Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 1 – Chapitre 6

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Chapitre 6 : Les Secours

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Chapitre 6 : Les Secours

Partie 1

Je m’appelle Halbert Magna, 19 ans.

Je suis le fils aîné de la famille Magna, bien connu dans les forces terrestres du Royaume d’Elfrieden. J’avais l’habitude d’appartenir à cette armée, mais après que quelque chose me fut arrivé, j’ai été transféré de force dans l’Armée Interdite.

Pour ajouter une insulte à ma blessure, mon commandant était mon ami d’enfance, la mage de la Terre, Kaede Foxia, qui commençait ses phrases avec des "Tu sais". Pour résumer, maintenant, je devais suivre ses ordres... Je souhaiterais que ce soit tout simplement une blague. Et pour couronner le tout, que faisais-je maintenant ? En ce moment, plutôt que de tenir une épée, j’utilisais un outil afin de faire des tranchées (une pelle à arêtes rondes qui peut aussi être utilisée lors des combats au corps à corps).

Les ordres de marche étaient venus pour l’Armée Interdite, et quand j’étais arrivé sur le site, j’avais été chargé d’empiler la terre, de creuser au milieu, puis d’y verser un liquide poisseux (?), puis de renforcer les côtés avec du gravier, et enfin, de planter des pousses d’arbres de chaque côté. Ensuite, je devais mettre en place les lampadaires remplis d’éponge à lumière qui sont communs dans la capitale, le genre qui absorbe la lumière pendant la journée et est phosphorescent pendant la nuit, répétant ces mêmes tâches encore et encore.

Pour résumer, je participais à la construction d’une route.

L’été s’était terminé, mais le soleil était encore chaud, et je creusais de la terre et faisais des tas avec elle, encore et encore.

« Pourquoi... l’Armée Interdite... doit faire... de la construction de routes ? » (Hal)

« Vous ici. Arrêtez de bavarder et remettez-vous au boulot. Ceci me donne envie de vous faire avoir un peu plus de conscience au travail, au pas de course. » (Kaede)

En essuyant la sueur de mon front, je regardai afin de voir Kaede debout sur un simple échafaud, frappant la balustrade avec son mégaphone alors qu’elle donnait des ordres. Elle devait aussi se sentir mal à cause de la chaleur. Ses oreilles de renard duveteuses étaient retombées comme s’il s’agissait d’oreilles de chien.

« Hé, Kaede, est-ce que ça va bien... ? » Commençai-je.

« Tu ne peux pas faire ça ! » Protesta-t-elle. « Hal, tu sais, tu es mon subordonné. Alors tu dois m’adresser correctement la parole en tant que contremaître du site. »

« ... Contremaître, est-ce vraiment un travail pour l’Armée Interdite ? » (Hal)

« Tu sais, c’est le genre de travail que l’Armée Interdite doit maintenant faire. » Répondit-elle.

« Nous pourrions certainement laisser ces choses aux travailleurs de la construction. » (Hal)

« Tu sais, il n’y en a pas assez. Tu sais, ceci fait partie d’un plan afin de construire un réseau routier à l’échelle du royaume. J’ai entendu que nous avions également embauché tous les chômeurs de la capitale. Mais nous manquons encore de mains, alors je demanderais même à un Warcat de nous aider. » (Kaede)

Comme si, normalement, les militaires faisaient ce genre de travail. Pensai-je.

« En outre, tu sais, nous ne pouvons pas avoir juste des travailleurs de la construction qui viennent travailler seuls ici. » Dit-elle. « Car après tout, plus nous allons loin d’un village ou d’une ville et plus, les créatures sauvages sont présentes. Et si nous engagions des aventuriers afin de les protéger, ceci nous coûterait une fortune. »

« Donc, en fin de compte, nous ne sommes que de la main-d’œuvre pas chère, n’est-ce pas... ? » Demandai-je.

« Si tu comprends cela, alors reprends le travail, et au pas de course. » Répondit-elle.

« Tu es une mage de Terre. Alors ne pourrais-tu pas faire ça plus rapidement avec de la magie ? » (Hal)

« Tu sais, je ne peux pas dépenser ma magie ici. » Dit-elle. « Hal, vas-tu creuser à ma place des tunnels à travers les montagnes ? »

Je ne répondis rien.

J’étais alors retourné à mon travail afin de creuser de la terre et de l’empiler à côté.

Au moins, c’est mieux que d’être forcé de creuser un tunnel sans magie. Pensai-je. Quel genre de peine à l’ancienne génère une telle charge de travaux comme celle-là... ?

*

Midi était alors venu. Nous étions retournés au camp et avions eu une pause de deux heures.

À l’intérieur de la tente, nous avions mangé, bavardé ou utilisé les lits basiques (il s’agit plus de civières qui avaient été faites avec un peu de fourrure) pour effectuer une sieste pendant l’après-midi. Apparemment, ce roi avait fortement encouragé les siestes après avoir mangé. Il s’agissait de savoir comment un tel acte améliorait l’efficacité du travail.

Donc maintenant, travailler dans l’Armée Interdite était littéralement accompagné par le fait de devoir avoir "trois repas et une sieste". Mais, une fois que les autres avaient découvert quel type de travaux serait impliqué, il n’y avait aucune chance qu’ils soient jaloux de nous.

Quoi qu’il en soit, je n’allais pas pouvoir passer l’après-midi si je ne mangeais pas, alors j’avais rapidement fini la boîte à repas qu’on m’avait fournie.

Le repas d’aujourd’hui était de la viande et des légumes mis entre deux tranches de pain. C’était délicieux.

La viande était légèrement épicée, ce qui semblait aider à soulager mon épuisement. Il s’agissait apparemment d’un plat appelé Shogayaki que le roi avait inventé. Il s’agissait d’un menu expérimental qu’il testait maintenant que la production des assaisonnements dont le roi avait besoin était possible grâce aux loups mystiques. Il s’agissait de "miso", de "sauce soja" et de "mirin" — c’était selon moi sur la bonne voie.

Dans l’Armée Interdite, on nous servait souvent des menus expérimentaux que le roi créait tout comme celui d’aujourd’hui. Ces repas avaient été l’une des rares choses qui m’avaient rendu heureux après que j’avais été transféré dans l’Armée Interdite. Les repas que nous recevions dans l’armée de terre avaient toujours priorisé la quantité sur la qualité. Le genre de chose que vous imaginez en pensant aux mots "Un Repas d’Homme". Honnêtement, manger ici même une fois avait été suffisant pour me convaincre que je ne voulais pas revenir en arrière.

« Ce roi... Au moins, je dois reconnaître son don pour la cuisine, » j’avais admis ce fait.

« Tu sais, ils sont vraiment délicieux. » Admit Kaede. « Les repas que notre roi propose. »

À un moment donné, Kaede s’était assise à côté de moi et elle mangeait le même menu.

« En outre, tu sais, il est incroyable que nous puissions manger des légumes frais tous les jours. » Continua-t-elle. « Ils viennent du village le plus proche qui est connecté au château et ils ont été transportés à l’aide de cette route. Tu sais, la raison pour laquelle les routes sont géniales, c’est qu’elles facilitent le maintien des lignes d’approvisionnement. »

« Les routes que nous construisons sont utiles dès maintenant, n’est-ce pas ? » Demandai-je.

« Tu sais, avec cette capacité de transport, tu peux déjà dire que la crise alimentaire est résolue. Nous pouvons apporter de la nourriture en provenance des régions possédant un excédent et les acheminer dans les zones où il y a pénurie. Nous pourrons transporter des aliments que nous ne pouvions pas avoir avant, car ils ne restaient pas en bon état assez longtemps. » (Kaede)

« ... Est-ce qu’il fait ça parce qu’il connaissait déjà tous ces effets ? » Demandai-je. « Je veux dire, ce roi. »

« Tu sais, c’est un homme incroyable. Sa prévoyance en est presque effrayante. » (Kaede)

Eh bien, je pensais aussi que Kaede était très étonnante pour pouvoir comprendre tout cela. À certains égards, elle pourrait être un peu stupide, mais Kaede avait des spécifications de bases assez élevées. Elle pouvait utiliser la magie, et elle était aussi assez forte. C’était probablement pourquoi elle avait été choisie par le roi lui-même.

