Genjitsushugisha no Oukokukaizouki – Tome 5

Table des matières

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Prologue : Le Début de l’Illumination

Partie 1

— 1er jour, 1er mois de l’année 1547 du Calendrier Continental

Il s’agissait de la première fois que le Nouvel An était arrivé depuis que le Royaume d’Elfrieden avait absorbé la Principauté d’Amidonia et était devenu le Royaume-Uni d’Elfrieden et d’Amidonia, ou le Royaume de Friedonia.

Dans la capitale royale, Parnam, et l’ancienne capitale de la Principauté, Van, ainsi que toute autre ville qui avait un récepteur pour le Joyau de Diffusion de la Voix qui avait été installé dans leur place centrale, il y avait encore un grand nombre de personnes rassemblées. Après tout, aujourd’hui le jeune roi utiliserait le Joyau de Diffusion de la Voix pour adresser un salut au peuple. Les gens s’étaient rassemblés afin de l’entendre.

Ce n’était pas que Souma faisait quelque chose pour forcer les gens à écouter. Mais chaque fois qu’il utilisait le Joyau de Diffusion de la Voix, il avait lancé un événement pour rassembler du personnel, ou leur avait enseigné de nouveaux aliments pour contrer la crise alimentaire, ou lancé un programme de musique... Tout était tellement surprenant et différent, et les habitants souhaitaient donc voir s’il pourrait avoir quelque chose de divertissant à nouveau prévu. De plus, quand les personnes se rassemblaient comme ça, les stands des commerçants apparaissaient afin de faire un profit, et quand les étals étaient dehors, plus de personnes se rassemblaient pour voir ce que tout le monde faisait... Cette boucle de rétroaction avait commencé, et c’était la raison pour laquelle, même si Souma avait seulement annoncé qu’il allait faire une nouvelle allocution, il y avait tant de gens réunis.

Une mère et son enfant parlaient pendant qu’ils attendaient la diffusion.

« Sa Majesté va-t-elle faire quelque chose de nouveau ? » demanda l’enfant.

« Oui mon chou. Je me demande bien ce que cela sera, » répondit la mère.

Le récepteur monté sur la fontaine avait alors commencé à projeter l’image de Souma.

Derrière lui se trouvaient deux de ses fiancées, la Princesse Liscia et la Princesse Roroa. Cette dernière étant l’ancienne Princesse souveraine d’Amidonia, dont les fiançailles avec Souma avaient été annoncées en même temps que l’annexion de son pays.

Liscia et Roroa affichaient des sourires impeccables, agitant leurs mains afin de saluer le peuple. Les princesses de deux nations qui avaient été autrefois des ennemis étaient maintenant sur le même écran. Elles étaient toutes deux souriantes. Cela avait rassuré les habitants d’Elfrieden et d’Amidonia quant à la solidité de leur nouveau royaume uni.

Finalement, l’image de Souma avait commencé à parler. « À vous tous, mes bien-aimés citoyens des deux royaumes unis d’Elfrieden et d’Amidonia, je vous souhaite une bonne année. »

Souma, Liscia et Roroa avaient baissé la tête à l’unisson.

Il y avait eu quelques murmures sur la façon dont le roi venait de baisser la tête au début de la nouvelle année, mais quand son visage se leva une fois de plus, Souma arborait un sourire taquin.

Il se remit alors à parler. « Il s’agit là d’une salutation traditionnelle du Nouvel An dans le monde d’où je viens. “Vous avez beaucoup fait pour m’aider l’année dernière. J’espère pouvoir compter sur vous encore dans la prochaine.” C’est le genre de sentiment que cette tradition est censée exprimer. »

Alors que les gens du royaume étaient encore surpris, Souma était passé sur le sujet principal.

« Maintenant, j’ai entendu dire que dans la région d’Amidonia, il était de coutume que votre dirigeant annonce la politique nationale pour l’année à venir. Roroa a suggéré que je fasse la même chose, donc... Et puis zut ! Je vais essayer. Pour l’instant, l’objectif de la nation pour cette année sera... »

Dans la région d’Amidonia, une vague de tension avait traversé la foule en écoutant l’émission.

Les habitants de la Principauté d’Amidonia se souvenaient tous du visage de Gaius VIII quand il avait fait ses proclamations chaque nouvelle année. Avec une expression sévère, il jurait de se venger d’Elfrieden, puis fixait des objectifs comme la réclamation de leurs terres volées.

Pour les Amidoniens, l’annonce des politiques le premier jour de la nouvelle année avait toujours été faite afin d’augmenter leurs esprits combatifs. Ils pouvaient difficilement être blâmés pour la tension dans l’anticipation qu’il pourrait y avoir encore une guerre avec un autre pays.

Où se dirigeait ce pays ? Allaient-ils envahir un autre endroit ? Allons-nous abattre l’Empire et revendiquer l’hégémonie sur le continent ? Ou pour frapper le Domaine du Seigneur-Démon, et ainsi libérer les terres du Nord... ?

Les auditeurs déglutirent en raison de l’anticipation, et enfin Souma parla. « Je pense que je vais aller avec, “Pour faire un meilleur pays”. »

Un silence était tombé sur la foule.

C’est trop vague ! Tout le monde dans le public avait cette même pensée.

Il semblait que Souma s’y attendait, parce qu’il riait. « Je pense que c’est peut-être un peu trop vague, mais c’est très important. Tout d’abord, il y a la question de savoir comment définir un “bon pays”. Il peut être plus facile de commencer par penser à ce qu’est un “mauvais pays”. ».

Souma avait serré son poing de l’une de ses mains, puis leva ses doigts les uns après les autres alors qu’il expliquait.

« Premièrement, un pays où ses habitants ont faim. Deuxièmement, un pays où les gens gèlent. Vous pourriez peut-être reformuler ces deux points comme un pays où les gens souffrent de la pauvreté. Les gens meurent de faim ou de froid parce qu’ils ne peuvent pas acheter de la nourriture et qu’ils ne peuvent pas se procurer un endroit où habiter ou des vêtements à porter. Je pense qu’il va sans dire qu’un pays où l’un ou l’autre est autorisé à se produire est mauvais. Dans un pays où les gens meurent de faim ou de froid, il n’y a aucun moyen de lier le cœur entre les membres de son peuple. »

Il s’agissait de paroles dont les habitants d’Elfrieden et d’Amidonia pourraient être d’accord avec. Tous les deux avaient acquis cette expérience avec les pénuries alimentaires. Les gens du côté amidonien l’avaient particulièrement ressentie. Ils avaient détourné les yeux du problème à cause de leur haine pour Elfrieden, mais maintenant qu’ils s’étaient rétablis grâce au soutien qu’ils avaient reçu du royaume, ils ressentaient un fort désir de ne plus jamais revenir à la façon dont les choses avaient été l’année d’avant.

« Troisièmement, un pays avec un mauvais ordre public » avait poursuivi Souma. « Par exemple, même si un pays ne manque pas de nourriture et de chaleur, s’il y a des voleurs, des bandits et des pirates qui sévissent, ce n’est probablement pas un endroit où vous voudriez vivre. Cela dit, ces sortes de vermines sont généralement nées en raison de la même cause que j’ai mentionné plus tôt : la pauvreté. Dans le monde d’où je viens, il y avait un dicton. “C’est seulement une fois que nous sommes vêtus et nourris que nous pouvons nous permettre d’être polis.” Quand il faut tout ce que vous avez juste pour rester en vie, vous perdez l’espace dans votre cœur qu’il faut pour prendre soin des autres. »

Après quelques instants, Souma continua à parler.

« Quatrièmement, un pays qui passe tout son temps en guerre. Même s’ils gagnent toutes les batailles, une guerre est un fardeau pour le trésor national, et les gens y meurent. C’est encore pire quand vous perdez. Si vous gagnez l’hostilité d’un autre pays, il y aura du terrorisme, et cela conduira à une détérioration de l’ordre public. Il vous prive de toutes les choses qui vous importent le plus. »

Souma prit une pause pour que tout le monde puisse bien assimiler ce qu’il disait.

« Cinquièmement, un pays qui, contrairement à celui de mon quatrième exemple, ne peut pas se protéger. Si le pays néglige sa capacité à se défendre parce que ses habitants ne veulent pas se battre, d’autres pays en profiteront. Le résultat sera le même que pour le quatrième cas. Ce serait encore pire à notre époque, puisque le Domaine du Seigneur-Démon représente une menace imprévisible. »

Pendant qu’il disait cela, Souma tendit sa main maintenant ouverte vers le peuple.

« Même avec cette ébauche, je pense que vous pouvez tous voir que ces cinq pays sont mauvais. Qu’est-ce que c’est donc qu’un bon pays ? Est-ce le contraire de ces mauvais pays ? »

Souma retourna sa main pour que le dos de celle-ci soit face à eux, puis il baissa les doigts en parlant.

« Un pays indépendant où ses habitants ne meurent pas de faim, où ils ne frissonnent pas du froid, où l’ordre public est maintenu, où il n’y a pas d’invasions excessives d’autres pays, et où tout ira bien même si un autre pays ou le Domaine du Seigneur-Démon vient à nous attaquer. Je pense que cela serait probablement un “bon pays”, et c’est un objectif que ce pays devrait viser. »

Une fois de plus, Souma tenait sa main serrée en un poing, pour que tout le monde puisse le voir.

« Même si ces choses, prises individuellement, semblent toutes évidentes, il est assez difficile de les accomplir toutes en même temps. Surtout de nos jours, avec l’apparition du Domaine du Seigneur-Démon qui a jeté le monde dans le chaos. Ce sont des moments difficiles pour faire les choses qui devraient être faites. Il faudrait plusieurs fois plus de puissance afin d’accomplir cela que si nous étions dans un temps de paix. En fait, il faudra tellement de puissance que j’ai l’impression que la conquête de tout le continent serait relativement simple en comparaison. »

À ce moment-là, Souma avait fait une pause, prenant une grande respiration.

« ... Mais, cela étant dit, il y a quelque chose que j’aimerais beaucoup que vous, le peuple de ce pays, fassiez... »

La foule avait encore dégluti en entendant ces mots.

Pour gagner le pouvoir dont il avait parlé, que voulait-il qu’ils fassent ?

La première chose qui leur venait à l’esprit était l’augmentation des taxes. Si la fiscalité était plus lourde, les revenus du pays augmenteraient, et ils pourraient dépenser plus sur l’armée. Selon la situation, cela n’était peut-être pas un mauvais choix, mais cela rendrait la vie plus difficile pour les habitants.

La deuxième chose qui leur venait à l’esprit était la conscription. Ce pays avait déjà des soldats professionnels, mais les habitants craignaient que même les civils aient à subir une formation de base pour les conscrits.

Ils pensaient que la « puissance » dont avait parlé Souma était la « puissance militaire ». Cependant, c’était une erreur.

Souma avait alors déclaré : « Mon peuple, je vous invite à étudier ! »

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Partie 2

« Mon peuple, je vous invite à étudier ! » J’avais crié cela à l’intérieur de la Salle du Joyau de Diffusion de la Voix du château. « Laissez-moi vous présenter cela avec une métaphore. Imaginez que deux personnes sont sur le point de se battre avec des épées. Dans la plupart des cas, le plus fort est celui qui va gagner, ou celui qui possède la meilleure épée. Maintenant, quand deux individus tout aussi forts se battent avec des épées tout aussi bonnes, le résultat est-il simplement dû à la chance ? »

Il continua après ça à parler. « Non, je vous le dis. Celui qui connaît le mieux l’épée gagnera. Même si leurs niveaux de force étaient les mêmes, et leurs armes identiques, si un cuisinier et un forgeron se battaient avec des épées, je suis à peu près sûr que le forgeron gagnerait. Un forgeron voit des épées chaque jour dans le cadre de son travail, et serait bien familiarisé avec leur longueur et leur portée. »

J’avais tapé avec un doigt sur ma tempe. « Si vous en savez plus que les autres, cela peut, en soi, être une arme. Un grand général peut combattre lors d’une centaine de batailles et toutes les gagner parce qu’il connaît la guerre, connaît ses propres forces, et qu’il connaît même les forces de ses adversaires. Il évite les batailles impossibles à gagner, choisissant seulement de combattre lors de celles qu’il peut gagner. La raison pour laquelle un général médiocre va perdre au moment critique est qu’il ne connaît pas la guerre, et qu’il ne connaît pas ses propres forces ou celles de son ennemi. Il se bat inutilement lors de victoires et de pertes répétées, incapable de se concentrer uniquement sur les choses les plus importantes. »

« Il y avait un stratège dans le monde d’où je venais et qui disait : “Connais-toi toi-même, connais ton ennemi, et tu n’as pas à craindre le résultat des cent prochaines batailles”, mais, c’est quelque chose qui s’applique aussi en dehors du domaine de la guerre. »

« S’ils traitent tous les deux des mêmes biens, mais que le Marchand A prospère alors que le Marchand B ne le fait pas, cela est dû au fait que le Marchand A en sait plus sur la façon de faire des affaires. »

« Bien qu’ils puissent utiliser les mêmes matériaux de base, la raison pour laquelle les travaux d’un grand artisan sont de plusieurs niveaux au-dessus de ceux d’un artisan moyen est qu’il possède une connaissance approfondie des propriétés de ces matériaux. »

« Même si vous cultivez tous les deux la même chose, si les produits qui sortent du champ de votre voisin ont meilleur goût que ceux qui proviennent de chez vous alors c’est parce que le fermier d’à côté a un savoir-faire sur la bonne façon de les cultiver. »

« Bien que vous cuisinez tous deux la même chose, la raison pour laquelle le plat d’un chef a meilleur goût que le vôtre, c’est qu’un chef connaît les bons et les mauvais attributs de chaque ingrédient, et possède une connaissance approfondie des façons de les préparer. »

« La raison pour laquelle le chasseur supérieur revient avec un nombre supérieur de proies chaque fois qu’il sort est parce qu’il a une connaissance approfondie du terrain, ainsi que des informations concernant les animaux qu’il chasse. »

« Dans le monde du divertissement, un acteur célèbre est capable d’inspirer des émotions chez son public dans chacune de ses performances parce qu’il a une connaissance profonde du cœur de son public. »

« C’est aussi la même chose pour les rois et les nobles. Les rois qui ont été appelés de grand roi étaient ceux qui avaient une connaissance approfondie de la façon de bien gouverner un pays sans rencontrer de résistance de leur peuple. Moi-même, j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir, mais je vais travailler dur pour apprendre. »

J’avais alors fait une pause.

Yukichi Fukuzawa avait dit dans son livre. « An Encouragement of Learning (un encouragement à l’apprentissage) », « Les cieux ne créent pas d’hommes qui sont au-dessus des autres hommes, ni ne créent d’hommes qui sont sous d’autres hommes. » Alors pourquoi est-ce que, dans le monde réel, il y avait un tel fossé entre les riches et les pauvres ?

Il avait suggéré qu’il s’agissait d’une question d’érudition. Ceux qui ne savaient pas ne pouvaient faire que du travail manuel, donc leur position dans la société était abaissée. Ceux qui avaient de l’érudition pourraient faire des tâches plus difficiles, donc ils deviendraient plus importants.

Je pensais que c’était un argument un peu extrême, mais quand je l’avais lu, j’avais trouvé qu’il y avait des parties pour lesquelles je pourrais être d’accord.

J’avais alors continué.

« La façon d’acquérir une connaissance approfondie des choses est d’apprendre ce qu’il faut à leur sujet. Apprendre de ceux qui ont des connaissances et des compétences supérieures. Si vous avez des connaissances et des compétences supérieures à celles des autres, alors vous devriez être celui qui leur enseigne ces mêmes connaissances ou compétences. Ceux qui demandent pour apprendre doivent rendre hommage à ceux qui enseignent, et ceux qui enseignent doivent montrer de la compassion à ceux qui cherchent à apprendre d’eux. En apprenant les uns des autres comme ça, nous pouvons donner naissance à des compétences encore plus grandes. Je suis sûr que, peu importe votre profession, cela vous permettra de mener une vie plus prospère qu’elle ne l’est maintenant. »

Silencieusement, j’avais répété dans ma tête : ceux qui demandent pour apprendre doivent rendre hommage à ceux qui enseignent, et ceux qui enseignent doivent faire preuve de compassion envers ceux qui cherchent à apprendre d’eux... J’avais inséré cette ligne pour traiter des droits des deux parties. En tant qu’homme d’État, je devais être prudent que ceux faisant l’enseignement ne fassent pas cela d’une manière qui leur apportera une perte de leur côté. Pourtant, même si j’essayais d’expliquer ça aux gens en ce moment, ils ne comprendraient pas, alors je n’avais aucun désir d’approfondir à ce sujet.

« Je veux élever le niveau de vie moyen des habitants qui vivent dans ce pays, » dis-je. « C’est ainsi que cela augmentera la “puissance” de ce pays. Si vous devenez tous plus riches, les recettes fiscales augmenteront. Avec des recettes fiscales plus élevées, je devrais être en mesure d’attribuer plus des fonds pour les équipements militaires et le développement de nouvelles industries. Le pays entier deviendra ainsi plus prospère et plus fort. »

« À cette fin, je veux que vous, mes sujets, vous étudiiez. Je voudrais que vous commenciez par lire et écrire. Si ce que vous pouvez faire c’est lire et écrire, cela vous permettra de communiquer à distance avec d’autres personnes. Après cela, je veux que vous appreniez l’arithmétique. Si vous pouvez le faire, cela élargira considérablement la gamme de sujets que vous pourrez apprendre. »

J’avais fait un signe, et Liscia était sortie de derrière moi et avait brandi un morceau de papier avec le kanji pour « Écriture » écrit dessus.

J’avais désigné ce symbole et j’avais continué.

« Je veux que chaque adulte de ce pays soit capable de lire, d’écrire et de faire de l’arithmétique. Nous travaillons actuellement à ouvrir des centres d’éducation appelés centres de formation dans chaque grande ville, ainsi que des écoles plus petites dans chaque ville. Ce symbole “Écriture” indiquera où sont les installations d’entraînement et quelles écoles ont été approuvées par l’État. Pendant la journée, ils ne proposeront que des cours pour les enfants, mais le soir, les adultes pourront aussi y apprendre. Si vous avez la force d’y participer après le travail, j’aimerais que vous veniez et appreniez, même si cela ne se fait que petit à petit. En passant, ce symbole “Écriture” indique que vous pouvez apprendre à lire, écrire et faire de l’arithmétique gratuitement aux endroits qui l’affichent. Nous n’avons pas l’intention d’empêcher quiconque de créer sa propre école privée, alors gardez cela à l’esprit. »

J’avais fait une pause pendant un moment afin de pouvoir reprendre mon souffle. Parce que je n’avais pas fait les cent pas comme j'avais essayé d’expliquer les choses, je commençais à avoir des crampes. Mais je ne pouvais pas tout de suite arrêter tout ça. Je ne leur avais pas tout dit.

« ... Aussi, je voudrais m’adresser à tous ceux qui savent déjà lire, écrire et faire de l’arithmétique. S’il vous plaît, ne soyez pas satisfait avec ça. Parce que nous ne savons toujours rien. »

Après avoir fait le signal, cette fois, c’était Roroa qui s’était avancée, ouvrant une carte de ce monde.

J’avais pointé du doigt la carte.

« Comme vous le savez déjà, le Domaine du Seigneur-Démon est apparu dans le nord de ce continent. Cependant, je dois noter, nous ne savons rien sur le Domaine du Seigneur-Démon. Il y a apparemment un Seigneur-Démon... du moins, c’est ce que tout le monde dit, mais personne ne l’a jamais vu. Dans tous les cas, qu’est-ce que le Domaine du Seigneur-Démon ? Il y a des monstres dans le Domaine du Seigneur-Démon, mais il y a aussi des monstres dans les donjons. Quelle est la différence entre les deux ? Est-ce qu'il en y a une ? Comment le Seigneur-Démon, les démons et les monstres du domaine sont-ils connectés ? Est-ce une relation hiérarchique ? Ou sont-ils hostiles les uns envers les autres ? ... Nous ne savons rien. »

« Une fois dans le passé, le fait d’avoir lancé une invasion sans cette connaissance a causé une grande tragédie. Si les personnes avaient compris la différence de puissance, elles n’auraient pas déclenché une guerre imprudente et provoqué la mort de tant d’individus. J’en suis sûr. »

J’avais fait signe à Liscia et Roroa afin de revenir derrière moi, puis j’avais continué.

« Ce n’est pas seulement vrai pour le Domaine du Seigneur-Démon. Il y a beaucoup trop de choses sur ce monde que nous ne connaissons pas. La magie est un bon exemple. Cela fait partie de notre vie quotidienne, mais nous n’en savons rien. Pour commencer, qu’est-ce que la magie ? Pourquoi tout le monde peut-il apparemment l’utiliser naturellement ? Il n’y avait pas de magie dans le monde d’où je venais, alors c’est un mystère pour moi. Comment pouvez-vous produire du feu comme par magie ? Parce qu’il y a du magicium ? Eh bien, alors, qu’est-ce que le magicium ? Est-ce un gaz, un liquide, un solide ? La race à trois yeux peut voir des bactéries et des micro-organismes que les autres races ne peuvent pas voir sans un microscope, mais même elles ne peuvent pas voir ce que l’on appelle le magicium. Comment pouvons-nous prouver qu’il existe ? »

J’avais mis une certaine force dans mes mots.

« Comme vous pouvez le voir, ce monde est plein de mystères. N’arrêtez pas simplement de penser parce que ces mystères ont toujours été là ! Ne croyez pas les choses simplement parce que les histoires traditionnelles le disent ! Ne vous laissez pas égarer par ceux qui ont beaucoup d’influence ! Ne vous enfuyez pas en disant que c’est l’œuvre de Dieu, au-delà de la compréhension humaine ! Ne dites pas que cela doit être la faute des démons ! Doutez de tout, étudiez, laissez votre opinion entrer en collision avec celle des autres et trouvez la vérité ! Parce qu’un cœur qui cherche la vérité est la marque d’un être sensible ! »

Enfin, j’avais conclu mon discours.

« C’est ce que j’ai défini pour être notre politique nationale. Merci de m’avoir écouté jusque là. »

Avec cette phrase en tant que conclusion, la première diffusion du Joyau de Diffusion de la Voix de la nouvelle année avait pris fin.

Une fois que j’étais certain que nous ne diffusions plus, je m’étais effondré sur place. « Ouf, c’était épuisant... »

« Bon travail, » déclara Liscia. « Je pense que tu t’es plutôt bien débrouillé, tu sais ? »

« Je suis d’accord, » Roroa était également d’accord. « Tu agissais comme un vrai roi. Je suis encore une fois en train de tomber amoureuse de toi, Chéri ! »

Elles avaient beau dire ça, j’étais à bout de nerfs. Je m’étais habitué à être l’hôte pour diverses émissions télévisées, mais le fait de prononcer un discours royal devant la population me rendait encore très tendu. En temps de crise, je n’avais pas le luxe d’y penser, alors je pouvais faire des discours, mais c’était épuisant d’avoir à agir selon mon rôle en temps de paix.

« Arg, je ne me sens vraiment pas bien, je suis tout en sueur, » dis-je. « Désolé, pourriez-vous m’apporter un verre d’eau ? »

« Pas de problème, » répondit Liscia en hochant la tête. « Roroa, pourriez-vous vous en occuper ? »

« D’accord, d’accord, » Roroa salua et alla chercher le plateau avec un pot à eau et des tasses laissées dans le coin de la pièce. Avoir que j’eus pris une tasse du plateau, Liscia avait versé de l’eau pour moi.

Une fois que j’avais fini de boire toute la tasse, je m’étais finalement senti un peu plus détendu. « Ouf ! J’ai l’impression de revenir à la vie ! »

« Hehe, » Liscia se mit alors à rire. « Penses-tu que les habitants comprendront maintenant l’importance de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique, peut-être ? » Elle tenait toujours la cruche d’eau.

« Ha ha, ce ne sera pas si simple, » dis-je. « Car après tout, l’étude peut être ennuyeuse et fastidieuse. Un peu d’encouragement comme ça ne va pas les garder longtemps sur le droit chemin. »

« Veux-tu dire que faire des discours à ce sujet ne va pas beaucoup aider ? » demanda Liscia.

« Si tout ce que je fais, c’est leur parler, alors oui, » acquiesçai-je. « Mais il y a d’autres moyens possibles. »

« Moyens ? » demanda Liscia en répétant l’un de mes mots.

« Il y a des façons de s’amuser en apprenant naturellement, » dis-je.

Un coup soudain était venu de la porte. Après que j’eus dit « Entrez », Juna et Aisha, qui portait une sorte de grande boîte, entrèrent.

« Nous sommes venus à la suite de votre demande, Votre Majesté, » avait déclaré Juna en parlant d’une manière formelle. « De plus, le département de production des diffusions nous a demandé de vous apporter tout cela, Votre Majesté. »

Quand Aisha avait posé la boîte qui semblait aussi grande qu’elle sur le sol, il y avait eu un cliquetis provenant de l’intérieur.

Roroa regarda la boîte avec curiosité. « Hé ! Chéri, qu’est-ce qu’il y a dans la boîte ? »

« Oh, c’est probablement “l’équipement” que je leur ai demandé, » répondis-je.

« L’équipement ? Vas-tu le porter, Souma ? » demanda Liscia, un point d’interrogation flottant sur sa tête.

Je n’étais pas allé sur les champs de bataille, à la fois pour des raisons pratiques et à cause de ma position. Alors quand elles avaient entendu le mot « équipement » sortir de ma bouche, tout le monde, et non pas seulement Liscia m’avaient regardé avec un fort doute en elles.

Je leur avais souri en retour. « Eh bien, vous avez juste à attendre et à regarder... »

« ... Quand tu as ce regard, Souma, je sais déjà que tu es sur le point de faire quelque chose de fou, » Liscia me regarda avec exaspération, et mes autres fiancées acquiescèrent.

« ... Tu n’as aucune confiance en moi, hein ? » demandai-je.

« Je ne peux pas avoir confiance en toi, mais j’ai foi en toi, » répondit Liscia.

« Hein !? C’est quoi la différence ? » demandai-je.

« D’après mon expérience acquise, je sais que tu vas nous faire tous courir comme des folles, alors je ne te fais pas confiance quant au fait qu’on sera tranquille. Mais on peut dire que tout cela finira à un moment donné, bien sûr, après avoir eu de nombreux maux de tête, mais qu’en final, tout finira bien alors j’ai foi en toi, » répondit Liscia.

« « « Je suis d’accord avec elle ! » » » Les autres avaient toutes hoché la tête et elles affichaient clairement qu’elles étaient d’accord avec Liscia.

Ha ha ha, elles me comprennent toutes si bien. *Soupir*...

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Chapitre 1 : Faisons un programme éducatif (Le début de Silvan)

Partie 1

— Le 10e jour du 1er mois de l’année 1547 du Calendrier Continental, Capitale Royale, Parnam.

Il s’agissait d’un jour où l’ambiance festive de la nouvelle année commençait à diminuer.

La place de la fontaine à Parnam où le Joyau de Diffusion de la Voix pouvait être regardé était encore pleine de monde. Ce nouveau roi allait apparemment diffuser une autre nouvelle émission, alors la population s’était empressée de se rassembler pour la voir. Déjà maintenant, il s’agissait d’un spectacle familier dans presque toutes les villes où le Joyau de Diffusion de la Voix pouvait être regardé. Les gens se rassemblaient comme ça chaque fois qu’un nouveau programme était planifié, les marchands venaient avec leurs chariots, et ça se transformait en une atmosphère de festival.

Dece, Juno, et leur groupe d’aventuriers étaient là dans cette place de la fontaine festive.

« Waouh, c’est aussi bondé que jamais, » commenta Juno. « Après tout, c’est la capitale. »

Telle était l’opinion de la mince jeune femme au visage de bébé, qui se laissait glisser au milieu de tous les passants. En raison de la quête de protection qu’ils avaient prise à la guilde, le groupe avait décidé de venir voir l’émission du Joyau de Diffusion de la Voix, puisque de toute façon, ils étaient déjà dans la région.

Le bagarreur musclé Augus traînait l’affable jeune prêtre Febral de stalle à stalle, ainsi, les personnes seules présentes ici étaient Juno, l’épéiste au sang chaud et bel homme Dece, et la calme magicienne aux courbes avantageuses, Julia.

« Après tout, ces programmes de diffusion sont déjà devenus l’une des caractéristiques célèbres de ce pays, » lui avait alors dit Dece. « Vous savez, les programmes de musique sont les meilleurs des choses possibles. Les Loreleis sont mignonnes, et quand je considère la possibilité de ne plus entendre leurs voix, même si je suis un aventurier, je me sens comme si je ne voulais surtout pas aller dans d’autres pays. »

Dece avait tourné autour du sujet, mais Julia lui pinça alors le bras avec un sourire.

Voyant que son chef ne comprenait tout simplement pas le cœur des femmes, Juno haussa les épaules avec consternation. Elle avait commencé à penser que peut-être elle devrait être plus attentionnée et disparaître quelque part pour leur bien... mais c’est à ce moment-là que c’était arrivé.

L’émission semblait avoir commencé, et les gens regardaient tous vers la fontaine, mais ce qui était affiché était... une sorte de créature grassouillette ? Tous les habitants du royaume avaient été surpris par cela, mais Juno avait eu la plus forte réaction de tous.

« Hein ?! Que fait Monsieur Musashibo là-bas ? » s’exclama Juno.

Eh oui. Qu’y avait-il à cacher ? Celui qui apparaissait à l’écran n’était pas un bonhomme de neige, ou un kagami mochi, il s’agissait du Petit Musashibo. Le Petit Musashibo se tourna vers l’écran et agita ses bras.

« Salut tout le monde. Je suis le Petit Musashibo. Ravi de vous rencontrer. »

« « « A-t-il parlé ?! » » »

En entendant la voix adorable et enfantine du Petit Musashibo, Juno, Dece et Julia avaient tous crié en même temps de surprise. Le Petit Musashibo, qui n’avait jamais dit un mot et cela, peu importe la difficulté qu’il avait traversée lors des quêtes, était maintenant à l’écran et parlait. Vous ne pouviez pas les blâmer pour leur surprise.

« Cette voix... ça ressemble à celle d’un enfant, ou d’une femme. La personne à l’intérieur de lui était-elle féminine ? » Dece avait crié sous le choc, mais Juno avait immédiatement nié.

« Non, j’ai déjà vu sa main auparavant, et tu sais, il s’agissait d’un homme tout à fait normal ? » Fut sa réponse.

« Mais c’est une voix de fille, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Il s’agit d’un costume kigurumi, alors pourquoi est-ce que ça ne peut pas être une personne différente à l’intérieur ? » Julia avait suggéré ça d’un ton détendu.

Dece et Juno déglutirent, voyant la logique derrière le commentaire. « « ... O-Ouais, bien sûr c’était donc ça ! » » fut leur réponse.

Ils avaient oublié ce fait à cause de ses gestes humains, mais la personne en question était un costume kigurumi. Il était possible que le costume eût été emprunté par le château.

Sans aucune idée de la confusion que cela causait pour Juno et les autres, le Petit Musashibo de l’émission avait déclaré à haute voix, « D’accord, alors, l’émission “Ensemble avec Grande Sœur” va maintenant commencée. »

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Partie 2

Au même moment, dans la Grande Salle du Château de Parnam...

À l’heure actuelle, le Petit Musashibo dansait au rythme d’une mélodie décontractée juste devant nos yeux. Liscia, qui se tenait à côté de moi et regardait ça depuis un endroit qui ne serait pas visible dans l’émission, se tenait là, la bouche ouverte, une expression vide présente sur son visage. Il y avait en ce moment un silence gênant entre nous.

« Hmm... Pourrais-tu peut-être me dire quelque chose ? » demandai-je avec hésitation.

« Je ne sais même pas par où commencer... Non, je veux dire par là. Qu’est-ce que c’est censé être ? » demanda en retour Liscia.

« C’est le Petit Musashibo, » répondis-je.

« Oui ! Ça, je le sais déjà. Mais ce que je ne sais pas, c’est : comment peut-il parler en ce moment ? » demanda Liscia.

« Et bien, c’est facile à dire, » répondis-je. « Il y a tout simplement une personne à l’intérieur. La voix est celle de Pamille Carol. »

« Pamille se trouve-t-elle vraiment à l’intérieur de cette chose ? » demanda Liscia.

Et oui, par la force des choses, elle était bien dedans. Nous n’avions pas d’équipement pour l’enregistrement, donc nous ne pouvions pas ajouter la voix en post-traitement, ce qui voulait dire que la voix devait venir de l’intérieur du Petit Musashibo. Je contrôlais ses mouvements, donc ce n’était pas trop complexe pour Pamille de se charger du reste, mais elle s’était quand même plainte qu’il faisait chaud et étouffant à l’intérieur du Petit Musashibo.

« N’as-tu pas inscrit ce costume kigurumi en tant qu’aventurier ? » demanda Liscia. « Est-ce que c’est bon de le faire apparaître ainsi dans une émission diffusée par le Joyau de Diffusion de la Voix ? Ne serait-ce pas une mauvaise chose si les personnes découvraient qu’il était en réalité lié à la famille royale ? »

Ohhh, eh oui, si Juno et les autres regardaient cette émission, ça pourrait devenir un certain mal à la tête pour moi dans le futur.

« Eh bien, c’est après tout qu’un costume kigurumi, » dis-je. « “Nous avons vu ce kigurumi en ville et nous avons trouvé qu’il était mignon, donc le château a demandé une copie de ce costume, et maintenant nous l’utilisons comme personnage dans notre programme.”... Une histoire comme celle-là ne fonctionnerait-elle pas ? »

« Même si c’est le cas..., » murmura-t-elle. « Et attends ! De quoi cette émission est-elle censée parler ? »

« Me demandes-tu sur quoi est cette émission ? Ne te l’ai-je pas déjà dite ? Il s’agit là d’un programme éducatif, » répondis-je.

« Éducatif ? » demanda Liscia alors qu’elle était surprise de ma réponse.

« Oh, regarde et tu comprendras. La partie principale est sur le point de commencer, » lui ai-je dit tout en pointant du doigt ce qui se déroulait devant nous.

☆☆☆

Partie 3

La chanson décontractée avait pris fin, et un nouveau décor fut placé sur la scène.

Sur la scène, il y avait maintenant une toile de fond représentant des arbres, de l’herbe et des souches. Le tout était afin de simuler qu’il s’agissait d’une forêt. Au milieu de cette forêt clairsemée, le Petit Musashibo traçait quelque chose sur le sol avec une craie. En regardant de plus près, il s’agissait apparemment de chiffres.

« Hmm... 1 + 1 font 2, 2 + 2 font 4... Hohoho, faire des calculs arithmétiques est vraiment difficile, » le Petit Musashibo penchant exagérément la tête afin de montrer sa confusion. Le geste était vraiment très enfantin et mignon.

Une fille un peu plus âgée avec des cheveux bleus portant une tenue de garçon y compris un chapeau et une salopette arriva sur la scène. Quand la fille aux cheveux bleus remarqua le Petit Musashibo, elle l’interpella d’une voix enjouée.

« Salut Petit Musashibo, qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi fais-tu ce regard si troublé (sans expression) ? » demanda-t-elle.

Le Petit Musashibo leva les yeux, puis il se dirigea vers la jeune fille avec de petits pas, mais avec lenteur. « Bonjour Grande Sœur Juna. »

À ce moment, les téléspectateurs adultes avaient remarqué qui était celle qui se trouvait sur la scène. Le personnage de la grande sœur était joué par la fameuse Prima Lorelei, Juna Doma.

Parce que Juna était surtout connue pour être si belle que même les filles voudraient être avec elle, ils n’avaient pas fait le lien avec elle dans cette tenue de garçon. Son ton présent dans sa voix était plus direct, en accord avec la tenue. Bien que cette version de Juna ait perdu le sex-appeal mature qui la faisait paraître plus âgée qu’elle ne l’était en réalité, cela avait fait ressortir une allure très mignonne qui ressemblait plus à ce que l’on attend d’une fille de son âge.

Le Petit Musashibo s’était tourné vers sa « Grande Sœur Juna » afin d’obtenir de l’aide. « Grande Sœur Juna, l’arithmétique est bien trop difficile et je ne sais pas quoi faire face à ça. J’ai beau regarder dans des livres, mais comme il y a tout simplement que des chiffres et des symboles dedans, et ce n’est pas du tout intéressant et j’abandonne bien vite. »

Il y avait un grand nombre de téléspectateurs qui avaient acquiescé.

Neuf jours plus tôt, Souma avait encouragé les gens à apprendre à lire, à écrire et à faire de l’arithmétique, mais ceux qui vivaient dans un style de vie où ils n’avaient pas besoin de faire des calculs avaient apparemment pensé : « D’accord, le fait de lire et écrire, c’est peut-être utile. Mais à quoi bon apprendre à faire des calculs pour toute personne qui n’est pas un marchand ? »

Cependant, Juna s’était mise à rire avant de faire un clin d’œil espiègle au Petit Musashibo qui exprimait l’opinion qu’avaient les téléspectateurs vis-à-vis de ça. « Oh mon Dieu ! Ne sais-tu pas que les mathématiques peuvent être amusantes ? »

« Quoi !? Vraiment !? » Le Petit Musashibo demanda ça en montrant bien qu’il doutait de ça.

« C’est la vérité, » répondit-elle avec un ton qui indiquait sa grande confiance.

Une mélodie amusante et gaie avait commencé à être jouée sans qu’on sache vraiment d’où elle provenait. Juna avait alors commencé à chanter en accord avec elle.

