Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 1 – Chapitre 5 – Partie 2

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Chapitre 5 : Le Légendaire Vieil Homme

Partie 2

Vous souvenez-vous de ce que j’avais dit quand j’avais parlé de la façon dont la technologie de ce pays était totalement désordonnée. J’avais mentionné qu’il y avait des cuirassés d’acier, uniquement tirés par de grands dragons des mers. Lorsque Liscia et moi étions arrivés au site prévu pour la nouvelle ville, nous avions été accueillis par l’un de ces cuirassés d’acier.

Le Cuirassé Albert.

Portant le nom de l’ancien roi, il s’agissait du seul cuirassé en possession de l’Armée Interdite et il était par la même occasion le navire amiral de la Marine Royale.

Sa forme était semblable au Mikasa, qui était le vaisseau amiral de la Flotte Combinée à l’époque de la Bataille de Tsushima. Il possédait deux batteries principales, l’une à l’avant et l’autre à l’arrière, pour un total de quatre canons, avec des canons auxiliaires le long des flancs. Bien que les batteries principales et les canons auxiliaires soient tous placés sur un navire, ils ne l’étaient pas en tant qu’artillerie fixe. En outre, parce qu’il n’était pas équipé d’un moteur à combustion interne, l’absence de cheminée était une autre différence entre les deux.

Sa source d’énergie était un dragon des mers. (Ceux-ci ressemblaient à des plésiosaures, mais avec un cou plus court et large, ainsi que des cornes de chèvre.) Avec un dragon de mer géant le tirant, ce cuirassé pourrait fendre l’eau. Pour un navire ordinaire, un dragon suffisait, mais ce navire était un modèle à deux dragons.

Maintenant, ça me semble être le bon moment, alors laissez-moi vous expliquer quelques déséquilibres vis-à-vis de la technologie de ce pays.

Vous pourriez trouver étrange qu’un pays qui n’avait même pas atteint la révolution industrielle eût ces sortes de navires de guerre quasi modernes. Cependant, grâce aux créatures magiques et mystérieuses de ce monde, ils avaient pu faire des choses qu’ils ne pourraient autrement pas faire.

Même si quelque chose était fait en fer, s’il avait été construit avec les calculs appropriés concernant sa flottabilité, il pouvait être à même de flotter. En d’autres termes, le cadre extérieur d’un cuirassé pouvait être construit même avec la technologie du Moyen Âge. La raison pour laquelle ils n’avaient été construits qu’après la révolution industrielle était parce que les moteurs qui devaient leur permettre de se déplacer n’existaient pas avant ce moment-là. À une époque où votre seul moyen de propulser un bateau était d’attraper le vent avec des voiles ou de se propulser avec des rames, un navire de fer ne pourrait pas faire autre chose que de flotter sur place.

Cependant, dans ce monde, il existait de puissants dragons de la mer qui étaient assez forts pour remorquer un navire en fer. En les entraînant afin de tirer les navires, la navigation sur l’océan était devenue possible. C’est pourquoi les navires en fer avaient été construits.

C’était pareil pour les grands canons se trouvant à bord du cuirassé.

Ce monde avait déjà de la poudre à canon. Maintenant, en soi, il n’était pas étrange qu’ils en aient. Même sur Terre, il y avait des traces dans l’histoire concernant l’utilisation de poudre à canon qui avaient précédé l’apparition de la poudre noire, qui était l’une des trois grandes inventions de la Chine. Au deuxième siècle, pendant le temps des Romances des Trois Royaumes, le général défendant Chencang avait utilisé une arme explosive (quelque chose comme un pétard) pour pulvériser l’armée envahissante dirigée par Zhuge Liang.

Cependant, dans ce monde, il n’y avait pas d’arquebuses.

Parce qu’ils avaient de la magie pour leurs attaques à longue portée, ils n’avaient jamais développé les armes à feu. Les mages de Terre pouvaient tirer des pierres aussi bien qu’une mitrailleuse, les mages de feu pouvaient lancer des attaques qui ressemblaient à des bombes au napalm, les mages de vent pouvaient lancer une frappe de vide avec une portée incroyable, tandis que les mages de l’eau pouvaient, à plus court terme, pénétrer des obstacles en utilisant de l’eau sous pression.