Cependant, en tant que son ami d’enfance, ceci m’avait un peu frustré.

... moi aussi, je dois faire de mon mieux.

« Eh bien, maintenant que tu as mangé, Hal, vas-tu aussi faire une sieste ? » Me demanda-t-elle.

« Et bien... je suis fatigué. Alors je suppose que oui. » (Hal)

« Dans ce cas, tu sais, tu peux reposer ta tête sur mes genoux. » Déclara-t-elle.

« Bwuh ! » J’avais alors craché mon thé.

Tout à coup, tout le monde me regardait. Plus de la moitié de ces regards étaient des hommes qui voulaient vraiment me tuer. Maintenant, même si je n’étais pas impartial en tant que son ami d’enfance, mais je pensais que Kaede était vraiment mignonne. À la base, il n’y avait rien d’extraordinaire, mais son visage n’était pas mauvais, et ces oreilles et sa queue de renard travaillent vraiment en sa faveur. Il n’était donc pas surprenant qu’elle ait été traitée comme une idole dans l’Armée Interdite. Le roi m’avait dit de servir sous ses ordres afin que les hommes ne la regardent pas avec dédains, mais, honnêtement, je pensais que, à la suite d’un ordre de Kaede, ces soldats auraient volontiers été jusqu’à leur mort. C’était pourquoi leurs colères meurtrières étaient dirigées vers moi, à cause du fait que j’étais si proche d’elle.

Je toussai désespérément. « Qu’est-ce que tu viens de dire ? »

« Tu sais, les personnes parlaient il y a pas longtemps de la façon dont la princesse l’a fait pour le roi dans le parc de la capitale. » Dit-elle. « Je suis étonnée qu’ils puissent le faire dans un endroit où tant de gens pouvaient les voir. »

Eh bien ! Après tout, ils sont fiancés, alors peut-être que ce n’est pas si étrange. Me suis-je dit pour moi-même. C’est bien mieux que de ne pas s’entendre.

« Les gens disent que l’année prochaine nous aurons un héritier royal. Bien que, en partie à cause du fait que le roi provienne d’un autre monde, les paris concernant le nom de l’héritier n’ont pas pu affiner une liste de candidats assez réduite. » (Kaede)

« ... vous parlez énormément de choses qui ne vous concerne pas. » Déclara une voix proche.

Kaede hurla.

Quand je tournai pour regarder dans la direction de la soudaine voix, je vis le roi Souma, soupirant et baissant ses épaules, et la princesse Liscia, le visage ayant une profonde nuance de rouge, debout à l’entrée de la tente.

« Hé bien, vous deux. Comment allez-vous ? » Demanda le roi Souma, s’adressant à nous.

« Vous savez, je suis pleine d’énergie, » répondit Kaede. « Votre Majesté, je vois que vous et la princesse êtes toujours les mêmes. »

« Oui, je n’ai pas beaucoup changé. Et qu’en est-il de vous, Liscia ? » Demanda le Roi Souma.

« Vous avez raison. Ceci me donne envie de vous faire avoir un peu plus conscience de votre position en tant que roi. » (Liscia)

Le roi Souma et la princesse s’assirent à notre table, comme s’il s’agissait de quelque chose de parfaitement naturel pour eux, et ils commencèrent à discuter avec Kaede.

Hein !? Attends !? Que se passe-t-il là ?

Le roi Souma et la princesse étaient assis en face de Kaede et de moi, tandis que l’elfe sombre qui les accompagnait au café attendait à l’entrée. Alors que je me sentais mieux en sachant que cette femme aux cheveux bleus n’était pas là, je me suis dit que c’était probablement une preuve que j’avais été traumatisé par l’expérience que j’avais eue la dernière fois.

Et c’est alors que le roi Souma fit dévier la conversation vers moi. « Halbert, vous êtes-vous aussi habitué à ces choses que vous effectuez dans l’Armée Interdite ? »

« Oui Votre Majesté ! Je n’ai eu aucun problème ! » (Hal)

« Si formel... » murmura-t-il. « Où est-elle allée l’énergie que vous aviez avant ? »

« Je m’excuse pour mon comportement que j’ai eu à ce moment-là ! » Dis-je immédiatement. « Votre Majesté, j’étais terriblement désagréable envers vous. »

« Ordres du roi : ne soyez pas si tendu et formel. De plus, rien de tout ça. Souma est largement suffisant. » (Souma)

« Non, mais... » (Hal)

« Hal, ne m’avez-vous pas entendu ? Il s’agit d’un ordre. » (Souma)

« ... J’ai.. J’ai compris... Souma. » (Hal)

« C’est bien. Je pensais juste que j’aimerais connaître un homme de mon âge avec lequel je pourrais discuter de façon décontractée, » Le Roi Souma... Souma. Avait dit ça, semblant satisfait.

C’est quoi ce bordel ? C’est sérieux ? pensai-je. Eh bien ! S’il le demande lui-même, alors c’est correct. De toute manière, je ne ressens pas beaucoup de respect pour son autorité...

« Alors Souma, pourquoi êtes-vous là ? » Demandai-je.

« Pour une inspection, c’est tout. Je voulais voir comment les travaux routiers progressaient. » (Souma)

« Vous n’avez pas besoin de nous dire de prendre nos travaux au sérieux. Nous le faisons déjà. » Dis-je.

« C’est bien ce que je vois là. J’ai suivi la route qui ira jusqu’ici. » (Souma)

« Il vaut mieux être reconnaissant, » dis-je. « Nous sommes en train de nous rompre l’échine afin de la construire pour vous. »

«  N’est-ce donc pas déjà le cas ? Je vous récompense avec de la nourriture et des salaires. » (Souma)

Je m’étais ainsi habituée à parler au couple en un rien de temps. Pour commencer, Souma ne m’avait jamais donné l’impression d’être un roi. Quand il vit que nous avions fini de manger, Souma s’était alors levé de son siège. « Et maintenant ! Vous deux, pourquoi ne venez-vous pas avec nous pour une inspection de la route ? J’aimerais en profiter pour expliquer à Liscia des choses concernant la construction des routes. »

« ... Quoi ? Est-ce que Kaede n’est-elle pas suffisant pour faire ça ? » Demandai-je. « Elle est la responsable ici. »

« Vous savez, j’aimerais lui montrer les travaux réellement faits pour cette route. » M’expliqua-t-il. « En outre, c’est parfois comme ça, lorsque vous devez faire face à ce genre de demandes en provenance de vos supérieurs que vous pouvez avoir la chance de créer des liens avec eux. Ça pourrait peut-être vous être utile plus tard ? »

« Comment cela pourrait-il m’aider ? » Demandai-je.

« Et bien... à l’heure actuelle, nous étudions les méthodes afin de fabriquer du gelin udon instantané. » Dit-il. « Ajoutez simplement de l’eau et n’importe quand, n’importe où, même dans un champ, vous pourrez profiter d’un bon bol de gelin udon. Je pourrais peut-être faire en sorte que certains des échantillons se déplacent vers votre unité... »

« Votre Majesté, si c’est ainsi, alors je vais vous montrer la zone se trouvant autour de nous. » Je me levai avant de saluer Souma.

Du Gelin udon instantané. Il était maintenant question de ça. Je n’allais pas laisser cette chance d’ajouter une certaine variété à notre sélection déjà limitée de rations utilisables sur le terrain.

La princesse et Kaede semblaient se divertir par mon brusque changement d’attitude, mais je n’allais pas me laisser déranger par ça. Après tout, la nourriture était ma priorité numéro un.