La chanson s’appelait : « L’Arithmétique Amusante ». Elle provenant de Minna no Uta, ou les Chansons Pour Tout Le Monde, qui provenait directement du monde de Souma. Cette chanson, chantée par Seiji Tanaka, présentait l’addition, la soustraction, le fait que lorsque vous aviez un groupe de dix, il se déplace jusqu’à un nouveau chiffre, et le fait qu’un nombre, aussi grand soit-il, disparaît lorsqu’il est multiplié par zéro.

Juna et le Petit Musashibo avaient chanté cette chanson, dansant joyeusement ensemble en faisant un cercle sur la scène.

Quand ils finirent la chanson, le Petit Musashibo avait frappé ses mains avec enthousiasme. « Je sens que l’arithmétique vient de bien m’amuser. Si j’étudie plus, cela sera-t-il encore plus amusant ? »

« Bien sûr, » lui assura Juna. « Si tu étudies durement, tu seras capable de faire encore plus de choses incroyables et amusantes. »

Puis Juna s’était mise à chanter une chanson pour le Petit Musashibo sur toutes les choses qu’il serait capable de faire s’il étudiait son arithmétique. Il y avait une mélodie amusante et des paroles ludiques, mais si vous écoutiez de près, cela exprimait un certain nombre de phénomènes mathématiques. C’était exactement le genre de chanson qui appartenait à un programme éducatif.

Les enfants qui regardaient l’émission avaient innocemment imité Juna et le Petit Musashibo, chantant les paroles et dansant sur la mélodie. D’un autre côté, les adultes considéraient la signification des paroles, hochant la tête avec intérêt, comme s’ils avaient compris le sens de la chanson.

Parmi eux, il y avait juste une personne, Juno, qui pensait à quelque chose de complètement différent des autres.

Est-ce qu’il leur a tout simplement prêté son costume kigurumi ? Non... Ça ne peut pas être ça. Juno surveillait de près les mouvements du Petit Musashibo. La façon dont il bouge, c’est également la même manière que Monsieur Petit Musashibo. Mais la voix que j’ai entendue était la voix mignonne d’une fille. La main que j’ai vue était celle d’un homme. Il y a une personne différente à l’intérieur, mais il bouge de la même manière. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Alors qu’elle avait réfléchi à un grand nombre de possibilités, quelque chose avait surgi dans la tête de Juno.

Maintenant que j’y pense, n’était-ce pas déjà le cas, la dernière fois que j’ai vu Monsieur Petit Musashibo délivrant une lettre à la guilde ? Après que la réceptionniste l’a vu, elle nous a dit qu’un banquet avait lieu au château. En d’autres termes, cette lettre provenait du château. D’après ce que j’entends dire, cette émission est mise en place par le château. Peut-être, Monsieur Petit Musashibo est-il lié d’une manière ou d’une autre au château ?

Juno regarda fixement dans la direction de Château de Parnam, d’où venait l’émission.

... Je suis curieuse. Je veux tellement regarder dedans, mais... Je ne peux pas vraiment me faufiler dans le château. S’ils m’attrapaient, je suis sûre que je serais punie pour ça. Hmm, n’y a-t-il pas moyen de me pencher sur le sujet ?

Alors que Juno pensait à tout cela, l’émission avait continué. Lorsque la scène avec le Petit Musashibo et Juna avait pris fin, le décor diffusé changea. Cela provenait maintenant d’un tout autre endroit.

Cette fois, ce n’était pas un décor comme la dernière fois, car cela ressemblait à un grand hall d’un manoir. Il y avait environ dix enfants entre trois à cinq ans présents. En raison de leur jeune âge, ils n’étaient pas du tout coordonnés, ils s’asseyaient, couraient, se couchaient et se déplaçaient plus ou moins librement. Il s’agissait bien entendu des enfants des différentes personnes travaillant dans le château qui avaient été laissés à la garderie pendant que leurs parents travaillaient.

Souma avait pensé que le public d’un programme éducatif devrait être composé d’enfants, donc, avec la permission de leurs parents (bien que, avec le roi leur demandant une faveur, ils pourraient difficilement refuser), il avait arrangé tout ce qu’il fallait pour les faire apparaître dans l’émission. En outre, au milieu de ces enfants, il y avait une jeune fille qui semblait avoir environ seize ans.

« Hé, n’est-ce pas la princesse Roroa ? » un spectateur astucieux avait souligné ce fait.

Cette fille était en effet Roroa, l’ancienne princesse d’Amidonia. Roroa portait une tenue de garçon comme celle de Juna, et elle avait déclaré d’une voix enjouée. « Tout le monnnnnnde, regardez par ici. Votre grande sœur chantante va bientôt arriver et va jouuuerr avec vous. Un, deux ettttttt... ! »

« « « Grande Sœur Juna ! » » » crièrent en cœur tous les enfants.

Alors que Roroa leur donnait le signal, les enfants avaient tous appelé son nom en même temps. Et c’est alors que...

« Coucouuuuu, » Juna était à nouveau apparue, agitant ses mains. Elle se plaça à côté de Roroa et déclara : « Maintenant, tout le monde, il est temps pour une chanson. »

Puis elle commença à frapper en cadence dans ses mains.

☆☆☆

Partie 4

Pendant ce temps, là où nous filmions dans le château, Liscia criait de surprise. « Roroa !? Que fait donc cette fille ? »

« Quand j’ai dit à Roroa que nous allions faire un programme éducatif, elle a dit : “Cela semble fascinant ! Chéri, je veux aussi être dedans !” » dis-je. « Elle m’a forcé à lui laisser le rôle. Je n’avais pas d’autres options, alors j’ai décidé de la laisser participer au spectacle en tant qu’assistante de Juna. »

« Peux-tu vraiment décider des rôles sur un coup de tête comme ça ? » demanda Liscia avec scepticisme.

« ... Tu sais, j’ai un point faible face aux enfants qui pleurent ou quand les sponsors sont concernés, » répondis-je. « En outre, ce programme est sponsorisé par Le Cerf d’Argent, dont Sebastien est après tout le visage public, mais Roroa contrôle tout dans les coulisses. »

À l’heure actuelle, notre pays fournissait des fonds pour plusieurs entreprises et pour la recherche sur divers sujets. Nous étions fortement concentrés sur les produits alimentaires, les médicaments et les militaires parce que c’étaient des choses qui auraient un effet sur la vie des habitants. À cause de cela, le Trésor national était toujours sur le point de s’effondrer.

Finalement, au fur et à mesure que la population augmenterait, l’augmentation des taxes ferait revenir notre argent que nous avions investi, mais nous ne pouvions pas compter immédiatement sur cela.

C’était dans cet état d’esprit que le ministre des Finances, Colbert, avait contrôlé les cordons de la bourse du pays et qu’il n’allait pas allouer de fonds à un nouveau programme sans avoir obtenu quelques succès avant ça. C’est pourquoi j’avais demandé à la compagnie de Roroa de le financer. À cause de cela, je n’avais plus d’autre choix que d’écouter Roroa, l’investisseuse, lorsqu’elle m’avait demandé un service.

Quand Liscia avait entendu les détails, elle avait soupiré. « C’est toujours une question d’argent, hein. Que la vie est difficile. »

« Tu l’as bien dit, » répondis-je.

Bien que je sois sûre que Roroa a créé sa propre entreprise avec ce genre de situation en tête, pensai-je.

La vérité était que, si Roroa n’avait pas investi, je n’aurais pas pu faire cette émission. D’ailleurs, si je ne la laissais pas avoir un peu de ce qu’elle voulait, j’allais probablement être frappé un jour par un châtiment divin.

J’avais regardé vers la salle où Juna et Roroa chantaient « Musunde Hiraite [1] » avec les enfants.

Les enfants avaient regardé les mouvements exagérés de Roroa et l’avaient ensuite imitée. Quand je les avais vus rebondir, bouger les bras et les jambes, cela m’avait fait sourire.

Alors que mon cœur était réchauffé par leur comportement angélique, Liscia m’avait posé une question. « Je comprends pourquoi tu veux faire un programme éducatif, mais pourquoi y a-t-il autant de chansons ? »

« N’as-tu pas des chansons de ton enfance qui te sont restées étrangement longtemps dans ta tête ? » demandai-je en retour.

« Comme des berceuses ? » demanda-t-elle.

« Oui, tout à fait, » répondis-je. « Les chansons et les mélodies se coincent dans ta tête, et il est facile pour les gens de finir par les chanter ou les fredonner par eux-mêmes et sans raison. C’est pourquoi c’est plus mémorisable si tu utilises des chansons dans l’éducation que si tu vas juste enseigner le sujet d’une manière normale, et cela va aussi se propager plus loin de manière automatique. »

Par exemple, avant de nous enseigner l’« Irohanihoheto » à l’école, je l’avais déjà appris de « Iroha Matsuri » de Minna no Uta. Et aussi, j’avais l’impression que l’une des plus importantes raisons pour lesquelles je me souvenais de l’ordre du zodiaque chinois sans les confondre était parce que j’avais appris une chanson intitulée « Eto wa Merry-go-Round ». Si je me souvenais encore de ces chansons mêmes maintenant que j’étais adulte, cela démontrait que Minna no Uta était vraiment incroyable.

Liscia avait dit : « Je vois, » avec un grognement d’admiration. « Franchement, je pense que c’était vraiment bien pensé. »

« Hm... Eh bien, penser est après tout mon travail, » dis-je.

« Ce n’est pas aussi facile que ça. Je parle de penser au peuple et élaborer des politiques pour leur venir en aide, » Liscia me regardait d’un air approbateur... J’avais détourné mes yeux. « Attends, pourquoi as-tu regardé ailleurs ? »

« Eh bien... Si tu devais demander si c’est vraiment pour le peuple, je dois admettre que mon propre intérêt a aussi été mélangé là dedans, » répondis-je.

« Vraiment !? Comment ça ? » Liscia me regardait fixement.

... Eh bien, je ne peux pas y faire grand-chose, pensai-je. Je suppose que je vais devoir me confesser.

« Nous organisons la cérémonie de mariage qui sera également là où j’hériterais officiellement le trône, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« E-Exacte... Du moins, je suppose que c’est bien ça, » répondit-elle.

Les joues de Liscia avaient rougi quand j’avais dit le mot mariage.

C’était adorable quand elle avait réagi ainsi, mais... passons à travers le sujet. Cela s’était passé l’autre soir, le jour de l’an, où je l’avais proposé à Liscia et elle avait accepté, et c’était toujours un peu embarrassant d’y penser.

« Ainsi, au cours de ce mariage, je veux dévoiler toutes mes reines, sans discrimination entre qui est primaire et secondaire, » déclarai-je.

Parce que les reines secondaires, dont les enfants n’auraient pas le droit de succession, avaient été à l’origine les concubines des rois, elles étaient considérées comme inférieures aux reines primaires. En conséquence, même maintenant qu’elles étaient traitées comme des reines, il y avait beaucoup de cas où elles ne recevraient pas une grande cérémonie de mariage devant le peuple. Il y avait même eu des cas où les reines secondaires s’étaient senties inférieures aux primaires, et avaient donc refusé d’y assister pour ces raisons. Elles avaient dû craindre que ce ne soit le germe de futurs problèmes.

Je voulais changer cette coutume.

« Roroa a dit qu’elle était d’accord d’être une reine secondaire, mais puisque nous allons régner sur la région d’Amidonia, je veux faire d’elle ma troisième reine primaire, » dis-je. « Cela ferait de Juna la seule qui ne pourrait pas participer à la cérémonie, n’est-ce pas ? Je pensais que si c’était possible, je voudrais que tout le monde soit là ce jour-là. »

« Tu as raison. Je pense que ce serait pour le mieux ainsi, » Liscia acquiesça et accepta sans hésitation. « Aisha et Juna étaient avec nous pendant les temps difficiles, et nous les avons traversés ensemble. Elles sont pour moi des camarades de guerre. Oh, je ne veux pas mettre Roroa de côté. Je pense qu’elle peut parfois être une nuisance, mais la façon dont elle agit avec moi comme une petite sœur est vraiment mignonne. C’est juste qu’Aisha et Juna sont spéciales. Peu importe qui est une reine primaire et qui est reine secondaire, je ne veux pas que quelqu’un se sente négligé. »

« Je vois... je suis soulagé, » dis-je.

C’était une bonne chose que la première reine primaire, Liscia, soit si tolérante. Liscia et les autres filles s’entendaient bien, donc je n’avais pas été inquiet, mais... même ainsi, c’était un soulagement d’entendre Liscia elle-même dire tout cela. Honnêtement, ces merveilleuses filles étaient toutes trop bien pour que je les mérite en réalité.

Liscia pencha la tête sur le côté. « Mais est-ce que ça a quoi que ce soit à voir avec cette émission ? »

« Tout à fait, » dis-je. « Pour l’instant, mes fiançailles avec Juna sont secrètes, mais cela va devenir intenable à l’approche de la cérémonie, n’est-ce pas ? »

« Eh bien, c’est sûr. Le mariage sera diffusé à l’échelle nationale, » répondit Liscia.

« Tout à fait, » dis-je. « Donc, il doit y avoir une annonce faite à un moment donné... Je pensais que quand cela se produira, entre la Lorelei Juna et la Juna qui chante des chansons avec des enfants, ce qui fera que les habitants soient moins en colère c’est... tu sais... »

Liscia plissa les yeux et me lança un regard dur. « Ne me dis pas que tu as planifié ce programme juste pour ça. As-tu fait ça ? »

« Oh non, pas du tout, » dis-je. « Le plan lui-même était destiné dès le début à aider à éduquer les habitants, » avais-je dit, en essayant de ne pas avoir de contact visuel avec Liscia. « C’est juste que... eh bien... Je laisse également mes propres intérêts égoïstes s’impliquer un peu dans tout ça... alors, tu pourrais dire que... »

Liscia laissa échapper un soupir. « Tu es un cas désespéré... As-tu vraiment à te soucier autant de la façon dont les personnes te voient ? »

« Eh bien ! Possible, car tu sais, c’est un problème assez important. Est-ce que tu t’en rends compte ? » demandai-je.

Après tout, Juna était devenue une telle idole nationale ce qui avait été clairement démontré depuis que nous avions reçu des pétitions du Congrès du Peuple nous disant : « L’avoir plus souvent dans les émissions produites par le Joyau de Diffusion de la Voix ». Si je venais à annoncer nos fiançailles dans la situation en cours, il pourrait sérieusement y avoir des émeutes. C’est pourquoi, afin de les garder sous contrôle, j’avais l’intention de déplacer progressivement Juna du travail d’idole aux chansons pour enfants.

Quand j’avais dit cela à Juna, alors même que cela me faisait mal, elle m’avait répondu : « Si je peux chanter à vos côtés, Sire, peu importe la position dans laquelle je me trouve, cela me convient, » et elle m’avait ensuite souri.

À en juger par le fait qu’elle avait alors immédiatement recommandé une nouvelle Lorelei, Komari Corda, qui pourrait continuer sur son style actuel, Juna était enthousiaste à cette idée.

Et, alors que nous en discutions, la partie où elles devaient chanter avec les enfants s’était terminée.

« Très bien, tout le monde, bien joué, » déclara Juna.

« Est-ce que tout le monde qui nous regardait depuis là-bas, chante-t-il également avec nous ? » demanda Roroa.

Juna et Roroa avaient ainsi clos cette partie de l’émission.

« Qu’est-ce qui est prévu après ça ? » demanda rapidement Liscia.

« La prochaine étape est une petite période pour des exercices. Il s’agit d’un petit programme afin de faire bouger toutes les parties du corps des spectateurs, » répondis-je.

« Exercices ? » demanda Liscia qui était surprise. « Comme tu utilises que des membres de notre famille... est-ce que c’est Aisha qui s’occupe de cette partie ? »

« Nullement. J’ai amené un expert approprié pour la partie exercice, » dis-je.

« Un expert ? » Liscia inclinait la tête sur le côté en pleine confusion.

Dans le hall, Roroa avait repris la direction de l’émission. « Bon, il est temps de faire un peu d’exercice. Nous allons tous ensemble appeler le monsieur exercice. Allez ! Un, deux etttttt... ! »

« « « Monsieur exerciccccccee ! » » » les enfants avaient tous crié ensemble à la suite de l’incitation de Roroa.

« Hahhhh ! » Un homme avait sauté depuis le balcon du deuxième étage.

L’homme avait atterri avec élégance devant les enfants, affichant ses dents blanches et brillantes, puis se tourna vers l’écran et leva le pouce face aux téléspectateurs.

Le jeune homme était grand, il faisait environ 185 centimètres. Il avait un physique musclé qui était apparent même avec tous ses vêtements. Son visage, pris dans son ensemble, aurait été considéré comme beau. Mais ses sourcils épais et relevés, ses yeux perçants et ses dents blanches et brillantes... Chacune des parties individuelles de son visage avait beaucoup de « caractères ».

Le jeune homme posa une main sur sa hanche, puis se tourna vers les enfants avant de déclarer. « Les enfants, je suis désolé pour l’attente ! Maintenant, déplacez avec moi votre corps ! »

Il s’agissait d’un jeune homme qui parlait avec des mots passionnés et un sourire tout aussi passionné.

Liscia regarda le jeune homme, bouche bée, puis elle chuchota. « Qui est-ce ? »

Notes

  • 1 Musunde Hiraite : Il s’agit d’une chanson enfantine japonaise. Les différentes chansons dont parle le chapitre sont toutes dans le même genre.
 

☆☆☆

Partie 5

— Plus tôt, au milieu du douzième mois de l’année 1546 du Calendrier Continental

Sur ce jour-là, il faisait particulièrement froid...

« Nous avons changé la façon dont nous produisons du grain sur notre territoire. Cela a considérablement augmenté notre taux d’autosuffisance alimentaire, » un homme me disait ça. « Grâce à votre réseau de transport, Sire, mon domaine est plus prospère que jamais. »

« Oh, ho, » dis-je. « Je vois... »

Je me tenais à côté d’un homme costaud, d’âge moyen et souriant tout en nous promenant indéfiniment. Le nom de l’homme était Moltov Juniro. Il était à la tête de l’une des dix maisons nobles les plus influentes du pays, la Maison Juniro. Aujourd’hui, j’avais été invité à un banquet qu’ils organisaient.

Ces jours-ci, j’étais invité à un banquet tenu par un noble influent tous les jours. Il semblait que dans ce pays, au milieu et vers la fin du douzième mois, les nobles invitaient des personnes proches et organisaient un banquet. Là, ils les remercient pour leurs interactions tout au long de l’année, et exprimaient leur espoir de rester tout aussi proche lors de la prochaine année.

En fait, il s’agissait des fêtes de fin d’année dans ce monde.

En outre, il semblait que le nombre et le rang des invités qu’ils pouvaient attirer servaient de baromètre du pouvoir et de l’influence du noble. C’est pourquoi, à cette époque de l’année, les nobles invitaient autant de monde qu’ils le pouvaient, surtout ceux de haute stature.

Maintenant, si vous demandiez qui était la personne de la plus haute stature dans ce pays, tous diraient que c’était moi, le gars qui se tenait actuellement sur le trône. Naturellement, même s’ils le voulaient, aucun noble ordinaire ne pouvait inviter le roi sans avoir de lien particulier avec lui. Et après tout, je n’étais pas trop friand de ces banquets, alors normalement, même si j’avais reçu une invitation, je l’avais refusée parce que j’étais trop occupé.

Donc, si je devais quand même assister au banquet de quelqu’un, cela signifiait qu’ils n’étaient pas de nobles ordinaires. Bien qu’ils ne soient peut-être pas au niveau d’Excel, il y avait encore de puissants nobles dans ce pays. Il était difficile de refuser les invitations de ce genre de personnes. C’était le devoir d’un supérieur de socialiser avec ceux qui servent sous leurs ordres.

Parce que j’en avais refusé beaucoup, Hakuya m’avait dit : « S’il vous plaît, assistez au moins aux banquets de fin d’année ». À cause de cela, depuis quelques jours, j’étais obligé d’assister aux banquets de ces puissants nobles.

Tout en étant habillé comme d’habitude pour les banquets (c’était une tenue royale. Même mes manches avaient des fioritures.), j’avais grogné, « Argg ! Quelle douleur ! » ou « Je ne veux pas y aller » ou « C’est trop compliqué ! » et Liscia, qui m’aidait à me changer, me l’avait reproché.

« Il s’agit là de ton devoir de roi, » déclara-t-elle. « En tant que fiancées, nous serons là également. Alors, prends-toi en main, veux-tu bien le faire ? »

Comme elle l’avait dit, Liscia et mes autres partenaires étaient également présentes. Même ainsi, elles n’étaient pas dans une situation aussi mauvaise que la mienne. Mes fiancées, Juna exclue, se relayaient et m’accompagnaient, mais c’était seulement une à la fois qui venait avec moi. Moi, d’autre part, j’étais obligé d’assister à chaque banquet.

« Comme vous pouvez le voir, mon domaine est en excellente forme, » Moltov était en train de monologuer.

« ... »

Si vous me demandiez ce que je n’avais pas aimé dans ces banquets, c’était de jouer avec « l’hospitalité » de mon hôte qui consistait à parler longuement sur ceci ou cela. Même si la nourriture avait l’air luxueuse, je n’avais pas le temps de manger ou de boire. De plus, les nobles avaient tous tendance à parler des mêmes choses.

En premier, ils se vantaient de la façon dont ils avaient géré leur domaine. C’était sans doute en grande partie parce que j’avais ajouté la gestion de leurs domaines dans leurs évaluations de performances. La plupart des nobles avaient essayé de montrer qu’il n’y avait pas de problèmes dans leur gouvernance, et les plus capables avaient eu l’occasion d’exprimer à quel point leurs compétences de gestions étaient merveilleuses.

Les évaluations avaient été effectuées par des inspecteurs envoyés à cette fin, et ils recevraient une estimation appropriée en provenance des personnes vivantes dans le domaine. Cela avait fait qu’ils essayaient de me convaincre lors d’un banquet vide de sens, mais c’était la nature humaine de vouloir mettre la chance de leurs côtés. S’ils pensaient que le roi les surveillait de près et que cela améliorait la vie de leur peuple, c’était une bonne chose. Pourtant, j’en avais eu rapidement marre d’avoir à entendre des récits semblables à chaque banquet.

« Sire, permettez-moi d’aller prendre un verre pour vous, » Aisha, ma partenaire pour la journée, m’avait parlé avec une petite voix. La robe d’argent qu’elle avait était celle qu’elle avait également portée pour l’émission de musique quand elle m’avait aidé à servir d’hôte à Amidonia. Elle lui allait également bien maintenant. Elle avait dû sentir mon épuisement et essayait d’être prévenante.

Je venais juste de me sentir un peu assoiffé, alors je lui avais demandé de le faire, et Aisha était partie en silence me chercher un verre.

Au moment où Aisha était partie, il y avait un changement soudain dans le comportement bavard de Moltov. Il m’avait alors dit. « ... En passant, Sire. »

Ses yeux étaient vifs, comme un serpent qui avait trouvé sa proie.

En cet instant, j’avais réalisé que j’avais commis une erreur. J’avais traversé cette situation plusieurs fois auparavant. Quand la partenaire du roi avait quitté ses côtés, ils avaient souvent vu cela comme le moment parfait pour agir d’une manière très opportuniste.

« Cela vous dérangerait-il si nous parlions ailleurs pendant un petit moment ? » demanda Moltov.

« ... Vous rendez-vous compte qu’Aisha n’est pas encore revenue ? » dis-je.

« Cela ne prendra pas beaucoup de temps. Je suis sûr que vous serez en mesure de vous revoir en un rien de temps, » répondit Moltov.

Ayant dit cela, Moltov m’avait pris la main et m’avait à moitié tiré vers un autre lieu.

Ouais... C’était à coup sûr ce genre d’événements...

Je n’aime pas ça... Moltov peut penser que c’est sa grande chance, mais j’ai l’impression d’être sur des charbons ardents ici...

Alors que je pensais cela, comme je l’avais prévu, il y avait une seule jeune femme qui m’attendait quand nous étions arrivés à notre destination. Elle devait avoir environ seize ans. Elle était clairement une charmante jeune femme de bonne éducation.

« Permettez-moi de vous présenter, Sire. Il s’agit de ma fille, Siena, » déclara Moltov.

« Toutes mes salutations, Votre Majesté. Je m’appelle Siena Juniro, » déclara-t-elle tout en faisant une révérence.

... Je le savais. Il avait vu cela comme une occasion rêvée de me présenter à la jeune fille qui était liée à leur famille.

À chaque époque, les liens du sang avec la maison royale avaient été une source de fierté pour la noblesse. Si elle devenait ma reine, leur maison serait en sécurité, et elle pourrait même donner naissance à un héritier. En plus de cela, parce que mes fiançailles avec Juna n’avaient pas encore été annoncées, en ce qui me concerne, je n’avais que trois fiancées. Ce nombre était, à l’exception des cas spéciaux comme mon prédécesseur, le Roi Albert (il s’était marié dans la famille de la reine), considéré comme faible. À cause de cela, chaque noble cherchait désespérément à me vendre ses filles.

En l’espace d’une demi-année depuis que le trône m’avait été confié, j’avais annexé Amidonia et avais eu beaucoup d’autres grandes réalisations, si bien que les gens avaient placé de grands espoirs en moi. Il y avait toujours un grand nombre d’offres de mariage qui arrivaient au château, et mon chambellan, Marx, était toujours occupé à les traiter.

« Cela me peine de toujours les refuser, alors pourriez-vous au moins en rencontrer quelques-unes ? » Marx m’avait demandé cela avec des yeux suppliants, mais cela avait l’air d’être très problématique pour moi, alors j’avais tout refusé.

Mais même ainsi, j’avais fini par avoir affaire à des nobles qui m’avaient approché pour ces mêmes raisons, avec l’intention de ne pas manquer leur chance.

Bien sûr, les nobles n’étaient pas assez audacieux pour amener ce genre de discussions quand l’une de mes fiancées était là, mais que ce soit Liscia, Roroa ou Aisha qui était avec moi, ils s’étaient toujours assurés de créer une ouverture pour le faire. Mon opinion sur les compétences des nobles à cet égard dépassait l’exaspération et entrait dans le domaine de l’admiration.

N’ayant pas beaucoup d’autre choix, j’avais salué la fille. « C’est un plaisir de vous rencontrer, Mademoiselle Siena. Je suis Souma Kazuya. »

« J’ai déjà entendu votre grand nom, Sire, » dit-elle. « J’ai entendu dire que vous étiez un grand souverain béni à la fois pour sa bravoure et sa sagesse, mais je suis soulagée de constater en vous rencontrant que vous semblez également être une personne aimable. »

« Les rumeurs à propos de moi n’ont pas seulement été exagérées, elles se sont vu pousser des membres et ont même pris vie, » répondis-je.

« Mon Dieu ! Vous les faites paraître adorable, » Siena affichait un sourire réservé. Elle semblait être une fille simple. Ces types de filles étaient toujours les plus difficiles à gérer.

Il était facile de se débarrasser de quelqu’un qui essayait manifestement d’épouser pour l’argent et le statut, mais je ne pouvais pas être aussi cruel envers une fille innocente et pure. Je veux dire par là qu’il était difficile de dire si elle savait même que c’était une tentative d’entremise qui se déroulait en ce moment. Eh bien ! Peu importe comment elle se sentait à ce sujet, son père essayait définitivement de la faire épousée pour de l’argent et du statut.

Moltov m’avait fait venir à une certaine distance de Siena et avait parlé. « Que pensez-vous de ma Siena ? »

« ... Elle a l’air d’être une jeune fille très pure et simple, » dis-je. « Et très mignonne. »

« Oh, je vois ! Si elle vous plaît, envisageriez-vous de la prendre pour épouse ? » demanda Moltov.

« Non, j’ai déjà trois (quatre, en fait) fiancées..., » dis-je.

« Que dites-vous ? Vous êtes encore jeune, Sire, » insista Moltov. « Pour le bien de la maison royale, vous devriez augmenter le nombre de femmes que vous avez. Si vous êtes réticent à l’égard de la Princesse Liscia, alors ça ne me dérangerait pas qu’elle soit une reine secondaire... »

Tout en parlant aussi vite qu’une mitraillette, Moltov avait essayé de faire avancer les choses. Et alors, quand je pensais, Arg ! Franchement, quelle plaie ! Aisha, pouvez-vous vous dépêcher et rapidement revenir ? C’était arrivé.

« Hahh, ha, ha, ha ! Hahh, ha, ha, ha ! » Ce rire passionné avait soudainement fait écho dans le hall.

« Ivan ?! Cet idiot ! » Moltov, qui avait seulement un instant le visage d’un vieil homme aimable qui m’offrait sa fille, avait maintenant un regard aigre présent sur son visage alors qu’il regardait à travers l’espace ouvert du deuxième étage de la salle de banquet.

J’avais suivi son regard pour trouver quelqu’un qui se tenait sur la balustrade du balcon.

Il s’agissait d’un homme dans la mi-vingtaine, grand et musclé. Avec ses épais sourcils, ses yeux perçants et ses dents blanches et brillantes, il avait un visage étrangement distinctif. Il était un jeune homme passionné, qui ne quitterait pas rapidement les souvenirs de quiconque l’aurait vu.

... Eh bien ! Franchement, qui est ce type ?

L’homme avait crié et avait sauté du balcon. Au moment où il avait fait...

Badaboum !

Il y avait une grosse explosion juste derrière le jeune homme. Des flammes avaient surgi, et il y avait une explosion rugissante qui avait secoué mes tripes. Pendant un moment, j’avais pensé qu’il était un terroriste et qu’il était sur le point de provoquer une panique, mais pour une raison inconnue, les autres invités autour de lui avaient simplement regardé le jeune homme avec des sourires désabusés.

Hein !? Quoi ? Que suis-je censé faire de cela ?

« Votre Majesté ! » Aisha m’avait finalement trouvé et s’était précipitée à mes côtés. « Sire, cela pourrait être une attaque ! S’il vous plaît, restez derrière moi ! »

« ... Non, il y a quelque chose de bizarre dans tout cela, » dis-je.

« Hein !? Qu’entendez vous par “Quelque chose de bizarre” ? » demanda-t-elle.

J’avais regardé autour de moi, mais personne ne semblait être paniqué vis-à-vis de ce qui venait de se produire. La plupart d’entre eux regardaient simplement le jeune homme avec des sourires ironiques ou moqueurs. En y regardant de plus près, malgré l’étendue du feu, la zone où l’explosion s’était produite derrière le jeune homme n’était même pas légèrement roussie.

« Oh mon Dieu, mon idiot de frère, » déclara une voix féminine.

Quand je m’étais retourné pour voir qui venait de parler, Siena regardait l’homme avec un air troublé.

« Frère ? » répétai-je.

« C’est bien ça, Sire. Il s’agit de mon frère aîné, Ivan Juniro, » répondit Siena.

« Hmm... À mon avis, on dirait qu’il y a eu une explosion, » dis-je.

« Il s’agit de la capacité de mon frère, » répondit-elle. « Elle lui permet de faire apparaître des effets criards de feu et de bruit, mais c’est plus quelque chose comme une simple illusion. Il n’y a pas de véritable force derrière ces effets. Hee hee. N’est-il pas sympa ? »

« Euh... Hmm, bien sûr..., » dis-je.

Si elle était capable de décrire cela comme étant juste « sympa »... à certains égards, cette fille pourrait être assez impressionnante.

Je vois, pensai-je. Les personnes invitées ici étaient celles qui avaient des relations régulières avec la Maison Juniro. Naturellement, ils devaient être conscients de l’étrange fils de la famille. C’est pourquoi, même quand il y avait eu une explosion, ils avaient seulement réagi avec des sourires désabusés.

Moltov avait crié de colère. « Ivan ! Comment peux-tu agir si grossièrement devant Sa Majesté ? »

« Mon vieux, ferme là ! » Ivan avait fait une pose, et cette fois il y avait eu un éclair derrière lui. « Vieillard avide, essayant de profiter de l’innocence de Siena pour la pousser vers un mariage ! Même si les cieux le permettent, moi, son frère, je ne le ferai pas ! »

Quand il avait déclaré cela, il y avait eu une flamme présente dans les yeux d’Ivan. On pouvait dire littéralement que des flammes sortaient de ses yeux.

... Je ne savais pas quoi dire. Je commençais à un peu m’amuser devant ce spectacle. Moltov, d’autre part, était furieux.

« Épouser le roi est le plus grand honneur qu’une femme née dans une maison noble peut espérer réaliser pour elle-même ! » déclara Moltov. « Quel est le problème avec un père qui veut que sa fille trouve le bonheur !? »

« Siena peut décider par elle-même de son propre bonheur ! Ce n’est pas quelque chose que tu dois décider pour elle ! » cria Ivan.

« Tais-toi ! Tu n'es qu’un bouffon, tout comme ta capacité ! » s’écria Moltov.

« Tu as la même capacité, mon vieux ! C’est dans notre sang ! » cria Ivan.

Leurs yeux s’étaient rencontrés et les étincelles avaient volé. Des nuages ​​noirs s’étaient formés entre eux et la foudre avait frappé juste au centre. Je ne parlais pas en métaphore, ces choses s’étaient réellement déroulées devant nous. Et pourtant, il n’y avait pas eu de dégâts. C’était amusant à regarder, tant que vous n’étiez pas impliqué par tout ça.

Je m’étais tourné vers Siena et lui avais demandé. « Euh, hmm... Ne devrions-nous pas les arrêter ? »

« Ils le font tout le temps, » avait-elle répondu avec un large sourire.

« Oh, bon alors..., » commençai-je à dire.

Même pendant notre petit échange, les deux hommes avaient continué à se lâcher des répliques.

« Aujourd’hui, c’est le jour où je vais finalement réussir à faire rentrer un peu de bon sens en toi, » cria Moltov.

« C’est ma phrase ça ! Amène-toi, le vioc ! » cria Ivan.

« Chowahhhhhhhhhhhhh! »

« Dahhhhhhhhhhhhhhhh! »

Alors que les deux hommes s’étaient approchés, un groupe de bras et de jambes étaient apparus entre eux, effectuant des coups de poing et coups de pied ainsi que des blocages. C’était comme si quelqu’un avait fait une adaptation en réel de Dragon Ball, et cela m’avait vraiment excité. Pendant un moment, je les avais regardés avec enthousiasme, en pensant, ouais, encore un peu plus d’actions ! Mais alors...

« Presque tous ces membres sont des illusions, » déclara Aisha. « Ce sont juste leurs vrais corps au milieu qui se battent vraiment l’un contre l’autre. »

J’étais resté silencieux. Quand Aisha, qui avait vu à travers ça avec sa vision cinétique de guerrière, m’avait dit ça, cela avait tué mon amusement.

Cinq minutes plus tard, Moltov et Ivan s’étaient effondrés, tous deux étaient tombés sur le dos, presque au même moment.

« Arg... Pas mauvais, le chnoque ! »

« Hmpfff. Je ne suis pas vieux au point où je t’aurais laissé me vaincre, » répondit Moltov.

OK, c’était très voyant. Mais tout ce qu’ils avaient fait, c’était se battre l’un contre l’autre, donc s’ils venaient vers moi en tant que « rivaux qui ont communiqué par leurs poings », je ne savais pas trop comment réagir. Eh bien, ce n’était pas comme si cela importait vraiment.

Quoi qu’il en soit, je m’étais dirigé vers Moltov, qui s’était effondré sur le sol. « Moltov. »

« Qu-Quoi, Sire !? Nous avons fait une démonstration misérable de nous-mêmes ! Je vous demande pardon ! » Moltov se leva précipitamment et s’excusa humblement, mais j’agitai une main et lui dis de ne pas s’inquiéter à ce sujet.

« Ça ne me dérangeait pas. Cela a créé un spectacle assez divertissant. Sur cette note, il y a quelque chose dont je voudrais vous parler..., » dis-je.

« Qu-Qu’est-ce que cela pourrait-il être ? » demanda Moltov.

« Ce n’est pas à propos de Siena. Seriez-vous prêt à m’offrir les services d’Ivan pour le bien du pays ? » demandai-je.

« « ... Pardon... ? » » Moltov et Ivan avaient tous les deux cligné les yeux en raison de la surprise induite par ma demande.

☆☆☆

Partie 6

« ... Et, bien, c’est comme ça que j’ai embauché notre homme pour les exercices, Ivan Juniro, » avais-je ainsi terminé mon explication.

« Je vois, tu as encore ramassé un autre cinglé, » répliqua une Liscia qui m’avait regardé avec exaspération.

Eh oui, c’était sa réponse habituelle.

Dans le hall, Ivan Juniro, l’homme pour les exercices, avait levé les pouces en montrant ses dents blanches nacrées. « Un esprit sain réside dans un corps sain. Venez ici, les enfants ! Entraînez-vous avec moi, pour que vous grandissiez en étant fort, gentil et solide ! »

Bien qu’Ivan ait dit cela, les enfants avaient effectué des réponses contradictoires. Il y avait des enfants qui étaient tout à fait enthousiastes à ce sujet, d’autres enfants qui étaient intimidés par sa passion excessive et poussés aux larmes, des enfants qui avaient peur et se cramponnaient à Juna... et, d’une manière écrasante, la réponse la plus commune, il y avait des enfants dont les petits cerveaux ne pouvaient pas comprendre les agissements de l’homme qui venait d’apparaître devant eux et qui se tenaient immobile, tout en le regardant fixement.

Quand elle vit l’état des lieux dans le hall, Liscia me demanda, inquiète, « Attends, Souma, est-ce que ça va aller ? »

« Hmm... Il est un peu guindé, je suppose ? Peut-être qu’Ivan est un peu trop tendu ? » demandai-je.

