Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 6

Table des matières

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Prologue : Naden Delal

Si vous regardiez la carte de ce monde, vous verriez qu’il y avait un continent en forme de losange, Landia, et plusieurs îles périphériques de différentes tailles qui se situaient tout autour de lui.

Au centre de ce continent, il existait des montagnes d’au moins trois mille mètres de haut qui constituaient la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon qui était également appelée le Nombril de Landia. C’était là que les dragons vivaient, se rassemblant autour de la Bête Divine qui se tenait auprès d’eux, la Mère-Dragon, et qui était le point central du culte du même nom. On pourrait même appeler cette région comme étant une nation.

Les nations de l’humanité avaient toutes compris que la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon était le pays des dragons. Il n’y avait pas de frontières clairement délimitées, mais aucun État ne voulait vraiment empiéter sur leur territoire vu qu’ils n’étaient pas prêts à combattre ces dragons immensément puissants, de sorte que l’humanité et les dragons s’étaient naturellement séparés les uns des autres.

Même si le continent était tombé dans le chaos depuis que le Domaine du Seigneur-Démon était apparu, la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon était une forteresse naturelle, isolée des effets de cette menace. Dracul, le paradis des dragons, était situé sur le haut plateau au centre de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Peut-être en raison d’une action faite par la Mère-Dragon, le plateau bénéficiait d’un printemps éternel, bien qu’il soit à une altitude de plus de cinq mille mètres. Il s’agissait d’une terre fertile et verdoyante avec un approvisionnement abondant en eau propre.

En Dracul, les dragons y avaient toujours vécu un style de vie unique.

Malgré leurs grands corps, leurs ailes massives, leurs puissantes cornes et leurs crocs, les dragons pouvaient parler les langages humains. Ils pourraient également prendre de magnifiques formes humanoïdes. Et ainsi, ils avaient formé des contrats de jumelage avec les chevaliers provenant de leur seul royaume allié, le Royaume des Chevaliers-Dragons de Nothung, en vertu duquel ils deviendraient les montures préférées des chevaliers, jurant de combattre à leurs côtés sur les champs de bataille, et en même temps, devenant des partenaires dans la vie, donnant ainsi naissance aux enfants du chevalier.

Les membres de la race des dragons étaient sexuellement ambigus et incapables de produire des enfants entre eux. En d’autres termes, en échange du fait d’accepter de combattre aux côtés des chevaliers de Nothung, ils s’étaient liés à des chevaliers, garantissant qu’ils auraient une progéniture prospère. Chaque enfant naîtrait soit de la race des dragons, ou encore des dragonewts, ou pour finir, de la race du chevalier.

S’il était un dragon, il viendrait sous la forme d’un œuf, et ainsi, il serait retiré aux parents pour être gardé par la Mère-Dragon dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Ceci était fait en partie afin d’empêcher que la parenté d’un dragon ne soit ressentie comme trop importante, mais surtout parce qu’on ne savait pas non plus combien de temps un œuf de dragon pourrait prendre pour éclore. Et parce que cela pouvait parfois prendre des siècles, il ne pouvait pas rester avec ses parents.

Dans tous les cas, à la fin du printemps de chaque année, ces contrats de partenariat étaient formés entre les nouveaux chevaliers et les dragons lors de la Cérémonie du Contrat qui se tenait à cette époque de l’année.

Ce moment... était presque arrivé...

***

— Au milieu du troisième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental —

Nous nous trouvions dans une forêt sur le côté est du plateau Dracul dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Avec son printemps éternel, les forêts de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon étaient toujours remplies par une végétation luxuriante. Les feuilles étaient d’un vert profond, et quand vous les regardiez de l’intérieur de la forêt, elles brillaient dans la lumière du soleil qui éclairait à travers la cime des arbres. Cependant, plus bas, au niveau du sol, il n’y avait quasi aucune lumière et il faisait sombre.

Dans ces bois emplis de noirceur, vous pouviez y trouver une petite grotte.

Un dragon blanc venait d’atterrir devant cette grotte. Ses écailles blanches brillaient dans la lumière du jour et sa crinière d’argent volait dans le vent. Sur sa tête se trouvait une paire exquise de cornes ressemblant à celles d’une chèvre. Le dragon d’argent avait replié ses grandes ailes, tendant son cou afin de regarder dans la grotte.

« Naden, es-tu là ? » le dragon blanc avait appelé quelqu’un se trouvant dans la grotte.

Même si elle communiquait, ce n’était pas effectué à voix haute. S’ils le voulaient, les dragons pouvaient converser sans utiliser leurs voix. Il n’y avait pas eu de réponse à l’appel du dragon blanc, mais un peu de bruit s’était échappé provenant de l’intérieur de la grotte. Son occupant faisait probablement semblant de ne pas être là.

Le dragon blanc avait gémi en constatant ça. « Arrête de m’ignorer, je sais que tu es là ! », elle avait à nouveau appelé, semblant exaspérée, puis elle avait pris une profonde respiration. Quant à l’air qu’elle avait aspiré et qu’elle avait laissé sortir de sa bouche, des flammes orange semblaient fuir des coins de ses lèvres. Si elle ouvrait maintenant la bouche, elle libérerait le souffle de dragon, l’attaque semblable à un lance-flammes connue pour être capable de dévaster des pays entiers. « Si tu es trop peu coopérative, tu sais que tu vas finir par être brûlée avec tout ce qui est dedans !? »

« A-Arrêtes toi, Pai ! Ne brûle pas mes livres ! » la voix en pleine panique d’une jeune fille était alors sortie de la caverne.

Après qu’elle eut entendu cette voix, Pai avala ses flammes, puis laissa échapper un soupir exaspéré. « Franchement... Arrête donc de t’enfermer là-bas et sors un peu ! »

« Je ne peux pas, je suis en train de regarder “Accès à la musique”... » commença la voix de jeune fille.

« Accès à la musique ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Pai.

« Il s’agit d’une émission musicale produite par l’Empire Gran Chaos, » répondit Naden.

« L’Empire Gran Chaos !? » s’exclama le dragon blanc.

L’Empire Gran Chaos était une nation puissante avec une base de pouvoir fermement ancrée dans l’ouest du continent. Bien qu’ils aient été sur la défensive depuis l’apparition du Domaine du Seigneur-Démon, l’empire était encore la plus puissante de toutes les nations de l’humanité.

À l’époque où l’Empire Gran Chaos avait tenté d’asseoir son hégémonie sur le continent, il avait tenté d’envahir la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Cela avait été fait à l’époque où l’Empire était à son apogée, avec une armée comptant des centaines de milliers d’hommes, face à un millier de dragons. Comme on pouvait s’y attendre, étant donné qu’il était dit qu’un seul dragon pouvait détruire une petite nation, les forces impériales furent rapidement balayées, ne leur laissant d’autre choix que de battre en retraite. Depuis cette bataille, il avait été difficile d’appeler les relations avec l’Empire comme étant cordiale.

« L’Empire nous est hostile, le réalises-tu !? » cria Pai. « À quoi penses-tu ? »

« Ce n’est pas comme si nous étions maintenant en guerre, n’est-ce pas ? » rétorqua Naden. « L’impératrice actuelle, Maria, est belle et semble paisible. Je pense que nous devrions prendre l’occasion d’essayer de devenir amis avec eux. »

« Tu dis ça, mais... Lady Tiamat ne serait-elle pas en colère si elle t’entendait ? » protesta Pai.

Tiamat était la chef de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, celle que l’humanité connaissait et adorait sous le nom de Mère-Dragon. Elle était comme une mère pour tous les dragons qui vivaient dans cette région, et au moment où son nom avait été prononcé, la fille dans la caverne avait semblé un peu paniquée.

« Hahaha... C’est un peu effrayant... Tu me fais peur, alors reste silencieuse, d’accord ? » demanda Naden.

« Oh, pour l’amour de la Déesse..., » soupira Pai. L’intégralité de son corps avait alors émis une lumière brillante, elle s’était instantanément transformée en une belle jeune fille à la peau pâle et aux longs cheveux blancs flottants, vêtue d’une robe blanche d’une pièce. Elle avait l’air indubitablement humaine, mais les cornes ressemblant à celles des chèvres qui poussaient hors de ses cheveux et la queue blanche s’étendant de ses fesses indiquaient clairement qu’elle était le dragon blanc d’avant.

Pai était alors entrée dans la grotte. Elle n’était pas aussi humide qu’elle en avait l’air depuis l’extérieur. Si l’on devait dire quelque chose, c’était que l’air était frais. C’était tout à fait normal étant donné qu’il s’agissait d’une caverne présente dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Pai avait progressé à travers la grotte, arrivant finalement à une zone où le passage s’agrandissait sur une vaste pièce.

Devant ses yeux s’étendait une pièce qui, complètement différente des parois rocheuses de la grotte qu’elle avait traversée jusqu’à maintenant, était très féminine. Il y avait une jolie commode et un lit. Les étagères étaient garnies de livres provenant des nations de l’humanité. (La plupart des romans étaient des romans d’amour.)

Pai s’adressa à la personne qui regardait le récepteur simple se trouvant au milieu de la pièce. « Oh, Naden. C’est parti, tu es encore en train de regarder le récepteur simple et... »

« Oui, et alors ? » la fille appelée Naden avait répondu. Elle avait les cheveux noirs et portait une robe d’une pièce toute noire. « Je peux regarder ce que je veux avec. »

Il y avait des bois semblables à ceux des cerfs qui poussaient de chaque côté de sa tête hors de ses volumineux cheveux noirs. Une queue noire poussait d’une région proche de ses fesses. En un coup d’œil, elle semblait avoir une quinzaine d’années. Elle était petite et semblait sous-développée. Cependant, quand on la regarde de profil, son jeune visage avait un soupçon de beauté, et si elle s’était bien habillée, elle aurait probablement l’air mignonne.

Sachant cela, Pai soupira d’autant plus face à son amie décevante. « *Soupir*... Je ne sais pas ce qui est pire : cela, ou quand tu avais la tête pleine de rêves, alors que tu lisais trop de romans d’amour. »

Alors que son passé était soudainement annoncé à voix haute, Naden avait toussé de surprise. « J-Je ne fais pas que lire des livres ! Et ce n’est pas comme si je lisais seulement des romans d’amour, d’accord ? »

« Tu étais devenue obsédée par eux. Tu me disais tout le temps des choses comme : “Je mettrais l’amour avant le devoir !” »

« Je lis également des histoires d’aventures ordinaires ! » répliqua Naden.

« Pour commencer, les dragons ne lisent généralement pas les livres des humains, » déclara Pai.

La raison en était simple. Comme le seul royaume ayant eu des relations diplomatiques avec la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon était le Royaume des Chevaliers-Dragons de Nothung, peu de produits des nations de l’humanité pouvaient arriver jusqu’ici. Si l’on voulait acquérir des produits des nations de l’humanité, il fallait aller directement dans ces nations, en quittant la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. La plupart des dragons n’étaient pas assez intéressés par le monde extérieur ou par les produits des nations de l’humanité pour se donner la peine de le faire. Des individus comme Naden, qui profitaient de toutes les occasions pour sortir et revenir avec des produits étrangers, étaient chose rare.

« Attends ! Pour commencer, où as-tu eu ce récepteur ? » demanda Pai, surprise.

« Hmm ? Je l’ai trouvé dans un marché aux puces dans l’empire. Il était cassé et il était dans un tas de camelotes là-bas, mais quand je lui ai donné un petit coup de bzzz, il a commencé à afficher des choses. Hehehe ! C’était vraiment une belle découverte ! »

Alors qu’elle disait ça, la queue noire de Naden qui ressemblait à un lézard se glissa jusqu’au récepteur simple. Quand elle était finalement arrivée jusque là, il y avait eu un déclic, et l’image sur le récepteur avait disparu d’un coup.

Naden pouvait stocker de l’électricité dans son corps. En libérant cette électricité stockée, bien que Naden n’ait pas compris elle-même le principe derrière la façon dont elle fonctionnait, elle pouvait allumer et éteindre le récepteur simple. Il y avait certainement d’autres créatures qui pouvaient emmagasiner de l’électricité dans leurs corps, mais Naden était probablement la seule à pouvoir là contrôler si habilement.

En la regardant faire, Pai haussa les épaules d’exaspération. « Tu es habile dans le plus étrange des domaines, le sais-tu, Naden ? »

« Hey, j’ai eu la chance d’avoir un corps électrifié. Je ne vais pas laisser ça se perdre, » déclara Naden.

« Je le sais, mais est-ce vraiment quelque chose qu’un dragon devrait faire... ? » demanda Pai.

En Dracul, avec son printemps éternel, les dragons qui n’avaient pas encore signé de contrat pouvaient vivre leur vie comme ils l’entendaient. Ils faisaient donc des choses comme voler sous forme de dragon, jouer dans l’eau, et aller à la chasse.

Il y avait des moments où les prêtresses-dragons qui servaient sous Tiamat leur enseignaient les traditions des dragons, le monde extérieur, la lecture, l’écriture et l’arithmétique, mais à part ça, ils pouvaient chacun utiliser leur temps pour faire ce qu’ils voulaient.

Parmi tous ces dragons qui vivaient selon un très vieux style, Naden était probablement la seule à pouvoir utiliser si habilement les outils du monde extérieur.

Pai lui demanda avec un peu d’exaspération : « Es-tu vraiment un dragon ? »

« ... Je me suis souvent moi-même posé la question, » répliqua Naden en retournant son regard sur l’écran.

Pai avait affiché un regard qui disait, « Oups, j’ai foiré. » Ce sujet était probablement très douloureux pour Naden.

« Hmm, euh... Donc, cette chose est une émission de musique ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Pai en essayant de changer de sujet.

« Ils diffusent les images de jolies filles dans des tenues mignonnes qui chantent et dansent pour que les personnes les voient, » répondit Naden. « C’est amusant de les regarder. Bien que, d’après ce que j’ai entendu dire, ceux qui sont les véritables créateurs et maîtres dans la production des émissions ne sont pas les habitants de l’Empire, mais ceux du Royaume d’Elfrieden. C’est dommage de ne pas les capter sur ce simple récepteur. »

« Le Royaume d’Elfrieden ? Veux-tu parler de ce pays où ils ont appelé un héros, et qu’il est devenu leur roi ? » demanda une Pai surprise. Quand elle avait entendu, le nom « Elfrieden », l’image qui lui était venu à l’esprit était un royaume très traditionnel ou, pour le dire moins gentiment, démodé ou vétuste.

Naden avait agité un doigt à Pai et l’avait tendue. « Tu peux oublier tout ce que tu pensais savoir sur Elfrieden. Oh, attends, ce n’est plus Elfrieden. Le pays n’est-il pas maintenant connu sous le nom de Royaume de Friedonia ? Je n’ai pas tous les détails vu que je n’ai que les informations provenant de l’Empire, mais on dirait qu’ils ont augmenté très rapidement leur puissance sous l’effet d’un programme de réformes créé par leur nouveau roi. » Naden avait pris le récepteur simple avec sa queue et avait joué avec lui.

« Je pense que la façon dont il a utilisé le Joyau de Diffusion de la Voix, quelque chose que la famille royale avait seulement utilisé pour faire des annonces unilatérales de choses qui étaient déjà décidées, afin de créer quelque chose d’amusant comme ces programmes de diffusion démontrent qu’il possède une vision incroyable du monde. Contrairement à ce pays, qui ne change jamais, le Royaume de Friedonia fait pression de toute part afin de progresser de plus en plus rapidement et dans toutes les directions. J’aimerais moi-même rencontrer ce roi-héros. Peut-être que j’irais à Friedonia la prochaine fois que je ferai un petit tour. »

Pai avait piétiné le sol dans l’indignation. « Bon sang ! À quoi penses-tu ? Il est presque temps pour la Cérémonie du Contrat, est-ce que tu t’en rends compte !? Il n’y a aucune chance que tu sois autorisé à le faire à un moment important comme celui-ci, alors que notre avenir va être décidé sous peu ! »

« Cela n’est... vraiment pas important dans mon cas de figure, » déclara Naden. « Je suis sûre qu’aucun chevalier ne voudra de moi. Après tout, je ne peux pas voler, et je ne peux même pas cracher de flammes. »

« ... »

Les yeux de Naden étaient remplis de résignation et de tristesse.

Il n’y avait rien que Pai puisse dire face à une telle déclaration.

Bien qu’elle fût un dragon de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, Naden Delal n’avait pas d’ailes lui permettant de voler dans les cieux et elle ne pouvait pas cracher des flammes. De plus, son apparence était très différente de celles des autres dragons.

C’est pourquoi les autres dragons l’appelaient derrière son dos un ver (disant qu’elle était longue, mince, et qu’elle n’avait rien d’autre). Cela faisait également partie des raisons pour lesquelles Naden avait tendance à se terrer dans sa grotte. Pai était l’une des rares amies de Naden, mais elle ne pouvait rien faire pour elle.

« Euhh... » murmura Pai, réfléchissant frénétiquement à une réponse appropriée pour remonter le moral de son amie. « M-Mais, tu peux lancer des éclairs ! »

« ... À quoi ça sert ? Aucun chevalier ne me choisira en tant que partenaire. S’il le faisait, il serait le seul chevalier au monde qui ne pourrait pas voler. Est-ce que tu t’en rends compte du ridicule de la situation ? » Naden avait détourné les yeux.

Les chevaliers-dragons de Nothung étaient célèbres à travers le continent.

Ces chevaliers, qui chevauchaient sur des dragons déjà robustes et puissants, planeraient à travers les cieux, déchirant les lignes ennemies et brûlant tout avec le souffle de leur dragon. Bien qu’ils résidaient dans un petit pays, les Chevaliers Dragons étaient la raison qui avait fait que le Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung était capable de se battre à armes égales face à l’Empire, même si cela n’était vrai que lors d’une guerre défensive. Il n’y aurait pas de place pour Naden dans leurs rangs alors qu’elle n’avait pas la capacité de vol ou de cracher des flammes.

« Tout va bien de ton côté, Pai, » soupira Naden. « Un joli dragon blanc comme toi... Je suis sûre que tu n’auras que l’embarras du choix. »

« ... Je ressens une certaine hostilité dans ces paroles, » répondit Pai.

Au cours de la cérémonie tenue pour former des contrats avec les chevaliers dragons, le chevalier commençait par choisir un dragon pour qu’il devienne sa monture, puis le dragon décidait d’accepter ou non cette proposition. Cela signifiait qu’un dragon qui recevait plusieurs offres aurait le choix de décider lequel il préférait. Naden pensait probablement que Pai était sûre d’avoir un tel choix.

« Peut-être devrais-je simplement quitter le pays ? » demanda Naden, en se morfondant. « Je pourrais probablement me faire passer pour un serpent des mers. »

D’après ce que Pai avait entendu dire, la race connue sous le nom de serpents des mers et Naden sous sa forme humaine semblait assez similaire. Quant à ce qui les rendait différents, les bois sur la tête de Naden étaient plus gros, et les serpents de mer n’avaient pas la capacité de se transformer comme de véritables dragons (même si dans le cas de Naden, cela soit une forme comme inachevée), mais c’était tellement mineur comme différence visuelle que personne ne le remarquerait.

Pai avait gémi d’exaspération. « Si tu adoptes une attitude défaitiste, tu deviendras une défaitiste dans l’âme ! »

« Mais..., » commença Naden.

« D’ailleurs, Lady Tiamat ne t’a-t-elle pas annoncé une prophétie ? Cela va bien se passer, » déclara Pai.

Les dragons qui assisteraient à la Cérémonie du Contrat dans une année donnée avaient tous été choisis par Tiamat. La volonté de l’individu et son âge n’étaient pas pris en compte. Les dragons qui avaient été choisis recevaient un oracle de la Mère-Dragon au début de cette année. Naden avait été l’une d’elles.

« Finalement, celui qui connaît votre véritable valeur apparaîtra, cela se passera quand vous aurez quitté le nid. »

C’était certainement ce que Tiamat avait dit à Naden, qui avait presque abandonné tout espoir d’avenir. Elle l’avait dit avec les doux yeux d’une mère. Naden ne pouvait pas imaginer que Tiamat lui aurait menti. Cependant, en même temps, elle ne pouvait pas imaginer que cette prophétie puisse se réaliser. Cela allait à l’encontre du bon sens.

« C’est... seulement quelque chose que Tiamat m’a dit afin de me consoler, » déclara finalement Naden. « Même moi, je ne sais pas quelle est ma valeur. Qu’est-ce qu’un total étranger est censé voir en moi ? »

« Mais, d’après ce que j’ai entendu dire, Lady Tiamat n’a jamais eu une prédiction qui ne s’est pas réalisée, » déclara Pai.

« Très bien, alors je serai son premier échec. Hourra pour moi. Ce seul fait m’emplit de joie, » déclara Naden.

Pai avait gémi. « Tu es vraiment une défaitiste. »

« Pai, si tu continues à faire ce bruit de gémissement, tu vas bientôt avoir des taches noires comme une vache, le sais-tu ? »

« Mais ! Mais ! Mais ! » s’exclama Pai.

En regardant Pai se fâcher du coin de l’œil, Naden soupira. S’il y a vraiment une certaine valeur dans mon existence, et que quelqu’un pouvait la trouver pour moi... ne serait-ce pas merveilleux ? Si un tel miracle se produisait, il m’emmènerait loin de cet endroit ennuyeux où le printemps est perpétuel et où rien de passionnant ne se produit. Eh bien, ce n’est tout simplement pas possible, n’est-ce pas ?

Naden avait enfoui profondément son désir dans les recoins de son cœur.

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Chapitre 1 : Ce que vous obtenez du Rustre et du Ciseaux dépend de la façon dont vous les utilisez

Partie 1

— 15e jour du 3e mois de l’année1547 du Calendrier Continental —

Il s’agissait d’une prairie s’étendant à perte de vue dans la partie nord-ouest du Royaume de Friedonia.

Une seule grande route traversait cette prairie affichant une si belle vue, et de chaque côté de cette route, des arbres neutralisants les démons qui provenaient de la Forêt Protégée par Dieu avaient été plantés à intervalles réguliers. Il s’agissait de l’une des autoroutes nationales qui avaient été établies dans le cadre du projet de réforme du réseau de transport. Si vous suiviez cette route, vous pourriez croiser des caravanes marchandes protégées par des aventuriers ou des trains de marchandises tirés par des rhinosaurus.

C’était un jour de printemps calme avec un ciel clair. Il y avait un chariot couvert tiré par deux chevaux voyageant sur cette route. Dans ce véhicule couvert se trouvaient les marchandises classiques d’un colporteur en voyage, mais les chevaux qui le tiraient étaient des bêtes tout à fait magnifiques.

Nous étions à l’intérieur de ce chariot couvert, et je parlais à l’homme qui courait derrière le chariot. « Qu’en penses-tu, Hal ? » demandai-je. « Que ressens-tu en courant sur une route que tu as toi-même construite ? »

« Je ne vais pas nier que c’est gratifiant, mais... quand tu es celui qui me dit ça, ça m’énerve un peu, » Halbert déclara ça d’une manière grincheuse, en courant toujours à l’extérieur du chariot.

Actuellement, nous étions quatre à être présents dans le chariot couvert : Aisha, Kaede, Tomoe et moi.

Il s’agissait du groupe qui se rendait à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon à la suite de l’invitation directe de la Mère-Dragon.

Cependant, nous ne connaissions pas la raison de cette invitation, et seuls quelques-uns de mes fidèles les plus proches en avaient été informés, et donc, nous devions voyager incognito. C’est pourquoi je portais mon habituel costume de voyageur de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, composé d’un chapeau de paille conique et d’un imperméable de voyage, Tomoe portait une robe à capuche d’un mage blanc, et Aisha, Hal et Kaede étaient habillés en aventuriers.

Bien sûr, une fois arrivés à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, nous avions l’intention de nous revêtir des uniformes officiels qui étaient chargés dans le chariot.

À ce propos, la dernière membre de notre groupe, Carla, était partie en éclaireuse afin de détecter en avance si quelques difficultés se trouvaient dans la direction où nous allions. Il était utile d’avoir une dragonewt qui pouvait voler à des moments comme celui-ci.

Aisha et moi, nous nous relaxions à l’intérieur du chariot, tandis que Tomoe était assise sur le banc du conducteur avec Kaede lui apprenant à contrôler le véhicule. Parce que Tomoe et Kaede étaient des races à l’apparence similaire, une louve mystique et une renarde mystique, quand elles étaient assises ensemble sur le siège du conducteur, elles ressemblaient vraiment à des sœurs, ce qui me faisait avoir un sourire sur les lèvres.

Hal avait d’abord été installé dans le chariot, mais rapidement, il avait dit : « Mon corps va devenir engourdi comme ça, » et il était sorti avant de commencer à courir.

« N’étais-tu pas en train de t’entraîner dur en tant que dratrooper ? » demandai-je. « Tu devrais au moins prendre cette chance maintenant pour te détendre. »

« Tu prends les choses plutôt calmement, » Hal m’avait fait un regard sévère et un peu effrayé.

Hmm... Oui, il a peut-être raison.

En ce moment, j’étais dans le chariot alors que je faisais reposer ma tête sur les genoux d’Aisha. Mon chapeau reposait sur ma poitrine et je prenais peut-être des choses un peu trop en douceur. J’avais alors bougé la tête vers l’arrière afin de poser une question à Aisha, qui me caressait la tête avec un regard niais. « Aisha, est-ce que ça va ? Ne suis-je pas trop lourd ? »

Aisha revint à elle et secoua la tête de toutes ses forces. « Non, pas du tout ! Si quelqu’un devait dire quelque chose, alors cela serait à moi de vous demander si je n’y vais pas avec trop de force. Après tout, j’ai beaucoup de muscles, alors... »

« Non, je pense que c’est au niveau parfait de douceur que vous le faites. Regardez, mon doigt s’enfonce dedans. »

« Wah! Arrêtez, ça chatouille ! » Au moment où je l’avais touché au niveau de sa cuisse, Aisha s’était un peu tortillée. C’était un acte vraiment mignon.

« Oh, pour l’amour de... je ne veux pas être dans un chariot dont émane une telle atmosphère, » Hal avait dit ça avec une attitude qui voulait dire « Je ne peux plus supporter cette absurdité ! »

Oui, si j’étais dans la position de Hal, je ressentirais probablement la même chose. De plus, il ne faut pas oublier que Tomoe monopolisait Kaede.

« Mais, si je ne t’avais pas choisi pour m’accompagner, tu aurais été à bord de l’Hiryuu et tu te serais entraîné comme d’habitude, n’est-ce pas ? » demandai-je. « N’est-ce pas agréable de pouvoir se détendre ? »

« Eh bien, oui, mais... de toute façon, pourquoi sommes-nous sur ce voyage détendu ? » demanda Hal. « Ils nous rencontrent à la frontière, n’est-ce pas ? Ne pourrions-nous pas prendre une wyverne pour aller là-bas ? »

Comme il l’avait dit, quelqu’un de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon allait venir nous chercher dans un village proche de la frontière nord-ouest du Royaume de Friedonia. Une fois arrivé là-bas, un dragon nous transporterait à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Du point de vue de l’efficacité pure, nous aurions pu rester dans la capitale jusqu’au moment où il était temps de partir, puis nous serions allés au village en utilisant une wyverne le jour de la rencontre. Mais selon moi, cela aurait été une mauvaise chose d’agir ainsi.

« J’ai enfin pu obtenir de longues vacances, » dis-je. « Ce serait donc dommage de les ruiner en se précipitant sur le lieu du rendez-vous. Ne le penses-tu pas ? »

« Vraiment ? Je ne pense pas que voyager est quelque chose qui soit appréciable..., » répliqua Hal.

Il s’agissait d’une différence de point de vue entre une personne de ce monde, et un individu moderne tel que moi. Dans ce monde, où il y avait de violentes créatures sauvages et même des monstres qui pouvaient apparaître, il n’était pas possible de voyager paisiblement en prenant le voyage en lui même à la légère, et cela même à l’intérieur de votre propre pays.

Dans l’histoire de la Terre, ce n’était que récemment que nous étions devenus capables de voyager si facilement. Même à l’époque d’Edo, quand l’ordre public était dans un état raisonnable, quand Matsuo Bashou avait voyagé, il avait dû accepter qu’il ne revienne peut-être pas vivant.

En pensant à cela, cela m’avait fait réaliser une fois de plus à quel point Poncho était incroyable, ayant voyagé dans tant de pays différents et dépensés beaucoup d’argent pour poursuivre son intérêt pour la nourriture.

« J’aime voyager, » dis-je. « Voir des paysages inconnus faits chanter mon cœur. Ma grand-mère et mon grand-père aimaient aussi voyager, alors ils m’ont souvent amené lors de leurs voyages. »

« Sire, votre grand-père et votre grand-mère ont fait ça ? » demanda Aisha.

« Tout à fait. Cependant, avec eux, comme il s’agissait d’un couple âgé, il y avait beaucoup de voyages dans les temples, les sanctuaires et les châteaux, » répondis-je.

J’étais allé à Nara en automne. J’avais pu y voir les feuilles rouges et mangé les ebisenbeis (galette de riz aux crevettes). C’était vraiment des périodes amusantes que j’avais eues.

À l’époque, même aller dans les préfectures voisines me donnait l’impression d’aller quelque part très loin. Je n’aurais jamais imaginé que, des années plus tard, je me retrouverais à voyager dans un autre monde.

Pendant que je me prélassais dans ces souvenirs, Aisha avait dit. « Maintenant que j’y pense, il y a quelque chose que je me demandais à propos de... » Elle semblait mystifiée alors qu’elle continuait à parler. « Ce chariot, il ne se secoue même pas. Normalement, nous ne serions pas capables de nous relaxer comme ça. Est-ce que vous le saviez ? »

« Eh bien, il peut ressembler à un chariot couvert ordinaire, mais... Il s’agit d’un véhicule qui a été dessiné par Genia..., » répondis-je.

« Hmm, pourquoi soudain, avez-vous l’air si épuisé ? » demanda Aisha.

« Le convoi de rhinosaurus transporte maintenant principalement du fret, mais si nous voulons le faire tirer des chariots de tourisme, le tremblement deviendrait un problème..., » commençai-je.

« Maintenant que tu en parles, quand nous sommes allés dans la forêt des elfes sombres, ça tremblait vraiment énormément, » interrompit Hal, grimaçant.

Peut-être se souvenait-il de ce qui s’était produit à l’époque. À ce moment-là, nous allions là-bas pour porter assistance lors d’une catastrophe, alors chaque seconde comptait. C’est pourquoi nous y étions allés aussi vite que possible, sans tenir compte des secousses, et la plupart des membres de l’Armée Interdite qui étaient montés avec nous avaient souffert du mal des transports.

« C’est pourquoi j’ai demandé à Genia de développer un nouveau modèle de véhicule qui réduit les secousses sur les routes, » expliquais-je. « C’est juste que... Genia parvient toujours à dépasser mes attentes d’une manière que je ne verrais jamais venir. »

J’avais envisagé quelque chose comme un ressort hélicoïdal. Mes études étaient axées sur les humanités, et non pas sur l’ingénierie, donc je n’avais pas compris la manière exacte de le mettre en place, mais si j’avais indiqué à Genia la Surscientifique une image approximative de ce à quoi je pensais, et espérais qu’elle pourrait le développer. Mais ce que Genia avait développé était au-delà de mes espérances et de mon imagination.

« Pour commencer, je n’aurais jamais pensé qu’elle arriverait à développer des matériaux absorbant les chocs..., » murmurai-je.

« Ab-Absorber les ch-chocs... C’est quoi !? » demanda Aisha.

« Je n’en ai pas vu un moi-même, mais apparemment il y a un tatou sur ce continent qui est si énorme que vous pourriez le confondre avec un glyptodon, non ? » demandai-je.

« Je ne sais pas ce qu’est un glyptodon, mais parlez-vous du giganto armadillo ? » demanda Aisha. « Ils vivent principalement dans les forêts. Ils ont une carapace si solide, et même moi, j’ai du mal à la casser. »

« Attendez, impossible !? Vous pouvez briser ça !? » s’exclama Hal de surprise. « On m’a dit qu’il est pratiquement impossible de briser leurs carapaces avec une attaque physique. Est-ce que vous le saviez ? »

« Ah bon. On dit ça à propos d’eux ? » demanda Aisha. « Je l’ai frappée une dizaine de fois en changeant quelques fois d’épées entre deux attaques, et j’ai réussi à le casser. »

« « ... » » Hal et moi, nous étions tous deux sans voix. Il semblait que Genia n’était pas la seule qui soit hors norme.

« E-Eh bien, mettons ça de côté, » dis-je. « Donc, nous savions que le giganto armadillo se défendait contre les attaques physiques avec sa carapace dure, mais Genia se demandait où allait la force lorsqu’un choc était effectué contre eux. Peu importe le fait qu’il semblait ne pas avoir de dommages extérieurs, elle pensait que l’impact pourrait atteindre leurs organes internes mous. Quand elle en a disséqué un afin de jeter un coup d’œil, elle a découvert que des dépôts de graisse à l’intérieur de sa carapace avaient d’importantes propriétés d’absorption de chocs. »

En d’autres termes, l’intérieur de la coquille avait une texture charnue, mais, pour le dire en termes qu’une personne moderne comprendrait, elle avait un certain nombre de qualités qui en faisaient un caoutchouc fort efficace.

J’avais donné deux fois des coups de pieds sur le plancher de la voiture. « Les essieux et les roues de ce chariot ont été fabriqués avec une forme transformée de cette graisse trouvée à l’intérieur de leurs carapaces. Voilà donc la raison qui fait que ce véhicule secoue moins que les autres chariots. »

« Je vois... après tout, c’est Madame Genia qui l’a fait spécialement pour vous, » déclara Aisha. « Arriver avec ce genre de chose est si facile pour elle. »

Aisha semblait vraiment impressionnée, mais mes sentiments à ce sujet étaient un peu plus compliqués.

Cela peut sembler un peu exigeant, mais j’aurais aimé qu’elle propose un matériau plus facile à utiliser. La graisse du giganto armadillo était précieuse, ce qui rendait ce chariot couvert coûteux d’une manière qui ne correspondait pas à son apparence. Si j’essayais de faire un convoi entier qui ne tremblait pas en utilisant cette méthode, on finirait par surexploiter le giganto armadillo en le chassant afin d’obtenir les matériaux.

Il doit être moins cher et moins rare pour que le grand public puisse l’utiliser..., pensai-je pour moi-même.

Cependant, Genia était un génie dans l’âme, et une fois qu’elle avait créé quelque chose, ce n’était pas dans sa personnalité d’essayer de penser à des moyens de créer une version plus économique ou d’améliorer sa fonctionnalité. Comme je ne pouvais pas faire grand-chose ainsi, j’avais été obligé de remettre tous les documents aux chercheurs diligents, et je leur avais demandé de rechercher un matériau de substitution qui pourrait être produit en série.

En ce qui concerne leurs résultats, il y avait apparemment une espèce de ver à soie dont les cocons avaient des propriétés d’absorption des chocs similaires à ce matériau. Ces cocons pourraient être produits en série, alors j’étais impatient de voir leurs futures applications vis-à-vis de ces recherches. Naturellement, je leur avais dit ce que je savais sur les ressorts, et je les avais fait faire des recherches sur ça aussi.

La vérité était que ceux qui soutenaient ce pays n’étaient pas des dirigeants comme moi, ni des génies comme Genia, mais ces chercheurs sans nom. Il était important de ne pas oublier ce fait.

C’était arrivé pendant que je reposais ma tête sur les genoux d’Aisha, avec les yeux fermés tout en pensant à ça.

« Hé, » commenta Hal. « On dirait que la jeune demoiselle Carla est de retour. »

En entendant cela, je m’étais assis. J’avais appelé Tomoe et Kaede toujours assises sur le banc du conducteur afin de les faire arrêter le chariot.

☆☆☆

Partie 2

Au moment où j’étais sorti du chariot, Carla était en plein milieu de son atterrissage. Ce n’était pas une descente verticale, elle arrivait ici avec un angle comme l’aurait fait un avion de passagers. Elle atterrissait probablement de cette façon pour s’assurer que personne ne voit sous sa robe.

« Maître ! Je reviens de mon excursion dans les montagnes, » annonça Carla, en replaçant sa jupe qui était un peu en désordre après avoir atterri. On aurait dit qu’elle s’était habituée à manipuler sa tenue de femme de ménage à minijupe.

Quand j’avais décidé que Carla m’accompagnerait, j’avais pensé que c’était aller un peu trop loin que de lui faire porter au cours du voyage l’uniforme de femme de chambre. J’avais prévu de la laisser porter l’armure qu’elle avait utilisée pendant la guerre, mais Serina, la femme de chambre en chef, avait dit : « Je pensais bien que cela pourrait arriver, alors j’ai préparé une tenue de femme de chambre appropriée pour voyager », et avec un air désinvolte, et elle avait remis la chose.

J’avais utilisé certains des matériaux qui étaient offerts en tant que cadeaux à la famille royale, et pour qui il n’y avait pas d’autre utilisation, afin d’améliorer mon Petit Musashibo, et on aurait dit que cette tenue de servante les utilisait également. Il s’agissait d’un produit supérieur : résistant aux lames, résistant aux flèches, résistant aux acides, résistant à la chaleur, difficile à tâcher et facile à laver.

... D’où vient la passion de notre femme de chambre et jusqu’où va-t-elle ? pensai-je.

Cela dit, j’avais félicité Carla pour son travail. « Bien joué. Alors, comment est-ce ? »

« Il n’y avait pas de créatures dangereuses devant nous... toutefois..., » déclara maladroitement Carla en regardant son dos ailé.

Je la regardai, me demandant ce qui se passait, quand je remarquai deux petits pieds qui dépassaient sous les aisselles de Carla. Carla se tourna vers l’autre côté, et je vis un petit garçon humain d’environ cinq ans accroché à son dos. Le garçon avait l’air effrayé, s’accrochant fermement là où il pouvait.

Carla semblait troublée. Elle déclara. « J’ai trouvé ce garçon seul et pleurant dans un endroit dégagé sur les montagnes, et comme je ne pouvais pas le laisser seul, je l’ai ramené. Il a l’air effrayé par quelque chose et il ne veut pas descendre, » Carla haussa les épaules comme pour dire qu’elle ne comprenait pas du tout la raison.

« N’a-t-il pas simplement peur parce que vous avez volé dans le ciel ? » demandai-je. On aurait dit qu’elle avait volé à une altitude assez élevée, alors le garçon s’était probablement accroché fermement afin de ne pas tomber.

Après que j’eus souligné ce point, les yeux de Carla s’ouvraient largement, démontrant qu’elle venait de réaliser la situation. « Ah ! V-Vous avez raison ! J’avais oublié que les humains ne savent pas voler. »

« Oh ! Franchement..., » déclarai-je.

Quand je l’avais regardée avec un regard indiquant que je n’étais pas très content, Carla avait ouvertement détourné ses yeux.

Kaede et Tomoe parlèrent doucement au garçon et elles réussirent ainsi à l’enlever du dos de Carla. Mais une fois qu’il était au sol et que la tension du vol avait disparu, le garçon avait commencé à pleurer.

Il venait probablement d’un village voisin et s’était perdu après avoir erré dans les montagnes. Nous avions un garçon qui ne connaissait pas son nom, qui ne savait pas où il habitait et qui continuait à pleurer.

Si j’avais été le chien de l’agent de police dans la chanson « Inu no Omawari-san », ce serait le moment où je commencerais à aboyer parce que je ne savais pas quoi faire, puis abandonnerais.

Le garçon semblait avoir été emmené loin par Carla. Il était toujours accroché à sa jambe. Carla avait paniqué quand je lui avais demandé : « Avons-nous le moindre indice pour chercher sa maison ? »

« Euh... Ah ! » cria Carla. « Maintenant que vous le mentionnez, j’ai vu un certain nombre d’hommes étranges dans les montagnes. »

« D’hommes étranges ? » répétai-je.

« Tout à fait, » répondit-elle. « Ils avaient l’apparence de sales bandits. Le fait qu’il y avait des gens comme ça dans la région était l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de prendre cet enfant. »

« Bandits des montagnes ? » avais-je dit en réfléchissant. « Je n’ai pas entendu de rapport concernant des bandits apparaissant sur notre territoire... »

Quand je venais tout juste d’accéder au trône, il y avait encore eu des rapports occasionnels de voleurs et de bandits des montagnes. Cependant, avec le réseau de transport mis en place, permettant ainsi aux troupes de se déplacer rapidement dans le pays, j’avais cessé d’entendre des rapports de ces sortes de voleurs dans le pays. Dès lors, les seuls « voleurs » dont j’avais entendu parler étaient des aventuriers qui avaient pris ce nom comme titre pour leur rôle. Chaque fois qu’il y avait un rapport concernant un incident, il était immédiatement réprimé, et si un groupe armé était trouvé, les militaires étaient envoyés pour les surveiller ou, si nécessaire, les neutraliser.

C’est ainsi que de nombreux groupes de bandits avaient été vaincus ou avaient quitté le métier de leur plein gré. Certains de ces bandits étaient en vérité inoffensifs, et pour des gens comme ça... Ah !

« Hé, Carla ! Vous souvenez-vous des couleurs qu’ils portaient ? » demandai-je.

« Maintenant que vous me le demandez... ils portaient tous des plastrons assortis de couleur orange, » répondit Carla.

« Oui, comme je le pensais..., » dis-je en hochant la tête.

« Alors, avez-vous une idée de leur identité  ? » demanda Carla.

« Oh, j’ai même bien plus qu’une idée de ça..., » répondis-je.

J’étais celui qui avait formé leur organisation.

Après ça, nous avions voyagé pendant une période d’environ trente minutes. Après avoir amené le garçon au pied de la montagne où Carla avait dit qu’elle avait vu les hommes, les hommes en plastron orange étaient sortis en force pour nous saluer. Avant ça, j’avais envoyé Carla pour leur expliquer la situation.

Comme l’avait dit Carla, les hommes ressemblaient certainement à des bandits. Leur peau était bronzée et basanée, leur visage était couvert de cicatrices, et ils étaient bel et bien un groupe de rustres. Ils avaient l’air assez dangereux pour qu’Aisha et Hal se mettent sur leur garde pour la bataille à venir quand ils les virent (Tomoe et Kaede attendaient à l’intérieur du chariot couvert avec l’enfant), mais les hommes ne montrèrent aucun signe de soif de sang ou tension indiquant qu’ils voulaient la bagarre.

Un homme qui était plus grand que les autres s’avança. « Monsieur, est-ce vous qui l’avez ? On me dit que vous avez avec vous un enfant que nous cherchions. »

L’homme étendit les bras dans un geste exagéré, souriant.

« Tout à fait, » dis-je. « Un membre de notre groupe l’a pris quand elle l’a trouvé seul dans les montagnes. » Ce serait tout un problème après pour y faire face si nos identités venaient à être dévoilées, alors je lui avais expliqué poliment la situation. « Les parents du garçon sont-ils venus le chercher ? »

« Bien sûr, » répondit l’homme. « Hey, vous, les voyous ! Dépêchez-vous et amenez les parents du gamin ! »

L’un des hommes cria « Oui, chef ! » et s’était précipité vers l’arrière.

La façon dont ils avaient parlé était vraiment comme un chef bandit et l’un de ses acolytes.

Quelques minutes plus tard, une femme qui ressemblait à une aubergiste d’un village se fraya un chemin à travers les hommes pour se présenter devant nous. Cette femme, qui avait l’air confuse en marchant dans le groupe d’hommes, me regardait d’un air désespéré et larmoyant.

« M-Mon garcon... Est-ce que mon fils va bien ? Il a erré dans les montagnes tout seul, et je n’ai plus eu de ses nouvelles depuis ! » déclara-t-elle.

Alors c’était elle la mère du garçon. Elle devait être très inquiète.

« S’il vous plaît, calmez-vous, » dis-je. « Il ne semblait pas du tout blessé. »

J’avais demandé à Carla d’amener le garçon. Quand Carla l’avait sorti de la charrette, le petit garçon avait bondi d’un coup au moment où il avait vu la femme, sautant dans ses bras qui attendaient sa venue.

« Maaaammaannnnn! » cria-t-il.

La femme le tenait serré fermement. « Merci Déesse... Franchement, vilain garçon ! Tu m’as fait avoir une telle frayeur ! »

« J-Je su... is dés... olé, » déclara-t-il.

« Je suis vraiment... contente que tu sois en sécurité, » déclara la mère.

Le garçon et sa mère avaient été réunis et ils tenaient l’autre dans leurs bras.

Pendant que nous regardions ça du coin de l’œil, le gros homme m’avait parlé. « Monsieur, vous nous avez vraiment rendu un fier service. Nous nous étions séparés afin de chercher l’enfant, mais nous n’avons pas eu la chance de le trouver. Je n’étais pas sûr que nous allions réussir avant qu’il ne soit trop tard. »

« Eh bien ! Comme je l’ai déjà dit, nous ne l’avons trouvé que par pur hasard, » déclarai-je.

« Encore une fois, je dois vous remercier, » déclara l’homme. « Je suis le chef de ce groupe. Mon nom est Gonzales. D’après votre apparence, êtes-vous un marchand ? »

« Tout à fait, » dis-je. « Je me nomme Kazuma Souya du Cerf d’Argent, » répondis-je.

Cela causerait des ennuis s’il en ressortait qu’il découvrait que j’étais le roi, alors j’utilisais l’alias que j’avais préparé.

Gonzales avait alors plissé les yeux, « Hm ? Monsieur... Nous sommes-nous déjà rencontrés avant aujourd’hui ? »

« Pensez-vous ça ? Il s’agit de la première fois que je viens ici..., » répondis-je.

« Ai-je imaginé ça ? J’ai l’impression de vous avoir vu quelque part..., » déclara Gonzales.

« Eh bien, j’espère alors que vous vous souviendrez de mon visage, » dis-je. « Nous apprécions votre organisation au Cerf d’Argent. »

« Gahaha! Vous n’êtes pas un marchand pour rien, hein ? » Gonzales ressemblait à ce genre d’homme, parce qu’il m’avait donné une forte tape dans le dos.

... Ça fait mal.

Après avoir agi ainsi, j’étais retourné auprès de mes compagnons.

Hal m’avait alors demandé. « Cela te dérangerait-il de nous expliquer la situation ? Pour commencer, qui sont ces hommes ? Ils ressemblent vraiment à des bandits. »

« Eh bien, c’est normal, vu que ce sont des bandits des montagnes, » répondis-je.

« Hein !? Que viens-tu de dire à l’instant !? » s’écria Hal.

« Hal, calme-toi ! » dis-je. « Tu sais, il y a beaucoup de sortes de bandits des montagnes qu’on peut trouver dans ce pays. »

Il y avait des bandits des montagnes qui avaient attaqué des marchands et des villageois, volé leurs biens, enlevé leurs femmes et leurs enfants, et même tué des individus. Eux, c’était clairement ceux que vous appelleriez des bandits malveillants.

Cependant, il y avait également ceux qui s’occupaient des routes de montagne, facturaient un péage pour les commerçants qui passaient par là, et les protégeaient en échange de cette somme. Il s’agissait donc de bandits relativement respectables.

Chaque fois qu’il y avait des rapports concernant le premier type, j’avais toujours envoyé des militaires pour les exterminer, mais un peu plus tard, je m’étais rendu compte que c’était une honte de perdre des gens aussi talentueux.

D’une certaine manière, ils restaient quand même des experts concernant les montagnes. Ils avaient souvent des racines dans la région, entretenant de bonnes relations avec les villages voisins, et ce serait un gaspillage de perdre leurs connaissances et leur expérience. Donc, voici ce que j’avais fait.

« J’ai embauché ces bandits de montagne et je les ai fait former des “équipes de secours en montagne”, » expliquai-je.

« Des équipes de secours en montagne !? » répéta Hal.

« Quand quelqu’un se perd dans les montagnes, comme ce qui s’est passé ici, ils le recherchent, » répondis-je. « Ils patrouillent également la montagne pour garder un œil sur les événements étranges qui pourraient survenir, et ils protègent les voyageurs sur les routes, comme ils le faisaient avant. Le pays paie leurs salaires. Ils chargent un tarif pour la protection sur les routes de montagne, mais l’argent qu’ils collectent va dans les coffres du royaume. Si on découvre qu’ils sont en train de ne pas respecter le règlement et qu’ils prennent pour eux, alors évidemment, on les traite comme des bandits des montagnes normaux. »

« Wôw ! Tu as vraiment organisé beaucoup de choses..., » déclara Hal, d’un ton impressionné, mais j’avais dû sourire avec ironie face à cette remarque.

« Eh bien ! Après tout, je suis le roi, » répondis-je.

« Oh, ouais ! Maintenant que tu le dis, je suppose que tu es..., des fois, je l’oublie, » avoua Hal.

« Oui, moi aussi, » déclarai-je avant que nous soyons deux à rire ensembles.

Après cela, nous avions dit au revoir à la mère, à l’enfant et à l’équipe de secours en montagne, et nous étions une fois de plus repartis sur la route.

Avec chaque réunion vient une autre séparation, et nous aurions très certainement d’autres réunions pour arriver à notre destination.

Quel genre de personnes pourrions-nous rencontrer lors de notre voyage ? J’étais impatient de le découvrir.

☆☆☆

Chapitre 2 : L’époque commence à se mettre en mouvement

Partie 1

« Ah... Le paysage est magnifique, oui, tout simplement magnifique. » Je n’avais pas pu m’empêcher de pousser un soupir d’admiration.

Nous nous trouvions dans le nord-ouest du Royaume de Friedonia, dans un petit village à la frontière avec l’État Orthodoxe de Lunaria.

En regardant plus à l’ouest depuis le centre du village, les sommets bleu vert de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon se tenaient là avec un incroyable sentiment de présence. Même s’ils étaient encore loin, ils avaient l’air si gros. Il s’agissait d’une série de montagnes de la taille du mont Fuji, ce qui m’avait permis de comprendre pourquoi la vue était si impressionnante.

Dracul, où vivaient les dragons, était-il au milieu de ces montagnes majestueuses ? Quel genre d’endroit était-ce ? Je ne pouvais même pas l’imaginer.

« Qu’est-ce qu’il y a, Grand Frère ? » Tomoe m’avait appelé pendant que je fixais les montagnes.

« Hmm ? Je pensais que “ces montagnes sont vraiment grandes”, » répondis-je.

« Ouais. Elles sont vraiment grosses, » répondit Tomoe.

En voyant Tomoe et moi contempler les montagnes, Hal s’était objecté : « Oh, franchement ! Vous pouvez déjà voir la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon depuis le château. »

« Hal, tu ne comprends pas, » dit Kaede en souriant avec un sourire ironique. « De loin et de près, tu sais, c’est un spectacle émouvant, mais de différentes façons. »

Aisha et Carla étaient revenues après avoir laissé les chevaux du chariot dans l’écurie de l’auberge.

« Alors, Sire Kazuma, » déclara Aisha, « Devons-nous attendre dans ce village jusqu’à ce qu’ils viennent nous chercher ? »

« ... Euh, ouais, » avais-je dit. « C’est comme ça que c’est censé fonctionner. »

Oups. Parce qu’Aisha s’était adressée à moi en tant que Kazuma, comme dans l’histoire que j’avais préparée pour elle, il m’avait fallu un moment pour répondre.

En outre, dans cette histoire, j’étais le jeune héritier du Cerf d’Argent, et je voyageais dans de nombreux pays pour trouver des produits commerciaux potentiels. Tomoe était ma petite sœur, et je lui avais fait cacher ses oreilles et sa queue de louve sous cette robe à capuchon.

Les quatre autres, Aisha, Halbert, Kaede et Carla, jouaient le rôle d’aventuriers que nous avions engagés pour nous protéger lors de nos voyages. Pour ce voyage, j’avais discuté avec la Guilde des Aventuriers et je les avais inscrits comme aventuriers.

Dans un autre plan, j’aurais aussi été un aventurier, mais il s’était avéré que mon niveau de compétence était inférieur à celui des quatre autres individus et donc, j’avais dû renoncer à celui-là. C’était vrai que j’étais faible, mais les quatre autres étaient aussi trop forts. Nous avions après tout les meilleurs combattants du royaume avec nous.

Revenons à l’histoire.

L’arrangement était que nous attendions ici jusqu’à ce que notre escorte de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon arrive. Cependant, il n’y avait pas d’heure fixe pour cela. Il était possible que nous soyons retardés lors de notre voyage ici, de sorte que nous ne pouvions décider d’un rendez-vous qu’après notre arrivée.

J’avais dit : « Eh bien, si on attend... »

Après quelques secondes...

« Ils prendront contact avec... Euh... Attendez, quoi ? »

J’avais répondu à Aisha, mais soudain, elle était partie d’à côté de moi. En vérité, Tomoe, Hal, Kaede et Carla étaient également partis. En plus, tout, y compris le village et ses bâtiments, avait disparu en un instant.

L’instant d’après, j’étais seul au milieu d’un espace dégagé.

Quoi !? Pourquoi suis-je dans un espace dégagé !? Où sont-ils tous allés !?

Il s’agissait d’un champ désolé sans aucun signe de personnes ou de bâtiments.

Laissez-moi vous dire ce qui s’était passé ! J’étais dans le village, mais j’avais fini dans un espace dégagé. Vous... pensez-vous que je ne sais pas de quoi je parle... !?

Attendez, ce n’était pas le moment de plaisanter.

Incapable de croire la situation dans laquelle je me trouvais, je regardais autour de moi sans cesse, essayant de trouver quelqu’un d’autre, quand toute la zone s’était soudainement assombrie. Était-ce qu’il y avait des nuages... ? Non, ce n’était pas ça ! Il y avait quelque chose d’énorme dans le ciel, et cela masquait le soleil. Quand j’avais levé les yeux pour voir ce que c’était, il y avait un dragon massif d’une vingtaine de mètres de long.

« Awhuhuhwhuh !? » avais-je bredouillé de façon incohérente à cette vision incroyable.

☆☆☆

Bzzt.

Hein ? Tout à l’heure, pendant un moment, j’ai senti quelque chose sur ma joue... Je pensais.

Au même moment, dans sa grotte sur le plateau de Dracul, Naden avait incliné sa tête sur le côté d’une manière interrogative.

Une fois de plus, Naden s’était enfermée à nouveau aujourd’hui, pour regarder des émissions de l’Empire Gran Chaos, mais elle avait à ce moment-là ressenti quelque chose de bizarre sur ses joues. C’était petit, comme si un petit insecte s’y était posé. Cependant, lorsqu’elle avait frotté ses joues molles, il n’y avait rien.

« ... Bon, peu importe. » Naden était retournée à la contemplation de son émission.

Soudain, Pai s’était précipitée vers elle sous forme humaine. « C’est énorme, Naden ! »

L’instant d’après, *bang*, la jambe de Pai était rentrée en collision avec la table. Pendant que Pai s’accroupissait et saisissait sa jambe en raison de la douleur, le thé encore chaud qui était posé sur la table éclaboussait toute la queue de Naden.

« Hiyahhhhhhhh ! » Il était si chaud que Naden avait poussé un cri qui aurait pu venir d’une star de kung-fu.

En se débattant en raison de la surprise et de la douleur, elle avait presque renversé le simple récepteur, mais elle avait bougé au bord du désespoir pour empêcher qu’il se casse. Pendant ce temps, Pai, qui s’était déjà remise de sa douleur à la jambe, regardait Naden avec exaspération.

Gémissante, Pai avait déclaré : « Qu’est-ce que tu fais, Naden ? »

« Qu’est-ce que je fais !? C’est de ta faute ! C’était chaud, d’accord ? » répliqua Naden.

« Attends, pour l’instant, ça n’a pas d’importance, » déclara Pai. « Ce n’est pas le plus important. »

« C’était important pour moi ! Si je casse ce récepteur, je n’en trouverai peut-être pas un autre…, » répondit Naden.

« Ce que je voulais dire, c’est qu’il se passe quelque chose de plus important ! » répliqua Pai.

« Tu peux parler autant que tu le veux. Je vais aller dormir, » répondit Naden.

Naden était allée s’allonger dans le lit qu’elle avait acquis du monde extérieur, mais Pai, qui avait un regard boudeur avait mis un terme à tout cela.

« Pas de dodo ! Écoute-moi bien ! Lady Tiamat t’a convoquée ! » annonça Pai.

« ... Hein !? » Naden s’était figée alors qu’elle était sur le point d’entrer dans son lit.

Tiamat, qui était aussi connue sous le nom de Mère-Dragon, la chef de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, était sacrée et toute puissante, et son existence était absolue. Même les dragons ne pouvaient pas poser les yeux sur son visage vénéré sans raison valable. Ce n’était que lorsqu’ils avaient été invités par elle à remplir une fonction ou à s’occuper d’autres affaires qu’ils étaient autorisés à se tenir debout en sa présence.

De plus, la seule fois où elle les avait convoqués, c’était lorsqu’elle voulait leur rendre honneur ou les punir sévèrement.

Pai regarda Naden avec pitié. « Naden, qu’est-ce que tu as fait cette fois-ci ? »

« Pourrais-tu ne pas immédiatement supposer que je suis punie ? » Naden s’était fâchée.

« Alors, as-tu fait quelque chose pour laquelle tu mériterais d’être honoré ? » demanda Pai.

« ... Non, » répondit Naden.

Pendant que Naden se creusait la cervelle en pensant, qu’est-ce que j’aurais pu faire... ? L’idole dansante et chantante sur son simple récepteur avait attiré son attention. Il y avait des dragons avec des valeurs plus traditionnelles qui s’opposaient à l’introduction de choses du monde humain comme celle-ci.

« Penses-tu que c’est ça ? » demanda Naden en fixant son simple receveur.

Pai soupira. « On dit que Tiamat peut tout voir dans le monde entier. Elle est donc au courant. »

« Si c’était un problème, elle me l’aurait dit plus tôt ! » Naden avait protesté. « Ça n’est jamais arrivé avant aujourd’hui, d’accord ? »

« N’était-elle pas tout simplement tolérante jusqu’à maintenant ? Ou bien, peux-tu penser à une autre raison ? » demanda Pai.

« Une raison... C’est peut-être lié au fait que j’ai traversé la frontière plus de trente fois maintenant ? » demanda Naden.

« Sors-tu autant que ça !? Attends, j’ai une autre idée. Naden, n’as-tu pas refusé de participer à l’entraînement pour la Cérémonie du Contrat ? » demanda Pai.

« Mais... Je veux dire... » Le visage de Naden était devenu sombre.

La Cérémonie du Contrat, lorsque les jeunes chevaliers du Royaume des Chevaliers Dragons Nothung venaient former des contrats de mariage avec les dragons, avait été une grande occasion pour les dragons qui n’arrivait qu’une fois dans une vie. Cependant, pour Naden, en tant que dragon étrange et sans ailes, ce n’était qu’un endroit où elle serait la risée de tous.

Pai savait ce qu’en pensait Naden, mais elle savait aussi que le fait de ne pas aller à un tel moment ne ferait que l’isoler davantage, de sorte qu’elle était sévère. « As-tu sauté l’entraînement de danse pour la Cérémonie du Contrat ? »

Pendant la cérémonie, le chevalier et le dragon dansaient ensemble comme preuve de leur contrat nouvellement formé. Puis, lorsque le dragon avait fini de danser sous forme humaine, elle prenait la forme d’un dragon, et leur contrat était formellement établi lorsqu’ils quittaient ensemble la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Les leçons de danse devaient la préparer pour ça.

Naden avait gonflé ses joues et avait fait la moue, tournant la tête sur le côté et refusant d’établir un contact visuel. « Cela ne sert à rien de s’entraîner pour un événement auquel je n’ai pas l’intention d’assister. »

Pai avait gémi. « Ne t’es-tu pas aussi disputée avec Ruby et les autres il y a peu de temps ? »

« Ils se moquaient de moi parce que je ne pouvais pas voler ! » répliqua Naden.

« Ne penses-tu pas que la combinaison de tout cela est ce qui fait qu’on te convoque maintenant ? À mon avis, c’est impressionnant qu’elle t’ait laissé faire tout ça pendant si longtemps, » déclara Pai.

« Arg…, » Naden n’avait pas eu de réponse à cela.

Pai avait dit après avoir soupiré. « Mais si elle ne t’a jamais rien dit avant, je ne pense pas que tu vas soudainement être punie pour ça, tu sais ? Si tu fais quelque chose de mal, tu devrais d’abord être avertie avant ça. »

« C-C’est vrai ! » déclara Naden avec soulagement.

« Mais même s’il ne s’agit que d’un avertissement cette fois, est-ce que cela changera ton comportement ? » Pai avait posé sa main sur le simple récepteur pendant qu’elle parlait. « Si elle te demande de te débarrasser de toutes ces choses que tu as ramassées dans le monde inférieur... »

« C’est comme me dire de mourir ! » s’écria Naden.

« Serait-ce si mauvais que ça ? » demanda Pai.

Naden avait retiré la main de Pai du récepteur d’une manière exaspérée et l’avait cachée derrière son dos. « Je ne peux pas jeter ça. Le récepteur simple est mon désir ardent pour voir le monde extérieur. »

« Et les romans d’amour ? » demanda Pai.

« Mon désir ardent d’avoir quelqu’un qui me choisisse, » répondit Naden.

« T’es quoi, une jeune fille avec la tête pleine de rêves ? » demanda Pai.

« Je suis une jeune fille... même si je suis comme ça, » répondit Naden.

Pai haussa les épaules avec consternation. « Peu importe. Sois juste prête pour ça. Même si elle est en colère contre toi, il vaut mieux en finir rapidement. »

Alors que Pai la réprimandait, Naden avait éteint le récepteur à contrecœur.

☆☆☆

Chapitre 2 : L’époque commence à se mettre en mouvement

Partie 2

Le grand dragon descendant du ciel avait commencé à briller lorsqu’il avait touché le sol. Les contours de son corps s’étaient altérés dans cette lumière, rétrécissant à la taille humaine.

Quand la lumière s’était totalement éteinte, devant moi se tenait une femme portant une robe toute blanche, avec un capuchon sur la tête et un mince voile sur son visage. Il était difficile d’être sûr avec son visage en grande partie couvert, mais elle était peut-être dans la quarantaine. Eh bien, dans un monde avec des races à longue durée de vie, il était fondamentalement impossible de se fier à l’âge de quelqu’un.

La femme en blanc s’était approchée de moi. « Je présume que vous êtes le roi Souma Kazuya du Royaume-Uni d’Elfrieden et d’Amidonia ? »

« Je le suis… Et êtes-vous de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ? » demandai-je.

La femme avait posé une main sur sa poitrine et s’était inclinée devant moi. « Je suis venue au nom de Lady Tiamat, la mère des dragons. Je vais vous emmener sur le plateau de Dracul, dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« La mère des dragons »... Oh, ce serait la Mère-Dragon, je suppose. Et elle s’appelle Tiamat... ? Attendez, hein ? Tiamat... N’était-ce pas le nom du plus vieux dragon à apparaître dans les légendes de la Terre ? Je m’en souvenais vaguement parce que le nom était apparu dans toutes sortes de choses.

Eh bien, il avait été dit que la Mère-Dragon avait été présente bien avant que les habitants de ce continent aient formé des pays, donc elle s’était montrée à la hauteur de son nom.

J’avais demandé à la dame en blanc : « Puis-je savoir à qui j’ai le plaisir de parler ? »

« Il n’y a pas besoin d’être aussi poli avec moi. Je suis l’une des prêtresses au service de Lady Tiamat, » répondit-elle.

« Une prêtresse ? » demandai-je.

« Oui. Les dragons sont une race qui vit mille ans. Cependant, si le partenaire d’un dragon quitte ce monde avant d’avoir eu des enfants, ce dragon vit longtemps dans la solitude. Ces dragons retournent donc dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, devenant des prêtresses au service de Lady Tiamat. Elles s’occupent de Lady Tiamat, entretiennent le Château de Cristal et s’occupent des jeunes dragons. »

En d’autres termes, les dragons qui avaient perdu leur famille retournaient dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon pour devenir prêtresses.

« Ne peuvent-ils pas se remarier avec un autre chevalier ? » avais-je demandé.

« Il y en a qui le peuvent, » avait répondu la femme. « Cependant, c’est une question de destin. C’est déterminé par le destin de chacun, et il s’agit de la bénédiction de Lady Tiamat qui lie les destins des hommes et des dragons. »

Déterminé par le destin, hein. Alors, la Mère-Dragon était-elle un dieu du jumelage, ou une chose dans le genre ?

Cela mis à part, j’avais décidé de poser la question qui me tracassait depuis un certain temps déjà.

« Au fait, où est-ce que nous nous trouvons ? Je suis presque sûr que j’étais avec mes compagnons dans le village où nous avions convenu de nous rencontrer il y a un instant…, » demandai-je.

« Cette zone se trouve à cinq kilomètres au nord-est de ce village, » déclara la femme. « Lady Tiamat a utilisé son pouvoir pour vous faire venir ici. »

Qui aurait pu s’attendre à de la téléportation ? Apparaître dans les rêves, transporter instantanément des personnes... Les pouvoirs de la Mère-Dragon étaient vraiment hors-norme. Je pouvais voir pourquoi les personnes la vénéraient.

« Est-ce que tous les dragons peuvent faire des choses comme ça !? » m’étais-je exclamé.

« Non, » répondit la prêtresse. « Ceci n’est possible que pour Lady Tiamat, qui a vécu une éternité, et qui est adorée comme un dieu. Il s’agit de son intervention divine, pourrait-on dire. Elle n’utilisera jamais ce pouvoir pour ses propres désirs égoïstes. »

« ... J’espère que je peux le croire, » répondis-je.

Après tout, utilisé correctement, c’était un pouvoir au potentiel destructeur illimité. C’était quelqu’un dont je ne voulais pas et que je ne pouvais pas me permettre d’en faire un ennemi. Je voulais vraiment qu’elle soit un dieu qui veille sur le monde, mais qui n’interviendrait pas ainsi.

Je m’étais alors gratté la tête. « Bref, vous disiez que vous m’emmèneriez à Dracul, mais qu’en est-il des compagnons que j’ai laissés dans ce village ? Je n’ai peut-être pas encore été couronné, mais je suis un roi, vous savez ? Ma soudaine disparition n’a-t-elle pas causé une panique totale ? »

La prêtresse-dragonne m’avait regardé en s’excusant, et avait baissé la tête profondément. « Je dois m’excuser. En raison de l’urgence de notre situation, bien que je réalise que c’est impoli, je vous demande de venir à Dracul seul. L’une de mes collègues-prêtresses se dirige actuellement vers vos compagnons pour leur expliquer la situation. Nous inviterons vos compagnons à venir un autre jour, à un moment donné avant le jour de la cérémonie. »

« Aurai-je une explication de ces circonstances ? » avais-je demandé.

« S’il vous plaît, demandez les détails à Lady Tiamat. Je dirai simplement... que Lady Tiamat souhaite que vous participiez à la Cérémonie du Contrat de cette année, » répondit-elle.

La Cérémonie du Contrat... C’était là que les chevaliers et les dragons formaient des contrats de mariage, n’est-ce pas ? Est-ce que cela signifiait que, comme Hakuya l’avait espéré, je participerais en tant que partenaire ?

« Je suis le roi de Friedonia, vous savez ? » avais-je dit. « Je ne suis pas du Royaume des Chevaliers Dragons Nothung, et je n’ai absolument aucune intention de devenir un Chevalier Dragon. »

« Ce n’est pas un problème, » déclara la prêtresse avec confiance. « Si Lady Tiamat dit que vous êtes digne d’y participer, c’est tout ce qu’il y a à faire. D’ailleurs, j’ai entendu dire que le premier roi d’Elfrieden était un héros qui a formé un contrat avec un dragon. »

La prêtresse parlait avec certitude, comme si la parole de la Mère-Dragon était absolue. Même si c’était... Je ne savais pas quoi dire sur le fait qu’on m’avait soudainement dit d’épouser un dragon que je n’avais jamais rencontré auparavant. Eh bien, mes fiançailles avec Liscia et Roroa avaient été selon le même principe, mais ce n’était pas exactement une chose à laquelle on pourrait s’habituer.

« Mais le contrat n’est-il pas un vœu entre mari et femme ? » avais-je demandé. « Vous savez, je ne suis pas encore marié, mais j’ai déjà quatre fiancées. Est-ce que cela ne pose pas de problème ? »

« Ce n’est pas un problème, » répondit la prêtresse. « Ce contrat n’est en aucun cas quelque chose qui a déjà été décidé. Si vous ne voulez pas conclure un contrat avec quelqu’un, humain ou dragon, vous pouvez prendre cette décision. »

Oh, je vois, pensais-je. La Cérémonie du Contrat n’est pas quelque chose dans laquelle je serai forcé d’accepter donc. Alors, c’est plus comme une séance de jumelage dont il est difficile de se sortir parce que je ne peux pas me permettre d’offenser mes parents ou l’autre partie. Si c’est simplement ça... Je commençais à me sentir mieux dans cette situation.

« Cependant, Lady Tiamat est celle qui lie les destins des humains et des dragons, » déclara la femme. « Lady Tiamat s’est donné la peine de vous appeler ici, donc je soupçonne qu’il y a quelqu’un que vous devez rencontrer. »

J’étais sans voix.

La prêtresse l’avait dit avec la même confiance qu’auparavant.

Est-ce que cela signifiait qu’il y avait un dragon dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon qui était destiné à être avec moi ? Et si j’y allais, est-ce que j’allais être coincé quant au fait de devoir la prendre pour épouse ?

Quand j’avais pensé à la réaction de Liscia et des autres, ma tête avait commencé à me faire mal.

Puis la prêtresse-dragonne avait commencé à briller une fois de plus et s’était transformée en dragon. « Maintenant, je vous emmène immédiatement à Dracul. »

« Qu’est-ce que c’est ? Tout de suite !? » demandai-je.

« Oui. Lady Tiamat a dit que c’était vraiment très urgent, » répondit-elle.

Urgent ? Les circonstances étaient-elles si pressantes ?

La prêtresse-dragonne m’avait serré avec force avec sa grande patte avant. Oh, elle était recouverte d’une fine couche de fourrure, et c’était plutôt chaud... Attendez, ce n’était pas le moment de penser à ça !