*

Nous cinq — Kaede, Souma, la princesse, la garde elfe sombre et moi — étions rapidement arrivés à une section de la route actuellement pavée. Là, Souma me demanda d’effectuer une démonstration des procédures que nous faisions ici afin de créer la route.

D’abord, j’avais empilé de la terre afin de créer les côtés de la route.

« Une fois qu’on a empilé de la terre sur les deux côtés, nous versons ce genre de choses au centre, » Souma déclara ça, expliquant la construction de la route à la princesse.

« Qu’est-ce que ça fait, cette chose visqueuse ? » Demanda-t-elle.

« Du béton romain... Il s’agit d’un mélange de cendres volcaniques et de citron vert. Il durcit à mesure que le temps passe. Il a également une viscosité assez unique, et donc, il ne craque pas facilement. Si vous voulez voir combien il est dur... Eh bien ! Si vous regardez ça, je pense que vous comprendrez rapidement. » (Souma)

Après avoir dit ça, Souma pointa du doigt un lézard géant qui était plus grand que de nombreux bâtiments. Le lézard géant remorquait un certain nombre de conteneurs à roulettes attachés derrière lui. Ces conteneurs à roulettes étaient remplis de matériaux de construction et de provisions pour les soldats.

Le lézard géant, le rhinosaurus.

Aussi connu comme étant le grand lézard à cornes. Ce lézard de grande taille était reconnaissable pour les deux grandes défenses qui poussaient au sommet de son nez. (Si Souma l’avait décrit, il aurait pu le décrire avec quelque chose du genre de "Prenez un rhinocéros, ajouter un dragon Komodo, diviser le en deux, puis multiplier la taille par dix".) Ils étaient omnivores et doux, devenaient facilement attachés aux personnes, de sorte qu’ils étaient utilisés dans les grandes villes afin de transporter de gros volumes de marchandises comme celle actuellement attachée derrière lui. Quand ils étaient enragés, ils avaient une charge inarrêtable, alors j’avais entendu dire qu’ils étaient habituellement utilisés lors d’assaut contre des châteaux.

« Il est si dur que, même si ce rhinosaurus marche dessus à toute vitesse, il ne fissurera pas, » expliqua Souma.

« C’est vraiment incroyable. » Déclara la princesse. « C’est si dur que ça ? »

« Non. Actuellement, il est flexible là où il doit l’être, donc il distribue la force qui lui est appliquée dessus. Dans le monde d’où je viens, il y avait des bâtiments fabriqués avec ce béton qui ont plus de 2000 ans et qui sont toujours debout. » (Souma)

2000 ans ? C’est quatre fois plus longtemps depuis que ce pays a été fondé. Pensai-je. Wôw, c’est vraiment fantastique.

« En cours de route, les lampadaires qui sont installés de chaque côté de la route sont les mêmes que ceux de la capitale. Il y a beaucoup de créatures sauvages, donc je doute que les gens se déplacent souvent de nuit, mais avec eux, ils ne se perdront pas s’ils le font. En ce qui concerne les arbres en bordure de la route qui sont actuellement plantés, il s’agit d’“arbres protecteurs” en provenance de la Forêt Protégée par Dieu. » (Souma)

« Des arbres protecteurs ? » Demanda la princesse.

« Aisha, pouvez-vous lui expliquer ? » (Souma)

« Oui, Monseigneur ! Ces arbres protecteurs émettent constamment des ondes que les monstres et les animaux sauvages n’aiment pas. Ils le font probablement pour empêcher les sangliers géants de les manger. Dans la Forêt Protégée par Dieu, nous plantons ces arbres protecteurs autour de nos villages afin d’éviter les incursions de monstres et d’animaux. » (Aisha)

« J’ai compris. » Répondit la princesse, pensive. « Ils agissent donc comme une barrière simple. »

Quand il entendit la réponse de la princesse, le roi Souma fit un signe de tête, satisfait. « Maintenant, c’est ce que j’appelle le savoir-faire local. Quoi qu’il en soit, si nous les plantons ainsi sur une large zone telle qu’une route, on ne sait pas ce que cela ferait à l’écosystème. Donc, plutôt que de les bloquer complètement, nous laisserons un nombre raisonnable de failles afin que nous les découragions simplement de s’approcher de la route. »

« Pourquoi ? Ne serait-il pas préférable de les arrêter entièrement ? » Demanda la princesse.

« Bon, d’accord, Liscia. Si les loups cendrés et les ours rouges, qui changent leurs terrains de chasse de façon saisonnière, ne peuvent pas migrer en raison de la route, alors ils restent là où ils sont actuellement, manquant rapidement de proie, puis commençant à s’attaquer aux bétails et aux maisons. Alors, que ferez-vous quand cela arrivera ? Ou, que faire si les singes géants et les sangliers géants, qui finissent par rester dans un même endroit, descendent dans les villages pour éventrer les champs et, ce faisant, répandent des sangsues qui n’existaient auparavant que dans les montagnes proches du village. Qu’allez-vous faire si cela se produit ? » (Souma)

« Je comprends que nous ne devrions absolument pas le faire, mais pourquoi vos exemples sont-ils si spécifiques ? » Demanda-t-elle.

« Parce que faire face à des animaux dangereux est un problème auquel tous les organismes locaux autonomes doivent faire face, » Répondit Souma. Un regard épuisé visible sur son visage.

Qu’est-ce que c’est que cet “organisme local autonome” ? pensai-je.

Contrairement à moi, Kaede semblait comprendre, et elle était très impressionnée.

« Wôw... Vous avez réfléchi aussi loin que ça. Vous savez, j’aurais dû m’attendre au moins à ça de vous, notre roi. » Déclara Kaede.

« Hmm. Eh bien, tout ce que j’ai fait était d’amasser un tas de connaissances du monde dans lequel j’étais auparavant, » Déclara Souma.

Les yeux de Kaede étincelaient, et Souma rougit un peu alors qu’elle le regardait fixement.

Alors qu’elle regardait ces deux-là, la princesse semblait un peu fâchée.

« Hum, Princesse ? » Demanda l’elfe sombre.

« Quoi ? » Répondit la princesse.

« C’est un regard effrayant que vous avez là sur le visage. » Déclara l’elfe sombre.

« V-Vraiment ? ... Eh bien ! C’est vous qui dites ça ? » (Liscia)

« Hein !? » (Aisha)

Ensuite, à ce moment-là.

« Non !!!! » (Aisha)

... Il y eut un cri soudain. Me demandant ce que c’était, je m’étais alors tourné pour regarder dans sa direction et je vis l’elfe sombre regarder une lettre, son visage déformé par l’émotion. Il y avait un oiseau blanc perché sur son épaule tremblante.

Est-ce que c’était un messager kui ?

À l’aide de l’instinct d’une kui et de la capacité à capter les ondes émises par son maître sur une longue distance, il était possible de communiquer entre un individu et un lieu fixe. À l’exception de Joyaux de Diffusions de la Voix, qu’on pourrait presque voir comme une tricherie, il s’agissait là de la méthode de communication la plus rapide. Alors, cela signifiait donc que quelqu’un l’avait contactée ?

« Aisha, que se passe-t-il ? » Demanda Souma.

Et c’est alors que l’elfe sombre parla à travers ses lèvres tremblantes. « Je viens de recevoir un message en provenance de la Forêt Protégée par Dieu. Il vient de se produire un glissement de terrain majeur ! »

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Partie 2

« J’ai reçu un message de mon père, le chef du village des elfes sombres, » dit Aisha. « “La nuit dernière, un glissement de terrain soudain a emporté près de la moitié du village”, a-t-il déclaré. Récemment, il y a eu beaucoup de pluie dans la Forêt Protégée par Dieu. Oui. Il y a... beaucoup de personnes disparues... Ohh... » La voix d’Aisha dérailla.

Sa patrie et sa famille venaient d’être touchées par un terrible désastre. C’était sûr que ce serait un choc pour elle.