« C’est supposé être du temps d’exercice, n’est-ce pas ? » demanda Liscia. « Peuvent-ils le faire comme ça ? »

Certes, il ne semblait pas que les enfants s’exerceraient devant nous. Dans la partie exercice des spectacles éducatifs pour enfants sur lesquels je me basais, il y avait des enfants qui couraient et roulaient, effectuait le type d’exercice demandé et d’autres qui faisaient généralement ce qu’ils voulaient. Mais, « je pense que ça ira », avais-je finalement dit. « Il y a, après tout, une astuce. »

« Une astuce ? » demanda Liscia.

« Heheheh... Hahaha... Bwahahaha! » Et ainsi la voix d’une femme se fit entendre. Il s’agissait d’un rire en trois étapes qui résonna dans la pièce.

« Qui est-ce !? » demanda Ivan qui regardait autour de lui.

À ce moment-là, des enfants crièrent, « Là-bas ! » « En haut ! » tout en pointant du doigt vers le haut. Il y avait quelqu’un qui se tenait au deuxième étage où Ivan avait été un peu plus tôt.

« Rendre les enfants forts, gentils et robustes, dites-vous ? » déclara la femme. « Comme c’est risible ! Nous, les membres du Groupe Noir qui somment déterminé à dominer le monde ne le permettront jamais ! »

Ces phrases qui empestaient le dialogue déclaratif étaient prononcées par une femme portant un masque qui couvrait la moitié supérieure de son visage, avec en plus une tenue semblable à un maillot de bain avec une cape qui était ouverte au centre afin de largement exposer son décolleté, et des épaulettes à pointes du style de la fin du siècle dernier. Elle avait deux cornes qui sortaient de ses tempes, des ailes de dragon sur son dos et une queue semblable à un fouet qui poussait hors de son dos.

Ivan se tourna vers la femme et cria : « Qui êtes-vous ? »

« Je suis la méchante femme commandante du Groupe Noir, Mademoiselle Dran, » annonça la femme.

Liscia, qui regardait à mes côtés cette scène, regarda fixement pendant un moment, mais elle revint bientôt à elle, se tourna vers moi et demanda, « Est-ce... Carla, n’est-ce pas ? »

« Non. Elle est la méchante commandante, Mademoiselle Dran, » répondis-je.

« Hein... !? » s’exclama Liscia.

« C’est la méchante commandante, Mademoiselle Dran, as-tu compris ? » demandai-je.

« Oh, c’est donc ça... Eh bien, tu sais que je ne vais pas l’accepter comme ça ! » Même si Liscia m’avait pressé pour avoir la vérité, l’histoire se déplaçait sur scène.

Mademoiselle Dran avait déployé ses ailes afin d’intimider Ivan. « Si vous rendez les enfants plus fort, alors cela pourrait empêcher le Groupe Noir de conquérir le monde. Mais je vais vous arrêter avant que cela n’arrive, Ivan Juniro ! »

Avec cette tenue très révélatrice, elle était probablement si embarrassée que le désespoir avait pris le dessus. Il y avait une véritable passion exubérante dans la performance de Mademoiselle Dran.

Chaque fois que Mademoiselle Dran avait fait l’une de ses actions citées plus haut, certaines parties d’elle s’étaient amplement trémoussées. La qualité de la vidéo diffusée par le Joyau de Diffusion de la Voix n’était pas très bonne, alors je ne pensais pas que les téléspectateurs remarqueraient ça, mais... honnêtement, je ne savais pas où regarder. Surtout en tenant compte que Liscia était là à me fusiller du regard.

« Ne penses-tu pas que le costume de Mademoiselle Dran est un peu trop osé ? » demanda-t-elle.

« Serina avait un contrôle total quant à la conception, » me défendis-je. « Je devrais le mentionner, car je lui ai dit de se retenir parce que c’est censé être un spectacle pour enfants, mais... parce que je lui avais demandé de l’aider pour faire le costume, il était donc difficile de rejeter ses propositions. »

« Je vois ça..., » Liscia soupira. « Serina n’aurait-elle pas faite une meilleure commandante ? »

« Pourrais-tu le lui dire en pleine face ? » demandai-je.

« Non, aucune chance ! » répondit Liscia.

« Je le savais, » dis-je.

Pendant que nous parlions de cela, Ivan pointa un doigt dans la direction générale de Mademoiselle Dran. « La domination du monde !? Je ne vous laisserai jamais faire cela ! »

« Hmm ! Vous êtes bien fougueux, mais que pouvez-vous vraiment faire face à moi ? Mes acolytes, chargez-vous de lui ! »

Quand Mademoiselle Dran lâcha cet ordre, un groupe d’hommes habillés tout en noir était apparu et avait entouré Ivan. Le point clé était de les garder à distance des enfants, afin de ne pas les rendre trop dangereux.

Ivan s’était placé dans une position de combat tout en criant : « Allez-y ! Montrez-moi ce que vous avez dans le ventre ! »

Avec cela comme repère temporel, les hommes en noir s’étaient relayés pour attaquer Ivan. Ivan les avait tous combattus, l’un après l’autre.

Bing Bang Bong !

Il y avait un effet sonore exagéré chaque fois qu’il avait frappé l’un des acolytes. Quand ils étaient touchés, les acolytes étaient projetés dans les airs avant de s’écraser sur le sol et d’y rester un moment. Cela avait semblé impressionnant, mais les sons venaient de la capacité d’Ivan, et le fait d’être ainsi projeté était une cascade, donc il n’y avait pas de blessures.

Incidemment, les enfants étaient divisés moitié-moitié en ceux qui avaient peur, et ceux dont les yeux brillaient d’excitation en regardant Ivan se battre. Les sons étaient après tout assez bruyants. Il y avait quelque chose qui avait été fait pour ne pas rendre les effets trop voyants et effrayants.

Les enfants qui avaient été effrayés s’étaient naturellement blottis contre Juna et Roroa, qui leur avait dit, « Ne vous inquiétez pas. Cela va aller, » et « Cet homme va les battre, alors vous n’avez pas à vous inquiéter, » afin de les calmer.

Finalement, Ivan avait vaincu tous les hommes de main de Mademoiselle Dran.

Cependant, Mademoiselle Dran avait gardé son sourire plein d’assurance. « Hehe hehe hehe. Pas mauvais, Ivan Juniro. Eh bien, que ferez-vous alors face à ça ? Viens ici, Monstre de la boîte en carton, Danbox ! »

« Danbooooox ! ... C’est moi, » avec ces mots, un monstre qui ressemblait à une personne faite de boîtes en carton était apparu sur scène.

Alors qu’il avait des yeux bridés en papier présent sur son visage... dans l’ensemble, il semblait plutôt claudicant. La silhouette donnait l’impression qu’il avait été conçu avec des blocs de Lego et chaque fois qu’il bougeait, cela produisait un important son.

Liscia regarda froidement le Danbox. « Ce monstre n’est-il pas un peu grotesque par rapport au reste ? »

« Nous avions de la passion, » dis-je. « Mais nous avons manqué de temps et de budget. »

« C’est vraiment un monde dur, hein, » répliqua Liscia.

Je ne pouvais pas faire un costume kigurumi grandeur nature par moi-même. Si je devais le commander quelque part, cela prendrait du temps. Voilà pourquoi, pour cette fois-ci, j’avais fini par accepter ce monstre totalement bâclé. C’était un rappel de la dureté des choses pour les personnes qui avaient fait les monstres dans les premiers spectacles de tokusatsu.

Pourtant, alors qu’il aurait pu paraître un peu faiblard, Danbox était fort. Quand il avait attaqué Ivan, il avait soulevé l’homme de 180 centimètres, 90 kilogrammes aussi facilement qu’un surfeur ramassant sa planche de surf. Puis, comme un lutteur montrant sa force, Danbox tourna en place, en maintenant sa pose tout en effectuant son tour sur lui-même.

Cette force ridicule qui avait défié son apparence avait abasourdi Liscia. « C’est une incroyable force que possède ce monstre. Oh ! Ce pourrait-il que la personne à l’intérieur du costume... »

« Tout à fait. C’est Aisha, » répondis-je.

« Que fais-tu faire à ta future seconde reine primaire... ? » grogna Liscia.

« Il est un peu tard pour dire cela quand Juna et Roroa sont déjà dans l’émission. Veux-tu aussi y participer, Liscia ? Si tu agis maintenant, le rôle de l’acolyte d’Ivan est toujours libre. »

« Non, aucune chance, » répondit-elle.

À ce moment, Ivan avait commencé à lutter. « Bon sang ! Lâchez-moi ! »

« Je suis Danboooox. »

« Gwah! » Peut-être que les paroles d’Ivan avaient été entendues par le monstre, parce que Danbox hocha la tête et le jeta violemment vers un mur qui avait été préparé à cet effet. Quand il avait percuté le mur, Ivan était passé à travers.

En passant, il avait été fait de matériaux légers pour le rendre facile à traverser, donc il n’était que légèrement blessé par ça. Cependant, Ivan avait agi comme s’il était gravement blessé, gémissant de douleur. « Urgh, quel monstre puissant... »

« Daaaan, bo, bo, box! C’est moi ! » Danbox se mit à rire triomphalement.

Ivan sortit du mur, trébuchant, puis se retourna pour faire face aux enfants et cria. « Si cela continue ainsi, nous allons perdre. Vous tous, les bons enfants, prêtez-moi votre pouvoir ! »

Roroa et Juna avaient alors expliqué aux enfants ce qu’il voulait dire par là.

« Très bien, tout le monde, » déclara Roroa. « Faites tourner les bâtons lumineux que nous vous avons donnés tout en criant “Tu peux le faire !” »

« Envoyons tous notre pouvoir à notre Grand Frère Ivan, » déclara Juna. « Un, deux... »

« « « Tu peux le faire ! » » »

Face à l’incitation des deux femmes, les enfants avaient commencé à utiliser les bâtons lumineux qui étaient de la taille d’un morceau de craie afin de tracer des cercles dans l’air.

Nous avions distribué ces bâtons avant le début de l’émission. Ils brillaient faiblement parce que la mousse lumineuse, qui était utilisée dans les réverbères de la ville, car elle absorbait la lumière et la relâchait dans l’obscurité, avait été placée en eux.

Ivan avait continué à agir comme s’il souffrait en se tournant vers les enfants et en criant, « Ce n’est pas assez ! Pas encore assez ! Faites plus de bruit, je compte sur vous ! »

Les enfants étaient toujours excités quand un adulte disait qu’il comptait sur eux.

Cette fois, après qu’il les ait encouragés, ils avaient agi avec plus de force et plus sérieux que la dernière fois.

« « « Tu peux le faireeeeee ! » » »

« Encore plus ! Plus fort ! » cria Evan.

« « « Tu peux le faireeeeeeeeee !!!!! » » »

Les enfants avaient crié jusqu’à ce que leur gorge soit presque asséchée, et à l’instant suivant...

« C’est assez ! Je reçois assez de puissance venant des enfants ! »

Le corps d’Ivan était enveloppé d’une aura de lumière blanche. Puis, la voix d’Ivan résonna de l’intérieur de cette vive lumière. « Transformation ! »

☆☆☆

Partie 7

Après avoir fait ça, une armure en métal, avec des brassards, et un casque modifié avec une visière couvrant pleinement son visage avaient volé de nulle part. Ivan se tenait immobile avec ses bras et ses jambes écartées au fur et à mesure que les pièces se mettaient « automatiquement » en place sur lui. Cette scène de transformation cool avait remonté le moral des enfants.

Pendant ce temps, j’étais derrière la réalisation de cette scène en utilisant ma capacité de Poltergeists Vivants afin de manipuler l’équipement métallique. Eh oui, j’avais contrôlé l’équipement d’Ivan avec ma capacité afin de faire croire qu’il s’en était automatiquement équipé. Il ne faut pas oublier qu’à cette distance, je pouvais le faire même s’ils n’étaient pas des poupées.

Liscia me regardait avec dans ses yeux la plus grande exaspération que je n’avais vue jusqu’à aujourd’hui. « C’est un horrible usage de ta capacité. »

« Hé, un tour est un tour, même si c’est juste un tour pour une fête, » dis-je. « Maintenant, il est temps d’y aller. »

« Hé, attends, Souma !? »

Une fois que j’avais confirmé que l’équipement d’Ivan était entièrement équipé, je m’étais déplacé près du Joyau de Diffusion de la Voix, m’assurant que je n’étais pas visible dans l’émission alors que je l’avais fait. Pendant ce temps, dans le hall, l’aura de lumière s’était apaisée, et le héros habillé dans une armure métallique était apparu. Ivan avait achevé sa pose de transformation avant de crier « Charge ! Silvan ! »

Une fois qu’il avait déclaré son nom, j’avais parlé dans le joyau pour que seule ma voix apparaisse dans l’émission. « Permettez-moi de vous l’expliquer. Quand Ivan Juniro l’Homme des Exercices reçoit de l’énergie des enfants, il se transforme en Silvan, le héros de métal. » J’avais serré mon poing alors que j’avais expliqué tout cela avec brio.

C’était une norme de faire ce genre d’explication narrative après la transformation du héros. Bien que je n’allais pas faire la chose où la scène reviendrait en arrière et où on pourrait à nouveau voir le processus de transformation une fois expliqué.

Avec mon rôle terminé, j’étais retourné aux côtés de Liscia. Elle avait l’air horriblement épuisée. « Je ne sais pas quoi dire, mais je commence à trouver stupide de dire quoi que ce soit... »

« Tokusatsu est une sorte de spectacle qui demande de “Ne pense pas, mais ressens ça”, ce genre de chose, » expliquai-je. « Si tu n’y penses pas trop profondément, il suffit de se laisser entraîner par le mouvement, et alors, il n’y a rien de plus amusant à regarder. »

« ... Je ferai ça, » répondit-elle.

Maintenant, retournons à l’histoire se déroulant sur la scène. Le nouveau Silvan transformé était devenu fort.

Danbox s’était joué de lui plus tôt, mais maintenant, Silvan avait écrasé le monstre avec une rafale de coups de poing et de pied, le gardant tout le temps sur la défensive.

Fort. Silvan est vraiment fort, tout le monde pensait ça. Les enfants étaient aussi tous agités.

« Da-Dan... box..., » finalement, Danbox avait trébuché et était tombé à genou.

Maintenant, c’était sa chance de finir !

« Mange ça, Danbox ! Le Coup de Pied Ultime Éclair ! » Quand Silvan avait déchaîné un coup de pied volant, des éclairs avaient couru le long de son pied. Cette foudre avait parcouru le corps de Danbox.

Je savais déjà que j’allais me répéter, mais la foudre était produite par sa capacité. C’était, en effet, juste un coup de pied volant, donc cela n’avait pas du tout blessé Aisha, la personne se trouvant à l’intérieur de Danbox.

Cependant, Danbox avait trébuché vers l’arrière, faisant quelques pas tout en lâchant un cri. « Dan... Danbooooooox ! C’est moi ! » avant d’exploser dans toutes les directions.

Bien sûr, tout ce qui s’était vraiment passé, c’était qu’il s’était caché alors que la capacité d’Ivan avait généré l’effet d’explosion.

Avec la défaite de Danbox, Mademoiselle Dran, la méchante femme commandante qui n’avait pas eu grand-chose à faire pendant qu’elle les regardait se battre, trépignait d’indignation comme si elle venait de se souvenir de ce qu’elle était censée faire.

« Silvan, je vous maudis ! Je vais vous laisser partir pour cette fois ! Quand je reviendrais, vous feriez mieux d’être prêt ! » rugit-elle.

Avec ces mots d’adieu, elle se retourna et courut à un endroit où les spectateurs ne pouvaient pas la voir.

Une fois qu’il l’avait regardée partir, Silvan avait enlevé son casque intégral et avait lancé son poing dans la direction de Mademoiselle Dran. « Vous et votre organisation maléfique qui complotez pour conquérir le monde, le Groupe Noir ! Si vous continuez à agir ainsi, alors venez me voir ! J’écraserais encore et encore vos ambitions ! »

Ivan avait déclaré sa résolution et s’était ensuite retourné pour faire face aux enfants. Puis, avec un sourire qui semblait empli d’une passion suffocante, il avait crié, « D’accord tout le monde ! Entraînons-nous avec l’Exercice Énergisant de Silvan afin que nous ne perdions pas face aux méchants ! Tenez-vous un peu à l’écart les uns des autres afin de ne pas tomber sur vos amis ! »

Quelques instants plus tard, un air joyeux avait commencé à être joué sur scène, et Juna et Roroa étaient venues au bon moment pour séparer les enfants. Puis Juna avait commencé à chanter en harmonie avec la musique.

Si vous voulez grandir en étant fort, alors faites vos Exercices Énergisants de Silvan ♪.

« Maintenant, commençons par exercer le haut de nos corps, » déclara Silvan. « Que tout le monde imite un shoujou ! »

Eek, eek, eek, ook. Eek, eek, eek, ook.

Nous sommes des shoujous. Eek, eek, eek, ook.

Quand Ivan avait bougé au rythme de la musique, les enfants l’avaient imité.

Cette routine d’exercices consistait à imiter les différents animaux de ce monde pendant que Juna chantait des paroles comiques. Leurs paroles s’adressaient aux enfants, mais les exercices eux-mêmes étaient basés sur la gymnastique radiophonique que la plupart des Japonais connaîtraient (l’imitation shoujou était un exercice de flexion latérale), donc c’était une séance d’entraînement tout à fait logique.

« Tu fais beaucoup de choses ridicules... mais là, c’est la cerise sur le gâteau, » Liscia marmonna soudainement en regardant les exercices. « Ceci est un programme éducatif, non ? Quelle est la signification derrière la courte scène dramatique qui s’est effectuée plus tôt et cet exercice ? »

Il y a peu, je parie qu’elle aurait demandé à la place : « Y a-t-il un sens ? » Mais maintenant, Liscia demandait « Quel est le sens ? » C’était une différence de seulement quelques mots, mais il y avait une subtile différence de nuance.

Dans la première version, il y avait une supposition qu’il n’y avait probablement aucun sens à cela. Dans le dernier cas, il y avait une confiance qu’il devait y avoir un sens et qu’elle voulait savoir ce que c’était. Je pouvais sentir sa confiance dans ce changement subtil, et cela m’avait rendu un peu plus heureux.

« Bien sûr qu’il y a un sens, » dis-je. « Si nous attirons leur attention avec cette courte scène dramatique, plus de gens regarderont. Les exercices sont bons pour la santé et le développement des enfants. J’essaie activement de diffuser tout cela. Mais, plus que tout, ce que je veux répandre, c’est le mot “Héros” ! »

« Le mot “Héros” ? » demanda Liscia.

C’était à ce moment-là que sur scène, la partie interlude des Exercices Énergisants de Silvan avait commencé.

Ivan se tourna vers les enfants et leur parla. « Vous allez tous bien ! Maintenant, il y a quelque chose que je voulais vous dire. Pour devenir une personne vraiment forte, vous avez besoin de plus que tout simplement de la puissance. Être fort ne suffit pas. Si vous oubliez d’être gentil, alors vous allez juste être une brute ! »

Puis il se tourna vers le Joyau de Diffusion de la Voix, c’est-à-dire vers les téléspectateurs, et parla. « La vérité est que je voudrais aussi être ami avec le Groupe Noir. Si nous pouvions parler des choses importantes, alors nous n’aurions pas besoin de recourir à nos poings. C’est pourquoi, peu importe qui est contre vous, n’abandonnez jamais le fait d’essayer de les comprendre. Que faites-vous s’ils sont encore déraisonnables et violents, vous demandez-vous cela ? C’est tout à fait raisonnable de penser à ça et de continuer à tenter de leur parler ! Pour vous assurer que vous pouvez protéger vos proches tout en faisant ça, faites vos Exercices Énergisants de Silvan ! »

L’interlude s’était terminé au moment parfait, et Ivan avait recommencé à faire des exercices au rythme de la chanson.

Quand elle entendit les paroles d’Ivan, après avoir fermé les yeux pendant un moment, Liscia déclara, « “Être fort ne suffit pas. N’oubliez pas d’être aussi gentil. N’abandonnez jamais le fait d’essayer de vous comprendre.”... C’est donc ce que tu voulais faire passer. »

Elle murmura de nouveau les mots, comme si elle réfléchissait à leur sens.

J’avais hoché la tête sans rien dire, puis j’avais parlé après quelques secondes. « Quand tu es petit, les mots que les adultes te disent ont une étrange façon de s’infiltrer en toi, n’est-ce pas ? Et cela, c’était d’autant plus vrai quand elles viennent d’un héros, ces mots resteront dans un coin de ton cœur, même quand tu grandiras. En prime, lorsque nous disons ces choses aux enfants, nous pouvons compter sur ceux qui s’en occupent qui les entendront aussi. »

Puis j’avais laissé tomber mon attitude enjouée, et j’avais adopté un ton des plus sérieux.

« Il y a une accalmie en ce moment, mais finalement tous les pays devront affronter le Domaine du Seigneur-Démon, » dis-je. « Ces mots sont quelque chose que je pose maintenant pour éviter que cela ne se transforme en un bourbier absolu qui ne s’arrêtera pas avant qu’un côté ou l’autre ne soit exterminé. Entre la capacité de Tomoe et les informations que nous avons échangées avec l’Empire, nous avons appris que nous ne pouvons pas mettre tout le monde dans le Domaine du Seigneur-Démon au même niveau. Si possible, avant qu’il y ait des combats, j’aimerais discuter avec ceux qui nous semblent accessibles, comme les kobolds qui ont épargné les loups mystiques. »

« C’est vrai..., » murmura Liscia.

« J’ai l’impression que, lorsque viendra cet instant, le nombre d’adultes forts, gentils et désireux de ne pas renoncer à la compréhension de l’autre côté décidera du sort de ce pays, » dis-je. « Si la plupart d’entre eux ne peuvent que penser à “Exterminer les démons”, alors nous nous dirigeons tout droit vers une guerre totale. Plus il y a de gens qui pensent : “Il doit y avoir des démons qui peuvent nous comprendre”, alors nous verrons d’autres chemins surgirent devant nous. »

Après avoir dit ça, Liscia avait un peu ri, puis elle m’avait poussée l’épaule. « Je suis satisfaite de l’explication, mais... n’est-ce pas un peu idéaliste de ta part de penser ça ? »

« C’est un spectacle pour enfants, d’accord ? » répondis-je. « Je veux que les enfants aient des idéaux. N’est-ce pas quelque chose de bien ? Je veux dire par là que quand les enfants sont étrangement réalistes à propos de certaines choses, c’est tout simplement insoutenable à voir. »

« ... Je pense que tu as raison, » répondit Liscia.

« De plus, c’est le travail d’un adulte de regarder la réalité pour que les enfants puissent continuer à parler d’idéaux, » continuai-je.

C’était aussi le travail d’un roi. Alors que je cherchais un avenir meilleur, je devais aussi me préparer à la possibilité que vienne un avenir sombre. Pour rester bon, la force était une nécessité absolue. J’avais besoin d’augmenter la force de la nation, d’élargir notre arsenal, et de mettre en place des choses afin que nous puissions endurer une guerre totale s’il en était ainsi. Je devais créer une nation qui était comme un grand arbre avec ses racines fermement ancrées dans le sol, celui qui ne tremblerait pas même quand la tempête était venue.

Pendant que j’y pensais, on aurait dit que les exercices avaient fini. Ivan avait alors déclaré « Bien joué ! » et il avait tapoté sur la tête des enfants qui était proche de lui. L’hôtesse, Juna, avait pris le relais à partir de là.

« Comment avez-vous aimé l’émission que nous venons de vous présenter, Chantons avec votre Grande Sœur ? » annonça Juna. « Cette fois-ci, nous tournons à l’intérieur du château, mais nous envisageons à l’avenir de faire des émissions en direct à partir des théâtres un peu partout dans le pays. Quand nous le ferons, nous chercherons des enfants pour chanter et faire des exercices avec nous, alors vous tous, mamans et papas, amenez vos enfants afin qu’ils viennent jouer avec nous ! Maintenant, et jusqu’à la prochaine fois, que tous le monde vienne ici... »

Quand Juna avait fait ce signal, les enfants, Roroa, Ivan et le Petit Musashibo, qui étaient revenus pour cette fin, firent tous face à la caméra et saluèrent ensemble.

« « « Au revoir ! » » »

Et ainsi, avec ces dernières paroles, la première émission éducative de ce monde prit fin.

« C’est tellement chaud... Laissez-moi mourir..., » se plaignit Pamille.

« Bon travail là-bas, Pamille, » lui déclara Juna.

Pamille, qui avait été à l’intérieur du Petit Musashibo, était maintenant groggy par la chaleur. Il devait faire très chaud à l’intérieur du costume kigurumi. Juna était là en train de la complimenter.

À côté de Pamille se tenait Carla, tenant ses genoux et sanglotant en position fœtale. « J’ai été vue dans un tel accoutrement... Je suis tellement embarrassée que je veux juste mourir. »

Il semblait que cette émission avec la super mignonne Mademoiselle Dran l’avait laissée dans un état de choc.

... Eh oui, je pourrais sympathiser avec elle, car Serina pourrait être une telle sadique quand elle se lâchait.

« À qui est la faute ? » rugit-elle. « C’est la vôtre, Maître ? »

« Pourquoi me dites-vous cela ? » demandai-je. « Le choix du costume est uniquement la décision de Serina, compris ? »

« Ahahaha... » elle avait ri d’une voix étrange. « Eh bien ! Vous savez, on dit qu’un supérieur est responsable des décisions prises par leurs subordonnés, n’est-ce pas ? »

Carla avait des yeux comme une sorte de personnage de type Yandere. J’étais inquiet de me faire sous peu écrasé ou griffé ou encore pire, un coup de poignard dans le dos ou dans le cœur !

« Calmez-vous, Carla ! » criai-je. « Si vous me tuez, vous mourrez également ! »

« Je suis tellement gênée que je pourrais tout simplement mourir... Alors je vais vous emporter avec moi... » répondit-elle.

Oh merde..., pensai-je. Ce regard présent dans ses yeux, elle est un peu trop sérieuse quant à ce qu’elle déclare...

« Aisha, à l’aide ! » criai-je.

« Madame Carla ! Nous sommes dans le château, dans le château ! » cria Aisha.

« Ne m’arrêtez pas, Madame Aisha ! » cria Carla. « Si je ne le tue pas, je ne pourrais pas moi-même mourir ! »

Pendant qu’Aisha la bloquait, j’avais fait une retraite hâtive.

Pourquoi devais-je subir pour toutes les tendances sadiques de Serina ? Eh bien, c’était sans aucun doute juste parce que Carla évacuait son embarras en une énorme colère.

... Probablement.

Maintenant, pour aller droit au but, Chantons avec votre Grande Sœur avait été un succès. Et c’était surtout le cas auprès des adultes.

Je savais que je l’avais fait avec les enfants comme public cible, mais pour une raison inconnue, leurs parents, et même les adultes sans enfants étaient encore plus passionnés à ce sujet.

Pour les femmes, c’était lié à l’adorable Petit Musashibo et l’attrait d’Ivan, un peu trop passionné.

Pour les hommes, c’était l’attitude décontractée du premier héros tokusatsu qu’ils avaient jamais vu, jumelé avec la méchante sexy jouée par Carla.

Eh bien ! Même au Japon, il y avait parfois des mères qui étaient encore plus accrochées à une émission que leurs enfants parce qu’elles regardaient les acteurs excitants. C’était probablement quelque chose comme ça.

Cela étant dit, dans le Royaume de Friedonia, les jours où Chantons avec votre Grande Sœur étaient au programme, plutôt que de voir les enfants qui imploraient leurs parents d’aller le voir, vous pourriez souvent voir des parents mendier auprès de leurs enfants pour y aller ensemble.

Eh bien, de toute façon, les enfants voyaient l’émission, donc tout allait bien, mais j’avais eu droit à un regard froid de Liscia quand elle avait découvert la situation.

« “C’est le travail d’un adulte de regarder la réalité,” dit-il... », déclara-t-elle froidement.

« E-Eh bien, euh, qu’est-ce qui ne va pas avec les adultes ayant des rêves ? » répondis-je.

Liscia me regarda froidement tout en restant silencieuse.

« ... Franchement, pourquoi tout cela a viré ainsi ? » murmurai-je.

J’avais l’impression que le niveau de bizarrerie de Friedonia avait monté d’un cran avec ça.

☆☆☆

Entracte 1 : La Robe Noire et la Petite Sœur Générale, maintenant en train de négocier

— Un jour au cours du deuxième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental

Ce jour-là, la fierté du Royaume de Friedonia, le Premier ministre à la Robe Noire, Hakuya Kwonmin, avait tenu une réunion avec la Petite Sœur et Princesse de l’Empire du Gran Chaos et la commandante de la plus grande des armées, Jeanne Euphoria, à l’aide du Joyau de Diffusion et de simples récepteurs. Dans les négociations entre le Royaume et l’Empire, toutes les questions jugées insuffisamment importantes pour que le Roi Souma et l’Impératrice Maria tiennent des réunions directes étaient généralement traitées par ces deux personnes.

Aujourd’hui, la réunion avait commencé par des excuses de la part de Jeanne.

« Sire Hakuya, pour commencer. Permettez-moi de m’excuser pour le retard quand au choix de l’ambassadeur de l’Empire à Friedonia, » elle avait continué. « Voyez-vous, il n’y avait personne qui me semblait particulièrement apte pour ce poste. Nous cherchons quelqu’un de suffisamment digne de confiance pour que nous puissions lui révéler notre pacte secret, tout en étant capables de voir le Royaume comme un partenaire égal dans l’alliance, cela n’a donc pas été des plus facile... »

« L’opinion générale est que notre pays n’est pas digne d’être appelé votre égal, dites-vous ? » demanda Hakuya.

« Si je vous ai offensée, je m’en excuse, » déclara Jeanne.

« Pas du tout. C’est après tout un fait qu’il y a une nette différence de force entre notre pays et l’Empire, » répondit Hakuya.

« Il va sans dire que ma sœur et moi dépendons du Royaume, de Sire Souma, et de vous-même, » répondit Jeanne en souriant.

Hakuya avait alors fait un rire forcé. « Je pense que vous surestimez clairement le problème. »

« Vraiment ? Quand il s’agit de nos vassaux... Je pense qu’ils ont de forts préjugés en venant d’un pays qui a grandi jusqu’à devenir bien trop grand. Beaucoup trop d’entre eux confondent désormais la quantité de terres avec le pouvoir et la dignité d’un pays. »

« Avez-vous considéré qu’ils pourraient ne pas avoir entièrement tort ? » demanda Hakuya.

Plus un pays possède de terres, plus sa population était importante. L’augmentation des terres et de la population pourrait être directement liée aux gains de capacité de production. La capacité de production du pays était directement liée avec ses prouesses militaires.

Mais Jeanne secoua la tête. « C’est loin d’être vrai. Pensez-vous que Sire Souma dirait une telle chose ? »

« ... Il ne le ferait pas, non. Ce que Sa Majesté cherche le plus, ce sont les “individus”. » Avec un regard légèrement pensif, Hakuya continua. « Avant, quand je demandais à Sa Majesté : “Qu’est-ce qui vous a amené à faire du rassemblement de personnel votre toute première priorité ?”, il me répondait cela. “Les gens sont votre château, vos murs de pierre et vos douves. [1]”. »

« “Les gens sont votre château, vos murs de pierre et vos douves”... Je vois. C’est un bon dicton. » Jeanne avait fait un grognement approbateur.

Hakuya avait alors dit. « Eh bien ! Ce n’est pas quelque chose que Sa Majesté est venue par lui-même à dire. Il s’agit apparemment des paroles d’un stratège militaire dans le monde d’où il venait, » il avait craché le morceau, mais dans son cœur il pouvait comprendre pourquoi Jeanne avait grogné comme elle l’avait fait.

Souma avait aussi dit ceci : « Cela a été dit par quelqu’un qui existait réellement dans mon monde, un daimyo... Il s’agit d’un mot qui signifie quelqu’un qui était un stratège militaire capable et un seigneur féodal, juste pour que vous le sachiez. À cette époque, le penseur politique Machiavel disait le même genre de chose dans un pays très lointain. Il disait qu’en temps de paix, il vaut mieux abattre les murs. »

« Les murs ne sont utiles qu’en temps de guerre  quand les gens se lèvent contre vous. Si vous comptez sur les murs et régnez avec cruauté, les gens se tourneront contre vous, et ils inviteront des puissances étrangères dans votre pays. Donc, un prince est apparemment plus sûr en ne construisant pas des murs, mais en gagnant les gens à sa cause. Il est intéressant de voir qu’il y avait des gens dans l’Occident et dans l’Orient qui disaient à peu près la même chose en même temps dans l’histoire. »

Souma avait ri, mais ses mots avaient laissé une forte impression sur Hakuya. C’était vraiment le genre de chose que Souma, qui avait pris en compte les leçons de l’histoire afin de former ses politiques, ferait et penserait de lui-même. Parce que Souma avait appris les paroles des anciens, il avait rassemblé un groupe diversifié avec beaucoup de « dons », et cela incluait Hakuya.

Jeanne acquiesça. « Ma sœur a aussi dit quelque chose de similaire. “Le peuple représente les fondements du pays”. »

« Il semble que nous servons tous les deux de bons maîtres, » répliqua Hakuya.

« Bien que, dans mon cas, elle soit aussi une parente... bien que je pense quand même qu’elle est un bon maître. Même si elle peut parfois être un peu non-fiable, » répondit Jeanne.

Quand il vit le sourire ironique sur le visage de Jeanne, Hakuya se souvint de son propre maître qui, normalement, se concentrait sur l’efficacité, ne rejetait jamais sa compassion envers ses proches. Il pensait parfois que c’était inefficace, et il pouvait parfois être frustrant de s’en occuper, mais il ne se sentait pas étrange de ne pas vouloir lui faire abandonner cette compassion.

« Je ressens plus ou moins la même chose..., » déclara Hakuya. « C’est notre travail de les soutenir quand cela arrive. »

« Vous avez raison à propos de ça. Maintenant, passons aux choses sérieuses, » déclara Jeanne.

Les négociations avaient alors commencé.

Jeanne avait commencé à parler. « Maintenant... Je crois que nous devions discuter de la vente de notre blé pour vos assaisonnements : la sauce soja, le miso, et d’autres usages... Nous n’avons aucun problème avec ça. Ma sœur est très friande de cet assaisonnement que vous appelez “sauce soja”. Il va vraiment bien avec des plats contenant du poisson. »

« Ça va aussi bien avec les plats de viande, » déclara Hakuya. « Laissez-moi vous apprendre quelques recettes simples. »

« Je serais reconnaissante pour ça. Maintenant, vous voulez du blé en échange, mais j’ai été amené à croire que votre crise alimentaire avait été résolue, n’est-ce pas ? » demanda Jeanne.

« C’est exact, mais nous avons encore des incertitudes sur notre surplus. Nous voulons importer de la nourriture si la récolte de cette année est mauvaise, » répondit-il.

« Je comprends... D’ailleurs, nous aimerions pouvoir faire nous-même ces assaisonnements par la suite. Puis-je vous demander d’envoyer des gens de métier chez nous ? » demanda Jeanne.

« Les loups mystiques ont toujours le monopole des ventes dans le pays, donc... cela dépendra de la compensation que vous nous offrez, » annonça Hakuya.

« Je peux comprendre cela. Que diriez-vous de la méthode pour produire un compost spécial qui augmente la productivité des cultures ? » demanda Jeanne.

« Je crois que ça ferait un bon échange. Je pense que je vais courir avec ça auprès de Sa Majesté et obtenir sa permission, » déclara-t-il.

« Le point suivant... Suivant l’exemple des programmes diffusés à l’aide du Joyau de Diffusion de la Voix du Royaume, nous avons essayé de produire des programmes ici même dans l’Empire..., » annonça Jeanne.

« Hmm... Comment cela s’est-il passé ? » demanda Hakuya.

« Les émissions de chant ont été plutôt bien reçues, mais je n’aurais jamais imaginé que le plus populaire serait un programme qui suivrait ce que ma sœur a fait pendant sa journée, » répondit Jeanne. « Je n’ai aucune idée de ce qui est censé être intéressant dans tout cela... »

« Eh bien ! Après tout, ils l’appellent comme étant une sainte, » déclara Hakuya. « Je suis sûr que Madame Maria doit être aimée autant que la Prima Lorelei dans notre nation. »

« Pour autant que sa vie personnelle soit un gâchis, elle a au moins un joli visage, » concéda Jeanne. « Je vais donner ça à ma sœur. »

« Je ne sais pas si c’est seulement son visage... mais Madame Jeanne, votre sœur est après tout très belle, » répondit Hakuya.

« ... Je n’aurais jamais pensé qu’une telle flatterie sortirait de votre bouche, Sire Hakuya, » répliqua Jeanne.

« Hm ? Je ne flatte pas les personnes à la table des négociations, vous savez, » déclara Hakuya.

« Ohh... »

« Hm ? »

... Dix minutes plus tard.

« Hm, à propos de Sire Souma. Peut-être développe-t-il déjà une technologie intéressante du genre que nous n’imaginerions jamais ? » demanda Jeanne.

« ... Actuellement, je me pose également des questions à ce sujet, » déclara Hakuya.

« Hehe. Nous pouvons payer une somme considérable, alors pourriez-vous nous communiquer une petite partie des détails ? » demanda Jeanne.