En outre, il y avait ce qu’on appelait des "sorts pouvant être liés à un objet". En attachant des sorts possédant différents effets à un objet, il pourrait être renforcé ou capable de mieux couper. À cause de ça, les armes ayant des masses supérieures, qui pouvaient avoir plus de sorts encastrés en elles, avaient tendance à être plus puissantes.

Ainsi, une flèche était plus forte qu’une balle, une lance plus forte qu’une flèche. Pour l’expliquer plus en détail, avec la petite masse d’une balle, même si vous aviez intégré un sort d’attaque, elle ne pouvait pas percer une armure ayant un sort défensif intégré à elle. On pourrait tout à fait dire qu’il s’agissait de la raison du fait qu’ils n’avaient jamais développé de fusils. Cependant, alors qu’ils n’avaient pas de fusils, ils avaient des canons.

Mais c’était uniquement parce que, sur l’eau, l’utilisation d’autres éléments était limitée, donc ils avaient été obligés de les développer en tant que moyen d’effectuer des attaques à longue distance tout en étant sur l’eau.

La magie de ce monde proviendrait du mélange d’ondes spéciales émises par des personnes avec une substance appelée magicium se trouvant dans l’atmosphère pour ainsi produire une variété de phénomènes. Le Magicium avait un alignement élémentaire (à l’exception de l’obscurité), et la composition du magicium dans l’atmosphère était fortement influencée par le terrain environnant. Au-dessus de l’eau, il y avait surtout du magicium de l’eau, ce qui signifiait que la magie des autres éléments était affaiblie là-bas. Et ainsi de suite pour d’autres endroits.

En raison de ça, s’ils utilisaient de la magie au cours des batailles navales, tous les éléments, sauf l’eau, seraient affaiblis, et ils finiraient dans une situation critique vu que la magie élémentaire de l’eau n’avait pas une assez grande portée efficace. (Mais il pouvait encore être utilisé pour contrôler la direction des courants, et donc les mages de l’eau avaient été affectés à la marine.)

C’était précisément pour cela que les canons avaient été développés comme moyen d’attaquer des navires. En fin de compte, la technologie ne se développait que là où il y avait une demande.

Fin de la digression.

Maintenant, revenons au cuirassé Albert.

Quand j’avais vu l’Albert, voici ce que je pensais :

Que dois-je faire avec un seul navire ? Ce n’est que lorsqu’ils sont défendus par des destroyers et des croiseurs qu’un cuirassé ou un transporteur peut exhiber son véritable pouvoir. Ce que j’ai ici n’est qu’un épouvantail.

« Eh bien ! Vous savez, on a supposé qu’il fonctionnerait aux côtés de la marine. » Les mots de Liscia ne le rendant que plus triste. De toute évidence, il s’agissait d’un éléphant blanc.

« Dans ce cas, si nous ne prenions pas le navire amiral de la marine, ne pensez-vous pas que ça nous permettrait d’économiser une grosse somme sur le coût d’entretien ? » Demandai-je.

« M-Mais... Nous pourrions l’utiliser comme un navire transportant le matériel, n’est-ce pas ? » Me demanda-t-elle.

« Et bien... Oui, je suppose que c’est bon... » (Souma)

Nous avions utilisé ce grand cuirassé inutile afin de transporter du matériel pour la ville côtière. Une fois que nous avions retiré les armements se trouvant à l’intérieur, ceci avait permis de libérer une bonne capacité de transport. Avec le réseau de transport qui n’était pas encore en place à ce stade-là de la construction, il nous avait permis d’expédier les matériaux plusieurs fois plus rapidement que ce que nous pourrions envoyer à l’aide de la voie terrestre.

« Mais, dans ce cas, il aurait été encore plus efficace si nous l’avions construit dès le départ en tant que navire de transport. » Dis-je.

« Arg ! Ne soyez pas si négatif sur tout ! » Protesta-t-elle.