« Attendez ! Je ne suis pas émotionnellement préparé pour — attendez, ah ! » criai-je.

« Maintenant, allons-y, » déclara-t-elle.

« Tenez-moi bien ! Ahhhhhhhhhhhhh ! » avais-je crié.

J’avais été instantanément emporté dans le ciel.

 

☆☆☆

 

« Oh... » Pendant un instant, Naden avait senti à nouveau le bourdonnement sur ses joues.

C’était légèrement engourdissant, comme s’il y avait une secousse d’électricité qui les traversait. C’était plus fort que la dernière fois.

Naden s’était demandée ce que cela pouvait être, mais... elle avait de plus grandes préoccupations. Après tout, elle avait été convoquée par la Mère-Dragon en ce moment même.

Au centre du plateau de Dracul, il y avait un lac, le Lac Drag, qui était assez grand pour que les vagues se forment à sa surface. Dans ce lac se trouvait le Château de Cristal, où résidait la Mère-Dragon.

Ce palais était fait d’un matériau inconnu qui était translucide comme du cristal, et il était plus massif que n’importe quel château dans le monde à l’extérieur de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Le maître de ce château, la Mère-Dragon, avait la taille d’une colline, il était donc naturel que sa résidence soit si grande.

Naden était dans la salle d’attente du Château de Cristal. Tous ceux qui avaient été appelés par la Mère-Dragon attendaient dans cette pièce, puis étaient magiquement appelés à apparaître devant elle quand elle avait le temps de les voir.

D’ailleurs, bien qu’il n’y ait pas de règles strictes à ce sujet, il était d’usage de prendre la forme d’un dragon, et non la forme humaine, lors d’une rencontre avec la Mère-Dragon. C’était parce que leur forme humaine était temporaire, prise pour être avec un chevalier, et qu’il était considéré comme inapproprié d’apparaître devant un dieu comme la Mère-Dragon sous cette forme. Cependant, Naden était encore sous sa forme humaine.

Elle ne l’avait pas fait parce qu’elle comparaîtrait devant la Mère-Dragon. Naden était habituellement sous forme humaine. Elle détestait sa forme de dragon, qui lui avait valu d’être ridiculisée en tant que « lézard sans ailes » et « ver ». Pour dire les choses simplement, elle avait développé un complexe à ce sujet.

Est-ce que le fait d’avoir des ailes... et de pouvoir voler vous rend tous si géniaux... ? Naden marmonnait ça dans sa tête.

La zone autour d’elle avait soudainement commencé à briller. Puis, l’instant d’après, un dragon massif en argent de la taille d’une colline était apparu.

Ses yeux brillaient comme des saphirs. Ses cornes semblaient incroyablement puissantes. Ses ailes étaient grandes et puissantes, avec des plumes comme celles d’un oiseau. Chacun d’entre eux était aussi gros qu’un sabre.

De plus, tout son corps était couvert de poils lisses, et dans la lumière qui brillait du plafond ouvert, elle scintillait d’une couleur qui allait et venait entre l’argent et l’arc-en-ciel. C’était un être si absolu que même Naden, qui l’avait vue à maintes reprises, était paralysée par ce spectacle et regardait avec admiration chaque fois qu’elle la rencontrait.

Elle était la reine des dragons, la sainte Mère-Dragon, Tiamat.

Quand Naden était finalement revenue à la raison, elle s’était agenouillée, mettant la main sur sa poitrine et inclinant la tête. « ... Naden Delal. Je suis ici, à votre demande. »

Naden avait feint le calme, mais son cœur battait la chamade. Elle ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter des raisons pour lesquelles la Mère-Dragon pourrait être en colère contre elle.

Est-ce que c’est en raison du fait que je ne suis pas allée à mes entraînements pour la Cérémonie du Contrat ? Est-ce mon combat avec les autres dragons ? Ou bien... est-ce que c’est, car j’ai ramené ici un simple récepteur fabriqué dans l’Empire du Grand Chaos ? Qu’est-ce que je vais faire si elle me dit de m’en débarrasser ?

 

 

« Lève la tête, Naden. »

Naden entendit que la voix paisible venait d’en haut de sa tête. La voix ressemblait à trois personnes parlant en même temps, comme s’il y avait un écho dans le cœur de l’auditeur.

Quand elle avait levé la tête comme la voix lui avait dit de le faire, ces yeux saphir étaient fixés sur le visage de Naden. Dans cette atmosphère tendue, Naden pensait qu’elle pouvait sentir la sueur couler dans son dos.

« Hmm... Euh... »

Naden avait essayé de dire quelque chose, mais sa langue ne bougeait pas correctement.

Tiamat n’avait pas l’air en colère contre elle. Si elle devait décrire ce qu’elle voyait alors, c’était un regard doux qui était présent sur son visage.

Ne va-t-elle pas se fâcher contre moi ? Alors pourquoi ai-je été appelée ici ? Pourquoi Lady Tiamat me regarde-t-elle avec des yeux si doux ?

Ces questions s’étaient posées l’une après l’autre, jetant le cœur de Naden dans le désarroi. « Hmm... Lady Tiamat... ? »

Quand elle avait réussi à faire sortir ces mots, Tiamat avait commencé à parler avec douceur. « L’engrenage qui bouge furieusement s’approche de l’engrenage qui s’est arrêté. »

« ... Hein ? » Naden n’avait aucune idée de ce qu’on venait de lui dire. Engrenage ? De quoi parlait-elle ?

Sans se soucier de la confusion de Naden, Tiamat avait continué. « Éventuellement, les deux vitesses s’engrèneront. L’engrenage arrêté sera forcé de commencer à se déplacer, et l’engrenage qui tourne furieusement comme s’il était entraîné par quelque chose ralentira son rythme. Cependant, il n’y a pas de quoi être triste. Cela signifie simplement qu’ils tourneront au même rythme. »

« E-Euh. Je n’ai aucune idée de ce dont vous parlez... ? » demanda Naden.

C’était trop abstrait pour que Naden comprenne. Avait-elle été appelée ici pour entendre ça ? L’engrenage qui tourne furieusement... L’engrenage arrêté... Le maillage des deux... ?

« Naden. »

« Oui ! »

Les yeux de Tiamat étaient fixés sur elle, alors que Naden s’était levée.

« Sois prête. Cela va bientôt commencer à bouger. »

Préparé ? Commencer à bouger ? Qu’est-ce que... ?

« Euh... Lady Tiamat... qu’est-ce qui va commencer à bouger ? » Naden avait demandé ça.

Tiamat avait pris le visage d’un ange livrant une révélation, ou d’une mère veillant sur son enfant, et lui avait dit. « Ton heure. »

☆☆☆

Chapitre 3 : La réduction de la distance entre eux deux

Partie 1

« Froid... Haut... Effrayant..., » murmurai-je.

En ce moment, je volais dans le ciel en étant porté par la prêtresse-dragonne.

Mon corps était enveloppé par la patte avant du dragon, donc il faisait raisonnablement chaud, mais mon visage était directement exposé au vent, et il faisait froid.

Ça, et c’était vraiment effrayant d’être aussi haut. Cela n’avait rien à voir avec l’acrophobie — j’étais à peu près sûr que quiconque se retrouvait soudainement en position de parachutisme sans expérience passée aurait peur. C’était à ça que cela ressemblait.

« Je m’excuse pour le désagrément, » avait dit la prêtresse-dragonne. « Cependant, un dragon ne laisse que son partenaire monter sur son dos. Pardonnez-moi de vous porter comme ça. »

La prêtresse-dragonne avait l’air de s’excuser, mais je n’étais pas convaincu que c’était le problème ici.

« Non, ce n’est pas que je voulais monter sur votre dos…, » déclarai-je.

Franchement, la seule raison pour laquelle je n’étais pas encore plus effrayé, c’était que seule ma tête avait été exposée à l’extérieur. Si j’avais été sur son dos, ressentant la vitesse et la pression du vent avec tout mon corps, j’étais sûr que je me serais évanoui.

Les membres de nos Forces Aériennes volent aussi haut…, avais-je réalisé

La prêtresse-dragonne demanda : « Avez-vous peur des hauteurs, Sire Souma ? »

« Hein ? Euh, oui. En quelque sorte..., » avais-je répondu.

« Dans ce cas, j’irai plus vite pour que nous puissions arriver à destination plus tôt. » Après cela, la prêtresse-dragonne avait énormément accéléré.

« Non, ça ne veut pas dire que je veux que vous alliez plus viteeeeeeeeeeeeeeeeee ! » avais-je crié le plus fort à ce jour.

☆☆☆

« Arg ! » Naden avait crié.

Après avoir quitté le Château de Cristal, elle était sur le chemin du retour vers sa tanière lorsque la plus grosse secousse qu’elle avait ressentie toute la journée l’avait frappée.

Ce n’était pas de l’électricité statique. C’était comme si vous serriez avec force votre pied quand il était engourdi parce que vous étiez assis dessus depuis trop longtemps ou que quelqu’un s’était soudainement agrippé à vos côtés. C’était une sorte de sentiment chatouilleux et stimulant.

Naden s’était alors frotté les joues et avait dit : « J’ai pensé que c’était peut-être mes joues, mais cela pourrait-il être... ? »

Puis elle avait été interrompue par quelque chose d’autre.

« Toi, le ver de terre, » déclara une voix aiguë et prétentieuse.

Quand Naden avait réagi et avait tourné la tête, il y avait trois filles. L’une d’elles était une belle jeune fille aux yeux provocateurs et aux cheveux bouclés qui ressemblait à l’incarnation de l’arrogance, tandis que les deux autres étaient ses larbins aux cheveux bleus et verts.

La fille aux cheveux rouges et bouclés était Ruby, son acolyte aux cheveux bleus courts était Sapphire, et l’acolyte aux longs cheveux verts était Emerada.

Naden marchait sur une petite route dans la forêt. Les trois autres filles étaient debout devant elle afin de la bloquer.

Avec un regard de mépris total, Naden marchait vers elles. « Oh, regarde... Les trois larbins. »

« Qui traites-tu de larbin !? » s’exclama Ruby.

« Dois-je plutôt t’appeler drag... ons ? » Naden s’était moquée d’elle.

« D’où vient cette pause au milieu ? » demanda Ruby.

« D’après la façon dont ça se répète encore une fois. Tu viens me déranger sans raison valable, » répondit Naden.

Comme vous l’avez deviné dans cet échange, Naden détestait ces trois-là. Ce pays n’était pas accueillant tant sur le plan géographique que sur le plan diplomatique. Et ainsi, les dragons avaient aussi des personnalités repliées sur eux-mêmes. C’est pourquoi il ne manquait pas de dragons qui se moquaient d’elle en tant que « lézard sans ailes » ou « ver ».

Les dragons se vantaient d’être des créatures vénérées comme des bêtes divines, de sorte que la plupart d’entre eux ne voulaient pas dire à Naden en face d’elle comment ils la considéraient. Mais ils l’avaient quand même dit malicieusement dans son dos.

Ces trois-là étaient les seules à s’en prendre ouvertement à Naden.

Ruby s’était moquée de Naden. « Hmph ! J’ai entendu dire que Lady Tiamat t’a appelée, alors je suis venue voir si tu t’es finalement fait jeter dehors. Eh bien ? Était-elle en colère ? »

« Alors, dommage pour toi, » Naden avait riposté. « Il n’y avait rien qui la contrariait. »

« Hmph. Alors, pourquoi as-tu été convoquée ? » demanda Ruby.

« Je ne vois pas en quoi ça te regarde. Maintenant, dégagez de mon chemin, » déclara Naden.

Naden avait essayé de les contourner, mais Ruby l’avait immédiatement bloquée.

Naden avait essayé de faire demi-tour, mais Sapphire et Emerada l’avaient encerclée.

« ... Vous trois, arrêtez, d’accord ? » demanda Naden.

Quand Naden les avait regardés, Ruby avait affiché un sourire empli de méchanceté.

« Oh, oui, est-ce à propos de la Cérémonie du Contrat qui se déroule bientôt ? » demanda Ruby.

Naden avait dégluti en entendant ça. Les trois filles étaient toujours autour d’elle, et Ruby scrutait de près son visage.

« C’est si romantique, » déclara Ruby. « Les jeunes dragons et les jeunes chevaliers se rencontrent tous, les nobles chevaliers offrent leurs mains aux dragons, et les dragons acceptent leurs mains pour devenir des partenaires pour la vie. C’est le point culminant de la vie de chaque dragon. Le moment où l’on peut dire que nous brillerons de mille feux. »

Naden était restée silencieuse.

« Au cours de ce jour le plus important, je me demande s’il y aura un chevalier qui daignera te choisir. » Les coins des lèvres de Ruby s’étaient retroussées, et ses canines en forme de crocs avaient fait leur apparition. C’était un sourire désagréable. « Les dragons préfèrent les chevaliers forts. Les chevaliers forts produisent des descendants prospères, une marque de fierté pour tout dragon. Les chevaliers préfèrent les dragons magnifiques et majestueux. Pour les chevaliers de Nothung, les dragons sont leurs partenaires dans le mariage et sur les champs de bataille. Pour se distinguer au combat et gravir les échelons — sans parler de survivre —, ils choisiront des dragons forts, majestueux et féroces. »

Triomphantes et moqueuses, les paroles de Ruby frappaient durement aux oreilles de Naden.

« Mais qu’en est-il de toi ? Y aura-t-il un chevalier qui te choisirait ? Toi qui n’as pas d’ailes, ne craches pas de feu et ne peux pas voler ? Même si c’est le cas, que fera-t-il ? Est-ce qu’il va te monter ? Va-t-il regarder le reste des chevaliers dragons voler dans le ciel pendant qu’il se bat sur un dragon qui n’est guère mieux qu’un cheval ? Hahahaha, quel idiot ! Il ne peut pas exister en ce monde, c’est sûr ! »

Bzzt !

Ruby avait sauté vers l’arrière lorsque le son était soudainement venu de Naden.

Les cheveux de Naden commencèrent à se tenir debout, et son corps était couvert d’une couronne de décharges électriques bleu pâle. Ses cheveux volumineux s’étalent, se tortillant dans l’air comme des tentacules.

Naden s’était tournée vers Ruby, pointant un doigt vers elle en disant : « Ferme ta sale bouche. Si tu ne le fais pas, je te paralyserai. »

« Hmph ! Fais-le, si tu peux, » déclara Ruby.

L’instant d’après, un éclair bleu d’électricité avait jailli du bout des doigts de Naden. Cependant, au moment où il avait atteint sa cible, Ruby n’était plus là, et le tronc de l’arbre qui était derrière elle avait été brûlé à sa place.

Naden avait levé les yeux vers le ciel et avait hurlé, « Tch ! Descends ici, sale lâche ! »

Il y avait trois dragons, rouge, vert et bleu, suspendus dans les airs. C’était Ruby et ses larbins. Les trois dragons battaient de leurs ailes membraneuses, en forme de dragon, tout en regardant Naden.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’allais pas nous paralyser ? » Dans sa forme de dragon rouge, Ruby semblait être devenue encore plus méchante. « Oh, c’est vrai. Même si tu peux contrôler l’électricité, tu ne peux pas nous frapper si tu ne peux pas voler. »

« Tais-toi ! » Naden avait crié.

« Qui te choisirait ? » demanda Ruby d’un ton moquer.

« Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi ! » cria Naden.

« Tu ferais mieux de participer à la cérémonie. Ne t’enfuis pas. Même si je suis sûre que personne ne te choisira, ce serait bien de te voir à ta place, » déclara Ruby.

« Arg ! » Naden avait commencé à pleurer.

Naden s’était enfuie, tournant le dos à Ruby et aux deux autres dragons

Bon sang... Bon sang...

Elle ne voulait pas qu’ils voient ses larmes de tristesse et de frustration. Si elle pleurait, cela ne ferait que les laisser se complaire dans leur sens de supériorité. Aucune chance qu’elle fasse ça.

Mais je suis sûre que personne ne te choisira.

Alors que les paroles de Ruby résonnaient dans ses oreilles, elle imaginait les autres dragons se moquant d’elle lors de la Cérémonie du Contrat.

Pai et Lady Tiamat lui avaient dit de participer, mais elle ne voulait pas qu’on se moque d’elle !

Qui... Qui irait à la stupide Cérémonie du Contrat ?

Naden avait disparu dans la forêt.

◇ ◇ ◇

Après m’être habitué à aller à grande vitesse, j’avais parlé à la prêtresse-dragonne alors que nous nous rapprochions de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

« Alors, je voulais poser une question, » demandai-je.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle en retour.

« Cet endroit de Dracul, où vivent les dragons, est-ce au sommet de ces montagnes ? » demandai-je.

« Oui. C’est exact, » répondit-elle.

« Je vais encore bien maintenant, mais si vous me portez là-haut, est-ce que ça va aller quand il s’agit d’air et de tout le reste ? Je préfère ne pas souffrir des effets causés par l’altitude, » dis-je.

Il s’agissait de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, une série de montagnes de la taille du mont Fuji. Le plateau de Dracul lui-même était maintenu dans un état de printemps perpétuel par la magie de Mère-Dragon, et l’air n’était pas différent de l’air au niveau du sol, mais qu’en est-il de l’itinéraire ?

Si je devais vivre une expérience équivalente à celle d’être soudainement jeté au sommet du mont Fuji, ce serait dangereux pour ma santé.

La prêtresse-dragonne secoua la tête. « Vous n’avez pas à avoir peur. Une fois que nous entrons dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, le pouvoir magique de Lady Tiamat vous transportera directement jusqu’au Château de Cristal à Dracul ».

... Donc, c’était ça. En gros, il s’agissait d’une autre téléportation comme je l’avais expérimentée plus tôt.

« Dans ce cas, n’aurait-elle pas pu me transporter dans ce château ou n’importe où dès le départ ? » demandai-je.

« Lady Tiamat ne peut exercer pleinement son pouvoir qu’au sein de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Dans d’autres pays, ses capacités sont très limitées. Quand vous êtes aussi loin que ce village, elle ne peut vous téléporter que sur de courtes distances, » répondit-elle.

... Peut-on vraiment appeler quelques kilomètres une courte distance ?

Eh bien, il semblait qu’au moins, elle ne pouvait pas soudainement envoyer des dragons n’importe où sur le continent alors c’était un faible soulagement. Je n’avais même pas la moindre intention de m’opposer à elle, mais c’était quand même troublant de la voir détenir unilatéralement le pouvoir de vie et de mort sur moi. Bien que, eh bien, je pouvais certainement dire que Mère-Dragon était à un niveau complètement différent des autres créatures.

Pendant que je pensais cela, la prêtresse-dragonne avait pris de la vitesse. « Nous entrerons bientôt dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. S’il vous plaît, préparez-vous pour le transport. »

« Me préparer ? Comment suis-je censé faire ça ? » demandai-je.

« Ne soyez pas surpris si le paysage autour de vous change soudainement, » déclara-t-elle.

« Oh, alors c’est ce que vous vouliez dire…, » commençai-je.

La vitesse de la prêtresse-dragonne avait maintenant ralenti, et quand elle s’était presque entièrement arrêtée…

☆☆☆

Chapitre 3 : La réduction de la distance entre eux deux

Partie 2

... le paysage avait changé. Nous étions avant ça à haute altitude, mais maintenant le sol était sous mes yeux.

La prêtresse-dragonne m’avait déposé, et j’avais enfin pu remettre les pieds sur la terre ferme.

J’avais regardé autour de moi, me demandant où je pourrais être. C’était lumineux, donc je pouvais voir, mais c’était un espace incroyablement vaste dans lequel je me trouvais. Il y avait un mur blanc devant mes yeux, mais quand je m’étais tourné pour regarder derrière moi, le mur de l’autre côté était très loin. Cet endroit pourrait être plus grand qu’un stade sous dôme.

Quand j’avais levé les yeux vers le plafond, en y pensant encore, j’avais dégluti. Ce n’était pas un mur !?

Ce que j’avais vu à ce moment-là, c’était la tête d’un dragon géant. En ce moment, j’étais devant un dragon massif qui était assis comme le sphinx. Cette tête... C’était le même dragon que j’avais vu dans mon rêve.

Est-ce que cela signifiait que ce dragon super grand était la Mère-Dragon ? Je pensais qu’elle était grande quand je l’avais vue dans mes rêves, mais parce que c’était un rêve, sa taille avait été un peu floue. Quand je l’avais vue de près et personnellement comme ça, elle semblait encore plus grande que ce que j’avais imaginé dans mon rêve.

J’avais entendu une voix d’en haut. « Vous avez bien fait. Laissez-nous un peu seuls. »

Le dragon qui m’avait transporté aussi loin avait alors dit : « Compris. »

Elle avait baissé la tête, puis avait disparu d’un coup. Mère-Dragon l’avait probablement téléportée.

Alors que j’étais encore frappé de mutisme, Mère-Dragon s’était adressée à moi d’une voix douce (bien que psychique). « Maintenant, je pense qu’il serait bien trop hautain de ma part de rester sous cette forme devant le maître d’une nation. »

Après avoir dit ça, son corps avait commencé à briller puis à rétrécir. Quand la lumière brillante s’était éteinte, j’avais vu une femme qui avait à peu près la même taille que moi. Son visage était couvert d’un voile, je ne pouvais donc pas dire son âge ou son apparence, mais la femme portait un vêtement en argent brillant et avait une silhouette bien équilibrée. Elle me faisait penser à la Vénus de Milo, et bien que je ne pouvais pas voir son visage j’avais eu l’impression qu’elle était incroyablement belle.

« Est-ce que c’est... votre forme humaine ? » J’étais stupéfait, mais j’avais réussi à faire sortir ces mots.

Elle avait gloussé. « Est-ce ma forme humaine, me demandez-vous ? C’est un bon nom pour ça. » La femme souleva l’ourlet de sa robe et s’inclina. « Je suis heureuse de pouvoir vous rencontrer en personne. Je vous salue, roi Souma d’Elfrieden et Amidonia. Je suis Tiamat, la responsable de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« C’est un honneur de vous rencontrer, Lady Mère-Dragon. » Je lui avais rendu sa révérence. « Je suis le roi Souma de Friedonia. »

La Mère-Dragon avait gloussé. « Ce nom est quelque chose que les autres avaient commencé à utiliser pour me nommer de leur propre gré. Appelez-moi simplement Tiamat. »

« Comme vous voulez, Lady Tiamat. Euh... désolé pour mon apparence, » déclarai-je.

Beaucoup trop tard, j’avais réalisé que j’étais encore dans cette tenue de voyageur de style Kitakaze Kozou. Je me sentais mal dans cet accoutrement, debout devant la figure divine que je voyais devant moi. Après tout, je n’avais pas eu le temps de me changer. Mais quand j’avais dit cela, Tiamat avait secoué la tête.

« Non, vous ressemblez à ça parce que je vous ai appelé si soudainement. Si quelqu’un doit s’excuser, c’est moi. Pour commencer... asseyons-nous, » déclara Tiamat.

Une table en verre et deux chaises assorties étaient soudain apparues entre nous. La téléportation était un moyen pratique. Si j’avais cela, je pourrais trouver instantanément les documents que je cherchais lorsque je travaillais, alors je le voulais vraiment...

Je pensais vraiment comme un esclave du travail.

Une fois que nous nous étions assis, Tiamat avait commencé par largement incliner la tête. « D’abord, permettez-moi de m’excuser de vous avoir amené ici par la force. »

« J’accepte ces excuses », avais-je dit. « Mais pourrais-je vous demander d’expliquer vos raisons ? J’étais déjà en route avec mes compagnons quand vous l’avez fait. »

« Je vais vous le dire, bien sûr. Mais d’abord…, » commença-t-elle.

Soudain, un service à thé était apparu devant mes yeux. La tasse de thé devant moi était déjà remplie d’une chaude portion de thé noir.

« Prenons le thé. Prenez-vous du sucre ou du lait ? » demanda-t-elle.

« Non, c’est très bien ainsi, » répondis-je.

Il était temps pour moi d’arrêter d’être surpris par chaque petite chose. Après tout, elle était vénérée comme un dieu.

J’avais pris une gorgée de thé afin de me calmer les nerfs. Franchement, j’aimais plus le café, mais... il avait un bon parfum. Tiamat avait bu son thé, puis avait respiré profondément avant d’ouvrir la bouche pour parler.

« Quant à ce qui m’a poussé à vous forcer à venir ici, c’est qu’il y a une situation d’urgence qui menace la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon qui viendra très prochainement. Pour le résoudre, j’ai besoin de vos... non, des pouvoirs de vous tous. C’est pourquoi je vous ai convoqué ici, consciente que je pourrais vous offenser, » déclara-t-elle.

Elle avait une sorte de problème sur les bras. Et qu’est-ce qu’elle voulait dire sur nos pouvoirs à tous ? Pour autant que je sache, j’étais le seul ici.

« Quelle est exactement cette situation d’urgence dont vous parlez ? » avais-je demandé.

« Une tempête s’approche de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, » avait répondu Tiamat avec un ton mystérieux dans sa voix.

Une tempête ? Dracul n’était-il pas un plateau à une altitude équivalente au sommet du mont Fuji ? N’entendraient-ils pas le tonnerre venant d’en bas ? Mais en y pensant un peu plus longtemps, je m’étais souvenu que le sommet du mont Fuji pouvait être orageux. Après tout, on disait que les cumulonimbus peuvent aller jusqu’à la stratosphère. Non, mais avant ça...

« Même notre pays ne peut rien faire contre les phénomènes naturels, » avais-je dit.

« Bien sûr, mais ce n’est pas un phénomène naturel, » déclara-t-elle.

« ... Est-ce une sorte de métaphore ? » demandai-je.

« Oui, c’est vrai, » répondit Tiamat. « J’ai exprimé une menace imminente comme une tempête. Pour faire face à cette tempête, nous aurons besoin de votre puissance, Sire Souma, et de celle de l’un et de l’autre. Pour vous lier tous les deux, j’avais besoin que vous veniez à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon tout seul. »

Tiamat parlait d’une voix calme, presque comme si elle composait de la poésie.

« Il ne reste plus beaucoup de temps, » continua-t-elle. « Si nous attendions que vous veniez avec votre entourage, il y avait un risque que la situation devienne incontrôlable. Cependant, même si nous expliquions la situation, il n’y a pas moyen que les vassaux d’un roi lui permettent d’aller seul dans un autre pays. Pour cette raison, nous avons eu recours à des méthodes un peu plus énergiques. Je m’excuse encore une fois. Je suis désolée pour ce qu’on vous a fait subir. »

Tiamat m’avait offert un salut sincère.

J’avais la Mère-Dragon qui était vénérée comme un dieu, inclinant la tête devant moi. Que diraient Liscia, ou les autres personnes proches de moi, s’ils en entendaient parler ?

Cela mis à part, elle m’avait dit qu’elle m’avait fait partir ainsi parce qu’il y avait « peu de temps », mais elle était terriblement vague quant à la raison.

« Vous vous êtes déjà assez excusée, » avais-je dit. « Pourrais-je vous demander une explication plus concrète sur cette tempête, ou quoi que ce soit d’autre, dont vous me parlez ? »

« La tempête viendra certainement. Je ne peux pas toucher la tempête directement. Cependant, mes enfants ne peuvent pas s’en charger eux-mêmes. Sauf... pour l’une d’elles. La tempête sera une misérable calamité. Nous avons besoin de vous, qui serez la clé pour y faire face, et de cette fille qui vous portera. C’est un miracle que la calamité et les moyens de la résoudre se soient rencontrés dans ce laps de temps, mais si l’on considère l’écoulement éternel du temps dans son ensemble, c’était peut-être une fatalité ».

J’étais silencieux. Je n’avais vraiment pas compris.

Je m’étais alors gratté la nuque. « Je pense que cette façon détournée de parler des choses est digne d’un dieu, mais... »

« Si vous trouvez ça désagréable, je m’en excuse. Cependant, c’est le plus de “conseils” que je puisse vous donner, » déclara-t-elle.

« Conseils…, » avais-je murmuré.

« Je suis un être qui existe pour élever et veiller sur ceux qui vivent sur ce continent de Landia. Je peux offrir des conseils qui orientent les choses dans une meilleure direction, mais on ne m’a pas donné l’autorité d’intervenir directement dans les affaires individuelles, » expliqua Tiamat.

« Si l’on ne vous a pas donné l’autorité, ça veut dire qu’il y a quelqu’un qui existe à un niveau supérieur au vôtre !? » m’étais-je exclamé.

La Mère-Dragon était considérée comme le dieu le plus élevé par les pratiquants du culte de la Mère-Dragon. S’il y avait un être en position de lui donner de l’autorité, cela ne ferait-il pas de lui le dieu le plus élevé ? Si les pratiquants du culte de Mère-Dragon l’entendaient (en mettant de côté la question de savoir s’ils y croiraient ou non), cela pourrait causer un chaos incroyable...

Pendant que je la regardais, stupéfait, Tiamat secoua la tête en silence.

« Il était là une fois. Mais il ne l’est plus, » déclara-t-elle.

« V-Vraiment ? » demandai-je.

C’était comme dire que Dieu est mort ? Je ne pouvais pas prendre une décision sur la base des informations dont je disposais, mais Tiamat m’avait fait un sourire un peu triste.

« Oui. Cependant, les limites que l’on m’impose sont toujours présentes. C’est ainsi que je suis née, et je dois donc continuer à respecter ces limites. Même en sachant que mes propres enfants seront exposés à la tempête, je ne peux rien y faire, » expliqua-t-elle.

« Alors vous m’avez appelé ici à cause de cette tempête ? » avais-je achevé de décrire sa raison.

« C’est exact, » me répondit-elle.

« Je pense qu’en ce qui concerne les humains, je suis l’un des plus faibles de ce monde, » avais-je avoué devant elle.

« Les prouesses martiales n’ont rien à voir avec ça, » déclara-t-elle. « Votre existence même est la clé. »

« Est-ce que ça a quelque chose à voir avec la façon dont j’ai été convoqué en tant que héros ? » demandai-je.

« Oui. Cependant, je ne peux pas vous dire exactement de quelle façon, » répondit-elle.

« Je ne sais pas..., » je m’étais gratté la tête.

En me basant uniquement sur les informations qui m’avaient été fournies, cela ne m’avait pas semblé être quelque chose vis-à-vis de laquelle je pourrais me permettre de prendre une décision facilement. Cependant, vu la sincérité de Tiamat, je pouvais au moins être absolument sûr que la situation était urgente.

Argh. Si j’avais eu Hakuya et ses talents d’orateur ici, j’aurais pu extraire de Tiamat autant d’informations que possible dans ses limites, et si j’avais eu l’une de mes fiancées avec moi, j’aurais pu les consulter sur ce qu’il fallait faire.

En parlant de Liscia et des autres...

« Lady Tiamat », avais-je dit. « J’aimerais que vous répondiez à une seule chose pour moi. »

« Qu’est-ce que ça pourrait être ? J’espère que c’est quelque chose que je suis autorisé à vous dire, » déclara Tiamat.

« C’est une question de oui ou non, » j’avais fini mon thé et je m’étais calmé, puis je m’étais replacé sur ma chaise. J’avais regardé Tiamat droit dans les yeux, et je lui avais demandé : « Est-ce que cette tempête, ou quoi que ce soit dont vous me parlez, est quelque chose qui ferait du mal à moi, ou à ceux qui vont devenir ma famille ? »

Si je ne pouvais pas connaître tous les détails de toute façon, je voulais au moins m’assurer de la seule chose qui était la plus importante pour moi.

Madame Tiamat avait répondu : « Oui. »

Cela avait plus ou moins décidé ma réponse vis-à-vis de cette affaire.

☆☆☆

Chapitre 3 : La réduction de la distance entre eux deux

Partie 3

Naden avait longuement couru à travers la forêt.

Elle avait couru pendant tout ce temps sur les pistes de chasses, essayant de ne pas penser à quoi que ce soit. Elle agissait ainsi, car si elle réfléchissait et qu’elle considérait sa situation, même si c’était qu’un instant, elle avait l’impression qu’elle serait écrasée sous le poids de sa tristesse.

Pendant qu’elle courait, le corps de Naden s’était transformé. Elle était devenue quadrupède, son corps s’était épaissi et s’était allongé. Des bois de cerf étaient apparus. Il en fut de même d’une longue queue et deux moustaches en forme de fouet. Elle avait pris sa forme de dragon.

Elle avait contorsionné son gigantesque corps alors qu’elle se faufilait entre les arbres tel un serpent. Bien sûr, il n’y avait pas d’ailes sur son dos.

Est-ce que le fait d’avoir des ailes vous rend si grand !? Elle s’était posé la même question qu’elle s’était posée tant de fois dans sa vie. Est-ce si mal de ne pas avoir d’ailes ? Bon sang... Je ne sais même plus ! Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne peux rien faire !

À un moment donné, des larmes avaient commencé à couler de ses yeux rouges. Elles n’avaient pas voulu s’arrêter.

Assez ! Je m’en fiche maintenant !

Elle avait continué à courir et avait fini par sortir des bois.

Elle était arrivée dans un endroit rocheux. C’était une falaise abrupte, ainsi que le bord extrême de la région que la magie de Tiamat maintenait dans un état de printemps éternel. C’était la limite de Dracul. Le soleil couchant avait teint la mer de nuages qui s’étendaient sous son rouge.

Le paysage ici était vraiment digne d’être appelé époustouflant. Cependant, Naden n’avait pas eu la présence d’esprit de l’observer maintenant.

Naden s’était penchée au-dessus de la falaise, allongeant son long cou et criant aussi fort qu’elle le pouvait dans ses pensées : « Stupide soooolllleiiiiillllll ! »

Elle avait ajouté à voix haute, « Grrrrrrrrrrrrrroooooooooooooohhhhh ! »

Oooooooooooooooooooooooooooohhhh...

Oooooooooooohhhhh...

Oooohhhh.

En criant dans un discours psychique tout en rugissant au même moment, son rugissement faisait écho alors qu’il s’évanouissait quelque part au-delà des nuages.

Naden se tenait là, auréolée par le soleil.

« Ce-Cette ryuu traverse l’adolescence, » une voix qui manquait de nervosité se fit entendre de derrière Naden.

« Quoi !? » s’écria-t-elle.

Quand Naden, surprise, s’était retournée, elle avait vu qu’il y avait un jeune homme vêtu d’une tenue inhabituelle qui se tenait là. Il la regardait comme s’il avait vu quelque chose d’incroyable. Le jeune homme portant un manteau de voyageur par-dessus sa chemise et un chapeau de paille conique alors qu’il se grattait la joue pendant qu’il la regardait sans savoir quoi faire.

 

 

« Je sais par Lady Tiamat et la prêtresse-dragonne qu’il est possible de parler avec vous, mais quand je vois une fille ryuu crier quelque chose comme dans un drame d’adolescente... Je ne sais tout simplement pas comment réagir, » avait-il ajouté.

Les yeux de Naden s’étaient écarquillé. Qu’est-ce qu’un humain fait ici ? Et dans cette étrange tenue... Ce n’est pas un chevalier du Royaume des Chevaliers-Dragons de Nothung, n’est-ce pas ?

Alors qu’elle avait obtenu des informations de l’Empire par l’intermédiaire de son récepteur simple, Naden ne savait presque rien de l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, alors elle ne savait pas que la tenue du jeune homme venait de là.

Continuant à fixer Naden, le jeune homme avait ouvert la bouche et avait dit : « Pourtant, j’avais entendu dire que la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon était une nation de dragons... Mais je n’aurais jamais imaginé qu’il y aurait une ryuu ici aussi. J’ai l’impression de comprendre de moins en moins ce monde. »

Une « ryuu »... C’était ainsi que le jeune homme avait appelé Naden. « Ryuuu » était un autre mot pour dragon. Naden avait ouvert grand ses yeux.

« Une ryuu, hein..., » déclara-t-elle froidement, pensant qu’il le pensait peut-être de façon sarcastique. « Comme vous le voyez, je n’ai pas d’ailes. »

Mais le jeune homme avait incliné la tête sur le côté d’une manière interrogative. « Hein ? Mais n’est-ce pas évident ? Les ryuus n’ont jamais d’ailes. »

« Hein ? Qu’est-ce que vous racontez ? Les ryuus sont censés avoir des ailes, n’est-ce pas ? »

« Si vous parlez d’un ryuu avec des ailes, il y a l’ouryuu, aussi appelé le yinglong, mais ne sont-ils pas censés être un cas unique ? »

« Hein ? » demanda Naden.

« Hein ? » demanda aussi le jeune homme.

Il semblait y avoir une certaine incohérence entre eux.

« Attendez un peu, » dit Naden, « Quand vous dites un ryuu... vous voulez parler d’un dragon, n’est-ce pas ? »

« Un dragon ? ... Oh, je vois. Alors c’est bien ça, » répondit le jeune homme.

Le jeune homme frappa des mains, comme si quelque chose lui semblait soudain avoir du sens. Puis, prenant une branche, il avait tracé deux symboles, et , sur le sol.

« Dans le monde d’où je viens, nous avions le dragon oriental, aussi appelé ryuu ou long, et le dragon occidental, deux créatures similaires, mais dissemblables, » répondit le jeune homme.

« Votre monde ? Similaire, mais dissemblable... ? » demanda Naden.

Alors que Naden avait encore un point d’interrogation au-dessus de sa tête, le jeune homme avait dessiné un cercle autour du symbole .

« Dans mon monde, on donnait aux dragons de style occidental ce caractère, qui se lit “ryuu”. Ce sont des créatures qui ressemblent à des lézards à cornes géantes, mais avec des ailes, » déclara le jeune homme.

« Lézards géants, mais avec des ailes... C’est à peu près ça. » Naden pensait que c’était une bonne description.

C’était bon d’entendre les autres dragons, qui l’appelaient toujours un ver, se font appeler de gros lézards. C’était rafraîchissant.

« Hm ? Alors qu’en est-il de cet autre ryuu ? » demanda Naden, pointant du doigt vers le .

« Ce sont des créatures qui auraient la tête d’un chameau, les yeux d’un lapin, les oreilles d’une vache, les bois d’un cerf, le cou d’un serpent, le ventre d’un serpent de mer, les pattes d’un tigre, les griffes d’un aigle et cent sept écailles en forme de koï (un poisson) couvrant leur corps, » répondit le jeune homme.

C’était bien plus bizarre qu’un gros lézard. Quel genre de créature mystérieuse était-ce ?

« D’après ce que vous dites, on dirait des chimères, » déclara Naden.

« Non, non... Je parle de vous, là, » déclara-t-il.

« ... »

Moi !?

C’était logique. Le long corps, couvert d’écailles, les pattes avant et arrière avec des griffes acérées, et les bois de cerf... Si vous essayiez de décrire le corps de Naden à l’aide d’animaux, cela pourrait s’avérer être le cas. Elle ne savait pas quel genre de créature était un chameau, mais ressemblait-elle vraiment à un chameau ?

« Je suis une... ryuu..., » dit-elle lentement.

« Dans mon pays, quand on entend le mot ryuu, l’image qui vient en premier à l’esprit vous ressemble beaucoup, » expliqua-t-il. « C’est probablement l’effet d’un manga et d’un anime célèbres. »

« Manga ? Anime ? » demanda-t-elle.

« Peu importe, c’était juste moi qui me parlais à moi-même. Ne vous inquiétez pas pour ça. Au fait..., » commença le jeune homme.

Soudainement, le jeune homme s’était effondré au sol. Il tenait son estomac pour une raison inconnue.

« Attendez ! Qu’est-ce qui ne va pas !? Avez-vous mal à l’estomac ? » s’exclama Naden.

« Non, euh... J’ai faim... J’ai été traîné jusqu’ici avant le petit-déjeuner, et maintenant que j’y pense, je n’ai pas mangé de toute la journée, » répondit-il.

« Alors vous avez juste faim ! » cria une Naden exaspérée.

Bzzt ! Ce sentiment d’engourdissement était revenu en elle.

Dans sa forme de ryuu, elle pouvait le dire. Ses joues étaient un peu engourdies, mais ce qui avait vraiment réagi, c’étaient ses deux longues moustaches en forme de fouet. Ces moustaches étaient les organes sensoriels les plus sensibles de Naden, et la moindre brise qui les traversait suffisait à lui dire quel temps il ferait la semaine prochaine.

Mes moustaches... Est-ce qu’elles réagissent à lui ?

Naden était alors revenue à sa forme humaine et s’était tenue devant le jeune homme voûté. Son visage était tourné vers le bas, donc elle ne pouvait pas voir son expression. Elle avait tendu la main pour toucher doucement son visage. Sa main était assez proche pour qu’elle ne puisse pas dire si elle le touchait ou non, quand...

« C’est une forme plutôt mignonne dans laquelle vous vous êtes changée, » déclara le jeune homme en levant les yeux et en voyant Naden dans sa forme de jeune fille.

Naden était devenue rouge vif quand il l’avait traitée de mignonne. « Qu-Qu-Qu-Qu-Qu-Qu-Quoi !? M-Moi !? »

« N’êtes-vous pas la seule ici ? » demanda le jeune homme.

« M-Mais je suis si simple... et si petite, » déclara Naden.

« Vraiment ? Je pense que vous avez une bonne base pour vous améliorer. Si vous vous habilliez un peu mieux, je pense que vous pourriez être belle à l’écran, est-ce que vous le savez ? Si vous chantiez aussi très bien, je voudrais presque vous recruter en tant que Lorelei, » déclara le jeune homme en riant un peu.

Bien qu’il y avait des termes inconnus, comme « à l’écran » et « Lorelei », la tête de Naden avait instantanément bouilli lorsqu’elle s’était rendu compte qu’on la complimentait sur son apparence.

Alors que Naden appuyait encore ses mains contre ses joues rouges, le jeune homme avait demandé avec hésitation : « Au fait... »

« Qu-Quoi ? » demanda Naden.

« Avez-vous quelque chose à manger ? » Un faible grognement était venu de l’estomac du jeune homme.

...

« ... Pff. » Naden avait éclaté de rire. « Hahahaha Hahahaha Hahahaha ! Qu’est-ce que... ? Hahahaha ! »

C’était un rire chaleureux. D’où venait toute cette tristesse d’avant ?

Elle avait ri de tout son cœur. « Vous êtes si bizarre. »

Puis Naden s’était transformée en ryuu et elle ramassa le jeune homme par la peau du cou, comme une maman chatte qui portait son chaton.

 

☆☆☆

 

*Bruits de repas* *Bruits de repas* *Bruits de repas*.

« Pourriez-vous essayer de manger un peu plus lentement ? » La fille ryuu avait déclaré ça avec exaspération en me voyant dévorer goulûment sa nourriture.

J’étais dans la grotte où la fille ryuu m’avait amené, me déchaînant sur un morceau de viande. Sa tanière ne ressemblait à rien de plus qu’une grotte de l’extérieur, mais à l’intérieur il y avait un lit, des étagères garnies de romans d’amour et un tapis. On aurait dit une chambre de fille.

Elle m’avait servi une sorte de viande salée et cuite avec des fruits. Normalement, ce gros morceau de viande aurait été intimidant, mais j’étais si affamé que cela ressemblait à un festin pour moi. J’avais l’impression qu’Aisha réagissait ainsi chaque fois qu’il y avait de la nourriture devant elle. J’avais mordu sauvagement mon repas.

« Mmm, » avais-je dit avec reconnaissance. « Je ne sais pas quel genre de viande c’est, mais c’est bon ! »

« Oh, bon sang, ne parlez pas la bouche pleine, » déclara la fille à l’autre bout de la table en posant ses joues sur ses paumes. « Aviez-vous si faim que ça ? »

« Oui. Je vous suis vraiment reconnaissant. Au fait, c’est quoi comme viande ? » demandai-je.

« Ça vient d’un gros cerf que j’ai chassé dans les montagnes, » répondit Naden.

« De la venaison donc ? ... Attendez, vous l’avez chassé ? » demandai-je.

« C’est comme ça que la plupart des dragons obtiennent leur nourriture, ne le saviez-vous pas ? Nous volons dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, chassant des animaux et cueillant des fruits pour manger. C’est ainsi que nous devenons des dragons forts, » répondit Naden.

« Vous vivez une vie beaucoup plus sauvage que votre chambre ne le suggère…, » répondis-je.

Pendant que je mangeais, elle m’avait expliqué que les dragons étaient devenus très attachés à leur famille, une fois mariés à un chevalier, mais dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, chacun vivait seul. Il n’y avait pas de magasins dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et ils chassaient et se rassemblaient pour se nourrir chaque jour.

De plus, les dragons ne se réunissaient pas en groupe nombreux. Ils se débrouillaient bien s’ils avaient un, peut-être deux amis. Il avait été dit qu’ils avaient adopté cette mentalité parce que la majorité des dragons s’étaient mariés et étaient partis pour le Royaume des Chevaliers Dragons Nothung, alors ils l’avaient fait pour éviter d’avoir des regrets persistants après avoir quitté leur patrie.

En écoutant tout cela, j’avais fini ma viande et mes fruits et j’avais mis mes mains ensemble. « ... Pff. C’était un festin. »

« Mais ce n’était pas tant qu’un festin, » déclara la ryuu.

« C’est juste une chose que vous dites après un repas dans mon pays. Oh, ça me fait me souvenir d’une chose. Vous m’avez offert un repas, mais je n’ai pas encore eu votre nom, n’est-ce pas ? Ça m’a échappé. » Je m’étais assis droit et je m’étais largement incliné devant la fille se tenant en face de moi. « Merci de m’aider. Je suis... Kazuma Souya. »

J’avais hésité un moment, mais j’avais choisi d’utiliser mon faux nom. Si je lui disais que j’étais le roi de Friedonia, le fait de devoir lui expliquer la situation semblerait être un problème. L’explication de Tiamat était trop abstraite, ce qui signifiait que je n’avais pas vraiment une bonne compréhension de la situation, donc c’était suffisant pour l’instant. Je ne voulais pas déranger quelqu’un qui m’avait aidé si je n’avais pas à le faire.

« J’ai été invité par Lady Tiamat et je suis venu du Royaume de Friedonia, » avais-je ajouté.

« Oh, comme c’est poli de votre part. » En accord à mon mouvement de buste, la jeune fille avait aussi fait un mouvement de tête. « Je suis Naden Delal. »

« Euh ? Dendera ? » avais-je dit.

« Naden Delal ! Ne le raccourcissez pas d’une façon bizarre ! » s’écria-t-elle.

« Dendera le ryuu... Denderaryuu…, » murmurai-je.

Qu’est-ce que c’était ? Je m’étais soudain rappelé cette chanson pour enfants.

« Denderaryuuba detekurubatten, denderarenken detekonken ? » Avais-je demandé.

« C’est quoi cette étrange incantation envoûtante ? » s’exclama-t-elle.

« Oh, c’est une chanson pour enfants de mon pays, » expliquai-je.

« Denderaryuuba » était une chanson pour enfants du Kyushu rural. Au fait, il n’y avait pas de dragon appelé denderaryuu. « Denderaryuuba » signifiait « si je voulais sortir » dans le dialecte de cette région. Cette ligne de la chanson signifiait : « Si je voulais sortir, je pourrais, mais je ne peux pas sortir, donc je ne le ferai pas. » Du moins, c’était ce que j’avais entendu dire. Était-ce à propos de l’enfermement ?

« En tout cas, ravi de vous rencontrer, Dendera », j’ai dit.

« Na-de-n ! Ne m’appelez pas Dendera ! » Naden s’était énervée sur ce sujet.

Je m’étais dit que c’était une fille mignonne dont l’expression pouvait beaucoup changer.

C’est ainsi que j’étais allé à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon et que j’avais rencontré Dendera... euh, désolé... comment j’avais rencontré Naden Delal.

☆☆☆

Chapitre 4 : La réduction de la distance entre eux deux

Partie 1

Il s’agissait du matin après que Naden et Souma se soient rencontrés.

Dans un endroit non loin de la grotte, la lumière brillait à travers les branches des arbres, illuminant un petit ruisseau, et une personne s’y lavait. Peut-être, parce qu’il n’avait pas à se soucier des yeux des autres dans la forêt, il ne portait rien de plus que ses sous-vêtements, se trempant dans la rivière et versant de l’eau sur son corps.

Aujourd’hui était un autre jour clair dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avec son éternel printemps.

En fait, la pluie n’était jamais tombée au milieu de la journée ici. C’était peut-être le résultat de l’utilisation du pouvoir de la Mère-Dragon. Une quantité fixe de pluie tombait à une heure fixe chaque jour à Dracul. C’est pourquoi, même si le ciel était clair tous les jours, la nature abondante sur le plateau avait pu se maintenir.

Parce que c’était une journée chaude comme celle-ci, l’eau claire de la rivière, qui était fraîche, mais pas trop fraîche, était apaisante. La personne à moitié nue s’était assise sur un rocher, essuyant son visage avec un chiffon qui avait été laissé là à cet effet.

« Qu-Qu’est-ce c’est que ça... que vous croyez faire !? » s’exclama Naden.

Naden, qui était encore à moitié endormie, avait été soudainement choquée et avait ainsi dissipé sa somnolence.

« Oh, salut, Naden. Vous êtes déjà debout ? » déclara Souma.

« Ne faites pas face à ici, pervers ! » s’écria Naden.

C’était Souma qui se baignait dans la rivière. Son corps, qui, peut-être grâce à son entraîneur personnel, Owen, n’avait pas d’excès de graisse, avait été ainsi exposé.

Incapable d’en voir plus, Naden avait détourné le regard. « Pourquoi vous mettez-vous nu ici !? »

« Je porte toujours mes sous-vêtements, vous savez ? » demanda Souma.

« Ce n’est pas le problème ici ! » s’écria Naden.

« Puisque je m’impose à votre hospitalité, j’ai pensé que ce serait impoli si j’étais trop sale, alors je me lavais..., » répondit Souma.

« Pourtant... vous ne pouvez pas vous montrer devant une jeune fille comme ça…, » déclara Naden.

La tête encore détournée, Naden avait volé quelques regards du coin de l’œil. Même si les dragons, en tant que race, pouvaient être quelque peu ambigus lorsqu’il s’agissait de sexe, voir un membre du sexe opposé était inhabituel, et elle ne pouvait s’empêcher de regarder.

Sans se soucier de la réaction innocente de Naden, Souma avait commencé à s’habiller et lui avait demandé : « Quand vous et Lady Tiamat êtes dans vos formes de ryuu ou de dragon, vous êtes si énormes, mais quand vous vous changez en formes humaines, vous portez déjà des vêtements, hein ? Il n’y a pas le moindre signe de déchirure quand vous grandissez en taille. Se pourrait-il que ces vêtements fassent partie de votre corps, ou quelque chose comme ça ? »

Quand Souma l’interrogea sur cette chose qui la dérangeait, Naden répondait avec un regard vide. « Euh... Ouais. Nous transformons nos écailles, de sorte que ce serait une façon correct de le dire. Nous ne pouvons rien faire pour la couleur, mais nous pouvons changer le design, et même les faire disparaître complètement si nous en avons envie. Et aussi, si nous lavons nos corps sous forme de dragon, nous pouvons laver nos corps humains et nos vêtements en même temps. »

« Ça a l’air pratique, mais est-ce que ça fait mal si vos vêtements sont déchirés ? » demanda Souma.

« Kazuma, ressentez-vous de la douleur quand vous vous coupez les cheveux ou les ongles ? » demanda Naden.

« Oh, j’ai maintenant compris, » répondit Souma.

Fondamentalement, les dragons n’avaient pas les nerfs qui passaient à travers leurs écailles. En fait, leurs écailles pourraient ressembler à une carapace qu’ils pourraient contrôler librement, couvrant leur corps et protégeant leurs entrailles.

« Hm ? Donc, ça veut dire que même quand un dragon est habillé, ils sont quand même encore nus..., » murmura Souma.

« Ne dites pas un mot de plus ! » cria Naden.

*Crack, crack, crack.*

Avec un petit bruit de craquement, les cheveux de Naden s’étaient levés sur la tête. Il y avait des traînées bleues d’éclairs allant d’un cheveu à l’autre. Le mode colérique de Naden avait fait paniquer Souma.

« Électricité !? Wôw, attendez ! Je suis tout mouillé là, vous savez !? » s’écria Souma.

*Bzzt !*

Alors que Souma s’éloignait du ruisseau, l’attaque électrique que Naden avait déclenchée avait frappé la surface de l’eau. Les pauvres poissons qui s’étaient fait prendre dans la décharge avaient commencé à flotter à la surface.

Souma avait été stupéfait par ce dont il venait d’être témoin, mais il avait immédiatement placé le reste de ses vêtements et avait effectué une retraite stratégique précipitée. Il ne pouvait pas supporter une décharge électrique alors que son corps était encore mouillé.

Naden l’avait poursuivi en criant : « Prenez ça ! »

Même s’il était terrorisé par les crépitements de l’électricité qui le poursuivait, la partie calme de l’esprit de Souma était déjà en train de trouver des applications pratiques pour la capacité de Naden.

Un ryuu qui contrôle l’électricité !? La Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon à même cela ? Si nous avions l’électricité, il y aurait toutes sortes de choses que nous pourrions faire avec elle. Le fait d’avoir Naden ne donnerait-il pas un véritable coup de pouce à notre recherche sur l’électricité ?

Chaque fois qu’il rencontrait quelqu’un avec un talent particulier, la première chose que Souma faisait était de penser à des applications efficaces pour leur don. C’était les risques du métier d’être roi.

« Attendez, Kazuma, ne vous enfuyez pas ! » cria Naden.

Est-ce que je peux la faire venir au royaume, sans avoir besoin d’un contrat ou d’un partenariat pour être impliqué... ?

C’était ce que Souma s’était demandé, alors même que Naden le poursuivait.

 

☆☆☆

 

Par la volonté de Tiamat, on s’occupait de moi dans la grotte de Naden.

C’était devenu ainsi parce qu’il restait encore cinq jours jusqu’à la Cérémonie du Contrat à laquelle on m’avait demandé de participer, et qu’elle m’avait suggéré la grotte de Naden comme lieu d’hébergement. Il s’était avéré que, malgré la grandeur du Château de Cristal, il y avait peu de divertissement et que je m’ennuierais probablement si j’y restais.

Naden, d’autre part, avait rassemblé des documents écrits du monde d’en bas, et avait un certain nombre d’objets inhabituels dans sa chambre. Cela, et c’était probablement plus pratique pour moi de rester dans une chambre destinée à un occupant de taille humaine.

Bien que tout cela commence à ressembler à des prétextes..., m’étais-je fait la remarque.

Tiamat semblait vouloir que Naden et moi apprenions à nous connaître.

Quand notre réunion s’était terminée, et qu’elle était sur le point de me téléporter à l’endroit où se trouvait Naden pour qu’elle puisse s’occuper de moi, Lady Tiamat m’avait regardé avec des yeux pleins de sincérité, et m’avait dit : « S’il vous plaît, enseignez à cette fille à ma place. Apprenez-lui les choses qu’elle ne connaît pas d’elle-même. »

« Hein ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? » avais-je demandé.

« Vous devriez déjà connaître la voie. S’il vous plaît, offrez-lui des conseils, » m’avait-elle dit.

Quand elle avait dit cela, Lady Tiamat avait l’air d’une mère inquiète pour son propre enfant. Juste au moment où j’étais sur le point de lui demander pourquoi elle avait ce regard, le paysage avait changé, et j’avais été à la rencontre d’une ryuu noire criant, « stupide soleillllllllllll ! » dans un discours de drame d’adolescent.

Après cela, un messager officiel de Lady Tiamat était venu chez Naden, et Naden avait été nommée ma préposée pour la durée de mon séjour ici. Naden avait l’air de penser que c’était vraiment désagréable, mais elle ne pouvait pas défier un ordre de Lady Tiamat, alors elle avait acquiescé à contrecœur.

J’étais ici depuis lors, séjournant dans la grotte de Naden, buvant du thé et lisant les documents qu’elle avait rassemblés dans le monde inférieur... c’est-à-dire des romans d’amour qui avaient été écrits dans les nations de l’humanité.

En face de moi se trouvait Naden, allongée dans son lit et regardant un récepteur simple. Une ryuu regardait le Joyau de Diffusion de la Voix... Elle l’avait apparemment ramassé dans un marché aux puces de l’Empire, et en lui donnant un petit choc, elle l’avait remis en marche. Quoi, était-ce comme une vieille télé, qui recommencerait à fonctionner si vous la frappez ?

Naden m’avait regardé et m’avait demandé : « Est-ce amusant pour un homme de lire des romans d’amour destinés aux femmes ? »

« Bien plus que vous ne le pensez. Cela vous montre ce que les différentes femmes du monde considèrent comme leur idéal, » répondis-je.

Quand j’avais entendu dire qu’il s’agissait de romans d’amour, je m’attendais à ce qu’ils soient des drames désordonnés d’amour et de haine, comme les feuilletons de jour, mais ils étaient légers et duveteux comme une romance d’un shoujo.

D’un coup d’œil rapide, je savais que la plupart étaient des histoires de chevalerie. Il y avait un chevalier qui jurerait fidélité à une belle dame, et il accomplirait des actes méritoires au service de cet amour... C’était ainsi que beaucoup d’histoire débutait. Il y avait aussi des histoires de Cendrillon, où une simple fille du village aidait un jeune seigneur ou prince qui avait quitté le palais sous un déguisement, il tombait amoureux d’elle, et ils finissaient par se marier. Les histoires pourraient en grande partie être divisées entre ces deux modèles.

« Est-ce le genre de choses dont vous rêvez ? » avais-je demandé de façon ludique.

« ... Eh bien, » déclara Naden, tournant la tête sur le côté alors qu’elle réfléchissait, « J’aimerais qu’un chevalier cool me monte pendant que nous volons ensemble dans le ciel. »

« Ahh, si vous êtes une ryuu ou un dragon, c’est le genre de lecture qu’on finit par avoir, hein..., » dis-je.

Pour une fille normale, ce serait « Je veux monter à cheval avec un mec cool », mais pour les races de dragon, c’était apparemment « Je veux être le cheval, et laisser le chevalier monter sur mon dos. »

Lorsque vous avez interagi avec différentes cultures et races, il était intéressant de voir ces petites différences d’interprétation.

« Alors Naden, qu’est-ce que vous regardez là-bas ? » avais-je demandé.

J’avais entendu des bruits vifs venant du récepteur simple que Naden tenait, alors j’étais curieux. Elle avait dit qu’elle l’avait trouvé dans l’Empire, alors était-ce un programme de chant venant de là ?

« Hm ? C’est un programme musical de l’Empire du Gran Chaos. Kazuma, voulez-vous le regarder avec moi ? »

« Oh ! Ouais, bien sûr que si. » Je souhaitais voir quel genre de programme musical l’Empire faisait.

Naden s’était assise à côté de moi, plaçant le récepteur simple à un endroit où nous pouvions le voir tous les deux. Pour éviter les fuites d’informations, il n’était pas possible de voir les émissions enregistrées avec d’autres gemmes que celles utilisées pour les réunions de diffusion lorsque vous étiez dans un autre pays. Pendant nos négociations d’après-guerre avec la Principauté et l’Empire, lorsque Jeanne, la petite sœur et générale de l’impératrice Maria, avait vu les émissions de notre pays, elle avait dit qu’elle aimerait les imiter dans l’Empire. Je me demandais quel genre de programmes ils faisaient.

Tout en pensant cela, j’avais pris une gorgée de thé, regardé le récepteur simple, et...

« Bonjour, tout le monde ! C’est Maria. »

« Bwuh !? »

« Wôw, Kazuma !? » s’écria Naden.

J’avais craché partout le thé que j’avais essayé de boire. À l’écran se trouvait l’impératrice Maria de l’Empire du Grand Chaos vêtue d’une robe à froufrous de style idole.

« Maintenant, j’aimerais que vous entendiez tous ma chanson. »

Maria avait commencé à danser légèrement en chantant d’une voix claire.

Bien que son chant et sa danse pourraient ne pas être à la hauteur si on les comparait à notre Prima Lorelei, Juna, Maria avait un charisme plus grand qui attirait les personnes vers elle.

... Et, attendez, Maria n’était-elle pas à fond là dedans ? Elle avait l’air de commencer de plus en plus enthousiaste.

Qu’est-ce que je regardais exactement ?

Calme-toi. En tout, il y a une cause et un effet.

 

 

D’après ce que Hakuya m’avait dit, le programme le plus populaire dans l’Empire était celui qui suivait ce que Maria faisait pendant la journée. Comme sur l’Émission sur la Famille Impériale Japonaise. Sa sœur Jeanne se plaignait : « Comment cela a-t-il pu se produire ? »

Peut-être que c’était le flux normal des choses :

1. L’Empire commence à produire des émissions où des Loreleis chantent.

2. Le programme le plus populaire était un programme détaillant la vie de Madame Maria.

3. Si nous faisons de Madame Maria une Lorelei, le nombre de téléspectateurs ne va-t-il pas exploser ?

4. Une impératrice chantante et dansante est née ! ← Où nous étions maintenant.

... Eh bien, c’était probablement plus ou moins ça. Il semblait que l’Empire passait par un processus d’essais et d’erreurs pour trouver des moyens de divertir leur peuple. Celui-ci ressemblait à une erreur.

Eh bien, le programme lui-même était amusant, alors j’avais regardé Maria avec Naden pendant un moment, mais...

« Oh non ! Il y en a un de plus maintenant..., » j’avais entendu la voix d’une fille qui venait de derrière nous.

☆☆☆

Partie 2

Au moment où je m’étais retourné pour regarder qui parlait, j’avais vu qu’il y avait une fille dans une robe blanche d’une seule pièce qui nous regardait avec exaspération. La jeune fille avait des cornes en forme de chèvre sur la tête et une queue blanche qui dépassait de l’arrière. Cette fille était-elle aussi un dragon ?

Quand la fille m’avait regardé, elle avait poussé un soupir. « J’ai trouvé que ça avait l’air vivant ici... Naden, finalement, as-tu aussi commencé à ramener des hommes à la maison ? Ramène-le là où tu l’as trouvé. »

... J’étais quoi là ? Un chien abandonné ? Cela m’avait fait m’imaginer dans une boîte en carton étiquetée « Je suis un roi provisoire abandonné. S’il te plaît, ramène-moi à la maison. » C’était vraiment une image surréaliste.

Pendant ce temps, Naden, qui avait été accusée d’avoir traîné des hommes à la maison, avait fait la moue. « Ne me fais pas paraître si mal ! C’est un invité ! »

« Un invité ? » demanda l’autre fille.

« C’est vrai ! Lady Tiamat m’a ordonné d’être sa préposée pour son séjour ici, » répondit Naden.

« Sa préposée, hein... Selon moi, vous êtes juste en train de vous amuser ensemble, non ? » demanda-t-elle.

« Argh…, » gémit Naden.

La fille avait raison, Naden n’avait rien à répliquer face à ça. Elle m’avait donné à manger, et elle s’occupait de moi, mais elle n’avait rien fait d’autre en tant que préposée. J’avais été plus ou moins livré à moi-même.

La fille blanche m’avait montré du doigt. « Je suis Pai Long. L’amie de Naden. Qui êtes-vous ? »

« Kazuma Souya du Royaume de Friedonia, » répondis-je.

J’avais souri et avais serré la main de Pai. Au moment où je l’avais fait, elle avait incliné la tête sur le côté.

« Le Royaume de Friedonia ? Est-ce ce pays à l’est dont Naden parlait la dernière fois ? Nous n’avons pas de relations avec eux... Kazuma, que faites-vous ici ? »

« Ahh, eh bien, j’ai été invité ici par Lady Tiamat pour une raison inconnue, » répondis-je.

« Par Lady Tiamat ? » À ce moment-là, Pai avait eu l’air d’avoir réalisé quelque chose, et elle s’était tournée vers Naden. « Naden, ne penses-tu pas que Lady Tiamat a l’intention de faire participer cet homme à la Cérémonie du Contrat ? »

« Hein ? Kazuma, participant à la Cérémonie du Contrat ? » demanda Naden avec les yeux écarquillés. « Kazuma n’est pas l’un des chevaliers de Nothung, est-ce que tu ne l’as pas remarqué ? Peut-il y participer ? »

« As-tu oublié ? Cela ne s’est pas du tout passé récemment, mais ils disent que Lady Tiamat invite parfois ceux qui sont susceptibles de devenir des héros de leur époque, ce qui leur permet de former des contrats indépendants avec un dragon. Comme le premier roi d’Elfrieden l’a fait. »

« Un héros de notre époque, hein..., » Naden avait jeté un coup d’œil dans ma direction. Ce regard présent sur son visage... Elle n’y croyait pas du tout. « Je ne sais pas, mais il n’a pas l’air si impressionnant. »

« C’est dur, même si c’est vrai, » avais-je dit.

« Kazuma, Lady Tiamat ne vous a rien dit ? » demanda Pai, mais je haussais les épaules, sans confirmer ni nier.

C’était vrai, Lady Tiamat avait suggéré qu’elle aimerait que je participe à la Cérémonie du Contrat. Cependant, j’avais hésité à le dire à ces deux-là. Si elles découvraient que j’y participerais, la question suivante serait évidemment de savoir qui j’étais exactement. Si elles découvraient que j’étais le roi d’une nation, cela serait un peu un casse-tête pour moi.

« Je n’ai pas le droit de vous le dire. Si vous voulez savoir, demandez le à Lady Tiamat, » dis-je afin clore le sujet.

« Hahaha Haha ! » Pai avait ri. « Ce n’est pas si facile de lui parler. Oh, je sais ! » Pai avait fait claquer ses deux mains ensemble. « Naden, tu t’occupes de Kazuma, n’est-ce pas ? Ce n’est pas quelque chose qui revient souvent, alors pourquoi ne pas lui montrer la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ? »

« Oh ! Ça m’intéresserait », avais-je dit. « Puis-je vous déranger avec ça ? »

« Euh... » Naden avait ouvertement agi comme si c’était une vraie chose pénible à faire. « La Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon est assez grande, tu sais ? Ne serait-ce pas un peu dur pour Kazuma, d’avoir à marcher pendant tout le trajet ? »

« Tu peux le porter sur le dos, » déclara Pai.

« Pai, un dragon ne laisse que son partenaire monter sur son dos. Tu le sais bien, n’est-ce pas ? » demanda Naden.

« Où est le mal ? Pourquoi ne pas le faire avoir un contrat avec toi ? » demanda Pai.

« J’ai aussi le droit de choisir, » avait répondu Naden. « Ce type ennuyeux n’est pas mon genre. J’aime les gars forts que tout le monde peut respecter. »

« ... Ça fait un moment que vous parlez de moi avec une langue bien acérée, n’est-ce pas ? » Je m’étais plaint. C’était comme un couteau enfoncé dans mon cœur... Puis j’avais réalisé quelque chose. « Hé, est-ce que laisser quelqu’un d’autre que votre partenaire monter est quelque chose de déshonorant ? »

« Ouais, » répondit Naden.

« Où est votre dos, Naden ? » demandai-je.

« Hein ? » s’exclama Naden.

Naden n’était pas un dragon de style occidental, elle était un ryuu de style oriental. Son corps était essentiellement un cylindre allant de l’arrière de sa tête à sa queue. Bien qu’elle se soit un peu bombée à l’endroit où se trouvaient ses pattes avant et arrière, elle n’avait pas un dos clairement défini comme un dragon de style occidental.

« Si je montais derrière votre tête, ce ne serait pas votre dos, ce serait la nuque, non ? » avais-je demandé. « Pourquoi pas là ? Il n’y a pas de règle contre quelqu’un d’autre que votre partenaire sur votre cou, n’est-ce pas ? »

« ... » Naden n’avait rien contre cela, alors il avait été décidé que nous allions sortir ainsi.

Les forêts pleines de végétation récente couvraient plus de la moitié de Dracul. Normalement, ces forêts n’étaient ni trop sombres ni trop claires, et en raison de l’absence de vent, il n’y avait pas de bruissement de branches. Il s’agissait de forêts tranquilles, ni trop humides, ni trop denses.

Maintenant, une ryuu noire se faufilait rapidement entre les espaces entre les arbres de ces forêts. Bien sûr, c’était Naden dans sa forme de ryuu et j’étais en train de monter sur sa tête.

En partie à cause de l’endroit où j’étais assis, je me sentais comme le protagoniste de cet anime que j’avais regardé il y a longtemps. Tout en tenant ses deux bois de cerf comme s’il s’agissait des poignées d’une moto, j’avais tenu bon pour ma vie et j’avais essayé de ne pas me faire secouer.

Nous n’étions pas à notre place dans cette forêt tranquille.

« Naden... Attendez ! N’allez-vous pas un peu vite... ? » avais-je demandé nerveusement.

« Vous avez droit à un tour gratuit, alors ne vous plaignez pas, » répliqua Naden.

J’avais déclaré ça parce que j’avais peur des branches qui passaient au-dessus de ma tête, mais Naden ne semblait pas vouloir ralentir son rythme. Avec la forme du corps de Naden, c’était plus comme un grand huit, mais il n’était possible d’en profiter que parce que j’avais une barre de sécurité. Eh bien ! Non pas que j’avais été l’un des premiers à monter des machines en criant...

« Maintenant que j’y pense, Naden, qu’est-ce que vous disiez à Pai avant de sortir ? » avais-je demandé.

Avant que nous ayons quitté la grotte, elles avaient parlé de quelque chose à voix basse. Elles avaient jeté un coup d’œil furtif dans ma direction, alors je me demandais ce qui se passait, mais elle avait tourné la tête pour détourner le regard.

« R-Rien ! » Puis, la tête encore détournée de moi, Naden semblait marmonner quelque chose. « Merde, Pai... Qui a besoin de ton “Si tu travailles dur pour te vendre maintenant, peut-être que Kazuma te choisira à la Cérémonie du Contrat” ? Ne fais pas la fouineuse. »

« Hein ? Désolé », avais-je dit. « Votre voix était si faible que je n’ai pas compris ce que vous disiez. »

« Je vous l’ai dit, ce n’est rien ! » répliqua-t-elle.

Nous avions continué à faire des allers-retours comme ça en nous déplaçant dans la forêt, puis... quelques minutes plus tard...

Quand nous étions sortis de la forêt, j’avais sauté de la tête de Naden dans une prairie herbeuse.