« Eh bien... si vous nous révéliez comment la force principale de l’Empire, les escadrons de griffons, élèvent et entraînent leurs montures, ainsi que nous donner un certain nombre de couples reproducteurs, je pourrais considérer la question d’un point de vue favorable, » répliqua Hakuya.

« Ohh, cela n’arrive jamais, » dit Jeanne avec un large sourire.

« Dans ce cas, s’il vous plaît, abandonnez dès maintenant ce sujet, » répondit Hakuya avec un sourire.

« « Hee hee hee. » »

À partir de là, les négociations s’étaient bien déroulées, gardant cette atmosphère détendue.

Normalement, les négociations avaient été menées avec des marchandages entêtés, chaque camp cherchant à obtenir l’accord le plus avantageux pour son pays. Cependant, Hakuya et Jeanne étaient tous deux affûtés, et ils savaient tous deux dès le début où se situait le point de compromis, donc c’était juste une question d’échange d’idées jusqu’à ce qu’ils arrivent à ce juste milieu. Pour cette raison, trente minutes après le début des négociations, la grande majorité des affaires étaient déjà réglées.

Et ainsi, avec les négociations terminées...

« Wôw ! » Jeanne laissa échapper un soupir. « Quand je négocie avec vous, les choses vont toujours si bien. Bien que cela signifie que je ne peux pas baisser ma garde pendant ce temps... Je souhaite que les personnes têtues ici puissent apprendre une chose ou deux de votre exemple. »

« Je suis d’accord, mais... c’est vraiment en fonction d’avec qui je parle. Si vous n’aviez pas la capacité de repérer des points de compromis, et que vous n’étiez pas une partenaire fiable et digne de confiance, cela ne fonctionnerait pas comme ça, » répondit Hakuya.

« C’est très vrai... Eh bien, allons-nous prendre un peu de thé ? » demanda Jeanne.

« Cela m’a l’air d’un bon plan, » répondit Hakuya.

Ils se levèrent chacun, commençant à préparer du thé pour eux-mêmes.

Pour ces deux personnes très occupées, leurs réunions devaient durer une heure et pas plus. Cependant, parce que leurs négociations s’étaient si bien déroulées, ils n’avaient presque jamais épuisé tout le temps alloué. Ainsi, à un moment donné, il était devenu coutume de prendre le thé ensemble, de parler des événements récents et de se plaindre de leurs maîtres respectifs.

Bien que cela se fasse à travers un simple récepteur, les deux avaient beaucoup apprécié ce moment ensemble.

Jeanne prit une gorgée de thé et prit un moment pour se détendre. « Wôw... À propos du poste d’ambassadeur, j’aurais aimé moi-même le prendre. Si je l’avais fait, j’aurais pu vous voir en personne sans l’écran entre nous, et nous aurions pu avoir du vin au lieu du thé. »

« Je ne tiens pas bien l’alcool, » Hakuya y avait répondu avec un sourire ironique. « Bien que ce ne soit pas comme si je ne pouvais pas du tout boire... »

« Oh, maintenant c’est une surprise, » répondit Jeanne.

« L’alcool me monte rapidement à la tête, » expliqua-t-il. « Une fois que j’ai pris deux verres, je m’endors en un rien de temps. »

« Hehe. Si je devais le faire, je pourrais toujours prendre soin de vous quand vous seriez dans un tel état, n’est-ce pas ? » demanda Jeanne.

« Je me sentirais pathétique, en tant qu’homme, alors je préférerais ne pas avoir à faire ça, » répondit-il.

« Ahaha... Haha... » Le sourire de Jeanne se rétrécissait progressivement. « Eh bien... Je dis ça, mais ce n’est pas comme si je pouvais quitter l’Empire. J’ai mes devoirs, et d’ailleurs, sans moi ici, ma sœur serait vraiment toute seule. »

« ... Comment peut-elle être seule ? » demanda Hakuya. « Il y a sûrement plus de gens capables dans l’Empire que d’étoiles dans le ciel. »

« Ce n’est pas comme ça que je le pensais. Il y a une différence entre des serviteurs et la famille, » répondit Jeanne.

Jeanne baissa les yeux, la discussion la peinant clairement.

« Ma sœur travaille d’arrache-pied pour porter l’Empire que notre père lui a laissé. Elle a beaucoup de fidèles qui lui ont juré de leur loyauté. Cependant, ils ne peuvent offrir à ma sœur aucun confort. Normalement, ce serait le devoir de nous, sa famille, mais je suis occupée avec mes devoirs, et notre plus jeune sœur est une excentrique... Eh bien, disons que je ne peux pas compter sur elle pour faire beaucoup de choses à cet égard. Je pense que je devrais lui trouver un mari qui se mariera dans notre famille, mais le trône laisse planer une grande ombre sur le sujet, et seuls des hommes d’ambition l’approcheront. Même si un homme sans ambition essayait d’approcher ma sœur, les ambitieux se mettraient simplement en travers de son chemin, j’en suis sûre. »

Hakuya était resté silencieux.

La solitude de l’impératrice. Quand il avait entendu cela, Hakuya avait alors pensé à son propre maître. Il pensait à Souma, qui, quand il n’était pas préoccupé par la politique, passait son temps entouré de ses quatre fiancées et de sa petite sœur honoraire, sans se préoccuper de garder une apparence digne.

Quand Hakuya l’avait vu agir si peu comme un roi, il s’en était plaint à plusieurs reprises, « Vos vassaux vous regardent. Je sais que c’est votre temps libre, mais s’il vous plaît, reprenez-vous un peu, », mais peut-être était-il important pour Souma d’avoir ces temps-là afin de ne pas tomber dans la solitude.

Quand cette idée lui vint à l’esprit, Hakuya avait un peu souri.

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a, Sire Hakuya ? » demanda Jeanne.

Quand Jeanne lui avait demandé cela avec méfiance, Hakuya avait fait un grand mouvement avec sa tête et lui avait répondu. « Rien d’important... Je pensais juste qu’étonnamment, cela pouvait vous prendre juste un sentiment pour remplir cette solitude. »

Après cela, leur moment agréable ensemble avait continué pendant un petit moment.

Notes

  • 1 Phrase historique attribuée à Takeda Shingen qui était l’un des principaux daimyos ayant combattu pour le contrôle du Japon durant l’époque Sengoku. La phrase complète était : les gens sont votre château, vos murs de pierre, et vos douves. Protégez-les, et ils vous protégeront.

☆☆☆

Chapitre 2 : L’Arme Secrète du Royaume

Partie 1

— Au milieu du deuxième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental

« Ohh ! Votre Majesté, bienvenue et merci de nous honorer de votre présence, » quand j’avais franchi la porte du studio d’enregistrement du Joyau de Diffusion de la Voix que nous avions installé dans le château, un gentilhomme d’âge mûr bien bâti m’avait accueilli avec exubérance.

Il s’agissait de Moltov Juniro, le père d’Ivan Juniro, qui jouait Silvan, le premier héros tokusatsu du Royaume de Friedonia.

« Bonjour Moltov, » dis-je. « Comment vont les choses quant aux émissions et à leur planification ? »

« Sire, nous avons fait de notre mieux pour suivre l’exemple que vous nous avez donné, » répondit-il.

La vérité était que l’autre jour, en partie parce que le personnage de Silvan que son fils interprétait était devenu si populaire, j’avais décidé d’aller jusqu’au bout et de nommer Moltov en tant que directeur de la production des programmes de diffusion. Je l’avais fait parce que je voulais être capable de garder les émissions en production même quand j’étais occupé ailleurs.

Moltov, tout comme son fils Ivan avait une capacité qui faisait qu’il n’y avait pas besoin d’effets spéciaux, donc j’avais décidé que ça ferait de lui un bon choix pour le poste.

Moltov caressa sa barbe avant de déclarer cela. « Eh bien, cette tâche de création d’émissions est plus complexe que vous ne le pensez. Il y a des choses que les gens veulent voir, des choses qu’ils ne veulent pas voir, des choses que nous voulons qu’ils voient, des choses que nous ne voulons pas qu’ils voient... Il est assez difficile de trouver un bon équilibre. »

Moltov avait gémi de consternation après avoir pensé à ça.

J’étais soulagé de le voir prendre son travail si au sérieux. « Voulez-vous déjà abandonner ? »

« Non, pas du tout ! J’apprécie beaucoup ce challenge ! » Moltov m’avait répondu avec un sourire animé.

D’une manière ou d’une autre, je sentais que c’était mieux pour lui que quand il essayait de pousser sa fille Siena vers moi.

À ce sujet, Siena, qui apparaissait maintenant aux côtés de son frère Ivan comme un soutien au héros, avait dit avec un doux sourire : « Je crois que mon père a trouvé son but dans la vie. Il y a un nombre limité de façons de monter en statut en tant que noble. Vous pouvez vous distinguer dans l’armée ou l’administration, ou vous pouvez devenir un parent lié avec la Maison Royale. Ceux-ci ont toujours été les seuls moyens, alors il les a poursuivis sans réserve. Cependant, Votre Majesté, vous avez enseigné quelque chose à mon père : la joie de créer une émission pour le joyau afin de divertir les gens. Merci beaucoup. »

Soupir... Elle était une si bonne fille, j’étais presque arrivé à en douter qu’elle fût en réalité une parente de ce père et ce fils si bruyant.

Quoi qu’il en soit, revenons sur le sujet.

Tout comme Siena l’avait dit, Moltov travaillait avec enthousiasme à la création des émissions.

Je lui tendis la main. « Moltov, j’ai de grandes attentes quant à tout cela. Si vous continuez à développer votre métier, je suis sûr que je vous laisserais vous occuper entièrement de l’un de ses Joyaux de Diffusion. »

« Ma parole ! Et vous me donneriez également un Joyau ? » s’écria Moltov.

« Tout à fait, » répondis-je. « Je voudrais que vous ne l’utilisiez pas pour des émissions publiques, mais pour ouvrir votre propre station de radiodiffusion. »

En d’autres termes, en faisant de lui un diffuseur privé. Si tout ce que nous avions était un radiodiffuseur public, il y avait après tout des limites au nombre d’émissions qui pourraient être produites. Pour que cela se produise, il faudrait d’autres avancées technologiques et il faudrait mettre en place les lois appropriées, de sorte que cela ne pourrait pas se produire tout de suite. Ainsi, il était préférable de commencer à se préparer pour quand cela arrivera dans cinq ou dix ans à partir de maintenant.

Moltov avait alors fait un rire empli de joie. « Vous allez me donner ma propre station indépendante, hehe ! Les rêves sont sans fin ! »

« Oui. Alors, travaillez durement pour cela, » déclarai-je.

« Laissez-moi me charger de ça ! » Moltov tapa fièrement sa poitrine. « À ce propos, Sire, que faisiez-vous ici aujourd’hui ? »

« Ah oui, c’est vrai. Je pense que Juna était censée être quelque part dans le coin..., » dis-je.

« Si vous voulez parler de Mademoiselle Juna Doma, elle tourne actuellement l’émission éducative, » répondit Moltov en pointant du doigt le studio d’enregistrement.

Juna se trouvait actuellement au milieu d’une émission en direct pour le programme éducatif. La chanson qu’elle interprétait et dansait était une chanson pour enfants de l’autre monde avec un style légèrement asiatique. La façon dont Juna avait l’air de danser avec des cordes enroulées autour de ses manches flottantes lui donnait des airs de jeune fille céleste. Cela m’avait donné envie de prier, « Fermez le sentier à travers les cieux. »

Finalement, l’émission avait pris fin. Juna m’avait remarqué et s’était précipitée vers moi, toujours dans sa tenue de scène. « Que se passe-t-il, Votre Majesté ? Je ne pensais pas que vous aviez l’intention de venir ici aujourd’hui, non ? »

« Eh bien, non, je ne l’avais pas prévu, mais... j’ai une faveur que je voulais vous demander, » déclarai-je.

« À moi ? » demanda Juna.

J’avais hoché la tête. « Pendant environ trois jours, à partir de demain, je serai loin du château afin de rencontrer quelqu’un. J’aimerais que vous m’escortiez. »

« Cela ne me dérange pas, mais... vous quittez la capitale sans surveillance pendant trois jours ? » Juna pencha la tête sur le côté, l’air un peu perplexe. « Avec tout le respect que je vous dois, le travail du gouvernement ne sera-t-il pas entravé par votre absence ? »

« Oh, ça devrait aller. Cette chose que j’avais demandé à Genia de développer est maintenant terminée, » dis-je.

« Quoi... que suis-je censé dire... ? » Juna était à court de mots.

J’avais attendu que Juna se soit changée, puis nous étions allés dans mon bureau. Maintenant, elle regardait la chose dont j’avais parlé.

Eh oui... je pouvais comprendre sa réaction.

J’avais donné un ordre à la fiancée de Ludwin et à l’autoproclamée « Surscientifique », Genia Maxwell, pour qu’elle développe une certaine chose pour moi.

Ma capacité, le Poltergeist Vivant, pouvait imprégner des objets avec une partie de ma conscience, pouvait les faire flotter, et pouvait me permettre de les voir d’une vue aérienne, mais elle était seulement efficace dans une portée de cent mètres ou plus. Si j’avais un stylo au bureau des affaires gouvernementales, je devais rester dans un rayon de cent mètres en tout temps. À cause de cela, pendant le temps qui avait suivi la rétrocession du trône, quand les choses avaient été très occupées, je n’avais jamais quitté la capitale plus d’une journée sauf s’il y avait une crise.

Et aussi, comme vous le saviez déjà, la portée effective de cette capacité pourrait être ignorée si la cible était une poupée, mais, malheureusement, les poupées n’étaient pas capables de très bien écrire. Il était facile d’écrire quand je contrôlais directement le stylo, mais pour une raison inconnue, il était inhabituellement difficile de le faire quand j’avais une poupée tenant le stylo. C’était comme utiliser une télécommande pour faire fonctionner le bras d’un robot qui tenait un stylo. Il avait fallu beaucoup de concentration, et ce que j’avais écrit avait fini par ressembler à des pattes de mouches.

Je ne pouvais pas avoir d’écriture désordonnée sur des documents importants. Il y avait beaucoup de documents où cela pouvait causer des problèmes majeurs s’ils étaient mal interprétés.

En fin de compte, même si les poupées avaient annulé la limitation de portée de ma capacité, cela n’avait pas changé la situation qui m’empêchait de quitter le château pendant une longue période de temps. Je savais que si j’avais une machine capable d’écrire des lettres, je pourrais faire mon travail à distance, ce qui me permettrait de quitter le château sans soucis.

C’était à l’époque où j’avais découvert la géniale Genia.

Elle avait utilisé des ossements de dragon comme structure de base, les combinant avec diverses pièces mécaniques et organiques pour créer le dragon mécanique, Mechadrag. J’avais pensé, peut-être qu’elle pourrait créer une poupée qui se déplace comme une main humaine.

Avec cette idée en tête, je lui avais commandé cela, et l’autre jour, le Bras Mécanisé modèle 1 (nommé par moi) avait été complété.

Du côté, on aurait dit qu’un bras avait étrangement germé d’une plateforme en forme de L. En termes simples, c’était comme un bras prothétique ou un bras manipulateur. Cependant, il était étrangement réaliste et humain d’une manière que cela était effrayant et rebutant. Il s’agissait d’une évidence en vue de la réaction de Juna quand elle avait vu la chose.

Oh, Genia, pourquoi avez-vous dû le rendre si réaliste ?

Eh bien, j’avais expérimenté avec les Poltergeists Vivants si je pouvais contrôler le Bras Mécanisé modèle 1. Le bras artificiel se déplaçait doucement, saisissant le stylo et écrivant des lettres sur un morceau de papier.

... C’était deux fois plus effrayant en mouvement. Donc, c’était la « vallée de l’étrange », hein ?

« Quand les bureaucrates voient cette chose fonctionner, ils sont toujours effrayés, » dis-je. « Oh, et quand les servantes apportent du thé, elles crient très souvent et s’évanouissent. »

« Je comprends complètement ce qu’ils ressentent, » même le sourire de Juna tremblait un peu alors qu’elle le disait. Après tout, cela ressemblait à quelque chose sorti tout droit d’une histoire d’horreur.

« En tout état de cause, maintenant que je peux faire travailler le Bras Mécanisé modèle 1, je suis capable de voyager en dehors de la capitale, » dis-je. « J’en ai déjà fait un certain nombre d’exemplaires. »

« Avoir tout un tas d’entre eux en mouvement... Je ne veux même pas imaginer à quoi ça ressemble, » dit Juna d’un ton plein d’excuses, mais j’étais d’accord avec elle.

Les bras de poupée installés dans une pièce vide qui écrivaient sans fin. Le simple fait d’imaginer ça détruisait en lambeaux ma santé mentale.

Juna secoua la tête, essayant de se débarrasser de l’image pour qu’elle puisse remettre les choses sur les rails. « Mais, Sire, pourquoi voulez-vous m’avoir avec vous comme partenaire ? La princesse, Aisha ou Roroa ne feraient-elles pas aussi une possibilité ? »

« Hmm... Considérant à qui je fais face cette fois-ci, je veux que vous me prêtiez votre force, » dis-je. « Je pense que les autres... ne seront pas de tailles face à elle. »

« Elle ? De qui parlez-vous ? » demanda Juna.

« La Commandante de la Force de Défense Nationale, Excel Walter, » répondis-je.

« ... Je vois. Ma grand-mère. Hmm ? Il s’agit donc de la raison pour laquelle vous me voulez à vos côtés, » déclara Juna.

Juna semblait satisfaite de cette explication. Cependant, elle avait rapidement penché la tête sur le côté de façon interrogative.

« Mais, Sire, grand-mère a toujours été votre alliée, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle. « Quand vous dites qu’elles ne seraient pas à sa hauteur, y a-t-il une raison pour que vous preniez position contre elle ? »

Quand j’avais vu le regard inquiet sur le visage de Juna, j’avais alors dit, « Oh, ce n’est pas ça, » et j’avais hoché la tête. « La raison pour laquelle nous quittons la capitale pendant trois jours est d’examiner les progrès d’un projet sur lequel Excel a travaillé, mais à part ça... J’ai entendu dire que Marx avait récemment pris contact avec Excel. »

« Le chambellan ? Mais franchement, pourquoi ferait-il cela... ? Était-ce pour quelque chose d’important ? » demanda-t-elle.

« Oh non ! Ce n’est rien d’important. Il ne semblait pas en faire le moindre secret. Il recevait juste des conseils sur certaines choses, mais... c’est sur quoi il recevait des conseils qui m’inquiètent..., » répondis-je.

« ... Et à propos de quoi pensez-vous qu’il recevait des conseils ? » demanda Juna.

« Il semblerait... que cela avait quelque chose à voir avec une “éducatrice sexuelle” pour moi, » répondis-je.

Au moment où j’avais dit ça, Juna avait un peu grimacé.

Les éducatrices sexuelles étaient une coutume des classes supérieures dans ce pays (les chevaliers, la noblesse, et plus haut). Quand un homme avait atteint sa majorité, une « femme expérimentée » lui était envoyée. Pour s’assurer qu’il ne serait pas embarrassé quand il prendrait une épouse, elle lui apprendrait correctement... la « bienséance dans la chambre à coucher », et bien d’autres choses du genre.

Il était courant que ces leçons fussent enseignées dans une simple pièce comme un cours de santé et d’éducation physique, mais certaines parties comprenaient « un apprentissage pratique ».

Je m’étais maladroitement frotté la tête. « Je vais avoir vingt ans cette année, et j’ai des beautés comme Liscia, Aisha et vous à mes côtés. Je suppose qu’il pensait que, en tant que jeune homme en bonne santé, s’il nous laissait tranquilles, je finirais par poser la main sur au moins l’une d’entre vous, mais cela ne s’est jamais produit. Donc parce que j’ai pris si longtemps, Marx s’est impatienté, et il a dit que peut-être une éducation était nécessaire. Il semble que Hakuya soit d’accord avec lui. »

« Je vois... Voilà donc ce que c’était, » Juna hocha la tête alors que son expression tremblait encore.

La Maison Royale de ce pays était au bord de l’extinction en raison de la crise de succession qui avait éclaté à la mort de l’avant-dernier roi. Ainsi Marx me harcelait toujours pour « me dépêcher et produire un héritier ». Alors que le mariage n’avait pas encore eu lieu, j’étais déjà fiancé à Liscia et aux autres filles, donc cela ne semblait pas être considéré comme des relations sexuelles prénuptiales dans son esprit. Voilà à quel point la pénurie de membres de la royauté était présente dans ce pays.

« Et ainsi, ils se sont tous deux tournés vers Excel, qui a cinq cents ans et qui a beaucoup d’expérience quand il s’agit de choses romantiques, » avais-je continué. « “Nous n’avons pas une femme parfaite pour le boulot,” ont-ils dit. Quand ils l’ont fait... »

« ... J’ai un mauvais pressentiment à propos de ça, » déclara Juna.

« ... Excel a alors levé la main et elle s’est portée volontaire, » dis-je.

« Franchement !! » Juna avait crié, c’était quelque chose qu’elle avait rarement fait.

Il semblait que, quand elle imaginait son fiancé (même si c’était encore un secret) ayant peut-être des relations avec sa grand-mère, elle ne pouvait pas maintenir son sang-froid. Elle avait montré un mélange de panique et de colère.

Elle peut donc aussi faire des expressions comme ça. C’est quelque peu rafraîchissant, pensai-je.

Incidemment, quand Marx était venu lui demander conseil, Excel avait dit, « Oh, Mon Dieu. Dans ce cas, pourquoi ne lui enseignerais-je pas pour vous ce genre de choses ? J’ai après tout une bonne expérience dans ce domaine. Si vous le souhaitez, je peux même gérer personnellement les leçons pratiques, vous savez ? Je viens d’une race ayant une longue durée de vie, donc ce n’est pas si probable que je devienne enceinte après ça. Hehehe, » avec un rire qui rendait difficile de dire à quel point elle était sérieuse.

Selon Marx, tout en utilisant la tromperie produite par son apparence de la mi-vingtaine, ses yeux avaient eu le reflet d’un serpent qui avait trouvé sa proie.

... Je suppose qu’elle n’était pas de la race de serpent de mer pour rien.

Quand je l’avais dit à Juna, elle avait pressé un doigt sur sa tempe, l’air inquiet. « J’en ai entendu parler de tante Accela. » C’était la fille d’Excel et la mère de Carla. « Quand elle était encore une jeune fille, ma grand-mère tentait de séduire les hommes qui étaient tombés amoureux de ma tante et les taquinait. »

« Wôw... C’est assez horrible, » dis-je.

« Non, elle ne l’a fait qu’avec ceux que ma tante n’aimait pas. C’était pour leur faire abandonner une relation illicite avec sa fille, mais... ma mère me l’a dit une fois, avec un regard fatigué, “Je n’ai jamais voulu avoir des camarades de classe qui avaient été courtisés par ma mère et qui étaient tombés entre ses griffes”. »

Eh bien, non, je ne pense pas qu’elle aurait aimé ça. En y pensant, Castor avait d’abord approché Excel, n’est-ce pas ? Avait-elle eu un froid entre eux parce qu’il l’avait courtisé en premier ? C’était certainement vrai qu’elle était une beauté à couper le souffle. Si je n’avais acquis une grande résistance à cela en étant entouré de Liscia et des autres, j’aurais peut-être risqué de tomber amoureux d’elle.

« Alors, maintenant que vous savez ce qui se passe, je voudrais vous demander de m’accompagner, » dis-je. « Puis-je compter sur vous pour ça ? »

« ... Je comprends. Je ferai de mon mieux pour vous protéger, Sire, » Juna m’avait salué avec son visage rempli de résolution.

Me protéger de quoi ? ... Eh oui, la réponse à cela était claire comme de l’eau de roche.

Juna me regarda comme si elle voulait dire quelque chose, mais elle avait du mal à dire ce qu’elle voulait et elle détourna les yeux. Je me demandais ce que ça pouvait être, alors j’attendais qu’elle le dise. Juna sembla se résoudre, puis elle ouvrit la bouche et déclara. « Hmm... à propos du problème que vous avez, eh bien... Ne serait-ce pas résolu si vous posiez simplement vos mains sur l’une d’entre nous ? Ce pourrait être la princesse, ou Aisha, ou Roroa, ou même... hmm... moi. »

Quand elle avait dit ça, avec son visage baissé et ses yeux qui se levaient vers moi, ça m’avait durement affecté, mais j’avais alors dégluti et je m’étais retenu d’agir. Si Marx avait son mot à dire, cela pourrait être exactement le problème.

« Je suis... euh... je ne suis pas encore prêt pour être père, » dis-je. « Écoutez, je vous aime toutes, et bien sûr, je souhaite vraiment faire ce genre de choses avec vous, mais... quand ils me disent que je dois absolument faire un bébé, je deviens d’un coup hésitant. Avec moi comme je suis maintenant, avec ce pays tel qu’il est maintenant, je me demande si je peux faire que vous toutes, ainsi que les enfants qui naîtront, serez tous heureux. »

« Je vois..., » Juna avait l’air un peu déçue, mais elle recouvrit rapidement cette expression d’un doux sourire. « C’est quelque chose qui est vraiment votre genre, Sire. Je peux sentir à quel point vous vous souciez de nous toutes. »

« Bien sûr que oui ! » répondis-je.

« Dans ce cas, j’attendrai avec impatience que vous soyez prêt, » déclara Juna.

Le sourire de Juna était si merveilleux que je l’avais serrée dans mes bras. Elle avait paru surprise, mais elle n’avait pas résisté. Elle était douce et sentait bon.

Je n’étais pas encore prêt, mais... Je pourrais faire ça dans peu de temps. C’était ce que je m’étais dit.

☆☆☆

Partie 2

Quelques jours plus tard — Dans la Cité Lagune...

La Cité Lagune se trouvait au centre du Duché Walter.

Elle était située au nord-est de Friedonia, et comme son nom l’indiquait, il s’agissait d’une cité qui était construite dans un lagon. En raison de la forte chaleur et de l’humidité présente dans la région, elle avait été construite selon un modèle de ville semblable à Venise en Italie, et il y avait des canaux qui parcouraient l’intégralité de la ville.

Quand j’avais regardé pour la première fois cette ville, cela m’avait fait me souvenir d’un certain manga iyashikei [1] que j’avais lu il y a longtemps, mais malheureusement, il n’y avait pas dans ce monde, de jolies filles jouant le rôle de gondolières. À la place, je pouvais voir partout des hommes costauds charger et décharger des cargaisons depuis de petits bateaux présents un peu partout dans la zone.

Nous étions maintenant en hiver, donc ces hommes étaient habillés, mais si nous avions été en été, alors ils auraient probablement été tous nus en ce moment. (Dans le sens où ils n’auraient porté que des pagnes). Même cette pensée était étouffante.

J’étais là, à regarder le paysage de la Cité Lagune depuis l’intérieur d’un carrosse que je partageais avec Juna.

« Êtes-vous née ici, Juna ? » demandai-je.

« Non, je suis née un peu plus au nord-ouest, dans une petite ville portuaire près de la frontière avec l’Union des États de l’Est, » répondit Juna. « Ce n’est pas aussi animé qu’ici, mais nous y attrapions beaucoup de délicieux poissons, le saviez-vous ? »

« Ah oui ? J’aimerais bien y aller un jour, » déclarai-je.

« D’accord, j’espère que vous pourrez le faire un jour, » répondit Juna.

Pendant que nous bavardions, le carrosse était arrivé devant la porte extérieure du domaine du manoir d’Excel.

Dans la Cité Lagune, la forteresse de la Marine, il y avait une base navale, mais il n’y avait pas de château à proprement parler. Cela avait été fait ainsi parce qu’ils ne prévoyaient pas que la ville puisse être assiégée par une force terrestre. Cela reflétait le fait que la Marine était capable de montrer toute sa puissance en mer, et si ces terres étaient envahies par un ennemi étranger, elle embarquerait simplement sur leurs navires et éliminerait l’ennemi, la ville et tout ce qui était dans la région à l’aide d’un bombardement soutenu des côtes.

La race du serpent de mer aimait cette terre plus que quiconque, et s’ils ne pouvaient pas l’avoir, alors personne ne le pourrait. Ils étaient du genre yandere [2] quand cela concernant la moindre chose liée à cette terre.

Quand nous avions avancé en montant sur les hauteurs où se trouvait le manoir dans notre carrosse, j’avais pu voir qu’Excel se tenait devant le manoir, tout en attendant notre arrivée. Ses cheveux bleus brillaient au soleil, et son beau visage scrutait les environs.

Comme toujours, Excel était si belle et l’on pouvait même le dire à cette distance. Vous pourriez vraiment dire qu’elle était la grand-mère de Juna. (Bien qu’il y ait peu de personnes à qui le terme de « grand-mère » aurait le moins convenu.) La tenue bleue qu’elle portait était comme un kimono mélangé avec une robe et elle lui convenait parfaitement.

Quand je l’avais regardée, Juna avait alors affiché un regard lugubre. Je lui avais alors demandé. « Juna ? Est-ce que quelque chose ne va pas ? »

« Ce kimono..., » répondit-elle.

« Le kimono ? » demandai-je.

« Il s’agit du kimono favori de ma grand-mère. Il semble en effet... que la prudence soit peut-être justifiée, » répondit Juna.

« Hm... Techniquement, le seul but de ma venue ici est de surveiller une installation militaire..., » déclarai-je, un peu alarmé de ce que j’avais appris plus tôt.

Après que j’eus dit ça, Juna enroula son bras autour du mien, le serrant fermement, puis me regarda avec une expression sérieuse. « Sire, quand vous êtes devant un serpent de mer, il ne faut jamais lui montrer la moindre occasion de frapper. Si vous ne faites pas ça... »

« Si je ne fais pas ça ? » demandai-je.

« ... Vous serez englouti par lui, » répondit Juna.

« ..., » j’étais sans voix face à cette réponse.

... Je ne savais pas exactement ce que c’était censé vouloir dire, mais j’avais pris note que je devais être prudent en tout temps.

☆☆☆

Après que nous fûmes sortis du carrosse, Excel nous avait accueillis avec un sourire.

« Votre Majesté, cela fait trop longtemps. Bienvenue à la Cité Lagune, » déclara Excel.

Je savais ce que Juna m’avait dit juste avant, mais pour le moment, elle ne semblait pas différente des autres fois où je l’avais rencontrée.

J’avais alors essayé de ne pas rendre ma méfiance envers elle évidente alors que je répondis dans un ton amical. « Nous ne nous sommes pas vus depuis que je vous ai nommée Commandante Suprême de la Force Nationale de Défense, n’est-ce pas ? Je suis content de voir que vous êtes en bonne santé. »

« Hehe ! Oh, Sire, vous aimez pousser des devoirs d’importances sur une vieille dame telle que moi, » répondit-elle. (Elle semblait contente alors qu’elle disait ça.) « Mais merci. J’espère que tu vas bien, Juna. »

« C’est bon de vous revoir, Princesse des Mers, » à côté de moi, Juna avait fait une gracieuse révérence tout en disant ça.

Excel avait toujours été appelée en tant que « Princesse des Mers » dans l’ancienne Marine. C’était probablement similaire pour eux au fait de l’aborder en lui disant « madame ».

Mais Excel avait hoché négativement la tête. « Juna, tu as été libérée de tes devoirs envers la Marine. Tu vas épouser Sa Majesté, même si cela ne sera qu’en tant que reine secondaire. Les seules relations que nous avons l’une envers l’autre sont celles que nous avons en tant que membre de la même famille. »

« Princ... Non, j’ai compris. Grand-mère, » déclara-t-elle finalement.

Oui. Ce fut une bonne scène que nous avons eue là, celle qui montre clairement leurs liens familiaux... ou alors, pensai-je.

« Hehehe. Donc, Juna, cela signifie que toi et moi sommes maintenant égales, » déclara Excel.

... C’était quoi ça ? Avais-je imaginé qu’elle avait souligné le mot « égal » là ?

En outre, quand elle avait entendu le mot « égal », j’avais cru avoir remarqué qu’une veine se gonflait sur les tempes de Juna.

« ... Hehehe. Qu’entendez-vous par là, grand-mère ? » demanda Juna.

« Tu vois, la clé pour ne pas se lasser d’une vie qui dure trop longtemps est de toujours s’intéresser à quelqu’un ou à quelque chose, » répondit Excel.

« Est-ce maintenant le cas  ? » demanda Juna. « En passant, avez-vous un intérêt envers Sa Majesté ? »

« Après tout, il est le premier héros que nous avons eu depuis le premier roi, alors disons-le franchement, je trouve ça fascinant, » répondit Excel. Elle avait souri tout en disant ça, mais j’avais senti une étrange pression présente derrière ce sourire.

Juna avait répondu en ayant un sourire similaire.

... C’est quoi ce genre d’ambiance ? Je veux vraiment partir de là le plus tôt possible, pensai-je.

« D-Dans tous les cas, cela vous dérange-t-il si nous allions à l’intérieur ? » suggérais-je. « Il n’y a sûrement pas de nécessité de rester ici plus longtemps. »

« Hehe ! Je suis désolée de vous avoir fait rester ici si longtemps, » déclara Excel. « S’il vous plaît, venez avec moi. »

En tout cas, après en avoir fini avec les formalités, nous avions été conduits à l’intérieur de la bâtisse.

L’intérieur serait totalement approprié à un manoir chic de style occidental. Le mobilier exposé n’était pas excessivement criard, et à la place, cela donnait une ambiance plutôt détendue. Même moi, qui n’étais pas du tout un artiste, pouvais apprécier le sens esthétique de bon goût d’Excel.

Finalement, nous avions été conduits dans une pièce ayant une plaque sur la porte qui l’avait identifiée comme étant un salon.

Il y avait déjà une personne dans le salon qui se tenait debout au garde-à-vous.

Cet homme de grande taille, qui portait l’uniforme d’un sous-officier de la Force Navale de Défense Nationale de Friedonia, avait des ailes de chauve-souris et une queue semblable à un lézard. L’homme m’avait salué, puis il avait commencé à préparer le thé.

Même une fois que nous nous étions assis et qu’il avait fini de distribuer du thé à tout le monde, cet homme avait continué à se tenir derrière Excel, attendant ses ordres.

J’avais massé mes tempes. « S’il compte rester là pendant tout ce temps, cela va certainement trop me déranger pour ne pas y penser en tout temps. »

« Je lui ai dit qu’il pouvait simplement agir comme d’habitude, » déclara Excel avec un sourire ironique.

L’homme qui se tenait derrière elle était bien entendu Castor. Il avait été autrefois l’un des trois ducs et le général de l’Armée de l’Air. Il était également le père de Carla.

Après qu’il avait été tenu responsable d’avoir défié son roi ce qui l’avait obligé à démissionner de son poste, il avait été forcé de prendre sa retraite et de laisser la gestion familiale à son jeune fils, Carl, alors qu’il avait lui-même été placé sous la garde d’Excel.

En outre, celui qui servait comme aide de Carl était, à la demande de cet homme, l’ancien intendant de la maison des Vargas et actuellement un général dans la Force Aérienne de Défense Nationale, Tolman.

En tout cas, d’après ce qu’Excel m’avait dit, elle faisait travailler durement Castor en tant que soldat de base de la Force Navale de Défense Nationale.

Peut-être que le fait de devenir un général vaincu l’avait dépouillé de sa fierté le rendant tellement obstiné que cela l’avait rendu plus doux. Ou peut-être qu’il faisait simplement semblant d’agir seulement comme un soldat de base de la Force Nationale de Défense Navale par entêtement.

S’il les rencontrait dans les rues, il s’inclinerait même devant ceux qui avaient été d’un rang inférieur à lui jusqu’à tout récemment, et quand il s’agissait du jour de son service de nettoyage, il nettoyait toutes les toilettes du navire sans dire un mot.

Je pensais la même chose en ce qui concernait Carla, mais les membres de sa lignée avaient tendance à être beaucoup trop fidèles aux positions qu’ils occupaient.

« ... Il s’agit d’un ordre, » dis-je. « Castor, asseyez-vous ! »

« Oui Sire ! Pardonnez-moi, Sire ! » Castor s’était finalement pris un siège de libre.

Bon sang !

« De plus, comme cela me donne la chair de poule, laissez tomber ces formalités si excessives, » rajoutais-je. « À moins que nous ne soyons en public ou qu’il y ait d’autres subalternes, je veux que vous parliez normalement quand il s’agit de quelque chose à titre personnel. Ceci est également un ordre. »

« Oui, Sire... Mais..., » commença Castor.

« Castor, un sous-officier défie-t-il les ordres de son roi ? » demanda Excel.

« ... J’ai compris, » Castor avait acquiescé à contrecœur.

Wôw... Maintenant, nous pouvons enfin avoir une conversation détendue, pensai-je.

« Dans tous les cas, cela fait longtemps, Castor, » dis-je. « Comment est la vie dans la Marine ? »

« Assez bien, Sire. J’y suis maintenant habitué..., » répondit Castor. « Je me suis habitué à l’odeur de la mer. Et aussi, hmm... »

« Hm ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.

« Comment va Carla ? » Il semblait inquiet pour sa fille qui était maintenant mon esclave. Eh bien, il était après tout son père, alors c’était normal.

« Détendez-vous ! Carla est... hmm, elle s’en sort plutôt bien ! » répondis-je.

« Pour quelle raison avez-vous fait une pause ? Et c’est quoi ce “Hmm” qu'avez-vous fait !? » demanda Castor.

« Eh bien, je suis sûre qu’elle va bien et tout, c’est juste que..., » répondis-je.

Si je me souviens bien, en ce moment, dans le château, Carla serait...

