ou leurs familles ne soient pris au piège.

Cependant, en ce moment, l’opinion publique de ce pays ne leur permettrait pas d’exprimer leurs inquiétudes. Ils n’avaient d’autre choix que de refréner leur anxiété, se confiant au courant guerrier.

Une personne regardait silencieusement les personnes depuis l’ombre d’une allée.

Cette personne portait une robe de couleur ocre, un capuchon couvrait entièrement sa tête, de sorte qu’il n’était pas possible de voir son expression. Cependant, vous pouviez dire qu’elle était de petite carrure et qu’elle faisait moins de 160 cm de haut. La personne avait alors soupiré en réaction à la manière dont la population agissait, puis s’était mise à marcher à vive allure.

La personne se dirigeait vers un magasin. En raison de la marchandise visible dans la vitrine, on pouvait penser qu’il vendait des vêtements pour hommes. Sur un panneau à l’avant, l’on pouvait lire « Le Cerf d’Argent ».

La personne entra dans le magasin, et à l’instant où elle enleva son capuchon, deux tresses jumelles purent être vues. La capuche avait caché le visage adorable d’une jeune fille.

Ensuite, un homme d’âge mûr avec des cheveux grisonnants qui était habillé tel un barman avait émergé depuis l’arrière du magasin. Cet homme avait un comportement de gentleman et, après avoir vu la jeune fille, il l’avait accueilli avec un « Je vous souhaite la bienvenue. »

« Qu’avez-vous pensé, Dame Roroa ? » Rajouta-t-il. « À propos des choses que vous avez vues dans la ville ? »

« Il n’existe pas deux manières différentes, Sébastien... c’est terrible, » répondit la jeune fille.

La fille qui s’adressait au propriétaire de ce magasin en argot marchand était la première princesse d’Amidonia, Roroa Amidonia.

« Presque tout le monde cherche la guerre, » continua-t-elle. « Ils pensent que ce roi Souma est jeune et ne peut garder son peuple dans la bonne voie. Ils n’ont même pas pensé une seconde que mon vieux père pourrait perdre... »

« Après tout, Lord Gaius est fort et viril, » déclara le propriétaire du magasin.

« Il a l’air rude, c’est tout, » déclara la princesse. « Même s’il est fort, ce n’est qu’un homme. »

Même s’ils étaient père et fille, Roroa était impitoyable dans ses critiques. Entre Roroa, qui avait un grand sens de l’économie et qui voulait utiliser l’argent qu’elle avait gagné afin de reconstruire le pays, et Gaius, le militariste qui voulait mettre tous ses fonds dans du matériel militaire, il y avait une large division quant à leur manière de penser.

Il était triste de voir un tel fossé entre le parent et l’enfant, mais Roroa, en tant que première princesse de ce pays, se trouvait dans une position où elle devait faire plus que simplement déplorer ce fait. En tant que personne qui se trouvait au-dessus des autres, elle devait agir pour se préparer à toute éventualité.

Peut-être par égard pour elle, Sébastien avait demandé d’un ton amical, « Alors, Dame Roroa, comment voyez-vous la nature de Souma ? »

« Je ne sais pas, » répondit-elle. « Les choses que j’entends en provenance de lui... ce ne sont pas ses réalisations personnelles, ce sont les accomplissements de ses subordonnés. C’est pourquoi il est tellement difficile à comprendre. Bien qu’il semble être un roi qui a su bien écouter ses vassaux. »

Avec ces mots, Roroa mit ses mains sur ses hanches, avant de faire un gémissement.

« Si nous menons une guerre face à quelqu’un, si on ne peut pas le comprendre correctement, alors c’est dangereux... Et cela ne change pas simplement parce que le roi et les trois ducs ne s’entendent pas. Qu’il s’agisse du territoire, de la puissance ou de la population, le royaume nous est largement supérieur. Et, bien sûr, il y a aussi le nombre de soldats qui va avec. Nous avons beaucoup de ressources minières, donc la qualité de notre équipement est bonne, mais... c’est bien la seule chose que nous avons de notre côté. »

Avec Roroa faisant cette évaluation pessimiste, Sébastien demanda, « Dame Roroa, croyez-vous que ce pays perdra ? »

« Je vous l’ai déjà dit, je ne sais pas, » répondit-elle. « La guerre n’est pas mon domaine d’expertise. Pourtant, ce que je sais, c’est que si nous perdons, ce sera vraiment très mauvais pour nous. Ce n’est pas seulement du royaume que nous devons nous inquiéter. Il y a la théocratie irritante du nord, l’état papal de Lunaria, et il ne faut pas oublier qu’il y a aussi la République de Turgis, qui cherche une occasion pour s’avancer plus au nord. Nous avons une alliance avec l’État mercenaire de Zem à l’ouest, mais je ne suis pas sûr qu’ils nous aideront grandement si nous finissons le dos au mur. »

L’État Papal de Lunaria était le siège de l’Orthodoxie Lunaire, une religion qui se tenait, à côté du culte de la Matriarche Dragon, comme l’une des deux plus grandes religions de ce continent. Ce pays était régi par le Pape de l’Orthodoxie Lunaire, qui était à la fois une autorité temporelle et religieuse, et ils avaient un système de valeurs nettement différent des autres pays. Il existait beaucoup d’adeptes de l’Orthodoxie Lunaire dans la Principauté d’Amidonia, et après certaines actions, il était possible que l’État puisse renverser leur principauté.

La République de Turgis au sud était une terre emplie d’un froid glacial. Au cours de leur long hiver, leurs terres étaient enterrées sous des tonnes de neige et leurs mers enfermées dans de la glace. Pour cette raison, dans leur quête de terres non gelées et d’un port dans des eaux chaudes, ils surveillaient toujours le nord afin de trouver la moindre possibilité d’expansion.

L’État mercenaire de Zem était un pays unique. Il avait annoncé qu’il était d’une neutralité éternelle, mais avait obtenu des garanties de sécurité mutuelle en envoyant leurs mercenaires dans chacune des nations. Ils avaient expédié des mercenaires à la principauté ainsi que dans tous les autres pays, mais... ces mercenaires étaient uniquement motivés par le profit. Si leur pays se trouvait dans une mauvaise situation, il n’y avait aucun moyen de savoir jusqu’à quand les mercenaires prendraient part aux combats.

Si le pire devait se produire, et qu’ils devaient perdre au cours de cette guerre, comment ces trois pays réagiraient-ils ?

C’était ce qui inquiétait Roroa.

« En ce moment, les émotions qui sont présentes dans ce pays sont vraiment les pires possible, » Déclara Roroa en faisant un soupir. « Il n’y a personne qui réfléchit à ce qui se passera si nous perdons. Bien que, dans le pire des cas, nous puissions être envahis par trois de nos voisins en même temps. »

Elle avait alors réfléchi un peu avant de parler. « C’est pourquoi je vais faire ce que je dois faire. Même si cela veut dire que je dois me séparer de mon vieux père, je dois être prête si les choses vont vers le sud... »

Alors qu’elle disait ça, elle l’expliquait en affichant un large sourire. « Alors, voilà, Sébastien. Aider une femme à sortir, cela vous va ? »

« Je suppose que je vais devoir le faire, n’est-ce pas ? » Répondit Sébastien avec un haussement d’épaules, comme s’il essayait de dire qu’on profitait de lui. C’était l’apparence qu’il essayait de projeter, mais il s’était déjà résolu depuis longtemps à jeter son destin dans les mains de cette fille. Parfois, les actes de Roroa trahissaient sa jeunesse, mais elle avait un certain charme qui attirait les gens auprès d’elle.