... Je suis préoccupé, mais je n’ai pas le temps de la réconforter, pensai-je. Dans cette situation, en tant que roi, que devrais-je faire ?

Pendant que je pensais à cela en silence, Hal déclara. « Hé, vous pourriez au moins la réconforter... » Mais Kaede le tirait déjà par l’oreille avant que je puisse dire quelque chose en réponse.

« Actuellement, le roi réfléchit. » Elle lui fit un sermon. « Tu sais, tu ne dois pas l’interrompre. »

Je l’avais alors vue traîner Hal. Quelle bonne amie d’enfance, elle était !

... D’accord, je dois mettre de l’ordre dans mes pensées. Je levai la tête, et immédiatement, je m’étais mis à agir.

« Cette unité va aider le village des elfes sombres ! » Déclarai-je.

Hal s’arrêta avant de cligner des yeux à plusieurs reprises. « Cette unité ? Nous ne sommes qu’une cinquantaine. »

« Un désastre est une bataille contre le temps, » lui ai-je dit. « Nous n’avons pas le temps de retourner à la capitale. Heureusement, la Forêt Protégée par Dieu est plus proche que la capitale. Tout d’abord, je vais expédier cette unité comme une équipe de première urgence ! »

Je leur avais donné des ordres.

« Liscia, retournez à la capitale et demandez-leur d’envoyer une unité de secours. Parlez également à Hakuya et demandez-lui d’envoyer de la nourriture, des vêtements, des tentes et d’autres fournitures de secours jusqu’au village des elfes sombres. » (Souma)

« J’ai compris, mais... n’avez-vous pas une “conscience” en train de travailler dans la capitale ? Si vous l’utilisiez, ne serait-elle pas plus rapide afin de contacter Hakuya par ce biais ? » Me demanda Liscia.

« Je ne peux pas. Les Poltergeists Vivants ne sont effectifs que sur une portée d’une centaine de mètres. Les poupées peuvent ignorer cette limitation de portée, mais elles ne peuvent pas faire de la paperasse, donc je n’en ai pas laissé là-bas. » (Souma)

Si j’avais su que cela se produirait, j’aurais laissé au moins une poupée à la capitale. Si je l’avais fait, j’aurais au moins pu communiquer ce qui s’était produit.

... Je suppose qu’il est trop tard pour avoir des regrets. Pensai-je.

« Donc voilà. » Disais-je. « Quelqu’un doit faire la demande en personne. »

« J’y vais. » Déclara-t-elle. « Laissez-le-moi. »

« Quand vous irez là-bas, prenez avec vous les gardes du corps que nous avons amenés ici ! Ce ne serait pas du tout drôle si quelque chose devait vous arriver en chemin. »

« Je pense que tout va bien se passer, mais... j’ai compris. Vous aussi, faites également attention à vous. » Déclara Liscia avant de se mettre à courir juste après.

Si je m’étais arrêté pour y réfléchir, il était très étonnant que je fasse de la princesse de cette nation une femme messagère, mais Liscia ne semblait pas troublée par ça. Nous étions en phases sur ces choses-là.

« Aisha, à quelle distance sommes-nous de la Forêt Protégée par Dieu ? » Lui demandai-je.

« À une demi-journée avec un cheval rapide, » répondit-elle. « Avec une marche normale, il faudra deux jours, peu importe comment nous nous dépêchons. »

« Deux jours... Et quand est-ce que la catastrophe s’est produite ? » Demandai-je.

« C’était pendant l’heure des sorcières, du moins, c’est ce que j’ai compris. » (Aisha)

« Cela fait déjà près d’une demi-journée ? Donc le plus tôt envisageable pour arriver là bas est deux jours et demi après la catastrophe. Le fait d’avoir seulement une demi-journée avant que nous atteignions la marque de 72 heures sera vraiment très limite. » (Souma)

Hal avait l’air confus. « Qu’est-ce que c’est ? Qu’entendez-vous par “la marque de 72 heures” ? »

« Lors de catastrophes naturelles comme celle-ci, il s’agit de la ligne temporelle après laquelle le taux de mortalité augmente fortement concernant ceux qui ont besoin de sauvetage. Et c’est exactement trois jours après la catastrophe. C’est ce qu’on appelle “le mur de 72 heures”. » (Souma)

« Je suis désolé. Pourriez-vous dire cela d’une manière qui soit plus facile à comprendre ? » Demanda-t-il.

« Cela signifie que beaucoup de vies peuvent être sauvées si nous agissons avant ces 72 heures. » (Souma)

« J’ai compris. Attendez. Dans ce cas, nous ne pouvons pas attendre ici ! Mais dans ce cas, ne devrions-nous pas faire bouger nos fesses jusqu’à la Forêt Protégée par Dieu ? Cela prendra deux jours complets, n’est-ce pas ? » Me demanda-t-il.

« Je sais déjà cela. » Dis-je. « Avons-nous un chariot ? »

« Le plan original nous demandait de seulement utiliser des chariots lorsque nous sommes venus ici et quand nous allions repartir d’ici. Si nous devons obtenir suffisamment de chariots pour cinquante personnes, alors cela prendra du temps. » (Hal)

« Merde ! » Dis-je. « Il n’y a pas d’autre moyen de nous déplacer ? »

J’avais remarqué quelque chose. Hal et les autres personnes avec lui avaient alors regardé pour voir ce que je regardais, puis déglutirent tous.

Je regardais les bêtes tirant les conteneurs. Si vous prenez un rhinocéros, ajoutez un dragon Komodo, divisez-le en deux, puis multipliez la taille par dix, les rhinosauruses. Ils étaient gros, mais ils pouvaient fonctionner en permanence à des vitesses élevées comparables à celle d’une locomotive à vapeur.

« ... Hé, Hal, Kaede. » Dis-je.

« Quoi ? » Répondit Hal avec précaution.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » Demanda Kaede.

« Ceci nous causera peut-être à tous des nausées, mais êtes-vous prêt à le faire ? » Demandai-je.

« Vous savez, je suis assez résistante au mal du transport. » Répondit Kaede.

« ... Je peux faire avec. » Murmura Hal.

« D’accord. Alors, je vais aussi y résister. » (Souma)

J’avais immédiatement donné l’ordre aux cinquante membres de l’Armée Interdite présents en ces lieux.

« Décharger tout ce qui se trouve sur les chariots à conteneurs ! Heureusement, la route est proche de la Forêt Protégée par Dieu, mais une fois que nous entrerons dans les bois, nous allons devoir voyager à pied ! Plus notre charge est légère, mieux c’est ! Déchargez les matériaux là où ils sont présents ! Même s’ils sont perdus, vous ne serez pas blâmés pour ça ! Je vous écrirais une explication à fournir à Hakuya qui me vaudra sûrement quelques remontrances de sa part. Et aussi ! Prenez avec vous tous les aliments disponibles ! Dans une telle situation, nous ne pouvons pas faire quelque chose de boiteux afin d’offrir de l’aide aux demandeurs, puis aller quémander de la nourriture aux gens du coin ! » (Souma)

« « Oui, Monseigneur. » »

À la suite de mes ordres, les soldats de l’Armée Interdite avaient rapidement déchargé les conteneurs.

Comme vous pouviez vous attendre de personnes qui n’avaient fait que des travaux de construction, ils avaient rapidement agi. La façon dont ils avaient travaillé ensemble avec efficacité afin de s’occuper des matériaux prouvait qu’ils étaient tout à fait rodés. On pouvait voir qu’ils étaient vraiment fiables.

« Non, nous sommes des soldats, est-ce que vous vous en souvenez ? » Se plaignit Hal.

« Hal, arrête de radoter et mets-toi au travail, » Répliqua Kaede.

Kaede utilisait sa magie afin de déplacer facilement des matériaux qui auraient normalement pris quelques hommes forts travaillant ensemble pour juste le lever.