Normalement, elle aurait été assez vaste pour l’appeler une grande plaine, mais ce n’était pas ce que je ressentais quand je l’avais regardée. C’était parce que, au centre de cette grande plaine, il y avait un unique arbre massif, et ses racines sillonnaient les plaines herbeuses, et ses branches s’étendaient comme pour couvrir toute la prairie. Grâce à cet arbre massif, je n’avais pas eu l’impression d’être debout sur une grande plaine.

En regardant d’en bas, l’arbre s’éleva dans le ciel comme un château imposant. Cependant, ses feuilles étaient dorées, et elles semblaient presque aveuglantes dans la façon dont elles brillaient à la lumière du soleil.

J’avais poussé un soupir d’admiration malgré moi. « C’est... assez incroyable, hein. »

« Bien sûr, » déclara Naden, qui à un moment donné était revenue à la forme humaine, en gonflant fièrement sa poitrine. « C’est l’un des sites célèbres de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, le Grand Arbre de Ladon. »

« Radon ? L’atome ? Ou le monstre géant du ciel ? » J’ai demandé.

« De quoi parlez-vous ? C’est Ladon, le nom du dragon dont on dit qu’il a protégé cet arbre il y a très, très longtemps. »

« Hm... »

Il y avait eu un dragon appelé Ladon, hein ? Selon Naden, il y avait une légende qui disait qu’il y avait eu un dragon doré nommé Ladon qui vivait dans les branches de cet arbre il y a longtemps, et c’était l’influence de ce dragon qui avait fait prendre aux feuilles leur teinte dorée.

Maintenant que j’y pense, il y avait aussi un dragon qui gardait l’or dans la mythologie grecque...

Était-ce la toison d’or et les pommes d’or que l’on protégeait ? La façon dont les feuilles s’étaient regroupées, ça ne ressemblait pas du tout à la toison dorée. Bien qu’elle soit si massive, elle ressemblait plus à un nuage d’or.

« C’est comme quelque chose qui sort du monde des légendes, » murmurai-je.

« Hehe ! C’est assez incroyable, hein ? » Naden hocha la tête avec une satisfaction apparente, puis leva les yeux vers l’arbre et dit : « Ce grand arbre n’est jamais mort, il n’a jamais perdu ses feuilles et il est là depuis des temps immémoriaux. C’est comme un symbole de l’éternité et de l’indestructibilité de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« Éternel et indestructible..., » murmurai-je.

« C’est l’incarnation de la fierté des dragons. Vous ne trouverez pas d’autre arbre aussi beau dans le monde entier », avait déclaré Naden avec confiance.

Il n’y avait probablement pas une seule personne qui ne pouvait pas reconnaître la beauté de cet arbre. C’est dire à quel point cet arbre était beau, élégant et impressionnant. S’il avait été là depuis toujours, je pourrais comprendre pourquoi les dragons en seraient fiers. Mais...

« L’appeler le numéro un, c’est peut-être un peu trop, » avais-je dit.

« Hein ? » Ma réaction avait fait que les yeux de Naden s’étaient écarquillé.

« Je vous accorde que c’est un spectacle incroyable, mais j’aime aussi les fleurs de prunier et de cerisier, » répondis-je

« Prunier ? Cerisier ? » demanda-t-elle.

« C’étaient des arbres de mon pays qui avaient de belles fleurs. Les pruniers fleurissaient tout en supportant le poids de la neige, et les cerisiers fleurissaient jusqu’à leur maximum, puis cela tombe. Ils avaient chacun leur propre manière de vivre, et ils étaient beaux, » répondis-je.

« Mais les fleurs tombent, n’est-ce pas ? Ils ne fleurissent que pendant une courte période. Le Grand Arbre de Ladon ne se desséchera jamais, » avait insisté Naden.

J’avais souri avec un sourire ironique et j’avais étendu mes bras. « Avoir des choses qui durent longtemps est important, bien sûr. Comme les paysages naturels, les traditions, le patrimoine culturel, etc. Mais, dans mon pays, il y avait une appréciation égale, ou peut-être même plus grande, pour les choses qui évoluent vers autre chose. »

Je m’étais accroupie et j’avais cueilli les fleurs de pissenlit qui poussaient un peu partout. Quand je l’avais secouée, les graines avaient été emportées par le vent. L’éternel printemps de Dracul avait contribué à donner à la scène une qualité paisible et aérienne. J’avais souri à Naden.

« Ne trouvez-vous pas que c’est joli à sa façon ? » demandai-je.

« Mais peu importe à quel point c’est joli, c’est fini en un instant, n’est-ce pas ? » Naden avait protesté.

« C’est ce qui nous permet d’attendre la prochaine fois, n’est-ce pas ? » Je m’étais assis dans l’herbe, puis je m’étais couché sur le dos. « Le fait que vous ne pouvez pas le voir quand vous le voulez ne le rend-il pas d’autant plus précieux ? Même si ça finit, vous pouvez attendre avec impatience le jour où il reviendra. »

« ... je ne comprends pas vraiment, » répondit Naden.

Hm... Les dragons étaient une race à longue durée de vie, donc peut-être « mono no aware » ou la « sensibilité pour l’éphémère », qui était l’appréciation japonaise de l’impermanence des choses, était un peu difficile à comprendre pour eux.

« C’est une différence de valeurs, voyez-vous, » dis-je. « Il y a plus d’une façon de voir les choses. C’est la même chose avec les dragons, n’est-ce pas ? Pour les adorateurs de la Mère-Dragon, les dragons sont des créatures sacrées. Pour les chevaliers de Nothung, vous êtes leurs partenaires et compagnons d’armes. Pour l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, vous n’êtes pas très différent des monstres. Dans mon ancien pays, un ryuu comme vous aurait été vénéré comme un dieu qui contrôle le temps. »

« Moi... un dieu ? » Naden avait été un moment déconcertée, mais elle avait éclaté de rire. « Pff... Hahahaha ! »

Naden se tenait les côtés pendant qu’elle riait. Pendant que je la regardais, me demandant ce que j’avais dit de si drôle, Naden m’avait fait un sourire joyeux tout en essuyant les coins de ses yeux.

« Hahaha... C’est tellement stupide. Quand je pense qu’ils se moquent de moi ici en m’appelant un ver, mais dans votre pays, je serais vue comme un dieu. C’est ce que vous vouliez dire par différence de valeurs, hein, » demanda-t-elle.

Une fois qu’elle avait eu un bon et chaleureux rire, Naden avait fait une expression vide et avait dit en marmonnant : « Est-ce qu’ils seraient d’accord... avec un dragon qui ne peut pas voler ? »

... Hein ? Elle ne pouvait pas voler ?

« Hein ? Naden, ne pouvez-vous pas voler ? » avais-je demandé.

« Comment le pourrais-je ? Je n’ai pas d’ailes, » déclara Naden.

« Non, non, c’est parfaitement naturel qu’un ryuu n’ait pas d’ailes, » répondis-je.

« Hein ? »

« Hein ? »

Nous nous étions regardés. Quoi ? Il y avait quelque chose qui ne se mettait pas en place dans notre conversation...

« Je vous l’ai dit. Je n’ai pas d’ailes, donc c’est évident que je ne peux pas voler, » insista Naden.

« Y a-t-il un lien entre un ryuu n’ayant pas d’ailes et un qui ne peut pas voler ? » avais-je demandé.

« Hein ? »

« Hein ? »

Il y avait quelque chose de bizarre là. Comme s’il y avait une certaine incohérence dans notre compréhension. Et cela aurait pu continuer ainsi longtemps si...

« Kazuma, qu’est-ce que vous êtes… ? » Naden était en train de dire quelque chose quand c’était arrivé. Avec de grandes rafales, trois dragons, rouge, bleu et vert, étaient descendus du ciel avant d’atterrir devant nous.

☆☆☆

Partie 3

Les trois dragons qui avaient atterri devant nous étaient rouge, bleu et vert. Il s’agissait de Ruby, Sapphire et Emerada.

Franchement... pourquoi devais-je les rencontrer maintenant, entre tout autre instant ?

Une fois qu’elles avaient pris forme humaines, elles étaient venues me regarder de très près.

« J’ai entendu dire que tu avais ramassé un humain, alors je suis venue voir... Est-ce lui ? » demanda Ruby.

Je n’avais rien dit.

Le regard de Ruby s’était déplacé vers Kazuma. « Des vêtements bizarres. N’êtes-vous pas de Nothung ? »

« ... Tout à fait. Je suis Kazuma Souya, je suis venu ici depuis Friedonia, » répondit Kazuma.

Kazuma, qui était un peu déconcerté par l’atmosphère hostile qui régnait entre nous, s’était présenté brièvement.

J’avais fait un peu claquer ma langue. « Vous n’avez pas besoin de donner votre nom à ces individus. »

« Je t’entends, Naden, » déclara Ruby.

« Je l’ai dit pour que tu l’entendes, sale garce, » avais-je dit.

« Qui traites-tu de sale garce ? Tu n’es qu’un misérable ver, » répliqua Ruby.

C’était une situation de feu croisé. Le feu avait jailli de sa bouche et l’électricité avait jailli de mes cheveux. Kazuma, qui ne comprenait toujours pas la situation, se tenait là et se grattait la tête.

« Euh... peut-être que vous ne vous entendez pas bien ? » demanda Kazuma.

« Si vous pensez qu’on s’entend bien, je dois douter de votre vue. La dragonne rouge est Ruby, la bleue est Sapphire, et la verte est Emerada. Elles aiment m’appeler “lézard sans ailes”, et un “ver”, entre autres choses, et elles se battent toujours avec moi, » avais-je dit.

« Sans ailes... hein, » Kazuma avait croisé les bras et semblait réfléchir profondément à quelque chose.

... Où voulait-il en venir avant ?

Quoi qu’il en soit, je m’étais tourné vers Ruby et ses acolytes pour leur dire : « Vous êtes venues voir Kazuma, n’est-ce pas ? Et si vous rentriez chez vous maintenant ? »

« Je n’apprécie pas ton ton condescendant, » se moqua Ruby. « Ce pour quoi je suis venue n’est pas lié à toi. »

Ruby était passée juste devant moi pour se placer devant Kazuma.

« J’ai entendu dire que vous avez été invité ici par Lady Tiamat, n’est-ce pas ? » demanda Ruby.

« Hm ? Tout à fait, » Kazuma, qui semblait avoir une pensée profonde, répondit comme s’il venait de la remarquer.

« Cela signifie que vous participerez à la Cérémonie du Contrat, n’est-ce pas ? » demanda Ruby.

« ... Eh bien, apparemment ça veut dire ça. Non pas que je pense en être digne, » répondit Kazuma.

« Si Lady Tiamat a jugé bon de vous inviter, c’est que vous en êtes digne, » déclara Ruby.

J’avais dégluti. Ruby, qui se moquait de moi comme un ver, reconnaissait Kazuma. Se pourrait-il que Ruby fût sur le point de faire une offre à Kazuma ?

Si Lady Tiamat l’avait appelé ici, même s’il ne ressemblait pas à grand-chose, il pourrait encore être une personne digne de respect. Lors de la Cérémonie du Contrat, c’est généralement le chevalier qui faisait la demande en mariage. Cependant, si un dragon s’intéressait à l’un des chevaliers, ils pouvaient aussi se présenter pour encourager le chevalier à la choisir.

Lors de la Cérémonie du Contrat... Kazuma finirait-il par danser avec l’un de ces dragons ?

Je ne pense pas que j’aimerais ça.

Ce que j’avais imaginé avait fait surgir une douleur dans ma modeste poitrine. Quand j’avais pensé que la personne qui m’avait dit que j’étais un ryuu pourrait conclure un contrat avec un autre dragon, mon cœur s’était mis à me faire très mal. J’étais ainsi même si je n’avais pas moi-même l’intention de participer à la cérémonie.

Pendant que je pensais à cela, Ruby se rapprochait de Kazuma. « Hé, vous devriez venir chez moi. »

J’avais ressenti un choc à la tête. Quand j’avais regardé, Ruby avait tendu la main vers Kazuma.

« Vous me fascinez. J’aimerais en savoir plus sur vous, » déclara Ruby.

« À propos de moi ? » répéta Kazuma.

« Oui. Vous devez être spécial pour que Lady Tiamat vous ait reconnu. Si vous êtes à la hauteur de mes attentes, je pourrais même daigner former un contrat avec vous, » déclara Ruby.

Un contrat de chevalier dragon... Ruby n’aurait pas pu tomber amoureuse de Kazuma au premier regard, n’est-ce pas ?

En me regardant, Ruby avait ajouté. « Je suis un dragon de loin supérieur à cette enclavée. Contrairement à Naden, je peux voler, et je peux aussi cracher des flammes. Je pourrais vous montrer tous les coins de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon de là-haut dans le ciel. »

« Argh..., » cela m’avait frustrée au point de ne pas pouvoir réfuter ce que Ruby disait.

C’est vrai, Ruby était un dragon rouge, celui qui était populaire auprès des chevaliers. On disait que le rouge intimiderait l’ennemi, de sorte qu’il était plus facile pour le cavalier de gagner des accomplissements militaires. En plus de cela, elle avait les grandes ailes qui me manquaient, et elle pouvait cracher le feu, comme on pourrait s’y attendre de n’importe quel dragon. Quand j’avais regardé comment Kazuma réagissait à ce qu’elle faisait devant lui... il affichait un sourire troublé.

« Ouais, eh bien, je suis content que vous ayez une si haute opinion de moi et tout ça…, » répondit-il.

J’avais haleté. Les mots de Kazuma m’avaient fait avoir de l’électricité qui avait parcouru à travers tout mon corps, et mes cheveux étaient restés dressés.

En l’entendant donner une réponse positive à Ruby, ma poitrine avait été emplie de rage... et de tristesse. Je ne voulais pas entendre ces mots de la personne qui m’avait dit que j’étais un ryuu. Ça m’avait donné envie de pleurer. Peut-être que je pourrais lâcher une attaque électrique sur Ruby et les autres, puis faire un vrai carnage.

« Mais..., » Kazuma avait secoué la tête et avait dit : « Le fait de pouvoir voler et cracher du feu est-il si précieux ? »

... Hein ?

« Hein ? Qu’est-ce que vous dites ? » demanda Ruby.

Tout le monde avait les yeux rivés sur Kazuma. Kazuma s’était gratté la tête en répondant : « Eh bien... Je viens d’un pays sans contact avec les dragons, alors pardonnez-moi pour mon ignorance. Comme vous le disiez auparavant, est-ce que le fait de pouvoir voler et cracher du feu rend un dragon précieux ? »

« Bien sûr que oui », Ruby avait riposté. « Alors qu’un dragon est le partenaire de leur chevalier, ils sont aussi leur compagnon d’armes. Ce que l’on recherche, plus que tout, ce sont des ailes qui les transporteront en hauteur et vite à travers le champ de bataille, et des flammes pour incinérer leurs ennemis. »

« Je vois. L’apparence n’entre pas en ligne de compte. Eh bien, il semble qu’après tout, il y a beaucoup de belles personnes parmi la race des dragons. » Kazuma acquiesça face à la réponse de Ruby. « Et vous, les filles, pouvez-vous toutes voler et cracher du feu ? »

« C’est exact. Sauf pour ce ver là-bas, » répondit Ruby.

« ... je vois. » Puis, avec un regard sérieux, Kazuma avait regardé Ruby dans les yeux et lui avait demandé, « Alors, dites-moi, qu’est-ce qui vous rend, personnellement, précieuse ? »

Ruby et la valeur de l’autre ? N’était-ce pas leur capacité à cracher du feu et à voler ?

« Hein ? Qu’est-ce que vous dites ? » demanda Ruby. Elle ne semblait pas satisfaite de cette réponse.

Kazuma avait secoué la tête. « C’est un fait que les dragons peuvent cracher du feu et qu’ils peuvent voler, n’est-ce pas ? Dans ce cas, ce n’est rien de spécial. Il s’agit d’une capacité que chaque dragon possède, et cela signifie que ce n’est pas une raison spécifique pour laquelle je devrais vous choisir, n’est-ce pas ? »

Quand il l’avait dit de cette façon, Ruby et les autres avaient eu la bouche grande ouverte, et elles l’avaient regardé sous le choc. J’avais probablement un regard similaire sur mon propre visage.

Kazuma avait continué, ne faisant attention à aucune d’entre nous. « Si d’autres dragons peuvent aussi le faire, alors ce n’est pas une raison pour laquelle je devrais me donner la peine de vous choisir en particulier. C’est précieux d’avoir quelque chose d’universel comme ça, mais ce n’est rien de spécial. Si vous commencez tous sur la même base, les dragons les plus forts ou les plus beaux ne gagneront-ils pas ? Être comme tout le monde n’est même pas un point en votre faveur. »

Je n’arrivais pas à y croire. « Kazuma... Vous... »

Les critiques de Kazuma étaient si pertinentes que j’avais commencé à douter qu’il ne connaissait pas vraiment les traditions de ce pays. Le fait était que la Cérémonie du Contrat était une compétition intense entre les dragons. Comme le fait qu’ils soient ou non choisis par quelqu’un là-bas déterminerait plus ou moins le reste de leur vie, c’était tout à fait naturel.

Pendant que nous étions occupées à réagir avec surprise, Kazuma avait poussé un soupir. « Une base d’évaluation standardisée, le rejet de ceux qui ont une individualité... Je pensais avoir déjà vécu cette ambiance quelque part auparavant, mais c’est essentiellement la même chose que les guerres des examens comme on dit chez moi. J’ai eu des moments difficiles il y a deux ans... » murmura Kazuma avec un regard au lointain dans ses yeux.

... Guerre des examens ? Qu’est-ce que c’était ? S’agit-il d’une série de guerres qui s’étaient déroulées dans un autre pays ? Mais pourquoi parlait-il d’elles maintenant ?

« C’est mieux que de ne pas être du tout choisi ! » Ruby, qui était revenue à la raison, déclara en se tortillant le visage. « Qui choisirait Naden, qui ne peut pas faire les choses que tout le monde peut faire !? »

Elle m’avait pointé du doigt en m’accusant.

Kazuma avait instantanément répondit : « C’est vrai qu’en tant que dragon, Naden manque d’universalité. Mais ce qu’elle a, c’est l’individualité. »

« I-Individualité ? » demanda Ruby.

« Quelque chose qui la rend différente des autres. Lors de l’évaluation de la valeur des choses, la norme la plus simple est : “Une chose, il n’y en a qu’une dans le monde”. S’il n’y a qu’un seul exemplaire, même si ce n’est qu’un jouet d’enfant, ou le couvercle d’un bocal, cela n’a de sens que s’il a de la valeur, n’est-ce pas ? C’est également vrai pour les gens. Je... Non, le roi de mon pays fait des pieds et des mains pour rassembler les individus qui ont des dons spécifiques, » déclara Kazuma.

Le roi de son pays... Parlait-il du roi-héros de Friedonia ?

« Et vous dites... que Naden a cette valeur ? » demanda Ruby, l’air abasourdi.

« Ici, dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, y a-t-il un dragon autre que Naden qui puisse créer des éclairs ? Elle peut faire une chose que personne d’autre ne peut faire. Cela, en soi, est précieux. Mais, vraiment, comprenez-vous vraiment ce qui se passe ici ? » demanda Kazuma.

« Qu-Quoi... ? » demanda Ruby.

« La raison pour laquelle vous vous battez toujours avec Naden, » expliqua Kazuma. « C’est parce que vous l’enviez pour son individualité, n’est-ce pas ? »

« Quoi..., » Ruby semblait avoir été frappée par ce que Kazuma avait indiqué.

Hein ? Était-ce vraiment ça ?

Avec la vérité placée devant nos visages, je ne savais pas comment réagir, et il en était de même pour Sapphire ou Emerada, qui se tenaient en retrait.

Tandis que la bouche de Ruby s’ouvrait et se refermait, Kazuma continuait à parler.

« Je dirais que les autres dragons qui ont une mauvaise volonté envers Naden le font probablement pour la même raison de base, » déclara Kazuma. « Du point de vue de ces dragons, qui luttent à l’intérieur d’un système d’évaluation standardisé, l’existence de quelqu’un comme Naden, qui fait fi de cette norme d’évaluation pour suivre son propre chemin, est un objet de ressentiment et de jalousie, et donc ils ne peuvent tout simplement pas l’accepter, n’est-ce pas ? Pendant la guerre des examens, s’il y a un élève dans la classe préparatoire qui dit : “Je vais reprendre l’entreprise familiale”... eh bien, oui, ils vont se démarquer. Évidemment, ils auront des problèmes dans leur vie que ceux qui les entourent n’ont pas, mais pour ceux qui ont été placés dans une situation concurrentielle, ils n’ont pas le sang-froid nécessaire pour s’arrêter et réfléchir à cela ».

Kazuma semblait être le seul à être satisfait de son explication. Je l’avais perdu quelque part en cours de route, et il n’avait aucun sens dans ce qu’il disait là, mais la seule chose que j’avais saisie, c’était qu’il disait que j’étais spéciale.

J’avais regardé le dos de Kazuma. C’était peut-être parce que nous étions nés dans des pays différents, mais ces derniers jours, j’avais été forcé à plusieurs reprises de réaliser que Kazuma et moi voyions les choses différemment.

Cependant, Kazuma m’offrait un nouvel ensemble de valeurs. Un où je n’étais pas sans valeur. Ma poitrine était devenue chaude et j’avais l’impression de pleurer pour une raison différente de celle d’avant.

« Un jour, celui qui connaîtra votre valeur apparaîtra. »

La prophétie de Lady Tiamat était vraie. Cette personne était devant moi maintenant.

« Pff, ça ne change pas qu’un dragon sans vol ne sert à rien ! » déclara Ruby en semblant avoir repris pied.

Un dragon sans vol. Ces mots m’auraient beaucoup dérangé avant. Cependant... Bizarrement, ils ne m’avaient pas du tout dérangé. C’était parce que Kazuma m’avait dit que j’étais un ryuu, que j’avais une individualité.

Avec un regard mystifié clairement visible sur son visage, Kazuma avait incliné la tête sur le côté. « Ça me dérange depuis le début, mais qui a décidé que Naden ne pouvait pas voler ? »

« Il devrait être évident que ce ver sans ailes ne peut pas voler, » répondit Ruby.

« Pourquoi un ryuu aurait-il besoin d’ailes pour voler ? » demanda Kazuma.

« Quoi ? » s’écria Ruby.

« Hein ? » m’exclamai-je.

J’avais l’impression d’avoir entendu cet échange il n’y a pas si longtemps que ça.

Après m’être lassée de l’atmosphère ici, j’avais doucement tiré Kazuma, qui semblait avoir un point d’interrogation flottant au-dessus de sa tête, par le cou. « Ça suffit... Allons-y. »

« Hm ? Qu’est-ce qui ne va pas, Naden ? Vos joues ont l’air terriblement rouges, » demanda Kazuma.

« Vous l’imaginez ! Allez, j’étais en train de vous montrer la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, vous en souvenez-vous ? » demandai-je afin de changer de sujet.

« Oh, maintenant que vous en parlez, nous faisions ça, » répondit Kazuma.

Laissant derrière nous Ruby et les autres qui étaient encore abasourdies, nous avions fait demi-tour et étions retournés par le chemin que nous avions emprunté.

« Naden, tu ferais mieux d’être présente la Cérémonie du Contrat ! » Ruby avait crié après moi. « Ne t’enfuis pas ! » Elle semblait être revenue à la raison.

J’avais réagi en me retournant, en fermant une paupière et en lui tirant la langue.

« Alors, où est la prochaine étape ? Avez-vous déjà vu le Château de Cristal, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

Une fois que nous nous étions éloignés de Ruby et des autres, j’avais demandé à Kazuma de monter sur mon cou à nouveau pour que je puisse lui faire visiter la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Je n’avais même plus l’impression d’avoir des ennuis. En fait, j’avais même eu envie de continuer comme ça, et de voir toutes sortes de choses avec Kazuma. Pas seulement dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, mais aussi dans le monde extérieur.

« J’ai été téléporté à mon arrivée et à mon départ, » avait répondu Kazuma. « J’aimerais voir sa beauté de l’extérieur, mais... avant cela, il y a un endroit où j’aimerais que vous m’emmeniez, » avait ajouté Kazuma avec un regard pensif.

« Il y a un endroit où vous voulez aller ? » demandai-je.

« Lady Tiamat a dit que je connaissais déjà la voie. Si elle voulait parler de ce que je pense qu’elle voulait dire... je dirais que ça vaut la peine d’essayer, » déclara Kazuma avec un regard empli de confiance.

Dix minutes plus tard, après avoir couru dans ma forme de ryuu...

« Est-ce que cet endroit était vraiment biennnnnn !? » avais-je crié.

« Ouuuuiiiiii, se sera parfffffaitttt ! » avait-il répondu.

Grondement, grondement, grondement, grondement...

On était tous les deux obligé de crier. À cause du grondement sans fin, nous ne pourrions pas nous entendre si nous ne le faisions pas.

☆☆☆

Partie 4

La source du bruit de grondement devant nous, avec ses jets d’eau qui produisaient des arcs-en-ciel constants pendant la journée, était la Grande Cascade. C’était un rideau d’eau de plusieurs dizaines de mètres de haut et de plusieurs centaines de mètres de large, créant un brouillard qui s’étendait loin dans la zone. Même parmi les nombreuses curiosités de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, qui avait tendance à être de grande envergure, ce Grand Arbre de Ladon et cette cascade étaient dans une classe à part.

Incapable de rester tranquille en présence d’un tel spectacle, Kazuma avait crié, « Ohh ! La beauté de ce paysage est vraiment magnifique ! »

« Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? Je ne pouvais pas vous entendre ! » criai-je.

« J’ai dit que c’est magnifiqueeeee ! Et aussiiiii, il y a quelque chose que je veux que vous essayiez ! » déclara Kazuma.

« Je ne sais passss ! Et, qu’est-ce que vous voulez que j’essaie ? » demandai-je.

« Ohhhhh, je me souviens maintenant ! » répondit-il.

Ça avait l’air trop bruyant, alors que je pense que c’était difficile de communiquer correctement.

Kazuma avait commencé à se déshabiller. C’était arrivé d’un coup, alors j’avais tourné le dos vis-à-vis de lui et j’avais crié, « Q-Quoi !? Pourquoi vous déshabillez-vous si soudainement ? »

« Pour aller dans l’eau, bien sûr, » répondit-il.

« Quoi !? Pourquoi !? » demandai-je.

« Allez, vous aussi, Naden, » déclara-t-il.

« Encore une fois, pourquoi !? » demandai-je en insistant.

Kazuma avait enlevé son haut, laissant son pantalon ample. Après ça, il commença à faire de légers exercices, puis il alla dans l’eau. J’avais aussi essayé de ne tremper que le bout de mes pieds. L’eau était maintenue à la température parfaite, ni trop froide, ni trop chaude. Ça faisait du bien... Mais, avant ça.

« Si nous allons nager, il y a des endroits plus calmes pour le faire, comme le lac. Est-ce que vous le saviez ? » avais-je dit.

« Il faut que ce soit un endroit comme celui-ci. Dépêchez-vous, Naden, » insista Kazuma.

« Me dites-vous de me déshabiller ? » demandai-je.

J’avais serré mon corps avec mes deux mains. L’idée de faire disparaître mes vêtements et d’aller dans l’eau devant Kazuma... c’était tellement embarrassant que j’avais cru que j’allais mourir.

Pendant que j’étais timide, Kazuma avait ri de façon ironique et avait dit : « Pas du tout. Vous pouvez le faire en forme de dragon, d’accord ? »

« Oh... C-C’est vrai, hein, » avais-je rougi, car j’avais tiré des conclusions hâtives.

Alors que j’étais encore comme ça, Kazuma m’avait fait signe d’entrer. « Vous êtes une ryuu, donc vous devriez être bonne nageuse, n’est-ce pas ? »

« Je ne sais pas si c’est parce que je suis une ryuu, mais... J’ai confiance en ma capacité à le faire, oui. Mais pourquoi est-ce que ça en arrive là si soudainement ? » demandai-je.

« Il y a une petite chose que je veux essayer. D’accord, Naden. Allons au fond des chutes, » déclara Kazuma.

Face à l’insistance de Kazuma, je m’étais transformée en ryuu et j’avais plongé dans l’eau en produisant un grand éclaboussement. Il y avait une grosse vague qui avait soulevé Kazuma de haut en bas. J’avais alors demandé à un Kazuma à la dérive, « Pourquoi le fond des chutes ? Vous voulez que je m’entraîne ainsi ? Ou bien est-ce autre chose ? »

J’avais entendu dire que ce genre de méthode d’entraînement existait dans le monde d’en bas. Était-ce parce qu’ils essayaient de concentrer leur esprit tout en étant frappés par les chutes ? Cependant, même si je me plaçais sous la Grande Cascade, ce qui briserait probablement les os d’un humain normal, s’il essayait de m’entraîner en dessous, avec la masse accrue et la puissance défensive de ma forme ryuu, cela ne ressemblerait probablement pas à beaucoup plus qu’un massage.

« Cela aiderait probablement les épaules raides, » avais-je enfin commenté.

« Vous n’avez rien qui vous rendrait raide... OK, j’avais tort. S’il vous plaît, pas d’éclairs, » supplia Kazuma.

« Bon sang ! » Quand j’avais fait soulever les poils de mon dos sous forme de ryuu, montrant des étincelles électriques, Kazuma avait levé les mains. « Si vous ne voulez pas être choqué par mes éclairs, évitez de dire des choses qui me mettront en colère. »

« Non... C’est juste que je suis avec vous, je me souviens de mes amies qui se trouvent dans mon pays natal, » avait avoué Kazuma en se grattant timidement la joue. « C’est pour ça que je finis par faire le genre de blagues que j’aurais fait là-bas. »

« Vraiment ? » avais-je demandé.

« Tout à fait. Les femmes de ce monde vivent toutes leur vie restreinte par quelque chose, qu’il s’agisse d’une grande ou d’une petite chose. Il pourrait s’agir d’une famille célèbre, de la nécessité de produire un héritier... Pour ceux dont la naissance les places dans les sommets, cela pourrait même s’agir de quelque chose liée à leur ville natale ou à leur pays. Mais ces contentions leur offrent aussi une protection. Mais, Naden, vous n’avez rien de tel, n’est-ce pas ? Vous êtes forte parce que vous êtes une ryuu, et si vous le voulez, vous pourriez même vivre seule. En toute honnêteté, dans tout ce continent, vous êtes probablement la femme la plus proche des femmes de ma patrie. »

Je n’avais pas vraiment compris ce que Kazuma disait. Mais...

« Même moi... je ressens la solitude quand je suis livrée à moi-même, » avais-je dit.

Les mots étaient sortis naturellement. La solitude. J’avais été plus surprise que quiconque que je l’aie dit. Je n’avais jamais vraiment... pensé comme ça avant. J’avais toujours été heureuse de ne pas être impliquée avec un dragon autre que Pai, parce que c’était moins compliqué de cette façon. Malgré cela... J’avais déclaré maintenant que je ressentais de la solitude.

« Bien sûr, » répondit Kazuma en souriant. « Même si vous pouvez vivre seule, c’est vraiment triste d’être ainsi isolée des autres. »

Quand j’avais entendu ces mots, j’avais compris que je n’étais plus l’être que j’étais jusqu’à présent.

« L’engrenage arrêté sera forcé de commencer à bouger. »

C’était ce dont Lady Tiamat avait dit.

En étant avec Kazuma, j’avais appris le sentiment de sécurité que procurait le fait d’être avec quelqu’un qui vous acceptait tel que vous étiez. J’avais appris la solitude qui accompagne le fait d’être toute seule. Maintenant que je savais ces choses... Je ne pouvais pas retourner à la solitude.

Je ne voulais pas y retourner.

Je ne voulais pas revenir en arrière... alors je me devais d’aller de l’avant.

« Naden ? » avait-il demandé.

« C-Ce n’est rien ! » m’écriai-je.

Wôw... C’était une bonne chose que je sois sous ma forme de ryuu noire. Si j’avais été sous forme humaine, Kazuma aurait certainement remarqué que mon visage était rouge vif. Ce n’est pas bon. J’avais besoin de penser à autre chose.

« Alors, euh... Oh ! C’est vrai. Pourquoi allons-nous au fond de la cascade ? » demandai-je.

« Hein ? Oh. Je me suis souvenu d’une chose. Pour l’instant, allons à côté de la cascade, » déclara Kazuma.

Kazuma me poussant vers l’avant, nous étions allés jusqu’à la chute d’eau remplie de brouillard. C’est à ce moment-là que Kazuma avait montré du doigt le sommet des chutes et avait dit : « Naden, pouvez-vous remonter ces chutes à la nage ? »

« Nager, à l’intérieur de ces chutes ? Elles descendent avec beaucoup de force, vous savez ? » déclarai-je.

« Eh bien, oui, c’est une cascade, » répondit-il tout simplement.

« Mais, pourquoi ? » demandai-je.

« Il y a ce dicton dans ma patrie : “En escaladant une chute d’eau, un ryuu effectue l’ascension des cieux”, » déclara-t-il.

« Ascension des cieux !? Vraiment !? » m’écriai-je.

Pourrais-je acquérir la capacité de voler en escaladant une chute d’eau ?

Il chuchota, « Bien que le dicton dit qu’une carpe qui grimpe une chute d’eau deviendra un dragon... ».

« Hein ? Avez-vous dit quelque chose ? Je n’entendais pas à cause du rugissement des chutes, » criai-je en réponse.

« Ce n’était rien. Il faut être prêt à essayer n’importe quoi. Faisons-le, » déclara Kazuma.

J’avais regardé la cascade. « Je pense qu’affronter ce courant pourrait casser des os... »

« Ne pouvez-vous pas le faire ? » demanda Kazuma.

« Je pense que je peux le faire, » répondis-je.

« Oh, Naden, fermez les yeux quand vous êtes dans l’eau, » déclara Kazuma.

« Hein ? Pourquoi ? » demandai-je.

« Faites-moi confiance, essayez ça, » répondit Kazuma.

Après cela, Kazuma m’avait saluée, comme s’il me disait : « Bon voyage. »

« Pourquoi agissez-vous comme si c’était le problème d’une autre personne ? » avais-je répliqué.

« Plutôt le problème d’une autre-ryuu, n’est-ce pas ? » plaisante-t-il.

« Si je fais ça et que rien ne change, vous serez choqué par mes éclairs ! » m’écriai-je.

Après m’être préparée mentalement, je m’étais déplacée dans et hors de l’eau à plusieurs reprises, comme les serpents de mer représentés dans les peintures, laissant mon corps sortir de la surface de l’eau en forme de demi-beigne alors que je fonçais vers le centre de la Grande Chute d’eau. Quand j’étais entrée dans la chute d’eau, cette fois, j’avais tordu mon corps horizontalement en grimpant de plus en plus haut.

« Naden, fermez les yeux quand vous êtes dans l’eau, »

Les paroles de tout à l’heure de Kazuma m’étaient revenues en tête.

Oh, taisez-vous ! Je dois juste les fermer, non ? Très bien !

En fermant les yeux, j’avais nagé à contre-courant de la chute d’eau.

Arg, c’est assez effrayant de nager les yeux fermés...

Dans l’obscurité totale, j’avais continué à nager, ne sentant que l’eau sur ma peau, et le bruit des chutes qui avaient été quelque peu atténuées sous l’eau. Mon sens de quelle direction était vers le haut ou vers le bas devenait de plus en plus confus ! Était-ce que je nageais vers le haut comme j’étais censée le faire ? Ou les falaises étaient déjà derrière moi, et je nageais horizontalement maintenant ?

Ce n’était probablement que quelques dizaines de secondes en temps réel, mais j’avais eu l’impression que cela avait duré des dizaines de fois plus longues que cela. Puis...

Ah !

La pression sur mon corps avait soudainement disparu.

C’était comme être jeté dans l’espace. Malgré cela... Je nageais encore. C’était comme si j’avais perdu mon sens du toucher en même temps que ma vue. Je nageais, mais je n’avais pas senti l’eau.

Quelle était cette sensation ? J’étais mal à l’aise, mais c’était également agréable.

« Attendez un peu, combien de temps dois-je garder les yeux fermés... Hein ? » m’écriai-je.

Quand j’avais ouvert les yeux, en regardant en bas pour me plaindre à Kazuma, le sol était bien en dessous de moi.

La chute d’eau était terminée depuis longtemps. Pourtant, je nageais encore.

Je nageais dans le ciel. Je sentais clairement les courants d’air.

En faisant flotter mon corps sur eux, je pouvais nager dans le ciel. J’étais dans le ciel que je n’avais pu qu’admirer auparavant, en regardant la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, depuis là haut.

Je ne pensais pas que le monde était si beau...

Les larmes avaient commencé naturellement à couler de mes yeux de ryuu. Quand les larmes s’étaient asséchées, je nageais maladroitement dans le ciel, et j’étais descendue à l’endroit où Kazuma me regardait avec la bouche grande ouverte.

« Kazuma... Je... Je peux voler. »

« Euh, ouais..., » avait-il dit. « Bien que ce soit plus comme nager que voler. Les légendes de mon pays natal disaient qu’un ryuu grimperait au ciel à travers le vent, les nuages, la foudre et la pluie, voyageant dans le ciel comme s’ils nageaient au fond des mers. »

« Voyager dans le ciel comme si je nageais..., » murmurai-je.

« Bien que je ne m’attendais pas à ce que ça se passe aussi bien que ça. » Kazuma s’était gratté la joue, souriant avec ironie.

« Hein ? Alors, n’étiez-vous pas sûr que je pourrais voler si j’escaladais la cascade ? » demandai-je.

« Je pensais qu’il y avait une chance sur deux que cela fonctionne, » déclara-t-il. « Ce que je veux dire sur ça, c’est que je sais que même les dragons et les wyvernes réussissent à voler. Même s’ils ont des ailes, ils ne sont pas faits pour voler comme les oiseaux. Pour qu’ils puissent faire voler ces corps massifs, il faut qu’il y ait un élément lié à la magie. En prenant en compte ça, je me suis dit que, puisque vous êtes une ryuu, le fait d’avoir ou non des ailes n’affecterait pas votre capacité à voler. J’ai pensé que c’était simplement que vous ne saviez pas comment le faire. Cela, et le fait que Lady Tiamat avait dit quelque chose qui suggérait que je saurais comment vous faire voler. La seule chose qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai pensé aux moyens de faire voler un ryuu, c’est l’escalade d’une cascade comme dans les légendes de mon pays natal. C’est pour ça que je vous l’ai fait tester. »

Kazuma semblait avoir pensé à quelque chose quand on le lui avait suggéré. Lady Tiamat avait dit quelque chose comme ça à Kazuma... Cela garantissait à peu près que Kazuma était la personne qui trouverait en moi la valeur que même moi je ne pouvais pas trouver.

Est-ce que cela signifie... que Kazuma est celui que j’attendais depuis si longtemps ?

Nous étions retournés sur le rivage, et j’avais demandé à Kazuma alors qu’il remettait les vêtements qu’il avait laissés là, « Hé, Kazuma. Dites-moi... Si je n’avais pas pu voler comme ça, qu’est-ce que vous comptiez faire ? »

Kazuma avait réfléchi à ma question pendant un certain temps, puis avait avoué avec honnêteté : « Si cela en était arrivé là, je me serais excusé. “Désolé, ça n’a pas marché”, c’est ce que j’aurais dit. »

« Attendez, est-ce tout ? » demandai-je.

« C’est tout. Même si vous ne pouviez pas voler, votre valeur ne changerait pas. Je ne sais pas ce que les chevaliers dragons apprécient, mais en me basant sur le système de valeurs de mon pays, je veux désespérément votre capacité à contrôler l’électricité. Si personne ne vous choisit à la Cérémonie du Contrat, s’il vous plaît, venez dans mon pays. Vous y serez la bienvenue. »

J’étais silencieuse.

« Venez dans mon pays », avait-il dit sans la moindre gêne.

J’avais l’impression qu’il n’y avait pas de place pour moi dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Mais Kazuma avait dit qu’il me voulait. J’avais l’impression de pouvoir nager à nouveau dans le ciel en raison de la joie qui m’emplissait.

Mais, eh bien... la façon dont il avait dit : « Si personne ne vous choisit » m’avait énervée. J’avais donc décidé de me venger un peu pour cela.

« Qu-Quoi, Naden ? » J’avais attrapé Kazuma par le cou, et l’avais forcé à monter sur mon dos.

« Wôw !? »

Puis, d’un coup, je m’étais lancée dans le ciel. En un instant, le sol était loin, et un Kazuma paniqué s’était accroché à mon dos, tout en criant.

« Naden, je tombe ! Je tombe ! »

« Vous ne tomberez pas », avais-je dit à Kazuma d’un ton exaspéré. « Après tout, je vous ai sur le dos. »

« Euh… ? Maintenant que vous le mentionnez, nous sommes montés sur une trajectoire presque verticale, mais je ne suis pas tombé, » avait déclaré Kazuma.

« C’est le pouvoir du dragon. Nous protégeons les humains qui montent sur notre dos pour qu’ils ne tombent pas. Cela signifie que les chevaliers peuvent monter sur notre dos sans s’accrocher et qu’ils sont protégés du vent et du froid. Vous voyez bien qu’il ne fait pas froid, même si on était dans les airs ? » demandai-je.

« Maintenant que vous en parlez... Je vois. Il n’est pas étonnant que les chevaliers dragons soient si forts. » Kazuma avait l’air impressionné.

J’avais gloussé. « Je sais. Je n’étais pas sûre qu’un ryuu comme moi serait capable de l’utiliser, mais..., » commençai-je.

« Si vous ne pouviez pas, n’aurais-je pas fait une chute mortelle ? » demanda-t-il.

« J’avais l’impression de pouvoir y arriver, et même si vous étiez tombé, il aurait fallu que je vous rattrape, c’est tout, » avouai-je.

« Vous savez, je préférerais ne pas sauter à l’élastique sans la corde..., » déclara Kazuma.

« Hahahaha. Considère ça comme une revanche pour tout à l’heure, » déclarai-je.

« Pour l’escalade de la cascade ? » demanda-t-il.

« Pour avoir dit : si personne ne vous choisit... Hé, Kazuma ? » J’avais rassemblé mon courage et j’avais demandé à Kazuma. « Vous allez participer à la Cérémonie du Contrat, n’est-ce pas ? Pourquoi ne me choisiriez-vous pas ? »

Quand j’avais demandé ça, Kazuma avait alors eu la bouche bien serrée. Former un contrat signifiait me prendre pour épouse. En d’autres termes, je lui faisais ma demande en mariage. La raison pour laquelle il n’avait pas répondu immédiatement était qu’il y réfléchissait sérieusement, j’en étais sûre. Finalement, il avait lentement ouvert la bouche.

« Je viens d’être invité par Lady Tiamat et je ne suis pas du Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung, » déclara-t-il.

« Je le sais déjà, » répondis-je.

« Même si vous faites un contrat avec moi, je ne peux pas devenir un Chevalier-Dragon, » continua-t-il.

« Je ne suis pas non plus comme les autres dragons, » répliquai-je.

« En plus, je ne vous ai rien dit sur moi. Pas même mon véritable nom, » déclara Kazuma.

« Hein !? Kazuma Souya était un faux nom !? » m’écriai-je.

« Et j’ai déjà quatre fiancées dans mon pays, » annonça-t-il.

« Quatre !? » m’écriai-je encore une fois.

Mais même le Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung avait permis la polygamie. Si le dragon était un partenaire qui accompagnait le chevalier dragon sur les champs de bataille, le chevalier avait besoin d’une autre partenaire pour rester et surveiller la maison. C’est pourquoi je n’avais aucun problème avec le fait qu’il avait d’autres fiancées, mais en avoir quatre n’était pas quelque chose qu’il pouvait faire sans être dans une très bonne position. C’était complètement différent de prendre une concubine après avoir déjà épousé sa femme officielle.

« Kazuma... Qui êtes-vous vraiment ? » avais-je exigé.

« Ça, je ne peux pas encore vous le dire. » Kazuma avait réussi à faire sortir ces mots. « Je ne suis pas non plus capable de décider du contrat tout seul. »

Est-ce que... je viens d’être rejetée ? Mon cœur s’était serré douloureusement alors que je le pensais, mais ensuite...

« Alors, reviendriez-vous dans mon pays avec moi ? » demanda Kazuma. « Je parie que vous pouvez aller assez vite sous cette forme de ryuu. J’aimerais revenir un peu au Royaume de Friedonia et demander l’avis de toutes mes fiancées sur ce sujet. De cette façon, nous finirons par retourner à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, alors nous serons ici bien avant l’heure de la Cérémonie du Contrat. Est-ce que ça... serait un problème pour vous ? »

Kazuma avait l’air de s’excuser. J’avais secoué la tête et lui avais dit : « ... Non, ça me va. »

Si cela signifiait qu’il était possible que Kazuma forme bien un contrat avec moi. Je devais m’envoler jusqu’au Royaume, ou dans Empire ou n’importe où ailleurs. J’avais maintenant le pouvoir de le faire.

« Alors, où est-ce que je dois aller ? » avais-je demandé.

Avec un regard empli de soulagement, Kazuma avait répondu : « D’accord. Alors, à Parnam, la capitale du Royaume de Friedonia, s’il vous plaît ».

« Bien reçu. »

Et ainsi, j’avais nagé dans le ciel vers l’est.

☆☆☆

Chapitre 5: Même si cet amour était pré-arrangé

Partie 1

Parnam, capitale du Royaume de Friedonia.

Avec son château archaïque, mais toujours impressionnant et les murailles rondes qui entouraient le château et la ville, les toits orange des maisons de la cité avaient donné sa couleur à la ville. Il s’agissait d’une ville qui donnait, d’une certaine façon, une impression nostalgique.

Mais sous tout cela, il y avait les réformes de l’hygiène publique de Souma, ainsi que l’installation d’un réseau d’égouts et de transport, qui l’avait transformé en une cité efficace et vivable d’une manière qui contredisait son apparence d’antan. Cette ville était comme un symbole du Royaume de Friedonia alors qu’il commençait à accumuler le pouvoir.

Maintenant, malgré les progrès rapides de Parnam, il y avait aussi parfois des rumeurs bizarres qui se répandaient à l’intérieur de la ville. On pourrait les appeler des légendes urbaines.

L’année dernière avait apporté des rumeurs sur le mannequin en mouvement, et l’aventurier kigurumi. Celles-ci s’étaient naturellement apaisées lorsque les observations de mannequins en mouvement avaient pris fin, et lorsque les mentions de l’aventurier kigurumi avaient commencé à apporter des réponses de « Oh, vous voulez parler du Petit Musashibo ».

Cependant, dernièrement, une nouvelle rumeur avait commencé à prendre leur place.

C’était...

« L’ombre noire qui se déplace dans le ciel nocturne. »

C’est ainsi qu’un vendeur de produits métalliques, M. A, avait raconté l’histoire.

« J’avais abusé de la bouteille ce jour-là, donc je ne me souviens pas très bien, mais... J’étais ivre et couché sur le dos, regardant vers le ciel, quand quelque chose est passé au-dessus de moi. C’était tout noirâtre, sinueux et long. »

Voici un autre rapport d’un marchand, M. S :

« Je revenais de ma livraison au château ce jour-là. C’était une journée claire, et vous pouviez voir la lune et les nuages bien dégagés, mais pour une raison inconnue, la région autour de moi est devenue très sombre tout d’un coup, et c’est là que j’ai réalisé qu’il y avait une grande ombre qui passait au-dessus de ma tête. Cela bloquait la lumière de la lune. J’ai eu peur, et mes jambes ont lâché, mais l’ombre s’est envolée au-dessus du château et puis, pouf, elle a disparu. J’espère que ce n’est pas un mauvais présage des choses à venir... »

Il y avait eu beaucoup d’observations de ce genre, et cela avait causé de l’incertitude parmi les habitants de la ville, qui craignaient qu’un monstre soit venu. Cependant, lorsque Chris Tachyon avait diffusé la vérité derrière ces observations depuis le château, les choses avaient commencé à se calmer.

On disait que les deux responsables de ces rumeurs avaient reçu une réprimande sévère plus tard de leurs entourages concernant cette bourde.

 

◇ ◇ ◇

 

J’étais maintenant sur le dos de Naden, volant à travers le ciel nocturne. La situation fantastique de voler à travers la mer de nuages sous un ciel étoilé sur le dos d’un ryuu avait fait danser mon cœur. Cela m’avait tellement excité que, sans même le vouloir, j’avais commencé à fredonner le thème d’ouverture d’un animé que j’avais regardé il y a longtemps.

D’ailleurs, sur le chemin du retour vers le royaume, nous étions passés au-dessus de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria. Dans mon ancien monde, il aurait peut-être été correct de demander si je violais leur espace aérien, mais dans ce monde, bien que les civilisations aient pu maîtriser le ciel, il n’y avait pas de concept de droits sur l’espace aérien. Dans ce monde, il n’existait pas encore de système de droit international qui permettrait à d’autres pays de s’opposer à l’utilisation de wyvernes et d’autres créatures volantes pour survoler leur territoire à haute altitude.

Il y avait une raison claire et simple pour cela. Ils n’avaient aucune capacité de l’appliquer.

Par exemple, si une wyverne pénétrait dans l’espace aérien d’un pays, il n’y avait aucun système radar dans ce monde avec lequel ils pourraient la détecter. Il ne serait pas possible de surveiller tout leur espace aérien sans un système comme le radar, en n’utilisant que des patrouilles.

Pour cette raison, ces patrouilles se limitaient aux zones situées au-dessus des grandes villes. Cela avait été fait pour empêcher de petites forces aériennes d’entrer dans leur espace aérien pour larguer des bombes au-dessus d’une ville ou pour déposer des espions. De plus, si un groupe volait en formation près de la surface, il serait rapidement repéré par ceux du sol, et il serait possible de les attraper.

Donc, si nous ne volions pas près du sol, si nous ne volions pas en formation et si nous ne survolions pas les villes, il serait possible de passer au-dessus d’un autre pays sans être détecté et intercepté.

J’avais envoyé Poncho dans d’autres pays pour recueillir des ingrédients de cuisine dans le passé. À cette occasion, nous avions envoyé des messagers dans ces pays pour obtenir l’autorisation d’atterrir dans ces pays. Cependant, en passant au-dessus d’un autre pays à haute altitude comme nous le faisons maintenant, il n’était pas nécessaire de leur en parler.

Cela dit, si quelque chose se produisait, le pays en question ne pourrait pas en être tenu responsable. C’était une situation où nous ne pouvions pas nous plaindre même s’ils nous abattaient, mais Naden volait plus haut que la wyverne normale, donc je n’étais pas inquiet à ce sujet. C’est pourquoi, en allant de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon au Royaume de Friedonia, nous avions coupé à travers l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.

Naden avait parcouru l’itinéraire que notre voyage détendu qui nous avait pris près d’une semaine en seulement deux à trois heures.

« Hé, Kazuma... est-ce vraiment bien ? » demanda Naden. Plus nous nous rapprochions de la capitale, Parnam, plus ses questions semblaient emplies d’inquiétudes. « Parnam est la capitale de Friedonia, n’est-ce pas ? Voler à l’intérieur de leur territoire est une chose, mais si je survole les villes, cela ne va-t-il pas devenir une question diplomatique et les amener à nous attaquer ? »

J’avais tapoté Naden dans le dos pour la rassurer. « Tout ira bien. Je les ai déjà prévenus. »

« Vous dites que vous les avez prévenus, mais... nous avons été dans les airs pendant tout ce temps ! » déclara Naden.

« C’est un peu trop difficile à expliquer, mais, eh bien, pensez que c’est ma magie, » répondis-je.

J’avais utilisé un mannequin avec le bras mécanique modèle 1 dans lequel j’avais laissé une partie de ma conscience avec Poltergeist Vivant pour qu’il puisse faire de la paperasse pendant mon absence, pour écrire un message. Le message avait dit : « Je reviendrai bientôt et je serais monté sur une longue créature. Ne soyez pas surpris. » Ils savaient qu’on arrivait. Le bras mécanique modèle 1 était incroyablement effrayant à regarder, mais il pouvait être utilisé pour relayer des messages comme celui-ci, donc c’était pratique.

« Je suis plus curieux de savoir comment vous avez pu expliquer la situation à tout un royaume..., » avait dit Naden.

Je ne pouvais pas lire son expression quand elle était sous forme de ryuu, mais la voix de Naden semblait emplie de doute.

« Eh bien, disons que... Je suis en mesure de le faire, » avais-je dit.

« Vous dites que vous avez aussi quatre fiancées, donc vous n’êtes pas un type ordinaire, n’est-ce pas, Kazuma ? Peut-être que vous êtes vraiment important dans le royaume ? Comme un noble de haut rang ? »

« Je suis un type ordinaire », avais-je répondu. « Celui qui a été forcé dans une position extraordinaire, c’est tout. »

Quand je lui avais donné cette réponse, elle avait pu en déduire tout ce qu’elle souhaitait, la ville de Parnam avec ses lampadaires à mousse lumineuse et le château de Parnam au clair de lune était apparue.

Je suis de retour, pensai-je.

Ce que j’avais ressenti, même si je n’étais parti que depuis environ un demi-mois, était la preuve que ce château était déjà devenu mon chez-moi.

« Naden, atterrissez dans la cour de ce château, » avais-je dit.

« Le château !? Est-ce bon !? » demanda Naden.

« C’est bon, » déclarai-je.

C’était là que les autres attendaient que je rentre à la maison.

Naden était restée flottante dans les airs, me tenant dans sa bouche jusqu’à ce qu’elle puisse me poser sur le sol. Puis elle avait immédiatement pris une forme humaine et avait elle aussi atterri.

La cour du château était assez grande, mais elle était encore un peu trop étroite pour que Naden puisse y atterrir sous sa forme de ryuu. Si elle essayait d’atterrir de cette façon, les jardiniers royaux pleureraient probablement. Techniquement, nous avions aussi un espace héliporté pour atterrir, mais la cour était plus proche de l’intérieur du château.

Quand nous avions fini d’atterrir dans la cour, les gardes s’étaient raidis comme s’ils ne pouvaient pas croire ce qu’ils voyaient, mais ils nous avaient immédiatement salués et s’étaient précipités à l’intérieur du château. Peu de temps après, Liscia, Hakuya, Juna et Roroa étaient sortis.

Quand Roroa m’avait vu, elle avait immédiatement couru et, profitant de tout son élan, m’avait sauté dessus et m’avait fait un câlin volant. « Bienvenue à la maison, chéri ! »

« A-Arg... J-Je suis de retour, » avais-je réussi à laisser sortir.

Roroa était légère et délicate. Donc je n’avais pas été poussé fortement vers l’arrière ou quoi que ce soit du genre. Cependant, j’avais dû tourner sur moi même une fois et demie pour absorber son élan. Les bras de Roroa étaient solidement attachés autour de ma taille, et elle se blottissait contre moi comme un chat, pressant son visage contre ma poitrine.

« Chéri, je me suis sentie si seule sans toi, » déclara Roroa.

« Seule ? » Je m’y étais opposé. « Ça ne fait qu’une semaine. »

« Si je ne peux pas voir ton visage, que ce soit un jour ou un an, c’est la même chose. Juna était elle aussi agitée, et pendant que la Grande Sœur Cia feignait le calme, son front était tout ridé. »

« « Roroa ! » » Liscia et Juna lui avaient crié dessus.

Pendant qu’elles lui criaient toutes les deux d’avoir dévoilé les détails de ce qu’elles avaient fait pendant mon absence, Roroa avait ri et s’était cachée derrière moi.

Ah... C’était un peu vague, mais j’avais l’impression de rentrer à la maison.

« Liscia, Juna, je suis rentré, » avais dis-je en souriant.

« Oh ! Bienvenue à la maison, Votre Majesté. » Juna corrigea sa posture et s’inclina.

« Bienvenue à la maison. » Liscia avait parlé sur un ton exaspéré. « Tu es revenu si soudainement, j’ai été surprise. »

« Soudain ? » avais-je demandé. « N’as-tu pas reçu le message disant que je reviendrais ? »

« Il a fallu beaucoup trop de temps avant qu’un tel message n’arrive. Souma, as-tu donc une idée du nombre de messagers kuis qu’Aisha a envoyé alors qu’elle était inquiète pour ta sécurité ? » demanda Liscia.

... Oh. Maintenant qu’elle l’avait mentionné, j’avais laissé Aisha et les autres dans ce village. Je suppose qu’on aurait pu les prendre en venant ici, hein.

« J’ai entendu dire que la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon allait leur expliquer la situation, » dis-je.

« Ça n’a de sens que si c’est toi qui le leur dis en personne, » rétorqua Liscia. « Dans la lettre qu’elle m’a envoyée, Carla m’a dit qu’Aisha a failli frapper le messager qui venait de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« Quoi ? C’est effrayant…, » dis-je.

« Carla et les autres l’ont arrêtée de justesse. Pour le dire franchement, ça a failli devenir un incident diplomatique. Bien qu’il semble qu’ils aient reconnu qu’ils étaient en grande partie responsables de t’avoir emmené si soudainement, car l’envoyé a commencé à s’excuser, » déclara Liscia.

« Aisha... Quand il s’agit de moi, elle peut être si indisciplinée, » avais-je dit en soupirant.

Commencer une guerre totale avec les dragons ne serait pas drôle. Faites preuve de retenue, s’il vous plaît.

« Ça montre à quel point elle tient à toi, n’est-ce pas ? » répondit Liscia. « Rattrape-toi la prochaine fois que tu seras avec elle. »

« D’accord…, » dis-je.

Puis je m’étais adressé à Hakuya, qui n’avait pas participé à la conversation. « Est-ce qu’il s’est passé quelque chose d’inhabituel pendant mon absence ? »

« Rien de particulier. Si vous me pressiez de venir avec quelque chose, nous avons donné à Sire Piltory, qui a été envoyé dans l’Empire, la permission de revenir ici temporairement, » répondit Hakuya.

« Piltory ? S’est-il passé quelque chose ? » demandai-je.

Piltory Saracen. Il était l’un de mes partisans et, afin de renforcer notre coordination avec l’Empire du Gran Chaos, je l’avais envoyé comme ambassadeur dans l’Empire. Si Piltory était revenu, est-ce que cela signifiait qu’il s’était passé quelque chose dans l’Empire ?

Mais Hakuya secoua la tête avec un regard calme. « Il semble que l’une des femmes qu’il a emmenées dans l’Empire est tombée enceinte. Il n’est revenu que temporairement pour la laisser avec sa famille, qui a plus de mains libres pour s’occuper d’elle. Une fois qu’il a laissé sa femme à leur charge, Sire Piltory est immédiatement retourné dans l’Empire. »

« C’est... une merveilleuse nouvelle, » avais-je dit. Il rentrait à la maison parce qu’ils avaient eu un enfant. J’étais content d’apprendre que ce n’était pas une mauvaise nouvelle.

Si je me souviens bien, lorsque Piltory était parti pour l’Empire, il n’avait amené que ses deux femmes et un petit nombre de serviteurs. Peut-être, plutôt que de voir sa femme accoucher dans un environnement inconnu, Piltory se sentait-il plus en sécurité en la laissant à son domicile ici. Cela semblait assez juste.

Cependant, il y avait une autre chose qui me préoccupait.

L’expression de Hakuya.

Même s’il était habituellement si calme et réservé, aujourd’hui il avait l’air quelque peu heureux.

« ... Hakuya, est-ce que quelque chose de bien est arrivé ? » avais-je demandé avec prudence.

« Hm ? Rien de particulier. Pourquoi cette question ? » demanda Hakuya.

« Non, vous avez l’air un peu grisé, » dis-je.

« ... Le pensez-vous vraiment ? » demanda Hakuya.

Après avoir dit ça, Hakuya était retourné à son calme habituel et à son comportement composé. Hmm, l’avais-je imaginé ? Cela m’avait un peu dérangé, mais... eh bien, c’était mieux que de le voir ainsi sans en savoir la raison.

Une fois que Hakuya avait fini de me donner un rapport plus détaillé des choses qui s’étaient passées pendant mon absence, Roroa, qui s’accrochait encore à moi et semblait malade d’attendre, avait pris la parole.

« Alors, chéri, est-ce que c’est la dragonne avec qui tu disais vouloir former un contrat ? »

Quand elle m’avait demandé ça, j’avais réalisé que j’avais complètement négligé Naden.

« Non, je veux dire..., oui, c’est un dragon, mais pas un dragon, en soi... Attends, Naden !? » m’écriai-je en voyant la tête que faisait Naden en ce moment.

☆☆☆

Partie 2

Quand j’avais regardé derrière moi, Naden était paralysée et raide, me fixant d’un regard vide, la mâchoire grande ouverte. C’était comme un ordinateur qui s'était figé parce qu’il avait trop d’informations à traiter. Il y avait probablement toutes sortes de choses qui se passaient dans sa tête, et son expression n’avait pas changé depuis un moment, probablement parce que ses émotions n’arrivaient pas à suivre.

J’avais retiré Roroa de moi et j’avais agité une main devant le visage de Naden. « H-Hé, Naden ? »

« Kazuma est Souma, et Souma est Votrmajesté, donc il est... Votrmajesté Kazuma ? » Naden s’était effondrée sur le sol alors qu’elle murmura ça.

« Tiens, maintenant, j’ai aussi un autre alias bizarre !? Naden, reprenez-vous ! » dis-je.

« Euh !? »

Quand j’avais saisi Naden par les épaules et que je l’avais secouée en l’appelant, elle était finalement revenue à la raison. Puis, avec un regard de colère clairement discernable sur son visage, Naden m’avait soudainement attrapé par le cou.

« Attendez, Kazuma ! Ils vous appellent Souma, et Votre Majesté. Alors que diable se passe-t-il ici !? » s’écria Naden.

« Souma... ne me dit pas que tu ne lui as rien dit », me déclara Liscia, clairement exaspérée.

« Étant donné ma position, je ne savais pas si je pouvais lui donner mon nom ou non. Mais... tu as raison. Il était temps que je le fasse. Euh... Naden ? » dis-je.

« O-Oui ? » répondit Naden.

« Mon vrai nom est Souma Kazuya. Je suis le roi de ce royaume, le Royaume de Friedonia, » annonçai-je.

« ... »

Les yeux de Naden s’étaient écarquillés et elle s’était figée. J’avais entendu dire que lorsque les individus étaient vraiment choqués, ils perdaient la capacité de parler, et il semblait que c’était aussi vrai pour un ryuu.

Si nous avions continué à parler dans la cour pendant la nuit, nous aurions probablement tous contracté un rhume, alors nous avions décidé de nous déplacer dans une salle de conférence se situant dans le château. Nous nous étions assis autour d’une table ronde, et j’avais donné une explication approximative de la façon dont les choses s’étaient déroulées.

Cela incluait le fait que Lady Tiamat avait choisi de me faire venir à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avant les autres.

J’avais aussi parlé de la « tempête » qui s’approchait de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

J’avais également parlé du fait qu’elle nous avait réunis, Naden et moi, comme moyen d’y faire face.

J’avais parlé du fait que Naden était la seule ryuu dans un groupe de dragons de style occidental.

J’avais également parlé du fait que Naden voulait conclure un contrat de monture avec moi... Fondamentalement, tout.

Liscia, ainsi que les autres personnes qui étaient venue avec moi n’avaient pas su ce qui s’était passé après mon passage à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, alors que Naden n’avait pas su comment j’y étais arrivé. Ainsi, j’avais fini par devoir tout expliquer.

Roroa avait été la première à ouvrir la bouche après avoir entendu tout ce que j’avais à dire. « On dirait que la Mère-Dragon t’a fait danser dans la paume de sa main pendant tout ce temps. J’ai l’impression que ta rencontre avec Nadie a été arrangée par elle. »

« N-Nadie ? » Les yeux de Naden s’étaient largement ouverts face à ce surnom soudain.

Elles s’étaient rencontrées il y a moins d’une heure, mais elle était déjà traitée comme une amie. J’avais comme toujours été étonné, par la capacité à socialiser de Roroa. Après tout, elle se rapprochait de l’autre personne, et elle ne les laissait pas se sentir isolé vis-à-vis d’elle.

« Eh bien, la Mère-Dragon de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon est connue comme un dieu des rencontres. Ne le saviez-vous pas ? » avait ajouté Liscia.

Roroa haussa les épaules. « Même si c’est le cas, n’est-ce pas un peu trop direct ? Pour la plupart des gens sur ce continent, si vous dites le mot “dragon”, ils imaginent un grand lézard avec des ailes. Je dirais que mon Chéri est à peu près la seule personne qui aurait pu réaliser que Nadie était un dragon spécial et différent, un ryuu. Et puisqu’elle l’a déposé là où était Nadie, je dois dire que c’est un peu artificiel. »

« Je crois que Lady Roroa a raison, » déclara Hakuya pour soutenir l’opinion de Roroa. « Si je peux ajouter quelque chose, c’est peut-être que la Mère-Dragon... Lady Tiamat... est familière avec votre monde jusqu’à un certain point. Si Lady Tiamat était certaine que vous connaissiez les ryuus, cela signifie qu’elle devait savoir que le monde d’où vous venez avait une idée de ce qu’est un ryuu ».

« Lady Tiamat... connaît le monde d’où je viens ? » avais-je demandé lentement.

Elle savait que j’étais un humain qui venait de la Terre ou du Japon. J’en étais sûr. Cela étant dit, elle aurait pu aussi supposer que je connaissais le ryuu et les légendes sur les chutes d’eau. Est-ce pour ça qu’elle nous avait réunis Naden et moi ?

« Hrm... Cela ne m’est pas venu à l’esprit, » avais-je avoué. « J’aurais dû poser des questions plus précises. »

« Je pense que cela aurait été difficile, » répondit Hakuya. « D’après ce que vous nous avez dit, Sire, si Lady Tiamat prétendait ne pas avoir l’autorité de vous dire quelque chose, alors vous n’auriez pas pu le lui demander en obtenant une réponse appropriée. »

J’avais réalisé qu’il avait probablement raison. Après tout, on aurait dit qu’elle en faisait le moins possible pour influencer l’humanité. Donc tout cela était tout à fait possible.

J’avais remarqué que Juna fixait le visage de Naden.

Naden se pencha un peu en arrière. « Quoi ? Y a-t-il quelque chose sur mon visage ? »

« Non, je pensais juste que vos bois ressemblaient à ceux que grand-mère a..., » déclara Juna.

« Vraiment ? » demanda Naden.

« Oui, » dit Juna. « Elle est membre de ce qu’on appelle la race des serpents de mer, mais elle a des bois plus petits que les vôtres. »

Excel, hein ? Si je me souviens bien, la race des serpents de mer avait des queues et de petits bois, et son apparence ressemblait à celle de Naden dans sa forme humaine. Cependant, j’avais une théorie à ce sujet.

« Excel et les autres membres de la race des serpents de mer sont dits descendants d’un type de serpent de mer qu’on appelle aussi kouryuu ou jiaolong, n’est-ce pas ? » avais-je demandé. « Je pense que ces serpents de mer auraient pu être des ryuus comme Naden. »

Par exemple, avec la famille de Juna, les Domas, on disait que leurs ancêtres étaient des Loreleis. Parce que Lorelei avait une forme humaine, cela ne semblait pas déplacé pour eux d’avoir été descendus du ryuu.

Quand il s’agissait de serpents de mer, ils étaient tellement plus grands et de forme si différente, alors j’avais été quelque peu empli de doutes dès le début quant à savoir si leur accouplement avec les humains était même possible, et encore moins si un tel accouplement pouvait produire quelque chose comme la race des serpents de mer sous une forme humanoïde. Mais si ces « serpents de mer » avaient été ryuus comme Naden, tous ces doutes disparaîtraient.

« Les gens de ce monde ne connaissaient pas le ryuu, » dis-je. « De plus, Naden était si habile à nager qu’elle pouvait remonter la Grande Cascade. S’ils voyaient un ryuu qui était si habile à nager, il ne serait pas étrange pour une personne dans ce monde de penser qu’il était un serpent de mer. Pendant ce temps, comme Naden, ces ryuus auraient pu prendre une forme humaine, et ainsi ils auraient pu laisser des descendants connus maintenant sous le nom de serpents de mer. »

Juna avait applaudi comme si elle avait tout compris. « Je vois ! La race des serpents de mer n’est pas un demi-dragon comme les dragonewts, mais à la place, un demi-ryuu. »

« Ce n’est qu’une théorie, » dis-je.

« C’était tout à fait logique pour moi. Eh bien, ça fait de Naden l’une de mes parentes éloignées, » déclara Juna.

« Hein ? Vraiment ? » demanda Naden.

Quand Juna avait souri en réponse, les joues de Naden avaient commencé à se relâcher un moment, mais son regard était tombé sur la poitrine voluptueuse de Juna, et son sourire était devenu forcé. Elle baissa les yeux vers sa modeste poitrine, et ses épaules s’affaissèrent si fort que l’on ne pouvait s’empêcher d’imaginer un effet sonore exagéré.

« Il n’y a aucune chance que nous soyons parentes..., » avait marmonné Naden d’un air découragé.

« Je ne sais pas ce que c’est, mais je sens que je peux m’entendre avec cette fille, » Roroa hocha la tête avec sympathie.

J’avais une idée de la raison, mais je n’allais pas mettre mon pied là-dedans, alors je ne m’étais pas mêlé de ça.

« Quoi qu’il en soit, ce qui m’inquiète maintenant, c’est cette “tempête” contre laquelle Lady Tiamat était sur ses gardes, » avais-je dit. « Il semble que cela n’affecte pas seulement la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, mais aussi ce pays. »

J’avais remis la conversation sur une note plus sérieuse, de sorte que le sentiment de tension était revenu chez toutes les personnes présentes.

« Elle a dit que tu étais la “clé” pour faire face à cette tempête, n’est-ce pas ? » demanda Liscia, et je hochai la tête en signe d’affirmation.

« Si je tiens compte de la façon dont elle connaît la Terre, j’imagine que cela pourrait avoir quelque chose à voir avec la façon dont j’ai été convoqué d’un autre monde. Et aussi, il semblerait qu’elle ait choisi Naden pour me porter, » déclarai-je.