Parfois, je pense que c’est dommage qu’elle soit née en tant que femme. Pensa-t-il.

Si Roroa avait pu prendre le trône, est-ce que ce pays pourrait devenir un endroit plus confortable pour vivre ? Sébastien ne pouvait s’empêcher de se demander cela.

Quant à Roroa elle-même, elle avait déjà été amenée à penser à la prochaine chose à faire.

« Eh bien ! Maintenant que c’est réglé, nous sommes encore à court de mains, » dit-elle. « Je pense que j’aimerais passer un peu plus de temps à trouver des collaborateurs. »

« ... Et vous avez une envie sur quelqu’un en particulier ? » Demanda Sébastien, ayant senti quelque chose dans la manière dont Roroa avait parlé, et elle lui avait fait un rire malicieux en retour.

*

Quelques jours plus tard...

Dans le château de la capitale princière, Van, le souverain, le Prince d’Amidonia, Gaius VIII avait réuni tous les principaux chefs militaires de la nation dans la salle d’audience. Gaius s’était levé de son trône, s’adressant aux commandants assemblés. « Le temps est venu ! Commençons dès maintenant à ressembler nos forces à la frontière méridionale que nous avons avec Elfrieden ! »

Il s’agissait de la déclaration qui annonçait la guerre avec le Royaume d’Elfrieden.

Gaius avait reçu des informations selon lesquelles le fossé entre Souma Kazuya et l’un des trois ducs, Georg Carmine, était devenu infranchissable et que c’était seulement une question de temps avant que les deux s’affrontent. Bientôt, le royaume se trouverait dans le chaos le plus total. Dans ce chaos, ils récupéreraient les terres qui leur avaient été volées il y a cinquante ans.

« En même temps que Georg lancera sa rébellion, nous commencerons notre invasion d’Elfrieden ! » Annonça-t-il. « Notre objectif est la région productrice de céréales dans le sud ! C’est le moment idéal de reprendre les terres volées à nos ancêtres ! »

« « Hurrah ! » » Les commandants réunis poussèrent des acclamations.

Enfin, le temps était venu de se venger de leurs pertes passées face au Royaume d’Elfrieden. Ces commandants, qui étaient des hommes militaires dans l’âme, ne pouvaient pas s’empêcher de sentir leur sang bouillir en eux. Dans cet environnement...

« S’il vous plaît, Votre Altesse, attendez ! »

... un seul homme parlait afin de s’y opposer, marchant vers l’avant avant de s’agenouiller devant son souverain.

Il s’agissait du jeune Ministre des Finances, Colbert Gatsby.

Avec son sens rare de l’économie, il était chargé du poste de Ministre des Finances malgré qu’il ne s’agisse que d’un jeune homme de moins de vingt ans.

Alors que le talent de Roroa était consacré à récupérer et dépenser de l’argent afin de faire bouger l’économie, Colbert s’était spécialisé dans l’élimination des dépenses inutiles et libérant ainsi des fonds de cette façon. Bien qu’ils adoptaient des approches différentes, ces deux-là avaient travaillé ensemble afin de réduire ce qui avait nécessité d’être coupé et aussi de dépenser là où les investissements étaient nécessaires. C’étaient ces deux-là qui avaient pu maintenir l’économie du pays en vie.

« Oh, c’est toi, Colbert. » Gaius le regardait sévèrement. Il était manifestement mécontent.

Alors que Gaius, un homme que même les généraux qui avaient survécu à de nombreuses batailles craignaient la colère, tourna ce regard sur Colbert, un simple bureaucrate, il était normal que Colbert commençât à trembler. Pourtant, il avait pris son courage à deux mains afin d’offrir son conseil.

« Je le dis avec tout le respect que je vous dois, Votre Altesse, » réussit-il à dire. « Veuillez reconsidérer l’invasion d’Elfrieden ! La population de notre pays souffre d’une crise alimentaire et d’une faible économie ! Si nous commençons une guerre maintenant, notre peuple va mourir de faim ! »

« Je sais déjà ça, » répliqua le prince, sèchement, « C’est pourquoi la capture de la région productrice de céréales est si urgente. »

« Les guerres exigent une énorme dépense de la part de l’État ! » Protesta Colbert. « Si vous avez beaucoup de marge de manœuvre dans le budget, vous devriez pouvoir importer de la nourriture de l’étranger ! Plutôt que de lutter lors d’une guerre, alors même que nous ne savons pas si nous allons gagner ou perdre, et que, même si nous gagnons, nous n’avons aucune garantie que nos efforts seront payants, n’est-ce pas le moment où nous devrions construire notre force et... »

« Silence ! » Rugit Gaius.

Il s’était tourné vers le bureaucrate et lui avait donné un coup de pied assez fort pour envoyer l’homme voler dans les airs.

« Arggg... » (Colbert)

Alors qu’il regardait Colbert étendu dans le sol, Gaius affichait un regard empli de rage.

« Vous les ministres des Affaires intérieures dites toujours la même chose ! Travailler sur les affaires intérieures, c’est tout ce que j’ai entendu de vous ! Non ce n’est pas le moment idéal pour ça ! Regardez où cela nous a menés ! Il est facile de voir à quel point notre pays est épuisé ! Pourtant, contrairement à nous, ce royaume, malgré une stagnation sous le fou qu’était leur dernier roi, a commencé à se rétablir avec ce nouveau roi qui est arrivé sur le trône ! » (Gaius)

« C’est parce que... le nouveau roi, Souma, a travaillé durement afin d’enrichir son pays... » (Colbert)

« Qu’est-ce que tu me sors là !? » Gaius frappa à nouveau Colbert, le faisant rouler à nouveau sur le sol.

Peut-être avait-il eu sa bouche entaillée, car après ça, il y avait du sang qui coulait des lèvres de Colbert. Mais même dans une telle situation, Colbert ne s’arrêta pas de parler. « Votre Altesse... le nombre de soldats présent dans les rangs de l’armée d’Amidonia est environ la moitié de ceux de l’armée d’Elfrieden. Il s’agit donc... d’un plan bien trop imprudent ! »

« Je n’ai pas besoin d’un faible serviteur civil pour me dire ça. » Rugis le prince. « C’est précisément pour cette raison qu’avec le roi et les trois ducs en plein conflit, nous avons l’occasion rêvée ! »

« Même ainsi, on ne sait pas combien de temps cela durera, » Protesta Colbert.

« Hahaha! Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter de ça. Le grand Georg Carmine lancera la révolte. Ce jeune freluquet de roi n’aura pas le temps de le subjuguer, j’en suis certain. Les guerres civiles durent toujours très longtemps. Et ce serait la même chose même si Georg gagnait cette guerre. Si un traître tel que lui s’élève au sommet, il n’y a aucune chance que le pays reste uni ! » (Gaius)

Colbert se mordit les lèvres de frustration. Est-ce la raison pour laquelle Son Altesse agit si hardiment ?

Parce qu’il s’agissait de Georg Carmine, l’un des trois ducs et qu’il était très célèbre pour être un féroce général, qui levait le drapeau de la rébellion contre Souma. C’était ce qui poussait probablement Gaius à agir ainsi.

La vérité était qu’il n’y avait aucune garantie qu’une opportunité comme celle-ci reviendrait. Gaius avait déjà 50 ans, il n’était clairement pas un jeune homme. Il ne voulait pas laisser passer cette chance idéale alors qu’il était encore apte à se tenir à la tête d’une armée et à donner des ordres.