☆☆☆

Pendant ce temps, dans le studio dans le Château de Parnam...

« Bwahahahaha! Silvan, aujourd’hui, j’en ai fini avec vous ! Viens ici, Monstre à Roues, Dialgon ! » cria Carla, alias Mademoiselle Dan.

« Dialgoooon, c’est moi ! » (Moltov avait pris la relève en jouant les monstres à la place d’Aisha.)

« Je vous maudis, Mademoiselle Dan et vous, Dialgon ! Je vais tout faire pour protéger la paix de ce pays ! » répliqua Silvan.

☆☆☆

« ... Oui, elle va (probablement) bien. Physiquement, elle est l’image même de la santé, » dis-je. « Je sais qu’elle est une esclave appartenant à la Maison Royale, mais je n’ai pas posé la main sur elle ou quelque chose comme ça. »

Maintenant, quant à savoir si elle va mentalement bien, je n’étais pas si sûr de ça, pensai-je. Je voulais dire par là que Serina jouait toujours avec elle dès qu’elle en avait l’occasion.

« Vous ne lui avez donc rien fait... quand j’entends ça, je suis encore plus inquiet, » répondit Castor.

« Hm ? Pourquoi cela vous fait-il être si déprimé ? » demandai-je.

« Parce que si vous l’aviez fait à ma fille, je penserais que ça rendrait Carla plus en sécurité, » Castor laissa échapper un petit soupir à ce moment-là. « J’ai entendu parler de vous de la Duchesse Excel. Vous êtes le genre d’homme qui valorise sa famille, et vous feriez n’importe quoi afin de les protéger. Depuis que je suis ici, j’ai entendu beaucoup de rumeurs sur ce que vous faites, et... j’en suis arrivé à la même conclusion. C’est pourquoi je me dis que si Carla tombait enceinte et que vous la considériez comme un membre de votre famille, alors rien ne pourrait la rendre plus en sécurité. »

Ce n’était nullement qu’il voulait devenir une personne liée à la Maison Royale, mais c’était uniquement dans le but que sa fille soit désormais en sécurité. Cela m’a fait penser à la façon dont les sentiments d’un père étaient complexes.

Mais...

« Je n’ai nullement l’intention de prendre Carla en tant que reine, » dis-je.

Il était resté silencieux après ça.

« Pourtant, Liscia serait contrariée si quelque chose arrivait à Carla, » dis-je. « Je préférerais ne pas avoir à voir Liscia triste, alors je peux vous garantir que je ferai tout pour que rien de mal n’arrive à votre fille. »

« Vous ne voulez pas... ? Je suis soulagé d’entendre ça. S’il vous plaît, je vous demande de prendre bien soin de ma fille, » Castor baissa amplement la tête alors qu’il disait ça.

J’étais sûr qu’il avait pris ce ton plus formel à la toute fin parce qu’il s’agissait d’une demande sincère et sérieuse. Avec la façon dont Excel le traitait, peut-être que cela l’avait aidé à grandir quelque peu en tant qu’être humain. (Eh bien, en tant que dragonewt, en vérité.)

J’avais alors regardé dans la direction d’Excel. « Alors, Excel, pensez-vous que nous pouvons utiliser cet homme ? »

« Hehe ! Je l’ai bien préparé. Comme on peut s’y attendre d’un homme qui menait autrefois des armées, il apprend vite, » répondit Excel. « Et avec la façon dont les choses vont... Je dirais que c’est tout à fait possible. »

« Je vois... Eh bien, allons-y dans ce cas, » dis-je.

Après avoir terminé cet échange verbal que nous n’étions que les deux seuls à comprendre, nous nous étions levés. Quand ils nous avaient vus soudainement nous lever, les yeux de Juna et Castor s’étaient écarquillés en raison de la surprise.

« Euh, Sire ? Où allons-nous ? » Juna m’avait demandé avec un visage dénué d’expression.

J’avais souri avec ironie avant de lui répondre. « L’avez-vous déjà oubliée ? Notre plan pour la journée est d’arpenter une installation militaire, vous en souvenez-vous maintenant ? »

« Ah oui. Maintenant que vous me le dites... c’est exact, » les joues de Juna rougirent alors en raison de son embarras.

Son esprit devait avoir été trop préoccupé quant au fait de ne pas baisser sa garde vis-à-vis d’Excel. Quand elle était embarrassée, elle agissait en réalité comme une personne de son âge. C’était vraiment mignon. J’aurais aimé pouvoir la regarder ainsi pour toujours, mais j’avais des choses à faire.

« Maintenant, passons à la première chose à l’ordre du jour..., » dis-je en me tournant vers Castor, qui semblait n’avoir aucune idée de ce qui se passait. « Pour l’instant, mettons un bandeau sur les yeux de Castor. »

Notes

  • 1 Iyashikei : (癒し系) veux dire en japonais « guérir ». Il s’agit d’un terme utilisé pour les animés et les mangas qui ont été créés dans le but spécifique d’avoir un effet curatif ou apaisant sur le public. Les œuvres de ce genre impliquent souvent des réalités alternatives avec peu ou pas de conflit, mettant l’accent sur la nature et les petits plaisirs de la vie.
  • 2 Yandere : (ヤンデレ?) est un terme japonais utilisé pour définir une personnalité qui est au premier abord affectueuse et tendre, mais qui à un moment devient dérangée voire psychotique. Yandere est une combinaison de yanderu (病んでる?), qui signifie malade, et deredere (デレデレ?), qui signifie amoureux ou ramolli. Yanderekko est le nom dérivé, et qualifie une fille possédant une personnalité yandere, comme pour meganekko avec les filles qui portent des lunettes (megane).

☆☆☆

Partie 3

Après que Castor avait eu les yeux bandés, nous étions montés dans la gondole à wyverne, puis avions voyagé pendant une heure ou deux, en prenant en compte le temps de transfert dans un navire à mi-chemin.

Quand nous avions finalement atteint notre destination, j’avais alors dit à Castor. « C’est bon. Vous pouvez enlever votre bandeau. »

« ... Pourquoi parlez-vous d’une manière si hautaine ? » grogna Castor.

Même s’il rouspétait à ce sujet, Castor avait enlevé son bandeau. Après l’avoir fait, il constata qu’il était au milieu de bois.

Les seules personnes présentes là étaient Juna, Castor, Excel et moi, et la seule chose en vue était un bouquet d’arbres devant nous.

« Que faisons-nous dans un endroit comme celui-ci ? » Castor semblait empli de doutes, mais il semblait soudain réaliser quelque chose et il avait froncé les sourcils. Il m’avait alors demandé. « Est-ce... une île ou quelque chose du genre ? »

« Oh... ? Pourquoi pensez-vous ça ? » demandai-je.

« Car je peux sentir l’eau salée dans toutes les directions, » répondit-il. « Nous sommes près de la mer, non ? Après tout, nous sommes montés sur un bateau au milieu du trajet. »

« ... Perspicace, » dis-je.

Même s’il avait eu les yeux bandés pendant tout ce temps, il avait immédiatement réussi à comprendre que nous étions entourés par la mer. C’était impressionnant ! Je pouvais voir qu’Excel l’avait bien entraîné.

C’est alors que j’avais remarqué que Juna était abasourdie par ce qu’elle voyait.

« Juna, quel est le problème ? » demandai-je.

« Oh, eh bien... c’est juste que, sur le chemin, j’ai vu beaucoup de choses incroyables..., » répondit Juna en étant un peu embarrassée, réalisant que je l’avais attrapée alors qu’elle avait baissé la garde.

Ohh... En y repensant, je n’avais jamais parlé de cet endroit à Juna, n’est-ce pas ? Après tout, je l’avais laissé totalement entre les mains d’Excel.

Voyant que Juna agissait ainsi, Castor avait l’air encore plus méfiant. « À ce propos, qu’est-ce que cet endroit est censé être ? »

« Hm ? Eh bien, pour le dire dans les termes les plus simples que je peux... peut-être que je peux dire qu’il s’agit de notre arme secrète, ainsi qu’un terrain d’essai pour certains types de troupes ? » déclarai-je.

« Arme secrète ? » demanda Castor.

« Il sera plus rapide de vous la montrer. Venez par ici, » j’avais commencé à marcher et j’avais ainsi montré le chemin pour les autres.

Après avoir un peu marché, nous étions arrivés dans une clairière. Il s’agissait d’une prairie couverte d’herbe courte.

Il n’y avait rien en haut, donc le ciel bleu s’étalait au-dessus de nos têtes. Quand j’avais levé les yeux vers le ciel, je vis qu’il y avait des chevaliers-wyvernes qui volaient en formation.

J’avais alors pointé du doigt les chevaliers-wyvernes. « Castor, que pensez-vous quand vous voyez ça ? »

« Ils sont très... très rapides, hein..., » répondit Castor tout en plissant les yeux comme si c’était brillant. « Dans tous les cas, ils sont bien trop rapides. Ce n’est pas une vitesse qui peut être atteinte par une wyverne. Ont-elles utilisé de la magie ou une autre astuce pour pouvoir obtenir une telle vitesse ? »

« Eh bien, quand on parle de la magie... alors on pourrait dire que dans une certaine mesure, ils l’utilisent, oui, » répondis-je. « Mais, s’ils utilisaient la magie afin de créer un vent derrière eux, pensez-vous qu’ils pourraient encore voler en formation comme ça ? »

« ... Non, cela ne serait pas possible. Car s’ils accéléraient eux-mêmes avec de la magie, ils seraient bien moins en formation, » répondit Castor.

Comme Castor le disait, les personnes avaient des niveaux de compétence différents quand il s’agissait d’utiliser la magie. Même s’ils utilisaient la magie du même type, avec la puissance, alors la portée d’efficacités et le coût dépendraient de la personne. C’est pourquoi, même si nous rassemblions un groupe de personnes ayant la même capacité à manipuler le vent, ils ne seraient probablement pas capables de voler dans de telles formations en accélérant à l’aide de la magie. Donc, cette vitesse ne venait pas de la magie, mais de la technologie.

« Je veux que vous regardiez à l’arrière de leurs selles, » dis-je.

« Ils ont quelque chose d’attaché là-bas, » indiqua Castor, regardant où je lui avais dit de faire. « Est-ce ces anneaux qui font ça ? »

Si vous regardiez de près, oui, à l’arrière des selles des chevaliers-wyvernes, il y avait deux anneaux, un à gauche et un à droite.

Je lui avais répondu tout en regardant le ciel. « Ce que vous voyez à l’arrière de leurs selles est une version miniaturisée et plus légère du Petit Susumu Mark V. » (Le Dispositif de Propulsion Maxwellian.) « Lorsqu’ils en sont équipés, les wyvernes peuvent voler plus vite et avec une plage de déplacements plus grande qu’auparavant. »

***

C’était arrivé le jour où Ludwin m’avait emmené voir le laboratoire se trouvant dans le donjon de Genia.

Ils m’avaient montré les inventions de Genia comme le Petit Susumu Mark V et le Mechadra, et même si j’avais encore quelques soucis à propos de ça (surtout ce que j’allais faire avec le Mechadra) sur le chemin du retour, j’avais été convaincu que j’avais trouvé la clé pour amener une révolution dans ce pays. C’était arrivé quand une certaine idée m’était soudainement venue.

« ... À ce propos, Genia. Ce Petit Susumu Mark V, peut-il être produit en série ? Et aussi, pourriez-vous le rendre plus petit et plus léger ? » demandai-je.

« Hm..., » Genia avait répondu après avoir réfléchi pendant un petit moment. « Tout est question de savoir si je peux obtenir une source pour un certain métal spécial, mais si cela peut être fait, alors la production de masse est possible. Maintenant, en ce qui concerne la miniaturisation et le fait de le rendre plus léger, réalisez-vous que la poussée produite diminuera en conséquence ? »

Métal, hein ? C’était avant que nous ayons absorbé Amidonia, donc l’obtention de ce métal aurait été difficile en raison de la pauvreté des ressources minérales trouvable dans le royaume...

Genia inclina la tête sur le côté d’un air interrogateur et demanda. « Quel usage avez-vous imaginé pour eux ? »

« Eh bien, ils aspirent l’air et le font aller vers l’arrière, n’est-ce pas ? Dans ce cas, je pensais que nous pouvions les fixer aux ventres des wyvernes, ou peut-être à l’arrière de leurs selles, » répondis-je.

« Oh !? Je comprends ! Je n’avais pas pensé à l’utiliser comme ça ! » déclara Genia.

Dans ce monde, il y avait trois types de créatures utilisées de la même manière que les avions sur Terre. Les wyvernes, qui étaient les plus utilisées, les griffons, que seul l’Empire avait réussi à élever, et les dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Si je devais leur attribuer une note de S, A, B ou C pour leur vitesse de vol, leur virage et leur autonomie, cela ressemblerait à ceci :

[Wyverne] Vitesse de Vol : B, Capacité à effectuer des virages : C, Autonomie : A

[Griffon] Vitesse de Vol : A, Capacité à effectuer des virages : S, Autonomie : C

[Dragon] Vitesse de Vol : S, Capacité à effectuer des virages : A, Autonomie : S

... Eh bien, c’était plus ou moins ça.

Si vous regardiez ces statistiques, vous pouviez voir que les wyvernes étaient comme des bombardiers, capables de voler sur de longues distances, mais pas très puissantes dans un combat aérien, et les griffons étaient comme des chasseurs, incapables de voler de longues distances, mais forts dans ces combats. Les dragons étaient forts dans toutes les catégories, mais ils étaient beaucoup moins nombreux que les deux autres, et ils étaient sensibles, donc ils ne pouvaient pas vraiment être contrôlés. Il y avait apparemment un pays au nord qui avait un accord avec les dragons, mais ils étaient une exception parmi les exceptions.

En d’autres termes, bien que je voulais éviter cela à tout prix, si nous devions faire une guerre contre l’Empire, notre cavalerie-wyverne ne serait pas de taille face à la cavalerie-griffon de l’Empire.

Cependant, si nous pouvions faire une version miniaturisée et légère du dispositif de propulsion de Genia et l’attacher sur eux, alors, que se passerait-il ? Cela ne ferait-il pas augmenter tout cela sauf leur capacité de se mouvoir avec agilité dans les airs ?

Si nous pouvions le faire, alors cela donnerait quelque chose comme :

[Wyverne (avec propulseur auxiliaire)] Vitesse de Vol : B→S, Capacité à effectuer des virages : C→C-, Autonomie : A→S+

Alors, même si elles ne pouvaient pas combattre la cavalerie-griffon dans un combat rapproché, elles pourraient être en mesure de rivaliser en utilisant un style de combat de type escarmouche qui était approprié pour leurs statistiques. C’était ce que je pensais.

Cela dit, je n’avais pas réussi à trouver une source de ce métal spécial, donc l’idée avait dû être mise en attente pendant un certain temps. Cependant, avec Roroa qui m’avait aidé plus tard avec Amidonia, alors les choses avaient changé dans le bon sens.

Bien que le taux d’autosuffisance alimentaire d’Amidonia soit faible, la principauté avait une richesse au niveau des ressources minérales précieuses en dehors du simple fer. Et heureusement, cela incluait également le métal spécial dont j’avais besoin depuis longtemps.

Ainsi, avec une source stable du métal dont j’avais besoin, j’avais une fois de plus demandé à Genia de développer une version miniaturisée du Petit Susumu Mark V que les wyvernes pourraient équiper.

☆☆☆

Partie 4

« Et ainsi, elle a développé le Petit Susumu Mark V version allégée, » avais-je conclu mon explication.

L’énorme Petit Susumu Mark V avait été rendu plus petit, plus léger permettant ainsi d’être installé à l’arrière de la selle d’une wyverne. La raison pour laquelle il y avait deux anneaux était que, avec un seul, il allait attirer le cavalier qui était placé devant. Pour éviter cela, les anneaux étaient positionnés à gauche et à droite. À ce propos, quand ils n’étaient pas utilisés (quand le cavalier voulait se concentrer sur des virages serrés, ou lorsque la wyverne battait elle-même ses ailes), ils pouvaient être fermés comme les coquilles d’une palourde. En revanche, lorsque l’appareil était utilisé (pour les vols à grande vitesse et à longue distance), la wyverne pouvait garder ses ailes bloquées en position ouverte, en se concentrant uniquement sur la direction à prendre.

Avec l’invention du Petit Susumu Mark V Allégé, les wyvernes de notre pays étaient, comme je l’espérais, capables de surpasser les escadrons de griffons de l’Empire sur tout sauf la vitesse de rotation.

Après avoir entendu cette explication, l’ancien général de l’Armée de l’Air, Castor, avait été profondément impressionné. « Il s’agit là d’une invention incroyable, oui, mais... n’auriez-vous pas pu faire quelque chose à propos de ce nom ? »

Il s’agissait de la seule chose qui l’avait déçu. Je pouvais parfaitement le comprendre.

« Je l’ai au moins enregistré sous le nom de Dispositif de Propulsion Maxwellian Allégé, » dis-je.

« Oui, je pense que c’est bien mieux ainsi, » répondit-il.

C’est alors que j’avais remarqué que Juna avait un regard lugubre clairement visible sur son visage.

« Hé, qu’est-ce qui ne va pas, Juna ? » demandai-je.

« Euh... avez-vous prévu ça afin de combattre l’Empire, Sire ? » demanda une Juna inquiète.

Oh... Ayant entendu mon explication, peut-être qu’elle penserait ça. Il était vrai que j’utilisais l’Empire comme ennemi imaginaire quand j’avais pensé au développement de ses armes. Après tout, vous devriez toujours vous préparer à affronter un ennemi plus fort que vous. Cependant...

« Tant que l’Impératrice Maria de l’Empire du Gran Chaos restera fidèle à ses idéaux et tiendra bon, je ne pense pas que nous aurons de problèmes, » répondis-je. « Je n’ai pas l’intention de lutter contre l’Empire tel qu’il existe maintenant. »

« ... Vous ne voulez pas ? » demanda-t-elle.

« Tout à fait. Mais... je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve, » répondis-je. « Il n’y a aucune garantie que l’Empire s’en tiendra à ses politiques actuelles, et il est possible qu’une autre puissance majeure autre que l’Empire apparaisse un jour pour nous faire face. Je ne veux pas avoir une vision naïve des choses, et ensuite me laisser bousculer quand ce moment viendra. Voilà pourquoi, en tout temps, je dois supposer le pire scénario possible. »

Pour cela, faire des choses qui était comme démolir un pont de pierre et le remplacer en utilisant les techniques les plus récentes était à peu près correct. Après tout, Machiavel avait déclaré qu’un prince devait toujours être prêt pour des changements de fortune.

« Vous prenez toujours en compte le pire scénario possible... je comprends, » déclara Juna, puis elle n’avait plus rien dit sur le sujet.

J’étais sûr qu’elle se sentait toujours mal à l’aise, mais à la fin, elle m’avait fait confiance. Liscia et Aisha allaient la plupart du temps agir de la même manière. Roroa était la seule qui ne se sentirait pas mal à l’aise et qui m’aiderait dès le départ.

Franchement... elles étaient toutes trop bonnes pour moi.

Castor avait alors demandé. « Plus tôt, vous avez dit qu’il s’agissait d’un terrain d’essai pour les armes secrètes et les types de troupes, n’est-ce pas ? Je comprends maintenant pour la partie arme, mais qu’est-ce que c’est à propos d’un type secret de troupe ? »

« Si vous voulez le savoir, alors nous allons devoir marcher un peu plus loin, » répondis-je.

J’avais commencé à marcher, menant le groupe jusqu’à notre prochain arrêt. Alors que nous progressions à travers un terrain dégagé, l’herbe s’était soudainement arrêtée, et le sol nu avait été exposé. L’endroit où de l’argile rouge avait été posée ressemblait à un terrain de sport. Cependant, il n’y avait aucune base pour le baseball, ou de buts pour le football. Les seules choses qu’il y avait étaient deux tentes afin de se protéger de la lumière du soleil, et un lanceur de carreaux à répétition antiaérienne.

À l’intérieur de la tente, Kaede Foxia, la mage aux oreilles de renards, qui était maintenant la commandante en second de Ludwin, était en pleine conversation avec un groupe de personnes qui ressemblaient à des chercheurs et à des ingénieurs.

Alors que nous nous étions approchés, Kaede nous avait aussi remarqués.

« Tiens ! Votre Majesté, et aussi la Duchesse Excel ! Bienvenue, » déclara Kaede et elle nous avait accueillis avec un sourire.

« Cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vu, » répondis-je. « Allez-vous bien ? »

« Tout à fait, » répondit Kaede. « Hal et moi allons bien tous les deux, vous savez. Oh ? La princesse n’est-elle pas avec vous aujourd’hui ? »

« Oui... Cette dame-là est ma partenaire pour aujourd’hui, » je lui avais dit cela dans un murmure, mettant ma main sur le bas du dos de Juna, lui donnant une petite poussée.

Juna fit un pas en avant, puis elle fit un léger signe de tête à Kaede. « Je suis également ravie de vous rencontrer. Je suis Juna Doma, anciennement de la Marine. »

« Oh mon Dieu ! Vous êtes le Prima Lorelei, n’est-ce pas !? Je suis l’une de vos fans, vous savez ! S’il vous plaît, laissez-moi vous serrer la main ! » Kaede tenait la main de Juna avec les siennes et la secouait de haut en bas. « Je n’aurais jamais su que vous étiez dans la marine... Hein !? Sa Majesté n’a-t-elle pas dit que vous étiez sa partenaire... ? »

Kaede cligna rapidement des yeux, puis me regarda.

J’avais dit qu’elle était ma partenaire, en pensant que cela serait correct que Kaede sache que nous étions fiancés, mais c’était un peu embarrassant de devoir l’expliquer avec mes propres mots. Quand je l’avais regardée, j’avais vu que Juna était devenue également un peu rouge.

« Hm... euh, eh bien... c’est comme ça, » avais-je finalement dit.

« ... J’ai compris, » déclara Kaede. « Alors c’est comme ça, hein ? »

En regardant, nos deux visages, Kaede, intelligente comme toujours, avait rapidement assemblé les différentes informations qu’elle avait et avait rapidement compris la situation.

Baissant un peu la voix, elle demanda. « Comme cela n’a pas encore été annoncé, je suppose que c’est toujours un secret, n’est-ce pas ? »

« Je suis content que vous compreniez ces choses rapidement, » murmurai-je. « Après tout, Juna est incroyablement populaire. »

« Eh bien, c’est vrai. Je pense que des émeutes pourraient éclater si vous l’aviez annoncé maintenant, vous savez, » Kaede était totalement sérieuse alors qu’elle disait ça.

Eh bien, je le savais, et c’est pourquoi j’essayais de faire passer la popularité de Juna de celle d’idole à celle de chanteuse pour les enfants.

« Mis à part cela, j’aimerais montrer à Excel et aux autres le nouveau type de troupes, » dis-je.

« Je vois. Dans ce cas, nous étions sur le point d’effectuer un essai, vous savez, » répondit-elle.

Après avoir dit ça, Kaede avait commencé à donner des ordres aux ingénieurs proches d’elle. Elle leur avait fait tracer un double cercle au milieu du champ d’argile en utilisant de la craie. Kaede avait ensuite utilisé sa magie de type Terre (la manipulation de la gravité) afin de déplacer le lanceur de carreaux à répétition antiaérienne au centre de ce cercle. Après que Kaede ait fini de mettre en place l’arme, elle était revenue à l’endroit où nous étions.

« Wôw ! Tout est mis en place et prêt à commencer, vous savez, » déclara-t-elle.

« ... À ce propos, qu’est-ce que vous êtes sur le point de commencer ici ? » demanda Castor. En réponse, j’avais pointé du doigt le ciel.

« Si vous levez les yeux, je pense que cela deviendra rapidement clair, » expliquais-je.

« En haut ? » demanda-t-il.

Dans le ciel que nous avions observé, il y avait une autre formation de wyvernes qui volait dans notre direction. Jusqu’à ce point de la description, il s’agissait de la même chose que ce qu’il avait vu auparavant, mais cette fois, les wyvernes avaient quelque chose dans leurs pattes de derrière. (Les wyvernes, contrairement aux dragons, et comme les oiseaux, avaient des ailes au lieu de pattes avant.) Quand la formation des wyvernes passa au-dessus de nos têtes, toutes les wyvernes laissèrent tomber ces choses à l’unisson.

Ces innombrables choses qui avaient été lâchées tombaient vers nous en ligne droite.

Plus elles s’approchaient du sol, plus leur forme devenait progressivement apparente.

Il s’agissait de personnes. D’innombrables personnes tombaient du ciel. De plus, on pouvait dire qu’elles portaient toutes des armes.

Puis, assez rapidement, nous avions pu entendre leurs cris.

« Wahhhhhhhhhh! »

Halbert était là, mélangé avec les personnes qui criaient et qui tombaient.

« H-Hé ! Ils ont lâché un tas de personnes !! » Castor avait crié, semblant paniqué.

Si vous ne saviez pas ce qui se passait, je suppose que c’était la réponse normale.

« C’est bon, » dis-je. « Regardez ce qui va suivre. »

À peu près au moment précis où je l’avais dit, des parachutes ronds germaient sur le dos de toutes les personnes qui chutaient. Soudain, leur vitesse de descente avait été réduite. Les parachutes s’épanouissaient dans le ciel comme des fleurs blanches, presque comme si nous regardions des feux d’artifice de loin. Cependant, s’ils disparaissaient comme des feux d’artifice, Hal et les autres seraient quelque peu dans une situation dramatique.

Castor regarda l’équipe de parachutistes en étant abasourdi. « C’est quoi exactement... tout cela ? »

« Demandez-vous pour leur équipement ? Ou bien parlez-vous du type de troupe ? » demandai-je.

« Les deux, » répondit-il.

« Cet équipement s’appelle un parachute, » expliquai-je. « En cas de libération, il réduit leur vitesse de descente, permettant un atterrissage en toute sécurité. Je suis allé voir l’équipe de développement et je leur ai dit, “Hey, c’est une chose qui existe,” et je leur ai fait faire cet équipement pour moi. Maintenant, en ce qui concerne le type de troupe... Il s’agit d’une troupe de wyvernes-parachutistes. Je les appelle dratroopers. »

« Dratroopers ? » demanda Castor.

« C’est un type de troupe qui tombe du ciel comme ça afin de surprendre l’ennemi, de pousser la ligne arrière de l’ennemi dans le chaos et de prendre des positions ennemies mal défendues, » expliquai-je. « Normalement, il s’agit d’un type de troupes pour lequel vous auriez besoin d’avions afin de les créer, mais nous avons après tout dans ce monde des wyvernes qui peuvent les remplacer. Comme j’avais les bases qui avaient déjà été posées afin de les développer, j’ai donc organisé tout ce qu’il fallait pour les avoir. »

Quand j’avais réfléchi à la possibilité de recréer ici les types de troupes qui existaient dans mon ancien monde, les parachutistes avaient été les premiers à me venir à l’esprit. En Allemagne, ils s’appelaient les Fallschirmjäger et ils étaient utilisés depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme je l’avais expliqué, leurs principales missions étaient les embuscades, provoquant le chaos et la prise de positions faiblement défendues. Beaucoup d’entre eux étaient des mecs féroces et machos, et la 1re Brigade Aéroportée du Japon possédait des histoires à leur sujet qui vous faisaient penser qu’ils étaient sortis d’un manga. (Exemple : déchirer un fil de deux millimètres d’épaisseur à mains nues.)

Les premiers parachutistes de mon ancien monde avaient leur équipement largué dans des conteneurs séparés, donc s’ils arrivaient à un endroit différent du conteneur, ils devraient se battre avec uniquement des armes de poing.

Mais nous étions dans un monde d’épée et de sorcellerie, donc si les nôtres pouvaient transporter une seule arme spécialisée avec eux, ils pourraient quand même se battre correctement. Pour Hal, s’il n’avait qu’une lance, il causerait probablement à lui seul un important chaos dans le camp ennemi. De ce point de vue, ils étaient très appropriés pour ce monde.

Castor m’avait regardé avec curiosité. « Ils sont des dratroopers, et cela même s’ils sautent de wyvernes ? »

« H-Hé, quel est le problème ? D’ailleurs, dratroopers sonne de toute façon bien mieux que wyvetroopers, » déclarai-je.

« ... Je suppose que c’est le cas, » répondit-il.

Eh oui, avoir un nom cool était important. Ils n’allaient pas nécessairement sauter depuis des dragons.

☆☆☆

Partie 5

« Cela mit à part... J’ai eu un autre objectif en organisant une unité de dratroopers, » avais-je ajouté.

« Hm ? Il y a encore quelque chose de plus ? » demanda-t-il.

« Regardez et vous comprendrez. OK, Kaede, faites-le, » déclarai-je.

« Oui, Sire, » déclara Kaede.

Après que j’eus donné le signal, Kaede avait levé la main droite. Puis. « Maintenant... Feu ! Vous savez. »

Quand Kaede avait baissé la main, la baliste antiaérienne au centre du double cercle avait tiré tous ses carreaux à la fois. Les carreaux, avec leur portée et leur précision améliorées par la magie, se dirigeaient vers Hal et les autres membres de la troupe. Pour l’anecdote, les bouts des carreaux étaient faits avec des matériaux qui ne les blesseraient pas même si elles les frappaient, mais quand elles volaient aussi vite, elles allaient faire du mal.

« Allez vous faire foutreeeee ! » Hal laissa échapper un cri de guerre presque incompréhensible alors qu’il neutralisait les carreaux avec la lance qu’il tenait. Les autres les coupaient avec des épées, les bloquaient avec des pavois surdimensionnés, les renvoyaient avec des boucliers ou trouvaient d’autres moyens de se défendre contre la pluie de projectiles.

Finalement, alors qu’il s’approchait du sol, Hal avait brandi sa lance en feu... non, une simple lance. Il l’avait simplement lancée droit sur la baliste à répétition antiaérienne.

*Bam !*

La lance s’était plantée à quelques centimètres de la baliste. Si Hal avait entouré sa lance avec des flammes, il aurait percé la baliste à répétition antiaérienne et l’aurait mise en feu, la réduisant au silence. En d’autres termes, le largage avait été un succès.

« Cessez le feu ! Vous savez ! » cria Kaede.

Au signal de Kaede, la baliste antiaérienne s’était arrêtée. Hal et ses collègues dratroopers avaient tous atterri dans le double cercle les uns après les autres.

En les regardant du coin de l’œil, j’avais expliqué pour Castor. « Ceci est l’autre usage pour eux. Ce sont des destructeurs de balistes à répétition antiaérienne. »

La baliste à répétition antiaérienne avait été développée pour contrer la puissance aérienne considérable fournie par la cavalerie-wyverne, les escadrons de griffons et les chevaliers-dragons. Elle avait une portée et une capacité de poursuite considérablement augmentées par la magie, ce qui en faisait l’ennemi naturel des unités volantes comme les chevaliers-wyvernes. À cause de cela, les attaquants ne pouvaient pas utiliser leur puissance aérienne afin de bombarder soudainement une ville. S’ils voulaient bombarder la ville avec leur puissance aérienne, ils devaient d’abord détruire ces armes antiaériennes qui seraient présentes à coup sûr sur les murs du château.

À cause de cela, ils devaient lancer un siège en utilisant une force terrestre en tant qu’armée. Ce n’est qu’une fois que l’armée avait pris les murs ou détruit les balistes à répétition antiaérienne en utilisant des armes de siège, que leurs forces aériennes pouvaient mener des opérations de bombardement sur la ville.

Cela dit, si la ville avait été ainsi bombardée, les défenseurs avaient déjà perdu. C’était apparemment logique pour eux de se rendre au moment où le bombardement aérien devenait possible. C’est pourquoi, dans les batailles de siège, le travail de l’Armée de l’Air était vraiment de détruire les forces aériennes de l’autre côté afin qu’ils ne puissent pas attaquer l’Armée de Terre.

Cela m’avait amené à réfléchir à la situation. S’il y avait une façon plus simple d’attaquer les balistes à répétition antiaérienne, l’Armée de l’Air pourrait être déployée plus tôt, ce qui pourrait permettre une résolution rapide de la bataille.

« Donc, c’est ce que j’ai formulé comme réponse appropriée face à ces armes. Et c’est les dratroopers, » expliquai-je. « Parce que, comme vous l’avez vu en regardant Hal, les soldats élites peuvent apparemment couper les flèches qui viennent voler vers eux. Les dratroopers sont une unité spéciale qui se fraye un chemin à travers un déluge de carreaux afin d’atterrir là où se trouvent les lanceurs de carreaux à répétition antiaérienne et les neutralise. »

« Hahh... Hahh... A-Avec vous ça a l'air si facile, » Hal était venu et il nous avait rejoints, haletant et en ayant l’air épuisé.

Ça avait dû être une séance d’entraînement difficile. Même s’il n’était encore que le deuxième mois de l’année, il était trempé de sueur. Il avait déjà retiré son parachute, et peut-être qu’il avait chaud, parce qu’il ne portait rien d’autre qu’un débardeur sur le haut de son corps.

Hal avait pris la gourde d’eau de Kaede alors qu’il se plaignait. « Honnêtement, vous me laissez tomber à nouveau du ciel, et encore, et encore. »

« Je vais juste vous le rappeler, mais il y a des précautions quant à votre sécurité qui ont été mises en place, » dis-je. « Si vous allez dans la zone de danger sans votre parachute, les chevaliers-wyvernes sont censés vous récupérer. »

« Ce n’est pas le problème, » déclara Hal. « C’est sacrément effrayant d’être largué depuis haut dans le ciel. Le vent rugit alors qu’il siffle devant vos oreilles. Je ne sais pas combien de fois j’ai cru que j’allais mourir. »

« Ohh. Ah bon... Je ne veux jamais moi-même l’entendre, » dis-je.

« Je ne le fais pas non plus parce que je le veux ! » cria-t-il.

Alors que je bavardais avec Hal, Castor avait soulevé une question qu’il avait eue. « Pour larguer des dratroopers, ne faut-il pas d’abord briser la puissance aérienne de l’ennemi ? Si la cavalerie-wyverne porte des dratroopers, elle ne peut pas bien se battre, n’est-ce pas ? »

Hmm... C’était bel et bien l’ancien général de l’Armée de l’Air pas pour rien. Il avait soulevé un bon point.

« C’est pourquoi nous avons renforcé les capacités des wyvernes avec le Petit Susumu Mark V Allegé, » dis-je. « C’est une innovation qui affecte en même temps à la fois les dratroopers, qui appartiennent à l’Armée de Terre, et la cavalerie-wyverne, qui appartiennent à l’Armée de l’Air. Nous n’avons pas encore de système de production en série, nous devons donc établir l’ordre de priorité de leur déploiement. »

« Je vois... C’est une mise à niveau que vous pouvez effectuer précisément parce que vous avez unifié tout le monde sous la Force de Défense Nationale, » Castor avait dit avec un gémissement d’admiration. Il leva les yeux dans le ciel où la cavalerie-wyverne volait en formation, et marmonna tristement. « Des wyvernes qui volent plus vite que les griffons et plus loin que les dragons, hein. Je voudrais pouvoir monter sur l’une d’elles. Je ne me suis jamais senti plus frustré d’avoir été transféré à la Marine qu’en ce moment. »

« ... Castor ? » demandai-je.

« Haha... C’est juste les lamentations d’un chien battu. N’y faites pas attention, » déclara Castor.

« ... Vraiment ? » demandai-je.

Un chien battu... hein ?

C’est vrai, j’avais gagné et Castor avait perdu. Maintenant, nous étions debout l’un à côté de l’autre regardant fixement le ciel. C’était un sentiment étrange.

Excel avait regardé notre échange avec un sourire ironique.

« Maintenant, regardons la suite, » dis-je.

Après avoir quitté Hal et Kaede, nous étions retournés dans la zone dégagée que nous avions traversée plus tôt. J’avais pointé du doigt vers une petite montagne qui était assez grande pour être vue d’où nous étions.

« Cette montagne là-bas est probablement la plus proche. Allons-y, » dis-je.

J’avais mené le petit groupe. Quand nous avons atteint le pied de cette montagne, les cavaliers-wyvernes avaient atterri après avoir terminé leur entraînement. Dans les contreforts de cette montagne, il y avait l’ouverture d’une caverne assez grande pour qu’un rhinocéros puisse facilement passer à travers. Les wyvernes allaient toutes à l’intérieur.

Voyant cela, Castor m’avait demandé, « Est-ce là où sont les écuries à wyvernes ? »

« Oh oui. Vous l’avez bien compris, » répondis-je.

« Normalement, les wyvernes construisent leurs nids dans des grottes rocheuses comme celle-ci, » expliqua-t-il. « Nous avons construit des installations semblables à la Cité du Dragon Rouge. Par rapport aux écuries ordinaires, les wyvernes peuvent se détendre plus facilement dans un endroit comme celui-ci. »

Ah, c’était logique. Il était après tout un expert sur le sujet.

« C’est vrai, » dis-je. « Cette grotte est connectée à un étage présent sous celle-là. Dans ce niveau, il y a environ une centaine de petites pièces qui bifurquent sur le côté de la grotte principale. Nous avons les wyvernes qui y vivent. Mais il y en a qu’une vingtaine en ce moment sur la centaine de places à disposition. »

« Cent ? » cria-t-il. « C’est le dixième de toutes les wyvernes que j’avais sous mon commandement quand j’étais général ! Avez-vous besoin de tant en déployer ici sur cette île ? Est-ce une base de première ligne ou quelque chose du genre ? »

« Eh bien, il y a beaucoup de choses qui entrent dans mon raisonnement quant à ce choix, » dis-je.