Lady Tiamat avait mentionné qu’elle avait besoin de moi, de la clé pour y faire face, et d’une fille qui me porterait. Il était plus ou moins certain que la fille dont elle parlait était Naden. Si j’avais des questions à ce sujet, ce serait la raison pour laquelle cette fille devait être Naden en particulier.

Liscia avait la tête baissée sur le côté. « C’est plutôt vague. Cette “tempête” ne semble pas être un phénomène naturel, n’est-ce pas ? »

« Ce n’est pas possible, » avait déclaré Naden avec fermeté. Elle semblait terriblement sûre d’elle. « Quand je suis sous forme de ryuu, mes moustaches sont si sensibles que je peux vous dire quel temps il fera dans une région pour la semaine prochaine. Si un orage arrivait bientôt, il n’y a aucune chance que je ne le sente pas. »

« Sérieusement !? » m’étais-je exclamé. « C’est super pratique ! »

Si nous avions Naden, nous pourrions commencer des prévisions météo ! Nous pourrions commencer une rubrique météo dans l’émission d’information de Chris Tachyon et la diffuser dans tout le pays. Dans sa forme de ryuu, Naden pourrait probablement faire le tour du pays en une journée, donc si nous pouvions utiliser cela pour produire un bulletin météorologique, ce serait une grande aide pour les habitants.

Il fallait que Naden vienne au royaume maintenant !

« Souma... C’est trop facile de dire ce que tu penses », m’avait dit Liscia alors que je commençais à m’exciter. Apparemment, c’était écrit sur mon visage.

Je me sentais mal à l’aise à ce sujet, alors je m’étais raclé la gorge, puis j’étais revenu à la question principale. « Quoi qu’il en soit, pour faire face à cette “tempête”, je suis sûr qu’il faudra que je retourne à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« Je ne veux pas que tu mettes ton cou dans quelque chose de dangereux, » Liscia m’avait dit ça avec un air inquiet, mais je ne pouvais pas lui en vouloir.

« Si je ne m’en mêle pas maintenant, ce sera tout aussi grave si la même calamité nous arrive plus tard. En plus, je ne sais pas si c’est un problème qu’on peut remettre à plus tard. Si je dois le regretter plus tard, en me disant : “Pourquoi n’ai-je pas fait quelque chose à l’époque ?” c’est mieux de résoudre le problème maintenant, alors que j’ai la garantie de Lady Tiamat que je peux le faire, » déclarai-je.

« Eh bien, oui... c’est peut-être vrai, mais..., » répondit Liscia.

J’avais posé une main sur l’épaule de Liscia, toujours insatisfaite. « Normalement, je laisse ce que je ne peux pas faire à ceux qui le peuvent. Mais s’il y a quelque chose que je suis le seul à pouvoir faire, je dois être proactif. Je dois donner l’exemple au peuple. »

« ... Oh, bien, j’ai compris. » Liscia l’avait accepté à contrecœur.

Je m’étais levé et j’avais marché pour me placer derrière le siège de Naden. Puis, plaçant mes mains sur ses épaules, j’avais dit : « Pour faire face à cette situation, je veux former un contrat de chevalier dragon avec Naden. En gros, ça veut dire que je prendrais Naden comme cinquième fiancée. Naden n’est pas du genre à être reine primaire, donc elle deviendra probablement une reine secondaire, ce qui lui donnera plus de liberté ». J’avais regardé les visages de Liscia, Juna et Roroa pendant que je parlais. « Mais je n’ai pas l’intention d’ignorer vos sentiments. Si vous avez des objections, il est temps de les soulever. »

« J’ai hâte de collaborer avec vous, » Naden s’était levée et avait incliné la tête.

Liscia et les deux autres fiancées se regardèrent l’une et l’autre, mais Roroa avait souri d’un sourire ironique avant de lever les deux mains en l’air.

« Je m’abstiens. Je laisse ça à Grande Soeur Cia en tant que première reine primaire, » déclara Roroa.

« C’est logique », avait ajouté Juna. « Je suis une reine secondaire, donc je respecterai aussi la décision de Lady Liscia. »

La première reine primaire était dans la position d’avoir à diriger les autres reines primaires et secondaires, donc, d’une certaine façon, c’était un résultat naturel. Liscia, à qui l’on avait confié la tâche de décider pour les deux, avait aussi dû comprendre cela, parce qu’elle avait poussé un profond soupir.

« ... Souma, laisse-moi te demander ça. Cette fille... veux-tu la prendre pour reine ? » demanda Liscia en me regardant dans les yeux.

« Oui, » avais-je répondu.

« Est-ce que c’est ta décision en tant que dirigeant ? Ou bien est-ce basé sur tes sentiments personnels ? » demanda Liscia.

« Pour l’instant, je pense ainsi plus en tant que dirigeant, » je ne voulais pas le dire devant Naden, mais même si j’essayais de le cacher, Liscia verrait à travers moi. J’avais donc décidé de leur dire honnêtement ce que je ressens en ce moment. « En tant que dirigeant, je ne veux pas laisser partir une personne aussi compétente. Elle me donnera un lien avec la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et en formant un contrat avec elle, je peux faire appel à l’autorité du Premier Roi-Héros. En plus, les capacités de Naden sont aussi très attrayantes. Sa capacité de connaître le temps qu’il fera et sa capacité de manipuler l’électricité... les deux permettront à notre pays de faire de grands progrès. Je ne veux pas donner quelqu’un d’aussi capable à un autre pays. Je la veux pour notre pays. »

J’avais jeté un coup d’œil sur Naden, qui affichait sur son visage un regard peiné. Je parlais d’elle comme d’une sorte d’outil pratique, alors je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. Je savais que c’était bizarre pour moi d’être celui qui le disait, mais c’était dégoûtant ce que je venais de dire. Pourtant... dans ma position de roi, j’avais dû tenir compte de ce genre de choses dans mon processus de prise de décision.

Liscia l’avait compris, alors elle avait hoché la tête. « Alors qu’est-ce que tu ressens pour elle sur le plan personnel ? »

« J’ai une bonne impression d’elle... mais je ne sais pas encore, » avais-je admis. « Après tout, nous venons tout juste de nous rencontrer. »

Naden avait penché sa tête.

Non, je n’essayais pas de mettre ce genre de regard sur son visage. Je voulais m’assurer qu’elle écouterait ce que j’avais à dire jusqu’à la fin, alors j’avais posé une main sur l’épaule de Naden.

« Mais je pense que je peux en venir à l’aimer, » déclarai-je.

Le visage de Naden s’était levé et elle m’avait regardé. Je lui avais souri.

« Contrairement à toutes les autres femmes de ce monde, Naden n’est pas liée par des choses comme les préoccupations de sa maison ou le besoin de produire un héritier. Même dans des moments comme celui-ci, elle a le pouvoir de vivre toute seule si elle le désire. Son esprit libre me rappelle les femmes de mon pays natal. Quand j’étais avec Naden, à me détendre dans sa grotte, à lire des livres ou à regarder des émissions sur son récepteur simple, cela me rappelait la vie dans mon ancien monde. Si j’ai Naden avec moi, j’ai l’impression que cela m’empêchera de perdre de vue qui j’étais avant d’être ici. »

J’avais regardé Liscia droit dans les yeux pendant que je parlais.

« De plus, bien que la naissance et les capacités de Naden soient spéciales, il s’agit en vérité d’une fille incroyablement ordinaire, » déclarai-je.

« Quoiii, Souma ! » Naden s’y était opposée.

Mais je ne voulais pas dire ça dans le mauvais sens. Sa façon de rire, de pleurer, de gérer ses complexes, de bouder, de tomber amoureuse... Il ne pouvait pas y avoir beaucoup de filles aussi féminines à cette époque.

« Je trouve cette banalité charmante, » avais-je dit. « Alors... je suis sûr que je peux l’aimer. »

« Je vois..., » Liscia avait déplacé ses yeux vers le bas, regardant comme si elle envisageait quelque chose. Puis, quand elle avait levé les yeux, elle s’était tournée vers Naden. « Je sais maintenant ce que Souma ressent. Alors... Naden, c’est votre tour. »

« D’accord ! » avait déclaré Naden.

Liscia avait hoché la tête, puis s’était tournée vers moi. « Souma, peux-tu nous laisser seules, Naden et moi ? »

Seul... Hein ? Elle voulait questionner Naden en privé !?

« C’est..., » commençai-je.

« Roroa, Juna, occupez-vous de Souma, » déclara Liscia.

Roroa et Juna m’avaient pris fermement par les bras. J’avais essayé de me débarrasser d’elles, mais elles ne me lâchaient pas.

« Eh bien, c’est après tout un ordre de la future première reine primaire, donc il n’y a pas grand-chose d’autre que nous puissions faire, » avait dit Roroa.

« Heehee, » déclara Juna en riant. « Je suppose que non. Nous n’avons pas d’autre choix. »

Elles avaient dit qu’elles n’avaient pas le choix, mais n’ont-elles pas l’air de s’amuser ?

Quand j’avais demandé de l’aide à Hakuya...

« Il semble qu’il s’agit d’une discussion familiale, alors je vais prendre congé, » avait-il annoncé avant de quitter rapidement la salle.

Il s’est enfui !?

Liscia avait pris la main de Naden et avait commencé à s’éloigner de nous. « Maintenant, Naden, c’est un peu gênant de faire ça ici, alors retournons dans ma chambre. Mais avant ça... Que diriez-vous d’abord d’un bain ? » ajouta Liscia, passant ses doigts dans les longs cheveux noirs de Naden.

« Hein ? Un bain ? » demanda Naden.

« Vos cheveux sont tout enchevêtrés. En tant que fille, vous devez mieux vous en occuper. Venez, je vais les laver pour vous, » déclara Liscia.

« Hein ? On y va ensemble ? Hein ? » s’écria Naden.

Traînant Naden, qui était complètement perdue à cause de ce qui se passait, Liscia et elle avaient quitté la pièce. J’avais essayé de l’arrêter, mais Juna et Roroa m’en avaient empêché.

« Non, Sire, vous ne pouvez pas faire ça. C’est mieux de laisser les filles se débrouiller seules, » déclara Juna.

« Mon Chéri, laisse ça à la Grande Sœur Cia. Reste ici pour le bien de Nadie, » déclara Roroa.

« Juna, Roroa…, » avais-je lentement dit.

Il semblait que tout le monde avait les meilleurs intérêts de Naden à l’esprit. J’étais heureux de les voir faire de leur mieux pour l’accepter, même si cela aurait pu les laisser avec des sentiments compliqués. Cependant, les sourires de Roroa et de Juna avaient un côté intimidant qui ne laissait aucune place à la dispute.

« Avant cela, nous allons te faire raconter ce qui s’est passé entre toi et Nadie dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et je veux vraiment savoir pourquoi elle t’aime tant ! » cria Roroa.

« Vous ne dormirez pas ce soir avant de tout nous dire, alors préparez-vous, » avait ajouté Juna.

« ... Allez-y doucement avec moi, s’il vous plaît, » avais-je soupiré.

Désolé, Naden. S’il vous plaît, faites de votre mieux de votre côté.

☆☆☆

Partie 3

« Comment est-ce ? As-tu des démangeaisons quelque part ? » demanda Liscia.

« Je vais bien…, » répondis-je.

Je suis Naden et je suis actuellement dans un bain, en train de me faire laver par Lady Liscia.

Que quelqu’un vienne et m’explique cette situation !

Pour me calmer, j’avais revu un peu la situation jusqu’à présent.

Afin de créer un contrat de Chevalier-Dragon (ou, dans mon cas, serait-ce un Chevalier-Ryuu ?) avec Kazuma, j’étais venue au Royaume de Friedonia où il vivait, mais j’avais été frappée par la révélation choquante que le vrai nom de Kazuma était Souma Kazuya, et qu’il était le roi (mais il n’était pas encore sacré, donc seulement provisoirement).

Au moment où j’avais atterri dans la cour du château de Parnam, qui n’était évidemment pas aussi impressionnant que le Château de Cristal de Lady Tiamat, mais qui était quand même respectable, j’avais été conduite dans le château par des gardes nous saluant, et là, j’avais rencontré Lady Liscia, la première femme de Kazuma... non, fiancée de Souma, qui était donc la future reine de ce pays. J’avais l’impression de ne plus savoir qui j’étais.

Souma avait dit qu’il voulait me prendre comme l’une de ses reines.

« J’ai hâte de collaborer avec vous, » j’avais réussi à faire sortir une telle réponse et à m’incliner, mais l’intérieur de ma tête était dans un chaos total.

Hein ? Était-ce vraiment bien pour moi d’épouser Souma comme ça ? J’avais rêvé d’épouser un chevalier, mais Souma était un roi, non ?

Bien sûr, il y avait des dragons qui avaient épousé des membres de la royauté de Nothung. Mais nous parlions de Friedonia, un pays qui s’était tenu aux côtés de l’Empire jusqu’à présent. Était-ce vraiment bien pour moi de devenir reine là-bas ?

Alors que mon esprit tourbillonnait encore...

« Je sais ce que Souma ressent maintenant. Alors... Naden, c’est votre tour. »

L’une de ses fiancées, Lady Liscia, dont on disait qu’elle allait être la première reine primaire, m’avait parlé.

C’était une princesse aux jolis cheveux blond-platine, portant un uniforme militaire rouge brillant. Elle avait l’air d’avoir environ dix-huit ans, et elle avait un air digne.

Je m’étais levée et j’avais répondu : « D’accord ! »

Lady Liscia m’avait regardée droit dans les yeux, puis avait hoché la tête pour une raison inconnue et avait dit : « Souma, peux-tu nous laisser seules, Naden et moi ? »

Hein ? Du temps seul ? La candidate pour devenir la première reine primaire et moi ? Qu’est-ce que j’allais faire ?

Est-ce comme la briseuse de ménage dans ce roman d’amour « Espèce de Pie Voleuse » que j’avais lue auparavant ? Non, puisque je suis une ryuu, peut-être que ce serait : « Espèce de Ryuu Voleuse ! » Mais le ryuu avait plus une image de protecteur, alors... Attendez, ça n’avait pas d’importance maintenant !

« Maintenant, Naden, c’est un peu gênant de faire ça ici, alors retournons dans ma chambre. Mais avant ça... Que diriez-vous d’abord d’un bain ? » Lady Liscia m’avait dit, si bien qu’avant que je m’en rende compte, on m’emmenait au bain.

C’était ainsi que j’en étais arrivée là.

J’étais toute nue, avec une Lady Liscia tout aussi nue qui me lavait les cheveux. La peau claire et blanche de Lady Liscia avait ainsi fait que moi, membre du même sexe, avais vu mon cœur battre la chamade. J’étais assise avec mes jambes en position W, tandis que Lady Liscia se tenait à genoux derrière moi, frottant mes longs cheveux noirs. Même si sa poitrine n’était peut-être pas aussi grande que celle de la dame aux cheveux bleus, je pouvais sentir ses très jolis gonflements se presser par moment contre l’arrière de ma tête.

... Ouais, j’avais besoin de le dire dans ma tête une fois de plus...

 

 

Que quelqu’un m’explique cette situation !?

Qu’est-ce qui se passait ici ? J’avais la candidate pour devenir la première reine primaire de Friedonia qui me lavait les cheveux pour une raison inconnue.

Je m’étais tournée vers Lady Liscia et j’avais hésité à demander, « Euh, Lady Liscia ? Si je peux me permettre, pourquoi vous me lavez... ? »

« Parce que vos cheveux étaient en désordre, voilà pourquoi. Vous avez une bonne base qui peut être améliorée, donc vous devriez faire plus attention à votre apparence... Jusqu’à récemment, je n’étais pas du genre à voir cela ainsi…, » répondit-elle.

« J-Je vois…, » répondis-je.

Pai avait déjà dit quelque chose de semblable, n’est-ce pas ?

Puis Liscia sourit. « Vous pouvez aussi m’appeler Liscia. »

« Je ne pourrais pas. Ne serez-vous pas la reine de ce pays dans un proche avenir ? » protestai-je.

« Vous êtes venue ici pour en devenir une aussi, n’est-ce pas ? Souma semble être charmé par votre normalité, alors je serais heureuse si vous me traitez comme une amie. Bon, fermez maintenant les yeux, » répondit Liscia.

« Ah... ! »

J’avais fermé les yeux quand elle avait dit cela, puis elle m’avait versé un seau d’eau chaude sur la tête. Les mousses de savon qui étaient collées à ma tête avaient été enlevées et mes cheveux s’étaient accrochés à ma peau. J’avais secoué la tête vigoureusement.

Quand elle m’avait vue faire ça, Lady Liscia... Liscia m’avait fait un sourire merveilleux.

« Vous êtes comme Tomoe quand vous faites ça, » déclara Liscia.

« Tomoe ? » demandai-je.

« Ma petite sœur adoptive. C’est une louve mystique de onze ans, et c’est la plus mignonne, » répondit Liscia.

« Vraiment ? Je voudrais bien la rencontrer…, » commençai-je.

« Si vous épousez Souma, elle sera comme votre petite sœur. Soyez gentille avec elle, » déclara Liscia.

En parlant de ce genre de choses, nous étions entrés dans la baignoire. C’était une grande baignoire ronde et trois personnes auraient pu y entrer facilement. Alors que je me sentais encore tendue, je m’étais enfoncée dans l’eau.

« Pour votre information, ce bain est réservé exclusivement aux membres de la famille du roi, » expliqua Liscia, qui était plongée dans l’eau en face de moi. « Je me baigne souvent ici avec Aisha, Juna, Roroa et Tomoe. »

« Famille... Est-ce que Souma vient aussi parfois ici avec vous ? » Mon cœur s’était emballé à cette pensée.

Liscia secoua la tête d’un rire ironique. « Souma dit : “Nous avons la chance d’avoir une belle grande baignoire dans le château, alors je préfère utiliser celle-là”, alors il va toujours dans la zone de baignade utilisée par les gardes du château. Il y planifie ses déplacements quand il n’y a pas beaucoup de monde. »

« Je vois..., » dis-je.

« Vouliez-vous aller dans cette baignoire avec Souma, Naden ? » Liscia s’était un peu moquée de moi en disant ça.

« Non ! Je pense que je serais encore un peu... embarrassée... » *Blop*, *Blop*.

Attends ! Qu’est-ce que je voulais dire avec ce « encore » !? Tiens bon ! Je sais que c’est moi qui l’ai dit, mais c’était beaucoup trop embarrassant !

J’avais plongé mon visage à mi-chemin dans l’eau. Liscia m’avait regardée avec le sourire.

« Naden..., vous voulez former un contrat de chevalier dragon avec Souma, n’est-ce pas ? Ça veut dire que vous souhaitez être sa femme…, » demanda Liscia.

« ... Oui, » répondis-je.

« Qu’est-ce qui vous a fait décider que vous vouliez épouser Souma ? » demanda-t-elle.

Liscia me regardait droit dans les yeux. Son regard était doux, mais elle ne voulait pas détourner le regard, et essayait d’évaluer en profondeur le genre de personne que je suis. Même si je lui donnais une bonne réponse pour entrer dans ses bonnes grâces, elle verrait à travers moi en un rien de temps.

C’est pourquoi j’avais redressé mon dos et répondu avec mes honnêtes sentiments.

« Parce que... Souma m’a montré le coté de moi que je n’avais jamais connu ! » J’avais décidé de lui faire face dans cette baignoire. Je m’étais levée et j’allais lui dire exactement ce que je ressentais. « Il m’a appris que j’étais un dragon appelé ryuu. Il m’a appris à voler. Il m’a appris ce que j’ai toujours voulu savoir, sur le genre d’être que je suis. C’est pourquoi je veux être avec Souma, celui qui me comprend ! Je veux être la monture-dragon de Souma ! »

« J’ai entendu tout cela dans l’explication de Souma, » déclara tranquillement Liscia. « Mais pouvez-vous dire avec certitude que ces sentiments sont les vôtres ? N’est-ce pas Lady Tiamat qui a envoyé Souma à vos côtés ? »

Elle avait touché un point sensible. Mais... si je reculais maintenant, quel genre de femme serais-je ?

J’avais déplacé ma main sur ma poitrine, puis je l’avais regardée droit dans les yeux. « Vous avez raison, Lady Tiamat a peut-être arrangé une rencontre entre Souma et moi. Mais, je peux dire sans aucun doute que mon désir d’être avec Souma est entièrement le mien. »

Les yeux de Liscia s’étaient ouverts quand elle avait entendu ma confession « d’une vie ».

J’avais répliqué en posant une question à Liscia. « Ou alors quoi... ? Allez-vous me dire qu’un amour qui commence par quelqu’un d’autre n’est pas un véritable amour ? »

Je m’étais sentie un peu triste en le disant.

Liscia s’était alors penchée vers l’avant d’un coup, plongeant la moitié supérieure de son corps dans l’eau en provoquant une vague. Elle était restée ainsi un moment, avec rien de plus que des bulles qui remontaient à la surface. N’était-elle pas restée déjà dix secondes sous l’eau ? Comme je commençais à m’inquiéter, je l’avais appelée.

« E-Euh... Liscia ? »

« Bwah ! »

Avec un fort jaillissement, Liscia était revenue à la surface. Qu’est-ce que c’était que ça !? Je m’étais assise de nouveau dans la baignoire, et Liscia avait secoué l’eau de ses cheveux, se grattant maladroitement la joue.

« Désolée. Votre confession m’a un peu embarrassée, » déclara Liscia.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que vous dites, Liscia ? » demandai-je.

« Comme je l’ai dit, désolé. Mais vous avez eu la réaction parfaite. Est-ce qu’un amour qui commence par quelqu’un d’autre n’est pas un véritable amour ? Si vous le dites ainsi, le mien était également ainsi, et je ne pense pas que les autres femmes pourraient répliquer à ce que vous dites. Ce que je veux dire par là, c’est que toutes nos réunions ont été organisées d’une façon ou d’une autre par autre chose ou quelqu’un, » déclara Liscia.

Liscia avait souri comme si elle se remémorait de bons souvenirs en me disant ça.

Liscia avait continué. « Les fiançailles avec Souma étaient quelque chose que mes parents ont décidé de faire sans même me consulter. Quand mon père, l’ancien roi, a abdiqué en faveur de Souma, il a annoncé nos fiançailles comme un moyen de cimenter la légitimité de Souma. C’était si soudain qu’à l’époque, je me suis énervée et j’ai pris d’assaut la chambre de mon père. »

« V-Vraiment ? » demandai-je.

J’avais été surprise d’apprendre que la relation entre Souma et Liscia avait commencé de cette façon, surtout après avoir vu à quel point ils se faisaient confiance.

« Il n’y a pas que moi, » continua Liscia. « Elle n’est pas ici en ce moment, mais la candidate pour devenir la deuxième reine primaire, Aisha, est venue faire un appel direct à Souma pour qu’il fasse quelque chose pour sa patrie. Juna, celle aux cheveux bleus, était une espionne envoyée par l’actuel commandant en chef de la Force de Défense Nationale, Excel, pour juger si Souma était apte à être roi. Roroa, celle qui parle dans un argot marchand, était autrefois la princesse d’un pays hostile, le saviez-vous ? Elle a décidé d’épouser Souma pour l’obliger à s’occuper de son peuple, appauvri et souffrant de pénurie alimentaire. »

J’étais sans voix. Si tout ce qu’elle venait de dire était vrai, aucune des fiancées de Souma ne l’avait rencontré et n’était tombée amoureuse de lui dans des circonstances ordinaires. Non, j’avais lu des romans d’amour, alors je savais que les restrictions imposées aux personnes par leur famille pouvaient s’impliquer dans leur vie amoureuse. Et les perspectives des dragons, avec leur mariage avec un chevalier pratiquement déjà décidé, avaient pris le dessus sur l’amour et ce n’était pas beaucoup mieux... mais quand même !

« Et... aucune d’entre vous n’est insatisfaite ? » avais-je demandé avec hésitation.

Liscia avait souri. « Naden, c’est vous qui avez dit qu’un amour arrangé au préalable par quelqu’un d’autre peut encore être du véritable amour. Je pense que peu importe ce qui nous a réunis, ce qui est vraiment important, c’est le temps que vous passez ensemble après ça. »

Liscia s’était déplacée pour se mettre à côté de moi. En ce moment, Liscia et moi étions assises si près que nos épaules se touchaient presque.

Avec un regard joyeux dans les yeux, Liscia avait dit : « À vrai dire, j’étais un peu inquiète. »

« Inquiète ? » demandai-je.

« Nous avons toutes surmonté beaucoup de choses aux côtés de Souma. Comme la remise sur pied de ce pays, la guerre avec l’Amidonia et les négociations qui ont suivi. C’est l’ensemble de tout cela qui a forgé le lien étroit qui nous unit. Nous sommes une famille, » déclara Liscia.

Famille...

Liscia avait continué à parler. « C’est pourquoi je me posais la question... si vous vous joigniez à nous, est-ce que vous pourriez vous habituer à cette atmosphère familiale ? Souma accorde une grande importance au fait que nous soyons une famille. C’est parce que nous sommes sa famille que Souma a finalement trouvé quelque chose à quoi il tient après le décès de ses seuls parents restants dans son monde d’origine, sa grand-mère et son grand-père. »

Je n’avais pas pu dire un mot. J’avais d’abord pensé à mes propres sentiments, mais Liscia avait pensé à Souma et à sa famille. Je comprenais pourquoi Souma lui faisait confiance.

C’est... le genre de résolution qu’il faut pour être la première reine primaire, avais-je réalisé.

Dans un signe de préoccupation pour moi, qui avait perdu la capacité de parler, Liscia avait poursuivi sur un ton paisible : « Si vous n’étiez pas capable de vous intégrer dans cette atmosphère, j’avais l’intention de m’opposer à votre contrat. Si vous ne pouviez pas devenir membre de la famille, je ne pense pas que Souma, ou moi, ou même vous-même, Naden, en serions heureux. Je voulais voir par moi-même si vous pouviez ou non le faire, et c’est pourquoi j’ai fait en sorte que nous soyons seules ensemble. »

Liscia s’était retournée et elle m’avait regardée droit dans les yeux.

« Alors, Naden, croyez-vous que vous pourrez vous intégrer ? Avez-vous l’impression que vous pourrez penser non seulement à Souma, mais aussi au reste d’entre nous en tant que famille ? Si vous le pouvez... nous vous accueillerons. »

J’avais regardé mes propres sentiments. Je n’avais pas encore la détermination de Liscia. Mais... c’était seulement vrai maintenant.

« Je ne comprends pas vraiment ce truc de “famille”, » avais-je admis. « Nous, les dragons, nous protégerons les parents sanguins de nos partenaires jusqu’à la mort, mais nous ne sommes pas vraiment une race avec un concept fort de famille. »

« Je vois..., » répondit Liscia.

« C’est d’autant plus vrai que je connais la solitude liée à l’isolement. Je suis une ryuu, et j’ai été isolée même comparé aux autres dragons, donc je comprends combien il est gratifiant d’avoir des amis, la joie de trouver quelqu’un qui vous comprend, et le désir de Souma d’avoir quelqu’un à ses côtés. Alors..., » je m’étais levée, je m’étais tournée vers Liscia et j’avais incliné la tête devant elle. « S’il vous plaît, faites de moi un membre de votre famille. »

Pendant que mes yeux étaient fermés et que j’attendais la réponse de Liscia, quelque chose avait touché mes mains, qui reposaient sur mes genoux. J’avais ouvert les yeux pour découvrir que Liscia avait pris ma main. Puis, main dans la main avec moi, Liscia s’était aussi levée, se tournant vers moi en souriant.

« Naden Delal, en tant que candidate pour être la première reine primaire de Souma, je te souhaite la bienvenue. Merci d’être venue dans ce pays, et d’être avec Souma, » déclara Liscia sur un ton moins formel, même si les mots ne l’étaient pas.

« Liscia..., » murmurai-je.

« Hehe ! Vu notre situation, on pourrait penser que c’est nous deux qui allons nous marier, » répliqua Liscia.

« Hahahaha, tu as peut-être raison, » répondis-je de la même manière.

On se tenait les mains, alors que nous étions nues l’une en face de l’autre. Qu’est-ce que c’était que cette situation ?

« Oh ! Mais tu dois obtenir la permission d’Aisha, qui n’est pas là maintenant, d’accord ? » avait ajouté Liscia.

« Hmm... Je ferai de mon mieux, » avais-je dit.

« Si Souma lui demande, je suis sûre qu’Aisha sera d’accord, » déclara Liscia. « Mmmm ! » Liscia avait étendu ses deux bras sur toute la largeur. « Maintenant, je me sens un peu étourdie, il est peut-être temps de sortir. »

« Bien sûr, » dis-je.

« Ah oui, Naden. Si tu viens dans ma chambre, je voudrais que tu m’aides pour quelque chose, » déclara Liscia.

« Tu veux que je t’aide avec quelque chose ? » demandai-je.

Qu’est-ce que cela pourrait signifier ?

Liscia avait un sourire malicieux qui s’était affiché sur son visage.

 

◇ ◇ ◇

 

« Pff... »

Nous nous trouvions le lendemain. J’étais dans le bureau des affaires gouvernementales, à regarder la pile de documents que Hakuya m’avait remis, en disant : « Puisque vous êtes ici de toute façon, je vous prie de regarder ces documents importants », mais... J’étais super fatigué.

Roroa et Juna m’avaient mis dans l’embarras hier soir, me posant toutes sortes de questions sur ce qui s’était passé avec Naden, alors j’avais été quelque peu privé de sommeil. Mais c’était peut-être mieux de faire ce que je pouvais maintenant.

Il avait été décidé que Naden et moi retournerions à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon dans la journée.

J’avais déjà fait un rapport à Liscia et aux autres au sujet de Naden, et ce que Lady Tiamat avait dit au sujet de la tempête me dérangeait aussi. Le plan était d’aller chercher Aisha et compagnie sur le chemin.

Pendant que je travaillais, on avait frappé à la porte et Liscia et Naden étaient entrées.

En voyant à quoi ressemblait Naden quand elle était entrée dans la pièce, j’avais laissé échapper un « Wôw... » en raison de ma surprise.

Quand elle m’avait remarqué alors que je la regardais, Naden m’avait regardé en rougissant et m’avait demandé : « Qu’est-ce que... ? »

« Non, je pensais juste que vous êtes maintenant vraiment mignonne ainsi, » avais-je avoué.

« M-Mignonne !? »

Je pensais que Naden avait beaucoup de bons points qu’elle pourrait améliorer, mais elle n’était pas préoccupée par son apparence, et ses cheveux étaient pleins de nœuds, donc il était difficile d’être sûre de son plein potentiel. Mais maintenant que Naden portait ses cheveux droits, longs, lisses et noirs, elle avait une beauté propre et soignée, comme une yamato nadeshiko, l’hypothétique femme japonaise idéale. Il semblait qu’elle était allée prendre un bain avec Liscia après ce qui s’était passé, alors Liscia avait dû s’occuper un moment d’elle.

« Tout à fait, je pense que vous êtes vraiment mignonnes, » déclarai-je.

« Aww... Hmm... Merci. » Naden avait réussi à faire sortir tout cela comme une réponse. La façon dont elle se comportait était aussi si innocente et mignonne.

... Tout à fait, Naden avait l’air vraiment parfaite ainsi. Comme attendu de Naden.

En appuyant mes doigts contre mes tempes, j’avais regardé l’autre personne, qui était le vrai problème.

« Liscia... Qu’est-ce que tu fais habillée comme ça ? » demandai-je.

« Ça ne me va pas bien sur moi ? » Liscia se retourna lentement, me donnant un bon aperçu de sa tenue.

« Si tu demandes de quoi ça a l’air sur toi, bien sûr que tu es superbe dedans ! Mais ce que je demande, c’est pourquoi tu portes ce genre de tenue, » demandai-je.

En ce moment, Liscia portait un plastron en plate, entre autres choses, par-dessus une chemise et un pantalon. C’était ce qu’on pourrait appeler l’apparence de l’aventurier. Dans cet accoutrement, elle n’aurait pas eu l’air mal à sa place dans le groupe de Juno et Dece. Derrière elle, je pouvais voir ce qui ressemblait à des bagages.

Peu importe comment je la regardais, elle était prête à voyager. Elle avait l’intention flagrante de venir avec moi.

« ... Liscia, je t’ai demandé de rester dans le château, n’est-ce pas ? » demandai-je,

« On ne peut pas laisser le numéro un et son numéro deux aussi longtemps loin d’ici. C’était ton raisonnement, n’est-ce pas ? Naden m’a dit que vous avez tous les deux réussi à voyager de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon jusqu’ici en deux heures environ, n’est-ce pas ? Si nous pouvons revenir tout de suite en cas d’urgence, il n’y a aucune raison pour que je garde le fort, n’est-ce pas ? » demanda Liscia.

« C’est peut-être vrai, mais…, » commençai-je.

« Ahhhhhhhh ! » Roroa était entrée dans la pièce et avait crié à plein poumon quand elle avait vu comment Liscia était habillée. « Grande Soeur Cia, ce n’est pas juste ! Tu as clairement l’intention d’y aller avec lui ! »

« Je ne peux pas tolérer que vous essayiez de nous voler notre tour, Lady Liscia. » Juna avait été la prochaine à porter plainte.

Liscia avait mis ses mains ensemble, comme si elle implorait le pardon. « Quelqu’un doit persuader Aisha, alors laissez-moi y aller. Naden dit qu’elle fera des allers-retours entre notre destination et ici, pour que vous puissiez venir plus tard, d’accord ? »

« Hrmph... Eh bien, si c’est comme ça que tu le dis, » déclara Roroa à contrecœur.

« Nous devrons tout simplement l’accepter..., » compléta Juna dans un murmure.

Elles l’avaient accepté toutes les deux !? Hein ? Venait-elle vraiment avec moi ?

« D’accord, Souma. Allons à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon et faisons valoir nos revendications vis-à-vis de Naden !! » déclara Liscia avec force.

« ... »

Ayant obtenu la permission des deux autres fiancées, Liscia me l’avait bien entendu dit avec un large sourire.

Est-ce vraiment bien ? Alors que je tenais encore ma tête dans mes mains, Naden m’avait tapoté l’épaule afin de me réconforter.

☆☆☆

Chapitre 6 : Les plaines du chagrin

Partie 1

Dans le nord-ouest du Royaume de Friedonia se trouvait ce que l’on appellera plus tard les Plaines du chagrin.

Il avait été dit que le nom provenait d’une belle fille qui, pleurant pour son amant qui ne reviendrait jamais, avait créé un étang avec ses larmes. En fait, il y avait bien un étang dans les plaines du Grief, et les fermiers locaux l’utilisaient comme source d’eau à des fins agricoles. On disait que cette légende dramatique concernant l’amour tragique avait fait battre le cœur de nombreuses jeunes filles qui avaient visité cette terre.

Cependant, ceux qui connaissaient la vérité derrière la légende ne pouvaient que sourire avec ironie.

◇ ◇ ◇

« Wôw, » s’exclama Liscia, admirant la vue à l’extérieur de la fenêtre de la gondole.

En ce moment, nous étions dans les airs. Je pourrais monter sur le dos de Naden, mais si Liscia m’y rejoignait, la protection du ryuu ne la couvrirait pas, et elle serait exposée au vent et au froid. Pour cette raison, Liscia et moi étions montés dans une gondole conçue pour être portée par des wyvernes, et nous avions demandé à Naden de la porter sous sa forme de ryuu.

Naden avait alors traversé le ciel comme si elle nageait, et elle avançait bien plus vite qu’une wyverne ne pourrait le faire. En regardant la vitesse de défilement du paysage lors de ce trajet, Liscia avait déclaré avec enthousiasme : « Regarde, Souma. Elle est bien plus rapide qu’une wyverne. »

« Gwah ! » m’étais-je exclamé.

« Attends ! Qu’est-ce qui ne va pas !? Pourquoi saisis-tu soudainement ta poitrine ? » demanda Liscia.

« Non... Je ne le connais qu’en tant que réplique d’un vieux JDR, mais l’entendre sortir de ta bouche a été un choc…, » répondis-je.

« Mais de quoi tu parles !? » s’exclama Liscia.

Eh oui, elle n’allait jamais comprendre pourquoi je me sentais si peiné de l’entendre, et elle n’avait pas besoin de le comprendre. J’avais serré Liscia dans mes bras alors qu’elle me regardait d’un air perplexe.

« S’il te plaît, reste avec moi, » lui avais-je alors dit.

« Je ne sais pas ce qui t’inquiète tant, mais... bien sûr que je vais le faire, » Liscia avait posé sa tête sur mon épaule. « Nous deux... nous serons ensemble pour toujours. »

« Liscia..., » murmurai-je.

« Heyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy ! » Alors que nous avions commencé à avoir une bonne ambiance, un grondement de colère s’était fait entendre venant de là-haut. « Vous m’obligez à vous porter, puis vous commencez à flirter !? »

« Oh, désolé », avais-je dit. « Je n’ai pas pu m’en empêcher... »

« Comment ça ? Tu n’as pas pu t’en empêcher !? Pour commencer, tu pourrais monter sur mon dos ! » déclara Naden.

« Mais nous ne pourrons pas parler tous les trois si je faisais ça, » répondis-je.

Dans sa forme de ryuu, Naden parlait en utilisant quelque chose comme la télépathie, de sorte qu’elle pouvait parler sans se soucier du bruit des paroles dans la gondole, ou du bruit du vent qui sifflait, mais si j’allais sur le dos de Naden, je ne pouvais pas parler à Liscia dans la gondole.

Liscia s’était penchée et m’avait chuchoté à l’oreille, « Tu fais ça exprès parce que la réaction de Naden est si mignonne, non ? »

« Non, » répondis-je en chuchotant. « Enfin, peut-être un peu. »

« Tu as développé une vilaine tendance, tu sais ça ? » demanda Liscia.

« Eh bien ! Avec le fait d’être entouré d’un groupe de filles si difficiles, j’ai eu beaucoup d’entraînements, » répondis-je.

« ... Est-ce que tu m’inclues là-dedans ? » demanda Liscia.

« Franchement, je t’ai dit de ne pas me laisser en dehors du... hein... ? » Naden s’était arrêtée à mi-chemin. Alors que je me demandais pourquoi, Naden ajouta soudain : « Hé, pourriez-vous regarder le sol un instant ? »

J’avais ouvert la fenêtre, et Liscia et moi avions regardé le sol en bas tout en faisant face au vent qui s’était précipité dans la gondole.

« « Quoi !? » »

Dans les champs se trouvant sous nos pieds, il y avait un certain nombre de grands trous. Des cratères, grands et petits, s’y étaient formés. On aurait dit que la région avait été frappée par une frappe localisée de météorites.

« C’est comme si la zone avait été bombardée par une unité de Wyvernes..., » chuchota Liscia.

« Bombardée !? Je n’en ai jamais entendu parler par Hakuya ! » m’étais-je lamenté.

« Attends, Souma ! C’est juste à côté du village où Aisha et les autres attendaient, n’est-ce pas ? » demanda Liscia.

« Ah ! Dépêchons-nous. Naden, je compte sur toi ! » dis-je.

« Bien reçu ! » répondit Naden.

Naden avait soudainement fait une plongée jusqu’au village où Aisha et les autres l’attendaient.

Nous avions demandé à Naden de nous déposer près du village et de prendre une forme humaine, puis nous nous étions avancés en franchissant l’entrée du village où Aisha et les autres nous attendaient. Contrairement aux champs troués, le village n’était pas différent de ce qu’il était la dernière fois que j’étais ici.

Alors, c’est quoi ces gros trous ? Pendant que je me demandais ça...

*Bruit de pas* *Bruit de pas* *Bruit de pas* *Bruit de pas*. J’avais entendu le bruit de pas lourds, et puis d’un coup. « Votre Majesté ! »

J’avais vu Aisha courir vers nous avec une vitesse incroyable.

Avec la quantité de mouvement qu’elle avait acquis lors de ce déplacement, elle était presque comme un cheval en fuite ou un rhinocéros en fureur, et à mesure qu’elle se rapprochait, j’entendais des sonneries d’alarme dans ma tête. C’était mauvais. J’avais tenté de me tourner et de courir dans l’autre sens, mais...

« Votre Majesté ! Je vous ai enfin attrapééééééééé ! » cria Aisha.

« Gwah ! »

« « Souma !? » »

Sans même que j’eus le temps de tourner complètement sur moi-même, elle s’était rapidement rapprochée de moi, et j’avais été attrapé dans une étreinte volante. L’impact était identique à celui d'être écrasé par une petite voiture.

... Est-ce que cela va s’arranger ? Ne vient-elle pas de me casser deux côtes ?

Cependant, mon enfer ne faisait que commencer.

« Pourquoi avez-vous soudainement disparu !? C’était si méchant de votre part, de m’avoir abandonnée comme ça ! Laissez-moi rester avec vous pour toujours ! » Aisha m’avait serré dans ses bras alors qu’elle était en larmes.

Les paroles qu’elle disait étaient mignonnes, et elle ressemblait à une jeune fille qui essayait de me faire plaisir, mais c’était Aisha, la guerrière la plus puissante de tout notre pays. Avec sa force, quand elle m’avait serré si fort, je pouvais parfaitement entendre mes os craquer et ce n’était pas au second degré.

« Aisha ! Ce n’est plus un simple câlin ! C’est un câlin d’ours ! » avais-je gémi.

« Ohhhhhhh, Siiiiiiirrrrrrrrrrreeeeeeeeeeee ! » avait-elle crié, me serrant encore plus fort.

« Je me rends ! Je me rends ! Je me rends ! » J’avais essayé de tapoter le sol pour me rendre, mais Aisha n’était pas sur le point de s’arrêter.

Ne pouvant plus nous regarder ainsi plus longtemps, Liscia déclara à Naden tout en soupirant, « ... Naden, veux-tu bien le faire ? »

« Puis-je le faire dans leur situation ? Je finirai aussi par frapper Souma, tu sais ? » répondit Naden.

« Je dirais que c’est en partie de sa faute. Tu as ma permission, » répondit Liscia.

« ... J’ai compris, » répondit Naden.

Sur ce, Naden nous avait pointé tous deux du doigt. Euh !? Qu’est-ce qu’elle avait l’intention de faire ?

« Pas d’inquiétude à avoir, je peux ajuster le niveau de puissance, » annonça Naden.

« Non, non, non, ce n’est pas le problème…, » criai-je.

« Prenez ça ! » *Bzzap !*

« Gyahhh ! » criai-je.

Après avoir été frappés par l’attaque électrique de Naden, Aisha et moi avions fini par nous étalés sur le dos.

Bien que j’aie finalement été libéré de ce câlin d’ours, j’aurais aimé qu’elle puisse me sauver d’une manière plus paisible. Franchement... Je m’étais fait plaquer, serrer, écraser et finalement électrocuter. Ces quelques minutes m’avaient complètement épuisé.

Quand nous étions arrivés à l’auberge où Aisha et les autres étaient hébergés, Tomoe m’avait accueilli avec un sourire qui était comme une fleur qui s’épanouissait.

« Grand Frère ! Dieu merci, tu vas bien ! » déclara Tomoe.

Je lui avais fait une petite tape sur la tête. « Désolé de t’avoir inquiétée. Où sont les autres ? »

Tomoe avait alors dit : « À propos de ça... » en jetant un coup d’œil derrière elle.

En suivant sa ligne de mire, j’avais vu Hal, Kaede et Carla qui étaient effondrés à une seule table. Tous les trois avaient des regards qui semblaient dire : « Je suis brûlé, comme des cendres », avec toute l’énergie et la vitalité qui avaient disparu de leurs visages. Leurs vêtements avaient aussi l’air un peu abîmés.

« Que s’est-il passé... ? » demandai-je.

« Tous les trois... Ils ont fait de leur mieux, » répondit Tomoe.

Tomoe avait fait un regard au lointain tout en racontant ce qui s’était passé pendant mon absence.

◇ ◇ ◇

L’histoire remontait à quelques jours plus tôt...

« Sire... Sirrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrre ! »

Halbert avait évité de justesse la grande épée de l’Aisha qu’elle balançait en pleurant. « Wôw ! C’était dangereux ! »

N’ayant coupé que de l’air, l’épée d’Aisha avait continué son trajet dans le sol, laissant une entaille d’environ cinq mètres de diamètre. Voyant cette puissance, les joues de Halbert avaient tremblé.

« C’est entrer dans le territoire de la mort en un seul coup. N’était-ce pas censé être une formation ? » demanda Halbert.

« Restez sur vos gardes, » déclara Carla, en tenant son épée prête. Elle se tenait à côté de Halbert. « C’est maintenant un vrai combat où vous pourriez mourir. »

Tenant sa lance courte préférée dans les deux mains, « Oh, zut ! Comment en est-on arrivé là... ? » demanda Halbert en soupirant. « Franchement... Je t’en veux pour cela, Souma. »

« Ce n’est pas la faute du Maître, mais... Je ne peux pas dire que je ne comprends pas ce sentiment, » avait convenu Carla.

« Pourriez-vous le répéter, » avait ajouté Kaede. Elle était derrière les deux autres combattants avec ses deux mains sur le sol. « Je pense que je vais demander à Sa Majesté Souma une prime de risque... vous savez ! »

*Crack !* *Crunch*.

Lorsque Kaede avait appuyé avec ses deux mains, le sol autour d’Aisha s’était gonflé, formant des murs pour l’entourer. Ils pensaient que ce serait suffisant pour la bloquer, mais...

« Pourquoi, Sire... Pourquoi... ? » Les larmes aux yeux, Aisha avait frappé sur les murs qui l’enfermaient encore et encore.

Quelques secondes plus tard, les murs de terre s’étaient écroulés, s’effondrant comme un tas de blocs de bois assemblés sans soin. En y regardant de plus près, la terre avait été coupée en morceaux de la taille d’une brique. Les roches dures et la terre molle avaient été coupées avec exactement la même forme. Cela n’aurait pas été possible sans un bord tranchant et une force effrayante.

Quand ils avaient vu ce spectacle, tous les trois avaient senti leurs joues trembler.

« J’aime penser que je suis moi-même assez fort, mais... » Halbert avait commencé.

« Je peux sentir ma fierté en tant que femme militaire s’effondrer, » avoua Carla. « Eh bien, je me rends compte que je suis maintenant une femme de ménage. »

« J’envisage sérieusement une stratégie où nous jetons Lady Aisha au milieu d’une armée ennemie afin de la laisser s’en charger seule, » avait dit Kaede.

Sans se soucier de ses trois compagnons clairement mal à l’aise, Aisha avait gémi, « Sirrrrrrrrrrrrre ! Pourquoi m’avez-vous quittée pour aller de l’avant tout seul ? »

« « « Elle donne l’impression que Souma/Maître/Sa Majesté est mort(e) ! » » » s’exclamèrent ses trois compagnons.

« Que dois-je faire, maintenant que vous m’avez laissée toute seule ?? » cria Aisha.

« « « Non, Souma/Maître/Sa Majesté n’est pas mort(e), d’accord !? » » » répondirent les trois autres.

Ils n’arrêtaient pas de lui souligner ce fait, mais Aisha n’écoutait rien.

Quant à la question de savoir pourquoi Aisha et les trois autres se battaient. Eh bien, tout avait commencé avant-hier, quand Souma avait fini par se rendre seul dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Même si les individus de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avaient eu des circonstances qui avaient rendu cette situation inévitable, le fait était que Souma avait soudainement été enlevé, et Aisha, qui, en plus d’être la candidate pour devenir la deuxième reine primaire, était aussi la garde du corps de Souma, était désemparée.

Lorsque l’une des prêtresses-dragonnes au service de Mère-Dragon Tiamat avait été envoyée pour les voir, Aisha avait essayé d’attraper l’envoyée tout en affichant un regard focalisé sur un but. Heureusement, Halbert et Carla avaient réussi à la retenir, de sorte que cela ne s’était pas transformé en incident majeur.

Comme la faute était clairement du côté de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, dans un tel cas, la prêtresse-dragonne s’était excusée, mais c’était une situation qui aurait pu facilement se transformer en véritable incident diplomatique.

Même après avoir reçu une explication, Aisha avait été encore plus déçue. Elle s’inquiétait tellement pour Souma que son esprit semblait toujours ailleurs.

Lorsque Tomoe s’était inquiétée pour elle, elle avait consulté Carla au sujet de ce qu’elle devait faire, et ils avaient décidé que l’entraînement l’aiderait à se changer les idées.

Oui, cela avait commencé comme un entraînement.

« Wahhhhhh... Sirrrrrrrre... »

Cependant, une fois qu’ils avaient commencé, cela s’était transformé en Aisha qui se défoulait.

Aisha avait toujours été connue pour ses prouesses martiales, mais il s’était avéré qu’elle se retenait toujours. Mais maintenant, avec ses sentiments lâchés, et son limiteur qui maintenait sa vraie puissance en échec ne fonctionnant pas, le sol était plein de trous en raison de ses prouesses débridées, et ses partenaires d’entraînement Halbert, Kaede et Carla étaient battus et épuisés.

En regardant Aisha pleurer comme une enfant, Carla avait sèchement souri. « Si elle tient tant à lui, le Maître est un homme chanceux. »

« C’est un amour intense, » dit Halbert en tournant les épaules en rond pour détendre son corps. « C’est une sorte de “je t’écrase dans un seul coup”. Attendez, ne devrions-nous pas avoir des renforts ? Vous avez envoyé un messager kui au château, n’est-ce pas ? »

« Il semble que le mieux qu’ils puissent faire, c’est de mettre en place un cordon de sécurité et d’éloigner la population de toute cette zone, » avait répondu Kaede. « Ils doivent compter sur nous pour trouver quelque chose sur place. Ils ne peuvent pas laisser des personnes qui ne connaissent pas la situation dans une zone où la future deuxième reine primaire pourrait faire quelque chose qui pourrait la mettre dans l’embarras. »

Les épaules de Halbert s’étaient affaissées. « Tu fais en sorte que tout semble si facile. Ils ne connaissent pas la souffrance que nous endurons sur le terrain. »

« Les pleurnicheries ne nous mèneront nulle part, » déclara Carla. « Sire Halbert, concentrez-vous sur l’affaire en cours, » bien qu’elle ait été aussi fatiguée que lui, Carla semblait pleine de vie pour une raison inconnue.

« Hé... Pourquoi êtes-vous si énergique ? » demanda Halbert.

« Je peux sentir le sang du guerrier à l’intérieur de moi bouillir pour la première fois depuis longtemps. Je n’ai fait que du travail de femme de chambre dernièrement, alors j’ai presque oublié que j’étais une femme de troupe. Oh, ne vous inquiétez pas. Comparé à l’humiliation d’être forcée de porter ce costume sexy (conçu par la sadique Serina) et de jouer Miss Dran (la méchante commandante qui est apparue dans l’émission tokusatsu et qui est maintenant diffusé dans tout le Royaume de Friedonia) devant un Joyau de Diffusion de la Voix, ce n’est rien ! » déclara Carla.

« ... Vous aussi, vous avez la vie dure, hein, » répliqua Halbert.

Pour Halbert qui, jusqu’à tout récemment, avait été forcé de s’entraîner au parachutage dans le cadre de l’unité de dratrooper que Souma avait proposé, il ne pouvait s’empêcher de sympathiser avec une autre personne surmenée par ses supérieurs.

En les regardant tous les deux, Kaede haussa les épaules avec consternation. « Je pense que c’est assez de cette conversation idiote, tu sais. »

« Ne dis pas que c’est idiot ! C’est important pour nous, d’accord ? » répliqua Halbert.

« Je vous le dis, ce n’est pas le moment ! Si l’un de vous deux baisse sa garde... vous finirez mort, vous savez, » répliqua Kaede.

« Arg, bon sang ! » Après avoir été averti, Halbert avait regardé Aisha, qui avait sa grande épée à portée de main. « Peu importe ! Allons-y ! »

Halbert et Carla avaient poussé avec force leurs pieds contre le sol, en chargeant vers Aisha.

La bataille de Halbert et Carla ne faisait que commencer.

☆☆☆

Partie 2

« Et c’est ainsi que nous en sommes arrivés là où nous en sommes aujourd’hui, » déclara Tomoe.

« Dans quelle mesure a-t-elle laissé Hal et les autres dans cet état ? » avais-je demandé.

« Ils ont essayé d’éviter de troubler les villageois, au moins en la conduisant dans les champs près du village et en se battant là-bas, mais c’était quand même effrayant, avec des explosions comme s’il y avait une guerre en cours, » répondit Tomoe.

« Quoi ? Est-ce toi qui as laissé tous ces trous dans le sol ? » avais-je dit en plaisantant, en regardant Aisha, alors que je pensais qu’elle n’en avait pas l’intention au départ. Mais Aisha détournait délibérément les yeux et faisait semblant de ne pas m’entendre.

Quand Aisha se lâchait, provoquait-elle des changements dans la topographie de la région ? Je la considérais auparavant comme un chien loyal, mais après qu’elle soit allée aussi loin, elle ressemblait plus à une arme de destruction massive.

Je vais contacter le château et leur demander de remplir les trous, pensai-je.

Pour l’instant, nous avions attendu que Hal et les autres se rétablissent, puis nous étions montés dans la chambre de quatre personnes où ils étaient hébergés, et j’avais présenté Naden à tout le monde.

« Voici Naden Delal, une ryuu de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avec qui je vais former un contrat. Le contrat est basé sur notre mariage, donc elle a prévu d’être ma deuxième reine secondaire. Naden, cette guerrière elfe sombre est ma future deuxième reine primaire, Aisha. La petite fille louve-mystique est ma petite sœur adoptive, Tomoe. Les trois autres sont mes vassaux, Halbert, Kaede et Carla. »

Carla était en fait mon esclave, mais expliquer tous les détails derrière cela prendrait trop de temps, alors l’appeler simplement mon vassal était suffisant.

Naden se tourna vers tout le monde et inclina légèrement la tête. « Je suis Naden. Enchantée de tous vous rencontrer. »

« Ohh, Madame Naden, c’est ça ? En tant que reines, travaillons ensemble pour renforcer Sa Majesté. » Aisha avait serré la main de Naden d’une manière amicale.

... Hein ?

« J’étais presque sûr que tu allais t’y opposer... ? », avais-je demandé.

« Hm ? Pourquoi aurais-je fait ça ? » demanda Aisha.

« Non, c’est juste que tu as presque essayé de tuer l’envoyée de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« C’est parce qu’ils sont venus et vous ont emmené ! » expliqua Aisha en grognant. « J’étais en colère contre la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon parce qu’ils m’ont pris mon Seigneur. Mais Madame Naden m’a rapporté mon Seigneur. J’ai toutes les raisons d’être reconnaissante envers elle, et aucune raison d’être en colère. »

« Je ne comprends pas vraiment la base de ce raisonnement..., » répliquai-je.

« Les individus qui prennent votre nourriture sont de mauvaises personnes, » répondit Aisha. « Les individus qui vous apportent à manger sont de bonnes personnes. »

« C’est aussi simple que ça !? Et, attends ! Suis-je maintenant comme de la nourriture !? » demandai-je,

Eh bien, vu à quel point Aisha était dévouée au fait de manger, je ne me sentais pas mal de savoir qu’elle m’aimait autant. J’avais un peu peur que ma deuxième reine primaire devienne de plus en plus comme un chiot.

« Alors... alors, ne veux-tu pas monopoliser toute la nourriture pour toi-même ? » demanda Liscia à Aisha.

C’était quoi cette question !?

Aisha lui avait fait un regard sans émotion et avait incliné sa tête sur le côté d’une façon interrogative. « Hm ? Plutôt que d’accaparer la nourriture pour moi, n’est-ce pas meilleur si nous mangeons tous ensemble en famille ? »

Liscia avait ri. « Hahaha ! Je suis contente que tu sois ce genre de personne, Aisha ! »

« ?? »

Liscia avait souri pendant qu’un tas de points d’interrogation flottait au-dessus de la tête d’Aisha.

Je me sentais mal de dire cela alors qu’elles avaient un accord si harmonieux, mais c’était un peu effrayant d’être traité comme la nourriture de tout le monde.

... Eh bien, c’était mieux que d’avoir des couteaux pointés l’un vers l’autre.

Pendant que je pensais cela, Tomoe s’était présentée à Naden. « Je suis la petite sœur adoptive de Grand Frère et Grande Sœur, Tomoe. C’est un plaisir de te rencontrer, Naden. »

« Je suis également ravie de te rencontrer. Tu as l’air d’une jolie fille avec une bonne tête sur les épaules, comme Liscia me le disait. »

« Heehee ! Le suis-je vraiment ? » demanda Tomoe.

« Oui. C’est un vrai avantage d’avoir une jolie petite sœur comme toi ! » déclara Naden.

« Eh ! Ça chatouille ! » s’écria Tomoe.

Naden avait pris Tomoe dans ses bras. Naden était petite, mais toujours beaucoup plus grande que Tomoe, onze ans, de sorte que la plus jeune fille s’était retrouvée plaquée contre sa poitrine.

Maintenant, avec les présentations de tout le monde effectué, j’avais expliqué les événements jusqu’à présent à tous ceux qui avaient été laissés ici. Je leur avais parlé de la raison pour laquelle Lady Tiamat m’avait appelé, et de la tempête dont elle s’inquiétait. Ça, et à propos du fait que Naden était une sorte de ryuu.

« C’est bien mon Seigneur, il renifle toujours des personnes talentueuses partout où il va ! » déclara Aisha.

Elle avait choisi un truc bizarre pour être impressionnée. Qu’est-ce que j’étais ? Un cochon renifleur de truffes... ?

Quoi qu’il en soit, une fois qu’ils avaient entendu tout ce que j’avais à dire, Carla avait été la première à lever la main.

« Je comprends que Liscia puisse venir avec nous maintenant, mais la limite sur l’entourage que vous apportez avec vous à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon était de cinq personnes, n’est-ce pas ? Ça ne nous laisse pas un de trop ? » demanda Carla.

« Oui... À ce propos, je pensais laisser Tomoe ici au village, » déclarai-je.

« Quoi... ? » Tomoe avait été stupéfaite d’apprendre qu’elle serait laissée ici.

Je me sentais coupable de voir son visage, comme celui d’une enfant dont l’excursion vient d’être annulée à cause de la pluie, mais sa sécurité devait vraiment passer en premier.

« Maintenant que nous avons l’élément inconnu de la » tempête « dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, je ne peux plus emmener Tomoe jusque là-bas, » expliquai-je. « Aussi pathétique qu’il soit, je suis dans une position où je dois me faire protéger par les autres. Il pourrait y avoir une situation où ils ne pourront pas nous protéger tous les deux. Rien ne peut m’arriver, mais s’il arrivait quelque chose à Tomoe, je ne serais pas capable de garder la tête froide. »

« ... Je comprends, » déclara Tomoe, étant la fille raisonnable qu’elle était, mais la façon dont ses oreilles et sa queue s’affaissaient communiquait trop clairement sa déception. « J’attendrai ici que vous tous, vous reveniez. »

J’avais caressé la tête de Tomoe. « Mais lorsque cette affaire avec la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon sera réglée, j’ai l’intention de continuer à voyager jusqu’à ce que le nombre de demandes en mariage que je reçois au château diminue. Je veux aussi essayer de visiter d’autres pays, et je t’emmènerai certainement, alors j’aimerais que tu sois patiente pour l’instant. C’est une promesse. »

« D’accord... Grand Frère, » répondit Tomoe.

Quand j’avais enroulé mon petit doigt autour du sien pour sceller notre promesse, les oreilles et la queue de Tomoe s’étaient un peu redressées.

Une fois que tout le monde avait été soulagé de voir Tomoe prenant un peu mieux la nouvelle, Liscia avait demandé : « Je comprends ce que tu dis, mais est-ce qu’on va laisser Tomoe seule dans le village comme ça ? Je suis un peu inquiète. »

« C’est bon, » lui avais-je dit. « Bien qu’ils ne se soient pas montrés, les membres des Chats Noirs ont été déployés dans ce village pour qu’elle ne soit pas seule. »

« Vraiment ? » demanda Liscia.

« Oui... Inugami, » dis-je avec un peu plus de force.

La porte de la chambre de quatre personnes s’était ouverte, et un homme portant un masque de chien noir était entré. C’était Inugami, un membre de l’unité d’opérations clandestines appelées les Chats Noirs, et le commandant en second du chef Kagetora.

Inugami était venu et s’était placé devant moi, puis s’était mis à genoux. « Je suis venu à votre demande. »

« En effet, » dis-je. « Pendant que nous serons dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, je veux que les Chats Noirs s’occupent de Tomoe. »

« Il en sera fait selon votre volonté, » répondit-il.

« Et aussi, Inugami, quant à vous personnellement, au lieu de la regarder de l’ombre, je veux que vous restiez à côté de Tomoe et que vous soyez son partenaire de discussion. Votre visage n’est pas très connu des personnes ordinaires. Vous avez donc le droit de retirer ce masque pendant que vous êtes dans ce village, » ordonnai-je.

« ... Compris, » répondit-il.

Après cela, Inugami avait enlevé le masque de chien noir qu’il portait, révélant le visage d’un homme-bête mâle ayant un visage de loup.

Quand il avait vu ce visage, Hal avait bondi de sa chaise. « V-Vous ! vous êtes Beo — !! »

« Attention à ce que vous dites, officier Halbert, » déclara-t-il brusquement. « Je ne suis qu’Inugami. »

« ... » Hal m’avait regardé.

Non, il pouvait regarder tout ce qu’il voulait, mais je n’allais pas lui donner d’explications. Après tout, les seuls à connaître Beowulf étaient Liscia et Hal qui avaient été dans l’armée.

En regardant Inugami, Tomoe avait incliné la tête sur le côté. « Êtes-vous aussi un loup mystique, Monsieur Inugami ? »

« Non, mon peuple s’appelle la race du loup gris. Parce qu’après tout nos visages ne sont pas humains, » répondit Inugami.

« Mais nous sommes tous les deux des loups, n’est-ce pas ? Soyons amis, s’il vous plaît, » déclara Tomoe.

« Vous êtes trop gentille, Petite Sœur, » Inugami avait incliné la tête devant Tomoe.

Il s’agissait d’un loup gris et d’une louve mystique, deux races aux apparences similaires, et leurs âges étaient séparés de vingt ans, de sorte que quiconque les verrait comme un père et une fille. Malgré cela, ils se trouvaient dans une position bizarre où le père s’inclinait devant sa fille. On aurait dit qu’ils s’entendraient bien, alors tout irait bien.

Une fois tout cela réglé, je m’étais tourné vers les autres. « Naden nous emmènera à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Si nous partions maintenant, nous arriverions au milieu de la nuit, alors nous partirons demain matin à la première heure. Planifiez tout en conséquence. »

« Alors, restons-nous dans ce village ce soir ? » demanda Kaede, et j’avais hoché la tête.

J’avais répondu. « C’est ce que ça veut dire, oui. Voyons comment on va diviser les chambres... »

« Prenons une chambre pour deux et deux chambres pour quatre, » avait dit Liscia avant que je ne puisse aller plus loin. « Halbert, Kaede, Carla et Inugami prendront une chambre. Naden, Tomoe et moi en prendrons un autre. Souma et Aisha, vous prenez la chambre à deux personnes. »

« On peut !? » En entendant qu’elle partagerait une chambre avec moi, Aisha avait eu le sourire aux lèvres.

Je ne pouvais pas discuter face à ce visage, alors j’avais chuchoté à Liscia, « Euh... Es-tu d’accord avec ça ? »

« Tu l’as rendue malade d’inquiétude, alors au moins, sois gentil avec elle pour aujourd’hui, » me répondit-elle.

« ... D’accord, » répondis-je.

Je ne savais pas quoi dire. Liscia était en train de se transformer en une femme charmante, adaptée à son rôle de première reine primaire.

Je suppose, ce n’était pas seulement Liscia. Juna, Roroa et même Aisha avaient grandi tous les jours depuis que je les avais rencontrées, et elles devenaient toutes plus attrayantes. J’étais sûr que Naden évoluerait probablement de la même manière...

J’ai aussi besoin de grandir, pour être sûr qu’elles ne m’abandonnent pas.

Cette nuit-là, Aisha et moi avions fini par dormir dans la même pièce.

« Tu l’as rendue malade d’inquiétude, alors au moins, sois gentil avec elle pour aujourd’hui, » je m’étais souvenu de ce que Liscia m’avait chuchoté.

... Elle a raison, pensai-je. Je lui ai causé beaucoup d’inquiétude cette fois-ci, alors aujourd’hui je vais être très gentil avec Aisha. Je ferai tout ce que je peux pour elle, tout ce qu’elle veut.

J’étais prêt à le faire, mais...

Aisha avait fait une demande surprenante.

« C’est tout ce que vous voulez ? Êtes-vous sûre ? » avais-je demandé.

« Oui ! C’est la meilleure des choses, Sire, » répondit Aisha.

Actuellement, j’étais assis sur le lit, pendant qu’Aisha s’était allongée latéralement avec sa tête reposant sur mes genoux. En d’autres termes, il s’agissait d’un oreiller à genoux. Ce qu’Aisha avait demandé, c’était un oreiller à genoux et des caresses sur la tête. Même en lui caressant la tête comme elle l’avait demandé, et en passant mes doigts dans ses cheveux, c’était suffisant pour faire fondre le visage d’Aisha. C’était plutôt mignon.

Avec un regard envoûté présent sur son visage, Aisha m’avait fait un sourire satisfait. « Quand je vous ai donné un oreiller dans le chariot, j’ai pensé : “J’aimerais que Sa Majesté fasse aussi ça pour moi.” Je suis très satisfaite que vous le fassiez maintenant. »

« ... Je m’en tire à bon compte, hein ? » Je ne pouvais m’empêcher de sourire avec ironie, me demandant si quelque chose d’aussi simple était assez bien. « Mais j’étais prêt à faire n’importe quoi pour vous. Liscia m’a dit d’être gentil avec vous aujourd’hui, donc si vous voulez, Aisha, nous pourrions faire quelque chose de plus... excitant... »

Oh, bon sang ! C’était embarrassant de le dire !

Mais étant donné que Liscia nous avait mis dans la même pièce... c’était probablement son intention.

Si Aisha avait accouché avant Liscia, cela pourrait entraîner une crise de succession, mais Aisha était d’une race à longue durée de vie, donc ce ne serait pas si facile pour elle de concevoir. Même si nous le faisions ici, il était pratiquement garanti qu’elle ne concevrait pas avant Liscia.

« Après tout, c’est probablement pour cela que Liscia nous a réunis tous les deux, » dis-je timidement.

Aisha avait gloussé. « Hehe. C’est bien du genre de Lady Liscia. Non seulement elle pense à vous deux, mais elle me considère aussi, Lady Juna, Lady Roroa, et... était-ce Lady Naden ? C’est étrange pour moi de le dire, mais je pense que c’est une femme charmante. »

« ... Elle l’est, » avais-je dit.

« C’est pourquoi je veux être aussi belle pour elle. Bien sûr, j’aimerais que vous me fassiez l’amour, mais si je me laissais aller au désir ici, je ne ferais que profiter de la gentillesse de Lady Liscia. Je ne veux pas ça, » Aisha avait reniflé. « C’est pourquoi j’attendrai que vous et Lady Liscia ayez eu un enfant. Dans n’importe quelle compétition, peu importe qui est mon adversaire, et même si c’est une bataille pour l’amour, je veux gagner directement dans un combat équitable, » déclara Aisha.

Se battre équitablement dans une bataille pour l’amour, hein. C’était tellement dans le genre d’Aisha.

« Je pense que vous êtes très belle, vous aussi, Aisha, » avais-je dit.

« Hehe... Vous me mettez mal à l’aise, » déclara Aisha.

Puis Aisha s’était assise et s’était retournée, me regardant les yeux tournés vers le haut en disant : « Mais, Sire, je pense, toujours comment je veux que vous me fassiez l’amour, vous savez ? Quand vous avez soudainement disparu, je me sentais si seule. »

« D-D’accord…, » avais-je dit, car je ne pouvais pas dire grand-chose d’autre.

« Alors, s’il vous plaît, dépêchez-vous et faites un bébé tous les deux. Et cela, aussi vite que possible, » déclara Aisha.

« … Je ferai de mon mieux, » répondis-je.

Aisha avait rapproché son visage, puis elle avait pressé ses lèvres contre les miennes.

Maintenant que j’y pense... c’était mon premier baiser avec Aisha.

Alors que mes yeux étaient encore écarquillés en raison de la surprise, Aisha avait souri et avait dit : « Permettez-moi au moins ceci. Et... quand vous aurez fait ce bébé, soyez sûr de me faire l’amour, d’accord ? Chéri, »

Il va sans dire que ce geste mignon m’avait laissé aussi rouge qu’une pieuvre bouillie.

 

☆☆☆

 

Le jour suivant...

« Maintenant, Votre Majesté ! Allons à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ! »

Le visage d’Aisha était rayonnant lorsqu’elle avait déclaré cela, pleine d’énergie. Ainsi, Liscia et Naden m’avaient regardé en toute connaissance de cause.

En me souvenant de notre conversation de la veille, je m’étais senti embarrassé.

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 1

« Hmm-hmm-hmm-hmm ! » Actuellement, Naden était en train de nager dans le ciel sous sa forme de ryuu, fredonnant pour elle-même au fur et à mesure qu’elle avançait.

Je lui avais frotté le dos, et je lui avais demandé. « Naden, ça va ? N’est-ce pas trop lourd ? »

« Hm ? Je vais très bien. Pourquoi cette question ? » Naden avait répondu comme si ce n’était rien pour elle.

Il y avait une raison pour laquelle je montais sur le dos de Naden. Comme Aisha s’était jointe aux autres passagers de la gondole, elle était devenue surpeuplée. La gondole était aussi grande qu’une maison-bateau, et il y avait normalement de la place pour au moins dix adultes, mais nous nous préparions à la « Tempête », et donc sept de ces dix places étaient occupées par des choses que nous avions transportées depuis le Royaume.

J’avais donc pensé que la gondole devait être assez lourde en ce moment. Et quand cette gondole était devenue ainsi lourde dans le passé, deux à quatre wyvernes étaient normalement attachées ensemble pour la transporter, mais Naden supportait facilement le fardeau toute seule. Naden, dans sa forme de ryuu, était beaucoup plus grande qu’une wyverne, mais n’était-ce pas vraiment lourd pour elle ?

« Tous les dragons sont-ils aussi forts ? » lui avais-je demandé.