Toutefois... c’est bien trop optimiste pour penser de cette façon ! Colbert pensa ainsi.

« S’il vous plaît, Votre Altesse, veuillez m’écouter. » Déclara-t-il. « Si vous envahissez Elfrieden, notre pays sera exposé aux critiques de tous les autres pays ! Nous avons signé la Déclaration faite par l’Empire afin d’avoir un Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque ! »

« ... La Déclaration de l’Humanité, n’est-ce pas ? » Actuellement, pour la première fois, Gaius avait un regard tendu sur le visage.

Dirigée par l’Empire Gran Chaos, la Déclaration du Front Commun de l’Humanité Contre la Race Démoniaque (également connue sous le nom de Déclaration de l’Humanité) faisait référence à une déclaration et un traité international soutenu par l’empire le plus grand et le plus puissant du continent. Il déclarait que, compte tenu de l’expansion du Domaine du Seigneur-Démon, tous les conflits entre les hommes allaient devoir cesser. Et, afin d’éviter que les monstres et les démons ne progressent vers le sud, toute l’humanité devait travailler uni et coopérer entre eux.

Les points essentiels de la Déclaration de l’Humanité avaient été déclarés dans ces trois articles :

*

Premièrement, l’acquisition du territoire par la force pour les nations de l’humanité serait considérée comme irrecevable.

Deuxièmement, le droit de tous les peuples à l’égalité et à l’autodétermination devra être respecté.

Troisièmement, les pays qui sont éloignés du Domaine du Seigneur-Démon fourniront un soutien aux nations qui se trouvent sur le front, et qui agissent comme un mur protecteur.

*

Le second article avait été adopté pour protéger les races minoritaires de chaque pays. Étant donné que l’acquisition du territoire par la force était irrecevable, certains pays auraient autrement expulsé ou opprimé leurs races minoritaires pour tenter de saisir leur patrimoine pour se l’approprier pour eux-mêmes. C’était une disposition supplémentaire qui à cet égard avait été ajoutée par précaution.

En outre, bien que non explicitement décrit dans le texte, si un pays violait ces trois articles, l’Empire, en tant que chef du pacte, interviendrait militairement.

Pour le dire simplement, cette Déclaration de l’Humanité était un traité de sécurité dans lequel les pays abandonnaient le droit d’envahir d’autres nations en échange de la protection de l’Empire.

Colbert plaida. « Si nous envahissons Elfrieden, nous pouvons nous attendre à une intervention de l’Empire face à nous ! Votre Altesse, je vous en prie, reconsidérez votre position ! »

« Toi, bâtard ! » Avait dit Gaius alors qu’il posa sa main sur la poignée de son arme se trouvant à la hanche.

Alors que tous les participants étaient sûrs que l’homme allait être tué, quelqu’un s’interposa entre Gaius et Colbert.

« Sire Colbert, il ne faut pas s’inquiéter de ça. » Celui qui s’était interposé entre les deux était le prince héritier, Julius Amidonia. Ses yeux froids, qui ne trahissaient aucune émotion, furent fixés sur Colbert. « C’est parce qu’Elfrieden n’a jamais signé la Déclaration de l’Humanité. »

« Julius... Sire, » dit Colbert, « C’est un argument très fallacieux ! Nous acceptons la protection en vertu de la Déclaration de l’Humanité, tout en attaquant un pays qui ne l’a pas encore ratifié. Si nous faisons cela, ce serait comme jeter de la boue sur l’Empire ! »

« Cependant, dans la diplomatie, seuls les traités qui ont été signés sont importants, » déclara froidement Julius. « Tout cela a été provoqué par la stupide folie d’Elfrieden en ne soutenant pas les idéaux sublimes de l’Empire. Ainsi, l’Empire ne trouve aucune faute nous concernant. »

« Mais... » (Colbert)

« C’est assez ! » Gaius retira sa main de la poignée de son épée, se tournant vers les commandants rassemblés devant lui. « Par la présente, je retire le poste de Ministre des Finances à Colbert. »

« Votre Altesse ! » Cria Colbert.

« Colbert, pour le moment, je vous place en résidence surveillée, » déclara le prince. « Vous devez regarder la suite depuis le bas côté. Regardez-nous, réclamant la terre de nos ancêtres. »

Avec ces mots, Gaius avait fait sortir ses commandants hors de la salle d’audience sans même avoir un autre regard sur Colbert. Colbert était resté là pendant un moment, se mordant les lèvres, mais finalement il avait frappé la moquette de colère, se leva avant de se retrouver nez à nez avec Julius, qui était resté derrière.

« Julius ! Est-ce vraiment... vraiment la seule voie possible !? » Demanda-t-il.

Colbert parlait plus franchement, contrairement à ce qu’il avait fait avec Gaius. En partie parce qu’ils avaient environ le même âge, malgré leur position de prince et de vassal, Julius et Colbert étaient assez proches pour être appelés des amis.

D’un ton froid, Julius déclara à Colbert, « Il a raison, il s’agit là d’une chance unique dans notre vie. En plus de Georg Carmine, il existe de nombreux nobles qui ont des liens secrets avec notre pays. Si nous nous coordonnons avec eux, nous devrions pouvoir récupérer des terres dans le sud pour nourrir notre peuple. »

« Mais, si nous perdons, cela pourrait signifier la mort de notre pays. » Répondit Colbert.

« Certes ! Mais d’autre part, si nous manquons cette chance, nous ne pourrons peut-être jamais récupérer nos terres. Si, comme vous l’avez dit, le nouveau roi travaille à enrichir son pays, cela ne signifie-t-il pas que l’écart ne fera que s’élargir si nous laissons passer cette chance ? » (Julius)

Il était clair que Julius regardait la situation avec des yeux plus calmes et plus rationnels que Gaius. Même ainsi, sa décision était restée inchangée.

« Il s’agit là d’un très vieux souhait de la Famille Princière d’Amidonia qui est de réclamer les terres que nous avons perdues et d’ainsi nous venger, » avait continué Julius. « Non, ce n’est pas seulement la Famille Princière : les soldats et la population en général le souhaitent ainsi. »

« C’est... » (Colbert)

C’est simplement parce que vous ne leur avez montré aucune autre option possible ! Colbert voulait le dire, mais... il ne pouvait pas le faire. Le faire serait de dépasser ses limites en tant que simple vassal.

Alors que Colbert regardait vers le sol, en perte de mots, Julius posa une main sur son épaule.

« S’il te plaît, Colbert, reste tranquille pour l’instant. Je connais très bien tes capacités. Pour mon propre intérêt, en tant que celui qui gouvernera un jour cette terre, je préfère ne pas te perdre à la suite d’une petite crise de mon père. » (Julius)

« Julius... » (Colbert)

Colbert le regarda avec des yeux écarquillés, mais Julius n’avait pas affiché la moindre émotion.

*

Quelques heures plus tard, alors qu’un Colbert effondré faisait traîner ses pieds dans les couloirs du château princier, une jeune fille avec un adorable visage tapota sa tête depuis derrière l’un des piliers de marbre.

« Je suis ici, Monsieur Colbert. Qu’est-ce que t’es arrivé pour que tu sois si lugubre ? » (Roroa)

« Princesse !? Hum et bien... » (Colbert)

Celle qui était sortie de derrière le pilier était Roroa Amidonia, la première princesse de ce pays. Colbert avait paniqué un peu alors qu’il se rendait compte qu’il avait laissé Roroa le voir être déprimé.