« Je me bats avec le budget, alors quand je vois quelque chose engloutir tant de fonds, je ne peux pas m’empêcher de dire ça. » (Souma)

C’était alors qu’Aisha revint vers nous, amenant Ludwin avec elle.

« Votre Majesté, j’ai fait venir Sir Ludwin comme vous me l’aviez demandé. » Dit-elle.

« Votre Majesté, Votre Altesse, je vous souhaite la bienvenue sur le site planifié de la nouvelle ville. » Le beau capitaine de la Garde Royale, Ludwin Arcs, nous salua avec un sourire. Au château, il portait toujours son armure en argent, mais là, il était habillé d’une manière plus décontractée. Avec la chemise blanche et la veste en cuir qu’il portait, il ressemblait à un beau marin qui pourrait apparaître dans un film de pirates.

J’utilisais l’Armée Interdite afin de travailler sur la construction de la ville. Bien sûr, j’avais fait aussi venir un grand nombre d’artisans de la guilde du génie civil et de construction, mais à l’échelle du projet, ils ne pouvaient pas tout gérer.

C’est pourquoi j’utilisais l’Armée Interdite, en pensant que je ferais rapidement face à la tactique des vagues humaines. Après que j’avais eu l’envie d’enseigner aux soldats des techniques modernes de construction, j’avais du mal à ne pas les utiliser. J’avais deux dixièmes des forces permanentes de l’Armée Interdite ici, et les huit dixièmes restants construisant le réseau de transport qui relierait toutes les villes.

« Alors, comment progresse la construction de la ville ? » Demandai-je.

« Nous avons déjà fini d’arpenter le site. Le travail est ainsi devenu soutenu... Ou plutôt, l’était... » Ludwin déclara cela avec hésitation, un sourire amer sur son visage.

« Je vous le dis, vous devez arrêter la construction ! » Une personne se mit à crier.

« Écoutez, vieil homme. Nous construisons cette ville sur les ordres du roi, comprenez-vous ça ? » Lui répondit un autre homme.

J’avais alors entendu des voix se disputer dans la tente qui servait de bureau central de la construction.

« Je vous le dis pour le bien du roi ! Vous ne devez pas construire une ville ici ! » (Vieil homme)

« Vous ne comprenez toujours pas, vous, le vieux ? Ce n’est pas comme si nous avions essayé de vous évincer ou quelque chose du genre. » (Soldat)

« Vous êtes ceux qui n’ont rien compris ! » (Vieil homme)

... Non, ce n’était pas un argument. C’était plus comme si ce vieil homme les avait critiqués unilatéralement.

J’avais alors parlé à Ludwin. « Donc, fondamentalement, un vieil homme qui vit dans la région s’oppose avec véhémence à ce que nous construisions une nouvelle ville ici ? »

« Oui. Il s’agit d’un pêcheur local. Mr Urup. » (Ludwin)

« Ne vous avais-je pas dit de ne pas acheter de façon agressive des terres ou quelque chose comme ça ? » Lui demandai-je.

« Bien sûr. Nous cherchons des résidences temporaires à leur donner en remplacement, de sorte que les résidents précédents peuvent rester dans la même région de là où ils sont actuellement. Nous ne les facturons pas pour la terre qu’ils acquièrent de cette manière. Et lorsque nous travaillerons sur l’aménagement résidentiel, nous prévoyions de reconstruire leurs maisons sans frais. » (Ludwin)

« Hmmm... selon moi, cela sonne vraiment comme étant de bonnes conditions. » Dis-je.

Mais pour autant que je puisse le voir, il n’y avait ici que des villages de pêcheurs abandonnés. Il était difficile de vivre dans un endroit aussi rural que celui-ci. Si une ville était construite ici, avec l’afflux de personnes, beaucoup des inconvénients du fait de vivre ici allaient disparaître. Non seulement ils n’étaient pas chassés de cet endroit, mais en plus, on leur offrait un meilleur avenir. Ils avaient même leurs maisons reconstruites gratuitement. Alors qu’est-ce qu’il avait comme raison à s’opposer à ça ?

« Mais pourquoi le vieil homme s’oppose-t-il à nous ? » Demandai-je.