« Je ne sais pas pour les autres dragons, mais ce n’est pas si lourd pour moi. C’est comme si je poussais une planche en bois dans l’eau. Je suppose que c’est ce qui est le plus proche de ce que je ressens. »

« Hmm... »

Est-ce que cela signifiait qu’elle manipulait inconsciemment la gravité ? Eh bien, elle faisait flotter son propre corps massif, donc il pourrait y avoir un effet magique en fonctionnement.

« Hmm-hmm-hmm-hmm ! » Naden avait recommencé à fredonner.

« Tu es de très bonne humeur, » constatai-je.

« Hmm hmm hmm-hmm-hmm ! Bien sûr que je le suis. Cette fois, tu montes sur mon dos, » répondit Naden.

« Est-ce différent de quand je suis dans la gondole ? » demandai-je.

« Oh, oui. Complètement différent, mais... il pourrait être difficile d’expliquer à quelqu’un d’une race différente. Je ne sais pas, c’est juste comme ça que je me sens bien, » répondit Naden. « Quand je suis sous ma forme de ryuu, j’ai l’impression que quelque chose n’est pas à sa place, ou quelque chose comme ça ? On pourrait dire que c’est comme si ça grattait une démangeaison. Ça me met à l’aise d’une façon ou d’une autre. »

« Hmm... »

Si c’était ce que Naden disait d’elle-même, elle devait probablement avoir raison. Il était vrai que le cheval préféré de Liscia avait toujours l’air si vivant quand Liscia était sur son dos. Mais après tout, je ne devrais pas comparer ma fiancée à un cheval...

« Mais..., » Naden avait ajouté, d’un ton de voix inquiet, « est-ce que ça va ? Je parle d’emmener Liscia, ainsi que d'autre personne sans le demander ? »

Elle pensait apparemment à la façon dont Lady Tiamat avait dit que mes compagnons seraient invités à venir plus tard.

« Eh bien, nous ne savons pas encore ce qu’est cette “tempête”, alors j’aimerais avoir mes compagnons à mes côtés quand quelque chose comme ça se produit », avais-je répondu. « Elle devra nous pardonner de ne pas le lui avoir dit à l’avance. »

« Je suppose que tu as raison. Mais, dans ce cas, j’aurais aimé qu’on puisse aussi amener Tomoe, » déclara Naden.

« Moi aussi... j’aurais aimé qu’on puisse montrer le paysage de Dracul à Tomoe, » répondis-je.

La Grande Cascade... le Grand Arbre de Ladon... il y avait beaucoup de curiosités impressionnantes. J’aurais beaucoup aimé les montrer à Tomoe, qui était curieuse du monde.

Naden avait soudain dit : « Euh ? Souma, Ils disent quelque chose dans la gondole. »

J’étais sur le dos de Naden, donc je ne pouvais pas entendre leur conversation dans la gondole. Si je voulais parler avec eux, je devais utiliser Naden avec sa capacité de télépathie comme relais.

« Qu’est-ce qu’ils disent ? » avais-je demandé.

« Voyons voir... ils ont dit : “Regardez vers la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon”... Ils font des histoires à propos de quelque chose. »

« La Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ? » demandai-je.

Naden volait vers la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, donc je pouvais toujours la voir droit devant nous. Il n’y avait rien d’inhabituel jusqu’à il y a un instant, mais...

« « Euh !? » » Nos yeux s’étaient écarquillés en même temps.

La Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon était une chaîne de montagnes de la taille du mont Fuji. Au milieu du ciel au-dessus d’eux, il y avait une unique énorme masse nuageuse.

« Est-il au-dessus de Dracul !? » Naden avait l’air paniquée.

Elle parlait du plateau où vivaient les dragons. Quand j’y étais arrivé pour la première fois, Lady Tiamat m’avait téléporté, donc je n’avais pas pu le voir, mais c’était vraiment en plein milieu de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. La masse nuageuse flottant au-dessus de leur tête, et avec la tempête que Lady Tiamat avait prophétisée... J’avais eu un mauvais pressentiment.

« Dans tes prévisions, il n’y avait aucun signe d’orage, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« Tout à fait. C’est étrange d’avoir un seul nuage au-dessus de Dracul, » répondit Naden.

« ... Ce n’est probablement pas seulement un nuage. Pour l’instant, essayons de nous rapprocher un peu plus. Nous sommes trop loin ici, et il n’y a aucune chance de savoir à quoi ressemblent les situations à Dracul, » déclarai-je.

« Bien compris. » Naden avait nagé vers ce nuage. La masse nuageuse était visible même de loin, mais au fur et à mesure que nous nous approchions, sa véritable échelle devenait apparente.

J’avais été choqué. « Qu’est-ce que c’est que ça... ? »

La masse nuageuse était conique, avec un sommet en forme de dôme écrasé. De plus, en regardant de plus près, de nombreux nuages s’étaient accumulés, se déplaçant de gauche à droite le long de la surface de la masse nuageuse. Était-ce possible... que les nuages formaient un vortex tourbillonnant ?

« Je n’ai jamais vu un nuage comme celui-ci auparavant, » avait dit Naden.

« Oui. Je n’ai vu ce genre de nuage que dans un film, » déclarai-je.

« Fillllmmm ? » elle avait répété le mot inconnu.

« Désolé, je parlais tout seul. Quoi qu’il en soit, il semble qu’il est pile assez grand pour couvrir Dracul, » dis-je.

En regardant Dracul, ce nuage couvrait juste le plateau, donc il bloquait la lumière et le laissait dans l’obscurité. On aurait dit qu’une pluie intense tombait également. Les vents semblaient violents, alors le temps à Dracul devait être très rude. Et cela même si, à l’extérieur des nuages, le temps était beau et clair. C’était un étrange nuage.

« C’est un peu trop concentré dans un seul endroit pour n’être qu’une pluie torrentielle localisée », avais-je commenté.

« Pourquoi es-tu si calme !? Il n’y a pas chance qu’il pleuve juste au-dessus de Dracul ! » déclara Naden.

« La hâte mène au gaspillage, dit-on. Pour commencer, nous devons observer de plus près, » dis-je.

Tout en frottant le dos de Naden, j’avais inspecté le nuage. Il y avait beaucoup de pluie. À ce rythme, il y avait le risque qu’un désastre à grande échelle comme ce qui s’était produit dans la Forêt Protégée par Dieu se produise ici aussi. La cause en était la pluie qui avait duré longtemps, mais une telle quantité de pluie en un seul endroit pourrait avoir le même effet en peu de temps si cela se poursuivait.

Mais si nous devions trouver des contre-mesures... alors, on ne serait pas capable d’en savoir assez depuis l’extérieur.

« Naden, tu as réussi à remonter une chute d’eau, donc la pluie et le vent devraient être supportables pour toi, n’est-ce pas ? » avais-je demandé.

« O-Oui, » répondit-elle.

« Eh bien, dans ce cas... Je n’ai pas envie de le faire, mais pourrais-tu plonger au milieu du nuage ? » demandai-je.

« Q-Quoiiiiiii !? » s’écria Naden.

Naden était surprise, mais nous n’avions pas l’impression que nous allions arriver à quelque chose en regardant de l’extérieur. Heureusement, il n’y avait pas le moindre signe de foudre, donc il était possible de jeter un coup d’œil à l’intérieur.

« C’est difficile de comprendre la situation de l’extérieur », expliquai-je. « Nous irons à l’intérieur du nuage pour enquêter, et nous nous dirigerons en même temps vers le Château de Cristal. Bien sûr, si tu penses que c’est dangereux, sorts immédiatement. Dis à Liscia et aux autres dans la gondole de se préparer. »

« D’accord, » répondit Naden.

Naden s’était maintenant dirigée lentement vers les nuages tourbillonnants. Après avoir hésité un instant devant les nuages, elle avait semblé se décider et avait lentement nagé vers le nuage.

C’était comme si nous étions dans du brouillard au début, mais au fur et à mesure que nous avancions, cela devenait de plus en plus sombre. Le vent et la pluie qui avait frappé mon corps avaient rapidement augmenté en intensité. Et même pas une minute après avoir pénétré dans les nuages, mon corps avait été frappé par des pluies torrentielles et des vents latéraux. S’il n’y avait pas eu la protection de Naden, je me serais fait désarçonner depuis longtemps.

« Naden ! Vas-tu bien !? » avais-je crié tout essayant de rester victorieux face au vent et à la pluie.

« Oui ! Je ne sais pas pourquoi, mais je peux voir quelque chose comme un flux ! » Naden avait répondu.

Il était vrai que Naden nageait dans le ciel, comme elle l’avait été auparavant. J’aurais dû m’attendre à ce qu’un ryuu puisse voyager à travers le vent, les nuages, les éclairs et la pluie. Même ce vent et cette pluie violente n’avaient pas suffi à l’intimider le moins du monde.

D’un autre côté, les dragons normaux ou les wyvernes ne pourraient pas voler là-dedans. C’était parce que leurs grandes ailes seraient affectées par les puissants vents.

Est-ce que ça pourrait être... la raison pourquoi cela devait être Naden ? m’étais-je demandé.

Naden devait être la seule à pouvoir voler avec ça. Lady Tiamat avait dit que j’étais la « clé ». Puis, en disant qu’il y avait un être qui me porterait, elle s’était arrangée pour que je rencontre Naden.

Alors, cette pluie et ce vent sont-ils après tout la « tempête » dont Lady Tiamat s’inquiétait ? m’étais-je demandé.

J’avais essayé de regarder autour de moi, mais il faisait sombre, et avec la pluie qui tombait comme si quelqu’un vidait un seau au-dessus de ma tête, cela se mettait dans mes yeux et cela rendait impossible de voir quoi que ce soit.

« Naden ! Vois-tu quelque chose ? » avais-je demandé.

« Non ! Il fait trop sombre ! » répondit-elle.

On aurait dit que Naden était dans le même bateau.

Alors Naden avait crié, « Souma ! Je vais bien, mais Liscia, ainsi que les autres personnes dans la gondole sont peut-être en danger ! »

On se faisait frapper par ce vent. Il y avait un bruit de cliquetis, et Liscia et tous ceux à l’intérieur de la gondole devaient passer un moment effrayant. La nacelle rectangulaire ne pourrait pas passer à travers le vent, et si elle se brisait en plein vol, nous aurions une énorme tragédie sur les mains.

« Nous devrons réessayer plus tard... Pour l’instant, atterrissons au Château de Cristal ! » ordonnai-je.

« J’ai compris ! » Naden avait commencé à descendre en douceur après m’avoir entendu.

Quand elle l’avait fait...

« ... n’est pas... »

Euh !?

J’étais sûr d’avoir entendu quelque chose.

« Attends un peu, Naden ! As-tu entendu quelque chose ? » demandai-je.

« Hein ? Je n’ai rien entendu, » répondit-elle.

« Que... êtes-vous... ent... à faire... pour... ce… »

« À l’instant ! Tu l’as entendu, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Tu as raison... » On aurait dit que cette fois, Naden l’avait aussi entendu. C’était... une voix, peut-être ? J’avais clairement entendu quelques mots.

Mais ce n’était pas comme moi du point de vue de Naden. « Oui, mais... Je ne sais pas ce qu’ils disent. »

Hein ? Elle ne sait pas ? Même si elle peut l’entendre ?

« Il y avait un “vous” là-dedans... Ne l’as-tu pas entendu ? » demandai-je.

« Est-ce ce qui a été dit ? Je n’ai pas pu saisir le moindre mot, » répondit Naden.

Qu’est-ce qui se passait ici ? Était-il possible que je sois capable d’entendre, alors que Naden ne l’entendrait pas ?

Quelque chose n’allait pas. D’ailleurs, cette voix... Quelque chose me tracassait. C’était trop haut pour être un homme, mais si c’était une voix de femme, quelque chose se faisait sentir...

« Si ce n’est... pas assez... »

Je l’avais encore entendu. Cette voix... Ça venait d’en haut ?

En regardant vers le haut, j’avais aperçu, ne serait-ce que faiblement, une ombre très noire à travers un trou dans les nuages. Avec les nuages sur le chemin, je n’avais qu’une vue floue, mais cette ombre avait l’air grande pour être vue malgré la distance entre nous. Cela pourrait être assez massif.

« Je... vais... détruire... pour avoir... »

Détruire quoi !?

Détruire. J’avais entendu ce mot dangereux très distinctement.

Cette ombre noire était cachée par les nuages. Naden avait dû sortir des nuages, parce que je pouvais voir le plateau pluvieux de Dracul s’étendre sous nos pieds. Le son de la pluie cognait sur mes oreilles.

Tout en étant fouetté par la pluie, j’avais levé les yeux vers les nuages que nous venions tout juste de quitter. De l’extérieur de Dracul, ils avaient l’air d’un blanc pur, mais directement en dessous, cela donnait une impression de noirceur et lourdeur.

Cette voix que j’avais entendue dans les nuages, parlant dans ce que j’avais reconnu comme un langage... Il n’y avait pas eu de doute.

Il y avait quelque chose dans ces nuages.

Sous la pluie, nous avions atterri devant le Château de Cristal.

Bien qu’il soit beau une fois éclairé par la lumière, quand il était sombre comme maintenant, le château avait l’air terne.

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 2

Lorsque Naden avait commencé à prendre forme humaine, j’avais sauté de son dos et je m’étais précipité à la gondole. Quand j’avais ouvert la porte, me demandant si les autres allaient bien, Liscia, Aisha et Kaede étaient sorties en rampant, le visage pâle. Hal et Carla étaient suivis normalement. Ils avaient tous l’air d’aller bien.

Je m’étais précipité vers eux. « Est-ce que ça va ? »

Liscia et Aisha s’étaient appuyées contre moi.

« Beuuu... Souma, tu es trop imprudent, » marmonna Liscia.

« Le vent nous a tellement secoués, je me sens mal... Bleuuu, » déclara Aisha, nauséeuse.

« Oh... Euh... Désolé, » dis-je.

Je leur avais frotté le dos pour les réconforter pendant qu’elles vomissaient. Kaede avait demandé à Hal et Carla de s’occuper d’elle.

Contrairement à ces trois-là, Hal et Carla semblaient aller très bien sous cette météo.

« Vous deux, allez-vous bien ? » avais-je demandé.

« Oui, car j’étais dans l’Armée de l’Air et que je volais souvent en wyvernes, » répondit Carla.

« C’est bien mieux que de se faire larguer en l’air, » avait répondu Hal.

L’expérience de Carla dans l’armée de l’air et l’entraînement des dratroopers de Hal avaient dû les habituer à ce genre de choses.

Ça me dérangeait que Hal semble regarder au loin quand il disait ça, mais... quoi qu’il en soit, il était probablement préférable d’aller quelque part à l’intérieur avec un toit, plutôt que de continuer à se faire frapper par la pluie.

« Hal et Carla, attachez la gondole pour qu’elle ne soit pas emportée par le vent ! » avais-je ordonné. « Tous les autres, on rentre à l’intérieur ! Naden, montre-nous le chemin ! »

« Bien reçu ! »

Nous étions entrés dans le Château de Cristal. Une fois que les autres s’étaient calmés et que Hal et Carla étaient revenus, j’avais demandé à Naden : « Je veux rencontrer Lady Tiamat. Où dois-je aller pour faire ça ? »

« Je crois que la grande salle serait la plus appropriée. Quand il y a une crise à Dracul, on dit aux dragons de se rassembler dans la grande salle du Château de Cristal. »

« D’accord », avais-je dit. « Alors, allons là-bas. »

Nous avions décidé de demander à Naden de nous conduire jusqu’à cette grande salle. Cela n’avait pris qu’un instant lorsque Lady Tiamat m’avait téléporté, mais se déplacer dans ce château ridiculement immense était une véritable tracasserie. Nous courions tous, mais il nous fallait du temps pour atteindre notre destination.

Lorsque nous étions arrivés dans la grande salle après cinq minutes de course, deux surprises nous attendaient. L’une d’entre elles était que c’était si massif que le mot « grand » ne suffisait pas. L’autre était que, à y regarder de plus près, la grande salle était en fait l’espace dans lequel j’avais été téléporté lorsque j’étais arrivé pour la première fois à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Il semblait que la grande salle était l’endroit où j’avais rencontré Lady Tiamat.

Quand nous étions entrés dans la grande salle, il y avait une centaine de personnes en son centre. Ils avaient tous des cornes et des queues qui poussaient, donc c’était probablement des dragons sous forme humaine.

D’après ce que Naden m’avait dit, il n’y avait tout au plus qu’environ trois cents personnes (dragons ?) vivant dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Même en considérant leur taille massive, c’était une densité de population incroyablement faible pour un pays.

Parce que ce nombre de trois cents comprenait aussi de jeunes dragons et prêtresses au service de Lady Tiamat, cela signifiait que la centaine d’individus comprenait tous les dragons adultes qui pouvaient se déplacer.

Au moment où nous étions entrés dans la grande salle, nous avions senti quelque chose de menaçant dans l’air. Dans un espace qui aurait pu accueillir des dizaines de milliers d’humains, les dragons étaient tous rassemblés dans une zone compacte pour une raison inconnue.

Cela semblait bruyant, et personne ne faisait attention aux personnes qui venaient d’entrer dans la pièce. On aurait dit que Lady Tiamat n’était plus là, alors qu’est-ce qui aurait pu se passer ?

Quoi que ce soit, nous avions approché le groupe. Et quand nous l’avions fait...

« Naden ! » Une fille portant une robe en une pièce blanche avait sauté hors du groupe. C’était... l’amie de Naden... Pai, n’est-ce pas ?

Naden avait attrapé son amie, qui l’avait serrée dans ses bras. « Pai ! Dieu merci, mon Dieu. Tu es en sécurité. »

Naden avait affiché un regard soulagé, mais le désespoir de Pai n’avait pas diminué.

« Naden, où étais-tu !? J’étais tellement inquiète ! » déclara Pai.

« Oh, désolée. Je faisais un petit voyage dans le pays de Souma..., » répondit Naden.

« Le pays de Souma ? Quoi ? » demanda Pai.

Oh ! C’est vrai, j’avais seulement dit à Pai mon alias, hein. On aurait dit que Naden s’en était aussi rendu compte.

« Tu comprendrais peut-être si j’appelle le pays de Kazuma. Le Royaume de Friedonia, » déclara Naden.

« Friedonia !? Si loin !? Comment... ? » demanda Pai.

« Hahahaha ! C’est une longue histoire, mais..., » commença Naden.

« Attends, on n’a pas le temps pour ça ! » s’écria Pai.

Naden avait essayé d’expliquer l’histoire jusqu’à présent, mais Pai l’avait immédiatement interrompue. Pai avait affiché un regard sérieux alors qu’elle s’accrochait à une Naden insatisfaite.

« S’il te plaît, Naden ! Arrête tout le monde ! À ce rythme, Ruby va..., » supplia Pai.

Ruby ? Ruby était... le dragon rouge qui se battait avec Naden, n’est-ce pas ?

Pai nous avait expliqué la situation actuelle.

Maintenant, l’histoire va revenir un peu en arrière.

Il s’avérait que ce matin, de mystérieux nuages étaient soudainement apparus dans le ciel au-dessus de Dracul.

Même si le ciel avait été dégagé jusque-là, ce nuage était soudainement apparu et avait apporté du vent violent et de la pluie à Dracul. Les fortes pluies avaient fait déborder les lacs et abattu des arbres.

En réponse, les dragons s’étaient rassemblés dans le Château de Cristal.

Le vent et la pluie semblaient n’affecter que Dracul, alors j’aurais pensé qu’ils auraient pu être évacués ailleurs, mais il y avait une raison pour laquelle ils ne pouvaient pas le faire.

C’était parce que les œufs des dragons étaient sous le Château de Cristal.

J’avais déjà entendu dire que lorsqu’un dragon qui avait formé un contrat avec un chevalier avait pondu un œuf, il avait été laissé aux bons soins de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Apparemment, le simple passage du temps n’était pas suffisant à les faire éclore.

Ils étaient laissés dans un endroit appelé la Chambre du Berceau sous le Château de Cristal, et allaient y attendre le moment de leur réveil. Ce moment n’arriverait que lorsqu’ils seraient en mesure de rencontrer celui avec lequel ils étaient destinés à former un contrat. Il y avait eu des cas où un œuf n’avait pas été éclos pendant près d’un siècle, et c’était l’une des raisons pour lesquelles ils ne pouvaient pas être élevés par leurs parents.

Comme les œufs ne pouvaient pas être retirés du berceau, les dragons devaient défendre ce Château de Cristal, et cela, quoi qu’il arrive.

C’est ce qui avait conduit les dragons à enquêter sur ce nuage bizarre, mais les dragons ailés avaient été secoués par les vents forts, et aucun d’entre eux n’avait pu atteindre les nuages.

En réponse à cette situation, les dragons s’étaient tournés vers Lady Tiamat afin d’obtenir des conseils.

Lady Tiamat avait répondu : « Un dragon sans ailes pourrait voler à travers ce vent et cette pluie ». De plus, elle avait ajouté. « Celui-là détient déjà la clé. Jusqu’à ce que celui-là revienne, je protégerai mes enfants, les œufs qui attendent l’heure du réveil. »

Puis elle avait emmené les prêtresses du dragon et était descendue dans la Chambre du Berceau.

Les dragons laissés seuls étaient entrés dans un chaos. C’était terrifiant qu’on leur ait dit qu’ils ne pouvaient rien faire pour remédier à la situation. Ils avaient réfléchi à ce que pourrait être ce dragon sans ailes et avaient rapidement pensé à Naden Delal. Il était bien connu que Naden était une personne unique qui n’avait pas d’ailes.

Cependant, lorsqu’ils étaient sur le point d’appeler Naden, Pai leur avait dit d’arrêter. Elle leur avait dit que personne n’était dans la grotte que Naden utilisait comme repaire depuis quelques jours.

Quand ils étaient allés vérifier, Naden n’était vraiment pas dans sa grotte.

Naturellement. Naden était allée au Royaume de Friedonia avec moi, et ce matin, nous étions dans le village près de la frontière où Aisha et les autres attendaient.

Et ainsi, les dragons avaient été étonnés. Naden, que Lady Tiamat leur avait assuré de pouvoir résoudre cette situation était absente.

« Au début, il y avait des voix mécontentes qui disaient : “Où est-elle allée à un moment pareil ?” » avait expliqué Pai. « Mais parce qu’elle n’était pas là, cela n’avait pas vraiment d’importance. Finalement, la question a changé pour devenir : “Pourquoi Naden n’est-elle pas à Dracul ?” C’est à partir de là que cela leur est venu à l’esprit que c’était à cause de leurs propres sentiments envers Naden. Ils savaient dans leur cœur qu’ils s’étaient moqués d’elle parce qu’elle était un dragon sans ailes, un ver. »

« “Peut-être en avait-elle assez d’être traitée de ver, et c’est pourquoi elle a quitté la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ?” pensaient-ils. Et puis ils se sont retournés contre Ruby et ses amies. »

Tout le monde savait que Ruby était souvent allée se moquer de Naden, et cela entraînait souvent des bagarres entre elles. Ainsi, les dragons avaient tous condamné Ruby et ses amies. C’était la cause de l’agitation actuelle.

Pai s’accrochait encore à Naden et avait dit : « Ruby est du genre émotionnel qui ne pense pas assez aux choses, et elle est fière, alors elle a dit qu’elle prendrait aussi la responsabilité des actions de Sapphire et d’Emerada. J’étais en colère à propos de tout ce qu’elle avait déjà dit auparavant, mais voir tout le monde se liguer contre elle comme ça... Je me sens si mal pour elle... »

« Ne m’en dis pas plus, » déclara Naden d’une voix douloureuse.

Quand je l’avais regardée, les cheveux de Naden étaient étincelants d’électricité. C’était comme une visualisation de la colère et de l’indignation de Naden.

Naden avait laissé une Pai sanglotante, puis s’était dirigée vers l’endroit où les dragons étaient rassemblés en affichant sur son visage un masque de colère.

« Ils sont tous si égoïstes ! » s’écria Naden.

« Naden... » un dragon haleta en voyant qu’elle arrivait.

Pendant un moment, j’avais pensé que je devais l’arrêter. Naden n’était pas celle qu’on crucifie en ce moment. Au contraire, elle était devenue la personne clé pour résoudre cette situation, de sorte qu’elle allait obtenir un certain respect dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Il n’y avait aucune raison pour elle de se battre avec les dragons ici et d’aggraver sa position. Mais... Je ne voudrais pas voir Naden prendre une décision aussi judicieuse.

Alors je lui avais dit : « Tu devrais faire ce que tu veux. Même si les dragons n’aiment pas ce que tu fais, ta place est dans le Royaume de Friedonia... dans le foyer qui est maintenant aussi le tien. »

« Tu as dit que tu voulais faire partie de la famille, Naden, » confirma Liscia. « Alors il n’y a qu’un seul endroit où tu peux revenir. »

« Après tout, la famille revient toujours à l’endroit chaleureux qu’ils appellent la maison, » avait ajouté Aisha, avec un clin d’œil charmant.

« Souma, Liscia, Aisha..., » murmura Naden.

« Alors, vas-y, Naden ! » avais-je crié.

« Bien reçu ! » Naden avait essuyé les coins de ses yeux, puis elle avait pris sa forme de ryuu, avait ouvert sa bouche et avait rugi aussi fort qu’elle le pouvait.

« Grrrrrrrrraaaaaaaaa !!! »

Le rugissement de Naden était si fort qu’il avait ébranlé la grande salle, ce qui avait fait que tous les yeux s’étaient fixés sur elle. Puis, alors que tous les dragons la regardaient, Naden s’était envolée dans les airs.

« Pas possible... Naden vole... » Pai avait couvert sa bouche béante de ses mains. Les autres dragons avaient l’air de ne pas croire non plus ce qu’ils voyaient.

Le corps de Naden s’était élégamment mis à serpenter devant leurs yeux.

Tandis que Pai avait levé les yeux en état de choc, elle avait versé une unique larme. « Je vois... C’est pourquoi Lady Tiamat... Tant mieux pour toi, Naden... »

Après avoir dit ça, Pai s’était essuyé une fois les yeux et avait souri en pleurant. Elle avait dû s’inquiéter pour elle tout ce temps. Naden avait vraiment une bonne amie.

Quand Naden avait occupé l’espace au-dessus de tous les dragons, elle s’était écriée, « C’est asssssssezzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz ! »

*Craquements*, *craquements*, *craquements* !

Elle avait fait tomber la foudre là où se tenaient les dragons. Il y avait des cris ici et là, et les dragons étaient tombés l’un après l’autre.

... Est-ce qu’elle se retenait ? C’était un son désagréable... J’avais aussi senti quelque chose qui brûlait. Eh bien, c’étaient des dragons. Peut-être qu’ils seraient en bon état avec un choc comme celui-ci... C’est du moins ce que je pensais, mais le regard tendu sur le visage de Pai m’avait dit que, même selon les normes des dragons, elle en avait trop fait. Naden avait dû se sentir incapable de se retenir.

L’agitation s’était arrêtée et Naden avait atterri au centre du rassemblement, où personne n’était resté debout, sous sa forme humaine. Puis Naden avait regardé quelque chose à ses pieds.

C’était... Ruby ? Ses cheveux étaient en désordre, les coins de sa bouche avaient été coupés et les vêtements faits de ses écailles avaient été endommagés. Bref, elle avait été longuement tabassée. Il était clair qu’elle avait fait l’objet d’un lynchage intense.

Naden avait jeté un coup d’œil à Ruby, puis elle s’était retournée et avait recommencé à crier. « Foutez-moi la paix ! Je n’ai jamais aimé la façon dont Ruby s’est battue avec moi, mais, n’étiez-vous pas ceux qui m’insultaient derrière mon dos ? Alors, quoi !? Maintenant que ce n’est plus envisageable pour vous, vous décidez de rejeter tous les blâmes sur Ruby et la punir !? Êtes-vous stupide !? »

C’était comme si un barrage avait cédé. Les émotions qui s’étaient accumulées à l’intérieur de Naden pendant tout ce temps avaient jailli. Les sentiments sombres et négatifs qu’elle avait gardés enfermés à l’intérieur d’elle et qu’elle avait été incapable d’exprimer jusqu’à maintenant sortaient.

« Nous... »

Il y avait des dragons qui essayaient de répondre, mais ils avaient finalement été réduits au silence par la tirade de Naden.

« C’est un peu tard ! Vous vous êtes moqués de moi pendant tout ce temps comme étant un ver, et un dragon sans ailes, et maintenant vous voulez pousser tous vos problèmes sur moi !? Vous avez des ailes, n’est-ce pas ? Vous valez mieux que moi, pas vrai ? Alors que diriez-vous d’aller faire quelque chose par vous-même ! »

« Naden..., » avec un ton triste dans sa voix, Pai avait commencé à marcher vers son amie, mais je l’avais arrêtée. C’était le moment pour elle de tout laisser sortir. J’avais senti que... c’était quelque chose que Naden devait faire pour passer à autre chose dans sa vie.

« Vous vous êtes moqué de moi ! Maintenant que je suis la seule à pouvoir faire quelque chose, vous retournez vos vestes et vous venez me demander une faveur. Ne me dites pas ça ! Écoutez-moi bien, je déteste l’ambiance de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ! À l’exception de Pai et de Lady Tiamat, je déteste également les dragons ! Pourquoi devrais-je faire quoi que ce soit pour vous ? Je me fiche si cet endroit est détruit ! »

Naden avait fixé du regard les dragons qui étaient à court de mots alors qu’elle tapait des pieds.

« Vous parlez de moi dans mon dos tout le temps ! C’est un ver, alors elle devrait apprendre sa place, et plus encore ! Qu’est-ce qui vous donne le droit de venir me voir pour quoi que ce soit ? Et de toute façon, c’est quoi ma place ? Voulez-vous peut-être essayer de poser la tête par terre avant de mendier ? Peut-être que ça me fera changer d’avis ? »

Ah... Elle avait déversé trop de bile, et maintenant elle était de mauvaise humeur. Naden n’avait probablement même plus réalisé ce qu’elle disait. Bon sang...

« Franchement, il faut se dépêcher..., » déclara Pai à côté de moi.

« D’accord, restons-en là, » dis-je avant de me placer à côté d’elle.

J’avais alors posé une main sur l’épaule de Naden et je l’avais arrêtée.

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 3

Souma avait saisi mon épaule en affichant un regard très sérieux. « Je pense que tu en as assez dit. Naden, si tu vas plus loin, tu te dévaloriseras. »

Quoi ? Ne te mets pas en travers de mon chemin. J’avais balayé la main de Souma, puis je lui avais répondu avec rage. « Hein !? De toute façon, quelle est ma valeur !? Que je puisse voler même si je n’ai pas d’ailes ? »

« Non, » répondit-il.

« Ma valeur, est-elle que je sois capable de voler dans la tempête ? Alors, il faut que je vole, est-ce ça ? » demandai-je avec rage.

« Non, » répondit-il.

« Alors, qu’est-ce que c’est censé être !? » criai-je sur Souma.

« Ton cœur n’est pas fixé sur la valeur des choses. C’est ce qui te rend précieuse, Naden ! » Souma avait de nouveau posé ses mains sur mes épaules alors qu’il le disait avec fermeté, mais également une certaine douceur.

Il m’avait serrée fortement, donc cela m’avait fait un peu mal. Mais cette douleur... m’avait finalement ramenée à la raison.

« Ta capacité à voir le bien dans les choses, peu importe ce que les autres disent d’eux, c’est ton charme, Naden ! Ainsi, tu peux faire énormément de choses. Cela te permet de lire des romans d’amour du monde extérieur, et même regarder les émissions du Joyau de Diffusion de la Voix de l’Empire. Tu es même capable de t’entendre avec un total étranger comme moi, qui est soudainement sorti de nulle part, comme si ce n’était pas grave. Tu te fous de ce que les autres pensent. Tu fais ce que tu veux. Ton esprit libre et ordinaire est ce que j’aime chez toi. Ce n’est pas un autre dragon avec qui j’ai décidé de former un contrat, c’est toi, Naden ! »

Je m’étais tue.

L’entendre dire qu’il m’aimait m’avait rapidement refroidi la tête. Non, c’était plutôt le contraire. Elle s’était mise à bouillir. Mon visage était devenu brûlant. Ma bouche s’était ouverte et fermée comme un poisson haletant pour capter de l’air, et aucun mot n’était sorti.

Souma avait continué comme si cela n’avait pas d’importance. « Si tu piétines la personnalité des autres parce que ta position a changé, tu deviendras ce que tu détestes le plus. Je ne veux pas te voir finir comme ça. »

« S-Souma..., » murmurai-je.

« En plus, tu n’as plus besoin d’endurer les choses en étant toute seule, » déclara Souma.

Ce que j’avais ensuite remarqué, c’était que Liscia et Aisha étaient aussi à nos côtés.

« Naden, tu fais désormais partie de la famille, alors compte sur nous quand tu en as besoin, » avait déclaré Liscia.

« En effet, » Aisha avait acquiescé. « Je ne suis pas aussi intelligente que Sa Majesté et les autres, alors je fais de mon mieux avec mes capacités martiales. Si quelqu’un vous fait du mal, Madame Naden, alors laissez-moi-les trancher avec cette épée. »

Liscia avait fait un sourire ironique, et Aisha avait dit des choses dangereuses tout en présentant un rire chaleureux.

Oh... J’ai compris. J’avais maintenant tellement de personnes, et non pas seulement Pai, qui verraient ma douleur comme la leur. J’étais sûre que je verrais aussi leur douleur comme la mienne.

Je m’étais tournée vers Souma et les autres avant de faire un salut. « Désolée. J’étais un peu en colère en ce moment. »

« Hahahaha ! Eh bien ! Je suis sûr que tu dois laisser sortir ça hors de ton corps de temps en temps, » déclara-t-il. « En plus, nous étions aussi en colère. Allez, remuons un peu le couteau dans la plaie. »

Après avoir dit cela, Souma était allé seul se tenir devant les dragons qui nous regardaient à distance. Hein ? Que prévoyait-il de faire ?

« Je suis le roi Souma Kazuya du Royaume de Friedonia, » Souma s’était soudain nommé devant l’assemblée des dragons.

Il y avait un brouhaha venant des dragons.

« Est-ce qu’il a dit : roi... !? »

« Et de Friedonia !? Ce grand pays à l’est !? »

Il était surprenant que des humains soient venus ici avant la Cérémonie du Contrat, mais en plus, il avait dit qu’il n’était pas du royaume des chevaliers dragons de Nothung, mais le roi de Friedonia.

Même Pai, qui connaissait Souma, s’était écriée : « Attendez, Kazuma est Souma ? Et un roi en plus ? » clignant des yeux en raison de la surprise.

D’une voix majestueuse, Souma avait poursuivi. « À cette occasion, moi, Souma Kazuya, je suis venu former sous la direction de Lady Tiamat un contrat avec Naden ici présente. Il s’agit également d’un moyen de faire face à la tempête. En d’autres termes, Naden Delal deviendra l’une des reines de Friedonia. » Souma fixa ses yeux sur les dragons. « Si l’un d’entre vous s’en prend désormais à Naden, soyez prêts à ce que cela devienne un incident diplomatique. »

Quand il intimidait les dragons comme ça, Souma ressemblait moins au roi d’un pays, et plus au roi des démons. Il avait dit qu’il remuait le couteau dans la plaie, mais c’était trop gros pour être un couteau. C’était comme un pieu, et il le pilonnait à travers eux, le plantant dans le sol, pour s’assurer qu’ils restaient là et qu’ils comprenaient bien la situation. Pour preuve, les dragons étaient paralysés et raides, incapables de dire le moindre mot.

En vérité, il n’était qu’un humain frêle qu’ils auraient pu éjecter de là d’un simple souffle, mais Souma était en ce moment en train de dominer la pièce par sa seule présence. Cela m’avait donné une nouvelle idée de la taille du pays que Souma portait sur ses épaules et des responsabilités qui en découlaient.

Mais Souma n’agissait pas normalement comme s’il voulait utiliser ce genre d’autorité. Ce que je veux dire par là, c’est qu’il avait même utilisé un faux nom quand l’on s’était rencontrés pour la première fois. Si Souma se fiait à son autorité pour les intimider... était-il vraiment très furieux ?

En mon nom, parce qu’ils se moquaient de moi... Non, je suis peut-être trop vaniteuse.

Alors que je pensais à lui comme ça, j’avais vu Ruby, battue et couchée sur le côté, du coin de l’œil. Je m’étais lentement dirigée vers elle.

J’avais ensuite regardé Ruby, qui était allongée sur le sol alors que sa respiration était en pagaille. C’était le contraire de toutes ces fois où elle m’avait regardée depuis le ciel.

Je lui avais posé une question. « Es-tu réveillée, stupide Ruby ? »

« Oui, je suis réveillée, imbécile de Naden, » répondit-elle.

Battue ou non, il semblait qu’elle était encore assez en forme pour répondre du tac au tac. Même dans cet état, Ruby était Ruby. Peut-être parce que je venais de tout relâcher avant ça, je n’avais plus de rancune envers elle. J’aurais dû avoir encore beaucoup de raisons de me plaindre avec elle, mais je ne m’en souciais pas pour l’instant.

« Je dirais que les dragons en ont trop fait, mais tu méritais la moitié de ça », lui avais-je dit.

« Pff... ! »

« Ce que je pense, c’est que tu n’aurais pas pu t’en sortir avec moins que ça. Pourquoi as-tu dit ça par rapport au fait que je me suis enfuie. »

« Si j’avais fait différemment... alors je serais la même chose qu’eux, » déclara Ruby avec indignation. « Tout ce qu’ils font, c’est parler des autres dans leur dos. Je ne veux pas être comme eux. Si je pense quelque chose, je vais te le dire en face. »

« Ça n’a été qu’une nuisance pour moi, » m’étais-je écriée.

Eh bien, puisque cela m’avait donné quelqu’un que je pouvais combattre, cela aurait pu être une meilleure chose que les autres dragons qui avaient gardé leurs commentaires dans mon dos. Après tout, quand je me fâchais, j’avais toujours pu la frapper avec une attaque électrique. Si elle n’avait rien dit de face, je n’aurais pas pu le faire et j’aurais tout gardé en moi.

Ruby avait poussé un petit soupir. « ... Tu l’as si bien réalisé. Tu ressembles à ça, mais tu peux quand même voler. Et tu vas épouser un roi, non ? À quel point es-tu spéciale ? Je ne pourrais pas être plus jalouse que maintenant. »

Jalouse... On aurait dit que ce que Souma avait dit était vrai. Mais même ainsi, je ne savais pas comment réagir à cela. Après tout...

« Tant de fois, j’aurais aimé naître comme un dragon ordinaire comme toi, Ruby, » avais-je dit.

Si j’avais été un dragon ordinaire, je n’aurais jamais subi tout cela. Si j’avais été normale comme Ruby, tout aurait été bien. Mais Ruby avait dit qu’elle m’enviait de voir à quel point j’étais spéciale.

Ordinaire et spécial. Si seulement nos positions avaient été inversées... Mais ce n’était probablement pas si simple. Si j’avais été ordinaire, j’aurais voulu être spéciale, et si Ruby avait été spéciale, elle aurait voulu être ordinaire. Après tout, les individus désiraient être ce qu’ils n’étaient pas.

« Naden... Les choses ne se sont pas bien passées pour nous deux, » avait dit Ruby.

« Ruby, c’est la vie, » avais-je répondu.

Nous avions toutes les deux plissé nos visages avec un sourire ironique.

Franchement... les choses ne s’étaient jamais bien passées.

« Naden, viens avec nous. » Souma m’avait appelée. On dirait qu’il était temps de planifier notre réaction face à la tempête.

« Ils m’appellent, » avais-je dit à Ruby.

« Oui, oui. Va où tu veux. Que ce soit dans les nuages, ou dans le royaume, » déclara Ruby.

Puis, laissant Ruby derrière moi avec sa frustration habituelle, j’avais couru vers Souma.

 

◇ ◇ ◇

 

Oh, bon sang... C’est vraiment horrible..., pensais-je misérablement.

Tout mon corps me faisait mal. Encore emplie de douleur, je m’étais couchée sur le dos en regardant vers le haut.

Moi, Ruby, j’avais été réprimandée pour avoir choisi de me battre avec Naden, et les dragons s’étaient tous regroupés pour m’attaquer. Même quand les dragons étaient arrivés sur moi, j’avais l’impression d’être assez forte, mais les chances étaient trop minces de mon côté.

Les dragons qui m’attaquaient avaient dit des choses horribles sur Naden derrière son dos, mais maintenant qu’ils avaient besoin de son pouvoir, ils s’étaient retournés et m’avaient condamnée.

« Tu méritais la moitié de ça, » les mots de Naden de tout à l’heure m’étaient revenus à l’esprit.

Oui, je le sais, d’accord ?

Le futur mari de Naden avait raison. J’étais jalouse d’elle. J’avais toujours été jalouse de Naden, qui était née spéciale, dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, un endroit où notre système de valeurs était rigide et inflexible et où l’individualité avait tendance à être écrasée par les autres. Je voulais quelque chose de spécial, quelque chose que les autres dragons n’avaient pas, tout comme Naden...

« Tant de fois, j’aurais aimé naître comme un dragon ordinaire comme toi, Ruby. »

Les choses ne se passaient pas comme on le voudrait. En fin de compte, nous avions toutes les deux souhaité ce que nous n’avions pas.

J’avais regardé le plafond qui était si haut que je ne pouvais pas le voir. Les larmes provenant des coins de mes yeux coulaient vers mes oreilles. Oh, bon sang, où est-ce que je me suis trompée... ?

« Ouais, je ne peux pas simplement voir ça comme le problème de quelqu’un d’autre. » Quand j’avais levé les yeux, un jeune homme bien musclé aux cheveux roux me regardait en étant debout. « Quand je vois comme tu as merdé, que tu t’es fait battre par tous et qu’on t’a laissée, après ça, couchée ainsi, cela me fait me rappeler de comment j’étais il n’y a pas si longtemps. J’ai merdé aussi avec Souma, et mon vieux m’a asséné une raclée pour ça. »

Pendant qu’il disait cela, le jeune homme roux se grattait la tête. Puis, s’accroupissant pour pouvoir regarder mon visage pendant que je m’étendais face vers le haut, il avait ri.

« Ah... Ce ne sont peut-être pas mes affaires, mais je vais te donner un conseil. Tu ne peux pas changer le fait que tu as merdé. Il n’y a pas d’annulation possible, » déclara l’homme.

J’étais restée silencieuse.

« Alors, maintenant, comment vas-tu te rattraper ? Il y a des choses dans ce monde que tu ne peux pas rattraper, c’est sûr. Mais si tu peux te racheter, alors tu voudrais le faire, pour ainsi pouvoir gonfler ta poitrine avec fierté, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

Se racheter, et gonfler ma poitrine avec fierté...

« Parles-tu de se racheter auprès de la personne à qui j’ai fait du tort ? » avais-je demandé à cet homme qui me parlait d’une manière familière.

« Non, pour toi-même, » répondit-il.

Se racheter pour ce que j’ai fait de mal. Pour que je puisse me sentir fière de moi. Je ne savais pas pourquoi, mais pour une raison inconnue, je m’étais retrouvée à accepter facilement les paroles de ce jeune homme. Puis...

 

« Qu’est-ce qui te prend de te conduire si bizarrement, Hal ? » demanda une fille-renarde.

« Quoi, Kaede !? Où est le mal ? Je fais preuve d’un peu de compassion ! » répondit l’homme nommé Hal.

« Hmm…, » la jeune fille aux oreilles de renard le regardait froidement, et le jeune homme aux cheveux roux avait commencé à essayer désespérément de s’expliquer. Il avait l’air un peu cool jusqu’à présent, mais sa panique avait tout gâché.

Parfois, il était cool, et parfois il était loufoque... Il était intéressant à regarder. Et en plus...

« Mais si tu peux te racheter, alors tu voudrais le faire, pour ainsi pouvoir gonfler ta poitrine avec fierté, n’est-ce pas ? »

« Pour toi-même. »

J’avais l’impression que les paroles de ce jeune homme m’avaient guidée. J’avais toujours mon corps endolori, mais je m’étais levée.

« Tu es sûre que tu devrais déjà te lever ? » demanda le jeune homme.

« Si ça fait mal, tu peux rester allongée, tu sais ? » déclara la fille aux oreilles de renard.

C’est vrai, j’avais mal partout, mais... Si je restais allongée ici, je ne pourrais pas gonfler ma poitrine avec fierté pour mon propre bien. Je m’étais donc tournée vers le jeune homme aux cheveux roux, celui que la fille aux oreilles de renard avait appelé Hal. Je m’étais tournée vers Hal et j’avais baissé la tête en disant : « J’aimerais vous demander une faveur. »

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 4

Maintenant que les dragons étaient clairement au courant à propos de Naden, il était temps de réfléchir à ce que nous devions faire au sujet de la tempête.

Par respect pour les dragons qui avaient été doublement battus à froid, nous avions quitté la grande salle qui était remplie de cette ambiance à laquelle on s’attendait lors d’une veillée, et nous nous étions déplacés dans une pièce plus petite.

D’après ce que Naden avait dit, elle était utilisée comme une salle d’attente pour ceux qui auraient une audience avec Lady Tiamat.

Dans cette pièce, je m’étais adressé à mes compagnons. « Naden et moi avons vu quelque chose dans cette tempête. »

« Avez-vous vraiment vu quelque chose ? » demanda Liscia.

J’avais acquiescé. « J’ai simplement eu un aperçu d’une chose noire à travers un trou dans la masse nuageuse. »

« Es-tu sûr de ne pas l’avoir imaginée ? » demanda Liscia.

« Nous avons également entendu une voix, donc je suis confiant quant à ça. Je n’ai capté que des fragments de mots, comme “vous” et “détruire”. Tu l’as aussi entendu, n’est-ce pas, Naden ? »

« Oui, je l’ai entendu, mais je n’ai pas été capable de clairement les comprendre. » Naden avait croisé les bras et avait gémi alors qu’elle y pensait. « Mais je ne pense pas que c’était dans notre langue. Je pouvais dire que cela disait quelque chose, mais je n’avais aucune idée de ce que c’était. »

« Hm ? Le Maître pouvait les comprendre, mais pas Lady Naden ? » demanda Carla, surprise, inclinant la tête sur le côté dans la confusion.

« ... Puis-je intervenir un instant ? » Kaede, qui était restée silencieuse jusqu’à présent, avait levé la main.

En raison de sa perspicacité et de sa vivacité d’esprit, Kaede avait travaillé comme officier d’état-major pour Ludwin, qui était considéré comme le futur commandant en chef de la Force de Défense Nationale. Dans notre situation actuelle, sans la présence de Hakuya, elle restait une penseuse fiable.

« Si je me souviens, Sire, vous n’êtes pas de ce monde, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.

« Hein ? Oh, tout à fait, c’est vrai, » déclarai-je.

« Dans votre monde, ils ont dû utiliser une langue différente de celle que nous parlons dans celui-ci. Malgré cela, vous comprenez notre langue, et nous comprenons la vôtre grâce à un pouvoir étrange, » déclara Kaede.

C’était exact. Pour être plus précis, les autres personnes proches de moi avaient déjà entendu du japonais, je parlais en japonais, mais ils pouvaient apparemment le comprendre. L’inverse était également vrai. Par exemple, si je chantais en japonais, les résidents de ce monde comprendraient les paroles, mais si Juna imitait parfaitement mon chant, Liscia et tous les autres n’auraient aucune idée de ce que signifient les paroles.

Maintenant que j’y pense... Je sais lire et écrire dans la langue de ce monde, n’est-ce pas ?

Mystérieusement, j’avais pu reconnaître le système d’écriture utilisé dans ce monde. Je pouvais parfaitement l’écrire et le lire.

D’autre part, si je devais montrer à Liscia quelque chose en écriture japonaise, elle n’aurait aucune idée de la façon de le lire. Cela signifiait donc que la capacité de traduction ne fonctionnait que de mon côté. Grâce à cela, j’avais pu faire ma paperasse, mais... pourrait-il y avoir un sens derrière la raison pour laquelle la traduction avait fonctionné différemment pour le mot parlé et le texte ?

Pendant que je me posais des questions sur ça, Kaede avait demandé à Naden : « Lady Naden, vous et vos compagnons-dragons êtes capables de parler directement à nos esprits conscients, n’est-ce pas ? »

« Oui. On appelle ça parler dans le cœur, ou le discours psychique, » répondit Naden.

« J’ai donc une hypothèse, » déclara Kaede. « Je pense que la capacité de Sa Majesté pourrait être similaire. »

C’était logique. La télépathie, hein ? Cela ne travaillait pas directement sur le sens de l’ouïe, il travaillait sur la partie du cerveau qui traitait l’information. Peut-être que la capacité de Tomoe lui permettant de parler avec les animaux et les démons fonctionnait de la même façon.

Mais pourquoi ce sujet avait-il soudainement été abordé... ? Oh, c’est vrai.

« Il est possible que la raison pour laquelle j’ai compris ce qu’il disait, et Naden ne pouvait pas, ce soit que l’un d’entre nous avait un pouvoir comme celui-là, et l’autre ne l’avait pas, est-ce ce dont vous parlez ? » demandai-je.

« Oui. Je ne peux m’empêcher de le soupçonner, » répondit Kaede.

« Est-ce que ça veut dire que celui qui est dans ce nuage utilisait la langue du monde d’où vient Souma ? » demanda Liscia.

Oh, oui. C’était une possibilité, n’est-ce pas ?

Mais Kaede avait fermement secoué sa tête face à cette suggestion. « Je ne le crois pas. »

« Comment pouvez-vous en être si sûre ? » demanda Liscia.

« Ce serait plus rapide de le mettre à l’épreuve. Sire, je sais que cela peut vous déranger un peu, mais pouvez-vous m’apprendre comment vous vous saluez le matin dans la langue du monde d’où vous venez ? Doucement, s’il vous plaît. »

Après qu’elle m’avait dit ça, je l’avais décomposé syllabe par syllabe. « O-ha-yo-u. »

« Ohayou, c’est ça ? » demanda Kaede. « Ohayou, princesse. »

Liscia avait l’air surprise et ses yeux s’ouvrirent grand. « Bizarre ! Ils sonnent tous les deux comme “Ohayou”, mais je comprends que cela signifie “Bonjour” quand Souma le dit, et quand je l’entends de Kaede, cela sonne comme une langue inconnue. »

« C’est donc ça ? » avais-je demandé.

Kaede avait hoché la tête. « Oui, je pense que c’est la preuve que celui dans le nuage ne parlait pas dans la langue du monde d’où vous venez. S’ils utilisaient la langue de votre pays, Naden les aurait entendus prononcer les mots “vous” et “détruire”, même si elle ne les comprenait pas ».

Même si elle ne les avait pas entendus comme des mots, elle les aurait entendus être prononcés... hein ?

Kaede avait porté une main à sa bouche et avait parlé comme si elle pensait à voix haute. « Sa Majesté a compris celui qui était dans le nuage, mais Naden ne l’a pas compris. Et il est difficile de penser que c’était la langue du monde d’où vient Sa Majesté. Cela mènerait à la conclusion que celui dans le nuage parlait une langue qui n’est pas la langue commune de ce continent, et qui n’est pas la langue du monde d’où vient Sa Majesté ».

Qu’est-ce que c’était ? Est-ce que cela signifiait que la personne dans le nuage n’était pas de ce monde, ou de mon monde, mais d’un autre monde entièrement nouveau ? S’il y avait quelqu’un comme ça dehors, nous n’aurions vraiment aucun moyen de savoir comment traiter avec eux.

... Attends, hein ?

Non, ce n’est pas ça, pensai-je. Ils n’ont pas besoin d’être venus d’un autre monde. Nous les avons déjà. Ici, sur ce continent, il y a déjà des individus qui utilisent une langue complètement différente.

« Les démons…, » déclarai-je.

Quand j’avais prononcé ce mot, tout le monde avait dégluti.

Les races mystérieuses, différentes des monstres, auraient dit vivre profondément dans le Domaine du Seigneur-Démon. Le seul cas connu de dialogue avec eux avait été un court échange entre Tomoe et un kobold. C’était quelque chose qui n’avait fonctionné qu’en raison de la capacité spéciale de Tomoe, donc il fallait s’y attendre.

Il ne serait pas du tout étrange qu’ils aient leur propre système linguistique, complètement séparé de la langue commune de ce continent et des langues du monde d’où je viens. Et aussi, si les démons étaient capables de parler, ma mystérieuse capacité de traduction pourrait me permettre de l’entendre. Tout comme, au milieu de la tempête, j’étais le seul à avoir compris ce qui s’était dit.

Ma capacité ne me permettait pas d’entendre ce que disaient les animaux comme le faisait Tomoe, mais peut-être que cela me permettrait de parler aux démons ?

« ... Pensez-vous que cela pourrait être la raison pour laquelle Lady Tiamat m’a appelé la “clé” ? » avais-je demandé.

« Je pense que c’est probablement ça. » Kaede avait hoché la tête.

Tenant sa tête dans ses mains, Liscia avait déclaré : « Supposons un moment... que c’est vraiment un démon dans les nuages... »

« Et si c’est bien le cas ? » avais-je demandé.

« Je ne veux pas que tu partes, Souma, » déclara Liscia en me regardant droit dans les yeux. « C’est trop dangereux. S’il t’arrivait quelque chose, notre pays... Je... »

Aisha avait été la prochaine à prendre la parole. « C’est vrai ! J’irai à la place de Sa Majesté, et je couperai cette chose maléfique ! »

J’étais sûr qu’elles étaient toutes les deux inquiètes pour ma sécurité. Je savais à quel point j’étais faible, donc j’éviterais normalement ce genre de danger. Mais cette fois, j’avais eu l’impression qu’il n’y avait pas d’autre solution.

« Si cela pouvait être résolu avec des prouesses martiales, Lady Tiamat n’aurait pas pris la peine de m’appeler ici. Après tout, il y a beaucoup d’individus qui sont plus forts que moi. Comme ce n’est pas ça, Lady Tiamat doit penser que cet incident doit être résolu par le dialogue. »

« Mais..., » Aisha s’était plainte de ça.

« Je pense que c’est une occasion précieuse. Notre pays a la chance d’être loin du Domaine du Seigneur-Démon. Cependant, si nous ratons cette occasion, on ne sait pas quand viendra notre prochaine chance de dialoguer avec un démon. On devrait rassembler les informations qu’on peut, tant qu’on peut le faire. »

« Souma..., » toujours inquiète, Liscia avait mis une main sur l’épaule.

« Bien sûr, j’ai également l’intention de rester au maximum en sécurité, » lui avais-je assuré. « Nous avons aussi l’équipement que nous avons apporté du royaume. Je demanderai à Aisha de m’escorter. Je veux que tout le monde attende sur le sol. Naden, je veux que tu laisses aussi Aisha monter sur ton dos. Est-ce que cela peut se faire ? »

Après tout, j’avais entendu dire que les dragons ne laissaient que leurs partenaires monter sur le dos.

Naden y avait réfléchi pendant un moment. « Hmm, je n’aime pas ça, mais... Aisha est la partenaire de mon partenaire, donc je suppose qu’on peut aussi la traiter comme ma partenaire ? Rappelez-vous juste qu’elle ne recevra pas ma protection, alors elle a intérêt à être bien attachée, d’accord ? »

Carla avait croisé les bras et avait gémi. « “La partenaire de mon partenaire est ma partenaire”, n’est-ce pas ? Il semble que je ne peux pas vous accompagner. Je ne peux pas non plus voler dans ce genre de vents. Je voulais faire quelque chose pour vous aider... »

« Il n’y a rien à faire, vu la situation, » avais-je dit. « Aisha, désolé de t’obliger à faire ça, mais protège-moi. »

« Je suis déjà celle qui vous protège, votre kochiji ! » déclara Aisha en frappant sa poitrine avec fierté.

Liscia avait pris sa main. « Aisha, occupe-toi de Souma pour moi. »

« Lady Liscia... D’accord ! S’il vous plaît, laissez-moi faire ! » Aisha avait posé son autre main sur celle de Liscia.

Maintenant... Pour l’instant, c’était à peu près tout, n’est-ce pas ? Chacun s’était vu attribuer son rôle... Attends, hein ? J’avais regardé mes camarades et j’avais remarqué quelque chose.

« Hein ? Où est allé Hal ? » demandai-je.

« Hein ? Maintenant que tu en parles... il n’est pas là. » Liscia regarda autour d’elle sans relâche. Il n’y avait que six personnes dans cette pièce : Liscia, Aisha, Naden, Carla, Kaede et moi. Où Hal était-il allé ?

« À propos de ça..., » déclara Kaede, semblant ne pas vouloir en dire plus. « Il a des préparatifs à faire, vous savez ? Donc il est resté hors de cette réunion. »

« Préparations ? » avais-je demandé.

« Eh bien, euh... Pensez-y comme une assurance, au cas où quelque chose arriverait. » Kaede avait répondu d’une manière qui impliquait une signification plus profonde.

Peut-être que Kaede préparait quelque chose au cas où une situation inattendue se produirait. Kaede possédait une grande clairvoyance, donc si elle préparait quelque chose pour nous aider, c’était rassurant.

« Je ne vous donnerais pas d’espoir, vous savez... (Est-ce que Hal va s’en sortir... ? Est-ce qu’il a bien compris ce que sa proposition signifiait lorsqu’il l’a acceptée, n’est-ce pas ?) »

« Hm ? Votre voix est devenue inaudible à la fin, » avais-je dit.

« ... Non, ce n’est rien, vous savez, » déclara Kaede en secouant précipitamment la tête.

Je n’ai pas vraiment compris, mais... eh bien, peu importe.

« Quoi qu’il en soit, tout le monde, je compte sur vous », avais-je dit.

 

☆☆☆

 

« Alors, pourquoi portes-tu ce truc, Souma ? » demanda Liscia, me regardant avec dégoût, alors que nous nous préparions à entrer dans la masse nuageuse.

J’étais déguisé avec le costume de kigurumi. Dans ses mains se trouvait un naginata, sur son épaule un chapelet de perles de prière, et sur son visage un tissu de soie sous laquelle se trouvaient deux adorables yeux en forme de glands. C’était l’une des poupées de Petit Musashibo (grand) que je n’avais pas moi-même portées depuis l’époque où j’avais bu avec Juno et son groupe. Ce Petit Musashibo était l’une des pièces d’équipement que j’avais transporté depuis le royaume, au cas où les choses tourneraient mal.

« Je t’ai dit que j’avais l’intention de me protéger autant que possible, n’est-ce pas ? » J’avais ouvert la tête en grand et je m’étais tourné vers Liscia.

Celui que j’avais porté avant était le type dans lequel on entrait par un trou dans le dos, mais sur celui-ci, la tête s’ouvrait vers le haut comme le couvercle d’un cuiseur à riz. Il était nettement plus facile à enfiler et à enlever que les précédents. Même maintenant, je travaillais sur des mises à jour encore plus simples.

« Même si ça ressemble à ça, j’ai dépensé plus d’argent que je n’aurais dû le faire dans de bons matériaux, donc c’est plus solide qu’une pièce d’armure moyenne, est-ce que tu t’en rends compte ? Il est hautement pare-flèche, pare-balles, résistant au froid, résistant à la chaleur et aux acides. Tu peux combattre les monstres des donjons dans ce truc. De plus, mes Poltergeists Vivants fonctionnent sur lui, donc c’est très facile pour moi de le déplacer. »

« Toujours... *Soupir*, je me sens stupide de m’inquiéter. » Liscia se tenait la tête.

On n’avait pas fait ça depuis longtemps. Quand nous nous étions rencontrés pour la première fois, j’avais l’impression que Liscia était entraînée par ce que je faisais, et elle tenait constamment sa tête.

Eh bien... elle avait de la compagnie maintenant...

« Quelque chose ne va pas, » murmura Naden en me voyant dans mon équipement de kigurumi. « J’ai toujours rêvé d’avoir un chevalier sur le dos. Alors pourquoi dois-je laisser cette créature mystérieuse voler avec moi... !? » Elle aussi se tenait la tête.

« Non, non, je ne veux pas entendre ça d’une créature mystérieuse comme un ryuu, » répliquai-je.

« Je vais voler avec toi portant ce truc !? N’est-ce pas un peu trop étrange ? » demanda Naden.

« ... »

Dendera, dendera, un ryuu vole à travers la mer de nuages. Sur son dos se trouve un Petit Musashibo profondément satisfait.

... Ouais. En imaginant cela, j’avais ressenti une vague de fantasy mystérieuse et sauvage.

« C’est une urgence, » avais-je dit. « Sois indulgente avec moi, s’il te plaît, » demandai-je.

« Argh..., bien, j’ai compris, » répondit Naden.

« Aisha, de ton côté, es-tu prête ? » l’avais-je appelée.

« Quand vous voulez ! » Avec son épée habituelle par-dessus son épaule, Aisha m’avait fait un signe de tête ferme.

Parce que nous allions traverser le vent et la pluie, Aisha portait une cape imperméable qui couvrait tout son corps par-dessus son équipement léger habituel.

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 5

Maintenant que nos préparatifs étaient terminés, il était temps de partir afin de rencontrer qui que ce soit dans ces épais nuages.

Et ainsi, la ryuu s’était envolée dans la tempête. Sur son dos chevauchait une elfe sombre dans un imperméable, et une créature mystérieuse et rondouillarde.

Le vent hurlait à nos oreilles.

Naden avançait comme si ce n’était pas grand-chose, mais le vent et la pluie contre leur corps étaient plus forts que jamais.

« Aisha, ça va !? » avais-je crié.

« Très bien ! Les vibrations ne sont pas aussi violentes ici que dans la gondole ! » répondit Aisha.

Contrairement à moi, la protection de Naden ne couvrait pas Aisha, de sorte qu’elle subissait pleinement les effets du vent, de la pluie et de la gravité. C’est pourquoi j’avais Aisha assise devant moi, attachée avec une corde, tout comme le Petit Musashibo. Bien qu’avec la façon dont le Petit Musashibo avait été construit, il donnait un peu l’impression comme s’il était attaché à un siège de première classe.

« Pensez-vous qu’on puisse trouver qui que ce soit dans cette tempête ? » demanda Aisha, protégeant son visage de la pluie avec ses bras. « La pluie rend la visibilité vraiment horrible. »

Il est vrai que la recherche de quoi que ce soit sous cette pluie allait être difficile.

... En fait, maintenant que je le portais ainsi, j’avais réalisé que cette combinaison kigurumi m’avait laissé un champ de vision vraiment étroit. Vous pensez peut-être que cela aurait dû être évident, mais parce que ma capacité, le Poltergeist Vivant, m’avait permis de voir les choses avec une vue aérienne, cela ne m’avait jamais dérangé auparavant. Cependant, dans cette tempête, je n’arrivais pas à faire fonctionner correctement la vue aérienne.

Ce que j’entendais par là, c’était que je pouvais voir, mais c’était comme regarder les parasites sur une vieille télé avec une mauvaise réception. Je ne l’avais pas remarqué avant parce que je n’avais jamais essayé de déplacer des choses à l’intérieur d’une tempête, mais est-ce que ma capacité avait d’autres faiblesses comme celle-ci ?

Sans autre choix, j’avais ouvert la tête du Petit Musashibo. Il y a eu une soudaine et puissante rafale sur mon visage, mais si je ne pouvais pas utiliser mes capacités, j’allais devoir compter sur mes propres yeux. Comme Aisha l’avait dit, la visibilité était encore faible, mais pour commencer, il n’y avait peut-être pas besoin de chercher.

« Naden, si c’est eux qui causent cette tempête, ils sont à coup sûr au centre de la tempête, » dis-je.

« Je le sais. Nous serons bientôt au centre de la tempête, » répondit Naden.

Puis, tout à coup, le bruit du vent et de la pluie avait diminué. La tempête s’était-elle affaiblie ?

La sensation de gouttes de pluie qui frappait mon visage avait disparu. Le vent était encore fort, mais le manque de pluie m’avait facilité la tâche. Pourtant, nous étions entourés de nuages là où nous nous trouvions.

Non, même si nous sommes à l’intérieur d’un nuage, nous aurions l’impression d’être enveloppés dans le brouillard. Si je pouvais dire qu’il y avait des nuages autour de nous, cela signifiait que cet endroit était le seul endroit sans nuages.

« C’est..., » commençai-je.

« Sire ! Regarde en haut ! » Aisha avait crié.

Face à l’insistance d’Aisha, j’avais levé les yeux, et là...

« Qu’est-ce que c’est que cette chose... ? » demandai-je.

Il y avait une énorme masse grise qui flottait là. C’était plus ou moins un cube, avec une dizaine de mètres de chaque côté. Naden, dans sa forme actuelle de ryuu, mesurait une quarantaine de mètres de long, il était donc douteux qu’il lui soit possible de s’enrouler autour une fois. Ce cube massif ignorait la gravité et flottait là.

« Est-ce ce que vous avez vu, Sire ? » demanda Aisha.

« ... Je ne suis pas sûr. Je ne voyais que son ombre, » répondis-je.

« Mais c’est dans tous les cas la chose qui est au centre de ce courant ! » déclara Naden en regardant le cube.

C’était... ce qui avait causé la tempête ? Le raisonnement de Kaede était que c’était un démon, mais cette chose était-elle vraiment vivante ? Que je le juge selon les normes de ce monde, ou les normes de mon ancien monde, cette chose était bizarre. Puis...

« Pourquoi... vous... pas... réponse... »

J’avais encore entendu cette voix. Ça avait l’air fragmentaire, et c’était difficile de saisir le sens, mais c’était aigu, comme la voix d’une femme, c’était quelque chose qui me rendait mal à l’aise. Ça venait de ce cube ?

« Aisha, Naden, avez-vous compris cette langue ? » avais-je demandé. « Il disait quelque chose à propos d’une réponse. »

« Vraiment, Sire ? Je n’entendais rien, » répondit Aisha.

« Je pouvais dire qu’il disait quelque chose, mais c’est tout…, » répondit Naden.

Comme on s’y attendait déjà, elles ne comprenaient pas les mots qu’elles entendaient. J’avais donc répété les mots que j’avais entendus pour qu’elles le comprennent.

« Tiama... vous détruisez... mes enfants... alors pourquoi... »

« Voyons voir… “Tiama, vous détruisez, mes enfants, alors pourquoi,” » avais-je traduit.

« Pourquoi ne voulez... -vous pas des... Je n’ai plus... rien »

« “Pourquoi ne voulez-vous pas des..., je n’ai plus rien”, » avais-je traduit.

Naden et Aisha avaient toutes les deux gémi en entendant ça.

« “Tiama...” C’est bien de Lady Tiamat qu’elle parle, n’est-ce pas ? » demanda Naden. « Ça doit l’être. »

« On dirait bien qu’ils ont quelque chose à dire à Lady Tiamat, » constata Aisha.

J’étais d’accord avec elles. Lady Tiamat savait-elle quelque chose sur ce cube ? En y repensant, Lady Tiamat n’avait-elle pas prédit cette tempête ?

Se pourrait-il que... cet objet ait été en contact avec Tiamat avant ? Pendant que je pensais cela, la qualité de la voix a soudainement changé.

« Même après... vous... ne rép... toujours... »

« “Même après ‘je ne sais pas quoi’, vous ne répondez toujours pas...” hein, » avais-je traduit en essayant de compléter les trous.

La voix que j’entendais était plate, sans intonation. Mais, d’après le choix des mots, j’avais senti quelque chose comme de la colère. L’ensemble de cette situation n’était pas clair, mais j’avais l’impression qu’il la critiquait sévèrement.

« J’avais l’impression de comprendre, mais ce n’est pas le cas, » avait dit Aisha en tournant la tête sur le côté. « J’aimerais qu’il sorte de là et le dise plus clairement. »

Naden pensait aussi. « “Vous” est... probablement Lady Tiamat, n’est-ce pas ? Est-ce que ça veut dire... »

« Attendez un peu ! Ils disent toujours quelque chose, » avais-je coupé la parole à Naden, et j’avais écouté.

« Dans ce cas... »

« “Dans ce cas,” » répétai-je.

« Je... détruirai... le monde de vos enfants. »

« Quoi !? » m’écriai-je.

« Wôw, Souma !? Qu’est-ce qu’ils ont dit ? » avait crié Naden, mais je n’avais pas pu le mettre en mots immédiatement.

Je détruirai le monde de vos enfants ?

Si Naden avait raison, et le mot « vous » ici indiquait de Lady Tiamat, alors ses enfants étaient Naden et les dragons, et le monde dans lequel ils vivaient était Dracul. Est-ce que cette voix voulait la détruire ? Il s’agissait d’un avertissement clair d’intentions destructrices.

Est-ce quelque chose que nous pouvons résoudre par le dialogue... ?

« Je... détruis. Pour que vous... me détruisiez... »

« Quoi !? » m’écriai-je une nouvelle fois.

Je vais les détruire. Pour que vous me détruisiez. C’était ce que j’avais cru comprendre.

Détruire, pour être détruit ? Le propriétaire de cette voix ne voulait pas détruire Dracul, il essayait d’amener Lady Tiamat à les détruire en le faisant. Ils étaient furieux parce que Lady Tiamat refusait de le faire ? En d’autres termes, cette tempête était produite par le désir du propriétaire de la voix d’être annihilé.

« Souma ! » Naden m’avait appelé pour me ramener à la raison.

« Ah ! » m’écriai-je.

« Reprends-toi ! Tu es le seul ici qui comprend ce que cette chose dit, tu sais !? » déclara Naden.

« Désolé. On dirait que cette chose essaie de détruire Dracul parce qu’elle veut que Lady Tiamat la détruise, » résumai-je la situation.

« C’est celui qui veut être détruit, mais qui détruit le pays de quelqu’un d’autre ? J’avoue que je ne comprends pas le désir d’être détruit, mais son objectif et sa méthode ne sont-ils pas quelque peu disjoints ? » Aisha avait l’air perplexe.

Même moi, je n’en comprenais pas la raison.

« Quoi qu’il en soit, ce truc est venu jusqu’à Dracul, cherchant à être détruit. Mais Lady Tiamat semble avoir refusé, peut-être pour une bonne raison. C’est apparemment la raison pour laquelle cette chose a causé la tempête. Il semble penser que s’il met les enfants de Lady Tiamat... c’est-à-dire les dragons... en péril, Lady Tiamat sera forcée de le détruire. »

« Ça fait beaucoup de supposition, n’est-ce pas ? » demanda Naden.