Roroa avait eu un bon sens de l’économie et cela dès son plus jeune âge et, alors qu’elle grandissait, elle alla s’entretenir avec les propriétaires de grandes entreprises et les bureaucrates du ministère des Finances de plus en plus souvent. Pour Colbert, qui était avant ça le Ministre des Finances, Roroa était une compatriote qui comprenait les principes de l’économie. Elle était aussi quelque chose qui ressemblait à une méchante petite sœur.

« Regarde ton visage... n’aurais-tu pas essayé de parler à ma place à mon vieux père ? » Roroa demanda avec un ton plein d’excuses, en regardant les bleus se trouvant sur le visage de Colbert.

« Hein !? Ha, non... C’est... » (Colbert)

« Tu n’as pas besoin de me le cacher. » Dit-elle. « Je suis désolé pour l’attitude de mon idiot de père. Mon Dieu... S’il frappe sur les vassaux qui essayent de lui donner de solides conseils, il dirige ce pays directement sur la route de la ruine. Honnêtement, à quoi pense-t-il ? »

Tout en disant des choses que les autres n’auraient jamais faites, étant bien trop terrifiés, Roroa avait affiché une grande démonstration de combien elle était en colère à propos de son père. Colbert était content de voir Roroa qui agissait ainsi vis-à-vis de lui.

« Merci beaucoup princesse. » Dit-il. « Je vais bien. »

« Vraiment ? Eh bien ! Dans ce cas, tiens-toi prêt. » (Roroa)

« Hein... !? À propos de quoi dois-je me tenir prêt ? » (Colbert)

Roroa lui serra la main avec un rire. « Le vieil homme vous a donné tout le temps libre dont vous avez besoin, donc vous n’avez rien à faire, n’est-ce pas ? Eh bien, dans ce cas, peut-être que tu peux m’aider avec ce que je prépare. J’ai déjà parlé à tous les bureaucrates qui semblaient bien disposés vis-à-vis de ça, mais après tout, je pourrais encore utiliser plus de personnes afin de m’aider. »

« Hein !? Hé, princesse ? Au juste, qu’avez-vous planifié de faire ? » (Colbert)

« Mais c’est évident. » Répliqua-t-elle. « Nous allons tous disparaître ensemble. Sébastien évalue les différents chemins, mais pour l’instant, je pense que nous allons rester chez l’oncle Herman à Nelva. »

« Hein !? Quoiiiii !? » S’exclama-t-il.

Roroa l’attrapa par la manche et s’en alla rapidement, traînant ainsi Colbert derrière elle.

*

Quelques jours plus tard, en même temps que Gaius VIII et Julius quittaient la ville de Van, il y eut un incident où la princesse Roroa et un certain nombre de bureaucrates disparurent sans laisser de traces.

Il s’agissait d’un incident qui aurait dû provoquer un gros remue-méninges, mais le départ de Roroa avait été couvert, et ainsi ni Gaius ni Julius ne l’avaient jamais remarqué.

☆☆☆

Partie 2

Nous nous trouvions désormais dans le Capital Royal Parnam, à la fin du mois de septembre de l’an de grâce 1546 du Calendrier Continental, dans le palais royal du Royaume d’Elfrieden, le château de Parnam.

Je me trouvais dans le bureau des affaires gouvernemental à écouter les rapports de Poncho et Tomoe.

Le premier que j’entendis fut Poncho.

Jusqu’à l’autre jour de célébration, son titre avait été celui de Ministre pour la Crise Alimentaire. Mais vu que cette affaire avait été close, il avait maintenant été nommé en tant que Ministre de l’Agriculture et des Forêts.

En plus de s’occuper de l’agriculture, des forêts et de la gestion des provisions militaires, il était aussi chargé de la construction de rizières et d’autres projets du même genre visant à implanter de nouvelles cultures au sein du pays.

La raison expliquant pourquoi il n’avait pas été aussi chargé de la pêche était que ce pays n’avait jamais mis en place le moindre système de droit de pêche. Chaque guilde de pêcheur avait leurs propres zones, et tout ce que le pays faisait était de recevoir une taxe de ces guildes afin de protéger leurs droits.

Après y avoir réfléchi, j’avais décidé de mettre quelque chose en place, mais cette réforme devra attendre que j’aie acquis le contrôle de la marine. Car afin que le pays puisse garantir le droit des pêcheurs, il nous fallait quelque chose comme une agence de sécurité maritime. Si nous décidions de changer les règles vis-à-vis des pêcheurs sans avoir une telle chose, ils ne les respecteraient jamais.

Mais il semble que le fil de mes pensées m’ait amené vers quelque chose qui était hors sujet.

J’avais alors posé la question à Poncho. « Comment cela va-t-il avec les fournitures que je vous ai demandé. Je parle des provisions militaires et des fourrages pour la cavalerie. »

« Et bien, d’une certaine manière, j’ai réussi à me les procurer, cependant... » Poncho semblait terriblement évasif, surtout après qu’il ait dit qu’il avait réussi à préparer les fournitures.

« Est-ce que quelque chose ne va pas ? » Demandai-je.

« Non... c’est que je craignais que le nombre demandé ne soit incorrect. » Répondit Poncho, essuyant la sueur de son front. « La quantité totale demandée pourrait permettre à l’Armée Interdite de tenir plus d’un mois, alors, vous voyez... Elle n’a pas été facile à réunir, alors si le nombre demandé était une erreur, nous risquons d’avoir beaucoup de pertes. »

Son inquiétude était tout à fait logique. Quand il avait regardé le nombre de soldats que je pouvais mobilisé dans l’Armée Interdite, il craignait donc que la quantité demandée soit bien trop élevée. Car après tout, je n’avais que 10 000 soldats.

« Ce n’est nullement un problème, » dis-je. « Nous avons réellement besoin de toutes ces fournitures. Et en vérité, vous pourriez même dire que ce stock massif de fournitures pourrait être ce qui décidera de si nous gagnons ou non au cours de ce qui va arriver. »

« V-Vraiment ? » Balbutia-t-il. « ... c’est une bonne chose que cette année, nous ayons eu une récolte si abondante. Si vous m’aviez demandé ça l’année dernière ou encore avant, je n’aurais jamais été capable de rassembler une telle quantité... »

« Je sais, » dis-je. « Tout ceci n’est que le fruit d’un travail acharné effectué par chacun de nous. Bien sûr, cela signifie que c’est aussi grâce à vous, Poncho. »

« V-Vous êtes bien trop gentil de me dire ça ! » Poncho, honoré par ces soudaines louanges, se tenait si droit, qu’il donnait l’impression qu’il pourrait pencher en arrière.

J’avais eu un petit sourire en coin en voyant son comportement, puis j’avais déplacé mon regard vers Tomoe. « Finalement, comment les choses se sont-elles déroulées de ton côté ? » Demandai-je à Tomoe.

« C-Correctement ! Je pense que nous aurons cinq rhinosaurus de plus qui nous aideront le moment venu. » Me répondit-elle.

Comme Tomoe avait eu le don de pouvoir parler avec les animaux et les monstres, je l’avais chargée de "recruter" quelques lézards géants, les rhinosaurus, que nous avons déjà utilisés au cours de notre mission de sauvetage dans la Forêt Protégée par Dieu.