La magie de la terre était, en fin de compte, la magie de la manipulation de la gravité. Il n’y avait pas de création de terre ou de pierre, rien de ce genre. Elle pouvait juste manipuler ce qui existait déjà. C’était probablement pourquoi elle pouvait faire des actions comme celles-ci. Il s’agissait là d’une contribution énorme.

À l’heure actuelle, j’étais probablement la personne la moins utile présente ici. Comme j’avais une force inférieure à la moyenne, même si je me joignais aux soldats, je serais probablement une gêne pour eux.

Alors que j’étais là, les regardant travailler par manque de pouvoir faire quelque chose, Aisha s’approcha de moi. « Votre Majesté... »

Elle avait l’air faible, comme si elle pouvait se briser à tout moment. Depuis que je l’avais recrutée, Aisha avait toujours été à mes côtés en tant que mon garde du corps, alors j’avais l’impression que j’avais vu beaucoup de ses expressions. Son visage déterminé quand elle m’avait demandé de me parler directement, son imposant visage de guerrier, son visage enfantin quand elle mangeait quelque chose, son visage tel un chien abandonné qu’elle faisait quand elle devait attendre de la nourriture... J’avais vu beaucoup d’expressions, mais celle-ci était nouvelle.

Voir une fille qui était tellement plus puissante que moi, mais qui là avait l’air si faible me faisait mal au cœur. Aisha me protégeait toujours en tant que mon garde du corps, mais maintenant il était temps pour moi de la protéger. J’avais alors mis ma main sur le dessus de sa tête, qui était à peu près à la même hauteur que la mienne.

« S-Sire ? » Demanda-t-elle.

« Laissez-moi m’occuper de ça. » Je la pris contre moi, lui faisant ainsi reposer son front sur mon épaule. « Je n’ai pas de pouvoir, et je suis beaucoup plus faible que vous, Aisha, mais je suis en mesure de faire déplacer beaucoup de personnes. Alors, laissez moi m’en charger. S’il y a des vies qui peuvent être sauvées, alors je sauverai tout ce que je pourrai. »

« Sire... Siiiiiiiire! » Enfouissant son visage dans mon épaule, Aisha commença à pleurer.

Je caressai doucement sa tête. Jusqu’à ce que nous soyons prêts à partir, j’avais réconforté Aisha qui pleurait.

La Forêt Protégée par Dieu était une zone forestière au sud du pays. Le nom provenait apparemment de la légende selon laquelle un dieu-bête qui prenait la forme d’une antilope protégeait cette forêt.

Cela dit, il n’y avait eu aucune observation de ce fait qui avait été faite ces dernières années, et actuellement, la seule preuve de son existence était que sa protection divine empêchait les sauterelles d’attaquer la forêt, empêchait les sécheresses de la dessécher, empêchait les vagues de froid de la congeler et il gardait la verdure en tout temps verte. Ce dieu-bête qui avait seulement montré qu’il existait en raison de sa protection divine. Est-ce qu’il existait vraiment ?

Les elfes sombres étaient ceux qui clamaient que leur forêt était sous la protection de Dieu-Bête.

La forêt devait être approximativement aussi grande que la mer d’arbres se trouvant autour du mont Fuji. Ils l’appelaient en tant que forêt, mais c’était en fait le domaine autonome des elfes sombres, et cette race xénophobe n’avait jamais laissé les autres races entrer dans leur forêt. Même Aisha était venue me faire une demande afin de réprimer ces intrus.

Mais cette fois-ci, il y avait près d'une cinquantaine (des centaines, une fois que vous considérez les unités qui allaient suivre), d’humains qui venaient fournir une aide, et nous entrions dans la forêt, mais c’était à la demande de la fille du chef, Aisha, et donc apparemment, nous serions traités en tant que cas spéciaux. Les elfes sombres vivant dans la forêt défendaient leur indépendance et détestaient les étrangers.

En fait, malgré le glissement de terre catastrophique qu’ils venaient de subir, ils n’avaient apparemment pas envoyé de demande d’aide à la capitale. Si Aisha n’avait pas été contactée, nous n’aurions jamais su que la catastrophe s’était produite. Il était admirable d’essayer de résoudre leurs problèmes par eux-mêmes, mais c’était stupide pour eux d’augmenter le nombre de morts à cause de cela.

« Ils sont devenus têtus parce qu’ils n’essaient même pas de regarder le monde extérieur, » Aisha, toute triste, avait discuté avec moi lors du voyage jusqu’à la Forêt Protégée par Dieu. « Parce que j’ai pris contact avec vous, sire, et vous avez écouté mon opinion, il y avait des signes de changements, mais... »

Sa voix était alors devenue inaudible.

« Ce n’est pas une époque où nous pouvons vivre seuls dans la forêt. Avec la menace du Domaine du Seigneur-Démon, on ne sait jamais quand ils commenceront à se déplacer vers le sud ! Si nous nous réfugions dans notre forêt, croyez-vous que le dieu nous sauvera vraiment quand le moment viendra ? Le dieu-bête est le protecteur de la forêt, il n’est pas le protecteur de la race des elfes sombres ! » (Aisha)

« Oui... » Dis-je, déconcerté.

« C’est pourquoi nous, les elfes sombres, devons étudier et connaître le monde entier ! » Aisha semblait être passionnée quand elle disait ça. J’avais alors l’impression de la voir comme la première fois alors qu’elle avait l’air si respectable.

« De plus, si je restais dans la forêt, comment pourrais-je manger les plats délicieux de Votre Majesté ? » Rajouta-t-elle.

... Voilà, elle est revenue comme avant. Aisha restera toujours Aisha. Eh bien, il vaut mieux qu’elle soit ainsi que de l’avoir tendue et anxieuse comme avant. Pensai-je.

Peu après, nous arrivâmes dans le village des elfes sombres. Là-bas, nous avions été accostés par un bel homme qui avait l’air d’être dans sa vingtaine.

« Oh ! Votre Majesté ! » Cria-t-il. « Que c’est gentil que vous soyez venu ici personnellement ! »

Son beau visage avait une certaine ressemblance avec Aisha. Est-ce que c’était son grand frère ?

Il était grand, probablement au moins un 1m90. Je pourrais dire aux accessoires qu’il portait sur sa tête et ses bras qu’il était d’un haut rang, mais la superbe robe qu’il portait était couverte de terre. Et aussi qu’il avait l’air quelque peu fatigué.

Alors qu’elle se plaçait devant ce jeune elfe, Aisha frappa sa poitrine une fois avec sa main. « Père. J’ai amené Sa Majesté ici avec moi. »

« Bien joué ! » Dit-il. « Ton amitié avec Sa Majesté doit provenir des chemins offerts par notre dieu protecteur. »

« Père !? » M’écriai-je alors.

Ma surprise fit venir un sourire sur le visage épuisé du jeune elfe.

« Mon roi, c’est un plaisir de vous rencontrer. Je suis le chef des elfes sombres et le père d’Aisha, Wodan Udgard. Merci de prendre soin de ma fille. » (Wodan Udgard)

« Oh, bien sûr. Hum... mais vous semblez terriblement jeune. » (Souma)

« Les elfes de sang pur arrêtent de vieillir une fois que leurs corps arrivent à maturité, et cela jusqu’à un certain point de leur existence. » M’expliqua-t-il. « Nous vivons trois fois plus longtemps que les humains, ainsi, bien que je puisse paraître jeune, j’ai quand même déjà vécu 80 ans. »

Je comprends. Pensai-je. C’est à peu près la même chose que les elfes et les elfes noirs que vous voyez dans les histoires, n’est-ce pas ? Celles-ci disent que les elfes ont une longue vie, restent jeunes pendant longtemps, et qu’ils sont tous beaux. Cependant, mon chambellan, le demi-elfe Marx, était un vieil homme, alors qu’en est-il d’eux ? Ou alors, c’est que les demi-elfes vieillissent différemment, je me le demande ?