« Eh bien... » (Ludwin)

« Je vous le dis, vous allez provoquer la colère du dieu de la mer ! » J’avais à nouveau entendu des cris depuis l’intérieur de la tente.

Le dieu de la mer ?

« Vous comprenez. Il dit qu’il s’agit ici du domaine du dieu de la mer et la construction de maisons va le mettre en colère. » (Ludwin)

« Quoi, vous avez même des dieux de la mer dans ce monde ? » Demandai-je.

Liscia, ainsi que les autres, avaient tous secoué négativement leur tête avec vigueur.

« Je n’ai jamais entendu parler d’un tel dieu avant aujourd’hui. » Répondit Liscia.

« Moi aussi, je ne suis au courant de rien. » Déclara Aisha.

« C’est probablement des imbécillités d’un vieil homme. » Rajouta Ludwin.

Il semblerait que personne n’avait entendu parler d’un tel dieu avant aujourd’hui.

Un dieu de la mer ? Me demandai-je alors.

« Je n’ai jamais entendu parler de ce dieu de la mer de toute ma vie, » déclara une voix se trouvant dans la tente. « Alors, pourriez-vous ne pas interrompre la construction avec votre étrange religion ? »

« Ce n’est pas une religion ! Le dieu de la mer est réel ! Si vous violez la sainteté de sa terre sacrée, alors vous provoquerez sa colère et tout sera détruit ! En fait, le dieu de la mer entre en colère environ une fois tous les cent ans ! » Cria le vieil homme.

Hein !?

« Quand j’étais un jeune garçon, le dieu de la mer est entré une fois en colère. À l’époque, toutes les personnes qui avaient construit des maisons sur la terre sainte du dieu de la mer ont été englouties par lui ! » Rajouta-t-il.

Se pourrait-il qu’il parle de ce que je pense en ce moment ?

J’étais alors entré dans la tente. À l’intérieur se trouvaient un jeune soldat de l’Armée Interdite et un vieillard bronzé portant une serviette tordue en tant que bandeau.

« Je suis désolé, Monsieur. Pourriez-vous me dire en détail ce dont vous parlez à l’instant ? » Lui demandai-je poliment.

« Et vous, qui êtes-vous ? » Me demanda-t-il en retour. « Je suis déjà occupé à parler à ce type... »

« Qu-Quoi, Votre Majesté ! » Bégaya le soldat.

« Votre Majesté !? » Quand il vit le soldat se tenir debout et me saluer, le vieil homme lâcha un cri bizarre.

« Oui. » Dis-je. « Je suis le Roi d’Elfrieden, Souma Kazuya. » Dis-je tout en allant vers lui afin de lui serrer la main.

« ... Mon nom est Urup. » Le vieillard répondit avec un regard tendu sur son visage.

Une fois que nous avions fini de nous saluer, j’avais immédiatement plongé au cœur de la question. « Maintenant, Urup. Revenez à ce dont vous parlez avant. »

« Hm !? Oui, c’est vrai. Votre Majesté, veuillez reconsidérer le fait de construire une cité ici ! » (Urup)

« Vieil homme, vas-tu vraiment déranger Sa Majesté lui-même avec tes bêtises ? » demanda le jeune soldat.

« Non, je veux l’entendre. » Je fis un geste au soldat qui essayait de l’empêcher, afin qu’il se retire. « Pouvez-vous m’en dire davantage sur ce sujet ? »

« Mais bien sûr. » Et ainsi, Urup m’expliqua entièrement la légende locale.

Apparemment, cette terre avait appartenu au dieu de la mer, mais il l’avait perdue après avoir été vaincu par le dieu de la terre lors d’une grande bataille. Cependant, le dieu de la mer croyait toujours que cette terre était la sienne, et quand les gens y construisirent des maisons, il tuait les personnes qui y vivaient.

C’est pourquoi il y avait une règle dans le village des pêcheurs à proximité que personne ne devrait construire de maisons ici.

Une fois qu’ils avaient tous entendu l’histoire d’Urup, Liscia avait dit, « C’est trop vague. Je n’y crois pas vraiment. »

« L’écouter était une perte de temps, » Rajouta Aisha.