Leur capacité de transport que nous avions utilisé lors de la construction du réseau routier était vraiment fantastique. Je voulais donc augmenter leur nombre au sein de l’Armée Interdite, mais comme il s’agissait de créature vivante, il fallait beaucoup de temps pour entraîner un seul rhinosaurus. Et si nous essayions de les déployer pour la moindre tâche sans leur avoir fait subir un substantiel entraînement, alors de mauvaises choses pourraient se produire. Ils pourraient rentrer dans une rage folle, et il ne fallait pas oublier qu’ils étaient gigantesques. Tout cela faisait qu’ils pourraient nous causer d’importants dégâts.

Donc j’en avais fait le travail de Tomoe, et comme elle était capable de parler et comprendre toutes les langues des créatures vivantes, Tomoe était allée les voir afin d’écouter leurs demandes.

Mais attention, il semblerait que les rhinosaurus ne soient pas des créatures assez intelligentes pour demander des choses plus développées que « nourriture savoureuse » et « endroit pour pouvoir pondre en toute sécurité ». Après tout, ils étaient au même niveau qu’un stégosaure qui avait un cerveau de la taille d’un poulet.

Afin de combler leurs demandes, j’avais finalement été obligé de créer un refuge de rhinosaurus au sein du royaume, mais c’était vraiment un petit prix à payer en contrepartie du fait de pouvoir posséder un moyen de transport à grande vitesse et pouvant effectuer de longs voyages. C’était quelque chose au même niveau qu’un train. De plus, ils étaient totalement loyaux et ne nécessitaient pas le moindre entraînement.

« M-Mademoiselle Tomoe, votre don est vraiment fantastique. » Déclara Poncho.

« Je suis tout à fait d’accord, » dis-je, montrant que j’étais d’accord. « Je suis content d’avoir pu la mettre en sécurité avant qu’elle ne tombe entre les mains d’un autre pays. »

« V-Vous me flattez trop... » Déclara Tomoe alors que son visage devenait d’un rouge éclatant et qu’elle regardait le sol, embarrassée.

À ce moment-là, la porte de la pièce fut ouverte et Liscia rentra dans la pièce en disant. « Souma... »

Il y a de l’inquiétude dans son expression. Pensai-je. ... Je suis un peu inquiet...

« ... Poncho, Tomoe, » dis-je. « Pourrais-je vous demander de nous laisser seuls un instant ? »

« O-Oui, d’accord. » Déclara Poncho.

« D’accord, Grand-Frère. » Répondit Tomoe.

Après avoir fait une révérence, ils quittèrent le bureau des affaires gouvernementales, me laissant ainsi seul dans la pièce avec Liscia.

Pendant un petit moment, nous restâmes tous deux silencieux, puis je me levai de mon siège avant d’aller m’asseoir sur mon lit. Une fois assis sur le lit, je fis un signe indiquant à Liscia qu’elle devrait venir s’asseoir à côté de moi.

Tout comme je le lui avais demandé, Liscia vint s’asseoir à mes côtés. Être assis ainsi sur mon lit, avec une femme magnifique à mes côtés, aurait dû être une charmante situation, mais l’atmosphère actuellement présente était si lourde et oppressante.

« ... Êtes-vous venu, car vous deviez me parler à propos d’un sujet délicat ? » Demandai-je à Liscia, incapable de garder plus longtemps le silence.

Liscia sembla finalement se résoudre et commença à parler. Les mots sortaient très lentement. « Dans la ville du château... il y a des rumeurs comme quoi vous seriez en train de lever une armée afin de faire face aux trois ducs. »

Je ne répondis rien à cela.

« Elles disent aussi qu’une confrontation avec le Duc Carmine est inévitable. » Liscia déclara cela après s’être tournée de manière à me faire face. Ses yeux tremblaient dus à l’incertitude.

... Je ne pouvais pas lui en vouloir. Pour Liscia, j’étais le Roi ainsi que son fiancé alors que le Général Georg Carmine avait été son supérieur hiérarchique lorsqu’elle était au sein de l’armée, et donc, elle le respectait profondément. Si nous devions tous deux être en conflit, Liscia se sentirait inévitablement comme écrasée des deux côtés. Afin d’éviter une telle situation, je savais déjà qu’elle avait envoyé de nombreuses lettres à Georg afin de lui demander une rencontre alors même que de son côté, il s’était isolé sur ses propres terres.

« Est... Est-ce qu’il n’y a rien d’autre que vous puissiez faire ? » Balbutia-t-elle.

Alors qu’elle me demanda ça, avec ces yeux tremblants, je voulais tant lui dire quelque chose, mais...

J’étais incapable de trouver les bons mots. Je pouvais juste hocher la tête tout en restant silencieux.

Voyant ma réaction, Liscia murmura. « Vraiment... Bien sûr... »

Après avoir dit ces mots, elle sembla s’effondrer et ses épaules s’affaissèrent.

Il s’agissait de frustration. J’avais dû prendre ce chemin, alors même que je savais que cela blesserait Liscia. Et nous étions allés trop loin, au point où ni Georg ni moi ne pouvions reculer. Dans ce cas... au minimum...

« ... Liscia. » (Souma)

« ... Quoi ? » (Liscia)

« Pourriez-vous me parler de Georg Carmine, » dis-je.

« !? » (Liscia)

Liscia leva ses yeux et me regarda.

« ... Pourquoi maintenant, alors qu’il est déjà trop tard ? » Me demanda-t-elle.

« Je veux savoir quel genre de personne il est car je vais devoir me battre contre lui. » Dis-je. « Car maintenant que j’y pense, je n’ai jamais rencontré cet homme. »

Liscia resta silencieuse pendant un moment. Elle semblait un peu déconcertée, mais après un certain temps, elle commença à parler. « Le Duc Carmine... Georg Carmine est un guerrier possédant une habilitée sans précédant. Il est un intrépide homme-bête à tête de lion et alors même qu’il n’avait pas encore une telle capacité personnelle au combat, on dit qu’il a quand même été placé à la tête d’une armée afin qu’il puisse montrer sa véritable valeur. Il est un grand général, capable de s’occuper sur le champ de bataille ou d’un siège aussi bien de la position offensive que défensive. Et lors qu’il servait sous les ordres du roi avant mon père, lors d’une retraite où il avait été mis à l’avant-garde des troupes, j’ai entendu dire qu’il avait quand même été capable de prendre la tête du commandant ennemi, alors même que la bataille était perdue d’avance. »

« Hehe, c’est vraiment fantastique... » Dis-je.

C’était déjà une grande réussite si vous étiez capable de garder les pertes de vos troupes au minimum lors d’une retraite, mais aller jusqu’à faire une telle réussite face à son ennemi, c’était quelque chose qu’un général célèbre de la période des Royaumes combattants aurait certainement faite. Cela me faisait me rappeler du jeune Shingen Takeda, qui avait foncé à toute vitesse alors que l’armée de son père Nobutora était en pleine retraite, saisissant ainsi un château lors d’une attaque éclair.

« C’est bien vrai qu’il est incroyable, » dit-elle. « Non seulement il avait la qualité d’un chef pouvant maintenir la cohésion et le moral d’une armée vaincue, mais en plus, il a réussi un exploit qui lui aurait été impossible sans avoir une perception inhumaine qui lui a permis de localiser l’endroit ou il pourrait affronter avec efficacité l’ennemi afin d’arracher sa petite victoire. »

Il y avait une pointe de fierté dans la voix de Liscia alors qu’elle me disait ça. Elle le respectait vraiment.