En mettant ça de côté, je murmurai à Aisha, « Il semble accueillant. Je pensais que les elfes sombres étaient censés être xénophobes ? »

« Mon père est le chef de la faction prônant la libéralisation culturelle, donc ceci comprend l’échange culturel avec l’extérieur. Mon Père était aussi le seul qui ait approuvé le fait que je fasse appel à vous. » (Aisha)

« Je vois. La raison pour laquelle vous ne vous inquiétez pas des règles est en raison de son influence, hein ? » Dis-je. Je serrai alors la main de Wodan. « Je suis le roi, Souma Kazuya. Je suis ici à la demande d’Aisha afin de vous fournir de l’aide. »

« C’est bien que vous soyez venu. » Dit-il. « De plus, vous êtes le roi, alors s’il vous plaît, vous n’avez pas besoin d’être si formel avec moi. »

« D’accord. Est-ce mieux ainsi ? » (Souma)

« Oui. Pourtant, je ne m’attendais jamais à ce que le roi en personne vienne ici. » (Wodan Udgard)

« À ce moment-là, j’étais en cours d’une inspection. » Expliquai-je. « J’ai donc amené avec moi les cinquante membres de l’Armée Interdite qui étaient à portée de main en tant que premier groupe d’intervention. Dans quelques jours, un deuxième groupe avec des fournitures de secours devrait arriver. »

« Je vous en suis reconnaissant. La vérité est que j’aimerais que le village entier vienne vous accueillir, mais compte tenu des circonstances, j’espère que vous comprendrez que cela ne soit pas possible. » (Wodan Udgard)

« Je comprends. » Dis-je. « C’est vraiment une horrible situation. »

Le village des elfes sombres était au centre d’un cercle épais d’arbres de protection. Il y avait des villages comme ça parsemés dans toute la forêt, et les elfes sombres y vivaient. Si vous regardiez la Forêt Protégée par Dieu en tant que pays, ce village en serait la capitale, et il y avait une grande différence quant au nombre d’elfes sombres qui vivaient ici par rapport aux autres endroits. Le tiers oriental de ce village avait été comme découpé par le glissement de terrain. Il semblait qu’une pente légèrement surélevée se trouvant sur un côté était ce qui s’était effondré. Peut-être qu’en raison d’un long épisode de pluie, il y avait eu une grande quantité d’eau qui avait coulé sur la surface exposée. Le terrain s’était un peu affaissé à la suite de ça. Notre seul salut était que maintenant, il faisait beau. S’il avait encore plu, nous aurions dû nous soucier de subir un autre effondrement pendant que nous travaillions.

« Quels sont les dommages ? » Demandai-je.

« Nous avons déjà dénombré près d’une centaine de victimes. Il y a encore plus d’une quarantaine de disparus. » (Wodan Udgard)

C’est beaucoup. Pensai-je. Ce sera vraiment une bataille contre le temps pour voir combien nous pourrons en sauver.

« Commençons immédiatement l’opération de secours, » dis-je. « Cependant, il y a un risque de catastrophes secondaires, donc il serait judicieux de faire évacuer les femmes. Et aussi, s’il vous plaît, demandez à certaines personnes afin qu’elles surveillent en permanence la montagne. Si la montagne se déplace, même légèrement, ou s’il y a des bruits étranges, demandez-leur de nous le signaler. Si cela s’effondrait alors que nous effectuons des opérations de secours, ce serait un sérieux problème. »

« Je vais le faire tout de suite. » Acquiesça-t-il. « Y a-t-il autre chose que vous voudriez me demander ? »

« Veuillez me fournir une liste des personnes portées disparues. Nous allons les effacer de la liste une fois qu’elles seront en sécurités. » (Souma)

« Compris. » (Wodan Udgard)

Une fois que j’avais dit à Wodan ce dont j’avais besoin, j’avais donné des ordres à Aisha et à l’Armée Interdite.

« Aisha. » (Souma)

« Oui, Sire ! » (Aisha)

« Demandez aux femmes d’évacuer vers un endroit qui ne semble pas prêt de s’effondrer. Consultez votre père pour décider où serait le meilleur endroit. Vous les escorterez et vous vous assurerez qu’elles arrivent là-bas en toute sécurité. » (Souma)

« Oui, Sire ! Compris. » (Aisha)

« Bien. » Dis-je. « À partir de maintenant, l’Armée Interdite commencera ses opérations pour rechercher ceux dont la sécurité n’est pas confirmée. Je suis sûr que vous êtes très compétent pour creuser. Écoutez attentivement, et si vous entendez des voix qui demandent de l’aide en provenance de dessous la terre, alors sauvez-les en prenant toutes les précautions possibles ! »

« « Oui, Sire ! » »

« Cependant, soyez absolument sûr que vous ne faites rien que vous ne pouvez pas gérer. S’il vous semble qu’il va y avoir un autre effondrement, alors retirez-vous, et cela même si vous êtes en train de sauver quelqu’un. Les secouristes ne peuvent pas se permettre de subir une seule perte. Compris ? » (Souma)

« « Oui, Sire ! » »

Puis, à la tête des soldats de l’Armée Interdite, je criai mon dernier ordre. « Nous allons maintenant commencer les opérations de secours ! »

L’effort afin de porter secours était une bataille totale.

Tous s’étaient réunis, faisant tout ce qu’ils pouvaient. Ils appelaient les noms des disparus, écoutant le sol, et s’il y avait même la moindre réponse, ils déplaceraient sur le côté et avec précaution la terre et le sable. Peu importe qui c’était, un soldat ou un homme du village, ils avaient travaillé ensemble en déplaçant la terre et en coupant les arbres tombés, puis en retirant les gens piégés se trouvant en dessous. Kaede utilisait sa magie pour déplacer d’énormes roches. Alors que les femmes du village nourrissaient les personnes sauvées et leur faisaient les premiers soins.

Quant à moi, j’avais fait équipe avec Hal, et nous menions des opérations de recherches.

« Hal, sous cet arbre épais ! Quelqu’un respire encore ! » L’appelai-je ainsi.

« Hein !? Je n’entends aucune voix. » Me répondit-il.

« Et bien, il est ici ! Alors, creusez ! » (Souma)

Hal avait un regard sceptique sur son visage, mais quand il creusa où je lui avais dit de faire, il trouva rapidement la main d’une petite fille.

« Sérieusement... ? Attends un peu, tu seras bientôt en sécurité. » (Hal)

Hal déplaça la terre sur le côté, puis tira la jeune elfe sombre hors de là.

Elle avait déjà la peau brune, donc c’était difficile à dire, mais son teint avait l’air malsain. Après avoir été piégé dans une terre humide pendant si longtemps, c’était à prévoir.

C’était bien que la chaleur de l’été persistait encore. Si nous avions été un peu plus tard dans l’automne, elle aurait pu mourir du froid pendant qu’elle était enterrée.

Quand je revins vers elle avec une couverture, Hal tenait la jeune fille dans ses bras et lui tapotait le dos. « Tout va bien, oui, tout va bien maintenant. »

« ... Wah... Wahhhhhhhhhh! » (Jeune elfe sombre)

« C’est bon. Tu es en sécurité maintenant ! » Hal essaya désespérément de calmer la fille qui pleurait.

Si vous me le demandez, les hommes étaient parfois inutiles comme maintenant. Hal et moi étions tous deux perdus vis-à-vis de ce qu’il fallait faire, alors, tout simplement nous répétions. « C’est bon ! » encore et encore.

J’avais enveloppé la jeune fille dans une couverture, attendant qu’elle se calme un peu avant d’appeler un soldat de l’Armée Interdite. « Emmenez cette fille dans un lieu sûr. »

« Oui, sire ! À vos ordres ! » Dis le soldat.

Une fois que nous avions vu la fille partir, Hal m’avait dit. « Je suis étonné que vous sachiez qu’elle était là. Je ne pouvais pas du tout entendre sa voix. »

« Alors même que nous parlions, je cherchais en même temps. » Dis-je.