Les deux semblaient exaspérés par le vieil homme, mais je me sentais différemment d’elles.

À mi-parcours de son récit, j’avais demandé à Ludwin d’apporter une carte, en demandant à quel point la terre sainte du Dieu était étendue. Alors, une fois que j’avais regardé pour un endroit assez loin de la portée de "la terre sainte du dieu de la mer", j’avais regardé à nouveau la carte et j’avais dit à Ludwin, « Nous devons apporter des changements majeurs au plan de la ville. »

« Attendez Souma, pourquoi dites-vous ça tout à coup ? » Demanda Liscia.

« Monseigneur, croyiez-vous ce que dit ce vieillard ? » Cria Aisha.

« Si nous modifions maintenant les plans, il y aura un retard majeur dans la construction... » Protesta Ludwin.

Je pouvais parfaitement comprendre comment ils se sentaient. Je ne voulais pas non plus faire quelque chose de si problématique. Cependant, lorsque j’avais considéré la sécurité de la nouvelle ville, j’avais la certitude qu’il fallait le faire.

« Souma, vous ne pouvez pas me dire que franchement vous croyez à ce dieu de la mer ? » Demanda Liscia.

« Non, ce n’est sûrement pas un dieu de la mer. » Répondis-je.

« Mais... » (Liscia)

« Liscia, les légendes sont après tout les souvenirs des personnes. » Je pointais du doigt ma tempe. « Les légendes sont quelque chose que nous transmettons. Alors, pourquoi les transmettre, vous pourriez vous poser la question ? Parce que nos ancêtres ont décidé qu’il était important de le faire. Des histoires sans valeur ne seront jamais transmises. Si celle-ci a été transmise, c’est qu’il y a une “leçon” derrière cette légende, ou “la sagesse de vie quotidienne” en elle. » (Souma)

« Et vous dites que cette malédiction du dieu de la mer est quelque chose comme ça ? » Me demanda-t-elle.

« Oui. Dans cette légende, la “leçon” est de ne pas construire de maisons dans une zone spécifique. Si les personnes ignorent cette leçon et construisent des maisons là-bas, ils seront sûrs d’être détruits. » Je regardai alors directement Urup avant d’ajouter. « À l’aide d’un tsunami, ai-je raison ? »

Les yeux d’Urup devinrent écarquillés et soudainement, il commença à trembler.

« O-Oui ! À l’aide d’un tsunami ! Tout le monde se trouvant dans les maisons, ils ont été emportés, les maisons et tout le reste ! » (Urup)

« Est-ce qu’il y avait eu un grand tremblement de terre avant le tsunami ? » Demandai-je.

« Comment pouvez-vous le savoir !? » Urup se mit à pleurer, comme s’il venait de se souvenir de quelque chose se trouvant dans sa mémoire qu’il avait voulu oublier. Peut-être que la vue des personnes aspirées par l’eau, ainsi que les maisons et tous les autres objets dans la zone, avait été tellement choquante qu’il avait inconsciemment oublié ce souvenir.

« En d’autres termes, la véritable identité du dieu de mer est “un raz de marée déclenché par un séisme sous-marin” », dis-je.

Même sur Terre, ce n’est que récemment que le mécanisme derrière les tremblements de terre avait été découvert. Nous avions dû attendre jusqu’au 20e siècle, lorsque la structure intérieure de la Terre avait été découverte. Jusqu’à ce jour, même si nous avions connaissance des tremblements de terre en tant que phénomène, nous pensions que c’était à cause de raisons telles que "l’activité volcanique" ou "l’eau souterraine se transformant en vapeur et provoquant ainsi la formation d’une cavité creuse" que de tels tremblements arrivaient.

J’avais utilisé mes mains pour simuler un plateau plus petit sous un autre, comme vous le voyez souvent sur les schéma concernant les activités sismiques des programmes d’informations, mais tout ce que j’avais obtenu était un tas de regards vides.

« Hummm... Désolée. Je n’ai vraiment rien compris. » Déclara Liscia.

« Plaques ? Vibration ? Monseigneur, parlez-vous de magie ? » Demanda Aisha.