« Quand mon père a pris le trône, ce pays a changé sa façon de s’étendre, » continua-t-elle. « Avec mon père qui était, pour le meilleur ou pour le pire, un roi ordinaire qui gouvernait ce pays, nous aurions dû être des proies faciles pour les pays voisins. »

« Vous êtes terriblement sévère, même s’il s’agit de votre propre père, » commentai-je.

« Et bien, ce n’est que la vérité. Mais tout ça ne se produisit jamais. Comme le Duc Carmine a toujours eu l’œil sur l’ouest, ni Amidonia ni Turgis n’ont tenté de mettre la main sur nos terres. En dépit d’être le plus grand guerrier de sa génération, il n’avait jamais eu la moindre ambition et avait toujours servi loyalement mon père... Non, ce n’est pas ça. À la place que cela fut pour le bien de mon père, le Duc Carmine a toujours agi uniquement pour le bien de ce pays. »

« Pourquoi pour ce pays ? » Demandai-je.

« Vous ne le savez vraiment pas ? » Me demanda-t-elle à son tour. « Il y a encore beaucoup trop de pays dans ce monde qui agissent de manière discriminatoire envers les autres races. Alors même que l’Empire proclame maintenant des valeurs sur l’égalité raciale, il existe quand même encore une discrimination contre les non-humains dans certaines régions. Mais il existe aussi des lieux où c’est l’inverse. Dans le nord-ouest, il y a une île emplie de hauts elfes qui favorisent une politique de suprématie visant les hauts elfes, et ce sont les humains qui sont regardés là-bas avec dédain. »

Il semblerait que ce genre de problèmes soit aussi rencontré un peu partout dans ce monde-là.

« Mais dans ce pays, il n’existe aucune forme de discrimination. » Continua-t-elle. « Et même si elle existe temporairement, elle n’a aucune chance de s’étendre. Les races qui était contre ce genre de discrimination se sont toutes rassemblées sous les ordres du premier roi, et elles ont coopéré afin de rendre ce pays prospère. Et cela afin de ne plus jamais devoir vivre sous le joug de quelqu’un ayant une autre vision de ça. Voici comment ce pays est... et c’est pourquoi le Duc Carmine l’aime plus que n’importe quoi d’autre. »

Après ça, Liscia prit une pose pendant un petit moment avant de recommencer à parler. « Dans sa vie personnelle, Duc Carmine est un homme qui sait être poli. Il possédait une relation étroite avec mon père qui était plus que professionnel, et il offrait souvent des conseils à mon père. Il a même pris soin de moi comme si j’étais sa propre fille. Quant à moi-même... J’aime le Duc Carmine. »

Je restai silencieux.

Elle continua. « Quand je suis allée à l’Académie des Officiers, car je voulais être soldat, au départ, il s’y est opposé. Il a dit que c’était inconvenant pour une princesse de faire ça. Mais, en fin de compte, il m’a laissée suivre ma voie. Et je me souviens parfaitement qu’une fois que je fus diplômée de l’Académie, je fus placée sous ses ordres et fus utilisée afin d’encourager les troupes. Ben oui... Il ne pouvait pas simplement utiliser une princesse, un proche parent du roi, en tant que l’un de ses subordonnés. »

Même Georg, un homme aussi impressionnant qu’il était, devait avoir beaucoup de mal à faire face à l’attitude de garçon manqué de Liscia.

« Alors, il était comme un deuxième père pour vous, n’est-ce pas ? » Demandai-je.

Après que je lui ai posé la question, Liscia baissa la tête due à la tristesse. « Exacte... C’est un homme merveilleux. Alors, pourquoi il... »

Liscia commença à dire quelque chose, mais elle s’arrête, secouant la tête.

« Je ne sais pas exactement ce à quoi pense le Duc Carmine... Mais peut-être qu’il agit ainsi parce qu’il est un guerrier. »

« Parce qu’il est un guerrier !? » Demandai-je.

« Le Duc Carmine a plus de cinquante ans, » dit-elle. « La durée de vie d’un homme-bête n’est pas différente de celle d’un humain. S’il n’était qu’un simple général, il lui resterait encore de nombreuses années à vieillir dans cette fonction, mais en tant que guerrier, il a déjà atteint le sommet et tout ce qui l’attend est la dégringolade. C’est pourquoi je pense que, peut-être, il essaie de faire, en ce moment, quelque chose de grand pour son pays. »

« ... Et cela même si pour ça il doit devenir un traître ? » Demandai-je.

« Si c’est au profit du pays, alors le Duc Carmine le fera sans hésiter. » Me répondit-elle.

Il y avait une certaine confiance dans ses mots que je ne pouvais pas m’empêcher d’envier.

Puis, je me mis à parler. « Demain... je tiendrais une conférence avec les trois Ducs à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix. »

Il y avait quatre Joyaux de Diffusion de la Voix dans ce pays. Les trois autres étaient détenus par les trois ducs. En utilisant ce joyau, on pouvait avoir ce qui était proche d’une conférence vidéo. À cette occasion, je ferais mon dernier ultimatum aux trois ducs vis-à-vis du fait qu’ils devaient se soumettre à moi en tant que mes vassaux. Et que dans le cas où l’un d’eux refuserait, j’étais prêt à entrer en guerre avec lui. Mais, indépendamment de ce que les deux autres feraient, il n’y avait aucune chance que Georg accepte ça.

« Liscia, si c’est trop difficile pour vous... » Commençai-je.

« Je veux être présente. » Déclara-t-elle.

Elle ne me laissa même pas finir ce que je voulais lui dire.

Liscia avait ensuite fait un sourire assombri par la tristesse. « Je sais. Le Duc Carmine a déjà fait son choix depuis longtemps. Il ne changera pas d’avis maintenant. »

« Liscia... » Dis-je.

« Je veux être présente jusqu’à la fin, parce que je sais déjà ça. Je veux voir comment cet homme vit sa vie. » Liscia regarda directement dans mes yeux alors qu’elle me disait ça.

Vraiment... Je n’avais aucun mot afin de lui répondre. Et ainsi, afin de faire tout ce que je pouvais faire pour elle, je l’enlaçai étroitement, posant mes mains proches de ses épaules. Elle se mit à trembler un peu.

Je plaçai la tête de Liscia contre ma propre épaule.

Même si j’étais le roi, je ne pouvais rien faire pour elle, et ainsi, j’étais en colère contre moi-même...

***

— Le même jour, dans la Cité du Dragon Rouge.

« Bon sang. Que se passe-t-il ? » Rugis Castor.

Dans la Cité du Dragon Rouge se trouvant dans le nord du Royaume d’Elfrieden, le commandant en chef des Forces Aériennes, le Général Castor Vargas, se trouvait devant un bureau, tenant sa tête entre ses deux mains.

La Cité du Dragon Rouge était la ville centrale du Duché de Vargas, et aussi l’endroit où était situé le Château de Castor.

Il avait été construit sur une légère élévation sur une portion d’une montagne qui avait été dégagée. Cet endroit pouvait sembler un endroit peu propice pour une ville centrale, compte tenu des inconvénients liés au transport de marchandises. Mais pour le Duché de Vargas, qui était le haut lieu de l’Armée de l’Air du royaume ce n’était pas un problème, car il avait accès au transport par wyvernes qu’il pouvait utiliser pour cela en plus de les faire se battre lors des combats.

Chacune d’elle pouvait transporter autant qu’un téléphérique chargé à ras bord de fournitures, et il y avait même un genre d’autobus transporté par quatre wyvernes qui se rendait dans chaque ville, de sorte que l’éloignement du site n’avait guère d’importance.