Pendant que je rassurais Castor, nous étions entrés dans la grotte. Cela sentait à l’intérieur comme une ferme. (Ou plutôt comme un zoo.) Nous faisions de notre mieux pour ventiler l’endroit, mais on ne pouvait pas y faire grand-chose de plus.

« Alors... l’endroit en dessous de celui-ci que vous voulez me montrer, est-ce les dortoirs des wyvernes ? » demanda Castor en fronçant les sourcils. Peut-être que tous ces secrets commençaient à l’énerver.

« Non, c’est encore plus bas, » lui avais-je dit. « Venez, c’est par ici. »

En face de nous, il y avait une porte artificielle qui était clairement hors de propos dans cette grotte. Il y avait des manivelles de chaque côté, et il y avait un garde au garde-à-vous à côté de chaque manivelle. Au-delà de la porte, il y avait une petite pièce carrée.

« Hm, Sire... Cela ressemble à une pièce terriblement petite ? » m’avait demandé Juna, avec un point d’interrogation flottant sur sa tête.

Oh, c’est vrai. C’était aussi une première pour Juna. Cela allait être amusant de voir sa réaction.

« Okay, tout le monde, » dis-je. « Allez, tout le monde à bord. »

« À bord ? Est-ce une sorte de véhicule ? » demanda Juna.

« Ne vous en faites pas pour ça, » déclarais-je avant de me tourner vers les soldats qui étaient de chaque côté. « Bon, je voudrais aller au plus bas niveau, s’il vous plaît. »

Ils me saluèrent en disant. « « Compris Sire ! À vos ordres, Sire. » »

Quand tout le monde était dans la petite pièce, les soldats avaient parlé dans un tube de communication. « Déplacement du niveau moyen au niveau inférieur. » Après ça, il y eut des réponses. « Niveau supérieur, Roger ! » et « Niveau Inférieur, Roger ! » et ainsi, ils avaient commencé à tourner les manivelles à côté de la porte. Après l’avoir fait, la petite pièce avait commencé à lentement descendre.

« Ahh ! » s’écria Juna.

La descente était lente, mais c’était venu soudainement, et Juna avait perdu son équilibre. Je l’avais appuyée contre ma poitrine afin de la soutenir. Quand je l’avais attrapée, j’avais senti la proximité de son corps moelleux, et l’odeur de ses cheveux avait chatouillé mon nez. C’était plutôt agréable pour moi.

« J-Je suis désolée, Sire, » murmura Juna, rougissant.

« Hé ! Je ne m’en suis pas plaint, » dis-je. « Allez-vous bien ? »

« O-Oui... Est-ce que cette petite pièce est en train de descendre ? » demanda-t-elle.

« Tout à fait, » dis-je. « Vous avez vu les manivelles près de la porte, non ? En les tournant, elles sont capables d’élever ou d’abaisser cette pièce. »

C’est vrai. Cette pièce en forme de boîte était un ascenseur manuel extrêmement simple. Celle qui l’avait conçu était Genia Maxwell.

Je (n’étant pas si bon en sciences) ne comprenais pas bien le système moi-même, mais il y avait une poulie avec un contrepoids sur le côté opposé de l’ascenseur, et d’une manière ou d’une autre, cela permettait de monter et de descendre l’ascenseur sans avoir besoin de plus de puissance que de simplement pédaler sur un vélo.

La vérité était qu’il avait été conçu à l’origine pour être installé dans le laboratoire de donjon de Genia. Quand elle y avait pensé, même si les tracas de monter et de descendre les escaliers étaient supprimés, Genia n’allait pas vouloir sortir plus souvent, donc le plan avait été abandonné.

L’équipe que j’avais envoyée pour organiser les schémas de Genia (ils avaient été stockés de façon désordonnée, donc j’avais bien sûr envoyé une équipe de nettoyage dirigée par Ludwin) avait trouvé les plans, nous avions essayé d’en installer un ici. Il était manœuvré à la main, et n'était pas très rapide, et nécessitait une assistance en troupe renouvelée souvent pour être disponible en tout temps, mais s’ils travaillaient en équipes d’une heure, ce n’était pas si fatigant pour eux.

Il n’y avait actuellement que trois arrêts, « Entrée de la grotte », « Niveau le plus bas », et « Niveau supérieur », de sorte que ce seul ascenseur avait obligé à avoir six soldats pour le faire fonctionner.

Honnêtement, il fallait seulement une personne pour l’utiliser (deux, s’ils travaillaient en équipes), mais les soldats avaient dit que, lorsqu’il y avait des demandes de plusieurs niveaux, cela causait de la confusion, alors nous avions fini avec un système de six personnes dans lequel les soldats annonçaient ce qu’ils faisaient avant de tourner les manivelles.

Il y avait un certain nombre d’ascenseurs installés ici. (Bien que celui-ci ici dans la caverne était le seul avec trois niveaux.) J’avais aussi l’intention de les faire installer au château dans un proche avenir. Le palais était une grande bâtisse, et il y avait après tout beaucoup de tâches qui nécessitaient de monter et descendre les escaliers tout le temps.

Quand je lui avais fait cette explication, Juna avait laissé échapper un soupir sexy pour une raison inconnue avant de dire. « Je sens que je peux comprendre pourquoi la princesse a parfois un regard épuisé. »

« Pourquoi citez-vous Liscia maintenant ? » lui demandai-je.

« Je comprends que c’est une machine merveilleuse, mais quand vous faites apparaître des choses qui me dépassent largement les unes après les autres, il est difficile de suivre, » répondit-elle.

« Avez-vous vraiment besoin d’y penser si fortement ? » demandai-je. « Je suis sûr que les personnes présentes ici pensent seulement, “Hey, quelle nouvelle chose pratique que nous avons là !”. »

« Ça ne marche pas ainsi, » Juna était toujours appuyée contre ma poitrine, et elle m’avait fait un doux sourire. « Même si c’est épuisant. Nous voulons vous comprendre. »

« ... C’est plutôt embarrassant, » avais-je admis.

☆☆☆

Partie 6

Pendant que nous parlions, nous étions arrivés au niveau le plus bas. Les portes de l’ascenseur s’ouvraient sur un large espace dégagé avec un haut plafond.

Il y avait un grand nombre de machines, d’appareils bizarres d’expérimentation et de « quelque chose » qui semblait être en construction. C’était comme la scène dont j’avais été témoin dans le laboratoire dans le donjon de Genia.

S’il y avait une différence, c’était dans le nombre de personnes présentes en ces lieux. Ici et là, il y avait des gens qui portaient des blouses blanches ce qui les faisait ressembler à des chercheurs, ainsi que des ouvriers qui se déplaçaient.

J’avais expliqué cet endroit aux trois visiteurs venus avec moi. « C’est ici que le département de recherche et développement militaire est installé. Cette pièce d’équipement utilisé pour le vol des wyvernes, le Petit Susumu Mark V Allégé, est également en cours de développement ici. »

« Les faites-vous sur une île ? Je pense que ce serait un endroit malcommode pour mettre en place un atelier..., » Castor avait présenté le problème qu’il voyait. Il avait raison, bien sûr, mais il y avait une raison à cela.

« Quand il s’agit de technologie militaire, nous devons nous inquiéter des fuites d’informations vers d’autres pays, » expliquais-je. « Dans un endroit comme celui-ci, entouré par la mer, nous sommes en mesure de limiter les entrées et les sorties. C’est pratique. Eh bien, on est devenu à l’étroit ici, donc je pense que nous allons finalement déménager dans un endroit plus grand. »

Après avoir marché un peu plus loin, une petite pièce de verre était apparue. À l’intérieur, les chercheurs procédaient à un test de fonctionnement du Petit Susumu Mark V Allégé.

Techniquement, le verre était en verre renforcé (pas sur le plan des matériaux utilisés... c’était du verre qui avait été renforcé avec de la magie), donc, si quelque chose de terrible se produisait, si l’équipement devait exploser ou si un chercheur devait être aspiré et soufflé, cela n’aurait aucun effet sur quoi que ce soit à l’extérieur de la pièce. Pourtant, cela n’allait pas prévenir les dommages et les pertes à l’intérieur de la pièce, alors j’espérais que les chercheurs feraient attention quant à leur travail.

« C’est à la fois un arsenal et un institut de recherche, » dis-je. « Cela dit, la plupart des tâches qu’ils font maintenant sont de tester les inventions de Genia Maxwell. »

La Surscientifique et l’inventrice, Genia, était un génie stéréotypé. Une fois qu’elle avait fini de construire l’une de ses créations, c’était suffisant pour la satisfaire. Apparemment, elle n’avait pas fait beaucoup de recherche sur le sujet ni ne les avait affinées après ça. Elle préférerait consacrer son temps et son énergie à faire autre chose qu’elle voulait créer.

« C’est... un terrible gâchis, » dit Excel, inclinant la tête sur le côté.

Oui, j’avais ressenti la même chose. Nous avions après tout réussi à utiliser son Petit Susumu Mark V pour créer la version allégée. Mais...

« Je pense que c’est le moyen le plus efficace pour Genia de travailler. Il est naturel que les personnes aient leurs propres forces et faiblesses, » dis-je. « Il y a le genre de génie comme Genia qui a des idées folles et qui sortent les unes après les autres, mais il y a aussi des types d’artisans comme ces chercheurs qui se concentrent sur l’étude d’une chose et obtiennent des résultats de cette façon. Je veux faire l’éloge des deux types. »

« Hehe, » riait Excel. « Je pense que c’est une façon admirable de voir les choses, Sire. »

Quand j’avais reçu un tel compliment sans réserve de la part d’une vassale importante qui, contrairement à son apparence de la vingtaine, avait soutenu ce pays pendant près de cinq cents ans, cela m’avait un peu chatouillée mon orgueil.

« Eh bien, ce n’est pas comme si nous allions voir des résultats valables de tout cela, » admis-je.

« Hmm ? Pourquoi dites-vous cela ? » demanda-t-elle.

« Eh bien... Euh, est-ce déjà fini ici en termes d’installations, peut-être ? » demandai-je.

« Pourquoi avez-vous l’air si incertain ? » demanda-t-elle.

« J’ai vu les plans pour cet endroit, mais c’est aussi la première fois que je viens ici, » dis-je. « C’était facile de voir clairement tout ce qui ce trouvait au niveau supérieur, alors c’était déjà complexe, mais le niveau intérieur est une sorte de désordre compliqué. »

D’après mes vagues souvenirs des plans, nous étions rapidement arrivés à destination. C’était un champ de tir entouré de murs et de filets. Il y avait des arcs appuyés contre le mur, et pour une raison inconnue, il y avait deux armures de cuir en tant que cibles. La distance était seulement d’environ dix mètres.

« Avez-vous même un champ de tir ? » demanda Castor. « Mais avec les cibles si proches, ça ne servira pas à grand-chose pour s’entraîner, » il ramassa l’un des arcs qui étaient appuyés contre le mur.

« Voyez-vous, c’est ainsi parce que ce n’est pas pour la formation, » dis-je. « S’ils veulent s’entraîner, ils peuvent le faire sur le terrain au niveau supérieur. »

« Je suppose que cela a du sens..., » dit-il.

« Au contraire, cet endroit est pour tester les arcs et les flèches, ou tester la résistance de l’armure, » expliquant cela, j’avais tendu une flèche à Castor. « Castor. Comment êtes-vous avec un arc ? »

« Ne vous moquez pas de moi, » répondit Castor. « Je n’en suis peut-être plus un, mais un général doit être familier avec toutes les compétences martiales. »

« C’est très bien alors, » dis-je. « Essayez juste de faire un tir ordinaire sur l’armure qui se trouve à votre droite. »

« Je dois juste la frapper, non ? Bien, » répondit-il.

Castor prépara son arc, tira la corde... et libéra la flèche. Avec un twang, la flèche avait volé directement vers l’armure, se plantant dans l’armure de cuir. Cependant, seule la tête de la flèche s’était plantée, et elle n’avait pas transpercé l’armure.

Castor inclina la tête sur le côté. « Cette armure de cuir... Ont-ils fait quelque chose avec ? »

« Tout à fait, » répondis-je. « Il y a une mince plaque de fer derrière. D’accord. La suite. Cette fois, tirez comme vous le feriez au combat, en insufflant la flèche avec de la magie. »

« ... D’accord, » répondit Castor.

Puis il tira à nouveau sur la cible. Il n’y avait aucune différence visuelle dans ce qu’il avait fait, mais cette fois, la flèche avait percé l’armure de cuir de part en part. C’était grâce à la magie qu’il y avait mise, sans aucun doute. Ceci avait démontré que, si elle était enchantée par un élément, une flèche pourrait passer à travers une armure avec du métal dedans.

« D’accord. La suite. Tirez sur l’armure à gauche en utilisant une autre flèche magique, » dis-je.

« Roger ! » déclara Castor.

Castor avait encore tiré une flèche. Au moment où il l’avait fait, il y avait eu un clang et la flèche avait rebondi. L’armure de cuir n’était même pas égratignée.

« C’est une protection du genre de l’armure de l’Unité des Armures Magiques de l’Empire... ou une pâle imitation, » dis-je.

« Pâle imitation ? » demanda-t-il.

« J’entends par là que nous n’avons pas la technologie pour le reproduire complètement. Mais cette armure est renforcée par de la magie défensive. Vous l’avez vu neutraliser la magie, et la flèche a été repoussée, n’est-ce pas ? Eh bien, ces flèches-là étaient l’une de nos tentatives ratées de trouver un moyen de neutraliser une armure comme celle-ci, » j’avais remis à Castor une flèche avec une tête noire.

« Quelle est cette flèche ? » demanda-t-il

« Je l’appelle une flèche anti-magie. La pointe est faite avec du minerai maudit, » expliquai-je.

« Du minerai maudit !? » Castor regarda de près la pointe de la flèche.

Le minerai maudit était un minerai qui absorbait l’énergie magique. Vous vous souvenez peut-être que Genia avait utilisé ce minerai comme source d’énergie pour son Petit Susumu Mark V. Parce que vous ne pouviez pas utiliser la magie quand il était proche (ou plutôt, l’énergie de la magie était absorbée), et que la magie était considérée comme la bénédiction des dieux ou des esprits dans ce monde, il était appelé un minerai maudit.

« Nous avons appris que le minerai maudit ne neutralise pas la magie, il ne fonctionne que pour absorber son énergie, » expliquai-je. « Dans ce cas, j’ai pensé que peut-être il pourrait absorber le pouvoir magique placé dans une pièce d’équipement en utilisant la magie d’enchantement. Donc, nous l’avons testé, et... J’avais raison. »

« C’est incroyable, n’est-ce pas ? » s’exclama un Castor excité. « Si c’est vrai, nous n’avons rien à craindre de l’Unité des Armures Magiques ! »

Mais j’avais secoué négativement la tête. « Ne vous l’ai-je pas déjà dit ? C’était une tentative échouée. Le minerai maudit absorbe plus que la magie de l’ennemi. Nous ne pouvons pas enchanter les choses avec la magie élémentaire ni renforcer nos flèches. »

« Ah ! Donc ça signifie..., » commença-t-il.

« Essayez-le et voyez, » dis-je.

« Hm, bien sûr, » Castor envoya l’une des flèches anti-magiques avec son arc.

Après l’avoir fait, la flèche anti-magie avait un peu gratté la surface de l’armure magiquement enchantée, mais la pointe de la flèche s’était brisée en petits morceaux quand elle avait frappé sa cible.

Pendant que Castor et les autres étaient encore surpris, j’avais haussé les épaules. « C’est comme si nous étions de retour à la situation où nous avions commencé, en frappant une armure ordinaire avec une flèche ordinaire. Le minerai de malédiction est plutôt cassant, donc ce n’est pas utile en tant que pointe de flèche. Et si nous le fondons et le mettons à l’intérieur d’une pointe de flèche de fer, la quantité réduite de minerai de malédiction affaiblit l’effet. Pendant ce temps, si nous augmentons le montant, la pointe de la flèche devient trop grande, et elle n’est plus fonctionnelle comme une flèche. Pour être francs, nous sommes tombés dans une impasse. »

« ... Voilà pourquoi c’est un échec, n’est-ce pas ? » demanda Castor.

« C’est bien ça, » dis-je.

Pourtant, même si nous n’y avions presque rien gagné de cette tentative, ce n’était pas un échec complet. Nous avions mis un léger coup dans cette armure enchantée. Cette armure qui était couverte de fragments de minerai de malédiction avait perdu son enchantement. Si elle était frappée avec une balle, ou quelque chose d’autre qui avait un niveau élevé de force pénétrante même sans magie, il serait possible de pénétrer cette armure.

Oui, en développant la flèche anti-magie, j’avais pensé à introduire le pistolet, qui n’avait pas été développé dans ce monde parce qu’il ne fournissait pas beaucoup d’avantages.

Quand j’avais appris l’existence de minerai maudit, j’avais pensé qu’il serait possible de tirer à travers l’Unité des Armures Magiques. Cependant, le résultat avait été comme je l’avais montré.

Une balle ordinaire serait déviée par l’enchantement. Si nous essayions d’utiliser du minerai maudit dans la balle, elle deviendrait trop fragile pour être utilisable. En outre, bien qu’il était courant de tomber sur du minerai maudit dans le royaume, il avait de nombreux usages, comme le Petit Susumu, donc nous n’avions pas un tel surplus que nous pouvions nous permettre de le gaspiller.

En outre, lorsqu’il était utilisé dans une balle, le minerai maudit pourrait causer des problèmes plus tard. Si la terre était jonchée de balles qui avaient manqué leur cible, il serait impossible d’utiliser la magie pendant un certain temps. Dans ce monde où la magie faisait partie de la vie quotidienne des gens, cela rendrait la terre invivable.

Même si ce n’était pas aussi mortel, en termes d’effet d’après-guerre, cela avait un impact négatif sur la vie des civils, le minerai maudit était aussi mauvais que les bombes à sous-munitions ou les balles d’uranium appauvri. C’est pourquoi il était nécessaire de faire preuve de prudence dans la façon dont nous allions l’utiliser, et de poursuivre la recherche.

« ... Donc, comme ça, ils passent leurs journées ici avec des succès et des échecs répétés, » concluais-je. « Et même si c’est d’une seule étape à la fois, ils nous emmènent vers une nouvelle ère. »

« ... Vous couvrez un assez large éventail de choses ici, hein, » Castor fit la remarque, l’air à moitié impressionné et à moitié exaspéré.

« Eh bien ! Même si certaines de nos recherches seront vaines, je dois prendre toutes les mesures possibles en tant que roi, » dis-je.

« En tant que roi... Oui, c’est vrai. Vous êtes vraiment devenu un roi maintenant, » murmura Castor.

« Eh oui. Maintenant, allons-nous en haut ? » demandai-je.

« Il y a encore plus de choses ? » demanda Castor.

Ayant tant vu, Castor en avait un peu marre, alors je lui avais dit. « Le prochain est l’événement principal pour aujourd’hui. »

« En haut, dites-vous ? Quoi, allons-nous devoir escalader la montagne maintenant ? » demanda-t-il.

J’avais remué un doigt face à Castor. « Encore plus loin que ça. »

En revenant à la surface, nous étions montés à bord d’une gondole à wyverne.

☆☆☆

Partie 7

La gondole s’éleva dans les airs, laissant la surface de plus en plus derrière elle.

N’ayant pas cette fois les yeux bandés, Castor me lança un regard soupçonneux, comme pour dire : « Que me montrez-vous maintenant ? » Mais une fois que nous avions augmenté en altitude et qu’il était ainsi capable de voir ce qui était en dessous de nous, il avait crié en raison du choc. « Que !? Qu’est-ce que c’est !? »

Au-dessous de nous, il y avait un seul et énorme bateau naviguant au milieu de la mer. La surface du bateau était pleine de terre, et il y avait une montagne, une forêt, une plaine herbeuse, un champ d’argile rouge et plus encore... D’en haut, cela ne ressemblait à rien d’autre qu’un îlot solitaire dans les mers lointaines. Mais sous la terre, il s’agissait d’un morceau de métal. En regardant de plus près, la montagne se trouvait où le pont du navire serait présent.

C’était vrai. Jusqu’à présent, nous n’étions jamais allés sur une « île ». Nous étions sur ce bateau.

« Les wyvernes craignent la mer, » avais-je dit à Castor, qui semblait à court de mots face à l’incroyable vue. « C’est parce que les wyvernes, manquant de la portée de vols des dragons, ne peuvent pas traverser la mer, non ? Pour être plus précis, les wyvernes détestent être si loin en mer qu’ils ne peuvent plus voir la terre. C’est pourquoi il est logique que vous ne puissiez pas employer des wyvernes dans les batailles navales, non ? »

« C-C’est bien ça..., » déclara Castor en hochant la tête.

Parce que les dragons pouvaient voler continuellement afin de parcourir des distances incroyables, ils pouvaient traverser la mer en un seul vol, ce qui signifiait qu’ils n’avaient aucune raison d’en avoir peur. Cependant, les wyvernes, avec leur distance moindre de vol, manqueraient de force à mi-chemin s’ils essayaient de traverser la mer. À cause de cela, elles craignaient de sortir assez loin qu’elles en perdent de vue la terre. Cela était également vrai pour les escadrons de griffons de l’Empire, qui avaient une portée de vols encore plus réduite que celle des wyvernes. (En fait, ils avaient même peur des rivières s’ils ne pouvaient pas voir l’autre côté, donc c’était encore pire.)

« Hein ?! » s’écria Castor. « Maintenant que vous le mentionnez, les wyvernes volaient en formation plus tôt, n’est-ce pas ? Non, même la wyverne transportant cette gondole semble parfaitement bien ici au milieu de la mer ! »

Finalement, Castor commençait à saisir la situation. Cependant, plus il s’en apercevait, plus ses yeux s’ouvraient dans la surprise. Ses lèvres tremblaient.

« Vous... Pourquoi avez-vous créé tout cela ici... ? » demanda-t-il.

« Il s’agit tout simplement d’un navire qui transporte une puissance de feu aérienne à travers la mer, et agit également comme une base avancée pour cela, » dis-je. « Dans mon monde, un navire comme celui-ci a été appelé un porte-avions. »

C’est vrai. Ce navire en forme d’île était analogue à un porte-avions, avec des chevaliers wyvernes comme une équivalence aux avions de combat. Quand j’avais vu ce monde avec des wyvernes et des navires en acier, je m’étais demandé si je pouvais peut-être combiner les deux pour créer un porte-avions. Quand j’avais commencé à le planifier, le premier problème qui m’avait été signalé était la peur de la mer des wyvernes.

« C’est alors que j’ai eu une idée, » expliquai-je. « Afin d’essayer de tromper les wyvernes vis-à-vis de leur peur de la mer. »

J’avais reçu l’indice dont j’avais besoin du premier des Trente-Six Stratagèmes de mon monde : « Traverser la mer sans que le ciel le sache. » Il s’agit de faire en sorte que votre stratégie ne ressemble à rien d’inhabituel, puis d’agir pendant que la surveillance de votre ennemi n’est plus présente. Le stratagème avait été basé sur un événement où, afin de placer l’empereur de Tang, qui craignait la mer, à bord d’un bateau, ses serviteurs avaient empilé de la terre dessus pour lui donner l’apparence d’une plaine. Je pensais que je pourrais peut-être utiliser le même stratagème sur les wyvernes.

D’abord, j’avais créé un bateau géant, puis j’avais mis de la terre dessus. Bien qu’une partie ait été laissée comme de la terre meuble, la plupart étaient couvertes d’herbe ou d’arbres pour créer des plaines et des forêts. Le pont avait été recouvert de béton romain et peint pour le déguiser en une montagne. Ensuite, afin de réduire le niveau de stress des wyvernes, leurs écuries et tout ce qui se trouvait sous le pont ressemblaient à l’intérieur d’une grotte.

Fondamentalement, j’essayais de faire reconnaître aux wyvernes que ce porte-avions était une « île ».

La question était de savoir comment j’allais trouver la propulsion pour déplacer mon porte-avions de type insulaire, mais cela avait été résolu grâce à Petit Susumu Mark V de Genia. Ils n’étaient pas visibles depuis les airs, mais il y avait quatre Petit Susumu Mark V attachés aux côtés de ce porte-avions de type île sous la ligne de flottaison. La raison pour laquelle la distribution du modèle Allégé avait été plus longue était parce que j’avais priorisé la production de ces plus grands modèles.

Maintenant, quant à ce porte-avions de type insulaire que nous avions construit, il était encore incomplet. Il avait fallu beaucoup de temps pour que les wyvernes soient utilisables par le navire. Nos premières des priorités avaient été de lui donner les caractéristiques minimales exigées pour un navire, tout en lui donnant depuis l’extérieur l’apparence d’une île et de se concentrer sur sa mise en état de navigabilité. En matière de propulsion, les plans prévoyaient de faire doubler le nombre de Petit Susumu Mark V. (avec le nombre actuel, il pourrait seulement aller à la vitesse d’un nageur.) Et la zone actuellement utilisée comme un laboratoire de recherche et de développement militaire allait finalement être utilisée pour le stockage de l’équipement et les quartiers de l’équipage. (Ils campaient actuellement dans des tentes sur le pont.)

Castor, qui regardait fixement le porte-avions à moitié achevé, se tourna vers moi, les yeux pleins d’incrédulité. « Mais cette chose est massive... Depuis combien de temps avez-vous commencé à le construire ? »

« Hm ? Si vous voulez dire quand j’ai commencé à rassembler des fonds et du matériel, je l’ai fait juste après avoir pris le trône, vous savez, » répondis-je.

« Quoi !? Avant que vous me combattiez ainsi qu’Amidonia ? » s’exclama-t-il.

« Cela faisait partie de mon plan pour enrichir le pays et renforcer l’armée, » répondis-je. « Ainsi qu’un atout pour faire face à l’Empire. »

Avec mes bras croisés, je m’étais penché dans le canapé de la gondole.

« Après tout, je ne savais pas ce que l’Empire pensait à l’époque, » continuai-je. « Je travaillais sur un plan qui me donnerait un atout pour quand nous devrions nous opposer à eux. Face à l’Empire plus puissant et plus peuplé, nous n’aurions aucune chance dans une course aux armements terrestres. Je pensais que le chemin de la survie pourrait se situer dans l’expansion de notre puissance aérienne ou maritime, où la technologie joue un rôle beaucoup plus important. Eh bien ! À ce stade, j’allouais juste les fonds et les matériaux à ce projet. La construction n’a commencé sérieusement qu’après la fin de la guerre avec Amidonia. »

En outre, parce que j’avais dû en même temps aller de l’avant avec le nouveau projet de la ville, je n’avais pas été en mesure de rassembler assez de fonds ou de ressources pour le projet. Si Roroa et Colbert ne s’étaient pas joints à nous, me donnant une source de financement, et si je n’avais pas pu trouver une source de ressources en annexant Amidonia, la construction aurait pu commencer encore plus tard.

Pourtant, une fois la construction commencée, la construction navale dans ce monde s’était accélérée. En fait, je l’avais ressenti de cette façon en déployant le réseau de transport et en construisant la nouvelle ville, mais la construction dans ce monde était allée anormalement vite.

Parce qu’ils avaient de la magie ici, il n’y avait pas besoin de grosses pièces d’équipement de construction. Par exemple, si vous essayez de construire quelque chose de grand sur Terre, vous deviez d’abord construire les grues et celles qui seront utilisées pour le construire. Au pire, il y avait même des moments où vous pourriez avoir besoin d’équipement pour construire l’équipement dont vous aviez besoin pour construire l’équipement... etc.

Cependant, parce qu’il y avait des mages de terre qui pouvaient manipuler la gravité dans ce monde, cet équipement n’était pas nécessaire ici. En outre, un mage de feu expérimenté pourrait manipuler le métal en le moulant et en soudant en un rien de temps. Dans ce monde avec son étrange équilibre de choses qui pourrait et ne pouvait pas être fait, il avait semblé que cela prenait plus de temps pour sécuriser les fonds et le matériel qu’autre chose.

Je m’étais levé et je m’étais tenu devant Castor, qui était encore surpris par tout ce qu’il avait entendu et vu.

« Eh bien, c’est ce que j’ai fait en tant que roi, Castor, » avais-je dit, en le regardant droit dans les yeux. « Vous vous êtes rebellé contre moi parce que vous pensiez que j’étais un usurpateur. Il semble que vos doutes aient déjà été éclaircis par les tentatives de Liscia et d’Excel pour vous dissuader de le faire, mais à la fin, vous avez quand même choisi de vous opposer à moi, prêt à devenir un martyr en raison de votre amitié avec Georg Carmine. Ensuite, vous avez perdu et avez été placés sous la garde d’Excel. »

Castor baissa les yeux. « Vous n’avez pas besoin de me le répéter maintenant. J’ai perdu... C’est tout ce qu’on peut en dire. »

« Ce n’est pas ce que j’essaie de vous dire, » dis-je. « En ce moment, je vous montre mon pouvoir en tant que roi de ce pays. »

« Vous voulez dire ce porte-avions ? » demanda Castor.

Mais j’avais secoué négativement la tête. « Non. Le porte-avions lui-même n’est pas mon pouvoir. S’il y a une chose dont je peux être fier en tant que roi, c’est de rassembler des camarades doués, de préparer une place pour que leurs talents brillent, et de créer un pays qui pourrait construire ce porte-avions. Quand vous voyez de quoi je suis capable, ne semble-t-il pas approprié que vous serviez sous mes ordres ? »

Castor secoua la tête avec un sourire ironique. « Vous m’avez complètement battu. Je peux maintenant voir clairement... pourquoi le roi Albert vous a laissé entre les mains le destin de ce pays. Mais je ne suis pas digne de vous servir. »

« Puis-je considérer cela comme signifiant que vous me reconnaissez comme le roi de ce pays ? » demandai-je.

« Hm ? Oui, je vous reconnais en tant que tel. Vous êtes un sacré roi, » répondit Castor.

Il m’avait reconnu comme roi. Maintenant que j’avais fait sortir ces mots de Castor, j’en étais enfin certain. Je ne sentais pas l’arrogance que Castor avait eue avant. Dans sa défaite, et avec un peu de polissage effectué par Excel, il avait mûri en tant que personne. Étant donné cela... Je pourrais lui faire confiance quand à la suite.

J’avais alors posé une main sur l’épaule de Castor, le regardant droit dans les yeux alors que je l’avais dit. « Castor, ce porte-avions est une arme vraiment unique. Bien qu’il s’agisse d’un navire attaché à la marine, il porte en lui les troupes de l’Armée de l’Air. Pour le faire fonctionner efficacement, il faut non seulement savoir comment manœuvrer un navire et se battre en mer, mais aussi acquérir les connaissances et l’expérience nécessaires pour commander l’Armée de l’Air. Je veux laisser ce navire sous le commandement de quelqu’un avec ces compétences. »

Castor écarquilla les yeux. « Hein !? Non... Vous ne pouvez pas vouloir dire... »

On aurait dit qu’il avait compris ce que je sous-entendais là. Il était un homme qui avait été l’ancien général de l’Armée de l’Air, mais maintenant il s’était entraîné sous les ordres d’Excel pour apprendre à contrôler une force navale.

J’avais souri alors que je lui avais demandé. « Je suis sûr que vous avez continué à étudier, même maintenant que vous êtes dans la Marine, n’est-ce pas ? »

« ... Oui, Sire ! Excel m'a inculqué beaucoup de savoir. » répondit Castor.

Castor se leva de son siège, s’agenouilla, posa ses mains devant lui et inclina la tête. J’avais placé le chapeau du capitaine que j’avais apporté sur la tête baissée de Castor. Parce que Castor avait des cornes, il avait été spécialement fait avec des trous pour elles.

« Bien, » approuvai-je. « Maintenant... Castor qui n’a pas de nom de famille ! Je vous nomme le premier commandant de ce porte-avions ! »

« À vos ordres, Sire ! J’accepte humblement, Monseigneur ! » déclara-t-il de vive voix.

Monseigneur, hehe, c’était un peu embarrassant d’être appelé ainsi, mais c’était un signe que Castor m’avait vraiment accepté comme son seigneur, alors j’étais plus qu’heureux de l’entendre.

Pendant que j’y pensais, Excel, qui avait tranquillement surveillé les débats jusqu’à ce moment-là, avait pris la parole. « Hehe. Je suis heureuse. C’est un fardeau de moins sur mes épaules, » dit-elle en souriant.

Je lui avais déjà dit que je voulais faire de Castor le capitaine de ce porte-avions avant qu’elle ne commence à lui enseigner les ficelles du métier.

« En passant, Sire, » continua Excel. « Je pense que le porte-avions est un navire merveilleux, mais il ne serait pas simple de continuer à l’appeler “le porte-avions” pour toujours. Pourquoi ne lui donneriez-vous pas un nom maintenant ? »

« Hm !? Oh... vous marquez un point, » dis-je. « Quel serait un bon nom pour cela ? »

« Laissez-moi voir... Je pense que le nom d’un lieu, ou du roi qui l’a construit, serait les options les plus courantes. Qu’en pensez-vous de Porte-Avions Souma ? Quand vous en construisez plus d’exemplaires, ils appartiendront à la classe Souma. »

« Je suis totalement contre, » dis-je.

Je ne voulais pas ça. Si je mettais mon propre nom sur le navire qui serait le point central de notre marine, cela me semblerait prétentieux, et je ne voulais pas ça. D’ailleurs, s’il y avait mon nom, ils allaient dire des choses comme. « Souma, en avant ! » et « Souma, retirez-vous de la ligne de front ! » et « Le Souma a été coulé ! », n’est-ce pas ?

... Il n’y avait aucune chance que je puisse vouloir ça. J’avais besoin de proposer un autre nom.

« Oh, je sais, » dis-je. « Pourquoi ne pas lui donner le nom d’un porte-avions de mon monde ? »

« Du monde de Votre Majesté ? » demanda Excel.

J’avais hoché la tête. Si je devais lui donner un nom, pourquoi ne pas en utiliser un qui existait dans mon monde ? Que ce soit celui qui ne s’était jamais plié face à l’adversité, et qui n’avait jamais abandonné le combat. Il allait porter des wyvernes, donc c’était le nom parfait.

J’avais baissé les yeux vers le porte-avions de type insulaire qui se trouvait sous nous et déclarai : « Je nomme par la présente ce porte-avions le Hiryuu ! »

Ayant fini de nommer Castor en tant que capitaine du Hiryuu, mon travail fut terminé et nous retournâmes à la Cité Lagune dans le Duché des Walter. Parce que le soleil se couchait déjà à notre arrivée, nous avions décidé de passer la nuit au manoir d’Excel.

☆☆☆

Partie 8

Au moins en partie parce que c’était une ville côtière, nous avions eu un repas qui avait fait largement usage de fruits de mer. Après ça, Juna, Excel, Castor et moi-même avions bavardé en buvant du thé dans le salon.

Au milieu de cette atmosphère détendue, Excel posa soudainement sa tasse de thé et demanda. « Maintenant que j’y pense, Sire, vous n’avez aucun plan après cela, n’est-ce pas ? »

C’était si soudain, Juna pencha la tête sur le côté et la regarda d’un air interrogateur. « Grand-mère ? »

J’étais aussi perplexe. Que pourrait-elle vouloir, tout d’un coup ?

« Tout à fait..., » répondis-je. « Quand je serai de retour au château, je suis sûr qu’il y aura du travail pour moi, mais je n’ai rien apporté. »

« Je vois. Vous avez alors du temps après ça ? » Au moment où elle avait dit cela, il y avait une lueur inquiétante dans les yeux d’Excel.

J’avais frémi, sentant une sueur froide couler le long de ma colonne vertébrale. J’avais la chair de poule, mon instinct me prévenait d’un danger imminent. Pourquoi ce danger ? J’avais presque sauté hors du canapé malgré moi, quand...

*Boom !*

« Juna ?! » m’écriai-je.

Juna, qui était assise à côté de moi, était tombée sur le côté. Elle était affalée sur l’accoudoir du canapé, déjà endormie.

Même endormie, elle est vraiment charmante... Attends, je n’ai pas eu le temps de penser ça ! J’avais regardé Excel, qui souriait, avec une petite bouteille à la main.

« Pas besoin de s’inquiéter. Je lui ai fait faire une petite sieste, » déclara Excel.

« Une drogue pour l’endormir !? Avez-vous drogué votre propre petite-fille ? » demandai-je.

« Effectivement, car après tout, il semblait qu’elle se mettrait en travers de mon chemin si elle était réveillée, » Excel posa une main sur sa propre joue et laissa échapper un soupir.

Non, non, non, non ! Elle me sort ça avec une apparence qui semblait indiquer « Oh, mon dieu, elle est tellement difficile à gérer ». Mais ce qu’elle venait de faire à Juna était plutôt désagréable !

« Je ne pouvais pas faire autrement, » répondit Excel. « J’ai reçu une demande du chambellan pour vous donner quelques leçons. »

« De la part de Marx !? Vous ne voulez quand même pas parler de..., » commençai-je.

« Exact ! C’est ce que vous pourriez appeler de “l’éducation sexuelle”, » répondit-elle avec le sourire. « En tant que femme plus âgée, il voulait que je vous apprenne des choses, Sire. »

« Vous êtes plus que juste un peu plus “vieille” ! » m’exclamai-je.

« Oh, mon Dieu ! Comme c’est rude ce que vous dites ! Mon corps est encore plein de jeunesse, vous savez, » répondit Excel.

« Cependant, pas votre cœur ! » avais-je crié.