« Connaissez-vous quelque chose comme un sort de recherche ? » Demanda-t-il.

« Nullement... J’utilisais juste ça. » Après que j’avais ouvert ma paume devant Hal, une petite chose sortit hors du sol et sauta dessus.

Hal regarda cela surpris. « Est-ce que c’est... une souris ? »

« Oui, c’est une souris fabriquée en bois. » (Souma)

Il s’agit d’une souris taillée en bois d’environ 10 cm de long. Je l’avais manipulée avec ma capacité poltergeist vivant afin de chercher des survivants sous les décombres. Ma capacité était capable de fonctionner à de longues distances si j’utilisais des poupées, mais il semblerait qu’elles n’avaient besoin que d’être façonnées comme une créature vivante, mais pas nécessairement un humanoïde. Même si j’étais en train de montrer celle-ci à Hal, il y avait encore quatre souris en bois qui se déplaçaient presque comme de vraies souris et qui cherchaient ceux qui avaient besoin d’aide.

« Il est étonnant que vous transportiez quelque chose comme ça avec vous, » dit-il.

« Je les ai trouvées dans un magasin alors que j’étais à mon rendez-vous avec Liscia, » dis-je. « Je pensais pouvoir les utiliser pour quelque chose, alors je les ai mises dans la valise roulante avec mes autres objets d’autodéfense. »

Soit dit en passant, cette valise contenait aussi deux petites poupées Petit Musashibo que j’avais maintenant placées en patrouille dans la région. Même dans les endroits où le glissement de terrain avait endommagé les routes, ces petites choses légères pouvaient sauter assez facilement sans cause de nouveaux glissements.

« Votre capacité est plus incroyable que je ne l’aurais jamais imaginé... » Dit-il.

« Oui. Je pense que c’est la première fois en dehors des tâches administratives que je peux l’utiliser efficacement. Arggg! » Je me pliai et commençai à vomir.

« Wow, que se passe-t-il pour avoir agi ainsi si soudainement ? » Hal m’appela, semblant déconcerté. « Hé, Souma »

« Beuu... » J’essayai de me contrôler, mais je toussais encore violemment.

« Allez-vous bien ? Que s’est-il passé pour que vous soyez ainsi ? » (Hal)

« ... D-Désolé. Pendant qu’elle cherchait, une de mes souris en bois... a soudainement trouvé un corps très endommagé... » (Souma)

« Endommagé... ? » (Hal)

« Les globes oculaires étaient — » (Souma)

« Non, arrêtez ! Je ne veux pas entendre ça ! » Hal détourna les yeux et se boucha les oreilles.

Je regardai alors la terre se trouvant devant nous.

Lorsque les nouvelles couvraient ce qui se passait dans des zones sinistrées, elles se concentraient toujours sur les tragédies des personnes touchées et les espoirs des survivants. Cependant, maintenant que je l’éprouvais en personne, c’était un enfer plus grand que ce que j’avais imaginé. Cette réalité était trop sévère pour un public non averti. Ceci briserait leurs cœurs.

Pourtant, je n’avais pas le temps de penser à cela.

« Hal ! J’ai trouvé deux autres personnes qui ont besoin d’aide. À l’ombre de ce rocher à 50 mètres de nous. Et un peu sur la gauche. » (Souma)

« Dessous ça ! » (Hal)

— Pour l’instant, j’avais juste dû refréner mes émotions.

Nous avions dès lors poursuivi avec diligence nos efforts afin de porter secours aux elfes. Nous avions réussi à sortir un grand nombre d’elfes sombres de la terre et des décombres où ils se trouvaient avant.

Tous avaient été blessés d’une manière ou d’une autre, et beaucoup avaient subi des blessures graves qui ne pouvaient être prises à la légère même une fois qu’ils avaient été sauvés. Mais souvent aussi, au moment où nous avions réussi à les sortir de là, ils avaient déjà rendu leur dernier souffle.

Au début, le rapport entre les vivants et les morts que nous sortions de là était de cinquante pour cent, mais maintenant, la balance se penchait davantage vers les morts. Quand j’avais considéré les centaines de décès que Wodan avait mentionnés lorsque nous étions arrivés au village, une partie des disparus avait pu être sauvée. Mais il était clair que les choses s’aggraveraient lorsque le temps s’écoulera.

Et aussi, les secouristes montraient des signes d’épuisement intensif. Ils s’étaient reposés lors de leurs quarts de travail, mais cela faisait maintenant trois jours depuis la catastrophe. Bien sûr, c’était dur pour les elfes, mais aussi pour les soldats qui avaient parcouru un long chemin et avaient passé une journée à chercher. Ils avaient déjà creusé un bon nombre de trous, trouvant ainsi beaucoup de ceux qui avaient été portés disparus (certains vivants, certains non).

Je pensais alors qu’il serait judicieux de vérifier auprès de Wodan pour confirmer combien de personnes manquaient encore. Si nous pouvions réduire la liste des victimes, nous pourrions concentrer notre main-d’œuvre afin de rechercher dans les régions où nous pensions qu’elles seraient.

C’était ce que je pensais quand...

« Ho Dieu-Bête ! Pourquoi avez-vous laissé cela se produire ? »

... J’entendis un cri de désespoir.

Quand je regardai d’où provenait ce cri, je vis un jeune homme de la race des elfes sombres qui ressemblait beaucoup à Wodan et qui pleurait alors qu’il frappait ses poings et sa tête contre le sol.

Aisha était maintenant revenue après avoir évacué les femmes et les enfants, alors je lui avais demandé à propos de lui. « Aisha, qui est-il ? »

« C’est... mon oncle. Robthor Udgard. Il s’agit du frère cadet de mon père. » (Aisha)

« De la façon dont il pleure et crie, je suppose que cela signifie que... » (Souma)

« Oui. » Me confirma-t-elle. « Sa femme et son enfant, en d’autres termes, ma tante et ma nièce, n’ont pas encore été trouvés. »

« Ça doit être... dur. Aisha, allez-vous bien ? » (Souma)

« Et bien, vous voyez... Si mon père est le chef des libéraux, mon oncle est le chef des conservateurs. Je n’avais donc pas beaucoup de contact avec eux. Sa fille était encore jeune et mignonne, et ça me fait mal de voir ce qui lui est arrivé. » (Aisha)

« Je comprends... » (Souma)

Nous étions bien après la date limite de 72 heures. Si elles n’avaient pas encore été trouvées, cela signifiait que...

Puis, Robthor regarda dans notre direction. Quand il nous vit, il se dirigea vers nous, trébuchant comme s’il était saoul.

« Roi... ô Roi... Pourquoi ? » (Robthor Udgard)

Robthor m’avait saisi par les revers de ma veste, ce qui avait mis Aisha en position défensive, mais je lui avais alors fait signe de se retirer. Plutôt que de les serrer fortement et d’essayer de me soulever, il les saisissait simplement, comme s’il voulait avoir un appui sur moi. Si je l’avais simplement repoussé, il se serait probablement effondré.

« Ô Roi. J’ai fait tout mon possible pour protéger cette forêt. Alors pourquoi est-ce que ma famille a été emmenée loin de moi ? » (Robthor Udgard)

Je ne savais pas quoi répondre. Je regardai alors Aisha.

« Mon oncle s’opposait à l’éclaircissement périodique, » dit-elle. « Il a dit qu’il était impensable que les elfes sombres, en tant que protecteurs de la forêt, coupent inutilement des arbres. L’endroit qui s’est effondré était celui où nous ne pouvions pas faire un éclaircissement périodique à cause des objections de mon oncle, » m’expliqua-t-elle.

C’est pour... Je ne sais pas trop quoi lui dire...

« Ô Roi ! Dites-moi pourquoi ! Pourquoi la forêt que j’ai protégée a-t-elle tué ma famille ? Si j’avais abattu des arbres comme Wodan et d'autres personnes le voulaient, est-ce que ma famille aurait été épargnée ? » (Robthor Udgard)

« À cela... je n’ai aucune possibilité de vous répondre. » Dis-je.