« Je suis totalement perdu dans ces explications. » Rajouta Ludwin. « Comme il s’agit de choses tellement avancées, je ne sais même pas s’ils enseignent ce genre de chose à l’Académie Royale. »

Aucun d’entre eux n’avait compris. C’était bien trop tôt pour leur époque, alors je ne pouvais pas les blâmer pour ça.

« D’accord. Alors, oublions le mécanisme permettant à tout ça de fonctionner. » Dis-je. « L’important, c’est qu’il y a un tremblement de terre sous l’eau, et parfois il provoque un tsunami. En d’autres termes, la “colère du dieu de la mer” d’Urup ne se produit pas parce que les personnes y construisent des maisons. »

« Mon Dieu ! Donc ceci se produira même si nous ne construisons pas de maisons là-bas ? » Demanda Urup, les yeux grands ouverts.

Je traçai les contours des côtes sur la carte puis les lui montrai. « Je pourrais également mentionner que la côte de ce pays est en forme de <, et cet endroit se trouve dans ce coin. Des endroits comme celui-ci seront endommagés plus lourdement que d’autres zones côtières lors d’un tsunami. La raison en est... quelque chose que vous ne comprendriez pas même si j’essayais de vous l’expliquer, alors acceptez simplement que cela fonctionne ainsi. »

Si j’avais construit un modèle miniature de la côte et que j’y avais placé de l’eau afin qu’ils puissent voir les ondes converger, alors ils auraient pu comprendre. Mais ça demanderait bien trop d’efforts pour pouvoir atteindre ce but.

« Pourtant, si cet endroit est si dangereux, la nouvelle ville ne risquera-t-elle pas quelque chose ? » Demanda Liscia en pointant du doigt.

Je gémis un peu avant de dire. « Hrm... Certaines zones de la côte pourraient être meilleures que celui-ci, mais toutes les régions côtières sont à peu près les mêmes, et je peux dire avec certitude qu’il s’agit là du point le plus proche du centre du pays. Et d’après ce que j’ai entendu, il y a une longue période de temps entre les phénomènes. Ils ne se produisent qu’une fois au cours d’une centaine d’années, alors si nous concevons la ville en supposant qu’elle sera touchée par un tsunami, ça devrait être correct. »

Avec ça, Ludwin et moi avions regardé la carte, en précisant les détails de mon plan.

« Tout d’abord, nous devons accumuler de la terre afin d’augmenter le niveau du sol, » dis-je.

« Maintenant ? Si nous le faisons à la main, ceci prendra un bon moment, » répondit-il.

« Les mages de terre dans l’Armée Interdite auront l’occasion parfaite de travailler sur ça. Ceci aura un impact sur le temps de construction, mais il n’y a pas d’autre possibilité. » (Souma)

« Compris. » Hocha-t-il. « Maintenant que j’y pense, j’ai entendu dire que la ville côtière de la Duchesse Walter a ce que l’on appelle des digues. Devons-nous en faire aussi ici ? »

« Des digues, hum... Ceci va nuire à la vue. » Je pensai alors à certaines considérations. « Si possible, je veux que ce port commercial soit utilisable comme destination touristique. En outre, ils ne seront pas en mesure de résister à un tsunami de cette ampleur. »

« Alors, nous ne devrions pas en construire ? » Me demanda-t-il.

« ... Laissez-moi voir. En fait, je préfère construire une ville qui ne dépend pas de digues. Il semblerait que la guilde du génie civil et de construction ait un expert en contrôle des inondations, alors on va le convoquer et il nous donnera son avis. » (Souma)

« Compris. » Dit-il. « Maintenant, en ce qui concerne les spécificités du plan de la ville. »

« Grâce au vieil homme Urup, nous connaissons à peu près le secteur que le tsunami peut atteindre, » dis-je. « Nous l’éviterons lorsque nous placerons les quartiers résidentiels, commerciaux et industriels. Bien sûr, cela concerne aussi bien d’importantes installations comme les consulats. »

« Vous n’allez pas développer la région que le tsunami peut atteindre ? » Me demanda-t-il.