Excel se leva de son siège, se rapprochant lentement de moi. « Créer un héritier est une affaire sérieuse pour le pays. Surtout compte tenu de la pénurie de membres de la famille royale. Même si vos fiançailles sont essentiellement déjà considérées comme un mariage, et même si ceux qui vous entourent vous encouragent à vous dépêcher et à produire un héritier, vous n’avez encore rien fait avec la princesse, ou Juna, ou Aisha. Il n’est pas étonnant que le chambellan soit si inquiet. »

« N-Non... J’espérais attendre jusqu’à ce que je sois un peu plus prêt... vous savez, » dis-je.

« Cela nous fait nous inquiéter, » déclara Excel. « Cela pourrait être pardonné comme une imprudence juvénile maintenant, mais une fois que vous êtes formellement homme et femme, si vous êtes maladroit et inepte quand vous vous mettez à faire la “chose”, alors cela pourrait avoir un effet sur votre relation. Ce genre de discorde dans un couple royal peut mener à de futures querelles au sein de la maison. »

Excel s’était assise à l’arrière du canapé, enroulant son bras autour de mon cou. Qu’est-ce que c’était ? J’étais comme un cerf pris dans les phares, incapable de bouger !

« Voilà pourquoi le chambellan a demandé à une femme expérimentée comme moi de vous donner une leçon. Maintenant, Sire, passons à la chambre à coucher. Jusqu’à l’aube, je vais vous donner des leçons complètes sur la façon de gérer une femme. Tout d’abord, commençons par quelques lectures. »

Lectures ?! J’allais suivre des cours de santé et d’éducation physique à mon âge ? J’étais déjà diplômé du lycée. Attendez, je suppose qu’ils n’étaient pas allés dans beaucoup de détails dans les cours de santé et d’éducation physique.

« Attendez ! N’avez-vous pas dit “Pour commencer”, n’est-ce pas ? » criai-je.

« Hehe ! Dans n’importe quel domaine d’étude, mieux vaut apprendre par l’expérience, n’est-ce pas ? » déclara-t-elle. « Si vous voulez, ça ne me dérangerait pas de garder ce secret vis-à-vis de Juna et des autres, vous savez ? Nous pouvons considérer cela comme une infidélité d’une nuit, et je vais vous donner une formation pratique. »

Je ne le veux pas, d’accord !? criai-je dans ma tête.

Excel sourit, mettant ses mains sur mes épaules et se penchant pour regarder mon visage. Oui, elle s’amusait vraiment à voir ma réaction.

Je m’étais tourné vers Castor, qui était assis là à boire du thé comme si rien ne se passait, afin d’obtenir son aide. « Castor ! Vous m’avez reconnu comme votre seigneur, n’est-ce pas ? Votre seigneur est dans une situation difficile ! Aidez-moi, voulez-vous bien ! »

« ... En effet, je vous ai juré de ma loyauté, Monseigneur, » Castor posa son thé et déclara avec un air trop sérieux présent sur son visage. « Cependant, je ne voudrais rien de plus que de voir le seigneur envers qui je me suis dévoué pouvoir laisser derrière lui des descendants qui prospéreront. Je ne peux pas le faire à la manière de la Duchesse Excel. Je ne peux que retenir mes larmes alors que je dois ignorer la demande d’aide de mon seigneur. »

« Vous dites cela, mais vous ne voulez pas vous laisser prendre à ça ! » criai-je.

Il avait joliment détourné ses yeux.

J’ai frappé dans le mile, n’est-ce pas ?

« Maintenant, Sire, allons-nous commencer ? » Excel me prit fermement la nuque, puis commença à me traîner vers la porte du salon.

Je me préparais à courir, mais je ne pouvais même pas offrir la moindre résistance. Même en tenant compte de ma propre faiblesse, sa force était incroyable. Où ce corps mince avait-il ce genre de force ?

« Non, attends, s’il vous plaît, Excel, allez, » suppliai-je.

« Oui, oui. Vous pouvez juste laisser tout à cette grande fille ici. Je vais vous apprendre à être vraiment bien, » déclara Excel.

« Non je veux dire... Bon, d’accord. Je vais suivre vos leçons ! Mais cela ne sera qu’une seule fois. Mais rien de pratique dans ce cas, d’accord ? » avais-je crié.

« ... Mon Dieu, je suppose qu’on ne peut pas y faire grand-chose. Mais si vous voulez poursuivre physiquement avec moi, alors dites-le, d’accord ? » demanda Excel.

« Comme si je le ferais ! » m’exclamai-je.

À la fin, j’avais été soumis à de longues conférences de la part d’Excel.

Devoir suivre des cours de santé et d’éducation physique avec Excel, qui ressemblait tellement à Juna, était si embarrassant que je pensais pouvoir mourir.

☆☆☆

Entracte 2 : Exploration sur un certain domaine de recherche

L’institut de recherche était présent dans les anciens bidonvilles de Parnam, la capitale royale du Royaume de Friedonia.

Le centre de formation de Ginger avait maintenant beaucoup de sujets qui pouvaient être étudiés. Il avait été ouvert avec le parrainage du roi Souma comme un moyen de sécuriser du personnel talentueux et de faire en sorte que l’esclavage devienne une chose qui existait que de noms.

Après que plus de terrains aient été donnés à l’installation, il avait fini par être appelé l’École Professionnel Ginger. Tout en conservant l’école primaire, ils avaient également créé des écoles dédiées à divers sujets spécialisés. Si un domaine d’étude obtenait des résultats ici, il y aurait des écoles qui lui seraient consacrées dans d’autres villes.

Il y avait déjà un certain nombre de domaines d’étude qui étaient devenus indépendants, et des écoles spécialisées étaient construites pour eux dans d’autres villes, mais les écoles d’agriculture et de médecine étaient toujours là. C’était parce que les enseignants appropriés étaient présents : le ministre de l’Agriculture et des Forêts, Poncho Panacotta, ainsi que des médecins comme Hilde Norg et Brad Joker. Cela avait également été fait ainsi, car Souma savait qu’historiquement, la production de nourriture et la connaissance de la médecine étaient directement liées au maintien et à la croissance de la population, et donc, il accordait une grande importance à ces domaines.

Maintenant, il y avait deux paires homme-femme face à face sur le seuil de la porte principale de l’École Professionnel Ginger. La première paire était composée d’un homme rond qui avait presque trente ans et d’une beauté intellectuelle qui était élégante dans tout, y compris son apparence. L’autre paire était composée d’un jeune homme dont le visage était si doux qu’il pouvait être confondu avec une fille, et d’une belle fille raton laveur qui avait un regard inflexible dans ses yeux qui laissaient une impression durable. La chose étrange était, la femme dans chacune de ces paires portait un uniforme de femme de chambre classique avec une longue jupe.

Les deux personnes qui étaient sur le point d’entrer dans la cour de l’école étaient le ministre des Forêts et de l’Agriculture Poncho Panacotta, et Serina, la femme de chambre en chef du Château de Parnam qui était également l’assistante personnelle de la princesse Liscia.

Les deux qui les accueillaient au seuil étaient Ginger Camille, le directeur de l’École Professionnelle Ginger, et Sandria, qui lui servait de secrétaire et de servante.

Poncho et Ginger avaient souri et ils s’étaient serré la main.

« Bienvenue, et merci d’être venu, Sire Poncho, » déclara Ginger.

« S-Sire Ginger, ça fait du bien de voir que vous êtes en bonne santé, » répondit Poncho.

« Hm... Il n’y a pas besoin d’être aussi formel, vous savez ? Vous êtes plus âgé que moi et également un ministre, » déclara Ginger.

Poncho bégaya, « C-C’est une habitude que j’ai. Je n’arrive tout simplement pas à m’en défaire. »

« Il est un homme timide, vous voyez. S’il vous plaît, n’y prêtez pas attention, » Serina intervint alors que Poncho essayait maladroitement de s’expliquer. « Honnêtement... Considérant qu’il a sauvé tant d’habitants de ce pays avec ses connaissances, j’aurais aimé qu’il ait acquis au moins un peu plus de confiance en soi. »

« Hm, et vous êtes ? » demanda Ginger.

« Pardonnez le retard quant à ma présentation. Je suis Serina, la femme de chambre en chef du château royal, » dit-elle avant de faire une élégante révérence.

« M-Merci beaucoup pour ça. Je suis Ginger, le directeur de cette école, » répondit Ginger.

Quand Serina baissa la tête, Ginger paniqua.

Voyant sa réaction, Serina se mit alors à dire. « Maintenant, Seigneur Ginger, vous n’avez pas besoin d’être aussi formel quand vous vous adressez à une simple servante comme moi. »

« Ce-Ce n’est pas..., » balbutia Ginger.

« Vous voyez, mon maître a un faible pour les dames attrayantes plus âgées que lui, » lâcha Sandria.

Ginger était stupéfait par ce qu'il venait d'entendre. « San !? Que dis-tu si soudainement !? »

« Rien qui ne soit pas un fait, je te l’assure. Quand tu es en présence de Madame Hilde, tu es toujours si tendue... Oh, pardonnez-moi, je ne me suis pas encore présentée, » Sandria souleva l’ourlet de sa robe de tablier et fit une révérence. « Enchantée. Je suis la secrétaire, la servante et l’esclave de compagnie du Seigneur Ginger, Sandria. »

« Hé, ce que tu dis là me semble vraiment mauvais ! Je t’ai seulement demandé d’être ma secrétaire, et tu as commencé à faire le travail de ménage par toi-même ! Et aussi, que veux-tu dire par esclave de compagnie !? » Ginger protesta, mais Sandria fit semblant de ne pas l’entendre, saluant profondément Poncho.

« Vous devez être le Seigneur Poncho, » déclara Sandria. « J’entends parler de vous de temps en temps. C’est grâce à vous que mes compagnons ne sont pas morts de faim quand les choses étaient dans une situation catastrophique. Au nom de tout le monde, je voudrais vous remercier. »

« N-Nullement ! Vous n’avez pas besoin de dire ça ! » Poncho avait paniqué quand Sandria lui avait fait un tel salut.

Serina le regarda avec un regard un peu froid. « Sire Poncho. Même si elle est l’une de ces “filles mineures” que vous aimez tellement, s’il vous plaît, ne perdez pas la tête à la suite d’un petit éloge. »

« Je-je voudrais que vous n’alliez pas mettre des étiquettes bizarres sur moi ! » s’exclama Poncho.

« Oh ? Cependant, n’est-ce pas la vérité ? Je connais ces choses, le réalisez-vous ? » Serina souriait, mais ses yeux ne souriaient pas. « Plus tôt, il y avait ce plat que vous avez développé avec Sa Majesté, le “sandwich grillé”. Vous n’avez servi le plat qu’à Mademoiselle Tomoe, n’est-ce pas ? Et cela, sans prendre la peine de m’inviter. »

« Est-ce pour ça que vous avez semblé si contrariée dernièrement !? » s’exclama Poncho.

Si l’on demandait qui était le plus grand glouton du Château de Parnam, ce serait bien sûr Aisha, mais Serina devrait être la deuxième. Mais il y avait une légère différence dans la nature de leur gourmandise.

Contrairement à Aisha, qui mangerait n’importe quoi (en particulier des bonbons), plus il y en avait, mieux c’était... Serina n’avait pas exigé la quantité, mais elle avait développé un goût pour la nourriture de type malbouffe et la cuisine de catégorie B que Souma et Poncho avaient créée.

Souma et Poncho avaient produit ensemble beaucoup de plats différents. Pour être précis, ils recréaient des plats qui avaient existé dans l’ancien monde de Souma. De ces plats, il y avait des choses comme des petits pains de spaghetti et du yakisoba, le genre de choses que vous ne verriez pas dans un restaurant chic, qui avait capturé le cœur de Serina.

La chose était que Serina venait d’une famille distinguée qui avait produit beaucoup de femmes de chambres et majordomes qui avaient continué à servir la famille royale. Pour cette raison, ils avaient travaillé pour lui inculquer des goûts cultivés dès son plus jeune âge, pour s’assurer qu’elle serait présentable et ne s’embarrasserait pas devant les membres de la royauté. Ils avaient prêté une attention particulière à son régime alimentaire, et elle avait toujours été censée manger de la bonne nourriture, et d’utiliser l’étiquette appropriée pour ce faire. Bien sûr, cela signifiait qu’elle n’avait jamais été autorisée à sortir et à acheter de la nourriture dans un étal de rue. Pour Serina, ayant grandie dans une maison comme celle-là, les plats de Souma et Poncho avaient eu un impact sur elle.

Il y a un aliment de base au-dessus d’un autre aliment de base !

Lorsque Serina était entrée en contact avec un petit pain de spaghetti, cette première bouchée avait détruit toutes les notions qu’elle avait sur la nourriture. Comment un plat aussi vulgaire pouvait-il être si délicieux ?

Depuis, Serina avait pris l’habitude de suivre Poncho. C’était parce que si elle était à ses côtés, elle avait souvent été récompensée par de délicieux échantillons. Les plats préparés par Poncho étaient une chose différente des jolies filles qui avaient attiré l’attention de Serina jusqu’à maintenant. Ce qui faisait que quand elle était incapable de les essayer, elle ressentait de la rancune.

Sentant son mécontentement, Poncho avait essayé à la hâte de s’expliquer. « C-C’était encore juste un plat expérimental, donc il n’y en avait pas assez... »

« Sachant que vous n’êtes pas habitué à sortir devant les personnes, sous les ordres de Sa Majesté et de la princesse, j’ai travaillé avec diligence et sincérité afin de vous aider, » déclara Serina froidement. « Pourtant, vous ne m’avez pas permis de tester ce plat. Serait-ce parce que je suis déjà une femme adulte ? »

« Quand nous reviendrons ! Quand nous reviendrons, je promets que j’en ferai un pour vous ! » Poncho déclara cela précipitamment.

L’expression un peu triste avait disparu du visage de Serina.

« C’est une promesse, » répondit-elle, affichant un air comme si tout allait bien.

Tout cela avait apparemment été une petite comédie pour le faire accepter. Les épaules de Poncho s'affaissèrent en voyant ça.

Ginger ne savait pas comment réagir en regardant cet échange, mais Sandria hochait la tête.

« Je peux voir que votre relation a beaucoup en commun avec la nôtre, » déclara Sandria

« Oh ? Mais mon maître est la princesse Liscia, » avait alors déclaré Serina.

« Je ne le pensais pas de cette façon..., » répondit Sandria

Quand Serina inclina la tête sur le côté, ne sachant pas trop quoi dire, Sandria avait souri. Cet échange avait laissé des points d’interrogation flottant sur la tête des deux hommes.

Avec les formalités achevées, Ginger emmena Sandria, Poncho et Serina à l’extérieur de l’École Professionnelle Ginger. Il y avait un bâtiment pour étudier les techniques agricoles dans l’école, et ils se concentraient principalement sur l’étude des cultures, du compost et de l’élevage sélectif. Cependant, il n’y avait pas de champs sur les terrains de l’école afin de démontrer leurs résultats. Les anciens bidonvilles étaient près des murs de la ville, de sorte que les champs avaient été plantés sur le côté opposé. Le bâtiment de recherche et les champs étaient séparés par le mur de la ville, mais en termes de distance, ils étaient proches, et il était facile de passer de l’un à l’autre.

Une fois qu’ils eurent franchi la porte, Ginger avait conduit Poncho et compagnie aux champs appartenant à son école professionnelle. Après avoir fini de saluer les gardes qui surveillaient les champs, les quatre individus étaient arrivés devant deux champs particuliers. Aucun des champs n’avait rien de planté dedans, mais l’un ressemblait à un sol noir ordinaire, tandis que l’autre était sec et craquelé.

Avec ces champs, Ginger avait annoncé. « Vous êtes venu ici aujourd’hui en ce qui concerne cette recherche, n’est-ce pas, Sire Poncho ? »

« Tout à fait, » répondit Poncho en hochant la tête. « Après tout, Sa Majesté et moi-même avons de grands espoirs quant à ce domaine de recherche. »

Ginger secoua la tête en s’excusant. « ... Laissez-moi vous le dire à l’avance. Nous avons été incapables d’atteindre le genre de résultats que vous espériez. »

Le domaine de recherche pour lequel Souma et Poncho avaient de grands espoirs était lié à l’une des « expériences ratées » de la Surscientifique, Genia Maxwell.

À l’époque où l’ancien roi avait gouverné le pays, Genia avait développé des pointes de flèches avec des graines à l’intérieur avec l’espoir que les sites des batailles seraient couverts de verdure. Avec l’effet de la magie de lumière dont les flèches avaient été imprégnées, les graines avaient grandi à une vitesse alarmante, et ce fut un échec massif qui avait fait que la moitié de son bâtiment de recherche avait été englouti par les plantes. Le résultat avait été que Genia avait été transférée dans l’Armée Interdite, et sa recherche avait été suspendue.

Cependant, après que le trône ait changé de mains, Souma avait vu une utilisation pratique pour ses recherches et avait ordonné à Genia de les reprendre. Il n’était pas tellement intéressé par l’idée de la pointe de flèche, mais avec des plantes qui poussaient si vite qu’elles pouvaient engloutir un bâtiment, il pouvait faire fleurir le désert, et il avait espéré que cela mènerait à une augmentation du taux de production alimentaire. Cependant, Genia le génie avait déjà perdu tout intérêt pour le sujet, alors Souma avait fini par ordonner à l’École de Technologie Agricole de l’École Professionnelle de Ginger de le faire à sa place.

Mais... Ginger avait expliqué qu’ils n’avaient pas été en mesure de produire des résultats.

« Nous avons certainement réussi à faire des plantes à croissance rapide, » expliqua Ginger. « Ces plantes avaient deux qualités particulières : la croissance et la prolifération. Nous étions en mesure d’éliminer seulement la prolifération, ce qui signifiait que la zone ne serait plus engloutie sous la verdure. »

« Étiez-vous en mesure de les contrôler ? Alors n’est-ce pas un succès ? » demanda Poncho, apparemment mystifié : mais Ginger avait secoué sa tête avec un sourire ironique.

« Nous menions cette recherche dans l’espoir d’augmenter la production alimentaire et de faire fleurir des déserts, mais..., » répondit Ginger. « À partir des résultats de notre recherche, nous avons appris que cela ne sera d’aucune aide avec l’une ou l’autre de ces choses. Le sort de Genia accélère seulement la croissance des plantes. Sire Poncho, savez-vous ce qu’il faut pour que les plantes poussent ? »

Poncho avait réfléchi un moment, puis il avait répondu : « De la terre fertile et de l’eau... ainsi que la lumière du soleil. »

Ginger hocha la tête. « Tout à fait. Parmi ceux-ci, le soleil n’est pas un problème. Avec un peu de travail, la question de l’eau peut aussi être gérée assez bien. Le problème était un sol fertile. Bien que nous ayons accéléré la croissance des plantes, la quantité d’eau et de nutriments dont ils ont besoin en provenance du sol n’a pas changé. Madame Genia devait le savoir aussi parce que son sort contenait une fonction pour aspirer l’eau et les nutriments hors du sol. »

Après avoir dit ça, Ginger avait désigné le champ séché et fissuré. « Voilà à quoi ressemble le champ après avoir récolté notre blé à croissance rapide. »

« ... C’est presque comme un désert de sable, » répondit Poncho.

« Peu importe combien nous pouvons accélérer la croissance des plantes, fertiliser le sol prend beaucoup de temps, » déclara Ginger. « En conséquence, les plantes sucent tous les nutriments et l’eau du sol, la laissant sécher et la fissurant ainsi. Rien ne poussera dans un sol qui a fini comme ça. »

« N’y a-t-il aucun moyen de fournir au sol un apport régulier en nutriments  ? » demanda Poncho.

« J’en doute, » répondit Ginger. « L’eau, peut-être. Mais fournir de l’engrais en continu à un rythme qui correspond à leur croissance n’est tout simplement pas réaliste. Je veux dire par là que nous avons de toute façon un approvisionnement limité en engrais. Si nous l’épuisons pour augmenter la vitesse de croissance, nous ne verrons peut-être aucune croissance de la productivité. »

« Eh bien... ce n’est vraiment pas bon, » déclara Poncho.

Si les plantes qui poussaient étaient laissées afin qu’elles pourrissent, elles restitueraient leurs nutriments au sol, mais cela ne pourrait pas le faire avec des cultures qui devaient être mangées. Après tout, ils ne pouvaient pas obliger les personnes à renvoyer tous les déchets de ce qu’ils avaient mangé dans le champ.

« C’est pourquoi nous avons déterminé que c’était une utilisation inappropriée pour la culture de la nourriture, » déclara Ginger. « Maintenant, pour faire fleurir le désert, il n’y a pas d’eau pour commencer, donc c’est impossible. Même si nous devions installer des aqueducs, la vitesse à laquelle les plantes poussent présenterait un autre goulot d’étranglement. Car voyez-vous, elles sont aussi rapide quand il s’agit de pourrir. »

« Donc, nous ne pouvons toujours pas obtenir une utilisation à ce procédé, » Poncho affaissa ses épaules. En raison des grands espoirs qu’il avait eus pour cette recherche, il ne pouvait s’empêcher d’être déçu qu’il n’y ait eu aucune utilisation possible.

Mais Ginger secoua à nouveau la tête. « Non. Ce n’est pas comme si nous n’avions absolument rien à montrer pour tout le travail effectué. Regardez le champ à côté. »

« ... Cependant, je ne vois rien d’autre que de la terre dedans, » déclara Poncho.

« Tout à fait. La seule chose ici est une terre ordinaire. Nous avons fait de la terre ordinaire. » Ginger se pencha et ramassa une partie de la terre molle dans ses mains. « Cette terre a été apportée à partir d’un donjon habité par de nombreux monstres de type morts-vivants. Naturellement, quand nous l’avons amené ici, elle était contaminée par les miasmes que les monstres morts-vivants libèrent. »

« A-Avez-vous dit miasmes ? » Poncho avait malgré lui crié alors que sa voix était instable.

Les monstres morts-vivants existants dans ce monde comme les dragons-crânes et les zombies avaient le pouvoir d’émettre un miasme qui était nocif pour les créatures vivantes. Les miasmes allaient ainsi causer la propagation de maladie et elles provoquaient le pourrissement de toute chose, ce qui empêchait les créatures vivantes de vivre dans cette zone. Qui plus est, ce miasme entrerait dans le sol et resterait là longtemps. À cause de cela, des terres où un dragon-crâne s’était déchaîné ou là où une horde de zombies était apparue deviendraient des terres improductives où les récoltes ne se développeraient pas pendant longtemps.

Cependant, Ginger avait ramassé une poignée de ce sol, qui aurait dû être dangereux, sans aucune hésitation.

Poncho regarda attentivement ce sol. « Est-ce que cette terre est sans danger ? »

« Tout à fait. Le miasme a été totalement détruit maintenant, » répondit Ginger.

« Comment avez-vous fait ça ? » demanda Poncho.

« Ceci est une utilisation fonctionnelle de ces plantes à croissance rapide dont nous parlions plus tôt, » répondit Ginger. « Il y a des fleurs qui fleurissent seulement dans les donjons ayant beaucoup de monstres morts-vivants. »

Après avoir dit cela, Ginger avait demandé à Sandria d’aller chercher une seule fleur. Cette fleur était rouge pourpre avec des taches vert-noir, des couleurs qui criaient que c’était toxique. Ce n’était pas le genre de fleur que vous voudriez recevoir lors d’une célébration, même par accident.

« Les aventuriers qui vont dans les donjons appellent cela des fleurs à miasmes, » expliqua Ginger. « Ils disent que si ces fleurs poussent quelque part, c’est la preuve que des monstres morts-vivants sont actifs là-bas. C’est pourquoi, quand ils trouvent ces fleurs dans un donjon, ils savent qu’il faut prendre des précautions contre les miasmes. »

« Hm, donc il y a des fleurs comme ça, » dit Poncho. « Je ne le savais pas. »

Poncho savait beaucoup de choses sur les plantes comestibles. Il en savait aussi beaucoup sur les plantes semblables à celles comestibles, mais qui n’étaient pas comestibles. C’était parce que la connaissance de Poncho était enracinée dans son appétit.

C’est pourquoi, quand il s’agissait de plantes comme celle-ci, qui étaient et qui paraissaient manifestement immangeable, cela ne l’intéressait pas et il n’était pas si bien informé à leur sujet.

Ginger avait ri. « Ces fleurs à miasmes, comme leur nom pourrait vous le suggérer, sont nourries par les miasmes. C’est pourquoi elles poussent en grappes dans les donjons où il y a des monstres morts-vivants. Si nous utilisons le sort de Genia pour accélérer la croissance des plantes sur ces fleurs à miasmes et que nous les plantons dans un sol contaminé... »

« Oh ?! C’est donc ça ! Elles sucent rapidement tous les miasmes du sol ! » Poncho déclara ça en claquant ses mains ensemble.

Si le sort d’accélération de la croissance était utilisé sur des plantes régulières, elles allaient rapidement aspirer tous les nutriments hors du sol. Cependant, les fleurs à miasmes allaient seulement aspirer les miasmes.

Ginger acquiesça. « Il suffit donc de les récolter quand ils finissent de pousser et de les jeter dans un incinérateur. Elles ont déjà épuisé les miasmes lors de leur croissance, alors quand nous les brûlons, tout ce qui reste est de la cendre. Si nous faisons deux fois cette opération, cela revient à transformer la zone en ce genre de sol ordinaire. »

« Il-Il s’agit là d’une découverte incroyable ! Avec ça, nous pouvons réduire l’effet que les monstres morts-vivants ont sur nos champs et récoltes ! » Poncho avait réagi avec enthousiasme.

Non seulement la recherche pour laquelle il avait eu de si grands espoirs n’était pas vaine, mais il y avait même une application utile pour cela ! Puis une pensée était venue à Poncho.

À bien y penser, il... Quand il m’a recruté, Sa Majesté a dit quelque chose. Que « nous déciderons si quelque chose est utile ou non. » Il a peut-être voulu dire qu’il n’y a pas beaucoup de choses dans ce monde qui sont complètement inutiles... Comme moi même, une personne dont le seul talent est de manger... a été en mesure d’aider un peu ce pays...

Poncho avait maintenant été capable de se sentir un peu plus confiant en lui-même.

Tandis que Poncho et Ginger entretenaient une conversation animée comme celle-là, Serina et Sandria regardaient ça, exaspérées, à une courte distance d’eux. Les deux hommes n’avaient même pas regardé dans leur direction, s’amusant à échanger leurs opinions sur la recherche. Les deux servantes n’avaient aucun doute qu’elles avaient cessé d’exister dans les esprits des hommes.

En regardant son maître, Sandria avait demandé. « ... Pensez-vous que tous les messieurs sont comme ça ? »

« Vous pourriez avoir raison à ce sujet, » répondit Serina. « J’ai souvent vu la princesse regarder Sa Majesté d’une manière anxieuse comme nous le faisons là. Je me sens comme quand Sa Majesté s’applique au travail du gouvernement, elle doit trouver à la fois cela rassurant et frustrant à le regarder agir ainsi. »

« Comment ça va pour vous, Serina ? » demanda Sandria.

« Moi ? » demanda Serina.

« Vous sentez-vous anxieuse et impatiente en ce moment ? » demanda Sandria.

« Hm ? Ma maîtresse est la princesse, » déclara Serina sans sourciller. « C’est vrai que je suis proche de Sire Poncho, mais je ne me sentirais jamais anxieuse et impatiente parce que je le vois parler à quelqu’un. »

Sandria y réfléchit un moment puis demanda. « ... Alors, comment vous sentiriez-vous si le Seigneur Ginger était une femme ? Si c’était une femme avec laquelle Seigneur Poncho s’amusait tellement, ne seriez-vous pas du tout inquiète à ce sujet ? »

Après avoir demandé cela, elle regarda fixement Serina.

En réponse à la question, Serina regarda Poncho et Ginger. Et si, en ce moment, Poncho parlait à une femme à la place... ?

Ayant réfléchi à la question pendant un moment, Serina avait finalement ouvert la bouche pour répondre. « Peu importe, à qui il parlait, je ne pense pas que je penserais quoi que ce soit du genre. »

« ... Êtes-vous sûre ? » demanda Sandria.

Serina avait alors répondu. « Oui... Cependant, si Sire Poncho devait laisser cette personne faire tous ses tests de goût... eh bien... Je ne voudrais pas ça. Même si c’était quelqu’un comme un membre de sa famille, ou sa femme, une personne pour qui s’est parfaitement naturelle pour lui de faire de la cuisine avec... Je pourrais encore être contrariée par cela. Maintenant, c’est étrange. Je me demande bien pourquoi je me sentirais comme ça ? »

À en juger par son expression, il semblait même que Serina ne comprenait pas ses propres sentiments. Sandria était un peu surprise, mais elle n’avait plus rien demandé.

Même Serina elle-même n’était pas sûre que ses paroles venaient tout juste de sortir en raison de sa gourmandise. Elle plaça sa main sur sa poitrine, remplie d’émotions refoulées.

Quand je serai de retour au château, il faudra qu’il me fasse le sandwich grillé qu’il a promis. Cela aidera à dissiper ce sentiment brumeux que j’ai en ce moment. Ainsi étaient les pensées de Serina.

☆☆☆

Chapitre 3: Le cours nuptial des fiancées

Partie 1

Un jour dans le 3e mois, 1 547e année, du Calendrier Continental

Bonjour, je suis la candidate pour devenir la première reine primaire de Souma, Liscia Elfrieden.

En ce jour où la fin de l’hiver s’approchait et où le printemps commençait à se faire sentir, toutes les fiancées de Souma étaient rassemblées dans une certaine pièce du Château de Parnam. Moi, Liscia était l’une d’elles. Les autres étaient : Aisha le Kochiji, Juna la Lorelei, et Roroa, l’ancienne princesse d’Amidonia.

Il n’y avait aucun signe de Souma ici, et même les servantes qui attendaient toujours dans le coin de la pièce avaient été invitées à partir aujourd’hui. En plus de ça... cette pièce était bizarre. Il y avait un tableau noir, des tables, et quatre bureaux et des chaises. Les bureaux étaient alignés en rang, ce qui faisait presque penser à l’une des salles de classe de l’Académie des Officiers.

« Hé, Grande Soeur Cia ? » demanda Roroa. « Pourquoi avons-nous toutes été appelées ici aujourd’hui ? »

« Je ne pourrais pas vous le dire, » dis-je. « Si quelqu’un ici le savait... »

J’avais regardé Juna. Cependant, Juna baissa les yeux et secoua la tête avant de dire. « Je suis désolée. Dernièrement, je ne suis pas sûre de ce qui passe par la tête de cette femme. »

« Si Madame Juna ne sait pas, alors le reste d’entre nous n’a aucune chance de le découvrir, » Aisha posa les mains sur le dossier d’une chaise, inclinant la tête sur le côté, perplexe.

C’était une évaluation juste. Cette dame était complètement imprévisible. À quoi pensait-elle cette fois-ci ?

Puis la porte de la chambre s’ouvrit, et celui qui nous avait rassemblées ici arriva.

« Je vois que tout le monde est là, » déclara une voix féminine.

Il s’agissait d’une beauté de la race des serpents de mer aux cheveux bleus, Excel Walter.

En plus d’être le commandant en chef de la Force de Défense Nationale, elle était une belle femme qui semblait avoir environ vingt-cinq ans. Avec ses tresses bleues, dont germaient de minuscules cornes, traînant derrière elle une queue pendant qu’elle marchait, elle avait toujours été une beauté pittoresque. Mais cette fois, elle tenait quelque chose dans ses mains : deux paquets aussi épais que des dictionnaires. L’un était enveloppé de blanc, l’autre en noir.

Excel posa les paquets sur le lutrin, puis elle sortit et enfila une paire de lunettes et une casquette académique carrée. « Maintenant, vous allez toutes prendre vos places. »

« Eu-Euh... Grand-mère ? » Juna leva la main avec hésitation et demanda.

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda Excel.

« Hm... Je pensais que tu avais une bonne vision, non ? » demanda Juna.

« Oh, ces lunettes ? Elles sont juste équipées d’un verre ordinaire, et non de lentilles correctives, » répondit Excel.

« Alors pourquoi les portes-tu ? » demanda Juna.

« C’est pour me mettre dans l’ambiance, » répondit Excel.

L’ambiance !? Était-ce un problème !? Attendez, qu’allait-elle donc faire là !?

En fin de compte, nous avions chacune été conduites dans nos sièges par Excel sans aucune idée de ce qui se passait. Du point de vue d’Excel au lutrin, de gauche à droite, nous étions assises avec Aisha, Roroa, moi et Juna.

Excel avait commencé à écrire quelque chose sur le tableau. Quand je l’avais lu, cela disait : « Première conférence — Cours de formation pour être une mariée ».

Ouais, je ne savais même pas par où commencer.

D’une part, par « Première », voulait-elle dire qu’il allait y avoir plusieurs de ces rassemblements ? Qu’est-ce qu’un cours de formation à la mariée était censé être ? Puis Excel tapotait légèrement sur le lutrin.

« Maintenant, vous allez toutes devenir les femmes de Souma cette année, » déclara Excel.

« « « « ... » » » »

Nous étions toutes très calmes et silencieuses. Bien sûr, nous étions prêtes pour cela, et nous le voulions même maintenant, mais demander à quelqu’un d’autre de nous le signaler était un peu embarrassant.

Excel nous avait alors dit. « Bien que certaines d’entre vous soient des primaires et d’autres des secondaires, la nature fondamentale des choses sera la même pour toutes. Il y a un mari et une femme, ils construisent un ménage, éventuellement des enfants naissent, et ils deviennent une famille. Si la famille est harmonieuse, alors ils seront heureux, sinon, ils deviendront mécontents. Le problème est que s’il y a de la discorde dans la famille royale, cela mène directement à de la discorde au sein du royaume. Princesse Liscia. »

« O-Oui ! » J’avais répondu et je m’étais levée sans le vouloir. C’était comme si j’étais de retour à l’école des officiers.

Excel m’avait lancé un regard sérieux et m’avait demandé : « Princesse Liscia, vous n’avez pas de parents en dehors de votre père et de votre mère, n’est-ce pas ? »

« Hm... Oui. Du moins, c’est ce qu’on m’a dit, » avais-je répondu.

« Pourquoi est-ce ainsi ? » demanda Excel.

« Quand le père de ma mère... c’est-à-dire, le roi avant mon père est mort, il y avait une crise de succession, et presque chaque membre de la famille royale sauf ma mère a été tué, » répondis-je.

« Tout à fait et c’était vraiment une période douloureuse, » Excel avait dit cela avec un regard vraiment peiné clairement visible sur son visage. « Les trois ducs et moi, nous nous étions éloignés de ce conflit. Si nos forces militaires s’étaient impliquées, cela aurait très certainement viré à la guerre civile. Nous étions tous désespérés alors que nous avons dû garder nos forces en attente. À la place d’une telle guerre, c’était devenu des luttes amères au sein de la maison royale qui opposait même les plus proches parents les uns aux autres. »

« Hmm... la raison de ce conflit, était-ce quant à la question de savoir qui allait prendre le trône ? » Aisha leva la main avant de demander ça.

Excel secoua la tête. « Nous pensons que c’était seulement un facteur secondaire. La première et la principale cause était liée à la politique d’expansion rapide de l’ancien roi. »

« L’expansion ? » demanda Aisha.

« Tout à fait, » répondit Excel. « Au temps du roi qui était le grand-père de la princesse Liscia, notre pays a lancé un certain nombre de guerres contre d’autres nations ce qui a considérablement élargi notre territoire. Pendant ce temps, le territoire élargi a semé les graines de la discorde au sein du pays. Cela s’est passé entre l’occupant et l’occupé, les conquérants et les vaincus, les tueurs et les proches des personnes tuées. Tout cela a donné naissance à beaucoup de relations conflictuelles du même genre. Il y a eu des interventions d’autres pays qui avaient également perdu des terres qui se sont produites à la même époque. »

« ... Eh bien, mon vieux père avait une dent contre le royaume, » Roroa, l’ancienne princesse d’Amidonia, avait déclaré ça avec un haussement d’épaules.

C’était un soulagement qu’elle ait dit que ça n’avait rien à voir avec elle. La Principauté d’Amidonia avait utilisé des nobles corrompus pour s’ingérer à plusieurs reprises dans nos affaires intérieures. Ce qu’ils avaient fait m’avait causé beaucoup de problèmes, mais c’était vraiment juste de récolter ce que nous avions semé.

J’étais reconnaissante que Roroa, en tant que princesse amidonienne, prenait la position que cela n’avait pas d’importance pour elle. Si Roroa, qui me considérait comme sa « Grande Sœur », finissait par m’en vouloir à cause d’une dispute entre nos deux pays, cela me rendrait malheureuse.

Excel acquiesça et continua. « Ces graines de discorde devaient être retirées lentement pour ne pas germer et causent de graves troubles, mais l’expansion rapide n’a pas permis de le faire. »

Finalement, le vieux roi était mort, et les germes persistants de la discorde avaient germé dans la crise de succession. Si les personnes qu’ils détestaient soutenaient un membre de la royauté, alors ces mêmes individus soutiendraient un autre cheval adverse dans la course à la succession. Voilà comment le différend sur la succession s’était transformé en une guerre par procuration pour toutes les discordes présentes dans le royaume.

« Voilà pourquoi il s’est transformé en un tel bourbier, » Excel soupira tristement puis nous regarda droit dans les yeux. « Heureusement, le règne de Sa Majesté Souma n’est pas aussi dangereux que celui de son prédécesseur. La raison pour laquelle le pays est inébranlable même après avoir absorbé Amidonia est qu’il a travaillé avec diligence pour créer une base assez solide pour éviter la création de la moindre turbulence. Il n’est pas aussi glamour que le premier roi, mais si on évalue tous ses actes quant à la stabilité de son règne, il est le meilleur roi que ce pays ait jamais eu jusqu’à présent. Voilà pourquoi, même une fois que Sa Majesté Souma ne sera plus sur le trône, il n’y aura pas une guerre de succession laide comme celle-là. »

Voici donc l’évaluation d’Excel du règne de Souma. Eh oui, je suis d’accord avec elle.