En outre, puisque le château du Général de l’Armée de l’Air était situé dans la Cité du Dragon Rouge, les défenses de la ville étaient importantes.

Bien que l’emplacement choisi fasse de lui un château en pleine montagne, la ville était également entourée de hautes murailles.

Alors que les pentes des montagnes écartaient tout usage des béliers (la machine de guerre, pas l’animal) ainsi que vis-à-vis des tours de sièges (ainsi que ceux qui ressemblent à des véhicules avec des échelles comme des camions de pompier). Et les hautes murailles protégeaient la ville face aux assauts directs de la cavalerie et de l’infanterie.

En outre, Castor, le dirigeant actuel de la ville, était un excellent commandant. Même si Castor n’était pas si bon quant à la complexité de la politique, il avait montré une force inégalée sur le champ de bataille. Au cours des cent dernières années de guerre pour le Royaume d’Elfrieden, il avait toujours été à la tête de l’unité de wyvernes, tranchant dans les rangs de ses ennemis en tant que commandant de l’avant-garde.

Il avait commis beaucoup d’erreurs en raison de ne pas avoir réfléchi avant d’agir, mais sa largeur d’esprit, sa personnalité au sang-chaud et sa force incroyable lui avaient permis d’avoir un charisme qui charmait tous ses subordonnés. Si nous le comparions à Zhang Fei dans l’histoire chinoise, ou à Masanori Fukushima dans l’histoire japonaise, cela permettrait d’obtenir une meilleure compréhension.

Parce qu’il était ce genre de personne, il avait entièrement laissé la direction de la ville à sa femme, Accela, qui était la fille de l’Amirale Excel, ainsi qu’à Tolman, l’homme qui était son commandant en second dans l’Armée de l’Air ainsi que l’intendant de sa Maison.

Aucune bonne chose ne pourrait jamais provenir d’un pauvre gestionnaire qui se heurtait à chaque décision administrative, donc c’était probablement la meilleure chose à faire. Castor savait que le fait de foncer sur le champ de bataille lui convenait bien mieux que de s’occuper de la gestion d’une ville.

Maintenant, Castor, un homme qui était mal adapté à avoir des réflexions, faisait une fois de plus activer son cerveau afin de savoir ce qu’il fallait faire.

« Tolman ! Est-ce que Duc Carmine n’a toujours rien dit !? » S’exclama-t-il.

« ... Non, rien du tout, » l’homme vêtu et ayant les manières d’un gentleman qui se trouvait en face de lui répondit, continuant à se tenir debout comme il le faisait avant.

Cet homme était celui qui était chargé du contrôle administratif de la Cité du Dragon Rouge, l’intendant de la Maison de Vargas, Tolman.

Castor frappa des poings sur le bureau. « Et l’ultimatum du roi arrive demain ! Qu’est-ce qu’il cherche à faire en ne nous envoyant aucun message avant ? »

Tolman ne répondit rien.

Les personnes parlaient toutes à propos d’une confrontation entre le nouveau roi et les trois ducs, mais cela ne signifiait pas que les trois ducs étaient tous d’accord.

Le Général de l’Armée de Terre, Georg Carmine, avait annoncé clairement son opposition au roi, mais l’Amiral de la Marine Excel Walter avait eu une vision plutôt négative concernant la lutte contre le roi. Et finalement, pour Castor... Il manifestait une position d’opposition envers le roi, mais au fond de lui, il hésitait s’il devait maintenir cette position.

Le Général Georg était son frère d’armes, et il l’avait respecté en tant que guerrier. Mais parce que Georg était celui qui avait levé haut le drapeau de la rébellion, Castor avait donc supposé qu’il avait longuement réfléchi avant de le faire, et ainsi, Castor avait même rejeté sa propre belle-mère, Excel, afin d’accompagner Georg dans son opposition face au roi. En d’autres termes, s’il était vrai que Castor lui-même avait eu des soupçons lors du changement soudain de Roi, il avait laissé la décision finale de s’opposer ou non à ce nouveau roi à quelqu’un d’autre que lui.

L’immaturité émotionnelle de Castor avait été l’une des causes de cet acte.

Les Dragonewts tels que Castor appartenaient à une race qui vivait plus longtemps que les humains ou les hommes-bêtes. Mais d’un autre côté, la vitesse de leur développement émotionnel avait tendance à être inversement proportionnelle à la durée de la race. En raison de ce fait, bien que Castor ait vécu pendant plus de cent ans, son âge mental était à peine celui d’une personne de trente ans et il avait donc traité Georg qui avait quant à lui cinquante ans, en tant que son aîné.

Cependant, bien qu’il ait envoyé un certain nombre de lettres à Georg lui demandant quelle devrait être sa prochaine action, il n’avait reçu aucune réponse.

« Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas ici ! » s’exclama Castor. « S’il avait voulu faire la paix avec le roi, il n’aurait jamais commencé à agir ainsi contre lui. D’autre part, s’il avait l’intention de se battre contre le roi, il devrait déjà être venu me voir afin de demander l’aide de mes Forces Aériennes. Alors, pourquoi ne nous dit-il rien ? Est-ce qu’il veut combattre le roi avec juste sa propre armée ? »

Tolman avait réfléchi avant de dire. « La seule chose à quoi je peux penser... serait qu’il est “gouverné par l’ambition” comme l’avait suggéré la Duchesse Walter. Maître, même si vous vous méfiez du nouveau roi Souma, vous ne voudriez pas nuire à l’ancien roi Albert, à sa femme Elisha, et même à la princesse Liscia, n’est-ce pas ? »

Blesser la famille royale.

Après que Tolman ait prononcé ces mots, Castor se mit à crier. « Bien sûr que non ! Mais le Duc Carmine à lui-même dit, “Une fois que le Roi Souma sera détrôné, je veux que le Roi Albert remonte à nouveau sur le trône, et je le soutiendrais” ! »

« Et s’il s’agissait d’un mensonge ? » Demanda Tolman. « Est-ce que, en vérité, il ne voudrait pas prendre le trône pour lui-même ? Si tel était le cas, alors la Duchesse Walter et vous, seriez certainement ses prochains adversaires. En préparation pour ce qui se passera, ne pourrait-il pas essayer de régler les choses avec ses propres forces, afin de vous empêcher d’obtenir de l’influence après la fin de la guerre ? Afin qu’il puisse abolir l’existence de ces deux maisons après la guerre ? »

« C’est absurde ! » Rugit Castor. « Il n’y a aucune chance que le duc Carmine pense à faire ça ! »

Castor l’avait nié avec force, mais comme on pouvait s’attendre de la personne chargée de l’intendance de sa Maison, Tolman avait la capacité d’analyser avec calme ce genre de choses. Il s’agissait de la conclusion à laquelle Tolman était arrivé, mettant de côté ses émotions, regardant uniquement les intérêts des personnes impliquées.

Cependant, comme Castor connaissait très bien Georg, il ne pouvait pas accepter cette analyse.

« Il n’existe pas de guerrier qui s’occupe davantage de ce pays que le Duc Carmine ! » Protesta Castor. « Il ne causerait jamais de tort à la famille royale... »

« Cependant, n’est-ce pas à cause de ses doutes concernant le duc Carmine que la duchesse Walter s’est éloignée de lui ? » Demanda Tolman. « Allant même jusqu’à faire revenir la maîtresse et le Jeune Maître Carl afin qu’ils viennent chez elle ? »

« ... » Castor était sans réponse face à ces questions.