« Hé, ce n’est pas comme si je pouvais y faire grand-chose. Je travaille avec des informations fragmentaires, » répondis-je.

Lady Tiamat connaissait probablement tous les détails, mais, comme Hakuya l’avait dit auparavant, elle m’avait dit qu’elle n’avait pas « l’autorité » pour m’en parler, donc sa seule manière de faire avec cette limitation.

Est-ce que la raison pour laquelle Lady Tiamat avait choisi de ne pas détruire cette chose avait aussi à voir avec cette affaire d’« autorité » ?

« Je... détruis. Alors... vous... vous... détruirez... »

La voix avait répété ces mots encore une fois. Puis une vingtaine de petits objets sphériques étaient sortis de la moitié supérieure du cube gris. Je les appelais petits, mais ils n’étaient que petits par rapport au cube. Au niveau de leur taille, il s’agissait probablement d’un mètre de diamètre. Ces sphères ne flottaient pas, et avaient été attirées vers le bas par gravité.

Voyant cela, Naden avait demandé d’une voix paniquée : « Hé, Souma, est-ce que c’est... ? ».

« Tout à fait. Selon moi aussi, ils ont l’air d’être de mauvaises nouvelles, » répondis-je.

D’innombrables sphères mystérieuses étaient apparues après qu’il ait parlé de destruction. J’avais un mauvais pressentiment.

« Naden ! Peux-tu les abattre sans t’approcher ? » avais-je demandé.

« Je peux le faire ! » cria Naden.

Graaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !

Naden avait rugi, déclenchant une frappe électrique sur les choses qui s’étaient envolées. La frappe électrique s’était ramifiée au fur et à mesure qu’elle avançait, perçant les sphères dispersées. Puis...

*Boom !*

Au moment où l’électricité les avait frappés, ces sphères avaient produit un éclat bleu et blanc brillant, et s’étaient mises à gonfler pour devenir des boules de lumière. Après l’apparition de lumière, nous avions entendu un grondement, et la pression du vent qui nous avait frappés par la suite nous avait dit bien trop clairement à quel point l’explosion était incroyable.

Je le savais... Ces sphères noires sont comme des bombes !

Aisha s’était tournée vers moi, comme si elle se souvenait de quelque chose. « C’est mauvais, Sire ! Liscia et les autres sont en bas ! »

« Je sais. Naden, je compte sur toi ! Abats-les, quoi qu’il arrive ! » ordonnai-je.

« C’était le plan depuis le début ! » répondit Naden.

Alors qu’elle nageait dans le ciel, Naden avait déclenché des attaques électriques les unes après les autres et elle avait abattu les objets tombant l’un après l’autre. Cependant, il y en avait tout simplement trop.

« Lady Naden ! Je vais vous aider ! » Aisha avait défait les cordes qui la maintenaient fixée, et elle se leva. « Sire, tenez-moi fermement, s’il vous plaît ! »

« Comme ça !? » J’avais sorti mon torse hors de la poupée Petit Musashibo et j’avais enroulé mes bras autour des hanches d’Aisha. En même temps, j’avais contrôlé la poupée Petit Musashibo, en la faisant tenir les chevilles d’Aisha pour la maintenir en place. Aisha, qui montait maintenant sur le dos de Naden en position debout, avait préparé ses larges attaques habituelles.

« Maintenant, Sire, gardez-la tête baissée, s’il vous plaît ! » déclara Aisha.

« D’accord, » dis-je.

« J’y vais... Hahhhhhhhhhh ! » Avec un grand cri signalant son effort, Aisha avait déplacé sa grande épée.

Le souffle de vent que j’avais déjà vu alors qu’elle s’entraînait avec Liscia avait volé droit devant nous, coupant en deux l’un des objets qui tombaient. Puis des attaques à la chaîne furent lancées, depuis la droite, depuis la gauche. À chaque coup d’épée d’Aisha, une frappe de vent s’envolait avant de couper l’un des objets qui tombaient.

Aisha avait toujours été un peu déçue dans sa vie quotidienne, mais sur les champs de bataille, elle était fiable et elle était la guerrière la plus puissante du royaume.

Alors que Naden et Aisha se démenaient à la tâche, les objets sphériques déposés par le cube avaient soit explosé, soit coupé en deux. Cependant, le cube n’arrêtait pas de les laisser tomber, l’un après l’autre.

« C’est sans fin... » Aisha avait gémi.

« Mais si nous ne les abattons pas tous, ils causeront des dégâts en contrebas, » déclara Naden.

« Nous ne pouvons pas avancer, et nous ne pouvons pas battre en retraite. Nous n’arriverons à rien dans une telle situation, » déclara Aisha.

Aisha avait probablement raison. Merde ! Si seulement nous pouvions entrer en contact avec le sol, nous pourrions les avertir du danger et les faire évacuer. J’aurais dû apporter un bras mécanique pour servir de relais... Se plaindre des choses que je n’avais pas n’allait pas aider.

« Oh, bon sang. Que pouvons-nous faire ? » avais-je dit en regardant le cube et en me creusant la cervelle.

Puis c’était arrivé.

« Heyyyyyyyyyyyy... »

J’avais entendu une voix qui venait de quelque part au loin. Ce n’était pas comme la voix que j’entendais jusqu’à présent. Cette fois, c’était une voix d’homme.

« Heyyyyyyyyyy ! Soumaaaaaaaaa ! »

Cette voix venait... d’en bas !?

Quand je m’étais penché sur le côté de Naden pour regarder vers le bas, j’avais vu un dragon rouge se diriger vers nous à une vitesse incroyable. Ses ailes étaient pliées et elle avait une forme presque comme une flèche. Attends un peu, ne volait-elle pas très vite sans avoir battu des ailes ?

De plus, Halbert était sur son dos, s’accrochant chèrement à sa vie.

« Hal !? » avais-je crié.

« Ruby !? » Naden avait crié en même temps.

Ruby avançait vers nous avec Halbert sur le dos. Les deux nouveaux arrivants avaient continué à monter verticalement comme ça, mais finalement ils avaient perdu de l’inertie et ils avaient commencé à tomber. Ses ailes n’étaient pas déployées... Oh, c’était ça ! Parce que si elle ne les tenait pas fermement contre son corps, elles seraient affectées par les vents, hein !

« Naden ! » avais-je crié.

« Je sais ! » répondit Naden.

Naden s’était mise sous la zone de chute de Ruby et l’avait attrapée. De là, elle avait enroulé son corps autour de Ruby et l’avait tenu fermement en place. Ruby semblait soulagée quand elle avait dit : « Cette méthode de vol n’est... vraiment pas facile pour le cœur... »

« Ruby, comment as-tu... ? » demanda Naden.

« Gardons les bavardages pour plus tard ! On ne peut pas laisser ces choses atteindre le sol, n’est-ce pas ? » demanda Ruby.

Après avoir déclaré ses mots, Ruby avait inhalé profondément, et avait lâché un jet de flamme connu sous le nom de souffle du dragon. Les flammes s’étendaient comme un chalumeau, faisant frire les objets et les faisant exploser.

Quand elle avait vu cela, Naden avait fait tourner son corps sur elle-même en lançant des décharges électriques dans toutes les directions. Ainsi, le souffle de Ruby se déplaçait comme les aiguilles d’une horloge, déclenchant la destruction d’objets sur une zone encore plus large.

La zone autour de nous était remplie de flammes brillantes, d’électricité et d’explosions. Ça m’avait irrité les yeux.

En déclenchant en même temps une explosion de tous ceux présents en ce moment, cela nous avait donné une certaine marge de manœuvre jusqu’à ce que la prochaine série soit larguée.

« Alors, comment es-tu venue ici, Ruby ? » Naden avait demandé à Ruby, qui respirait difficilement, après que la situation se soit temporairement calmée. Maintenant qu’elle en parlait, nous n’avions pas encore parlé du fait qu’un dragon ailé ne pouvait pas voler dans ces courants d’air si sauvage, n’est-ce pas ?

« J’ai demandé à cette personne de coopérer avec moi... et j’ai fait des choses folles pour venir ici..., » répondit Ruby en essayant de reprendre son souffle. En étirant son long cou, elle avait utilisé son museau pour désigner ce qui était sur son dos.

Par « cette personne ici », elle voulait dire Hal ?

« Hal, qu’est-ce que tu as fait ? » avais-je demandé, me sentant complètement épuisé.

Hal avait désigné ce qui était derrière lui. « Souma... N’as tu pas apporté ça ? Nous l’avons utilisé... pour voler jusqu’ici. »

Ce que Hal montrait en disant ça était le dispositif de propulsion maxwellien fixé à l’arrière de sa selle, le Petit Susumu Mark V version allégée.

Mes yeux s’étaient écarquillé.

C’est donc de cela que Kaede parlait !

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 6

Un peu plus tôt...

« J’aimerais vous demander une faveur, » j’étais assise avec mon corps endolori. J’avais alors corrigé ma posture, puis j’avais incliné la tête devant le jeune homme aux cheveux roux.

Au moment où je l’avais fait, Hal avait échangé des regards avec la fille aux oreilles de renard... Kaede, n’est-ce pas ? « Je ne suis pas sûr que ce soit le moment de demander des faveurs... »

« Pour commencer, j’aimerais entendre ce qu’est que cette faveur, vous savez, » dit Kaede. « Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez demander à Hal ? »

« Je me fiche de ce que c’est. Donnez-moi quelque chose que je puisse faire ! » avais-je dit en suppliant. Je m’inclinais à nouveau. « Je ne veux pas compter que sur Naden pour régler cette situation ! Si je laisse tout le destin de Dracul à Naden, alors que je ne fais rien... je ne pourrai plus jamais être fière de moi. »

Je ne pouvais pas voler dans cette tempête. Néanmoins, si je laissais Naden faire tout le travail, je ne serais pas à la hauteur de la réputation des dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Ce n’était pas tout. Si j’obligeais Naden à prendre tous les risques et que quelque chose lui arrivait, je ne pourrais jamais me pardonner.

« Vous êtes les vassaux du roi Souma, n’est-ce pas ? Nous ne pouvons rien faire, mais comme vous venez de l’extérieur de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, j’ai pensé que vous pourriez avoir un moyen de le faire, » déclarai-je.

« Je ne sais pas…, » dit Halbert.

« Peu importe à quel point c’est dangereux. Je veux que vous me laissiez aussi faire quelque chose, » mes sentiments me déchiraient à l’intérieur.

Hal s’était gratté la tête avec un regard troublé. « Hmm, je n’ai aucune idée de comment voler quand le ciel est si mauvais alors que même un dragon ne peut pas voler. La magie de Kaede manipule la gravité, mais même avec cela, elle ne peut que faire flotter et cela ne marcherait pas là. N’est-ce pas ? »

« Tout à fait. Je ne pense pas que la magie de la terre va pouvoir faire quoi que ce soit ici, » acquiesça Kaede.

C’était comme ce que j’avais craint ? N’avais-je donc rien que je puisse faire ?

Quand le désespoir avait commencé à s’installer en moi, Kaede avait soudainement déclaré. « Mais ce n’est pas comme si nous n’avions aucun moyen de le faire, vous savez. »

« Avez-vous quelque chose !? » m’écriai-je.

« C’est dangereux, mais... comme vos ailes vont être prises par le vent, vous ne pourrez pas les ouvrir, vous savez, » continua Kaede.

Ne pas ouvrir mes ailes ? Me disait-elle de voler sans battre des ailes ? C’était... quelque chose que seule Naden pouvait faire.

Hal avait aussi affiché un regard empli de doute. « Impossible. Comment un dragon ailé est-il censé voler sans ses ailes ? »

Cependant, Kaede l’avait regardé avec exaspération. « As-tu oublié, Hal ? La chose que nous avons dans la gondole sur les ordres de Sa Majesté. »

« Dans la gondole ? Voyons voir, il y a ce truc bizarre de kigurumi que Souma utilise, et... Oh, ça ! L’hélice, ce petit machin Susumu, c’est ce qu’il nous faut ! »

L’hélice ? Je n’avais aucune idée de ce dont ils parlaient, mais ils semblaient penser que ça marcherait.

Kaede avait pointé son doigt vers mon dos et m’avait dit : « Les dragons et les wyvernes sont de tailles différentes, oui, mais leur forme générale est similaire. Si nous mettons le Petit Susumu Mark V version allégée sur son dos, comme nous le faisons pour la cavalerie-wyverne, puis si nous la mettons à pleine puissance, même avec ses ailes repliées, je pense qu’elle pourrait grimper directement depuis le sol. »

« Je comprends ton raisonnement, mais... n’est-ce pas très dangereux ? » demanda Hal d’un air dubitatif. « Elle ne peut que s’élever dans les airs tout droit, n’est-ce pas ? »

Kaede hocha la tête, confirmant ses préoccupations. « Bien sûr. Il n’y a pas moyen de changer de direction. Elle ne pourrait que monter tout droit. D’ailleurs, nous ne l’avons pas testé dans des conditions de tempête, donc je ne sais pas si ce que je viens de dire est vraiment possible. » Kaede avait l’air inquiète. « Cependant, en l’état actuel des choses, si elle veut faire quelque chose, c’est à peu près la seule façon... »

« Ça ne me dérange pas, » déclarai-je fermement. « Je suis bien consciente du danger. Alors, laissez-moi-le faire. »

« Rubis... »

« Arg, bon sang ! On dirait que je n’ai pas le choix ! » Hal s’était gratté la tête affichant un sourire. « C’est moi qui vous ai poussé à faire ça, alors je vais devoir venir avec vous. »

La proposition de Halbert avait fait que les yeux de Kaede s’étaient écarquillé. « Hal... comprends-tu ce que tu dis, vraiment ? »

« Que je serais en danger ? Oui, je suis prêt pour ça. De plus, le dragon qui porte l’hélice ne peut pas la contrôler. Elle a besoin de quelqu’un pour la conduire et la diriger, n’est-ce pas ? » répondit Hal.

« Ce n’est pas ma seule préoccupation... Il n’y a pas d’autre choix, n’est-ce pas ? » marmonna Kaede. « Très bien. Je trouverai un bon moyen de m’arranger avec Sa Majesté. »

Kaede avait haussé les épaules en se résignant à l’exaspération qu’elle ressentait alors qu’elle approuvait l’idée.

« Merci. Hal, Kaede, » dis-je.

J’avais encore une fois baissé la tête devant eux. Je n’aurais pas pu être plus reconnaissante.

Ici et maintenant, un Chevalier Dragon rouge improvisé était né.

 

☆☆☆

 

Pendant que Naden et Aisha continuaient à intercepter les objets qui tombaient, j’avais donné à Hal et Ruby un rapide aperçu de la situation.

Ce cube causait la tempête, les objets qu’il laissait tomber étaient des bombes, et il serait dangereux de les laisser tomber à la surface. Je n’avais pas mentionné que la chose essayait apparemment de détruire Dracul pour qu’elle soit détruite elle-même. Je n’avais aucune preuve et je ne voulais pas perdre du temps à l’expliquer.

Quand ils avaient entendu mon explication, Hal et Ruby avaient acquiescé à l’unisson.

« Compris », Hal avait dit. « Nous nous occuperons de prendre contact avec le sol. »

« Les autres dragons peuvent aussi se battre à partir du sol. » Ruby avait étiré son cou, ce qui avait rapproché son visage de celui de Naden. « Alors, Naden, ne t’inquiète pas pour les choses en bas. Dirige-toi droit vers ce truc. »

« Puis-je te faire confiance pour gérer ça ? » demanda Naden.

« Ton travail est de porter Souma, n’est-ce pas ? En tant que dragon de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, je ne pourrai peut-être pas t’ouvrir la voie, mais je te couvrirai au moins le dos. »

« ... D’accord, » déclara Naden

Naden s’était déroulée et avait relâché Ruby. Dès qu’ils avaient été libérés, Hal et Ruby avaient laissé la gravité suivre son cours et étaient tombés tout droit.

J’avais crié après eux, « Hal ! Prenez soin de Liscia et des autres ! »

« Comptez là-dessus ! Toi aussi, fais ton truc ! » cria Hal.

À l’opposé de la façon dont ils étaient venus, Hal et Ruby étaient tombés avec leurs têtes pointées vers la surface. Alors même qu’ils tombaient, Hal avait jeté la lance qu’il tenait et avait abattu l’un des objets qui tombaient. On aurait dit que son entraînement de dratrooper avait porté ses fruits. Un Halbert aux cheveux roux, chevauchant un dragon rouge, et lançant une lance de flammes... hein ?

« Ils font tout le truc de Chevalier Dragon correctement, hein…, » demandai-je.

« Peux-tu le répéter ? » dit Naden. « En attendant, on est tous bizarres. »

« Maintenant, Sire, » dit Aisha. « Ils sont eux, et nous sommes nous. Pourquoi ne pouvons-nous pas en rester là ? »

« « Pfft ! » » Quand Aisha avait résumé la situation comme ça, Naden et moi avions éclaté de rire. Quand elle l’avait rejeté d’une manière aussi insouciante, même si Dracul était en danger, c’était comme si tout cela n’était pas grand-chose.

Ouais, je commençais à penser qu’on pourrait faire quelque chose pour régler cette situation.

« Hahahaha... Maintenant, laissons les objets qui chutent à ceux qui sont sur le sol, et allons nous-mêmes jeter un coup d’œil à ce cube, » avais-je dit.

« Oui. Allons-y, Souma, Aisha, » déclara Naden.

« D’accord ! » avait crié Aisha.

Avec un bon coup d’accélération, Naden avait commencé à grimper.

 

☆☆☆

 

Quand Halbert et Ruby étaient retournés au niveau du sol, les dragons s’étaient tous rassemblés devant le Château de Cristal. Ils pouvaient voir Kaede, Liscia et Carla debout aux pieds de ces énormes créatures, alors Halbert et Ruby avaient atterri à côté d’eux.

« Hal, comment cela se déroulait-il dans le ciel ? » demanda Kaede.

Halbert avait pointé vers le haut et avait répondu. « Il y avait ce machin bizarre et fixé là-haut. Souma et les autres se dirigent vers lui afin d’avoir un contact. Mais ce qui est plus important, c’est qu’il y a des bombes qui tombent en ce moment. Nous devons les intercepter. »

« Vous parlez de les intercepter, mais avec toute cette pluie, les flammes seront diminuées de moitié, » avait souligné Carla, qui savait également utiliser la magie du feu.

Les flammes que les dragons pouvaient cracher étaient puissantes, mais elles seraient probablement affaiblies et emportées par le vent et la pluie, réduisant leur portée de manière drastique.

Liscia hocha la tête amèrement. « Ma glace n’est pas non plus quelque chose que je peux envoyé dans le ciel. »

« Il y a un moyen, vous savez, » déclara Kaede qui s’était accroupie et qui avait posé sa main sur le sol. « Vous devrez me pardonner un peu de changement dans la topographie du coin, désolée. »

Après ça, le sol avait commencé à gonfler, et des masses de roche et de sable d’environ un mètre de large s’étaient mises à rouler partout. Kaede avait utilisé sa magie de type terre. Même au premier coup d’œil, il devait y avoir plus d’une centaine de ces masses. Cela avait dû prendre une quantité considérable de pouvoir magique.

Comme on pouvait s’y attendre, Kaede s’était mise à trébucher, s’étant surmenée pour le faire, et Liscia s’était empressée de l’attraper dans ses bras.

« E-Est-ce que ça va ? » demanda Liscia.

« Désolée. J’en ai un peu trop fait, » déclara Kaede.

Alors que Liscia la soutenant, Kaede avait expliqué la stratégie à toutes les personnes présentes.

« Je veux que les dragons lancent ces masses de terres sur les objets qui tombent. Avec la force d’un dragon, vous devriez pouvoir les lancer assez haut. Pour les autres, j’aimerais que vous utilisiez des arcs enchantés par la magie. La priorité est de protéger le Château de Cristal et les œufs de dragon dormant en dessous. Même si vous devez ignorer les autres projectiles, veuillez intercepter en priorité les objets tombant vers Château de Cristal. »

« J’ai compris... Vous l’avez tous entendue, vous tous ! » Liscia avait aidé Kaede à se lever, puis elle avait crié à ses compagnons et aux dragons. Parce qu’elle était la princesse d’une nation, elle avait naturellement fini par donner des ordres dans une telle situation. « Nous allons soutenir Naden et Souma depuis ici ! »

« « « D’accord. » » »

« « « « Graaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! ! » » » »

Ses compagnons poussèrent un cri de guerre, et les dragons rugirent tous en même temps.

« Ruby, nous allons les intercepter dans le ciel, » déclara Halbert.

« Oui. Allons-y, Hal, » déclara Ruby.

Halbert et Ruby avaient repris leur vol avec le Petit Susumu Mark V version allégée.

Tout le monde faisait de son mieux pour faire ce qu’il pouvait faire en ce moment. En regardant cette scène se dérouler, Liscia avait encoché une flèche.

Nous allons faire ce qu’on peut pour protéger cet endroit.

Alors qu’elle faisait reculer la corde de son arc, Liscia pensait à Souma et aux autres se trouvant dans le ciel.

Alors, tout le monde... Assurez-vous que vous rentrez bien à la maison.

Tout en étant portée par ses sentiments, Liscia avait lâché sa flèche dans le ciel empli de nuages.

☆☆☆

Chapitre 7: La tempête

Partie 7

« Wôw, » déclara soudainement Aisha.

« Ça va, Aisha ? » avais-je demandé avec inquiétude.

« O-Oui ! » avait répondu Aisha.

Quand nous nous étions levés, nous avions oublié qu’Aisha avait défait les cordes qui la maintenaient en place. Je l’avais attrapée quand elle avait perdu l’équilibre, et j’avais attaché la corde autour de moi pour nous tenir en position. Pendant que je faisais cela, Naden avait continué à éviter les objets qui tombaient alors qu’elle s’approchait du cube. En dehors de la dispersion des bombes, le cube n’avait rien fait pour nous intercepter, et nous avions pu facilement remonter le long du cube.

Est-ce que ce cube... nous ignore ?

Est-ce que cela signifiait que sa seule cible, ou la seule chose qui l’intéressait étaient Lady Tiamat ? Ou bien avait-elle la certitude absolue que personne d’autre que Lady Tiamat ne pouvait le détruire ? Quoi qu’il en soit, nous nous étions suffisamment rapprochés pour pouvoir sauter dessus, ce qui nous avait permis d’observer le cube de près.

C’était, comme je m’en doutais, un cube avec dix mètres de côté.

La surface qui avait l’air grise de loin avait été faite d’une pierre brillante comme l’obsidienne taillée, et il y avait des motifs géométriques présents dessus. C’était clairement artificiel, mais certaines parties étaient recouvertes de mousse. D’autre part, il était difficile à savoir si c’était ancien ou neuf. Il n’y avait aucun signe d’hélice ou de moteur à réaction. C’était vraiment flottant.

Hm... J’ai entendu une voix, donc je m’attendais à une créature, ou un véhicule d’un certain type...

Peu importe comment je le regardais, ce n’était qu’un cube et non pas un véhicule, ou quelque chose du même genre.

Pourtant, il n’y avait aucune chance qu’un cube ordinaire, sans moyen de propulsion, flotterait haut dans le ciel. Peut-être que, contrairement à son extérieur simple, l’intérieur de cette chose était vraiment complexe.

Je ne savais pas si c’était la preuve de cela, mais la face avant supérieure comportait d’innombrables trous, et ils crachaient ces objets ressemblant à des bombes. Cette action de faire sortir des bombes à intervalles réguliers était très systématique et mécanique.

Si c’était le cas, c’était peut-être un exemple de ce que Genia appelait la surtechnologie, comme les Joyaux de Diffusion de la Voix, ou le Lunalith qui se trouvait dans l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.

« Regardez la surface... Je ne pense pas qu’il soit impossible de le couper, » avait dit Aisha. « Ça vous dérange si j’essaie ? »

« ... Pouvez-vous viser un coin ? S’il se brise et tombe, on ne sait après tout pas quel effet ça peut avoir, » répondis-je.

« Oui, Sire... Haaaaaa ! » cria Aisha en agissant.

Aisha avait frappé avec sa grande épée, projetant ainsi une attaque de vent. L’attaque de vent avait touché de biais le coin du cube ce qui en aurait coupé la pointe... Ou c’est ce que cela aurait dû faire. Cependant, le cube n’avait montré aucun signe de changement.

Aisha avait abaissé son épée et avait gémi. « Hrm... Cette surface est beaucoup plus dure que l’acier. »

Ça veut dire qu’elle aurait pu le couper s’il avait été entièrement fait d’acier ?

Aisha avait sorti un couteau de sa poche et l’avait jeté sur le cube. Le couteau avait volé droit sur le cube, puis il y avait eu un étrange bruit aigu, et il était tombé.

« Regardez. Il n’y a même pas une petite égratignure à la surface, » déclara Aisha.

« Est-ce que ça veut dire que c’est super dur ? » demandai-je.

« Non, ça n’avait pas l’air d’avoir été en contact avec l’objet. On aurait dit qu’il a été dévié juste avant qu’il ne touche la surface, » expliqua Aisha.

« Hmm... Est-ce qu’il y a un champ de force ? » demandai-je.

« Chanforce ? Qu’est-ce que c’est ? » demanda Aisha, l’air confus.

« C’est une sorte de barrière scientifique. Même dans mon ancien monde, ils n’existaient que dans la fiction, » avais-je répondu.

C’était une sorte de science-fiction, mais j’avais l’impression que c’était possible avec la surscience, qui allait au-delà du domaine de la compréhension humaine.

J’avais eu une idée pour quelque chose qu’on pourrait essayer.

« Naden, pourrais-tu le frapper avec une attaque électrique ? » avais-je demandé.

« D’accord, mais... es-tu sûr que tu veux que j’aille à pleine puissance ? » demanda Naden.

« Tout à fait. Donne tout ce que tu as, » répondis-je.

« D’accord, alors… HHHaaaaa ! »

*Zap, un crépitement se fit entendre !*

La crinière de Naden était toute droite alors qu’elle déchaînait une attaque électrique en plein sur le cube.

L’éclair pourpre avait déchiré l’air, et juste au moment où il était sur le point de percuter le cube, un autre son indescriptible, beaucoup plus fort que celui d’avant, avait résonné dans toute la zone. C’était comme si quelqu’un amplifiait le son des ongles sur un tableau noir, puis le faisait passer à travers un filtre. C’était un bruit qui agressait les oreilles quand on l’entendait.

Cependant, même si le bruit était assez fort pour être douloureux, il n’y avait pas de changement dans le cube. Était-ce si résistant que ça... ?

Je m’étais gratté la tête. « Attaques physiques, magie et électricité, tous inefficaces, hein ? Il dit qu’il veut être détruit, mais c’est trop solide. »

« N’est-ce pas pour cela qu’il veut que Lady Tiamat le détruise ? » demanda Naden.

« Oui, c’est probablement ça..., » répondis-je.

Alors que je me creusais la tête pour savoir quoi faire, j’avais encore entendu cette voix.

« Je détruirai. Pour que vous me détruisiez. »

Je l’avais entendu clairement. La voix était trop aiguë pour être masculine, ce qui donnait l’impression d’être féminine, mais il y avait quelque chose de bizarre. Maintenant que je l’avais entendu si clairement, quelque chose avait attiré mon attention.

Cette voix...

Je l’avais déjà entendu quelque part. Pour une raison ou une autre, c’était ce que j’avais ressenti. Mais où ?

J’avais essayé de chercher dans mes souvenirs, mais le cube n’allait pas me donner le temps.

Tiamat... si ce n’est pas assez pour que vous me détruisiez...

Il y avait un son au fond du cube.

« Naden, baisse ta tête ! » avais-je crié.

« Compris ! » répondit-elle.

Nous nous étions déplacés vers le bas, et la face inférieure s’était ouverte comme une boîte. Quelque chose en forme de téléobjectif était sorti tout droit des profondeurs du cube.

Ce truc qui ressemblait à un objectif de téléobjectif... J’avais un mauvais pressentiment.

« Je vais vraiment détruire tout ce qui vous appartient. »

La lentille qui sortait de sous le cube commençait à émettre de la lumière. C’était une lumière pâle au début, mais elle s’était peu à peu intensifiée.

Cette scène... J’avais vu quelque chose comme ça dans un vieux film de science-fiction. Le fond de la soucoupe massive de l’espace s’était ouvert, puis elle s’était peu à peu remplie de plus en plus de lumière... et puis, la lumière avait inondé la zone et avait dévasté les bâtiments et la ville en dessous.

Attends, Liscia et les autres sont sous ce truc !

« Aisha, Naden, attaquez cette zone du bas ! » avais-je crié.

« D’accord ! »

« Bien reçu ! Hahhhhhhhh ! »

Aisha avait envoyé une frappe du vent avec son épée, et Naden avait lancé une attaque électrique. Cependant, malgré les sons violents que cela avait générés, la lentille n’avait pas été affectée, et elle avait continué à s’illuminer.

À ce stade, je ne pouvais imaginer aucun avenir sur là où cette lumière allait toucher le sol.

« Arrêttttttttteeeeeeeezzzzzzzz ! » avais-je crié, malgré moi, avec toute la force que j’avais en moi.

« Sire ? » demanda Aisha.

« Souma ? » avait demandé Naden, hésitante.

Je n’arrêtais pas de crier sur le cube. « Si vous voulez vous faire détruire, alors allez vous écraser quelque part sans personne, ou allez vous couler dans l’océan, et brisez-vous tout seul ! Mais ne prenez pas d’autres personnes... ne prenez pas ma famille dans vos pulsions autodestructrices, idiooooooooooooottttttttttteeeeeeeeeeeee ! »

« Lang... supp... détectée... sactivations… fonctions »

Après avoir déclaré ça, la lumière avait soudainement cessé de s’accumuler, et la chose ressemblant à un téléobjectif qui sortait du fond avait graduellement perdu de son éclat. Cela avait fini par disparaître complètement, et le cube avait replacé cette lentille à l’intérieur de lui-même. Avait-il... arrêté ?

En le regardant attentivement, le cube avait aussi cessé de laisser tomber ces objets.

« Croyez-vous que ça s’est arrêté ? » demanda Aisha.

« Est-ce que ce que Souma lui a dit d’arrêter ? » demanda Naden.

Aisha et Naden étaient perplexes. Comme Naden le disait, le moment où cela s’était produit suggérait qu’il m’a écouté crier. Peut-être que mes paroles avaient été comprises ? Maintenant que j’y pense...

« Lang... supp... détectée... sactivations… fonctions »

C’était bien ce que le cube avait dit. Il y avait eu du bruit qui l’avait interrompu, donc je ne pouvais pas capter tout ce qu’il disait, mais cela avait-il été des « désactivations des fonctions » qu’il disait ?

Si c’était le cas, la première moitié, « Lang... supp, détectée », m’avait également intéressé. « Détectée » semblait assez simple, mais « Lang... supp » signifiait... Euh !?

Ce cube s’était arrêté parce que j’avais crié. Si ce cube avait détecté mes mots, et avait désactivé ses fonctions en conséquence, alors ce « Lang... supp » était en référence à ce que j’ai dit.

En d’autres termes...

« Langue supportée... »

« Langue supportée détectée. Désactivation des fonctions. »

Est-ce que c’était ce que le cube avait dit ?

Une langue supportée... la langue que je parlais... était le Japonais !?

Ce cube s’était-il désactivé parce que j’utilisais le japonais ?

Le japonais était-il la clé... ? Non, il avait dit « langue supportée », donc il pourrait aussi supporter d’autres langues que le japonais. Et pour le dire plus largement, le cube s’était-il arrêté parce que j’avais utilisé l’une des langues de la Terre, ou parce que j’avais utilisé une langue d’un autre monde ?

Quand j’en étais arrivé à cette conclusion, les fragments de divers souvenirs à l’intérieur de moi avaient commencé à s’interconnecter.

Je parlais de la raison pour laquelle Lady Tiamat m’avait appelé la clé et m’avait invité à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Ce n’était nullement parce que j’étais un héros, mais parce que j’étais japonais, ou parce que je venais de la Terre, ou parce que je venais d’un autre monde ?

La langue que j’avais utilisée... Je ne savais pas si c’était parce que c’était du japonais, parce que c’était une langue de la Terre, ou parce que c’était une langue d’un autre monde, mais Lady Tiamat devait savoir que ce serait la clé pour arrêter ce cube.

« Il se peut que Lady Tiamat connaisse votre monde jusqu’à un certain point », avait dit Hakuya. « Si Lady Tiamat était certaine que vous connaissiez le ryuu, cela signifie qu’elle devait savoir que le monde d’où vous venez avait une idée de ce qu’est un ryuu. »

« Lady Tiamat... connaissait donc bien le monde d’où je viens ? » avais-je murmuré.

J’avais eu cette conversation avec Hakuya à ce sujet il y a quelques jours.

Nous avions déduit que Lady Tiamat pourrait savoir quelque chose sur mon monde. Je commençais à en être convaincu. Lady Tiamat, le cube, et le monde d’où je viens.

S’il y avait un lien entre eux, est-ce que cela signifiait que mon monde et ce monde étaient reliés d’une manière ou d’une autre ? En d’autres termes...

Ce monde, que je croyais être un autre monde, n’est peut-être pas un autre monde.

Oh, bon sang... Je ne sais plus, c’est tout.

J’avais beaucoup d’hypothèses différentes dans ma tête, mais aucune d’entre elles n’était plus que de la spéculation.

Même si je voulais porter un jugement, je n’avais pas l’information pour le faire.

Il y avait juste une chose que je savais de ce monde, et c’était que je n’en savais toujours rien. Alors que mon esprit avait atteint un état de confusion extrême...

« Je vois... C’est pourquoi Tiamat..., » commençai-je à parler.

Le cube avait recommencé à dire quelque chose.

« Les... per... fam... ne sont toujours... pas... perdus... »

Sa voix s’était coupée. Il était difficile de discerner ce qu’il disait ainsi, mais il ne semblait pas en colère ou triste. Cela semblait se sentir seul, mais presque comme s’il priait pour quelque chose.

« ... ilière... J’ai... demande... »

« La per… familière ? Oh, la personne familière ? Mais quelle est cette demande ? » avais-je demandé au cube.

Peut-être parce qu’il m’avait compris, le cube avait commencé à expliquer.

« S’il vous plaît... familier... avant que votre li... à sa fin... vous supplie... aider... donnez la paix à mes enfants... jours... »

Merde ! Nous avions enfin une conversation, mais il y avait trop de choses qui étaient coupées dans ses paroles. Il semblait que le cube parlait couramment, mais les parasitages étaient si importants que je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il disait.

« Je ne vous entends pas quand vous parlez trop longtemps ! » avais-je crié. « Dites-moi ce que vous voulez, aussi brièvement que possible ! »

Le cube répondait d’un seul souffle.

« Allez vers le nord. »

Aller au nord, hein ?

Après avoir dit cela, le cube avait disparu.

« Il a disparu…, » avais-je murmuré.

Il ne s’était pas envolé, ou quelque chose du même genre. Il venait tout simplement de disparaître en un instant. Il était très probable qu’il avait utilisé une technique de téléportation, comme Lady Tiamat.

Après que le cube eut disparu, la tempête qui faisait rage avec tant de force s’était transformée en une simple masse de nuages, et finalement cela s’était dispersé avant de se dissipés totalement. Avant que je m’en rende compte, nous avions été laissés sous un ciel avec le soleil couchant au loin. L’air clair et le rouge du soleil couchant scintillaient presque aveuglément.

« J’ai l’impression que nous avons rêvé de tout cela, » déclara Aisha en état de choc. C’était le genre de changement brusque qui vous ferait avoir ce genre de pensée.

« Mais ce n’était pas un rêve, n’est-ce pas, Souma ? » demanda Naden. « Qu’est-ce que ce cube a dit à la fin ? »

Je lui avais répondu, aussi choqué qu’Aisha. « ... Allez vers le nord. C’est ce à quoi ça ressemblait. »

« Nord ? Par nord, ça veut dire…, » demanda Naden.

« Je suppose que c’est le Domaine du Seigneur-Démon, non... ? » déclarai-je.

J’avais l’impression d’avoir obtenu beaucoup d’informations sur cet incident. Cependant, cela avait créé plus de questions qu’il n’en avait résolu. Sur mon monde, sur moi, sur le lien entre le monde d’où je venais et celui-là...

La seule chose que je pouvais dire clairement, c’était qu’aucune des réponses ne serait bientôt disponible.

« Quoi qu’il en soit, la tempête est passée..., » avais-je dit. « Retournons vers les autres. »

Naden hocha la tête. « D’accord. Je me sens vraiment épuisée. »

La situation était plus ou moins résolue, mais nous n’étions pas pleinement satisfaits lorsque nous étions retournés vers le sol.

☆☆☆

Épilogue 1 : Une danse avec toi

Partie 1

« C’est horrible..., » avais-je murmuré.

En redescendant vers le sol, j’avais pu voir l’état dans lequel Dracul avait été laissé. C’était plutôt horrible.

Le ruisseau qui était près de la grotte de Naden avait largement grossi et était devenu boueux, et les rivières partout avaient débordé, inondant les plaines.

Le climat de Dracul avait toujours été contrôlé par Lady Tiamat, et il semblait qu’elle n’avait jamais pensé au drainage. Étant donné la puissance des dragons, il était douteux que l’un d’entre eux soit mort à cause de l’inondation, mais les rivières brunes et boueuses avaient ruiné le magnifique paysage.

« Pensez-vous que Liscia et les autres vont bien ? » avais-je demandé.

« Je suis inquiète, mais si quelque chose était arrivé, je suis sûre que Ruby serait déjà venue nous voir, » avait répondu Naden.

« Je suis sûre que les dragons peuvent voler maintenant, » dit Aisha. « Donc, pas de nouvelles bonnes nouvelles. »

Avec Naden et Aisha me disant cela pour me remonter le moral, nous nous étions dirigés vers Château de Cristal où Liscia et les autres attendaient. Bien que le niveau du lac entourant le Château de Cristal avait augmenté et qu’il couvre une plus grande superficie, il n’y avait aucun signe de changement au château lui-même. Il aurait pu être conçu comme une île flottante.

Nous nous étions posés sur le sol alors que je me sentais encore soulagé de voir cela, et Liscia et les autres s’étaient précipités vers nous.

« Souma ! » Liscia m’avait immédiatement serré dans ses bras. « Dieu merci... tu vas bien... »

« Je suis content de voir que tu vas bien aussi, » avais-je rendu l’étreinte de Liscia, et j’avais caressé les cheveux à l’arrière de sa tête. J’étais vraiment content de la voir.

Une fois que nous nous étions tenus l’un l’autre pendant un certain temps, Liscia avait lâché prise et, avec un regard légèrement en colère sur son visage, elle avait dit : « Bon sang, tu m’as fait peur, tu sais ? Il y a eu des éclairs dans les nuages, puis des explosions. Si Halbert et Ruby n’étaient pas montés là-haut, j’étais prête à mettre une hélice sur la gondole et à y monter moi-même, le réalises-tu ? »

Lancement de la gondole !? Cela aurait été beaucoup trop imprudent.

« Je suis désolé de t’avoir inquiété, » avais-je dit. « Alors, s’il te plaît, ne fais rien de si dangereux. »

« Regarde donc qui parle ! » Liscia m’avait tiré sur la joue.

Elle... avait raison.

Elle aurait quand même été auprès de moi d’elle-même... hein. Je pensais que Liscia se comportait davantage comme la future première reine primaire, mais on pouvait encore voir des parties de sa personnalité de son côté garçon manqué dans des moments comme celui-ci. Liscia était comme ça, et je l’aimais pour ça.

Puis Liscia m’avait lâché et s’était tournée vers Aisha et Naden. « Je suis contente que vous soyez aussi en sécurité. »

« Bien sûr que si ! J’ai ramené Souma indemne, comme j’étais censée le faire, » se vantait Naden, gonflant de fierté sa poitrine qui restait réduite.

Aisha, qui était beaucoup mieux dotée, lâcha un soupir de soulagement. « Tout ce que j’ai fait, c’est de couper des bombes, mais c’est bon de voir que tout s’est bien passé. »

Après les avoir regardées toutes les trois, je m’étais tourné vers Carla, qui s’était déplacée, et je lui avais posé une question. « Y avait-il des dommages à la surface ? »

« Non, grâce à Sire Halbert qui nous a avertis du danger, les dragons ont pu intercepter les objets qui tombaient, de sorte qu’il n’y a pas eu de dommages notables. Liscia, Madame Kaede et moi avons utilisé des arcs magiques pour intercepter les choses. Mais..., » Carla avait détourné les yeux. Il semblait y avoir quelque chose qu’elle avait du mal à me dire.

« Il s’est passé quelque chose ? » demandai-je.

« Non... Mais quelque chose est sur le point d’arriver, j’en suis sûre, » quand elle avait dit cela, elle avait jeté un coup d’œil derrière elle.

En suivant sa ligne de vue, j’avais trouvé Kaede avec les bras croisés et un sourire imposant, et Hal à genoux devant elle. Ruby était derrière lui, agitée.

Hein ? Quoi ? On dirait qu’il avait des ennuis.

« Hal, comprends-tu ce que tu as fait ? » demanda Kaede, en regardant Hal en bas sans laisser tomber son sourire. « Tu as chevauché sur le dos d’un dragon célibataire, tu sais ? Tu sais ce que ça veut dire, n’est-ce pas ? »

« Non, euh..., je n’en avais aucune idée ! Je ne savais pas qu’ils laissaient seulement ceux qu’ils allaient prendre comme maris sur leur dos, ou que ne pas laisser d’autres hommes les monter était une marque de chasteté ! » Hal s’était désespérément expliqué, transpirant à grosses gouttes.

Oh, maintenant qu’il l’avait mentionné, Naden avait dit quelque chose comme ça. Hal aurait-il pu montée Ruby sans rien savoir ? C’était comme voler un baiser à une femme célibataire, ou quelque chose du genre. Je n’avais pas eu tort quand je pensais qu’il avait des ennuis.

« Pour référence, que se passe-t-il s’il l’a montée sans le savoir à l’avance ? » avais-je demandé à Naden, qui avait eu un regard troublé et qui se grattait la joue.

« Hm... S’il forme un contrat avec elle, alors il n’y a pas de problème, mais si elle essaie de former un contrat avec quelqu’un d’autre pendant qu’il est encore en vie, elle sera perçue comme étant une fille facile ou une traînée. Si elle ne peut pas former un contrat avec Halbert, Ruby pourrait ne pas être en mesure de former un contrat pour encore quatre-vingts ans. »

Même s’ils ne faisaient que laisser les personnes monter sur le dos, les dragons avaient apparemment un sens très strict de chasteté.

Kaede avait haussé les épaules, incrédule. « Même si tu ne le savais pas avant, si tu avais écouté Sa Majesté et Madame Naden quand ils parlaient, tu l’aurais su, tu sais ? »

« Non, je crois que j’ai merdé ici ! Mais Kaede, à l’époque... tu ne m’as jamais empêché de la monter ! » protesta Hal.

« Parce que c’était une crise, » s’était-elle écriée. « En te connaissant, je doutais que tu sois conscient de ce que tu faisais, mais étant donné la situation, j’ai décidé de l’accepter, tu sais. Oui, même si on s’est fiancés l’autre jour. »

« Euh... »

Hal et Kaede étaient fiancés, hein ? Félicitations. Après tout, c’étaient des amis d’enfance, et je m’attendais à ce que cela arrive un jour, donc je n’étais pas surpris, mais... si c’était le cas, cela ne pouvait pas arriver à un pire moment.

Kaede avait soupiré, et ses épaules s’étaient affaissées. « Et quoi ? Tu ne le savais pas ? Et Ruby, qui tu as emmené faire un tour ? Elle ne peut plus assister à la Cérémonie du Contrat. Si tu ne prends pas tes responsabilités, elle sera seule aussi longtemps que tu seras en vie, tu sais ! Prévois-tu de gâcher des décennies de la vie d’une fille ? »

« Eu-Euh... Kaede, » avait tenté Ruby. « J’étais prête à l’accepter quand je... »

« Tais-toi, Ruby ! » cria Kaede.

« Oui, madame... » Ruby s’était empressée de s’écarter.

« Dire qu’elle a pu faire taire Ruby en un seul cri..., » Naden avait choisi un truc bizarre pour être impressionnée.

Normalement, Kaede était du type hésitant, mais quand il était temps de se tenir debout, rien ne pouvait l’effrayer. Comme quand Hal avait essayé de rejoindre Georg. Le fait qu’elle agissait ainsi avec Hal était un signe de la profondeur de son amour pour lui.

À ce moment-là, Carla m’avait murmuré à l’oreille : « Maître, est-ce qu’on peut ne pas les arrêter ? »

« Pensez-vous que ce que je vais dire va être persuasif ? » avais-je murmuré en retour. « Même s’il y avait des circonstances, j’essaie de former un contrat avec Naden alors que j’ai déjà quatre fiancées. »

« ... Je suppose que vous avez raison. » Carla s’était éloignée de moi.

Eh bien... C’est à peu près la réaction à laquelle j’aurais dû m’attendre.

En levant le doigt à côté de ses tempes, Kaede avait déclaré : « On dirait que je n’ai pas le choix, tu sais. S’il te plaît, fais ce qu’il faut pour elle. »

« Ça ne te dérange pas, Kaede ? » demanda Halbert faiblement.

« Je vais laisser passer pour cette fois. Je dois réfléchir à ce qu’il y a de mieux pour la Maison de Magna à partir de maintenant, » répondit Kaede. « Si tout ce que je considère est comment faire progresser la Maison de Magna, former un contrat avec un dragon comme Ruby n’est pas une mauvaise chose, tu sais ? Si tu es un Chevalier Dragon, tu seras considéré avec déférence par l’ennemi et tes alliés, et cela devrait t’être utile lorsque tu pars à la guerre. Je peux l’accepter comme un avantage pour ma maison. »

« Kaede…, » murmura Hal.

« Mais c’est la dernière fois que je veux te voir draguer d’autres femmes parce que tu as suivi le mouvement ! » rugit Kaede.

« Euh, d’accord... Je prendrai ça à cœur, » déclara Hal.

« Merci beaucoup, Kaede. » Ruby avait incliné la tête devant Kaede avec soulagement.

Hal semblait ne pas pouvoir lever la tête par déférence envers elle. Il semblait que Kaede avait réussi à montrer sa patience en tant qu’épouse principale, tout en se plaçant au-dessus de Hal et Ruby. Hal ne serait jamais capable de lui parler des affaires intérieures. Tout comme moi.

Maintenant que j’y avais pensé, grand-père avait dit : « Le secret d’un foyer heureux est d’être intelligent sur la façon dont vous finissez sous le pouce de votre femme ». Même ma grand-mère, qui souriait tout le temps, avait fait vivre l’enfer à mon grand-père quand il s’était mal conduit quand ils étaient plus jeunes.

Est-ce que Liscia et les autres allaient finir comme ça... ? J’avais l’impression d’en avoir vu des signes.

« Tu penses à quelque chose de grossier, n’est-ce pas ? » demanda Liscia, me regardant d’un air froid. Apparemment, elle était au courant.

« Oh, non... Je pensais juste que nous devrions demander à Lady Tiamat de régler le problème avec Ruby... ou quelque chose comme ça, » avais-je dit hâtivement. « Oui. »

« Hm... » Liscia m’avait regardé avec son habituelle allure emplie de doutes.

Il était temps de changer de sujet.

« Oh, c’est vrai. Où sont partis les autres dragons ? Carla disait qu’ils interceptaient les objets qui arrivaient au sol, » demandai-je.

« Hm ? Oh, c’est vrai. Les prêtresses-dragonnes t’ont laissé un message. » Liscia avait frappé des mains comme si elle s’en souvenait.

« Un message ? » demandai-je.

« “S’il vous plaît, venez dans la grande salle”, disaient-elles. On dirait que Lady Tiamat vous attend là-bas, » déclara Liscia.

« Je vois... Alors, on y va ? » demandai-je.

Lady Tiamat attendait... hein. J’avais une montagne de questions, mais combien d’entre elles répondrait-elle ?

Nous étions entrés dans le Château de Cristal et nous nous étions dirigés vers la grande salle.

« Euh !? »

En route, lorsque nous étions entrés dans le couloir menant à la grande salle, il y avait des dragons sous forme humaine alignés le long des deux côtés du couloir. Lorsque nous nous étions approchés, les dragons s’étaient tous agenouillés et avaient baissé la tête. Ils étaient comme des paysans accueillant la procession du daimyo.

« Qu-Quoi !? Qu’est-ce qui se passe !? » s’exclama Naden.

« Tous les dragons se sont rassemblés pour s’incliner devant quelqu’un..., » chuchota Ruby.

Lorsqu’elles avaient vu cette scène, Naden et Ruby avaient exprimé leur surprise et leur crainte. C’était une scène familière pour Liscia, Aisha et moi, puisque nous vivions dans un château, mais c’était un spectacle bizarre pour le reste du groupe. J’avais peur de réaliser que je m’y étais habitué à un moment donné.

Pendant que je réfléchissais à cela, une prêtresse-dragonne était apparue entre les dragons agenouillés. La prêtresse-dragonne s’était inclinée devant nous.

« Lady Tiamat vous attend dans la grande salle. Roi Souma, Princesse Liscia et leurs vassaux, pourriez-vous me suivre ? » demanda la prêtresse.

Après avoir dit ça, la prêtresse-dragonne avait marché dans le couloir bordé de dragons agenouillés. En suivant son exemple, nous avions atteint la grande salle où, comme lorsque j’étais arrivé à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, le dragon argenté qui était Lady Tiamat attendait.

Les membres du groupe qui la voyaient pour la première fois avaient dégluti à l’unisson.

« Whoa, elle est énorme... Ohh ! » avait crié Halbert.

« Tu dois te taire, tu sais, Hal, » répliqua Kaede en marchant sur le pied de Hal.

Puis Lady Tiamat avait abaissé son long cou épais.

Quand elles avaient vu ça, les yeux de Naden et Ruby avaient semblé sortir de leur orbite.

« Pas possible, Lady Tiamat s’incline ! » cria Naden.

« Quel grand honneur ! » avait crié Ruby.

Oh, alors c’était elle qui inclinait la tête. Elle était si grande que je ne pouvais pas le dire.

Si Lady Tiamat, que les dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon considéraient comme une mère, et que les pratiquants du Culte de Mère-Dragon voyaient comme un dieu, s’inclinait la tête dans notre direction, oui, je pouvais comprendre pourquoi elles seraient choquées. Lady Tiamat leva lentement la tête et commença à parler d’un ton calme.

« Tout d’abord, Roi Souma du Royaume-Uni d’Elfrieden et d’Amidonia, en tant que représentante de ceux qui vivent dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et en tant que mère de tous les dragons, permettez-moi de vous exprimer mes plus vifs remerciements pour vos efforts afin de résoudre la crise à laquelle Dracul est confronté. » Lady Tiamat avait de nouveau incliné la tête. « En outre, permettez-moi de remercier également ceux qui vous ont accompagné dans leurs efforts. Naden, Ruby, vous avez bien agi. »

« Oui, mère ! »

« Vous êtes trop gentille ! »

Naden et Ruby s’étaient agenouillées et inclinaient la tête.

J’avais fait un pas en avant et je m’étais exprimé en tant que représentant du groupe. « S’il vous plaît, levez la tête. Je ne peux pas imaginer que c’est un problème qui a affecté seulement votre pays. Une fois que la chose dans ce nuage à l’origine de la tempête aurait fini de détruire Dracul, on ne savait pas où elle allait se diriger ensuite. Cela aurait aussi pu nuire à mon propre pays. Il était naturel que je coopère. »

Puis, après une pause pour respirer, j’étais allé au cœur du sujet.

« Je dirais que c’est suffisant pour nos civilités en tant que chefs d’État, Lady Tiamat. J’ai beaucoup de choses à vous demander, » déclarai-je.

Tiamat, qui avait levé totalement la tête, hocha la tête comme si elle était d’accord. « Je sais. Cependant, il n’y a pas grand-chose que je puisse dire. »

« C’est très bien. Vous n’avez qu’à me dire ce que vous pouvez, alors expliquez-moi, » demandai-je.

« ... D’accord, » répondit-elle.

Après cela, Lady Tiamat avait été engloutie par la lumière, et elle avait comme la dernière fois pris la forme d’une femme portant une robe argentée. J’avais fermé les yeux à cause de la luminosité, et quand je les avais ouverts, une grande table ronde et suffisamment de chaises pour tout le monde étaient apparues.

Lady Tiamat avait posé une main sur l’une des chaises et nous avait encouragés à nous asseoir. « Ça doit être dur de parler en levant les yeux. S’il vous plaît, asseyez-vous. »

« Vous avez raison, » avais-je acquiescé.

Une fois que j’avais vu que tout le monde s’était assis, j’avais demandé à Lady Tiamat : « Laissez-moi aller droit au but. Quelle était cette chose dans le nuage qui a causé la tempête ? »

« Ce n’est pas quelque chose dont j’ai l’autorisation de répondre, » répondit-elle.

Je le savais : la question de l’autorité allait se mettre en travers du chemin. Mais je ne pouvais pas reculer.

« Vous pouvez me dire ce que vous êtes capable de dire, et si cette... autorisation vous empêche de dire quelque chose, vous pouvez être vague, mais donnez-nous autant d’informations que possible, » déclarai-je.

« Voyons voir... C’est, comme moi, l’un des Anciens, » répondit-elle.

Un ancien ? ... étaient-ils comme des dieux, peut-être ?

« Chacun des Anciens a un devoir, » continua Tiamat. « Le mien est de “veiller sur”, c’est “de créer”. Normalement, les Anciens ne sont pas censés interagir, et les Anciens doivent faire tout leur possible pour éviter d’influencer les Nouveaux. Cependant, cette chose s’est libérée de ses liens et a essayé de faire du mal à mes enfants. C’est impardonnable, mais ça montre aussi à quel point cette chose voulait... »

« A-Attendez une seconde, » j’avais arrêté Lady Tiamat, qui avançait rapidement dans son histoire.

D’accord ; j’avais demandé autant d’informations qu’elle pouvait donner, et j’avais dit qu’elle pouvait être vague là où elle devait le faire, mais si elle voulait juste continuer sans vraiment nous comprendre, nous n’aurions aucune idée de ce qu’elle avait dit. Je devais peut-être l’interroger sur les détails.

Et aussi, il serait probablement mieux d’avoir l’un des bras mécaniques où j’avais laissé ma conscience dans le château pour prendre des notes afin que je puisse tout revoir plus tard. Je voulais aussi consulter Hakuya.

« Que sont les “Anciens” ? » avais-je demandé.

« Ceux dont l’origine est différente de celle des Nouveaux qui vivent sur ce continent, » répondit-elle.

« Vous êtes l’un de ces Anciens, Lady Tiamat ? Et les autres dragons ? » demandai-je.

« Je suis le seul Ancien de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, » répondit-elle.

Il semblait que Lady Tiamat était vraiment un être à un niveau différent du reste de la race des dragons.

« Y a-t-il d’autres Anciens que vous et le cube ? » avais-je demandé.

« Il y en avait, à un moment donné. Cependant, cette chose et moi sommes les seuls qui restent. Les autres Anciens ont disparu avec le temps, laissant derrière eux leurs noms de bêtes divines, et d’autres choses de ce genre, » répondit-elle.

« Avez-vous dit bêtes divines !? » Aisha s’était mise à crier de surprise. « Dans ma patrie, la Forêt Protégée par Dieu, il y a une légende qui dit qu’une bête divine protège la forêt. »

« Ce serait la forêt des elfes sombres de Friedonia. C’est vrai, il était une fois un Ancien qui avait pris la forme d’un capricornis (sorte de chèvre) dans cette forêt. »

L’« une fois » dans ce que Lady Tiamat avait dit semblait être entré en collision avec la tête d’Aisha.

« Qu’est-ce que... je suis censée penser de ça ? » s’écria Aisha. « Devrais-je être heureuse qu’il ait existé une fois ? Ou bien devrais-je être triste que cela n’en soit plus ainsi ? »

« N’est-ce pas à ça que ressemble la foi ? » avais-je demandé.

« Oh... Dois-je dire la vérité à mon peuple ? » demanda Aisha avec hésitation.

« ... Parlons avec Wodan avant de décider ça, » déclarai-je.

C’était un être que personne n’avait prétendu avoir vu depuis très longtemps, donc même s’il n’existait pas maintenant, cela n’allait pas poser de problèmes pour lui en tant qu’objet de culte. Après tout, les dieux avaient toujours été une chose où l’on ne savait jamais s’ils étaient réels ou non, mais ce serait bien s’ils l’étaient.

☆☆☆

Partie 2

Mais, quand même... Les Anciens et les Nouveaux, hein ? Était-ce le temps qui séparait le Nouveau de l’Ancien ? L’écoulement du temps dans ce monde ? Si oui... qu’est-ce que cela faisait de moi, qui étais venu de l’extérieur de cette époque ?

« Non. Vous n’êtes ni l’un ni l’autre, » avait dit Lady Tiamat, comme pour répondre à mes doutes avant que je ne puisse demander.

Oh, c’est vrai, Lady Tiamat pouvait lire dans mes pensées, n’est-ce pas ?

« Je pensais que j’étais humain, comme Liscia et les autres, » avais-je dit.

« Oui. Votre race est très certainement humaine. Cependant, vous ne pouvez pas être classé comme un Nouveau comme le reste de la race humaine, » déclara-t-elle.

« Est-ce parce que j’ai été convoqué d’un autre monde ? » demandai-je.

« ... Je ne trouve aucune possibilité de répondre à ça, » répondit-elle.

« Le cube m’a traité de familier, » avais-je dit. « Et vous-même, un jour, vous m’avez appelé “Vous qui avez une odeur familière”. »

Dans ce rêve où nos consciences avaient été synchronisées, Lady Tiamat avait rapproché son nez de ma poitrine, et m’appelait « Vous qui avez une odeur familière ».

Au début, je pensais que c’était parce qu’elle me comparait au premier roi d’Elfrieden, dont j’avais entendu dire qu’il avait aussi été un héros appelé d’un autre monde, et qui avait formé un contrat avec un dragon de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Cependant, ce cube dans le nuage m’avait lui aussi qualifié de « familier ».

Ce cube n’avait aucun lien avec le premier héros.

De plus, Lady Tiamat et le cube, qui m’appelaient tous les deux « familiers », étaient aussi tous les deux des Anciens. J’étais humain, mais je n’appartenais pas à la catégorie des Nouveaux, et les Anciens m’appelaient familier. Cela signifiait...

« Serait-ce que je suis encore plus vieux, ou quelque chose comme ça ? » avais-je lâché une idée.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » Liscia m’avait demandé, alors j’avais décidé d’expliquer mon hypothèse.

« Je pense que ce monde et le monde d’où je viens sont peut-être sur le même axe temporel. En gros, ça voudrait dire que ce n’est pas un monde différent pour moi. »

« Souma n’est pas un héros d’un autre monde ? » Liscia marmonnait avec un regard indiquant qu’elle était choquée.

Tout le monde semblait confus par ma déclaration, mais j’étais plus déconcerté que n’importe lequel d’entre eux. L’intérieur de ma tête était un chaos total. Mais cela s’était cumulé de bien des façons.

« Si je me souviens bien, il y a beaucoup de liens avec le monde dans lequel j’étais avant. C’est plus évident avec les noms. Tomoe et Kaede viennent de la langue de mon ancien pays, le japonais, » déclarai-je.

« Le sont-ils ? » Les yeux de Kaede s’étaient écarquillé.

J’avais hoché la tête et j’avais dit : « Oui. Kaede était le nom d’une plante qui devient rouge à l’automne. Les feuilles rouges avaient l’air jolies au soleil couchant, et les filles portaient souvent son nom. »

« Je savais que c’était un nom commun parmi les familles ayant des liens avec l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, mais... Je ne savais pas que ça venait d’une plante, » répondit Kaede.

Ils l’utilisaient sans le savoir ? J’avais regardé Lady Tiamat.

« Et aussi... celle qui a le plus retenu mon attention, Lady Tiamat, c’était votre nom, » déclarai-je.

Tiamat était silencieuse.

« Je ne le sais que par les jeux et autres, mais Tiamat était le nom d’un dragon qui apparaissait dans les vieilles légendes de mon monde. Et, qu’est-ce que je vois ? La Mère-Dragon qui règne sur les dragons dans ce monde est aussi appelée Tiamat. Si le nom est si approprié, je ne vais pas le considérer comme un hasard. On ne vous a pas donné le nom de Tiamat parce que vous étiez la Mère-Dragon, n’est-ce pas ? »

Madame Tiamat n’avait ni confirmé ni nié. Elle ne devait pas en avoir la permission. Si c’était le cas, n’était-ce pas parce que ma pensée était au point mort ?

Prenez les reliques de la surscience des donjons que Genia étudiait, par exemple. Les gemmes utilisées dans le Joyau de Diffusion de la Voix étaient une surtechnologie totale du point de vue d’une société dont le niveau technologique se rapprochait de la fin du Moyen-âge, et ils l’étaient encore selon les standards du monde d’où je venais. Mais si c’était le monde de l’avenir, il y avait au moins une explication.

Cependant, cela n’avait fait que soulever d’autres questions.

Si je devais supposer que les deux mondes étaient reliés sur la même ligne du temps, qu’est-ce qui aurait pu transformer ce monde scientifique en un monde d’épée et de sorcellerie ? D’ailleurs, il n’y avait pas que des humains dans ce monde. Il y avait une variété de races : des hommes-bêtes, des elfes, des dragonewts, et plus encore.

Comment étaient-ils tous nés ?

Quel était ce monde, la magie, la surscience, les autres races, les monstres et les démons... ?

Je n’avais pas de réponses claires à tout cela. Ce n’était pas bon. La question était devenue trop grosse pour être résolue à l’intérieur de ma petite tête minuscule.

« La réponse à vos questions peut devenir claire avec le temps. » La voix calme de Lady Tiamat m’était venue alors que je me tenais la tête dans la confusion. « Je ne peux pas tout vous dire, mais si vous voulez apprendre de ce monde, je suis sûre que vous finirez par trouver la vérité. »

« Est-ce une prophétie ? » avais-je demandé.

« Non. C’est un vœu, » répondit-elle.

« Un vœu ? » avais-je demandé, mais Tiamat m’avait simplement répondu avec un sourire doux et solitaire.

« Finalement, vous arriverez à la vérité, puis vous irez vers le nord, là où cet enfant vous attend, » répondit-elle finalement.

En fin de compte, tout ce que j’avais appris de ma conversation avec Tiamat était que ce monde pourrait être sur la même ligne du temps que le mien. Même quand j’en demandais plus, Lady Tiamat n’avait pas répondu.

Évidemment, en regardant la forme du continent, je n’allais pas avoir un moment de « C’était la Terre depuis le début », mais..., en vue de ce qui s’était produit quand j’étais arrivé face à ce cube, et de la manière dont tout cela aurait pu arriver, j’avais dû imaginer que le monde d’où je venais était impliqué d’une certaine façon. J’étais frustré, incapable de trouver une exploration claire.

Même après avoir été conduit de la grande salle à ce qui semblait être une salle d’attente, j’avais passé en revue notre conversation dans ma tête alors que j’étais assis sur un canapé confortable.

« Finalement, vous arriverez à la vérité, puis vous irez vers le nord, là où cet enfant vous attend. »

Qu’est-ce qu’elle voulait dire, la vérité ? Je n’avais pas pu m’empêcher de me sentir frustré. Si je n’avais pas eu un pays reposant sur mes épaules, j’aurais commencé à aller partout, à la recherche de traces du monde passé.

« Est-ce que ce que Lady Tiamat a dit te dérange ? » demanda Liscia en posant sa tête sur mon épaule.

« ... Eh bien, oui. Il s’agit de mon origine, donc je ne peux pas être heureux de ne pas le savoir, » répondis-je.

« C’est vrai. Mais, Souma, tu es toi... et tu es aussi le roi, » Liscia avait posé sa main sur la mienne. « En tant que roi, tu as la capacité de déplacer les individus. Le taux d’alphabétisation des personnes est en hausse, et tu as rassemblé beaucoup de gens intelligents pour travailler pour toi. Alors... n’essaye pas de porter le fardeau tout seul. Peu importe qui tu es, d’où tu viens, ou ce qui est arrivé à ton monde, je t’accepterai. »

« Liscia..., » répondis-je.

« Bien que je le dis aussi égoïstement, parce que je veux que tu restes roi. » Liscia m’avait fait un sourire espiègle en disant cela.

Aisha, qui était assise à l’opposé de Liscia, s’était penchée assez près pour que nos épaules se touchent. « En effet ! Peu importe qui vous êtes, Sire, nous sommes avec vous ! »

« Aisha... Merci. Vous deux, » avais-je dit.

Avec leurs encouragements, j’avais senti que je pouvais enfin me détendre un peu les épaules.

Pendant ce temps, Hal était assis sur le canapé en face de nous, avec un regard à moitié exaspéré et à moitié admiratif. « Souma, je suis étonné que tu puisses avoir une humeur si douce et si sirupeuse avec deux partenaires. »

Kaede était assise à côté de lui, s’accrochant de près à lui, et, faute d’autres endroits, Carla était assise sur le même canapé, se sentant un peu mal à l’aise.

Halbert avait soupiré, puis il avait commencé à se gratter la tête. « Pour moi... je n’ai pas encore l’impression que je prends Ruby pour épouse. Ce que je veux dire c’est que, bien sûr, les mariages politiques sont normaux dans les rangs de la noblesse et de la chevalerie, mais j’avais déjà Kaede. Nous sommes des amis d’enfance, et... eh bien... Je voulais en faire ma femme, un jour ou l’autre. »

Va-t-il se vanter d’elle ? avais-je pensé, mais j’étais resté silencieux et j’avais écouté.

« Mais maintenant, j’ai décidé d’avoir une seconde femme, » continua Hal.

« Oh... Je suis heureux pour toi, Hal, » avais-je dit. « Je suis content que Lady Tiamat ait accepté l’affaire entre Ruby et toi. »

À la toute fin de la discussion précédente, je m’étais excusé auprès de Lady Tiamat pour le fait que Hal avait chevauché un dragon non marié comme Ruby. Même si, en fin de compte, c’était à l’avantage de Dracul, c’était quelque chose que mon subordonné avait fait sans réfléchir suffisamment, alors j’avais présenté des excuses appropriées pour éviter un incident diplomatique.

Lady Tiamat avait souri à Hal et Ruby. « Je suis sûre que ce lien était aussi le destin. » Puis Lady Tiamat avait baissé la tête aussi pour Hal. « Sire Halbert. Je vous laisse Ruby jusqu’au jour de votre mort. »

Quand l’être adoré comme la Mère-Dragon avait incliné la tête devant lui, Hal s’était levé par réflexe de sa chaise et avait répondu : « Oui, Lady ! »

En repensant à ce moment, j’avais mis un sourire ironique et j’avais dit : « Lady Tiamat a incliné la tête devant toi. Tu ferais mieux de rendre Ruby heureuse. »

« À propos de ça... » Hal tenait sa tête dans ses mains. « Je n’aurais jamais pensé en arriver là, donc je n’ai aucune idée de la façon d’interagir avec elles. Dois-je l’accepter comme un mariage politique ? Devrais-je les aimer de manière égale ? Une fois que je commence à me dire : “N’est-ce pas injuste pour Kaede ?” ou “N’est-ce pas injuste pour Ruby ?” il n’y a pas de fin à cela. »

« Détestes-tu l’idée d’épouser Ruby ? » avais-je demandé.

« Si je la détestais, ça ne me dérangerait pas tant que ça ! » répondit-il.

Hal était, au fond, un homme simple et dévoué, alors il avait dû avoir du mal à accepter l’idée d’aimer deux femmes. Ça m’avait fait me sentir mal dans ma peau, moi, le type avec cinq fiancées.

Quand j’avais regardé Kaede, me demandant comment elle se sentait à propos de Hal, elle avait la main à la bouche et tremblait. On aurait dit qu’elle étouffait son rire. C’était drôle que Hal soit en train de se creuser sa cervelle inexistante et de s’inquiéter pour quelque chose que Kaede avait déjà accepté.

Je me sentirais mal pour Ruby s’il gardait ce regard déprimé, alors j’avais décidé d’essayer de faire un peu changer son état d’esprit

« Hal, tu sais que tu es un crétin ? » demandai-je.

« Oui, je suis au courant, mais quand tu le dis si brutalement, ça m’énerve. » Bien sûr, il avait l’air en colère.

J’avais soupiré et je lui avais dit : « Une pensée faible est semblable à aucune pensée. Avec ton cerveau, tu ne trouveras rien de décent, alors ne perd pas ton temps à penser. De plus, une chose est claire. Pendant que tu es indécis sur ce qu’il faut faire, tu ne rends pas Kaede ou Ruby heureuse. »

« Argh... »

« En plus, tu es plus un faiseur qu’un penseur, n’est-ce pas ? Si tu as le temps de t’inquiéter si tu n’es pas sincère, utilise-le pour leur montrer de la sincérité, » déclarai-je.

« Ne pas s’inquiéter et le montrer avec mon attitude, hein... Tu as raison. » Hal s’était levé et avait soulevé Kaede dans ses bras.

« Ahhh ! » s’écria Kaede.

« Ce n’est pas comme si je perdais mon temps à réfléchir, » déclara-t-il. « Je n’ai peut-être pas encore tout accepté, mais je vais tout faire pour rendre Kaede et Ruby heureuses. »

C’était le simple... euh, le Hal sincère. Une fois qu’il avait décidé de ne pas trop réfléchir, il avait trouvé sa détermination. C’était plutôt cool qu’il puisse la prendre dans ses bras et dire une phrase passionnée comme ça tout en restant calme. Le visage de Kaede était aussi rouge vif.

« D’accord... alors. S’il te plaît, fais de ton mieux, tu sais, Hal..., » répondit Kaede.

Avec l’embarras qu’elle avait, il semblait que c’était tout ce que Kaede pouvait faire sortir de force de sa bouche.