« Non ! » Se mit-il à hurler.

« C’est vrai. Si vous effectuez un éclaircissement périodique, que vous prenez soin des sous-bois et augmentez la capacité de la terre à contenir de l’eau, il est possible de créer des conditions qui réduisent la probabilité d’un glissement de terrain. Cependant, ceci ne le rend que moins probable. Dans un cas comme celui-ci, où la forte pluie au cours d’une longue période était la cause... Cela aurait pu arriver n’importe où. » (Souma)

« Non... Vous dites donc que nous avons eu de la malchance... » Murmura-t-il.

« En ce qui concerne l’endroit où le glissement de terrain s’est produit, oui. Cependant, l’éclaircissement périodique signifie qu’il y a toujours des travaux à effectuer dans la forêt. Les travailleurs peuvent entendre des bruits suspects, voir la forêt sembler se déplacer et remarquer d’autres signes avant-coureurs qu’un glissement de terrain est sur le point de se produire. S’ils le remarquent, alors il y a des choses qui peuvent être faites. Les personnes auraient pu être évacuées. » (Souma)

C’était également l’avantage d’utiliser des montagnes pour les transformer en rizières.

Vous penseriez que réduire les arbres pour créer de la place pour les rizières rendrait les glissements de terrain plus susceptibles, mais cela réduirait réellement les risques de glissements de terrain qui entraîneraient des pertes humaines. Parce que les personnes devaient aller dans les champs tout le temps, ils remarqueraient rapidement les signes avant-coureurs, ce qui facilitait une réponse appropriée. La contre-mesure la plus performante contre les glissements de terrain était de regarder la forêt en tout temps. Les elfes n’avaient pas de systèmes de détection de ce genre de phénomène comme dans le Japon moderne, de sorte que les personnes qui surveillaient étaient d’autant plus importantes.

« J’ai protégé la forêt tout ce temps. Est-ce que j’ai eu tort de le faire ? » Gémit-il.

« Votre conviction que vous protégiez ainsi la forêt était fausse, » dis-je. « La nature n’est pas si fragile qu’elle a besoin de personnes afin de la protéger. »

Aisha m’avait dit avant que les arbres dans la Forêt Protégée par Dieu vivaient très longtemps. C’est pourquoi ils n’avaient pas remarqué qu’il s’était transformé en une forêt vulnérable et que le sol avait été affaibli. Comme ils avaient eu la chance que rien ne se soit produit jusqu’à maintenant, ils s’étaient eux-mêmes convaincus qu’ils protégeaient efficacement la forêt.

« S’il est égoïste pour l’homme de détruire la forêt, il est aussi égoïste d’essayer de la protéger, » dis-je. « La nature est destinée à passer par des cycles de mort et de renaissance, mais nous essayions de la garder dans un état qui nous convienne. Toutes les personnes peuvent faire ce genre de chose grâce à un éclaircissement périodique, en gardant ainsi la forêt dans un état où nous pouvons coexister avec elle. Nous essayions simplement de ne pas la réveiller de son sommeil. »

Il semblait sans voix.

À ce moment-là, une de mes souris en bois découvrit quelque chose.

« Là-bas ! J’ai trouvé une mère et son enfant ! » Criai-je.

« O-Où !? » (Hal)

« Attendez... Elles sont dans une maison effondrée à gauche de nous, à deux mètres de la crête de la montagne ! » (Souma)

Nous nous étions alors précipités sur place, avant de déplacer le sable et la terre qui se trouvaient là. Après l’avoir fait, nous avions trouvé une petite fille et une femme qui selon mes suppositions était sa mère. Elles se trouvaient dans un espace entre des poutres effondrées. La mère tenait fermement sa fille, essayant de la protéger. Quand Robthor les vit, il lâcha un soupir haletant. De toute évidence, il s’agissait bien là de sa femme et de sa fille.

Lorsque nous les avions sortis de là, la femme avait déjà rendu son dernier souffle. Alors que je pensais que tous les espoirs étaient perdus. Aisha haussa la voix. « Sire ! L’enfant respire encore ! »

« Apportez-là immédiatement à l’équipe chargée des premiers soins ! » Criai-je. « Dépêchez-vous ou elle va mourir ! »

« Compris ! » (Aisha)

Après avoir enveloppé l’enfant dans une couverture et après l’avoir vu partir avec Aisha, je regardai Robthor qui pleurait à côté du corps de sa femme. Je pensais peut-être que je devais le laisser faire, mais cet homme avait encore des choses dont il avait besoin de protéger. Je ne pouvais pas le laisser s’arrêter là.

Mettant une main sur son épaule, je lui dis calmement. « Elle a protégé votre fille jusqu’à la toute fin... »

« ... Oui... » (Robthor Udgard)

« Alors, ressaisissez-vous immédiatement ! Car c’est maintenant à votre tour de le faire  ! » (Souma)

Il sembla surpris avant de dire. « Oui... Oui... ! »

Parlant tout en sanglotant, Robthor hocha la tête à plusieurs reprises.

Quelque temps après, la deuxième équipe de secours que Liscia avait appelée arriva. Après avoir fini la recherche de toutes les personnes disparues, la première équipe fut relevée de ses fonctions. Pour le travail de reconstruction, la deuxième équipe, la plus nombreuse et la mieux équipée, reprendrait la tâche.

Après avoir offert une dernière prière silencieuse aux morts, la première équipe retourna à la capitale. Les membres couverts de terre et épuisés de la première équipe furent entassés dans les chariots à conteneurs comme du thon congelé sur le point d’être expédié à l’usine. Mais à l’heure actuelle, Hal était probablement en train de poser sa tête sur les genoux de Kaede alors qu’il dormait.

J’étais dans un état similaire, transporté dans le carrosse avec lequel Liscia était venue me chercher.

Nous avions laissé Aisha dans son village. Avec sa patrie dans un tel état, il n’y avait aucune chance qu’elle puisse se concentrer correctement sur ses tâches. Pour l’instant, je lui avais dit d’attendre dans la Forêt Protégée par Dieu.

Alors que je me penchais pour voir par la fenêtre, je somnolais...

« Cette fois-ci, je n’ai rien pu faire pour aider. » Déclara Liscia avec de la tristesse dans sa voix.

« Vous êtes bien celle qui est allée chercher une partie des secours, n’est-ce pas ? » Demandai-je. « Tout le monde a vraiment travaillé très durement. En vérité... s’il y a quelqu’un qui ne pouvait rien faire, c’était bien moi. »

« Pas si sûr. J’ai entendu dire que vous aviez été très utile là-bas, » Liscia essaya de me rassurer, mais je secouai négativement la tête.

« Je suis le roi. En temps de crise, donner des ordres sur le terrain n’est pas le devoir du roi. Le devoir du roi est de se préparer à une crise avant qu’elle ne se produise. Je... n’ai pas su faire cela. » (Souma)

« Ce n’est pas... » (Liscia)

« Je pense que l’Armée Interdite a bien fonctionné en tant qu’unité de secours. Pourtant, il y a beaucoup de points où nous sommes trop faibles. Les moyens de communication, l’expédition sur de longues distances, l’accumulation de fournitures afin de pouvoir fournir une aide dans chaque zone, des équipes médicales rattachées aux secouristes, des psychiatres afin de traiter les patients atteints du trouble de stress post-traumatique... j’ai manqué de toutes ces choses-là. Parce que j’étais tellement concentré sur la crise alimentaire et la question concernant les trois ducs, j’ai été laxiste concernant mes préparatifs. »

J’avais alors regardé mon reflet dans la fenêtre, couvert de boue et affichant clairement une expression d’épuisement.

Liscia me regardait avec inquiétude, mais j’avais prétendu ne pas le remarquer.

☆☆☆

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre

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