Craignant pour la femme de Castor, Accela et leur jeune fils, Carl, qui serait tenu pour responsable en raison des lois sur les filiations lors de crime grave, Excel avait exigé qu’il divorce d’avec Accela, et elle les abritait désormais dans la Maison des Walter. Et ainsi, ils ne seraient sans doute pas entraînés dans l’affrontement entre Georg et Souma. Au moins, ce fait avait donné à Castor, une petite once de confort.

Castor reposa ses coudes sur le bureau, couvrant ses yeux avec ses mains. « ... je ne peux pas imaginer que le Duc Carmine puisse être gouverné par l’ambition. »

« Maître... » Commença Tolman.

« Je suis désolé, mais pourrais-tu me laisser seul pendant un moment ? » Demanda-t-il.

« ... Si tel est votre souhait. » Répondit Tolman avant de faire un salut et de quitter la pièce.

Laissé seul dans la pièce, Castor fit pencher en arrière sa chaise, pouvant ainsi regarder le plafond tout en restant droit sur sa chaise. Et alors...

« Carla, » commença-t-il à dire avec calme. « Tu es là, n’est-ce pas ? »

La fenêtre derrière Castor s’ouvrit, et une fille aux ailes rouges entra, affichant un regard empli d’embarras. Avec de longs cheveux roux de la même couleur que ses ailes, cette belle fille qui avait environ dix-huit ans était la seule fille de Castor, Carla. Contrairement à ce que son apparence "jolie fille" laissait entrevoir, elle avait le courage et le sens de combat qui lui permettait de mener une unité aérienne au cœur de la bataille.

« Père, tu m’avais donc remarqué, » dit-elle simplement.

« Tu aurais eu besoin de faire bien plus d’effort afin de dissimuler ta présence. Le son de tes ailes au moment où tu as atterri sur le balcon m’est parvenu très distinctement. » Déclara-t-il.

« Mais cela n’a pu que te faire soupçonner ma présence. » Carla haussa les épaules tout en disant ça. Puis elle sortit un paquet de lettres se trouvant dans l’une de ses poches.

Parce qu’il parlait à sa fille, Castor avait pris un ton moins formel. « Que sont-ils ? »

« C’est de Liscia, » dit-elle. « Liscia m’en a envoyé un grand nombre, nous demandant de faire la paix avec le Roi Souma. »

Carla considérait Liscia comme son amie. Elles s’étaient connues après que Liscia eut rejoint l’armée. Et parce que les deux avaient des personnalités sérieuses, et qu’elles s’étaient enrôlées dans l’armée bien qu’elles soient des femmes de haute naissance, elles avaient découvert beaucoup de choses en commun et étaient rapidement devenues amies.

Cependant, comme Carla était encore plus sérieuse que Liscia... ou, pour le dire avec des termes un peu moins favorable, elle était un peu trop entêtée... quand Liscia avait été fiancée avec le Roi Souma, Carla avait soupçonné la coercition, et elle était ainsi devenue hostile envers Souma. Par ce simple fait, alors même que sa mère et son frère étaient allés dans la Maison des Walter, elle était restée avec son père Castor.

Cependant, à ce stade, Carla commençait à avoir des doutes. « Je peux ressentir dans ces lettres la passion de Liscia. Ceci ne vient pas de quelqu’un qui a été forcé dans des fiançailles qu’elle ne souhaite pas. De plus, dans ses lettres, Liscia m’a mis en garde en me disant “Faites attention au Duc Carmine vis-vis de la manière dont il agit à l’heure actuelle.”. Nous sommes peut-être ceux qui se sont trompés. »

« ... Je vois, » dit Castor. « Alors la princesse Liscia ressent la même chose, n’est-ce pas ? »

Les épaules de Castor s’étaient abaissées. Puis, comme s’il se décidait sur quelque chose, sa tête se leva. « Mais Carla... Il n’est pas trop tard. Pars rejoindre Accela. Je suis le seul a avoir besoin d’être aux côtés du Duc Carmine. »

En tant que père, il lui disait qu’il voulait éviter de l’impliquer dans quelque chose qu’il faisait en raison de sa propre amitié envers un autre.

Cependant, Carla secoua la tête, ses pensées ayant déjà fait son choix.

« Après tout ça, je ne sais même pas comment je suis censé pouvoir encore montrer mon visage à Liscia, » dit-elle. « D’ailleurs, Père, crois-tu toujours que le Duc Carmine a réfléchi à cela ? Dans ce cas, gardons notre position jusqu’à la fin. Même si le Duc Carmine est vaincu et nous devenons des traîtres, si tu tombes à ses côtés, croyant à votre amitié, je doute qu’une personne puisse rire de vous pour cela. »

« Mais... alors tu seras... » (Castor)

« Je suis née au sein d’une famille de militaire, » Déclara Carla. « J’y suis donc préparée. Oh, ne t’inquiète donc pas, car après tout, nous avons encore Carl, donc au moins la maison et notre lignée de sang perdureront. C’est pourquoi, en tant que membres de la Maison des Vargas, nous laisserons derrière nous un bilan positif vis-à-vis de notre service militaire distingué. »

« ... Je vois. » (Castor)

Voyant la détermination sans faille de Carla, Castor prit sa propre décision. Il croirait en Georg Carmine jusqu’à la fin, et il était prêt à tomber pour ça.

À cette fin, il n’avait pas appelé les Forces Aériennes stationnées autour du Duché de Vargas. Cela avait été fait en considérant la situation, de sorte que même s’il entrait en conflit avec le roi après l’ultimatum de demain, il combattrait qu’avec son armée personnelle dans la Cité du Dragon Rouge n’entraînant pas le reste des Forces Aériennes dans ce conflit.

***

— Le soir du même jour, à une certaine localisation.

« Je vois... Ces deux-là sont donc résolus à le faire. » (Excel)

Quand elle avait appris les mouvements de Castor et Carla à l’aide des espions qu’elle avait envoyés à la Cité du Dragon Rouge, le beau visage de l’Amiral Excel Walter avait affiché un regard de chagrin et avait alors laissé sortir un profond soupir.

Cette beauté cornue qui, malgré avoir vécu pendant plus cinq cents ans, ne semblait avoir pas plus de vingt-cinq ans, se tenait à la fenêtre dans sa sombre chambre, regardant le ciel nocturne. Même les vêtements qu’elle portait semblaient désormais être trop lourds pour elle.

Ce soir, c’était une nuit nuageux, et elle pouvait à peine voir les étoiles.

« Castor est lui-même prêt à devenir un martyr en raison de son amitié avec Georg, » dit-elle tristement. « Et Carla est prête à le suivre jusqu’à sa fin peu importe ce que son père entreprend. Ces fous, bien qu’ils agissent de cette façon, je ne peux pas nier entièrement la validité de leurs choix. »

Excel avait alors lentement fermé les yeux, posant une main sur l’un de ses larges seins qui était évident même à travers son kimono.

À quoi pensait-elle, après avoir appris la détermination de son gendre et de sa petite fille ?

Quelques minutes s’écoulèrent avant qu’elle se décide à rouvrir ses yeux, puis fit tourner son dos vis-à-vis de la fenêtre et s’en écarta.

« En tout cas, leurs actes me donnent encore plus de raison de faire ce que je dois faire... » Murmura-t-elle.

Même si cela voulait dire de devoir piétiner leurs déterminations.

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