Hahaha, on dirait que Hal s’est vengé d’elle, pensai-je en souriant, mais alors...

« Comme tu l’as dit, tu dois aussi faire de ton mieux, Souma. » Liscia avait souri en me disant ça.

« Oh ! Oh ! Sire ! La princesse et moi aimerions aussi être portées ! » Aisha avait ajouté.

En obtenant cela venant des deux côtés, je m’étais rétracté sur moi-même.

Puis...

Une prêtresse-dragonne était soudain apparue et nous avait dit : « Sire Souma, Sire Halbert, les préparatifs sont terminés. »

« Souma, c’est son grand jour, alors ressaisis-toi, d’accord ? » déclara Liscia.

« Allez-y, Sire ! » Aisha avait crié, m’envoyant de l’avant.

« Toi aussi, Hal, » ajouta Kaede. « Ne déshonore pas la Maison de Magna. »

« Quoi, pas de paroles gentilles pour moi !? » demanda Hal.

Kaede avait aussi envoyé Hal. Elle était comme une femme à l’époque d’Edo, envoyant son mari en frappant une pierre de feu pour que les étincelles tombent sur son dos.

Maintenant... il était temps de partir. Naden et Ruby attendaient.

Il y avait deux raisons pour lesquelles j’étais venu à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

La première était la demande de Lady Tiamat de l’aider à faire face à la tempête qui s’abattait sur la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. L’autre était de former un contrat de Chevalier Dragon, liant Naden, celle qui pouvait voler dans cette tempête avec moi. Pour cette raison, on m’avait demandé de participer à la Cérémonie du Contrat qui se tenait entre les chevaliers dragons du Royaume de Nothung et les dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Cependant, comme les événements s’étaient développés si rapidement, l’ordre des événements s’était mélangé, et comme la tempête précédente avait causé des dégâts à Dracul, notamment à cause des inondations, la Cérémonie du Contrat à laquelle le Royaume de Nothung aurait été invité avait été annulée. Malgré cela, Naden et moi, ainsi que Ruby et Halbert, avions déjà pour ainsi dire formé des contrats. C’est pourquoi il avait été décidé qu’une Cérémonie du Contrat aurait lieu aujourd’hui avec seulement ces deux couples.

Quand Hal et moi avions été transportés dans la grande salle, Lady Tiamat était déjà là sous forme de dragon, et nous étions entourés de dragons sous forme humaine. L’amie de Naden, Pai, et les anciennes acolytes de Ruby, Sapphire et Emerada, étaient là aussi.

Alors que nous étions encore nerveux, après avoir été jetées au centre de l’attention, Naden et Ruby étaient apparues, l’une dans une robe noire et l’autre dans une robe rouge.

Ruby était au départ une belle fille, mais Naden avait été relookée par Liscia, alors elle brillait tout aussi intensément. Les robes semblaient avoir été entrelacées avec des fibres métalliques, et le contraste entre le noir de Naden et le rouge de Ruby était saisissant.

Pendant ce temps, Hal et moi étions dans nos tenues militaires habituelles. La mienne était noire et celle de Hal était verte.

Elles s’étaient approchées de nous, s’étaient agenouillées, avaient posé leur main gauche à leur poitrine, tout en nous tendant la main droite.

Ruby avait été la première à ouvrir la bouche. « Mon chevalier, mon partenaire. Je souhaite conclure un contrat de monture avec vous. »

Hal avait inhalé brusquement. « J’accepte ! » Il avait pris sa main et l’avait tirée pour la relever sur ses pieds.

J’avais entendu cela de Naden plus tard, mais l’ordre des contrats dans lesquels ils étaient formés était décidé par le statut de la personne qui devenait des chevaliers dragons. Le chevalier le mieux classé était gardé pour la fin, et après cela cela allait dans l’ordre des rangs. C’est pourquoi Naden était passée en dernier, mais avec seulement deux couples présents, on ne se sentait pas vraiment spécial d’être gardé pour la fin.

À part ça, Naden avait ouvert la bouche. « Mon roi, mon partenaire. Je souhaite conclure un contrat de monture avec vous. »

« J’accepte. » J’avais pris la main de Naden, la tirant sur ses pieds.

J’avais été surpris quand elle m’avait appelé son roi, mais elle avait raison, je n’étais pas un chevalier, j’étais le roi d’une nation.

Une fois qu’elle avait été debout, Naden et moi avions serré nos deux mains l’une contre l’autre. Nous étions dans la pose parfaite pour la danse de la haute société. Au même moment, la musique avait commencé à être jouée dans la grande salle. Faiblement au début, mais de plus en plus fort. Les prêtresses-dragonnes devant Lady Tiamat avaient commencé à jouer avec des instruments de musique. C’était un rythme lent, une mélodie détendue.

« Euh !? » m’étais-je exclamé. « Cette musique... »

« Qu’est-ce que c’est, Souma ? » demanda Naden.

« ... Non, rien, » répondis-je.

J’avais commencé à danser dans le tempo de la musique.

J’avais dansé avec Naden, en accord avec la mélodie. Hal et Ruby avaient aussi commencé à danser.

Pendant que nous dansions, je m’étais penché et j’avais chuchoté à l’oreille de Naden : « Est-ce qu’ils utilisent toujours cette musique pour la danse lors de la Cérémonie du Contrat ? »

« Je ne crois pas. Je n’ai jamais entendu ce morceau avant, » répondit-elle.

« Je vois…, » dis-je.

Dans ce cas, Lady Tiamat aurait pu arranger ça. Le morceau qu’ils jouaient était un morceau qui venait de mon monde. C’était le thème principal d’un film où une belle dansait avec une bête. Naden et moi avions dansé sur la célèbre musique qui était jouée pendant la scène de danse qui avait été le point culminant du film.

En voyant le visage de Naden de près, je m’étais demandé. Lequel d’entre nous était la belle, et lequel d’entre nous était la bête ? Si vous voyiez cela comme un conte sur un mariage humain-animal, en tant que ryuu, cela ferait de Naden la bête, mais elle méritait aussi d’être appelée la belle. La fille devant mes yeux était vraiment une belle bête.

« Quel partenaire de danse fantastique, j’ai... ! » avais-je murmuré.

« Hm ? As-tu dit quelque chose ? » demanda Naden.

« Non, rien. Je pensais juste à la chance que j’ai, » répondis-je.

Pendant que nous dansions, j’avais regardé pour voir Hal et Ruby. Hal ne devait pas être habitué à ce genre de choses, parce que ses mouvements étaient un peu maladroits, mais Ruby faisait du bon travail en le guidant.

« Souma, tu sais vraiment danser », m’avait dit Naden. « Je pensais que tu serais mauvais dans ce genre de choses. »

« Je l’étais, mais j’ai désespérément travaillé pour apprendre comment le faire. Après tout, je suis amené à avoir beaucoup d’interactions sociales. »

« Hahaha ! Tu as la vie dure, hein, » répliqua Naden.

« Oui, en quelque sorte. Avec tout l’entraînement que tu as refusé de faire, tu t’en sors plutôt bien, Naden, » répliquai-je.

« Je n’ai commencé à les éviter que récemment. Je m’entraînais comme je devais le faire avant..., » répondit-elle.

 

J’avais regardé tendrement Naden alors qu’elle cherchait des excuses, quand...

« Naden. » La voix de Lady Tiamat m’était soudainement venue à l’esprit.

« Lady Tiamat ? » Naden semblait aussi entendre la voix.

Oh, ouais. Elle avait appelé Naden, alors bien sûr qu’elle le pouvait.

Pendant que nous continuions à danser, la voix douce de Lady Tiamat avait résonné dans nos têtes. « Naden. Il y a quelque chose dont je dois m’excuser auprès de toi. »

« Hein ? S’excuser ? » demanda Naden.

Lady Tiamat avait alors répondu dans nos têtes. « Quand tu étais troublée par le fait que tu avais l’air différente des autres dragons, je n’ai pas pu te dire : “Tu es un ryuu”. Le fait que tu sois née à cette époque signifiait que quelqu’un qui savait ta valeur apparaîtrait. J’ai caché ta nature pour ne pas gêner cette réunion, et je m’en excuse. »

« Ne faites pas ça ! » répondit Naden.

Alors qu’elle dansait encore, Naden avait juste tourné son visage vers Lady Tiamat. La musique avait déjà dépassé le point médian et avait augmenté en intensité. Nos émotions s’étaient aussi vues amplifier avec la mélodie.

Naden avait crié, les larmes aux yeux, « Vous étiez toujours là pour m’encourager, Lady Tiamat ! “Dans tous les cas, quelqu’un qui connaîtra votre valeur apparaîtra”, c’est ce que vous m’avez dit ! Quand je l’ai entendu, je ne l’ai cru qu’à moitié... Non, je n’y croyais pas du tout... Mais j’ai vraiment rencontré Souma ! »

De grosses larmes avaient commencé à rouler sur le visage de Naden.

« Alors... je vous en suis reconnaissante. Merci... “Maman”, » déclara Naden.

J’avais l’impression que Lady Tiamat avait souri quand elle avait entendu les paroles de gratitude de Naden. « Prends soin de toi, ma fille bien-aimée. »

La musique était proche de la fin. J’avais tenu de près Naden, dont le visage était couvert de larmes.

« Naden, je sais que je ne suis pas l’homme le plus fiable, mais travaillons ensemble à partir de maintenant, » déclarai-je.

Naden sanglotait alors qu’elle me répondit. « Oui. Oui ! »

Ici, et aujourd’hui, Naden et moi avions formé un contrat en tant que partenaires.

☆☆☆

Histoire parallèle 1 : Le retour de l’ambassadeur

À l’extrême ouest de l’Empire Gran Chaos se trouvait la capitale, Valois. Elle était plus grande que la capitale du Royaume de Friedonia, et au sommet de la colline voisine se trouvait la résidence de la digne impératrice Maria, le château de Valois.

Parce qu’il se trouvait au sommet d’une montagne, il était difficile pour un ennemi d’attaquer, mais il avait été construit avec trop de fioritures du côté de la conception pour vraiment l’appeler fonctionnelle. Il avait été dit que cela avait été fait ainsi afin de démontrer aux autres pays que l’empire était la plus grande et la plus puissante nation parmi ceux de l’humanité.

Dans une pièce du château de Valois, le bureau de Jeanne Euphoria, un homme et une femme étaient assis en face l’un de l’autre.

Celle qui était assise au bureau était Jeanne, le maître de cette pièce, une générale qui était aussi la sœur cadette de l’impératrice Maria. Devant elle se tenait l’ambassadeur envoyé de Friedonia pour résider dans l’Empire, Piltory Saracen.

Jeanne avait parlé. « Oh, c’est vrai. Vous deviez rentrer aujourd’hui, n’est-ce pas ? »

« Oui. » Piltory avait salué. « Pour le bien de ma femme, je vais prendre un congé temporaire. »

Piltory avait été envoyé pour être l’ambassadeur résident de l’Empire, mais avant de partir, il avait pris les deux belles sœurs esclaves, Anzu et Shiho, pour être ses épouses, et les avait emmenées dans l’Empire. Il les avait obtenues de Ginger, qui était à l’époque encore un marchand d’esclaves.

Finalement, la sœur aînée, Anzu, était tombée enceinte. Il avait été décidé que, plutôt que d’accoucher dans un pays inconnu, il valait mieux qu’elle accouche dans la maison de la famille de Piltory, la Maison de Saracen.

Afin de ramener Anzu au royaume, Piltory retournerait pour un certain temps au pays, puis reviendrait immédiatement une fois qu’il l’aurait laissée aux soins de sa famille.

Piltory avait dit : « En mon absence, Shiho restera ici pour servir de liaison avec le royaume. »

« Je suis désolée, » déclara Jeanne. « Je suis sûre que votre femme préférerait venir aussi avec vous. »

« Non... Ma femme comprend l’importance de mes devoirs, » répondit Piltory.

Il y avait une alliance secrète entre le royaume et l’Empire. Les ambassadeurs permanents qui servaient d’agents de liaison étaient indispensables aux deux parties, et c’était un secret qui n’était connu que d’un petit nombre de personnes choisies.

Depuis que le royaume et l’Empire avaient formé leur pacte secret, ils avaient mis en place un système qui leur permettait d’utiliser le Joyau de Diffusion de la Voix et de récepteurs simples pour tenir l’équivalent de téléconférences à tout moment.

Pour les questions critiques, Souma et Maria s’entretiendraient personnellement, mais pour les questions de moindre importance (comme l’échange d’informations), leurs intermédiaires, Hakuya et Jeanne, parleraient entre eux à la place. Le rôle de Piltory était principalement de planifier leurs réunions.

« Oh, c’est vrai, » déclara Jeanne. « Puisque vous retournerez dans votre pays, je voulais vous demander une faveur... »

« Une faveur ? » demanda Piltory.

Jeanne avait ouvert un tiroir dans son bureau et avait sorti une jolie boîte en bois. « S’il vous plaît, donnez ceci à Sire Hakuya, votre Premier ministre. »

Après avoir dit ça, Jeanne avait ouvert la boîte. À l’intérieur se trouvait une bouteille de vin d’aspect coûteux avec une étiquette tape-à-l’œil, emballée avec des copeaux de bois qui étaient probablement destinés à absorber les impacts.

« Il m’est arrivé d’obtenir deux belles bouteilles de vin, alors j’ai pensé lui en envoyer une, » expliqua Jeanne.

« Est-ce pour le Premier ministre ? » demanda Piltory.

« Ce n’est pas empoisonné, je vous l’assure. Si vous êtes inquiet, vous pouvez faire un test d’empoisonnement, » déclara Jeanne.

« Oh, non ! Ce n’est pas qu’on vous soupçonne de ça ! » répondit Piltory.

En regardant Piltory se précipiter pour s’excuser, Jeanne avait laissé échapper un rire joyeux. « Hahahahaha ! Je le sais bien. Le commandant en second de l’Empire envoie un cadeau au commandant en second du royaume. Je peux comprendre pourquoi vous voulez peut-être sonder mes intentions. Mais ce n’est qu’un petit merci à Sire Hakuya pour m’avoir toujours écouté me plaindre au sujet de ma sœur. »

« O-Oh... Si c’est tout..., » déclara Piltory.

Au moment où Piltory avait accepté la bouteille, c’est là que c’était arrivé.

Il y avait eu une soudaine arrivée de pas provenant de l’extérieur de la pièce, puis la porte du bureau avait été ouverte avec ce qui semblait être une forte détonation. La femme qui avait fait irruption dans la pièce tenait une robe rouge dans une main et une robe bleue dans l’autre. Ce n’était autre que l’impératrice de cette nation, Maria Euphoria.

« Hé, Jeanne ! Quelle robe serait mieux pour l’émission d’aujourd’hui ? » Maria s’était mise à crier alors qu’elle avait présenté avec force les deux robes vers sa sœur.

Ces robes étaient toutes les deux à froufrous, avaient des jupes courtes, exposaient le ventre et accentuaient la poitrine. Ce genre de choses qui, si Souma les voyait, lui ferait dire : « De sérieux costumes d’idoles ? », tout en lui faisant incliner sa tête dans la confusion.

Jeanne avait tapé ses mains sur le bureau. « Sœur ! Je vois un visiteur ! »

« Oh, mon Dieu. Si ce n’est pas Sire Piltory. Bienvenue, » déclara Maria avec un doux sourire, non affectée par les cris de Jeanne.

Face à l’apparition soudaine du chef d’État de l’Empire, l’esprit de Piltory s’était bloqué pendant un moment, mais quand il avait repris ses esprits, il s’était levé et l’avait saluée.

« Oui, Votre Majesté Impériale ! C’est mon plus humble plaisir... de me retrouver en votre... estimée compagnie !? » déclara-t-il.

Ayant rencontré l’intrusion bizarre d’une impératrice portant deux robes d’idole, la réponse de Piltory avait été quelque peu désordonnée et elle avait été délivrée avec trop de pauses.

Voyant la réaction de Piltory, Maria avait gloussé et avait souri. « Pas besoin d’être si tendu. Vous êtes l’un des vassaux de Sire Souma, donc vous n’avez pas besoin d’être aussi formel avec moi. Allez, détendez-vous, oui, détendez-vous. »

Après lui avoir dit, Maria lui avait fait un sourire qui ferait fondre le cœur de tous ceux qui l’auraient vu.

Pendant ce temps, Jeanne avait l’air d’avoir mordu quelque chose de désagréable. « Tu es trop laxiste ! Qu’est-ce que l’impératrice de cette nation pense qu’elle fait, en courant dans les couloirs avec des tenues si voyantes !? »

« Oh ! Mais c’est du travail que je fais pour les habitants, tu sais ? » déclara Maria avec un sourire taquin. « C’est pour l’émission de divertissement utilisant le Joyau de Diffusion de la Voix. Offrir un moment de repos aux personnes qui travaillent si dur tous les jours... Je pense que c’est une merveilleuse idée de Sire Souma. »

En entendant le maître qu’il servait être complimenté, Piltory s’était redressé une fois de plus. « Je suis content de l’entendre. »

Jeanne, d’un autre côté, avait appuyé sur son front, secouant la tête comme pour dire : « Oh, bon sang... »

« Même si c’est vrai, tu n’as sûrement pas besoin de devenir toi-même une Lorelei, » répliqua Jeanne.

« Mais il y avait un grand nombre de demandes pour que je chante, n’est-ce pas ? » demanda Maria.

« Eh bien... oui, mais..., » balbutia Jeanne.

Le concept de Lorelei était quelque chose que Souma avait apporté dans ce monde. Pour l’expliquer rapidement, ce qu’on appelait une idole sur Terre s’appelait une Lorelei ici.

Maintenant, si vous demandiez ce dont une idole avait besoin, ce serait d’un joli visage et du charisme. Chanter et danser était aussi agréable à avoir, mais si quelqu’un avait une apparence au-dessus de la moyenne (cela devait être classé comme un don naturel), et le charme d’attirer les gens, c’était suffisant pour être une idole.

Maintenant, si vous demandiez qui dans l’Empire avait le plus beau visage et le plus important charisme, la première réponse que vous obtiendriez, sans aucun doute, aurait été Maria Euphoria. Maria était aussi une chanteuse et danseuse accomplie, si bien qu’elle débordait de potentiel que même devenir une idole de première classe pourrait être plus qu’un rêve pour elle. Son talent rivalisait même avec celui de Juna.

À cause de cela, il y avait eu beaucoup de demandes de la population pour l’entendre chanter, et récemment le nom populaire de Maria, « la Sainte de l’Empire », avait commencé à y ajouter les mots « Chanteuse et Danseuse ».

« Ils t’appellent la Sainte Chanteuse et Danseuse de l’Empire..., » déclara Jeanne d’un ton exaspéré. « Ça ne te dérange pas ? »

« En ce qui me concerne, la partie “Sainte” est celle dont je pourrais me passer. S’il faut qu’on m’appelle quelque chose, j’aimerais que ce soit l’Impératrice Chanteuse et Danseuse Maria. »

« Ce n’est pas une question de goût, tu sais..., » Les épaules de Jeanne s'étaient affaissées.

En regardant Jeanne, Oh, je vois. C’est donc le genre de choses que le Premier ministre écoute lorsqu’elle parle de..., pensa Piltory, se trouvant étrangement satisfait de cette réponse.

 

☆☆☆

 

— Quelques jours plus tard, à l’époque où Souma avait été emmené de force à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon —

Piltory était de retour à Parnam, la capitale du Royaume de Friedonia, à l’intérieur du bureau du Premier ministre Hakuya Kwonmin dans le château de Parnam.

Ayant laissé sa femme enceinte Anzu dans sa famille, il était venu au château pour une visite de courtoisie avant de retourner dans l’Empire. Cependant, en ce moment, il s’était avéré que Souma était en visite diplomatique à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, donc il était venu rendre visite à Hakuya, qui s’occupait des choses en son absence.

Piltory se tenait devant le bureau où Hakuya était assis avec un salut. « Maintenant, Monsieur le Premier Ministre, je vais repartir une fois de plus pour l’Empire. »

« Merci pour votre service. Mais je suis sûr que vous préféreriez être aux côtés de votre femme..., » Hakuya avait déclaré ça avec une expression qui trahissait peu d’émotion.

Cela pouvait paraître brusque, mais c’était Hakuya qui lui avait recommandé de retourner dans le royaume lorsqu’il avait appris que sa femme était enceinte.

Souma s’occupait de la question de l’hygiène urbaine et menait actuellement des réformes médicales centrées sur Hilde et Brad, de sorte que ce pays était devenu « le meilleur pays du continent où accoucher ».

Hakuya s’était également arrangé pour que Hilde et son peuple regardent la femme enceinte Anzu. De plus, il avait également fourni le transport par gondole-wyverne à destination et en provenance de la nouvelle ville, Venetinova, où se trouvait Hilde.

Donc, même s’il était brusque, Hakuya le traitait bien, et Piltory en était reconnaissant.

« Non... Je suis bien conscient de l’importance de mes fonctions, » répondit Piltory, en pensant, j’ai eu une conversation similaire avec Madame Jeanne l’autre jour.

Puis Hakuya s’était levé de son siège et se dirigea vers une étagère. Il en avait pris une boîte en bois et l’avait placée sur le bureau. « Puisque vous voyagez à l’Empire, j’ai un objet que j’aimerais faire livrer à Madame Jeanne. »

« Voulez-vous qu’on vous livre quelque chose ? » Piltory avait incliné sa tête sur le côté de façon interrogative.

Hakuya avait ouvert le couvercle de la boîte. À l’intérieur, il y avait un vitrail coûteux avec des motifs tape-à-l’œil gravés dessus.

Il y avait un trou à côté du verre dans lequel un autre verre du même type pouvait s’insérer, ce qui montrait que ce verre était l’un des deux verres.

« J’ai reçu un bon vin l’autre jour, alors j’envoie ce cadeau en retour. C’est ma petite marque de reconnaissance à Madame Jeanne pour m’avoir toujours écouté me plaindre de Sa Majesté, » répondit Hakuya.

« Se plaindre... Vous aussi, Monsieur le Premier Ministre ? » demanda Piltory.

Jeanne avait dit qu’elle s’était plainte à Hakuya au sujet de sa sœur aînée. Hakuya se plaignait aussi à Jeanne ?

Tandis que Piltory réfléchissait à cela, il y avait une volée de pas venant depuis le hall, puis un coup de poing superficiel avant que la porte de la pièce ne soit ouverte. Celle qui était entrée était la fille de l’ancien roi et la candidate pour devenir la première reine primaire de Souma.

Quand elle était entrée dans la chambre, la princesse Liscia n’avait pas prêté attention à Piltory en remettant à la hâte une lettre à Hakuya. « Hakuya, nous avons un autre messager kui de Carla ! Il sera difficile pour nous trois d’arrêter la cible ! Demandons des renforts immédiats ! »

« Arg.. Encore ? » L’expression froide de Hakuya avait légèrement eu des failles. « Très bien. Je préfère ne pas augmenter le nombre de témoins, donc je ne peux pas envoyer de renforts, mais je vais demander à la Défense Nationale de faire boucler la zone. Je vais aussi mettre un veto sur la région. Si ça va plus loin... ça pourrait après tout conduire à de mauvaises opinions de la future deuxième reine primaire. »

« Je vous laisse faire. » Sur ce, la princesse Liscia avait quitté la pièce aussi vite qu’elle était venue.

Tandis que Hakuya posait une main sur sa tête et se penchait en arrière dans sa chaise, Piltory avait demandé avec hésitation : « Hmm... Que s’est-il passé ? »

Hakuya lui avait répondu avec un sourire sec. « Oh, rien... Juste une autre chose dont je peux me plaindre à Madame Jeanne. »

D’après la façon dont il l’avait dit, il y avait probablement eu un problème avec le roi Souma.

Piltory avait eu une sorte de prémonition.

Dans un avenir proche, Hakuya et Jeanne boiraient la même marque de vin, dans des verres identiques, ensemble à travers leurs écrans du Joyau de Diffusion de la Voix. Ils commenceraient à se plaindre de leurs maîtres respectifs, Souma et Maria, tout en savourant leur boisson.

Piltory avait imaginé cette scène alors qu’il retournait dans l’Empire.

 

☆☆☆

Histoire parallèle 2 : Héros sans nom

Chaque soir au Royaume de Friedonia, un certain nombre d’émissions de variétés étaient diffusées à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix.

Selon les jours, il pouvait s’agir d’une émission de chant, d’un épisode d’un drama ou d’une émission présentant des candidats centrés sur la comédie et les tours de passe-passe, mais tous avaient une prise ferme sur le cœur des gens. Avec l’éloge que ces émissions avaient reçu du peuple du royaume, le nombre de récepteurs de radiodiffuseurs fixes n’avait cessé d’augmenter. Maintenant, ils avaient été placés même dans les petites villes, et dans les grandes villes il y avait de multiples installations, augmentant le nombre d’endroits où les individus pouvaient regarder leurs émissions. Il n’y avait aucun moyen d’enregistrement et toutes les émissions étaient en direct, donc il y avait un manque de liberté, mais les émissions avaient pris racine dans la culture de ce pays.

De toutes ces émissions diffusées, il y avait actuellement un drama documentaire qui était devenu un succès auprès de la population.

Le nom du programme était le « Héros sans nom ».

[Héros sans nom, épisode 3 : Le Réducteur de l’Écart]

Ce qui distingue ce drama, c’est le rideau noir installé à l’arrière de l’écran.

Comme le Joyau de Diffusion de la Voix ne permettait encore que la diffusion en direct, les émissions de type drama impliquaient les acteurs qui jouaient le scénario dès le début de la diffusion. Pour cette raison, il était normal d’avoir un décorum approprié (décors, musique, etc.) derrière les comédiens, pour que cela ressemble le moins possible à une pièce de théâtre, mais ce drama avait toujours été tourné devant un rideau noir.

L’autre chose qui ressortait de cette émission, c’était que les personnages portaient tous des cagoules noires comme les machinistes kurokos dans une production de kabuki. Et ce, malgré le fait qu’ils portaient des tenues adaptées à leur rôle, du bout des pieds jusqu’au cou.

Quant à l’effet que cela avait : en combinaison avec le rideau noir, cela leur donnait l’impression qu’ils n’avaient pas de visage. Comme il s’agissait d’un mince tissu noir placé devant leurs visages, les acteurs pouvaient voir assez bien pour agir, mais les téléspectateurs qui regardaient l’émission ne pouvaient pas voir les visages des acteurs.

Je crois que vous comprendrez pourquoi ce mode de présentation avait été utilisé pendant que nous regardons l’émission.

Maintenant, sur la scène du drama d’aujourd’hui, il y avait une pièce surchargée de ce que l’on verrait dans un laboratoire expérimental.

Il y avait deux jeunes chercheurs, un homme et une femme, en blouse blanche, qui utilisaient une balance pour mesurer une quantité de poudre, ou qui regardaient dans une fiole avec fond arrondie qui était chauffée avec un brûleur à alcool.

« Oh, bon sang ! » Le chercheur qui mesurait avec la balance avait frappé sur la table.

« Hé, Toto, ces produits chimiques sont dangereux, alors ne commencent pas à secouer les choses, » avait dit la chercheuse en critiquant l’autre quand elle avait vu comment se comportait son collègue subalterne.

Le chercheur qu’elle avait appelé Toto ne s’était nullement calmé. « Mais, Momo ! Lorsque nous avons obtenu notre diplôme de l’Académie Royale, nous sommes entrés dans le Laboratoire Cosno par passion pour développer quelque chose qui aidera les habitants de ce pays ! Tout comme le fait Madame Genia de la Maison de Maxwell ! Et pourtant... le travail qui est placé devant nous est toujours simplement de “rechercher sur ses recherches”... »

Incapable de réfuter ses paroles, la chercheuse appelée Momo avait soupiré. « ... C’est vrai, Genia a produit beaucoup d’inventions incroyables. Mais le Professeur Mattis n’a-t-il pas toujours dit que la recherche fondamentale est tout aussi importante ? »

« Ouais, tu vois, je ne peux pas accepter ça ! » Les articulations de Toto étaient blanches et contractées. « Le Professeur Mattis est un grand chercheur ! Un grand chercheur qui a produit des résultats avec des progrès lents et réguliers... mais la seule qui reçoit des éloges publics est Genia, pour sa série d’inventions excentriques ! »

« ... Ouais, » répondit Momo. « Eh bien, je peux comprendre ce sentiment... »

« Parlais-tu de moi ? » Pendant que les deux parlaient, un chercheur masculin âgé était apparu.

Cette personne portait également une cagoule noire. Afin de faire passer l’idée qu’il était âgé quand le public ne pouvait pas voir son visage, il portait son manteau blanc un peu plus lâche que Toto ou Momo, comme s’il y était habitué, et il portait aussi des chaussures usées.

« « Professeur Mattis ! » » Toto et Momo avaient crié à l’unisson.

Cet homme était le chercheur en chef de ce laboratoire, Mattis Cosno.

Voyant les deux qui se tenaient bien droits, Mattis s’était mis à rire. « S’il vous plaît, Toto, ne me fais pas autant d’éloges. Je sais mieux que quiconque que l’imagination de Madame Genia est bien plus grande que la mienne. Cela me convient mieux de construire lentement en me basant sur mes études, plutôt que d’avoir des idées révolutionnaires comme les siennes. »

« Mais, Professeur ! » Toto était sur le point d’en dire plus, mais Mattis avait levé la main afin de l’arrêter.

« Vous voulez “développer quelque chose qui aidera les gens de ce pays.” Toto, ne viens-tu pas de le dire ? Le plus grand souhait des chercheurs et des ingénieurs est, et sera toujours, de créer les choses qui rendront demain meilleur qu’aujourd’hui. Je ne peux pas dire que nous ne voulons pas être félicités pour ce que nous faisons, mais ce n’est pas notre motivation première, » déclara Mattis.

« Professeur... »

« Maintenant, si vous comprenez cela, travaillons dur sur nos recherches encore aujourd’hui. J’ai entendu dire que nous venons de recevoir un autre objet de recherche de la capitale. » Mattis avait mis une sorte de masse sur la table.

En regardant l’objet noir-rougeâtre qui ressemblait à une brique, Momo avait plissé son front. « Qu’est-ce que c’est, Professeur ? »

« Ce qui se trouve devant vous est un matériau qui absorbe les chocs, » annonça Mattis.

« Matériau absorbant les chocs ? » demanda Momo.

« Oui, lorsque Sa Majesté a demandé à Madame Genia : “J’aimerais que vous développiez un système pour réduire la quantité de tremblements sur les convois de rhinosaurus”, elle a eu l’idée d’utiliser ces sortes de matériaux amortisseurs sur les roues. »

« Encore une fois Madame Genia, hein... » La voix de Toto présentait un ton déplaisant, mais Mattis s’en était moqué.

« C’est après tout la chercheuse de la Maison de Maxwell. Comme toujours, sa perspicacité... Cependant, parce que ce matériau absorbant les chocs utilise la chair de l’intérieur de la carapace dure du gigantesque tatou, il ne peut pas être produit en masse. On espère que les convois de rhinosaurus se développeront comme un moyen de transport de fret et de transport pour le peuple. Mais sans la capacité de les produire en masse, tout cela n’a pas de sens. La demande de recherche que nous avons reçue était de développer une alternative viable pour ce matériau, » expliqua Mattis.

On pourrait croire qu’il expliquait trop de choses, mais la vérité derrière tout ça était que les longues phrases de Mattis étaient là afin d’expliquer clairement toute la situation au spectateur.

Momo avait alors frappé sur le matériau amortisseur. « C’est terriblement dur, n’est-ce pas ? », avait-elle commenté.

« Avec ce niveau de force, vous n’allez rien faire à ce genre de choses, » déclara Mattis. « En plus : si une force puissante est exercée sur elle, elle changera de forme pour disperser le choc. En d’autres termes, les propriétés importantes de ce matériau sont sa résistance et son élasticité. »

« Résistant, mais élastique... Attendez, n’est-ce pas contradictoire ? » s’exclama Toto.

Mattis avait ri. « Contradictoire ou pas, on le voit devant nous. La tâche qui nous a été confiée est de trouver une solution de remplacement de masse à ce matériau. Je compte sur vous deux quant à votre aide. »

« Oui, Professeur ! »

Après cela, tous les membres de Laboratoire Cosno (bien que, pour les besoins de cette émission, il n’y avait que trois acteurs) avaient recherché un matériau qui pourrait être utilisé en remplacement de ce matériau absorbant les chocs. Cependant, ils avaient essayé tous les matériaux auxquels ils pouvaient penser et n’arrivaient toujours pas à les trouver.

Résistant, mais possédant une élasticité. S’ils testaient les choses qui étaient très résistantes, elles manquaient d’élasticité et ne fonctionnaient pas comme amortisseurs. S’ils testaient les choses avec élasticité, ils pourraient fonctionner comme amortisseurs, mais elles s’étaient rapidement cassées.

Il s’agissait de pièces destinées à être utilisées sur des transports de fret et de passagers tirés par des rhinosaurus massifs. S’ils échouaient une fois sur mille, ou même une fois sur un million, ce serait une grande tragédie. Pour cette raison, ils devaient choisir les matériaux avec soin et rigueur.

Les trois chercheurs avaient graduellement montré des signes de fatigue de plus en plus importants.

Il y avait eu un fondu vers le noir, et quand les lumières étaient revenues sur la scène, Toto s’était effondré sur son bureau. « C’est sans espoir ! On n’arrive pas à trouver un matériau à la fois résistant et élastique ! »

« Oui, » confirma Momo en soupirant, tout en posant une main sur le dos de Toto. « Je commence à penser que c’est un miracle que ce matériau ait été trouvé. »

Voyant les deux autres si épuisés, Mattis s’était mis à rire et avait essayé de les encourager. « Il n’y a pas besoin d’être si pressé. Si vous vous poussez trop fort, vous n’aurez pas de bonnes idées. Essayons de boire une tasse de lait chaud, d’accord ? »

Mattis s’était levé de son siège... et c’était arrivé.

« Hm ? ... Wôw !? D-Docteur ! » Toto avait crié et était soudainement tombé de sa chaise.

« Qu’est-ce qui te prend, Toto !? » Momo avait également crié.

« Quelque chose ne va pas ? » demanda Mattis.

Quand Momo et Mattis étaient arrivés à côté de lui, Toto pointait dans une direction, semblant effrayé d’une manière ou d’une autre. Ce qu’il avait montré du doigt, c’était un stylo qui était tombé au sol et qui semblait flotter dans les airs. Les deux autres avaient été stupéfaits.

« Pas possible... est-ce de la magie ? » demanda Momo.

« Non, nous ne devrions pas avoir de mages dans ce laboratoire qui peuvent utiliser la magie de manipulation de la gravité, » répondit Mattis.

« Mais, Docteur, ce stylo flotte en ce moment même ! » répliqua Momo.

« Hm... Mais la façon dont il flotte est étrange. Comme s’il avait été attrapé par quelque chose, » déclara Mattis.

Après ça, Mattis s’était approché et avait passé sa main sur le dessus du stylo. Quand il l’avait fait, le stylo s’était déplacé en même temps que sa main droite, comme si la main était attachée au stylo.

« « Euh !? » »

« Je vois... Alors c’est ça, » déclara Mattis.

Pendant que les deux chercheurs réagissaient avec surprise, Mattis avait hoché la tête avec sagesse. Puis, saisissant le stylo flottant avec sa main gauche, il leur avait fait regarder de près l’espace entre le bas de sa main et le stylo.

« Regardez attentivement. Ne voyez-vous pas quelque chose entre les deux ? » demanda Mattis.

« ... Ah ! C’est très petit, mais je vois quelque chose comme un fil ! » répondit Toto.

« Hé, tu as raison ! C’est super mince, mais il y a un fil ! » déclara Momo.

En les entendant dire cela, Mattis avait souri et avait hoché la tête. « Précisément. C’est un fil d’araignée. Si je devais le deviner, je dirais que le stylo est resté collé à un fil de soie d’araignée accroché au bureau. »

« O-Oh... Ça m’a surpris..., » un Toto épuisé s’était effondré jusqu’au sol. « Mais la soie d’araignée est incroyable, vous savez. Même s’il est si fin, il peut tenir un stylo. »

« Je sais, n’est-ce pas ? Même si c’est aussi si soyeux, » constata Momo.

« ... Ah ! » Mattis avait agi comme si une secousse d’électricité lui avait traversé la tête.

Ils avaient travaillé avec des objets de forme fixe jusqu’à ce moment-là, mais qu’en est-il de ce fil ? La soie d’araignée était solide, mais aussi élastique. Et s’ils essayaient de la renforcer ?

Heureusement, ce monde avait toutes sortes d’araignées, grandes et petites, et il y avait d’autres créatures qui produisaient aussi de la soie. S’ils pouvaient trouver un candidat viable pour le matériau absorbant les chocs à partir de l’une d’entre elles, il serait possible de le produire en masse.

« Nous l’avons trouvé ! Nous l’avons enfin trouvé ! » Lorsque Mattis avait crié cela, l’écran est devenu noir.

 

☆☆☆

 

Quand la scène s’était à nouveau illuminée, le paysage avait changé.

Ils se trouvaient dans un endroit qui ressemblait à une salle de réception, avec deux personnes assises sur des chaises l’une en face de l’autre.

Cette fois, les deux personnes n’étaient pas des acteurs, et leurs visages étaient visibles.

L’une d’elles était Juna Doma, connue sous le nom de Prima Lorelei, et qui avait récemment commencé à chanter pour les enfants dans le cadre du programme éducatif.

L’autre était un homme décontracté d’une quarantaine d’années qui portait un manteau blanc. Il avait une moustache grise et touffue qui correspondait à ses cheveux. C’était le vrai (pas joué par un acteur) Chercheur en chef Mattis Cosno.

Juna tenait une masse noire dans ses mains et avait demandé à Mattis : « Alors, après cela, vous avez créé ce matériau résistant aux chocs, n’est-ce pas ? ».

« Exactement. Lorsque nous avons testé la soie produite par une variété de créatures, un certain type de vers à soie s’est avéré être le plus approprié. C’est ce que vous tenez là », avait répondu Mattis avec confiance.

Maintenant, la série de dialogue entre ces deux-là avait commencé.

Le drama précédent était une reconstitution d’événements. Ce drama documentaire, Héros sans nom, avait un format à deux segments. D’abord, les réalisations de la personne qui était le centre de cet épisode (dans ce cas, Mattis) étaient expliquées par une reconstitution, puis la personne en question avait un dialogue avec Juna.

« Maintenant, Mattis, » déclara Juna. « Est-il possible de produire ce matériel en masse ? »

« Oui, il utilise les cocons de vers à soie comme matériau de base, de sorte que la production de masse est possible, tout comme avec la soie. Cependant, il réagit mal à la chaleur et aux flammes, c’est pourquoi nous lui appliquons un procédé anti-incendie et anti-chaleur dans le cadre du traitement. Quant à la méthode... C’est considéré comme un secret national. »

« Je vois. Après tout, les technologies de pointe sont un trésor national. Honnêtement... Je pense que vous avez fait quelque chose de merveilleux ici. Sa Majesté a dû être très satisfaite, » déclara Juna.

« Oui, » dit Mattis. « Lorsque j’ai été convoqué au château, je me suis demandé la raison, mais on m’a ensuite félicité pour mon travail quant à l’élaboration de ce matériel. Il n’est pas courant pour nous, chercheur, de voir une reconnaissance pour notre travail, mais cette fois... Oui. Je suis content d’avoir fait le travail. »

Après avoir entendu Mattis résumer les choses, Juna avait incliné la tête. « Professeur, merci d’avoir pris le temps d’avoir cette importante discussion avec nous aujourd’hui. »

Mattis avait été poussé par cela à s’incliner devant elle.

Quand Juna avait levé la tête, elle s’était tournée vers le Joyau de Diffusion de la Voix et avait dit : « Maintenant, nous aurons une reconstitution de l’époque où Mattis a rencontré Sa Majesté, le Roi Souma, et ensuite, nous clôturerons cette émission. »

Après que Juna avait déclaré ça, l’écran était redevenu noir.

 

☆☆☆

 

« Bon travail, Grande Sœur Juna, » avait déclaré Roroa.

Une fois l’émission terminée, Juna avait dit au revoir à Mattis, puis s’était dirigée vers un endroit où le joyau de l’émission ne captait pas. Elle y avait été accueillie par une Roroa souriante.

Juna avait rendu le sourire avec l’un des siens. « Merci, Roroa. Comment étais-je ? »

« Tu as bien fait. C’est une honte que nous ne pouvions pas laisser mon Chéri et Grande Soeur Cia le voir, » répondit Roroa.

Souma et Liscia étaient actuellement partis pour la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avec Naden. Ils allaient apparemment affronter une « tempête » qui allait frapper la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Bien sûr, Roroa et Juna étaient inquiètes pour Souma et les autres, mais ces deux-là qui avaient été laissées dans le royaume avaient leurs propres choses à faire, et elles gardaient le fort pendant que Souma et les autres étaient absents. Cette émission qu’elle avait entreprise dans cet état d’esprit s’était révélée satisfaisante pour Juna.

Il semblait que Roroa était déçue d’une chose. « Oh ! Mais le type qui joue mon Chéri, qui est apparu à la fin, hmm ? Je ne l’aimais pas tant que ça. »

Roroa parlait du Souma qui était apparu dans la scène finale de la reconstitution. Il avait fait venir Mattis et son équipe afin de leur serrer la main un par un et il les avait félicités pour avoir développé un matériau absorbant les chocs qui puisse être produit en masse.

Roroa avait croisé les bras et avait dit : « Cet acteur, il portait une couronne, une cape de fantaisie, et il tenait un sceptre dans ses mains gantées, tu sais ? Je n’ai jamais vu mon Chéri dans une tenue comme ça. »

« C’était, eh bien... c’était pour rendre claire son identité, » répondit Juna.

La cérémonie du couronnement n’avait pas encore eu lieu, de sorte que l’ancien roi Albert tenait toujours la couronne, et Souma n’aimait pas les capes et les sceptres. Cela dit, si l’acteur avait porté la tenue décontractée habituelle avec une chemise et un pantalon comme le faisait Souma, il serait difficile d’y voir une scène d’audience avec un roi.

« Tu as raison », déclara Roroa en riant. « Pourtant, ce programme Héros sans nom a l’air très populaire. »

« Je pense que, pour les personnes ordinaires, il doit être plus facile de s’identifier à un artisan hautement compétent comme Sire Mattis qu’à un véritable génie comme Madame Genia, » avait alors déclaré Juna.

Les personnes ordinaires avaient plus facilement de l’empathie pour ceux qui venaient sur le devant de la scène grâce à un travail acharné, plutôt que pour ceux qui possédaient un talent naturel.

« Eh bien, je pense que c’est une bonne chose, » déclara Roroa. « Quand on regarde les politiques de mon Chéri, on a l’impression qu’elles ont toutes été rendues possibles par un petit groupe de génies, mais le public devrait savoir qu’il y a aussi ce genre de “Héros sans nom” qui travaille dans les coulisses. »

« Oui. Je pense que tu as tout à fait raison, » répondit Juna.

J’espère que les individus comprendront, toutes les deux pensèrent cela , en regardant l’autre avec un sourire.

☆☆☆

Histoire parallèle 3 : Le « Testons-le ! » de Genia et Mérula

« C’est l’heure de Genia... »

« ... et de Mérula... »

« « ... Testons-le ! » »

Les deux filles qui criaient cela et poussaient leurs poings en l’air étaient Genia, la Surscientifique, qui venait de se fiancer à Ludwin Arcs, le capitaine de la garde royale, l’autre jour, et Mérula Merlin, du Royaume des Esprits de Garlan, la haute elfe dont la curiosité trop forte l’avait fait accusée de sorcellerie, et l’avait mise en fuite de l’État Orthodoxe de Lunaria.

Les deux filles étaient maintenant dans l’atelier situé dans un donjon en ruines appartenant à la Maison des Maxwell.

« ... Hmm, y avait-il un sens derrière cet acte ? » demanda Mérula à Genia alors que son visage pâle était devenu rouge.

« Hein ? C’était de toute évidence sous l’impulsion du moment, » répondit Genia.

« L’impulsion du moment... ? Maintenant, écoute, Genia..., » commença Mérula.

« Allez, Merumeru. Le temps d’attente est fini. Faisons des tests ! » s’écria Genia.

« S’il te plaît, ne m’appelle pas Merumeru ! » s’écria Mérula.

Ignorant les protestations de Mérula, Genia avait sorti quelque chose de derrière elle. C’était un sac à l’allure minable, de la taille d’un sac de sable utilisé dans la boxe.

« C’est l’objet à tester aujourd’hui, » avait déclaré Genia. « Dun-du-du-du-du-duuun : le sac du héros, » annonça Genia.

« Le sac du héros ? » demanda Mérula.

« On dit que ce sac a été utilisé par le premier roi d’Elfrieden, qui, tout comme notre roi (Souma), a été invoqué depuis un autre monde en tant que héros. Il ne ressemble peut-être pas à grand-chose, mais il peut contenir beaucoup de choses, et récemment Sire Poncho l’a utilisé pour stocker les ingrédients qu’il rassemblait sur tout le continent et les ramener ici. »

« Le premier roi... Attends, n’est-ce pas un vrai trésor ? » demanda Mérula, en tapant sur le sac.

Si c’était le premier roi d’Elfrieden dont elles parlaient, il avait été un grand héros qui avait uni les nombreuses races pour former ce royaume. Son histoire avait été racontée dans la légende, et il était toujours aimé et respecté par le peuple. Si le premier roi l’avait utilisé, c’était probablement un trésor incroyable.

« C’est techniquement un trésor national, ouais, » répondit Genia, comme si ce n’était pas grand-chose.

« T-Trésor national ! » ? Mérula avait sauté en arrière en raison de la surprise. « Attends, est-ce normal de traiter un trésor national si mal !? » 

« Quand j’ai dit au roi : “Je veux l’étudier”, il a dit : “Ne le brise pas” et je l’ai emprunté, » déclara Genia.

« Si facilement !? Comme si tu demandais à emprunter une nouvelle montre de poche qu’il vient d’acheter !? » s’écria Mérula.

« On dirait que le roi veut faire des recherches scientifiques sur les reliques, » Genia haussa ses épaules. « Penses-tu qu’il s’est passé quelque chose ? »

« Je ne saurais pas dire..., » murmura Mérula.

Ayant appris qu’il y avait un lien entre son ancien monde et celui-ci après l’incident de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, Souma avait demandé à ses organismes de recherche de faire des recherches plus spécifiques sur les reliques de la surscience qui étaient sans aucun doute la clé pour apprendre quel était le lien. Mais il n’était pas allé jusqu’à leur expliquer cette situation.

« De toute façon, aujourd’hui, je pense qu’on va faire des tests sur le sac du héros. » Genia avait ramassé la relique. « Voyons d’abord son poids et son volume. Comme tu peux le voir, à l’heure actuelle, même une habitante délicate d’un sous-sol avec des bras minces comme moi peut facilement le soulever. »

« L’autodévalorisation était-elle nécessaire ? Eh bien, ça a l’air léger, » déclara Mérula.

« Mais, écoute ça, il y a déjà beaucoup de choses à l’intérieur. D’accord, mes golems, sortez de là, » déclara Genia.

Après les avoir fait sortir, Genia avait utilisé les golems de terre qu’elle avait faite avec sa propre capacité pour qu’il apporte un grand réservoir d’eau rectangulaire. Il devait être aussi massif qu’un grand hangar. La base mesurait environ quatre mètres sur cinq mètres, et il mesurait plus de quatre mètres de haut. Genia avait dû monter une échelle pour pouvoir se tenir sur le bord du bassin.

Mérula, qui était restée à la regarder, lui avait demandé : « Euh, Genia ? C’est pour quoi faire ? »

« Le truc avec ce sac, c’est qu’il a déjà été immergé dans une rivière pendant une demi-journée. »

« Qu’est-ce que tu fais à un trésor national !? Ne seras-tu pas punie ? » demanda Mérula.

Mérula était confuse, mais Genia s’en fichait.

« On ne peut pas laisser les petites choses entraver les progrès académiques, » répliqua Genia.

« J’ai toujours pensé que j’étais trop obsédée par la recherche, mais... le monde est grand, » déclara Mérula.

« Ha ha ha ! S’il te plaît, ne me complimente pas comme ça, Merumeru, » déclara Genia.

« Je ne te complimente pas ! » annonça Mérula.

« En tout cas, grâce à l’immersion d’une demi-journée dans la rivière, il y a beaucoup d’eau à l’intérieur. Nous ne connaissons pas son volume, donc on ne sait pas s’il est plein ou non. Quoi qu’il en soit, je pense que si nous ouvrons le sac dans ce réservoir d’eau, nous pouvons savoir combien d’eau il y a à l’intérieur. Après tout, si ça devient dangereux, on peut fermer le sac. » Sur ce, Genia avait tourné le sac vers le réservoir d’eau. « Et maintenant, la grande ouverture. »

Avec cette proclamation facile, Genia avait ouvert le sac, et l’eau avait commencé à jaillir avec une force incroyable. Le sac avait fait pencher Genia vers l’arrière malgré elle, mais elle avait réussi à éviter que cela ne devienne un problème en demandant à ses serviteurs de la tenir en place.

L’eau continuait à s’accumuler, et en un rien de temps, le réservoir était déjà à moitié plein. Parce qu’elle avait été remplie d’eau de rivière, elle était boueuse, et il y avait beaucoup d’algues, de morceaux de bois flotté et de déchets à l’intérieur.

« Oh, des poissons..., » Mérula, qui regardait ça d’en bas, avait remarqué à travers la paroi transparente un certain nombre de poissons nageant à l’intérieur de l’aquarium. Ils avaient dû entrer alors que le sac était immergé dans la rivière.

Mis à part tout le reste, le poisson dans le sac est encore vivant. C’est fascinant. Je ne sais pas comment est le sac à l’intérieur, mais à tout le moins, il a les conditions nécessaires pour soutenir les poissons vivants.

Mérula avait tendance à se faire traîner par Genia, mais elle était tout aussi curieuse. Elle avait rapidement basculé son esprit dans le mode Chercheuse et avait commencé à analyser.

L’eau, qui semblait pouvoir sortir à l’infini, avait fini par s’arrêter avec les neuf dixièmes du réservoir plein.

« Hmm, » déclara Genia. « Il est impensable que ce soit tout ce qui est passé à côté après avoir été immergé dans la rivière pendant une demi-journée. Par conséquent, cela pourrait être limité en raison des capacités maximales du sac. Plus ou moins un hangar plein ? Normalement, s’il y avait autant d’eau à l’intérieur, je ne pourrais pas la soulever. Est-ce que cela signifie que le poids des choses à l’intérieur peut être ignoré ? »

Descendant de l’échelle, Genia avait spéculé avec sa main sur son menton.

« C’est incroyable de pouvoir ignorer le poids de tant d’eau..., » Mérula réfléchit. « Oh ! Regarde, Genia. Peux-tu voir les poissons qui nagent dans le réservoir ? »

« Hm ? ... Tu as raison. Ils nagent en étant pleins d’énergie, » répondit Genia.

« Sont-ils si énergiques parce qu’il ne s’est écoulé qu’une demi-journée ? Mais il n’y a pas de lumière à l’intérieur, n’est-ce pas ? Même s’il y avait de l’eau tout le temps, ils penseraient probablement que c’était la nuit et ils seraient plus léthargiques ».

« Les poissons à l’intérieur sont énergiques, hein... Il y a quelque chose à ce sujet qui attire mon attention. Si je me souviens bien, le roi a dit que la nourriture qui se trouve à l’intérieur ne pourrit pas facilement. Si c’est le cas..., » déclara Genia.

Les filles avaient échangé des arguments qui ne semblaient aller nulle part.

Pendant ce temps, deux hommes les observaient depuis la terrasse de la cabane en rondins construite à l’intérieur de l’atelier utilisant un donjon en ruine. L’un d’entre eux était le capitaine de la Garde royale, Ludwin Arcs, qui était le fiancé de Genia. L’autre était le protecteur de Mérula, Souji Lester, l’évêque corrompu envoyé de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.

Les deux hommes buvaient de la bière sur la terrasse tout en regardant les femmes faire leurs recherches. L’un affichait un sourire abasourdi et l’autre tenait sa tête.

« Cette Genia est redevenue imprudente. » Celui qui tenait sa tête était Ludwin. Aujourd’hui, comme tous les jours, le sérieux capitaine de la Garde Royale se faisait bardasser par son amie d’enfance Genia. « A-t-elle dit qu’elle a laissé un trésor national dans une rivière pendant une demi-journée ? À quoi pensait-elle ? S’il était perdu, le roi ferait plus qu’abolir la Maison de Maxwell ! »

« Ha ha ha ha ha ! » Souji avait ri d’une manière vraiment joyeuse tandis que Ludwin serrait sa tête. « Oh, où est le mal ? De toute façon, pendant ta génération, les Maisons d’Arcs et Maxwell fusionneront pour devenir la Maison de Maxwell-Arcs, n’est-ce pas ? »

« Arg, ce n’est pas le problème ! D’ailleurs, devriez-vous laisser Madame Mérula courir comme une folle, Sire Souji ? Vous êtes son protecteur, n’est-ce pas ? » demanda Ludwin.

« Même si tu m’appelles son protecteur, mon travail est juste d’être tranquille et d’éviter d’agir vis-à-vis des demandes que mon pays m’envoie, » avait répondu Souji. « Je la protégerai des demandes de mon pays pour l’arrêter, mais je ne me soucie pas assez pour ouvrir ma bouche à propos de quoi que ce soit d’autre. Même quand il s’agit d’autre chose que de la recherche, elle s’en sort mieux que moi de toute façon. »

En disant cela, Souji avait bu de sa bière. Normalement, on s’attendrait à ce qu’un homme de l’Église Orthodoxe Lunaire s’abstienne de tels désirs mondains, mais il était aussi pourri que jamais.

« Ouf..., » avait-il ajouté. « Quand il s’agit pour l’un de nous de gronder l’autre, c’est Mérula qui est la plus bruyante, tu sais ? C’est toujours, “Nettoie cette pièce”, ou, “Tu agis comme un cochon. Reprends-toi en main,”. »

« Non, je pense que Madame Mérula a raison... Elles sont toutes les deux chercheuses, mais la façon dont elle est soignée et ordonnée est comme l’opposé polaire de Genia, » répondit Ludwin.

« Tu serais peut-être étonné d’apprendre que tu aurais mieux fait de sortir avec Mérula, non ? » demanda Souji.

« De même, si nous vous jumelions avec Genia, je pense que vous seriez encore plus déluré qu’aujourd’hui, » répliqua Ludwin.

Imaginez les paires de Ludwin et Mérula, et Souji et Genia... Tous les deux avaient alors grimacé d’un sourire ironique. C’était parce que, même si les couples avaient des personnalités similaires, ils ne pensaient pas à ça comme quelque chose de bien.

« Après tout, il est difficile pour les choses de s’arranger quand les deux partenaires sont trop semblables », avait dit Souji.

« ... Est-ce comme ça que ça marche ? » demanda Ludwin.

Pendant que les deux avaient ce genre de conversation à cœur ouvert, Genia avait fait signe à Souji. « Hé, tu as une minute, vieux Souji ? »

« Hm ? Tu veux dire moi, la jeune Mlle Genia ? » demanda Souji.

« Ouais. Désolée, mais pourrais-tu venir ici un instant ? » demanda Genia.

« Bon sang, je suppose que je vais devoir…, » commença Souji.

Avec des pas légèrement instables à cause de l’alcool, Souji se dirigea vers l’endroit où se trouvaient Genia et Mérula.

Être appelé par son nom quand Genia expérimentait...

Ludwin avait eu un mauvais pressentiment à ce sujet, mais s’il avait empêché l’homme d’y aller, cela allait forcément être lui qui aurait mangé une balle perdue, alors il s’était tu et il avait simplement regardé Souji y aller.

Un peu avant que Genia n’appelle Souji.

« Je soupçonne que la raison pour laquelle la nourriture qui est mise dans le sac ne pourrit pas facilement, c’est que le temps qu’il faut à la nourriture pour pourrir est prolongé, » déclara Genia.

« Qu’entends-tu par là ? » demanda Mérula.

« Je pense que l’écoulement du temps à l’intérieur du sac est différent de l’écoulement du temps à l’extérieur du sac. Peut-être que la raison pour laquelle le poisson qui avait été à l’intérieur pendant une demi-journée était encore si énergique provient aussi du fait que l’écoulement du temps est différent. Alors, voilà l’idée, » expliqua Genia.

Genia avait sorti un sablier. Lorsqu’il avait été retourné, le sable qui remplissait la partie supérieure avait commencé à tomber vers le bas. Genia avait mis le sablier dans le sac dans cet état.

« Ce sablier est conçu de telle sorte qu’il faut cinq minutes pour que tout le sable atteigne le fond. On va attendre cinq minutes avec ça ainsi, » déclara Genia.

« ... je vois. Alors c’est donc ça, » répondit Mérula.

Cinq minutes plus tard.

Quand Genia avait sorti le sablier, le sable n’était pas encore complètement tombé. En plus, il y avait eu peu de changement dans la quantité de sable au sommet.

Genia avait porté sa main sur son menton et avait gémi. « Hrm... Je m’attendais à ce que le sable ne soit pas complètement tombé, mais si la quantité au sommet n’a pas sensiblement changé, est-ce que cela signifie que le temps est pratiquement gelé ? »

« Le temps s’est arrêté à l’intérieur de ce sac !? Est-ce possible ? » demanda l’elfe.

« Notre bon sens ne s’applique pas quand il s’agit de la façon dont les reliques de la surscience fonctionnent, ma chère Merumeru, » déclara Genia.

« Ne m’appelle pas comme ça... Mais comment savoir si le temps s’est arrêté à l’intérieur ou non ? » demanda Mérula.

« Hm... Il semble que nous soyons forcés d’utiliser notre dernier recours, » annonça Genia.

« D-Dernier recours ? » demanda Mérula.

Mérula avait dégluti pendant que Genia lui affichait un sourire indomptable.

« Il faut aller voir à l’intérieur avec un cobaye, » déclara Genia.

Et c’est pourquoi Souji avait été appelé ici.

Mérula avait jeté un regard froid sur Genia. « Donc tu ne vas pas entrer. »

« Je suis une observatrice, » expliqua Genia. « J’ai le devoir de laisser des traces de l’expérience. »

« Franchement... Est-ce que cela va vraiment bien se passer ? » demanda Mérula.

« Tu t’inquiètes pour le vieux ? » Genia sourit, et Mérula se retourna pour regarder ailleurs.

« Même si c’était lui, j’aurais du mal à dormir la nuit si quelque chose lui arrivait, » déclara Mérula.

« Tout ira bien, » dit Genia. « Tu as vu avec quelle énergie les poissons nageaient, n’est-ce pas ? »

« Ils ont peut-être l’air comme ça à la surface, mais il n’y a aucun moyen de savoir si les poissons sont vraiment bien comme ils ne parlent pas, » déclara Mérula.

Puis Souji était arrivé. « Tu m’as appelé, la jeune Mlle Genia ? »

« Heehee ! Je sais que c’est soudain, mais peux-tu nous aider un peu. »

« De l’aide ? ... Attends, euh !? » s’écria Souji.

Sans attendre sa réponse, Genia avait placé le sac du héros au-dessus de Souji.

Souji avait un physique terriblement musclé pour un homme d’Église, et normalement il n’aurait jamais pu entrer dans un sac comme ça, mais une fois qu’il avait été placé au-dessus de sa tête, il y était entré facilement. Il était complètement à l’intérieur en un rien de temps.

Mérula était sidérée par ce qui venait d’arriver soudainement. « Attends ! Est-ce vraiment bien !? »

« Pas de soucis, pas de soucis... Probablement, » répondit Genia.

« Comment ça ? probablement... ? » demanda l’elfe.

« Pour l’instant, attendons, » déclara Genia.

Était-ce environ dix minutes plus tard ?

Genia avait lentement sorti le corps de Souji du sac.

Lorsque Souji s’était envolé et avait atterri à plat sur ses fesses, Mérula s’était précipitée vers lui.

« Souji ! Vas-tu bien !? » demanda Mérula.

« Ohohoh... Quoi ? Qu’est-ce qui vient de se passer ? » demanda Souji.

« Il n’y a rien qui cloche chez toi, n’est-ce pas ? As-tu bien deux bras et deux jambes !? As-tu deux yeux, deux nez et deux oreilles ? » demanda Mérula.

« Non, ce serait bizarre si un humain avait deux nez. Attends, mais, hein ? » s’exclama Souji.

Quand Souji avait regardé autour de lui, Genia lui avait posé une question.

« Vieil homme Souji, tout à l’heure, je t’ai mis dans un sac. Combien de temps s’est écoulé d’après toi dans le sac ? »

« Le temps ? Je ne comptais pas, mais... tu me l’as retiré juste après, n’est-ce pas ? » demanda le curé.

« Non. Tu as été dans le sac pendant 20 secondes, » déclara Genia.

« Ne sois pas stupide. Il n’y a aucune chance que ce soit si long, » répliqua Souji.

« Hm... Aie ! » s’écria Genia.

Alors que Genia essayait de penser — boom — un poing était tombé sur sa tête.

Quand Genia se retourna, Ludwin se tenait là avec un sourire et une veine pulsante sur sa tempe. En réponse à ce regard menaçant, Genia avait réussi à forcer un sourire, alors que son visage se contractait.

« G-Grand Frère Luu ? Je ne peux pas dire que j’approuve la violence domestique, » déclara Genia.

« Toi, tais-toi ! Que penses-tu faire là à utiliser soudainement Sire Souji pour tes expériences !? » s’écria Ludwin.

« C’était pour l’avancement de la science…, » déclara Genia.

« Il y a des choses qu’il est normal de faire, et d’autres qui ne le sont pas ! Maintenant, écoute-moi bien là, tu…, » commença Ludwin.

Tandis que Ludwin commençait à faire la leçon à Genia, Mérula regardait le Sac du Héros qui avait été laissé par terre.

Souji avait remarqué ce qu’elle regardait et il lui avait parlé. « H-Hey... Mérula ? »

Même après qu’il l’eut appelée par son nom, les yeux de Mérula étaient toujours fixés sur le sac.

Souji se souvenait parfaitement de certaines choses. Mérula Merlin était un paquet de curiosité, et elle continuait à foncer de l’avant même lorsqu’elle était dans les pires situations. Par exemple, elle s’était glissée dans un lieu saint, l’église principale de l’Orthodoxie Lunaire, pour pouvoir poser les yeux sur le Lunalith, un monolithe sur les prophéties du dieu Lunaire Lunaria, qui était l’objet du culte en Orthodoxie Lunaire, et qui venait directement d’elle. C’est ainsi qu’elle avait été déclarée sorcière par l’Eglise Orthodoxe et s’était retrouvée en fuite.

Comme si elle s’était résolue à le faire, Mérula avait crié et s’était jetée la tête la première dans le sac.

« Mérula !? » cria Souji.

Puis Ludwin et Genia avaient également remarqué la situation.

« Madame Mérula !? » cria Ludwin.

« Merumeru ! » cria Genia.

Contrairement à Ludwin, qui se souciait vraiment de son bien-être, Genia s’était déplacée à côté de Mérula, qui avait les épaules dans le sac, puis avait sorti une montre de poche et l’avait appelée.

« Merumeru, entends-tu ma voix ? » demanda Genia.

« Oui. Je t’entends, » la réponse était venue de l’intérieur du sac. On aurait dit qu’elle allait bien.

« Merumeru, comment est-ce là-dedans ? Vois-tu quelque chose ? » demanda Genia.

« J’ai vu quelque chose de noir juste après mon insertion. Je ne sais pas comment le dire, mais c’était comme l’obscurité. J’ai fini par y enfoncer ma tête, mais maintenant je ne vois plus rien, » répondit Mérula.

« Ténèbres, hein... Peux-tu entendre ma voix sans délai ? » demanda Genia.

« Oui. Je t’entends. Dans ma situation actuelle, il semble que l’écoulement du temps n’est pas différent de l’extérieur, » déclara Mérula.

« Hm... Je me demande jusqu’où tu dois aller pour que l’écoulement du temps change. Vas-tu aller plus profondément ? » demanda Genia.

« Je vais essayer. Pourrais-je te demander de me tenir les chevilles, au cas où ? » demanda Mérula.

« J’ai compris. Je m’accrocherai bien à tes pieds, » déclara Genia.

Genia avait saisi Mérula par les chevilles alors qu’elle rampait lentement vers l’avant dans le sac. Même quand elle était à mi-chemin, Mérula semblait être capable d’entendre Genia correctement, sans aucun décalage dans le temps.

« Mérula, puis-je te demander de chanter quelque chose à partir de maintenant ? » avait demandé Genia.

« D’accord... La. La lu la la, » Mérula commença à chanter.

Une voix claire et joliment chantante était venue de l’intérieur du sac.

C’était une mélodie que personne ici ne connaissait, mais la chanson pourrait provenir de la patrie de Mérula, le Royaume des Esprits de Garlan. Tandis qu’ils pouvaient entendre ce chant, le corps de Mérula continuait d’avancer dans le sac. Puis, quand les pieds de Mérula et les mains de Genia étaient à l’intérieur du sac jusqu’à ses poignets, c’était arrivé.

Le chant de Mérula s’était arrêté.

« Mérula, m’entends-tu ? » Genia l’avait appelée, mais Mérula n’avait pas répondu.

Cependant, les mains de Genia saisissaient encore les chevilles de Mérula. Ainsi, Genia avait obtenu l’aide de Ludwin et Souji pour sortir Mérula du sac. Quand ils l’avaient fait...

« La la la la la. »

Dès qu’ils avaient commencé à tirer, ils avaient entendu Mérula chanter. Elle avait continué à chanter comme si rien ne s’était produit. Quand elle avait été retirée totalement, Mérula avait incliné la tête sur le côté en raison de sa confusion.

« Ce que j’ai ressenti, peu de temps après que j’ai commencé à chanter, c’est que tu m’as tout de suite sorti de là. Je n’avais même pas encore fini ma première chanson, » expliqua Mérula.

Quand elle avait entendu ce rapport de Mérula, Genia avait dit : « Hm... » et elle y avait réfléchi en long et en large. « Il semblerait que lorsqu’une “cible” est placée à l’intérieur du sac, le temps de cette cible est arrêté lorsqu’elle est complètement à l’intérieur. C’est pourquoi, quand les pieds de Mérula sortaient, et quand j’avais juste mes mains à l’intérieur, nous n’étions pas affectés. »

Après avoir dit ça, Genia avait fait claquer ses mains.

« Pour l’instant, résumons ce que nous avons appris dans un rapport. Les reliques de la surscience sont fascinantes. Je pense que même ce que nous avons appris aujourd’hui suffira à satisfaire le roi, » déclara Genia.

« Tu as raison. C’est un objet vraiment fascinant, » confirma Mérula.

Les femmes étaient ainsi parties écrire leur rapport le jour même, pleines d’énergie pour une raison inconnue.

En les regardant toutes les deux agirent ainsi, les hommes avaient soupiré.

« Hahh... On dirait que ça s’est terminé sans que rien tourne mal, » constata Ludwin.

« Hé, Ludwin, est-ce qu’on te fait subir ça tout le temps ? » demanda Souji, semblant inquiet, et Ludwin répondit avec un sourire sec.

« Oui... Mais maintenant, nous allons avoir un peu de silence pour un petit moment..., » commença Ludwin.

« Maintenant que j’y pense, Merumeru, » commenta Genia, « Tu vois, le roi m’a demandé d’enquêter sur la salle d’invocation. »

« Oh, cette pièce qu’ils utilisaient pour le rituel d’invocation qui a fait venir Sa Majesté depuis un autre monde ? Ça a l’air super intéressant, » répondit Mérula.

« « ... » »

Il semblait qu’un deuxième épisode de « Testons-le ! » avait déjà été annoncé.

Voyant l’inquiétude dans les yeux de Ludwin, Souji lui avait tapoté sur l’épaule.

☆☆☆

Épilogue 2 : Encore vers un autre pays

Après avoir formé nos contrats avec Naden et Ruby dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, nous étions retournés au royaume.

Comme je l’avais dit à Tomoe, le château était encore inondé de demandes en mariage, alors j’avais prévu de continuer mon voyage à l’étranger, mais nous avions des objets comme le Petit Susumu Mark V et le Petit Musashibo qui étaient encombrants et mal adaptés à notre voyage, alors nous étions revenus au château afin de les déposer.

Quand Naden la ryuu noire et Ruby le dragon rouge avaient atterri au château de Parnam, les gardes du château avaient commencé à paniquer. Même s’ils connaissaient déjà Naden, ils n’auraient pas pu prévoir que Ruby se joindrait à nous...

Maintenant que j’y pense, j’avais complètement oublié de le signaler.

Quoi qu’il en soit, j’étais descendu de Naden et je me dirigeais vers la gondole que Ruby avait transportée. Naden avait transporté la gondole sur le chemin, mais Naden allait être ma reine. Si elle l’avait portée et que la femme de Hal était arrivée les mains vides, cela se serait mal reflété sur Ruby, alors nous avions décidé que Ruby la porterait.

« Ruby, » déclara Naden. « J’espère que tu l’as portée sans trembler ? »

« Lâche-moi, Naden. Je l’ai très bien portée, » répliqua Ruby.

Naden et Ruby avaient commencé à se chamailler dès qu’elles étaient redevenues humaines.

Il était censé y avoir une relation hiérarchique entre elles maintenant, comme les femmes d’un roi et de l’un de ses vassaux, mais il semblait que ni l’une ni l’autre ne s’en souciait, et qu’elles s’amusaient à se lâcher des vannes. Ce genre de relation devrait sûrement être plus facile pour elles.

Puis la porte de la gondole s’était ouverte et Liscia était sortie. « Berk... ! »

« Liscia !? » Je m’étais exclamé.

Dès qu’elle avait touché terre, Liscia avait trébuché, alors je m’étais précipité pour la rattraper. Tout en ayant Liscia dans mes bras, je l’avais regardée et j’avais vu qu’elle avait l’air pâle et qu’elle se couvrait la bouche.