« Le port de pêche et le quai ne peuvent être nulle part ailleurs. Quant au reste, nous le développerons comme s’il s’agissait d’un parc au bord de mer. » (Souma)

« J’ai compris. Vous allez développer en supposant que cela peut être totalement submergé. » (Ludwin)

« Oui, c’est bien ça. » Dis-je. « Oh, une autre chose, vieil homme Urup. »

« Hm ? Qu’y a-t-il ? » (Urup)

« Je vais faire de vous un conteur d’histoire homologué par l’État, alors, s’il vous plaît, veillez à ce que la légende du dieu de la mer soit transmise à tous. Je vais en faire un travail d’utilité public qui nécessite une certification, alors avant de mourir, travaillez durement afin de former la prochaine génération qui s’occupera de transmettre cette légende. »

« Moi, un fonctionnaire !? » S’exclama-t-il.

« Oui. En plus de la leçon “Ne construisez pas des maisons où le tsunami peut venir”, travaillez aussi sur “Si vous ressentez un tremblement de terre, alors supposez qu’il y aura un tsunami très bientôt” et aussi “Parce qu’un tsunami arrive, vous devez évacuer vers des zones élevées”. Vous pouvez utiliser la colère du dieu de la mer, mais assurez-vous simplement que le récit soit facile à se transmettre. » (Souma)

« ... Compris ! Je vais passer le restant de ma vie sur ce devoir ! » Cria-t-il.

« Bien. Soit dit en passant, à propos de la muraille qui entourera la ville... » (Souma)

Les trois hommes avaient alors parlé avec enthousiasme du plan de la ville. Liscia et Aisha les regardaient avec des sourires désabusés.

« Sa Majesté... Il semblerait qu’il s’amuse, » Commenta Aisha.

« Il s’amuse, » acquiesça Liscia. « Du moins, par rapport à la recherche de fonds. »

« Je me demande pourquoi, mais je pense que j’ai finalement vu le côté jeune de Sa Majesté. » (Aisha)

« Hehe, jeune... La raison pour laquelle Souma ne semble pas jeune est presque certainement parce que... » (Liscia)

« Hm !? Princesse, qu’est-ce que c’est ? » Demanda Aisha.

« Non, ce n’est rien... Hé Aisha. » (Liscia)

« Qu’est-ce qu’il y a ? » (Aisha)

« Aisha, aimez... vous Souma ? » Demanda-t-elle avec hésitation.

« Oui ! J’ai beaucoup de respect et d’affection pour lui ! » (Aisha)

« ... Je vois. Eh bien. Travaillons afin de soutenir Souma pour qu’il puisse rester souriant. » (Liscia)

« Oui, bien sûr ! » Cria Aisha.

À l’époque, je ne m’étais pas rendu compte qu’une conversation comme celle-ci avait eu lieu.

***

Trente ans plus tard, un tremblement de terre et un tsunami sans précédent frappèrent cette zone.

La terre fut inondée par des eaux turbulentes et de nombreux bateaux furent emmenés en mer, mais étonnamment, peu de vies furent perdues. Et tout cela parce que tout le monde dans la région avait grandi en entendant en provenance des conteurs la légende du dieu de la mer, ils avaient donc pu commencer à évacuer dès qu’ils avaient ressenti le tremblement de terre.

Après la catastrophe, une statue intitulée « Le roi et le vieil homme » fut construite dans le parc maritime.

Il s’agissait d’une statue pour commémorer le vieillard qui, au moment de la construction de la nouvelle ville, avait risqué sa vie pour faire un appel direct au roi et lui dire comment se préparer au tsunami et le sage roi l’avait écouté. Si les deux avaient pu l’entendre, ils auraient réussi à rire en disant : « Cela embellit la zone. »

En particulier pour le vieil homme Urup, qui avait autrefois été le conteur, mais maintenant, il apparaissait dans des histoires contées par ses descendants en tant que le Légendaire Vieil Homme. Quelle sorte d’expression avait-il sur son visage alors qu’il les surveillait depuis le prochain monde ?

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4 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. merci pour le chap
    mais une phrase me gène « Si les deux avaient pu l’entendre »

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