« Est-ce que ça va !? Qu’est-ce qui ne va pas ? » demandai-je.

« Désolée... Je suis un peu instable sur mes pieds... Est-ce le mal des transports ? » demanda-t-elle.

Le mal des transports dans la gondole... Était-ce ça ? En voyant Liscia comme ça, Naden avait blâmé Ruby.

« N’as-tu pas dit que tu l’avais transportée d’une manière douce ? » avait dit Naden.

« Je ne pensais pas qu’elle ait tant bougé, d’accord ? » déclara Ruby.

« Calmez-vous, s’il vous plaît, » déclara Aisha, en débarquant. « Je ne pense pas qu’elle ait été si secouée. »

Liscia avait faiblement ri, avant d’ajouter. « Je ne pense pas que ce soit la faute de Ruby », afin de la couvrir. « Je pense que la fatigue du long voyage m’a finalement atteint. J’ai dû échouer quand à la gestion de ma santé. »

« Vas-tu vraiment bien ? » avais-je demandé.

« Oui... Mais je vais me reposer dans ma chambre. Carla, veux-tu bien venir avec moi ? » demanda Liscia.

« D’accord. Tu peux compter sur moi, » déclara Carla.

« Veux-tu que je vienne avec toi ? » avais-je demandé.

« Souma, ne dois-tu pas faire un rapport à Hakuya sur ce qui s’est passé ? Tu dois aussi prendre des dispositions pour Naden et Ruby. Je vais bien ! Alors, va faire ton boulot, » répondit Liscia.

Argh... Quand elle l’avait dit comme ça, je n’avais rien pu lui répondre.

Finalement, tout ce que j’avais pu faire, c’était regarder Liscia partir pour sa chambre alors qu’elle s’appuyait sur l’épaule de Carla afin de se soutenir. Si j’agissais d’une manière indiquant que j’étais trop inquiet, elle se fâcherait probablement, alors j’avais décidé de me concentrer sur ce qu’il fallait faire pour l’instant.

« Maintenant que tout le monde est rassemblé..., » commençai-je.

Lorsque j’étais retourné au bureau des affaires gouvernementales, j’avais discuté des événements qui s’étaient produits avec Hakuya. Je m’étais aussi chargé des diverses procédures qui devaient être faites pour Naden et Ruby, et j’avais envoyé un ordre à l’institut de recherche concernant une enquête sur les reliques de la surscience. À la fin de tout ça, la date avait changé. Maintenant que le travail avait été fait, j’avais convoqué une fois de plus les membres de mon entourage ainsi que ceux qui avaient été avec moi pendant le voyage.

Dans la pièce se trouvaient les six personnes qui étaient revenues avec nous, Aisha, Naden, Carla, Halbert, Kaede et Ruby, en plus de trois autres, Hakuya, Juna et Roroa, qui étaient ceux qui avaient assuré la continuité. Liscia ne se sentait toujours pas bien, alors elle se reposait dans sa chambre.

« Est-ce toujours une bonne idée d’être loin du château ? » demandais-je en jetant un coup d’œil à Hakuya.

Il avait hoché la tête pour confirmer. « Oui... Le nombre de demandes en mariage qui arrivent au château n’a pas encore diminué. »

Je m’en doutais. Après tout, la situation à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon s’était déroulée si vite qu’il m’avait fallu moins de jours que ce à quoi je m’attendais. Non, avec tout ce qui s’était passé, je devrais être heureux qu’il se soit résolu si rapidement.

« ... Eh bien ! Comme c’est le cas, je pense que je vais aller en mission diplomatique dans un autre pays. La santé de Liscia m’inquiète, mais elle m’a demandé d’y aller, » dis-je.

J’avais en fait pensé à rester dans le château jusqu’à ce que Liscia se rétablisse complètement, mais elle avait dit : « Je ne veux pas que ma mauvaise santé t’empêche de profiter de cette importante occasion de visiter d’autres pays ». Elle avait fortement insisté sur le fait que « le contact avec d’autres cultures t’aidera à acquérir des connaissances. Alors je veux que tu ailles voir le monde. »

Si elle allait le dire comme ça, je n’avais pas d’autre choix que d’y aller.

« Tomoe attend dans ce village, alors je veux partir demain », avais-je dit. « Maintenant, en ce qui concerne notre prochaine destination... Je pense que j’aimerais aller en République de Turgis. »

La République de Turgis était une terre de froid glacial dans les régions les plus méridionales du continent. C’était un pays inaccessible, recouvert de neige et de glace pendant l’hiver, et le ciel y était perturbé par les courants d’air, ce qui empêchait les wyvernes d’y voler. Ils avaient une politique nationale d’expansionnisme vers le nord, et ils avaient récemment montré des signes d’un mouvement vers le nord pendant la guerre avec la Principauté d’Amidonia, n’est-ce pas ?

J’avais regardé chacun de mes compagnons, puis j’avais dit : « Je ne comprends pas vraiment les actions de ce pays. C’est un pays que je ne comprends pas très bien, alors j’aimerais voir comment les choses se passent pour moi. Que nous ayons à l’avenir des relations hostiles ou cordiales avec eux, je pense qu’en savoir plus sur ce pays me permettra de prendre des décisions plus appropriées ».

La bataille avec la Principauté d’Amidonia avait eu lieu parce qu’ils avaient déjà confirmé leur volonté de s’opposer à nous, de sorte que je n’avais pas eu la possibilité d’enquêter sur leur situation intérieure. On peut aussi dire que c’est pour cela que Roroa avait fini par me tomber dessus. Afin d’éviter que cela ne se produise la prochaine fois, je voulais faire une enquête approfondie à l’avance.

« La République de Turgis ? » demanda Naden.

« ... Ce n’est pas vraiment un endroit où je tiens à aller, » avait ajouté Ruby.

Elles avaient toutes les deux des regards négatifs.

Je savais que les wyvernes détestaient les endroits froids, mais il semblait que cela était aussi le cas pour les ryuus et les dragons.

C’était la mi-mai, et le Royaume s’était déjà réchauffé, mais apparemment, dans la République, la température n’avait augmenté que d’environ dix degrés Celsius. Ce climat serait rude pour Naden et Ruby.

« Après tout, c’est une terre froide. Je ne pense pas non plus que je serai d’une grande utilité en tant que garde du corps, » déclara Carla, qui, en tant que dragonewt, qui avait également eu du mal à faire face au froid.

Si elle portait des vêtements épais, elle pouvait venir, mais elle voulait apparemment dire que si cela la ralentissait, cela la rendait inutile, comme garde du corps.

Ne pas être en mesure de faire venir ces trois-là serait une énorme réduction de notre puissance de frappe globale, mais on ne pourrait pas éviter ça si leurs races les rendaient inadaptés à la tâche à accomplir. Si elles se forçaient à faire des choses auxquelles on ne peut raisonnablement s’attendre, et qu’elles ruinaient ainsi leur santé, cela me dérangerait. Je devrais les oublier pour cette fois.

« Naden, Ruby, Carla, s’il vous plaît, restez dans le royaume », avais-je dit. « Je vais demander à Liscia de se reposer et de récupérer cette fois aussi. Aisha, Hal et Kaede, j’aimerais que vous trois continuiez à être mes gardes du corps. Nous amènerons aussi Tomoe et Inugami. »

« Laisse-moi faire. » Aisha avait frappé son poing contre sa poitrine.

« Oui, monsieur. » Hal et Kaede avaient salué.

« Et toi aussi... Roroa, » déclarai-je.

« Hm ? Moi ? » Roroa avait un regard sans émotion.

« J’aimerais que tu viennes aussi. Je veux que tu examines les marchandises que nous pourrions échanger avec la république. Tu es propriétaire d’une entreprise, donc je suis sûr que tu es familier avec le commerce de marchandises. »

Le visage de Roroa s’était transformé en un sourire rayonnant. « Oh ! Ça ne te dérange pas que je vienne avec toi ? Yippee ! Mweheheheheh, laisse-moi m’en occuper, mon chéri. Je te trouverai de belles marchandises. » Elle s’était enroulée autour de mon bras.

En lui caressant le sommet de sa tête, je m’étais tourné vers Juna. « Si j’amène Roroa, je n’ai pas confiance dans la puissance de feu que nous avons sous la main. Alors, Juna... »

« Oui ? » demanda Juna.

« Juna, j’aimerais que tu viennes aussi. Peux-tu l’intégrer à ton emploi du temps ? » demandai-je.

En tant que Prima Lorelei, Juna était le visage du Joyau de Diffusion de la Voix. Elle était l’hôte du programme éducatif, et elle avait aussi besoin d’apparaître sur le programme de chant. C’est pour cette raison qu’il n’y avait pas de possibilités dans son emploi du temps, et la question était vraiment : « Est-il possible pour toi d’ajuster ton emploi du temps ? »

Juna m’avait fait un large sourire. « Hehe. C’est très bien. Ou plutôt, je vais faire en sorte que tout aille bien », déclara-t-elle finalement, en levant la main sur sa poitrine et en s’inclinant. « Si j’ai Komari et Siena dans le programme éducatif, cela ne devrait pas poser de problème. Les Loreleis plus jeunes grandissent, et je pense qu’elles devraient s’en sortir sans moi pendant un petit moment. »

« Le feront-elles bien ? Cela pose-t-il problème ? » demandai-je.

« Non, tout comme Roroa, je veux voyager avec vous, Sire. » Juna m’avait fait un clin d’œil taquin. Oui, elle était très charmante.

Pour l’instant, les membres du groupe avaient été choisis.

« Hakuya, pourrais-je vous demander d’essayer de faire une demande de pourparlers avec la République de Turgis ? » avais-je demandé. « J’ai l’intention d’aller incognito, mais il se peut que je doive demander une rencontre sur place. M’arrangeriez-vous les choses, d’accord ? »

« Compris. » Hakuya s’était incliné et avait accepté la tâche.

OK, tout était plus ou moins prêt.

« Alors, tout le monde », avais-je dit. « Devrions-nous partir dès maintenant ? »

Nous étions donc partis pour le pays gelé du sud, la République de Turgis.

 

 

 

Fin du tome 6.

☆☆☆

Illustrations

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Histoire courte en prime : Tomoe, qui maintient le fort

C’était arrivé à peu près au moment où Souma et les autres étaient dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, faisant face à la tempête.

Tomoe, qui avait été laissée dans une ville limitrophe de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria parce qu’il était trop dangereux de l’emmener, regardait vers la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon dans le nord-ouest et priait pour que tout aille bien.

« Grand Frère. Grande Sœur, » priait-elle. « Tout le monde... S’il vous plaît, revenez sain et sauf. »

Inugami, à qui l’on avait confié la tâche de la protéger, était inquiet. « Petite Sœur... »

Aujourd’hui, depuis qu’un grand nuage noir avait été aperçu au-dessus de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, Tomoe regardait par sa fenêtre vers la Montagne et priait pour la sécurité des autres. Prier était la seule chose qu’elle pouvait faire, alors elle le faisait de tout son cœur.

Incapable de supporter cette vue plus longtemps, Inugami avait essayé de lui remonter le moral.

« Ce n’est pas grave. Sa Majesté et la princesse sont accompagnées de Madame Aisha, de l’officier Halbert et de la jeune Mademoiselle Carla, les plus grands combattants de notre royaume. Si vous ajoutez à cela Mademoiselle Naden, le dragon, quoi qu’il arrive, je suis sûr que ces combattants seront capables de les protéger tous les deux. »

Inugami avait dit ça afin de l’encourager, mais Tomoe avait baissé les yeux.

« Je comprends cela. Oui, mais... Je m’inquiète. Je pense qu’Aisha donnerait sa vie pour Grand Frère, alors cela me fait craindre qu’elle ne soit blessée... »

Inugami avait gardé le silence.

Parce que Souma était parti et avait fait de tous ses gardes du corps des personnes dont ils étaient proches, Tomoe devait s’inquiéter de ce qui se passerait si l’un d’eux devait subir une blessure mettant sa vie en danger. Après tout, c’était plus facile d’imaginer le pire quand il s’agissait de quelqu’un qu’on connaissait.

Il serait facile de lui dire que tout va bien... mais même si c’était facile à dire, sans aucune raison de le dire, ce ne serait pas suffisant pour la rassurer. Il vaudrait mieux lui faire penser à autre chose.

Inugami posa une main sur l’épaule de Tomoe. « Ce n’est pas bon pour la santé de s’inquiéter autant. Plutôt que d’imaginer un avenir désagréable, pourquoi ne pas parler de ce que tu feras après cela ? Tu peux me parler. »

« Ce que je ferai après ça... ? » demanda Tomoe, en levant les yeux.

Tomoe s’était intéressée à la question, alors Inugami continua sur un ton jovial. « Oui. Sa Majesté a dit que ses voyages à l’étranger se poursuivraient. Il a dit très clairement qu’il t’emmènerait aussi. Selon toi, quel est le prochain pays que tu visiteras ? »

« Tu veux dire ailleurs qu’à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, non ? » demanda Tomoe.

Tomoe avait commencé à essayer de prédire le prochain pays. C’était bon signe.

« Nous avons de bonnes relations avec l’Empire, et ils sont trop loin, non ? Ce sera donc l’un des pays voisins..., » déclara Tomoe.

« Et bien, quels sont les voisins du Royaume de Friedonia ? » demanda Inugami.

« Nous en avons cinq. L’Union des nations orientales, la République de Turgis, l’État mercenaire de Zem, l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria et l’Union du dragon à neuf têtes à travers la mer, » répondit Tomoe.

Grâce aux leçons d’Hakuya, Tomoe était maintenant capable de prononcer ces noms si bien qu’il était difficile de la considérer comme une enfant.

« Lesquels de ces endroits te semblent être des endroits où tu n’irais pas ? » demanda Inugami.

« Je pense qu’en raison des problèmes liés à la traversée de la mer et du différend sur les droits de pêche, ce ne sera probablement pas l’Union du dragon à neuf têtes. C’est aussi dans la direction opposée de la ville où nous restons. À part cela, l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria vient d’essayer de faire de Grand Frère leur saint roi l’autre jour, alors je ne pense pas qu’il voudrait y aller, » répondit Tomoe.

« Je suis d’accord. » Inugami acquiesça de la tête. « De plus, l’Union des nations de l’Est est un ensemble de petits et moyens États, et les négociations pour que Sa Majesté puisse visiter chacun d’entre eux individuellement seraient difficiles. De plus, bon nombre des demandes en mariage qui ont inondé le château proviennent de ces pays, de sorte qu’il hésiterait probablement à leur rendre visite. »

« Dans ce cas... ce sera la République de Turgis ou l’État mercenaire de Zem ? » devina Tomoe.

Bien qu’il y ait eu des problèmes avec le Zem éternellement neutre pendant la guerre avec Amidonia, ils n’étaient pas ouvertement hostiles. Quant à la République, il n’était pas tout à fait clair si elle était hostile ou non.

Tomoe demanda : « Connaissais-tu Zem et la république, Monsieur Inugami ? »

« Parce que la république est un pays fermé, je sais que leurs cinq grandes races contrôlent le pays par le biais d’un conseil, mais... c’est à peu près tout. Cependant, quand il s’agit de Zem, j’ai entendu des choses de la part des mercenaires, » répondit-il.

Bien qu’il ait été résilié après que Souma se soit vu confier le trône, le royaume d’Elfrieden avait auparavant eu un contrat de mercenaire avec Zem. C’est pourquoi les mercenaires Zemish étaient dans le royaume.

« Il semble qu’il s’agisse d’une méritocratie... ou plutôt, il semble que la force fasse la loi, » déclara-t-il.

« L-La force ? » Tomoe bégayait.

« Oui. Il semble que même le droit de régner peut être revendiqué par des prouesses martiales. Une fois par an, le pays se réunit pour organiser un grand tournoi d’arts martiaux, et ils font tout leur possible pour accorder un souhait au vainqueur. Si le vainqueur veut être roi, il aura le droit de défier le roi actuel, et s’il sort victorieux, il deviendra lui-même roi. C’est pourquoi le roi de Zem est toujours le guerrier le plus puissant du pays, » répondit-il.

« Euh, est-ce que ça marche pour le pays ? Je parle du fait d’avoir quelqu’un comme roi juste parce qu’il est fort..., » demanda Tomoe.

« La bureaucratie qui s’occupe des affaires intérieures est indépendante du roi, donc tout va probablement bien, » répondit-il. « Le roi prend la responsabilité des affaires militaires, donc même si les talents du roi sont entièrement de nature martiale, il devrait être capable de se débrouiller en tant que roi. Il semble que les citoyens trouvent cela rassurant, eux aussi. Parce qu’ils revendiquent la neutralité, leur pays n’attaquera pas d’autres pays, et s’ils sont eux-mêmes attaqués, ils auront le roi le plus fort possible pour les défendre. Je suppose que c’est une sorte de charisme. »

« Wôw... Il y a bien des façons de diriger un pays. » Tomoe poussa un soupir impressionné et sourit. « Il y a tant de pays différents dans le monde. Serait-ce ce que mon maître (Hakuya) voulait dire quand il m’a dit d’élargir mes horizons ? »

« Peut-être, » répondit-il.

« Je veux en savoir plus sur tous les autres pays. En en apprenant davantage sur tout, je pense que je peux apprendre à aimer encore plus ce pays que Grand Frère et les autres gouvernent, » déclara Tomoe.

« Hehe... Je t’accompagne où tu veux, petite sœur, » déclara Inugami.

Après ça, Inugami tapota Tomoe sur la tête, et...

« Ah ! Pardonne-moi ! » s’exclama Inugami.

Il se hâta de retirer sa main. Voyant Tomoe si enthousiaste, il lui avait tapoté la tête malgré lui, mais ce n’était clairement pas convenable pour lui de faire ça à la sœur adoptive de son souverain.

Tomoe avait un regard sans émotion au départ, mais elle secoua rapidement la tête quand elle vit Inugami s’incliner devant elle. « Oh, non ! Ne t’en fais pas pour ça ! Ça ne me dérangeait pas du tout ! »

« Mais..., » déclara Inugami.

« Hum... Ça me rappelle un peu papa. Ça me rappelle de bons souvenirs, » déclara Tomoe.

Le père de Tomoe était décédé peu après la naissance de son petit frère. C’est pourquoi Inugami, qui était d’une race similaire, lui faisait penser à lui.

Tomoe avait pris la main d’Inugami. « Alors... Je veux que tu continues à m’apprendre, à me féliciter et à me tapoter la tête. »

« Petite Sœur... compris, » répondit-il.

Quand Tomoe le lui avait demandé avec les yeux levés, Inugami n’avait pas pu la rejeter.

Entre parenthèses, Inugami n’était pas le seul membre des Chats Noirs présent, et ses coéquipiers n’avaient pas cessé d’évoquer l’expression indescriptible qu’il avait faite à ce propos autour d’un verre pendant un bon moment.

☆☆☆

Histoire courte en prime : Naden et la Capitale Royale

Je m’appelle Naden Delal.

Je suis une ryuu noire de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et l’autre jour, j’ai formé un contrat de chevalier dragon avec le roi Souma de Friedonia, puis je suis venue dans ce pays pour devenir son épouse.

Même si c’est un contrat de chevalier dragon, Souma est un roi, et je suis une ryuu, donc nous sommes une sorte d’exception à la norme.

Et maintenant, le soir de notre retour au château de Parnam, Souma m’avait appelée au bureau des affaires gouvernementales.

« Salut, Naden, ils t’ont appris à te comporter comme une vraie dame à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, non ? » demanda Souma.

« Tout à fait, » avais-je dit. « Lady Tiamat m’a appris tout ce que j’avais besoin de savoir pour être prête à devenir l’épouse d’un chevalier. »

« À en juger par ta maîtrise de la danse, le niveau d’éducation à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon semble élevé. Je ne pense pas que tu aies besoin de nouvelles leçons pour devenir reine, » déclara Souma.

Selon Souma, contrairement à une reine primaire, une reine secondaire avait renoncé au droit que ses enfants héritent du trône en échange de ne pas être soumise à toutes les règles strictes de l’étiquette. Si elle soutenait toujours les reines primaires en public, et maintenait un certain niveau de base de l’étiquette, c’était apparemment assez.

Parce qu’une femme pouvait devenir reine secondaire quel que soit son statut social, et parce que, tant qu’elle signalait où elle allait, elle pouvait se rendre dans la ville du château avec une relative liberté, de nombreuses femmes aspiraient à devenir reines secondaires.

Souma se gratta la joue en disant : « Eh bien, même si tu seras une reine secondaire, tu es toujours une personne de la famille royale, donc normalement tu as besoin d’un garde quand tu vas dehors, mais... Je doute qu’il y ait beaucoup de choses qui présentent un risque pour un ryuu. Si tu prends la forme d’une ryuu, personne ne peut lever la main sur toi, et si cela devient vraiment risqué, tu peux t’envoler. »

« Je pense que tu as raison, mais... où veux-tu en venir ? » Je ne savais pas pourquoi il se montrait si détourné à ce sujet.

Souma avait souri avec ironie et m’avait dit : « Je vais bientôt me rendre en République de Turgis, mais tu ne peux pas venir avec nous parce qu’il fait si froid là-bas, hein, Naden ? Donc, pendant mon absence, ton emploi du temps sera vide. »

Il avait raison — les ryuus, les dragons et les dragonewts ne résistaient pas bien au froid. Si j’insistais contre mon meilleur jugement pour l’accompagner dans un pays de froid glacial comme Turgis, cela pourrait ruiner ma santé et causer des problèmes à Souma. C’est pourquoi je ne pouvais pas accompagner Souma dans son voyage en République de Turgis. Cela m’avait frustrée de ne pas pouvoir l’aider.

« Ne fais pas cette tête. » Souma se leva de sa chaise et me tapota la tête. « J’ai une requête pour toi. C’est quelque chose que toi seul peux gérer. Une fois que nous reviendrons de la république, je veux te rencontrer à ce sujet. »

« Souma..., » murmurai-je.

« C’est pourquoi, eh bien, je voulais te dire qu’il serait bon que tu fasses le tour de la capitale à ta guise d’ici là. La sécurité à l’intérieur de la capitale est bonne, après tout. J’aime la façon dont tu es libre et sans inhibition. Je ne veux pas t’attacher au château. » Souma avait souri. « Tu peux faire le tour de la ville du château en toute liberté. C’est ce que je voulais te dire. »

« Souma... Euh, merci, » déclarai-je.

Souma pensait à mes désirs. J’en étais reconnaissante.

« Haha..., » déclara-t-il en riant. « Oh ! Et aussi, prends soin de Liscia pour moi. »

« Oui, elle avait l’air un peu mal en point, » déclarai-je.

Elle avait dit que c’était l’épuisement qui la rattrapait, mais j’étais un peu inquiète.

« Bien reçu. Je m’occuperai de Liscia. » Je m’étais frappé la poitrine d’une main, alors que je le lui avais promis.

***

« Même s’il me dit que je peux aller et venir librement... »

Quelques jours après le départ de Souma et des autres pour la République de Turgis, j’étais descendue dans la ville du château.

Quant à Liscia, qui ne se sentait pas bien, elle ne s’était peut-être pas encore complètement rétablie, mais elle s’était stabilisée. Elle n’avait pas de fièvre et avait de l’appétit. Mais, pour reprendre des forces, elle prendrait son temps et laisserait son corps se détendre pendant un certain temps. Il y aurait un bon médecin qui viendrait la voir demain, donc je n’avais rien à faire.

Dans ce cas, j’allais quitter le château, mais je n’avais aucune idée de ce que je devais faire. C’était un pays que je ne connaissais pas, après tout. Je pouvais voir le château de n’importe où en ville, donc il n’y avait aucun risque que je me perde, mais où allais-je aller ? Pendant que je pensais ça...

« Hm ? »

Soudain, j’avais senti une traction sur ma jupe, et quand j’avais regardé en bas, il y avait une petite fille qui ne montait que jusqu’à ma taille, pleurant et s’accrochant à l’ourlet de ma jupe.

« Euh, qui es-tu ? Non, qu’est-ce qui ne va pas ? » lui demandai-je.

« Je suis venue ici... avec mon amie, mais... Je ne connais pas le chemin pour retourner chez moi..., » la petite fille me l’avait dit avec des sanglots.

Elle était perdue, hein ?

Je m’étais accroupie pour me mettre au même niveau qu’elle, en tapotant la fille sur la tête. « Euh... Tu es venu avec ton amie, non ? Où allais-tu comme ça ? »

« La... la place... avec la fontaine..., » répondit-elle.

Une place avec une fontaine, hein. Je m’étais souvenue avoir vu ça dans les airs. Peut-être qu’au lieu de la donner aux gardes, ce serait plus rapide pour moi de l’y emmener moi-même. J’avais pris la petite fille dans mes bras.

« Hein ? » s’exclama la fillette.

« Ce n’est pas grave. Je vais t’y emmener, » lui déclarai-je.

J’avais sauté puis j’avais fait un coup de pied contre un mur et j’avais atterri sur l’un des toits orange. Même sous ma forme humaine, je pourrais faire ça. Je me dirigeais le long des toits vers la place de la fontaine.

« T-Tu es si rapide..., » la petite fille que je portais avait cligné des yeux en raison de la surprise. « Mais être porté comme ça... c’est un peu effrayant. Peux-tu me faire faire monter sur ton dos à la place... ? »

« Je ne peux pas faire ça, » répondis-je.

« Pourquoi ça ? » me demanda-t-elle.

« Parce que le seul que je peux laisser monter sur mon dos, c’est mon mari, » dis-je en taquinant.

La petite fille m’avait fait un regard sans émotion.

Une fois que j’avais amené la fille sur la place de la fontaine où se trouvait son amie, j’avais fini par jouer avec elles aussi, et j’étais couverte de boue quand j’étais rentrée au château.

Quand elle l’avait su, j’avais été convoquée par Liscia, qui m’avait fait un long discours.

« Naden... tu t’es trop amusée, » m’avait-elle grondée.

« Je le sais..., » déclarai-je.

Cela faisait peut-être quinze minutes qu’on m’avait fait m’asseoir devant le lit où était assise Liscia.

« Il faut faire plus attention à la façon dont les gens te voient, même si tu es une reine secondaire, tu dois montrer une certaine compréhension de ta position et, franchement, si une femme se retrouve couverte de boue comme ça... ? »  Il me semblait, d’après la réprimande que j’avais eue, qu’elle soit en bonne santé.

« Naden, » déclara Liscia en me regardant droit dans les yeux.

Est-ce qu’il y avait encore plus ? Je m’étais tendue, je m’y attendais, mais Liscia m’avait fait un sourire.

« Aimes-tu ce pays ? » me demanda-t-elle.

Je lui avais souri et lui avais donné une réponse ferme. « Ouais ! »

☆☆☆

Histoire courte en prime : Poncho devient gouverneur

C’était arrivé juste avant le départ de Souma pour la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Ce jour-là, Souma convoqua le ministre de l’Agriculture et des Forêts du Royaume de Friedonia, Poncho, au bureau des affaires gouvernementales.

Quand Poncho était entré dans la pièce, Souma était assis dans sa chaise, et pour une raison inconnue, la servante en chef Serina était debout dans le coin de la pièce.

La présence de Serina, qui se tenait là avec un regard calme, semblait attirer son attention, mais Poncho s’adressa d’abord au roi provisoire.

« J-Je suis venu sur votre ordre, » déclara-t-il.

« C’est bon de vous avoir ici, » répondit Souma. « J’ai un travail pour vous. »

« Un travail, pour moi ? » demanda Poncho.

Souma avait déroulé une carte du pays sur le bureau. « Vous savez que nous avons construit la nouvelle ville, Venetinova, comme un point clé pour la distribution des marchandises, non ? Compte tenu de l’importance de la ville, j’ai décidé qu’au lieu d’un magistrat, je créerais un nouveau poste de “gouverneur” et que cette personne serait chargée de gérer la ville. Je compte le confier à Weist, qui s’est distingué pendant la guerre, mais il semble qu’il soit préoccupé par les procédures de changement de domaine. C’est pourquoi, pour l’instant, j’ai besoin de quelqu’un d’autre pour le remplacer au poste de gouverneur. Je veux que vous fassiez le boulot, Poncho. »

« Moi, gérer une ville si importante !? » demanda Poncho.

« C’est parce que c’est une ville importante. Cela, et aussi parce que la ville a accueilli un grand nombre d’anciens réfugiés en tant que citoyens. Si je faisais l’erreur de le laisser à un noble fier, il y a le risque que cela cause des frictions inutiles. Je veux quelqu’un avec une personnalité douce, et qui a le soutien de la population. »

« M-Mais... Je manque d’expérience..., » Poncho avait l’air incertain.

Mais Souma avait souri avec ironie et lui fit un signe d’approbation. « Tout devrait bien se passer. J’ai demandé à Serina d’être votre assistante. En outre, Komain, qui était auparavant la chef adjointe des réfugiés, se trouve également à Venetinova. Vous la connaissez, n’est-ce pas ? »

« O-Oui... Oui. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois pendant que je distribuais de la nourriture..., » déclara Poncho.

Komain était la jeune femme qui avait été l’assistante du chef du camp de réfugiés, et c’est elle qui avait réuni les anciens réfugiés qui avaient choisi de rejeter leurs terres pour devenir citoyens du royaume. Sa personnalité n’avait jamais été timide, même quand il s’agissait d’hommes, ce qui la rendait populaire. Avec son aide, les citoyens accepteraient facilement Poncho.

« Vous pouvez les consulter toutes les deux pendant que vous travaillez, » déclara Souma. « Je compte sur vous. »

Maintenant que le roi provisoire lui avait dit cela, Poncho était incapable de dire qu’il ne voulait pas le faire. « D-D’accord. Je comprends. Je compterai aussi sur votre soutien, Madame Serina. »

« Si c’est l’ordre de mon maître, il semblerait que je n’ai pas le choix, » déclara Serina avec un regard calme, puis s’inclina. « Je vous soutiendrai au mieux de mes capacités. »

Le fait est que lorsque Souma avait dit à Serina : « Je veux que vous alliez à Venetinova comme assistante de Poncho, » elle avait immédiatement accepté. Il semblait qu’elle ne voulait pas être incapable de manger la nourriture de Poncho pendant qu’il était loin du château. Sachant cela, Souma ne pouvait que sourire avec ironie.

« Eh bien, faites de votre mieux. Oh ! Et aussi, je pense que toutes les demandes en mariage qui ont été présentées au château pour vous commenceront à aller dans cette ville, alors bonne chance pour trier tout cela, » déclara Souma.

« Venir vers moi ? » La mention soudaine de demande en mariage avait fait que Poncho avait les yeux écarquillés et la voix de Poncho était très drôle. « Il y a eu des propositions pour moi ? »

« Tout à fait. Et, vous savez, l’une des raisons de mon voyage à l’étranger est de fournir une excuse pour refuser toutes les demandes de rencontrer de jeunes femmes en vue d’un mariage qui ont inondé le château, non ? Eh bien, nous avons eu un certain nombre de demandes du même genre pour vous. Pour le bien du château, j’aimerais aussi que vous alliez ailleurs, » déclara Souma.

« A-Alors, la raison pour laquelle j’ai été choisi pour être magistrat de Venetinova était aussi..., » déclara Poncho.

« Cela en fait partie aussi. Je vous ai donné Serina comme assistante, alors faites de votre mieux, » déclara Souma.

Ayant appris cela, tout ce que Poncho pouvait faire, c’était de rester là, en état de choc.

Quelques jours plus tard, dans le bureau du gouverneur à Venetinova...

« Maintenant, je vais faire une liste des réfugiés qui nous ont rejoints, » déclara Komain.

« S’il vous plaît, faites ça, » déclara Poncho.

Poncho regarda la jeune fille qui avait été l’assistante du chef des réfugiés quitter la pièce, les papiers à la main. C’était la dernière chose dont il avait besoin pour donner son approbation en tant que gouverneur aujourd’hui.

« Vos tâches gouvernementales pour la journée sont terminées, mais il y a encore des choses à faire, » déclara son assistante, Serina.

Poncho, qui comprenait ce que Serina voulait dire, demanda avec hésitation : « ... Alors, combien y en aura-t-il aujourd’hui ? »

« Cinq personnes. Un nombre relativement faible, » déclara clairement Serina, causant l’affaissement des épaules de Poncho.

Chaque fois que ses fonctions étaient terminées, il était temps de rencontrer d’éventuelles candidates au mariage. Les filles de nobles et de puissants marchands qui voulaient l’épouser étaient apparemment déjà dans la salle d’attente. C’était une journée de travail normale, alors il n’en avait que cinq, mais pendant ses jours de congé, il était submergé par tant de candidates qu’elles avaient dû faire la queue.

C’était Poncho, l’homme vénéré comme le Seigneur Ishizuka le Dieu de la nourriture, par les autres. Il était si populaire qu’il ne pouvait même pas se reposer pendant ses jours de congé. S’il épousait déjà l’une d’elles, les choses se calmeraient peut-être un peu, mais malheureusement, même avec toutes ces offres, aucune ne s’était concrétisée.

« Je suis désolé de vous faire subir ça aussi, Madame Serina, » dit-il.

« C’est un ordre de mon maître, alors ne vous en faites pas. »

Serina accompagnait Poncho à toutes ces réunions de mariage. C’était parce que Souma lui avait demandé de le surveiller de près et de s’assurer que Poncho ne tombe pas amoureux d’une femme ou d’une maison qui avait des arrière-pensées.

Serina avait l’air calme quand elle parlait, et Poncho lui en était très reconnaissant.

« Je vous suis vraiment reconnaissant, Madame Serina, » déclara Poncho.

« Parler ne coûte rien, » Serina s’était détournée, puis avait jeté un coup d’œil de côté vers Poncho. « J’aimerais vous voir montrer votre sincérité. »

« Je comprends, d’accord, » avec un sourire ironique, Poncho avait sorti quelque chose de son tiroir de bureau. Quand il avait posé ce long truc noir sur son bureau, Serina l’avait regardé attentivement.

« Est-ce que c’est... des algues, peut-être ? » demanda Serina.

« C’est une ville balnéaire, après tout. J’ai réussi à acquérir du kombu de bonne qualité. Ce soir, j’utiliserai le bouillon et les œufs pour faire le plat appelé “chawanmushi” que Sa Majesté m’a appris, » déclara Poncho.

« Chawanmushi... Quel genre de plat ça pourrait être ? » Son ton était plat, mais il y avait une étincelle dans les yeux de Serina, et il était clair qu’elle était intriguée.

« C’est doux comme du pudding, mais il a un goût aussi profond que la mer, m’a-t-on dit, » déclara Poncho.

« Ooh... Finissons vite ces réunions, Sire Poncho, » déclara Serina.

Serina avait alors pris le bras de Poncho avec un regard envoûté sur son visage. Avec Serina, dont la tête était sans doute pleine de chawanmushi, le brusquant, Poncho quitta le bureau avec un sourire tendu.

Soit dit en passant, comme Serina commençait à s’énerver, la barre était sur le point d’être placée plus haut pour les rencontres de Poncho avec d’éventuelles partenaires, mais... c’est une autre histoire pour une autre fois.

(À suivre dans le tome 7.)

☆☆☆

Histoire courte en prime : Réponses à la demande de Juna et Roroa

Cela s’était passé lors de la nuit où j’étais revenu temporairement de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon au Royaume de Friedonia pour consulter les autres sur l’opportunité de former un contrat de chevalier dragon, qui était essentiellement un mariage, avec Naden.

Quand j’avais présenté Naden à Liscia, Juna et Roroa, celles qui étaient restées dans le royaume, Liscia avait emmené Naden (pour une raison inconnue, elle avait dit qu’elles allaient prendre un bain ensemble), et je m’étais retrouvé hors de là avec Roroa et Juna tenant chacune un bras, et traîné dans la chambre de Roroa.

La chambre de Roroa était remplie de petites choses féminines.

Elles m’avaient fait m’asseoir sur une chaise dans cette pièce, et Roroa s’était assise en face de moi à une petite table. Juna affichait un large sourire quand elle se tenait aux côtés de Roroa.

Qu-Qu’est-ce que c’est que ça... ? La façon dont les choses avaient été organisées me donnait l’impression d’être arrivé dans une salle d’interrogatoire ?

« Allez, mon chéri. Laisse tout sortir, » Roroa avait croisé les mains devant sa bouche en disant ça.

« Laisser sortir... quoi exactement ? » avais-je demandé avec hésitation.

« Je dois tout savoir sur Naden, évidemment. Ça ne fait qu’un demi-mois que tu es parti pour la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, tu sais. Qu’est-ce qui l’a rendue si amoureuse de toi en si peu de temps ? » demanda Roroa.

« Cela a aussi attiré mon attention. Oh, prends un peu de thé, » déclara Juna, en m’offrant une tasse de thé noir qu’elle avait préparé à un moment donné. « J’ai senti qu’elle avait un fort désir d’être mariée avec toi. Vous ne vous êtes rencontrés que récemment, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui a rendu cette période si enrichissante ? »

« Enrichissante ? Je faisais juste des trucs normaux, alors franchement..., » commençai-je.

« « Dis-nous en plus. » »

« D-D’accord... »

Les deux femmes m’avaient poussé à continuer, alors j’avais abandonné et je leur avais parlé de Naden.

Naden était la seule ryuu dans le pays des dragons, et elle semblait isolée parce qu’elle avait l’air différente de ceux qui l’entouraient.

J’avais parlé de comment j’avais su ce qu’étaient les ryuus, et quand j’avais dit à Naden qu’elle en était une, elle avait l’air d’avoir vu disparaître un grand poids de ses épaules.

J’avais aussi parlé de comment nous avions regardé un Joyau de Diffusion de la Voix de fabrication impériale dans sa chambre, lu des romans d’amour et avions paressé.

J’avais aussi indiqué la manière dont j’étais intervenu quand un dragon rouge appelé Ruby s’était battu avec elle.

J’avais également parlé du fait que je lui avais appris à voler...

Et ainsi de suite. Elles m’avaient posé des questions et avaient noté chaque petit détail du temps que j’avais passé avec elle.

Après avoir entendu tout ce que j’avais à dire, les joues de Roroa étaient rouge vif. « N’est-ce pas une charmante rencontre ? Chéri, tu es un prince sur un cheval blanc. »

« Mais je ne montais pas sur un cheval blanc, » déclarai-je. « Un dragon m’a porté à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon dans sa bouche. »

« On s’en fout que tu en montes un ou non ! Tu t’es présenté devant une jeune fille en détresse et tu as réglé ses problèmes rapidement. C’est plus que ce que n’importe quelle fille peut demander ! » déclara Roroa.

Attends, Roroa n’était-elle pas l’une de celle qui avait dit que c’était une réunion arrangée ? Mais c’était vrai qu’on avait l’impression de danser dans la paume de la main de Mère Dragon.

« Je suis d’accord avec Roroa, » déclara Juna.

Même toi, Juna ?

« En entendant ton histoire, j’ai eu l’impression de comprendre comment tu es devenu une personne spéciale pour Naden. Je dirais que tu es déjà une personne dont elle ne peut se passer. C’est pour ça qu’elle veut tant être avec toi, » déclara Juna.

« Tout était dramatique, jusqu’à la façon dont tu l’as rencontrée. » Roroa acquiesçait de la tête.

Mais non. « Si on parlait de la façon dont on s’est rencontrés, la façon dont je vous ai rencontrés n’était-elle pas assez dramatique ? » Je leur avais demandé ça. « Juna, tu étais une espionne envoyée par Excel, et Roroa, tu es venue me voir avec ton pays dans les bras, non ? Tu es même venue enveloppée dans un tapis, et tu m’as surpris avec un dun -da-da-da-dun. »

« Je l’ai réalisée de mes propres mains. Je suis jalouse de Nadie, qui a eu une rencontre dramatique sans avoir à faire autre chose qu’être elle-même, » déclara Roroa.

« C’est exact, » dit Juna. « Le fait de te rencontrer en tant qu’espionne laisse une mauvaise impression, alors... »

Roroa se leva de sa chaise et se retourna pour me regarder depuis ailleurs, tandis que Juna semblait un peu déprimée. Leurs réactions individuelles... étaient vraiment mignonnes, d’une certaine façon.

Je m’étais levé de ma chaise et je les avais étreintes toutes les deux ensemble. « Sans vous deux, je suis sûr que je ne serais pas là pour faire tout ça. Juna, tu m’as apporté mes liens avec Excel. Roroa, tu as apaisé le cœur du peuple de la principauté. Bien sûr, la même chose vaut pour mes rencontres avec Liscia et Aisha. Peu importe comment nous nous sommes rencontrés, si l’une d’entre vous avait disparu, je n’aurais pas pu faire un cadeau aussi beau que celui que nous avons maintenant. »

« Sire... »

« Chéri... »

J’avais fait un grand sourire à Roroa et Juna. « C’est grâce à vous toutes que j’arrive à m’en sortir en tant que roi. Je suis reconnaissant. »

« Hee hee ! Tu es trop gentil, » gloussa Juna.

« Ha ha ha ha ha ! Si tu veux dire ça, je ne vais certainement pas me plaindre, » déclara Roroa.

Elles avaient souri toutes les deux. Pendant que je me sentais soulagé...

« Mais quand même, chéri. Je pense que tu devrais montrer un peu plus d’appréciation, » déclara Roroa.

Hein ? Le montrer ?

Roroa m’avait attrapé le bras et avait commencé à le balancer. « Alors, comme c’est le cas, mon chéri dort dans mon lit aujourd’hui. »

« Ro-Roroa !? » Les yeux de Juna s’étaient ouverts en grand.

« Comment cela se fait-il !? » m’étais-je exclamé.

« Je ne peux pas te laisser aller trop loin avec moi à cause de toute l’affaire de la succession, mais si tu gardes tes mains pour toi, tout devrait bien se passer, non ? J’ai entendu dire que tu as déjà couché à côté de Grande Soeur Cia et Grande Soeur Ai, alors pourquoi ne pas coucher avec moi et Juna, aussi ? »

« Oh, si c’est tout... Je vais chercher les oreillers. » Juna, apparemment satisfaite de cette explication, quitta la pièce.

Hein ? Était-ce déjà décidé ?

« Ha ha ha ha ha ! Je vais faire de beaux rêves ce soir, » ricana Roroa.

« ... OK, j’ai compris, » avais-je dit.

Et donc, ce jour-là, nous avions dormi ensemble tous les trois.

Roroa était plus collante que nécessaire, et l’odeur merveilleuse de Juna me faisait sentir un peu étourdi, mais je me sentais fatigué de tous ses événements, alors je m’étais rapidement endormi.

Quant à ce dont j’avais rêvé... c’est embarrassant, alors je préfère ne pas le dire.

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Histoire courte en prime : Ruby se rend à la maison de la famille de Hal

Je suis Ruby, une dragonne qui a formé un contrat de chevalier dragon avec Halbert, un officier du Royaume de Friedonia.

Il est inhabituel qu’un dragon de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon se marie dans un pays autre que le Royaume des Chevaliers Dragons de Nothung, mais quand il s’agit d’une exception, cette fille noire qui avait épousé le roi me battait facilement.

Et aujourd’hui, j’étais allée dans la maison de la famille de Hal, la Maison de Magna, mais...

« Espèce d’idiot ! » cria un homme.

« Gwah! »

Dès que la porte du manoir s’était ouvert, Hal avait soudain été envoyé dans un vol plané. Devant moi, le poing tendu, il y avait un vieil homme élégant qui ressemblait beaucoup à Hal. Le vieil homme possédait une barbe rouge et son corps musclé le faisait passer pour un guerrier expérimenté.

« Oh, qu’est-ce que tu crois faire, sorti de nulle part, Papa ? » cria Hal en se frottant la joue.

Est-ce que cela signifiait que le monsieur âgé était le père d’Hal ?

Le père de Hal... dont on m’a dit plus tard qu’il s’appelait Glaive... avait pointé son poing fermé vers Hal en disant : « J’ai entendu les rapports. Je parle de tout ce que tu as fait à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Je reconnais que c’était une période de crise, et même que tu as joué un rôle essentiel pour résoudre le problème là-bas. Cela dit, ne te sens-tu pas mal pour ce que tu as fait à Kaede ? Vous étiez fiancés et vous deviez vous marier ! Il en va de même pour cette fille. Tes actions irréfléchies ont décidé de son avenir ! »

« Guh... »

Hal s’était levé d’une manière instable, mais il devait avoir quelque chose en tête, parce qu’il n’avait rien dit en retour. C’était terrible de voir Hal réprimandé pour avoir passé un contrat avec moi.

« Arrêtez ça ! C’est moi qui avais tort ! » Je m’étais interposée entre eux. « Je leur ai imposé ça parce que je voulais pouvoir faire quelque chose. Hal et Kaede l’ont simplement accepté ! Alors, s’il vous plaît, punissez-moi à la place ! »

Quand je lui avais parlé comme ça, Glaive avait cligné des yeux. C’était comme s’il avait été surpris par quelque chose qu’il ne s’attendait pas à voir arriver.

Hein ? Pourquoi est-ce qu’il a cette réaction ? N’était-il pas contrarié qu’on forme un contrat ?

Il y avait eu un silence gênant, et puis...

« D’accord, d’accord. Toi, viens par ici, » déclara Glaive à son fils.

Il y a eu une traction soudaine sur mon bras, m’éloignant d’entre les deux. Quand je m’étais retournée, il y avait une dame avec un doux regard qui me regardait. La dame avait lâché mon bras, puis avait posé son index sur mes lèvres.

« Il ne faut pas se mettre en travers de leur chemin. C’est ainsi que ces deux-là communiquent en tant que père et fils, » déclara-t-elle.

« C-Communiquer ? » J’avais bégayé. « Comme ça ? »

Par contre, j’ai l’impression que Hal se fait frapper !

La dame posa une main sur sa joue et fit un sourire troublé. « Oh, les hommes sont de tels idiots. Lorsqu’il apprit que son fils était devenu le premier chevalier dragon de ce pays depuis le premier roi héros, il fut heureux en disant : “Cet idiot est un chevalier dragon, hein !” »

« Est-ce ce qu’il dit quand il est heureux !? » lui demandai-je.

« Mais s’il agissait comme s’il était heureux, ce ne serait pas juste pour Kaede, avec qui Hal venait de se fiancer, ou pour les personnes de la Maison de Foxia, non ? La situation étant ce qu’elle est, Kaede et la Maison de Foxia ne blâmeront pas Hal pour ce qu’il a fait. C’est pour ça qu’il se fâche pour eux, » déclara la femme.

« Qu-Quel père et quel fils maladroits... ! » avais-je dit, exaspérée. La dame avait gloussé.

« Ils vont être ta famille maintenant. Au fait, je suis la mère d’Hal, Elba, » déclara-t-elle.

« V-Vous êtes sa mère !? » m’exclamai-je.

« Mon Dieu, comme c’est charmant ! Tes cheveux roux ressemblent à ceux de mon mari et de Hal, donc ce sera comme avoir une vraie fille, » déclara Lady Elba avec un sourire nonchalant. C’était un soulagement de voir qu’elle semblait être une personne très chaleureuse.

Pendant ce temps, maintenant que Lady Elba avait fait part de ses véritables sentiments à tout le monde, Sire Glaive était devenu rouge de honte.

« Tu as de la chance ! » Glaive s’exclama, frappant son fils.

« Gwah... ! Attends, je n’accepterai pas d’être frappé pour ça, espèce de crétin ! » s’écria Hal.

Oh, cette fois-ci, Hal ripostait.

« Ngh... Kaede ne t’a pas suffi, alors tu es aussi allé séduire une gentille fille comme ça ! » cria Glaive.

« Argh... Je n’ai séduit personne ! » s’écria Hal.

Le père et le fils roux avaient commencé un match de coups. En y regardant de plus près, ils semblaient tous les deux pleins de vie, donc Lady Elba devait avoir raison, et c’est ainsi que les Magnas communiquaient.

D’ailleurs, leur communication s’était terminée par une victoire pour Sire Glaive. C’est parce que Hal, qui se sentait probablement un peu coupable, n’avait pas pu s’empêcher de retenir ses coups de poing. Alors qu’il traînait un Hal ensanglanté derrière lui, Sire Glaive déclara à Lady Elba. « Désolé, nous allons nous excuser auprès de la Maison de Foxia. »

Elle avait gloussé. « Revenez bientôt. »

Glaive était parti avec beaucoup d’énergie, traînant Hal avec lui, et Lady Elba les regarda partir avec un doux sourire. Quand je l’avais interrogée à ce sujet, on m’avait dit que Hal avait manqué de respect au roi une fois auparavant et qu’il avait reçu ce genre de punition avant d’être traîné au château pour s’excuser. Est-ce ainsi que les excuses devaient être faites par la Maison de Magna ?

... Est-ce que j’allais devoir le faire dans cette maison ?

Pendant que je m’inquiétais à ce sujet...

« Je l’ai déjà dit à Kaede, mais la chose la plus importante dans la vie de couple, c’est “de s’y habituer”, d’accord ? » déclara Lady Elba.

« ... Je prendrai ça à cœur, Maman Elba, » déclarai-je.

Tout ce que j’avais pu faire, c’est hocher la tête.

Quelques jours plus tard, Hal et Kaede accompagnèrent le roi au sud de la République de Turgis.

Cependant, j’avais fini par rester derrière et j’étais restée à l’intérieur de la Maison de Magna. Les dragons et les ryuus étaient peu résistants contre le froid, et je ne serais qu’un obstacle si je les accompagnais sur les terres glaciales de la république.

Et donc, pour l’instant, je profitais de la première famille que j’avais jamais eue.

« Qu’en pensez-vous, Père Glaive ? » Je lui avais demandé ça, en lui frottant l’épaule.

« A-Argh... Pas mal. Pas mal, » déclara Glaive.

Glaive avait un visage bourru, et il pouvait être brusque, mais ses oreilles devenaient rouges, de sorte que je pouvais facilement dire qu’il était gêné. Je pensais que c’était un vieil homme élégant, mais il avait aussi un joli côté mignon.

« Ruby, chérie, je vais préparer le dîner, » déclara Lady Elba. « Pourrais-tu m’aider ? »

« Oui, Maman Elba ! » déclarai-je.

Et j’étais allée joyeusement à la cuisine.

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Histoire courte en prime : L’analyse d’hypothèses connue sous le nom d’éléments de paramétrage écartés

*Note : Cette histoire n’a rien à voir avec l’histoire principale. Désolé.

« ... Il y en a beaucoup, c’est sûr, » déclara Liscia. « Bien plus que prévu. »

« Cela démontre à quel point la principauté est sérieuse. »

Alors que Liscia et moi nous nous tenions sur les murs d’Altomura, nous pouvions voir les forces de la Principauté d’Amidonia avancer vers nous. Les 30 000 soldats de l’armée de la principauté, qui s’étaient installés à Elfrieden pour profiter de la discorde entre les trois ducs et moi, avançaient du sud vers la région fertile d’Altomura, productrice de céréales.

Nous venions à peine d’abattre les trois ducs, et notre force principale, l’Armée Interdite, était en train d’absorber l’Armée dans le Duché du Carmin et d’être réorganisée pour devenir la Force de Défense Nationale. La Force de Défense Nationale nouvellement réorganisée ne viendrait pas ici, mais lancerait plutôt une contre-invasion vers le nord et s’emparerait de la capitale de la principauté, Van.

C’est pourquoi Altomura n’avait qu’une garnison locale de cinq cents soldats et une force de deux mille marines sous le commandement de l’Amiral Excel de la Marine. Il fallait arrêter les 30 000 hommes de la principauté avec seulement 2 500 soldats et gagner du temps jusqu’à ce que la force principale puisse commencer sa contre-invasion.

« Ça va être une bataille difficile, » déclara Liscia.

« Nous le savions déjà. C’est pour ça qu’on a apporté ce truc, n’est-ce pas ? » déclarai-je.

Nous nous étions retournés pour regarder la masse d’argent métallique et brillante d’un dragon mécanique massif. Créé par la fierté de notre royaume, la Surscientifique Genia Maxwell, c’était Mechadra. C’était une arme avec une armure imperméable aux canons, et elle avait une protection de Type-10 intégrée à sa structure qui détournait les attaques magiques, mais aucune fonction qui la faisait bouger. C’était un éléphant blanc, sans autre but que d’agir peut-être comme un épouvantail géant. Cependant, ma capacité, le Poltergeist Vivant, avait été capable de la déplacer.

« Votre Majesté, les choses sont prêtes de mon côté, » appela Aisha.

« Les marines sont prêts à partir à tout moment, » ajouta Juna.

Le plus grand guerrier du royaume, Aisha, et la chanteuse qui étaient aussi un commandant dans la Marine, Juna, étaient arrivés. Elles s’étaient toutes les deux présentées comme ça. Si nous envoyions le Mechadra dehors, il était garanti qu’il sèmerait la confusion dans les rangs de la principauté. Pendant ce temps, Aisha et les Marines se dirigeraient vers la porte arrière, puis feraient une grande boucle pour couper les lignes de ravitaillement de l’ennemi par l’arrière.

J’avais hoché la tête aux deux femmes. « D’accord. Eh bien, commençons. »

« « Oui, Sire ! » »

En regardant Aisha et Juna se mettre à courir, j’avais essayé d’entrer dans le « cockpit » du Mechadra. C’est là que c’était arrivé. Soudain...

« Souma ! » Liscia avait crié mon nom et m’avait fait m’arrêter.

Je m’étais retourné pour regarder et Liscia s’était jetée sur moi et m’avait enlacé.

« L-Liscia ? »

Après l’avoir attrapée, trébuchant légèrement, Liscia déclara d’une voix tendue. « Euh, écoute... Je suis désolée de t’avoir fait participer à une bataille comme celle-ci. »

Elle avait les larmes aux yeux. Ses yeux humides étaient pleins de larmes de culpabilité quant au fait de m’avoir arraché de mon pays natal, et de m’avoir quand même fait me battre au nom de ce pays. Elle avait dû l’enfouir dans son cœur pendant tout ce temps.

Je ne voulais pas que Liscia me regarde comme ça, alors j’avais mis une main sur sa tête. « Ne fais pas cette tête. Je suis le roi maintenant, et il y a des choses que je dois faire. »

Liscia continuait à s’inquiéter. « Mais s’il t’arrivait quelque chose... Je... Argh ! »

Je l’avais serrée dans mes bras. Tandis que j’enlaçais son corps, qui malgré toute sa force était assez délicat, je lui tapotai doucement l’arrière de la tête.

« Ce n’est pas grave. Le Mechadra et moi ne perdrons pas. »

« Souma.... »

« Alors, attends-moi. Je les renverrai faire leurs valises, puis je reviendrai à tes côtés, » déclarai-je.

« ... C’est vrai ! »

J’avais relâché Liscia et j’étais entré dans le cockpit. Puis, alors que je m’asseyais sur mon siège, j’avais appuyé mes mains sur les côtés du cockpit, transférant l’une de mes consciences dans le Mechadra.

Dans l’instant qui avait suivi, le Mechadra commença à bouger comme s’il avait sa propre volonté, et fit un rugissement mécanique

OK... Allons-y, Mechadra.

« Ici Souma Kazuya avec le Mechadra, lancement. »

 

***

 

« ... Attends, hein ? »

Quand j’avais ouvert les yeux, j’étais dans le bureau des affaires gouvernementales à Parnam.

Devant moi, il y avait une montagne de paperasse à feuilleter. Oui... comme d’habitude.

J’avais l’air de m’être assoupi en faisant de la paperasse. J’avais l’impression de regarder un rêve assez réaliste depuis longtemps, mais... Je ne me souvenais pas des détails.

C’est comme ça que sont les rêves.

Quand je m’étais étiré, Liscia, qui faisait de la paperasse avec moi, m’avait regardé avec un regard mystifié.

« Est-ce que ça va ? Si tu es fatigué, tu devrais te reposer, tu sais ? » déclara-t-elle.

Liscia se souciait de mon bien-être, mais je lui avais dit avec un sourire forcé : « Non, ce n’est rien. Je me suis assoupi et j’ai fait un rêve bizarre. »

Explication : C’est à quoi ressemblerait l’histoire si toutes les limites avaient été enlevées et que les capacités de Souma, les fonctions du Mechadra, et les réactions des pays environnants face à ces deux-là seraient abordés. Au début de l’écriture de Genji, j’ai envisagé de laisser Souma utiliser pleinement ses capacités, mais il m’a semblé plus difficile de mettre tout cela en adéquation avec les autres de cette façon, et cela semblait aussi contraire à ce que les lecteurs voulaient, alors j’ai abandonné cette idée.

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Histoire courte en prime : Liscia en voie de guérison

« ... Mais je m’ennuie, » murmurai-je.

J’avais toujours rejoint les gardes du château dans leur formation avec Aisha quand j’avais du temps libre, mais je ne pouvais pas le faire dans mon état. J’envisageais de lire un livre, mais tout ce que j’avais dans cette pièce, c’était des manuels de tactique et de stratégie militaires. Si je les lisais maintenant, j’étais sûre de perdre l’envie de manger mon déjeuner. Ça m’avait fait mal de moi-même l’admettre, mais j’avais une chambre vraiment terne. La seule chose féminine dans cette pièce était une poupée que Souma avait fabriquée dans le cadre de son hobby, donc je me sentais plutôt pathétique. Souma avait beaucoup trop de capacités appropriées pour une fille.

Alors que j’étais assise là sans rien à faire, on avait frappé à la porte.

« Entrez, » avais-je crié, et Roroa était arrivée avec Aisha, qui portait un grand objet couvert.

« Salut, Grande Soeur Cia, comment va ta santé ? »

« Excusez-nous... Oof. » Aisha déposa son gros paquet sur le sol.

J’avais cligné des yeux. « Ma santé se stabilise, mais... C’est quoi ce truc ? »

Roroa avait ri malicieusement.

« J’ai pensé que tu t’ennuierais, alors on a emprunté ça à mon chéri. Pas vrai, grande sœur Ai ? » demanda Roroa.

« Ouais. Ta-dah, » déclara Aisha.

Aisha avait retiré la couverture pour révéler un simple récepteur pour le Joyau de Diffusion de la Voix. Quand Roroa avait appuyé sur l’interrupteur, c’était en plein milieu d’un programme de chant.

« Je suis allée et je l’ai fait ajuster à l’une des unités de la famille royale pour qu’elle reçoive des émissions publiques, » avait dit Roroa avec un air confiant et suffisant. « Ça devrait t’aider à tuer l’ennui pendant que tu ne peux pas sortir, tu ne crois pas ? »

« Est-ce que je peux l’utiliser ? Nous n’avons pas beaucoup de récepteurs simples..., » lui demandai-je.

« Nous avons reçu la permission de Sa Majesté. Il n’était pas prévu de l’utiliser dans un avenir immédiat, alors il a dit que c’était bon, » expliqua Aisha.

Si elles avaient eu la permission, je suppose que c’était probablement correct, n’est-ce pas ?

« Merci, Roroa, Aisha. »

« Hahaha ! » Roroa rit. « Ne t’inquiète pas pour ça. »

« Remettez-vous vite, » ajouta Aisha.

Elles craignaient que le fait de rester trop longtemps puisse être un fardeau pour moi, alors elles avaient rapidement quitté la pièce. Ayant été laissée seule, j’avais regardé une émission de musique avec un esprit distrait. D’habitude, j’étais du côté de la production de ces choses, donc je ne m’étais pas détendue et je n’avais pas regardé de cette façon auparavant, mais... c’était étonnamment bon.

Alors que je réfléchissais à ça, on avait encore frappé à la porte.

« Entrez, » avais-je crié, et cette fois, Juna et Naden étaient arrivées.

« Pardonnez-nous, » dit Juna.

« Nous entrons, » déclara Naden.

Toutes les deux semblaient avoir des bras pleins de livres. Elles les avaient transportés et les avaient laissés à mon chevet. D’après l’apparence des couvertures et des titres, on aurait dit qu’il s’agissait de romans d’aventure et de romans d’amour.

« C’est quoi, ces livres ? » leur avais-je demandé.

« Ils sont à moi, apportés ici de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, » déclara Naden, gonflant fièrement sa poitrine.

Juna avait souri avec ironie et elle ajouta : « Lady Roroa nous a dit que vous vous ennuyiez, alors Naden a apporté ses livres pour vous les prêter. »

« Parce que j’ai entendu dire que tu n’avais que des livres militaires. Ces livres sont tous géniaux, » déclara Naden.

Juna et Naden, tout comme Roroa et Aisha avant elles, semblaient être venues avec quelque chose pour m’aider à éviter de m’ennuyer. Je leur avais souri et je les avais remerciées.

« Merci, Juna, Naden. »

« S’il vous plaît, prenez bien soin de vous, » m’avait dit Juna.

« Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-nous, » ajouta Naden.

Elles avaient quitté la pièce toutes les deux. Je leur avais fait signe de la main alors qu’elles fermaient à contrecœur la porte derrière elles, tenant un des livres qu’elles m’apportaient serré contre la poitrine. J’étais vraiment reconnaissante de la gentillesse de tout le monde.

« Argh..., » avais-je murmuré.

On aurait dit qu’à un moment donné, je m’étais endormie en tenant le livre de Naden.

Quand je m’étais réveillée, le soleil était déjà couché. Mais il faisait encore clair à l’intérieur de la pièce, mais c’était parce que les lanternes étaient allumées. Probablement qu’une des servantes l’avait fait pour moi pendant que je dormais.

Quand je m’étais assise, on avait frappé à la porte.

« Comment vas-tu ? Liscia. »

C’était Souma qui était entré après ce coup. Dans ses mains, il tenait un plateau avec un petit pot dessus. Carla était derrière lui, elle aussi, avec un plat de soupe et plus encore.

« J’ai entendu dire que tu n’avais pas d’appétit, mais j’ai pensé que tu devrais au moins manger quelque chose, » me déclara Souma. « J’ai imposé au personnel de cuisine de faire faire ça. »

Cela dit, Souma avait soulevé le couvercle du pot pour me montrer ce qu’il contenait.

« Ta-dah. La recette spéciale de grand-mère pour les jours de maladie, “Tamatama Udon”, » déclara Souma.

« Tamatama Udon ? » demandai-je.

« Tu fais mijoter les oignons dans le bouillon jusqu’à ce qu’ils soient tendres, puis tu ajoutes des nouilles udon, comme celles que Poncho a faites pour moi. Une fois bouilli au point que c’est mou et facile à digérer, tu y déposes un œuf. Il y a aussi du gingembre dedans, donc ça va te réchauffer, et c’est très nutritif, » expliqua Souma.

La vapeur s’était échappée du bouillon de soupe sous mes yeux. Je n’avais toujours pas beaucoup d’appétit, mais il semblait que j’avais quand même un peu faim. Ça m’avait donné très envie de manger.

« Merci, je vais en prendre, » avais-je dit.

« Seulement ce que tu peux prendre, d’accord ? Je suis sûr qu’Aisha mangera les restes, » déclara Souma.

« Heehee ! Peut-être que je vais tout manger et rendre Aisha triste... Ouais, c’est bon, » déclarai-je.

Souma et Carla avaient souri en me regardant manger l’udon. Je ressentais la gentillesse venant de tout le monde...

C’était un secret, mais je m’étais dit que : Tu sais, ce n’est pas si mal, de temps en temps.

Mais je ne pouvais pas laisser tout le monde s’inquiéter pour moi pour toujours. Souma et les autres allaient partir pour la République, mais on m’avait dit que Hilde la médecin allait bientôt arriver. J’aurais besoin qu’elle me fasse un examen approfondi.

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Histoire courte en prime : L’ancien roi et l’ancienne reine profitent pleinement de la vie paisible

Le Royaume de Friedonia possédait un domaine dans les montagnes qui était sous le contrôle direct de la famille royale.

C’était l’ancien domaine du roi précédent, Albert, depuis l’époque où il était un noble, et maintenant c’était le lieu de retraite de l’ancien couple royal.

C’était pastoral, et les personnes y travaillaient dans les champs et les étables laitières le jour, puis, même s’ils n’avaient que du son, ils appréciaient la musique du Joyau de Diffusion de la Voix et d’autres programmes en buvant le soir. C’était un style de vie décontracté. C’était la cambrousse, mais les gens étaient paisibles et c’était un endroit étonnamment facile à vivre.

« La, la, la, » Albert chantait.

Dans ce lieu paisible, au manoir d’Albert, l’ancien roi était en train de tailler les arbres de son jardin en chantant pour lui-même. Bien que le peuple se souvienne d’Albert comme d’un homme bon et d’un roi médiocre, il y avait en fait un talent dans lequel il excellait : l’horticulture.

Albert était particulièrement doué pour faire fleurir de belles fleurs et tailler soigneusement les branches des arbres. C’est parce qu’à l’époque où il était un noble appauvri, il avait lui-même fait le jardinage pour le manoir. Parce que c’était en partie un hobby pour lui, ses compétences dans ce domaine s’étaient rapidement améliorées. En vérité, même après avoir épousé Elisha et rejoint la famille royale, il avait encore occasionnellement contribué à l’entretien des jardins intérieurs du château.

En particulier, Albert savait tailler les arbres pour que leurs branches prennent la forme d’animaux. Les feuilles et les branches qu’il était en train de tailler allaient ressembler à un cygne en train de nettoyer ses ailes. Il lui restait encore quelques détails minutieux à travailler, mais c’était déjà un travail d’assez grande qualité pour qu’il ait l’impression d’y avoir un sens du mouvement. Alors...

« Al, veux-tu bien faire une pause et te joindre à moi pour le thé ? » avait appelé sa femme.

L’ancienne reine, Elisha, était sur la terrasse attenante aux jardins, avec une servante debout à ses côtés avec du thé déjà préparé.

Albert essuya la sueur de son front et lui sourit. « Ohh, Elisha. J’arrive tout de suite. »

C’est ainsi que les deux personnes avaient pris tranquillement le thé de l’après-midi sur la terrasse. L’après-midi s’écoula lentement autour d’eux. Elisha aimait regarder les jardins en sirotant son thé.

« Le nombre de fleurs et d’animaux a certainement augmenté. C’est comme si on vivait dans un livre d’histoires, » déclara Elisha.

« A-Ahahahahaha... Je me suis peut-être laissé emporter et j’en ai fait trop après que notre gendre m’ait loué quant à eux », avait dit Albert en riant de honte.

Les talents horticoles d’Albert étaient merveilleux, et le roi provisoire actuel, Souma, les considérait avec déférence. En raison de ça, Souma avait payé de sa poche les frais de jardinage d’Albert. Il avait construit une serre dans le jardin, et chaque fois qu’il rencontrait des fleurs inhabituelles, il les envoyait à Albert pour voir si elles pouvaient être cultivées dans ce pays. Pour cette raison, le jardin actuel était rempli de fleurs et d’arbres en forme d’animaux de toutes les couleurs.

Quand elle vit à quel point Albert était timide, Elisha gloussa. « Oh, où est le mal ? Ce jardin est très populaire, après tout. »

Il y avait eu des bruits de pas soudains. On aurait dit que les enfants du village voisin étaient venus jouer.

« Roiiiii ! Reinnnnneee ! Hello. »

« « « Hello! » » »

Les enfants les avaient accueillis avec un sourire bienveillant.

« Hey, hey, hey, reine, » déclara l’un des enfants. « Pouvons-nous explorer à nouveau le jardin ? »

« Heehee ! Vous pouvez. »

Après avoir obtenu son approbation, les enfants s’étaient écriés : « Super ! » levant les mains en l’air et se mettant à courir vers le jardin.

Ce jardin, débordant de fleurs multicolores et d’arbres en forme d’animaux, était un endroit attrayant à explorer pour les enfants, qui venaient souvent y jouer. Albert et Elisha ne s’en souciaient pas vraiment, mais les parents des enfants, qui connaissaient leur statut, étaient très humbles à ce sujet, et ils envoyaient toujours des légumes frais en guise d’appréciation pour laisser leurs enfants y jouer.

« Cela me fait du bien de les voir si énergiques, mais nous ne sommes plus roi et reine, ni rien d’autre d’ailleurs, » déclara Albert, troublé en touchant sa moustache.

« Oh, où est le mal ? » avait dit Elisha. « Qu’ils nous appellent comme ils veulent. »

« Je comprends, mais j’ai l’impression de rendre un mauvais service à notre gendre et à Liscia, qui travaillent si dur dans le château. »

« Heehee ! Ça ne les dérangerait pas du tout. » Cela dit, Elisha regardait les enfants s’amuser dans le jardin. « Dire qu’on peut passer nos journées en paix comme ça... Je ne l’avais jamais imaginé. »

« En effet. La première moitié de notre vie a été particulièrement difficile, après tout, » déclara Albert.

Tous deux s’étaient soutenus l’un et l’autre pour traverser la guerre de succession qui avait suivi la mort du roi d’avant Albert. À l’époque, tous les deux n’auraient probablement jamais pu imaginer qu’une vie paisible comme celle-là allait arriver.

Souriante, Elisha posa sa main sur celle d’Albert. « Mais c’est pour ça que je suis contente de t’avoir choisi. Parce que le moi de ce monde t’a choisi, on peut vivre nos jours en paix comme ça. »

« Elisha... C’est ton pouvoir qui m’a permis de confier le trône à notre gendre. Grâce à cela, je peux me détendre et me promener dans le jardin, et passer du temps avec les gens que j’aime, » déclara Albert.

« Je t’aime, Al, » déclara Elisha.

« Je t’aime aussi, Elisha, » déclara Albert.

La bonne ne pouvait que sourire avec ironie en regardant ce couple d’âge mûr qui dégageait une douce aura de tourtereaux.

Puis une autre servante s’approcha d’eux et elle avait remis une lettre à Albert. « Maître Albert, une lettre de Liscia adressée à vous deux. »

« Hmm. De Liscia ? Est-ce qu’elle va bien ? » demanda Albert.

En acceptant la lettre, ils l’avaient feuilletée tous les deux. Et puis...

« Oh, bonté divine, » déclara Albert.

« Oh, mon Dieu, » déclara Elisha.

Son contenu avait fait sourire les deux personnes avec satisfaction.

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3 commentaires :

  1. Ce qui nous en fait 5……….me demande à quelle pays (race ?) appartiendra la sixième ?

  2. Merci pour les chapitres !

  3. Je pari qu’elle es enceinte !!! Le faire sans se protéger conduit a ça après tout

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