Je pourrais penser que la façon dont il avait régné jusqu’à maintenant était parfois trop détournée, mais il avait prudemment et soigneusement fait avancer ce pays. Si vous pensiez qu’il avait été invoqué comme un héros, je ne pensais pas qu’il n’y avait jamais eu un tel héros ordinaire et normal comme lui avant. Malgré tout, Souma m’avait fait me sentir en sécurité. Même s’il était faible, il me donnait l’impression d’être protégée par quelque chose de bien plus grand.

Excel avait alors frappé sur le tableau noir. « Cela dit, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers ! Il ne faut jamais oublier que s’il y a des fissures entre le roi et la reine, ou même entre chacune des reines, il y aura ceux qui tenteront d’en profiter. Pour le bien du pays, vous devez construire une relation harmonieuse entre mari et femme, et un ménage harmonieux. Pour vous aider à réaliser cela, je vous ferai suivre mon cours de formation de la mariée. »

Je pourrais plus ou moins accepter ce qu’elle disait avec force. Mais qu’est-ce que c’était que ce « cours de formation de la mariée » qu’elle avait commencé là ?

« Hmm... Pourquoi êtes-vous celle qui nous parlez de toute façon, Duchesse Walter ? » demandai-je.

Excel avait ri et m’avait affiché un sourire empli de confiance. « On ne peut pas le dire au premier regard, mais je suis en vie depuis cinq cents ans. J’ai partagé ma vie avec de nombreux messieurs au cours de ma longue vie, mais la mort a toujours été la seule chose qui pouvait nous séparer. Je me suis toujours assurée d’avoir au moins un enfant avec chacun d’entre eux. »

C’était... Oh ouais. Ça pourrait être génial. Maintenant qu’elle l’avait mentionné, Excel semblait seulement avoir une vingtaine d’années, mais c’était une femme qui avait déjà eu de nombreux accouchements. Après tout, elle avait même eu des petites-filles comme Juna.

Excel gonfla sa poitrine généreuse avec fierté. « Je vais vous apprendre à toutes, en tant que reines... non, en tant que femmes... comment rester avec l’homme que vous aimez jusqu’à la mort. Cela comprend également des sujets comme : comment vous devez agir en tant que femme ainsi que comment pensent les gentilshommes. Cela comprend aussi tout ce qui va du soutien à votre mari, aux manières d’accomplir vos devoirs nocturnes dans la chambre d’une manière qui facilite vos relations conjugales. »

D-Devoirs nocturnes...

Au moment où nous avions entendu ces mots, nous avions toutes affiché des réactions assez flagrantes. Nous avions toutes dû imaginer que nous serions dans ce genre de situation avec Souma.

Roroa rougissait avec un sourire ironique, tandis que les joues de Juna devenaient roses et elle couvrait sa bouche avec sa main, ses yeux errants. Aisha, pendant ce temps, avait un air niais et joyeux qui éclatait sur son visage, alors c’était évident de savoir à quoi elle pensait.

... Je pouvais aussi sentir mes propres joues brûler.

Quand elle avait vu nos réactions, Excel toussa poliment. « Je crois que je vais vous faire toutes commencer en vous apprenant de telles choses maintenant. Après tout, j’ai déjà donné des leçons individuelles à Sa Majesté Souma. »

Au moment où elle avait dit cela, Juna avait semblé aussi choquée que je l’avais été.

☆☆☆

Partie 2

Il y a quelques semaines, Souma avait choisit de prendre Juna avec lui et avait quitté la capitale royale pour sa mission chez Excel. C’était quand Excel avait drogué Juna, et quand elle était seule avec Souma, elle avait... eh bien... elle lui avait donné quelques leçons sur ce que les hommes et les femmes devaient faire la nuit. J’étais la seule à qui Juna avait dit à propos de ça. J’avais gardé le secret envers Aisha et Roroa. C’était parce que si elles le découvraient, elles allaient provoquer une scène.

Juna m’avait demandé, en tant que celle qui avait été le plus longtemps avec Souma, de lui demander subtilement ce qui s’était passé pendant qu’ils étaient ensemble.

« Hmm, princesse..., » Juna se pencha et murmura à mon oreille pour qu’Aisha et Roroa ne puissent entendre. « Alors... qu’a dit Sa Majesté à propos de cette époque ? »

« La chose est, Souma dit qu’il ne s’en souvient pas, » murmurai-je.

« Il ne s’en souvient pas ? » demanda Juna.

« Tout à fait, » répondis-je. « Il se souvient d’avoir subi des conférences sur, hm... c-comment les bébés sont faits, mais tout ce qui suit est un flou... »

Quand je lui avais demandé ce jour-là, Souma avait penché la tête sur le côté et dit : « Je me souviens de tout de la conférence super embarrassante qu’elle m’a donnée, mais... Je ne me souviens plus d’une chose après ça... Non, ce n’est pas tellement que je ne me souviens pas, mais que mon esprit refuse de me le rappeler, peut-être ? ... Honnêtement, qu’est-ce qui s’est alors passé ? Je sais que j’étais gêné par les leçons, et j’avais vraiment très soif... Excel m’a donné un verre et... Ce n’est pas bon, je ne me souviens de rien après ça... Non, je pense que c’est mieux que je ne m’en souvienne pas. »

Souma avait essayé de faire ressortir ce qu’il pouvait en retenir, mais à la fin, il avait semblé arriver sur du vide. Il ne m’avait pas donné l’impression de me cacher quelque chose ou d’essayer d’esquiver le problème. Il semblait avoir vraiment perdu la mémoire, ou l’avait scellé.

Qu’est-ce qui est arrivé à Souma après sa leçon en classe ? Je me demandais vraiment à ce sujet...

« Maintenant, dans le mariage, comme dans la guerre, l’information est la clé, » expliqua Excel. « Une fois que vous savez ce que votre partenaire pense de vous, comment il vous regarde, vous pouvez commencer à avoir une idée sur la manière dont vous devriez agir. Si vous pouvez le prendre au dépourvu, et lui montrer un écart entre son impression de vous et comment vous agissez d’une manière qui ne lui déplaît pas, cela peut aider à empêcher les choses de devenir ennuyeuses. Connaissez votre partenaire, sachez ce qu’il regarde et votre mariage ne sera jamais en danger. »

Aisha leva la main. « Vous avez raison, je me demande ce que Sa Majesté pense de moi. Mais Sa Majesté n’est pas là. Si nous l’appelions, pensez-vous qu’il serait prêt à venir ? »

Excel lui avait affiché un méchant sourire. J’avais... eu un mauvais pressentiment à ce sujet.

« Ne vous inquiétez pas. J’ai ceci ici, » répondit Excel.

Après avoir dit ça, Excel avait déballé le paquet blanc. À l’intérieur, il y avait un certain nombre de cahiers blancs. Excel avait donné un cahier blanc à chacune d’entre nous.

La couverture sur la mienne disait « Top Secret » et « Ne pas sortir à l’extérieur ». C’était plus que suspect...

« Hmm, Duchesse Walter, qu’est-ce que c’est que ces cahiers... ? » demandai-je avec hésitation.

Excel feuilleta son propre cahier tout en disant. « Hehe, hehe. Vous voyez, à propos des carnets blancs que je viens de vous donner... dans ces carnets se trouve tout ce que Sa Majesté Souma pense à propos de chacune de vous. Tout est écrit dedans ! »

« « « « Quoi !? » » » » Tout le monde regarda leurs cahiers à l’unisson.

Dans ce cahier !? Non, mais... comment ?

Excel l’avait expliqué avec un sourire étrangement brillant et étincelant. « Ces cahiers contiennent les choses que j’ai entendues de Sa Majesté pendant sa “leçon privée”. Quand nous avons fini avec la conférence en classe, Sa Majesté a dit qu’il avait soif, alors je lui ai donné du jus mélangé avec une bonne dose de tequeur. Quand je lui ai posé toutes sortes de questions après cela, il était très éloquent. »

C’est donc ça ! Malgré nous, Juna et moi nous nous regardions.

Le tequeur était un alcool très fort. Il avait une saveur légère, et passait complètement inaperçu mélangé avec un verre de jus. Souma devait en avoir beaucoup bu sans s’en rendre compte, puis il avait été interrogé par Excel sur ses sentiments sur chacune de nous. L’embarras de tout cela devait lui avoir fait supprimer les souvenirs de cette nuit-là.

Pendant que j’y pensais, j’avais regardé le cahier se trouvant devant moi. Si Excel disait la vérité, cela signifiait que ce cahier contenait les sentiments secrets que Souma tenait normalement cachés au fond de son cœur.

Oh... Quand j’y pense, mon cœur se met soudainement à battre avec force...

Je voulais savoir, mais peut-être aussi ne pas le savoir... mais après tout, je voulais le savoir. Je veux dire par là que je me souciais assez de Souma que je voudrais savoir ce qu’il pensait de nous.

Pendant que j’y pensais, Excel, indifférente à nos hésitations, ouvrit son livre et continua. « Maintenant, comme je l’ai dit plus tôt, le secret d’une relation conjugale harmonieuse est de connaître votre partenaire et de savoir comment il vous voit. Regardons comment Sa Majesté Souma regarde chacune de vous. Pour commencer... Roroa. »

« Miaouquoi !? » Roroa avait réagi comme un chat effrayé.

« Nous commencerons par l'évaluation de Roroa, » continua Excel.

« Pou-Pourquoi moi !? Ne devriez-vous pas commencer par faire la fiancée de tête, Grande Sœur Liscia ? » demanda Roroa.

« Il n’y a aucune raison particulière pour cela, » déclara Excel. « Je pensais simplement que nous commencerions par la personne qui a rencontré Sa Majesté le plus récemment. »

« Eh bien, c’est sûr, je suis la dernière arrivée là, mais... eh bien, je suppose que ça ne durera ainsi pas très longtemps, » Roroa semblait l’avoir acceptée à contrecœur.

... Hein ? Je serais en dernière, alors ? Arg... Cela signifiait que la tension durerait plus longtemps pour moi, et je n’aimais pas ça...

Excel avait poussé ses lunettes, puis avait regardé son carnet. « Maintenant, voici l’évaluation de Roroa par Sa Majesté Souma. »

« Qu-Qu’est-ce que c’est ? Je deviens étrangement tendue, » déclara Roroa.

« Hum... ! Selon Sa Majesté, “J’aime comment Roroa est si brillante et amicale. C’est incroyable comme elle parvient à se rapprocher de la personne avec qui elle parle. Elle peut avoir un peu le cœur de pierre, mais c’est juste l’un de ses charmes. Ça me rend heureux de la voir traiter Liscia comme sa Grande Sœur. En outre, le sens financier de Roroa est hors norme. Pour être tout à fait honnête, l’économie du royaume ne pourrait pas fonctionner comme il est ainsi sans le soutien de Roroa et de Colbert. Je suis reconnaissant de l’avoir avec moi, et de l’avoir comme ma fiancée.” »

« O-Oh..., » Roroa avait posé sa tête sur le bureau. Elle couvrait ses joues rouge vif avec ses mains. « C’est... C’est assez embarrassant, » déclara Roroa en se tordant un peu.

C’est vrai, j’étais un peu gênée de l’entendre. Souma n’était pas du genre à sortir et à nous dire ces choses directement, alors quand il sortait ses sentiments sans fard et qu’il disait des choses comme : « Je t’aime » ou « Je suis reconnaissant de t’avoir à mes côtés », cela avait vraiment eu un impact sur l’autre. Maintenant que cela était arrivé, j’étais soudainement très intéressée par ce qu’il pensait de moi.

Tandis que nous nous torturions sur ce qui allait arriver, Excel continua de lire avec une expression comme si ce n’était pas grave. « De plus, quand j’ai demandé à Sa Majesté : “Avez-vous quelque chose en tête quand il s’agit de Roroa ?”, il m’a répondu cela. “Je sais que c’était une guerre, mais cela me dérange toujours que j’aie tué son père.” »

« Quoi !? » Roroa avait cessé d’être prise dans l’embarras et avait immédiatement repris ses esprits.

Excel avait ensuite continué sa lecture. « “C’était une situation de tuer ou être tué, mais je suis quand même le tueur de son père. Roroa m’a dit qu’ils n’étaient pas proches, mais si ce n’est pas ce qu’elle ressent vraiment, et qu’elle ne veut en vérité pas vraiment m’épouser... Il y a des fois où je m’inquiète à ce sujet,” voilà ce qu’il a dit. »

« E-Est-il stupide !? » s’écria Roroa.

Je me sentais aussi comme si j’avais recu de l’eau glacée sur la tête. Oh, c’est vrai..., je venais de le réaliser. S’il s’agissait vraiment des véritables sentiments de Souma, cela inclurait les insécurités qu’il ne nous montrait pas normalement. Pour penser qu’il avait ressenti ça à propos de Roroa... Je n’aurais jamais remarqué ça.

Roroa se leva et piétina ses pieds dans l’indignation. « Chéri, tu es un idiot ! J’ai déjà considéré tout ça ! Je suis avec toi parce que je voulais l’être, alors, pourquoi penses-tu à ça !? »

« Roroa ! » Je m’étais levée et j’avais fait un câlin à Roroa. Elle avait cessé de piétiner avec ses pieds alors qu’elle avait des larmes dans ses yeux.

Je pouvais aussi comprendre pourquoi Souma se sentirait coupable quand cela concernait Roroa. C’était parce que Roroa était importante pour lui. Pourtant, même avec cela dit, il avait tort de ne pas considérer son affection à sa valeur nominale.

Roroa sanglota et frotta son visage contre ma poitrine. « Ohh... Grande Sœur Ciaaaa. »

« Je sais. Nous devrons en parler à Souma plus tard, » déclarai-je.

Aisha et Juna acquiescèrent. C’était peut-être quelque chose qu’il avait fait inconsciemment, mais il allait devoir payer pour avoir fait pleurer notre « petite sœur ».

Après avoir attendu que Roroa s’installe, Excel lui avait parlé. « La raison pour laquelle Sa Majesté pense à cela, c’est parce qu’il vous aime et que vous êtes importante pour lui. Vous comprenez cela, n’est-ce pas ? »

« ... Oui, » déclara Roroa. « C’est pourquoi, bien qu’il soit frustrant que mes sentiments ne lui parviennent pas, j’étais un peu heureuse que mon Chéri se soucie tellement de mon ancien moi. »

« Si vous comprenez ça, alors tout ira bien, » déclara Excel à Roroa avec un sourire.

Cela avait été un peu tumultueux, mais maintenant le tour de Roroa était terminé.

Après ça, Excel avait appelé le prénom de sa petite-fille. « Juna. L’évaluation de Sa Majesté est la suivante : “Elle est mignonne, elle est magnifique, et cela résume tout. Je ne parle pas seulement de son apparence ni de sa voix... Je veux aussi parler de ce qu’il y a dans son cœur. De toutes mes compagnes, j’ai l’impression que c’est elle qui prend toujours du recul pour envisager la question sous un angle plus large. Elle est vraiment la femme idéale. Je me demande parfois si je peux vraiment l’avoir comme fiancée, mais je ne voudrais pas laisser quelqu’un d’autre l’avoir. J’essaie de faire de mon mieux pour être un homme assez bon pour être son mari, mais c’est frustrant de ne pas pouvoir y parvenir.” »

« Voilà donc ce que ressent Sa Majesté..., » Juna affichait un léger, mais heureux, sourire. Eh bien, c’était normal pour une fille après avoir entendu « Je ne voudrais pas laisser quelqu’un d’autre l’avoir »... et bien, vous savez ?

Excel continuait à lire. « Quand je lui ai demandé. “Avez-vous quelque chose en tête quand il s’agit de Juna ?”, sa réponse a été. “Juna est trop mature et n’est pas bonne quand il s’agit de laisser les autres être gentille avec elle, alors quand elle me laisse occasionnellement la gâter, en tant que jeune homme, je me sens vraiment spécial.”. »

« ... Excusez-moi, mais j’avais l’impression que Sa Majesté et moi avons le même âge ? » Juna avait fait irruption dans la lecture.

Maintenant qu’elle l’avait mentionné, j’avais entendu dire que Juna était censée avoir vingt ans cette année, tout comme Souma.

« C’est quelque chose que Sa Majesté a réalisé plus tard, mais dans son monde, une année est apparemment de 365 jours, » déclara Excel. « Les années dans notre monde sont de 384 jours, donc avec l’écart entre les deux, vous auriez un an de plus dans le monde de Souma. »

L’écart entre les années des deux mondes était de 19 jours. 365 divisé par 19... Dans environ 19 ans, cela équivaudrait à une différence d’une année entière.

Cela avait provoqué chez Juna une panique rarement vue. « S-Suis-je donc vraiment plus vieille que Sa Majesté Souma ? Excusez-moi, qu’a dit Sa Majesté à ce sujet ? Il n’est pas contre une femme plus âgée, n’est-ce pas ? »

Je ne pensais pas que Souma rejetterait Juna juste parce qu’elle était plus âgée que lui, mais elle ne pouvait probablement pas s’empêcher d’être inquiète. À ce propos, quand elle avait mentionné la possibilité de ne pas vouloir une femme plus âgée, Aisha avait l’air d’avoir été touchée par une balle perdue. Après tout, vous ne pourriez jamais dire quel âge avait quelqu’un des races à longue espérance de vie en se basant sur leur apparence. On ne nous avait pas dit quel âge elle avait en ce moment.

Excel avait affiché un large sourire à Juna. « Ne t’inquiète pas. C’est ce que Sa Majesté Souma a dit : “Dans mon monde, il y avait un proverbe : ‘Trouve une femme d’un an plus âgée, même si tu dois porter des sandales en métal pour le faire.’ Juna est une femme qui vaut la peine de porter des sandales en métal qui ne s’useront pas, et qu’on cherche dans le monde entier pour la trouver. Il n’y a aucun problème avec ça.” »

« ... Je suis heureuse, » Juna semblait profondément soulagée.

Ensuite, c’était au tour d’Aisha.

« L’évaluation de Sa Majesté d’Aisha était..., » Excel s’interrompit lors de sa lecture.

« Euh !? Pourquoi vous êtes-vous soudainement arrêté là ? » Aisha s’écria.

« Eh bien... “Elle est comme un animal de compagnie.”, » continua Excel.

« Il a dit quoi !? » s’écria Aisha.

« « « Oh... » » »

« Quoiiii !? Pourquoi avez-vous toutes l’air satisfaites de cette réponse ? » cria Aisha.

Non je veux dire que... vous savez ? Après tout, quand Aisha est avec Souma, elle était comme un chien de compagnie, attrapant la proie de son maître et ensuite, « Louez-moi, louez-moi » alors qu’elle remuait la queue.

« Selon Sa Majesté Souma, “Aisha est une guerrière forte, noble et belle. Il serait juste de l’appeler la plus grande guerrière de ce royaume. C’est rassurant de l’avoir à mes côtés... ou cela devrait être ainsi, mais j’ai l’impression que je ne peux pas la laisser seule parfois. C’est censé être son travail de me protéger, mais je finis par vouloir la protéger... Eh bien, quand il y a eu ce désastre dans la Forêt Protégée par Dieu, j’ai vu à quel point elle pouvait être fragile sur le plan émotionnel.” Et à ma question de “Y a-t-il quelque chose dans votre esprit à son sujet ?”, il m’a répondu, “Je pense que cela serait le fait que nous pourrons nous asseoir à la même table pour toujours”. »

« Uwahhh! J’ai échoué en tant que garde du corps ! » pleura Aisha. « Mais quand il dit : “Je ne peux pas la laisser seule” et “Je veux la protéger”, cela m’a fait me sentir un peu heureuse et stupide que je suisssss ! »

Pendant qu’Aisha posa sa tête sur le bureau, coincée entre le sentiment de bonheur et de pathétique, Roroa lui tapota doucement le dos. On dirait qu’Aisha était en état de choc, mais quant à moi... Je me sentais peut-être un peu jalouse d’elle ? Si elle était comme un animal de compagnie, cela signifiait qu’il la chérissait tellement, et je voulais aussi qu’il dise qu’il voulait me protéger.

Attends ! Ai-je toujours été sujette à la jalousie ?

En entendant Souma féliciter ses autres fiancées, je m’étais surprise à me sentir jalouse d’elles, et ça m’avait un peu choquée. C’était un sentiment que je ne pouvais pas me permettre d’embrasser, n’est-ce pas ? J’étais la candidate pour devenir la première reine primaire de Souma. Plus que quiconque ici, je devais respecter l’harmonie entre les sœurs reines. Je sentais que la main qui tenait mon col était plus serrée.

☆☆☆

Partie 3

Enfin, mon tour était venu.

« Et enfin, la princesse Liscia... Pour celle-ci, je suppose que je devrais commencer par sa réponse à ma question : “N’avez-vous rien en tête quand il s’agit de la princesse Liscia ?” »

« Hein... ? » m’exclamai-je.

Pourquoi commençons-nous par le « Avez-vous quelque chose en tête ? » quand il est question de moi ? Comme tout le monde, je voulais savoir ce que Souma pensait de moi. Pendant que je pensais ça, Excel secoua silencieusement la tête avec un sourire.

Excel continua. « Il n’y a pas besoin de ça. Je pense que son évaluation de vous est résumée très succinctement dans sa réponse à cette question. C’est ce que Sa Majesté a dit : “Rien”. »

Rien ? Il n’avait rien dans son esprit quand il pensait à moi ? Pas juste... Et encore... quand ça m’est venu, c’était « Rien » pourquoi... ?

« Princesse ! » Excel aboyait.

Je m’étais presque perdue dans mes pensées, mais la voix d’Excel m’avait ramenée à la réalité

« Oh ! Désolée, » dis-je.

« Écoutez jusqu’à ce que j’ai terminé, s’il vous plaît, » déclara Excel. « Sa Majesté a continué à dire ceci : “Je lui ai dit la chose la plus importante lors de ce jour neigeux. Je n’ai plus rien à dire après ça.” Maintenant, quant à ce qu’il a dit ce jour-là enneigé... Je me suis abstenue de lui demander en détail, mais je pense que vous devez avoir une idée de ce qu’il voulait dire, n’est-ce pas ? »

Cela m’était immédiatement revenu. De tous les jours que j’avais passés avec Souma, il y avait un jour où je me souvenais vivement qu’il neigeait. C’était le 31e jour, le 12e mois et de la 1546e année du Calendrier Continental. Le Nouvel An de l’année dernière.

« La vérité est que c’est quelque chose... J’aurais dû te le dire avant Aisha, avant Juna et avant Roroa... »

Cette nuit-là, sur la terrasse du bureau des affaires gouvernementales, Souma l’avait dit.

« Liscia... Je t’aime. Épouse-moi, s’il te plaît. »

Souma me l’avait proposé alors que la neige venait de commencer à tomber. Il m’avait déjà dit la chose la plus importante, et il n’y avait plus rien à penser. C’était ce que Souma avait dit.

Je vois... Je les avais déjà reçus, n’est-ce pas ? Je parle des sentiments que Souma avait tenus comme étant les plus chers. Au moment où je pensais ça, il y avait une chaleur qui était apparue dans ma poitrine. Et alors...

Gifler, gifler, gifler, gifler... Roroa, Aisha et Juna avaient commencé à me gifler dans le dos.

« Ow...! Hé, arrêtez ça ! Cela fait mal ! » criai-je.

« « « ... » » »

« Je ne sais pas, » déclara Roroa. « Nous nous sentons dans une grande injustice que seule Grande Sœur Cia l’obtienne. »

« Ohh... Quelque chose de spécial juste pour vous deux, je suis tellement jalouuuuuuuse, » gémi Aisha.

« Oh ma chère ! Quelle honte de ma part.., » déclara Juna.

Quand j’avais regardé une Roroa jalouse et une Aisha jalouse, ainsi qu’une Juna qui rougissait d’embarras à propos de ce qu’elle venait de faire, j’avais eu un sourire.

Eh oui... c’est vrai. Tout le monde pouvait se sentir jaloux, ou bien que les choses n’étaient pas justes. Le fait que j’étais candidate à être la première reine primaire n’avait rien à voir avec ça. C’était un sentiment que j’avais juste à cause du fait que je me souciais énormément d’une personne. Dans ce cas...

« ... Hey, Roroa, je suis jalouse de toi aussi, le savais-tu ? » dis-je.

« Hm ? L’es-tu ? » demanda-t-elle.

« Oui. Je voudrais aussi qu’on me dise “j’aime ça chez elle” ou “je ne veux pas laisser quelqu’un d’autre l’avoir” ou “je veux la protéger”, » dis-je.

« Hmm. Eh bien, peut-être que c’est comme ça que ça se passe, » répondit-elle.

Voilà pourquoi je devais l’accepter, et ne pas le nier. Parce que j’avais réalisé que ce sentiment était important.

Avec toutes nos évaluations finies, Excel avait frappé ses mains ensemble.

« Maintenant, vous comprenez toutes ce que Souma pense de vous. De là, je pense que nous allons approfondir nos connaissances pratiques sur la façon d’améliorer vos relations conjugales, » déclara Excel.

« “Connaissances pratiques” ? » J’avais fait écho sans même réfléchir, à la raison pour laquelle Excel m’avait fait un sourire incroyablement gentil.

« Ne vous ai-je pas dit au tout début ? » demanda-t-elle. « Dans ce cours, je vais vous apprendre comment vous devez agir en tant qu’épouse, comment pensent les gentilshommes, et tout ce qu’il faut pour vous aider avec votre mari à accomplir vos devoirs nocturnes dans la chambre d’une manière qui rend vos relations conjugales plus harmonieuses. Je serai toujours très très attentive à vous enseigner à ce sujet... »

« « « « ... » » » » Nous étions toutes tombées dans un silence de mort.

C’est vrai. Maintenant qu’elle l’avait mentionné, elle avait dit que c’était ça.

« Euh, grand-mère ? En mettant les autres parties de côté, eh bien... E-Est-ce que nous devons absolument suivre vos cours sur les, hum, “d-devoirs” nocturnes ? » demanda Juna.

« C-Comme le dit Juna, » ajouta Aisha. « C’est trop gênant... »

« Je suis un peu intéressée, vous savez ? » Roroa avait donné son point de vue.

« R-Roroa ! » criai-je.

« Euh ? N’es-tu pas aussi intéressée, Grande Sœur Cia ? » demanda Roroa.

« C’est... oui, un petit peu, mais..., » commençai-je.

Alors que nous étions réticentes, Excel nous avait fait un regard qui semblait dire : « J’ai déjà planifié en tenant compte de vos sentiments, » et elle avait tapoté avec confiance le paquet noir restant.

« Oh mon Dieu ? Êtes-vous sûre que vous voulez laisser passer cette opportunité ? Si vous suivez mes conférences jusqu’à la fin, vous en recevrez un en commémoration, » déclara Excel.

Après l’avoir dit, Excel avait déballé le paquet noir, et à l’intérieur il y avait des cahiers comme avant. Cependant, ces livres étaient minces, et leurs couvertures étaient noires. Leurs couvertures portaient une inscription encore plus dangereuse, « Les documents contiennent des informations classifiées top secrètes » et « Destruction par incinération après lecture requise ».

Ils étaient traités comme des livres interdits, mais Excel en avait ouvert un et avait commencé à le feuilleter comme si elle voulait nous le montrer.

« Ce cahier noir contient les [censuré] que Sa Majesté Souma veut que vous fassiez avec lui, ou qu’il veut faire avec vous, et les situations impliquées, » annonça Excel.

« « « « Hein... ? Quoiiiiiiii ?! » » » »

Le regard dans les yeux de toutes les femmes dans la pièce avait changé.

[censuré] ? Attendez, sérieusement ? pensai-je.

« J’ai entendu tout cela après lui avoir fait boire encore plus de tequeurs, alors je suis certaine de ses informations, » déclara Excel. « En bref, ces cahiers contiennent la vérité mise à nues sur ses désirs vis-à-vis de vous quatre que Sa Majesté Souma garde normalement sous clef et cachés dans les profondeurs de ses pensées. »

Donc c’était ça !

Juna et moi, nous nous regardions encore une fois. Pas étonnant qu’il ait bloqué sa mémoire. S’il s’était souvenu de toutes ces choses embarrassantes, j’étais sûre qu’il ne pourrait plus jamais nous regarder dans les yeux.

Tout le monde regardait attentivement les carnets noirs. Excel avait fait un spectacle en feuilletant l’un d’eux afin que seule elle puisse le voir.

Elle avait déclaré comme pour elle-même. « Mon Dieu ! Comme c’est intéressant ça. Il semble qu’il veut faire des choses différentes avec chacune de vous. Avec Roroa... Hoho. Avec Aisha... Je vois, alors c’est comme ça qu’il aime, Hmm... Avec Juna... Oh, mon Dieu, c’est bien d’être encore jeune. Et avec la princesse... Hehe Hoho. »

Hehe Hoho, quoi !? Qu’est-ce qui a été écrit là-dedans ?

Bien qu’Excel soit belle alors qu’elle nous jetait un coup d’œil oblique avec un sourire séduisant, elle ressemblait aussi à un Seigneur-Démon. Je ne sais pas... Je devais être désolée envers Souma après tout ça.

« Euh... Duchesse Walter ? Je pense que ces cahiers vont un peu loin..., » dis-je avec hésitation.

« Oh, alors, vous ne voulez pas le savoir ? Dans ce cas, ils devront être brûlés comme indiqué sur la couverture, » répondit Excel.

« « « « Nous les voulons ! » » » » nous avions toutes les quatre déclaré ça à l’unisson.

Excel hocha la tête avec satisfaction.

... Désolée, Souma. Mais je suis sûre que c’est pour le bien du royaume. Tout en faisant des excuses à mon mari absent, j’avais cédé.

« Maintenant, commençons la lecture, » déclara Excel avec satisfaction.

C’est ainsi que commença la première conférence pour le cours de formation nuptial d’Excel.

Le contenu du cours, naturellement, nous avait parfois gênées, mais les fiancées de Souma avaient suivi les cours au sérieux. Et cela m’avait aussi incluse.

Eh bien, bien sûr, je voulais ce cahier noir... J’avais senti que c’était nécessaire pour construire un ménage stable et un pays stable.

Pour que nous puissions tous vivre heureux pour toujours.

***

Maintenant, à propos de ces carnets noirs : on dit que, dans les derniers jours, les candidates pour devenir des reines demanderaient à Excel de les produire régulièrement. Au début, elles les incinèrent quand elles les avaient lus, mais elles avaient fini par les stocker dans un endroit secret, pensant qu’ils pourraient à nouveau être utiles à l’avenir.

Plus tard, un historien qui découvrit une boîte contenant plusieurs de ces livrets tenta d’annoncer leur contenu lors d’une conférence historique, mais il s’arrêta juste avant l’annonce affirmant que les documents découverts étaient des « faux ». Il y avait eu des rumeurs sur un groupe d’hommes suspects qui avait pris contact avec lui quelques jours avant, mais la véracité de ces rumeurs n’est pas certaine et ce secret est resté à jamais caché dans l’ombre.

☆☆☆

Chapitre 3.5 : Le cours nuptial des fiancées (la journée de Souma)

Dernièrement, Liscia et les autres femmes proches de moi avaient agi bizarrement. Liscia, Aisha, Juna et Roroa... Toutes avaient agi un peu étrangement.

Si vous deviez me demander de dire ce qui se passait exactement, j’aurais eu du mal à répondre, mais pour une raison inconnue, elles avaient viré au rouge chaque fois que nous nous étions rencontrés, tournant et marchant immédiatement dans la direction opposée comme si elles étaient très embarrassées. Ce n’était pas comme si elles m’ignoraient délibérément, mais c’était un peu déprimant de les voir m’éviter comme ça.

... Ai-je fait quelque chose pour les offenser ? J’avais pensé à ça, mais rien ne m’était venu à l’esprit.

Dernièrement, nous n’avions eu que des jours paisibles, et je ne pensais pas avoir fait quoi que ce soit qui puisse les mettre mal à l’aise. Je craignais d’avoir fait quelque chose involontairement, alors j’avais décidé d’aborder le problème directement avec les quatre filles. Quand je l’avais fait...

« C-Ce n’est pas de ta faute, Souma. Ne t’inquiète pas pour ça, » m’assura Liscia.

« Hm... Sire, vous pourriez dire que je suis gênée de vous regarder dans les yeux, » déclara Aisha.

« Je suis désolée, » déclara Juna. « C’est uniquement un problème de notre côté. Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter à ce sujet. »

« Eh bien, disons que c’est un secret entre nous, alors, laisse ça de coté, d’accord ? » rajouta Roroa.

... Voici les réponses que j’avais reçues. Franchement, cela n’avait aucun sens.

Oh, c’est vrai. Et en parlant de bizarrerie. Il y avait d’autres choses quant à ce qu’elles faisaient et disaient qui était également un peu bizarre.

La première de ces choses s’était passé le matin, lorsque j’étais assis en face de Roroa sur un canapé du bureau des affaires gouvernementales et que nous avions une réunion budgétaire. Quand nous avions fini de parler des industries d’État, la conversation était passée à mes projets personnels que la compagnie de Roroa sponsoriserait. Il s’agissait principalement de la production du programme tokusatsu.

« Donc, à propos d’Overman Silvan, penses-tu que tu pourrais augmenter un peu plus le budget  ? » demandai-je. « Nous ne pouvons pas utiliser les mêmes monstres à chaque fois, et si nous même si nous les réutilisons, nous avons besoin d’un peu plus de variété. »

« ... Euh... Hmm..., » répondit Roroa.

Hm ? Était-elle simplement en train de hocher la tête ? C’est alors que j’avais remarqué que Roroa me regardait alors que son esprit était clairement ailleurs.

« Roroa ? » demandai-je.

« Hein !? Oh, ouais, j’écoute, j’écoute, » déclara Roroa.

... Elle n’écoutait apparemment pas. Qu’est-ce qu’elle avait regardé dans l’air comme ça ?

« As-tu quelque chose en tête en ce moment ? » demandai-je. « S’il y a quelque chose que je peux faire pour aider, je le ferai. »

« Non, ce n’est pas ça, mais... bien sûr... Voyons voir si tu peux jouer un peu, » Roroa s’était approchée de moi, assez près pour que nos épaules se touchent.

Hm... Est-ce qu’elle veut que je la câline ? avais-je commencé à penser.

Alors Roroa m’avait regardée droit dans les yeux et m’avait dit : « Hé... Grand Frère Souma ? »

« Woeuhh ?! »

Quand elle m’avait appelée avec les yeux levés, j’avais été totalement pris par surprise. Qu’est-ce que c’était de sortie de nulle part ?

« Franchement, qu’est-ce qui se passe, Roroa !? » criai-je.

J’étais inquiet qu’elle se soit retrouvée avec de la fièvre ou quelque chose comme ça, alors j’avais essayé de mettre une main sur son front, mais elle ne semblait pas particulièrement fiévreuse...

Roroa avait commencé à donner des coups de pied et à balancer ses bras dans la frustration. « Ah euh... Ce n’est pas la réaction que j’attendais. Tu disais que ça te rendait heureux comme je traite la Grande Soeur Cia comme une sœur. Alors, je me suis dit, tu aimes les sœurs, n’est-ce pas ? »

« Petite sœur ? » demandai-je, surpris. « De quoi parles-tu et où as-tu entendu ça ? »

Et qu’est-ce qu’elle voulait dire, avais-je dit ça ? Je n’avais aucun souvenir d’avoir dit ça... Euh, non ! Attends ! Peut-être, que je l’avais fait... Quel était ce sentiment étrange ?

« Hmph ! Je m’en fiche à présent ! » Roroa bouda et regarda dans l’autre sens.

Je n’avais pas vraiment compris pourquoi, mais j’avais l’air de l’avoir contrariée.

Hm, que dois-je faire..., me demandai-je, puis j’avais baissé ma main sur la tête de Roroa.

« Tu es ma précieuse fiancée, alors je ne veux pas que tu deviennes une petite sœur, » déclarai-je.

« ... Es-tu sûr ? » Roroa avait encore la tête détournée de moi, mais elle me jeta un coup d’œil en demandant ça.

Je lui avais fait un grand signe de tête pour la rassurer, puis lui avais tapoté la tête. « Bien sûr. La façon dont tu jouais à la “petite sœur” était mignonne, mais je préférerais à la place que tu sois ma femme. Après tout, le simple fait de t’avoir à mes côtés me réconforte toujours. »

Quand je lui avais dit tout ce que je ressentais pour elle, le visage de Roroa était devenu rouge vif. Je devais l’avoir embarrassée. Quand j’avais vu sa réaction, je me sentais aussi gêné.

« Alors, s’il te plaît, arrête de m’appeler Grand Frère, » dis-je. « Si tu ne le fais pas... »

« Qu’est-ce qu’il y a si je ne le fais pas ? » demanda Roroa.

« Ce serait comme si j’avais délibérément demandé à ma propre fiancée de m’appeler “Grand Frère”, » dis-je d’un ton taquin. « Cela donnerait l’impression que je suis un dépravé. »

Roroa éclata de rire. « Haha ! Peut-être que tu as raison. D’accord, je ne t’appellerais plus Grand Frère. Je n’ai pas eu la réaction que j’espérais, mais je ne me sens pas mal sûr comment cela s’est passé après ça. »

Après avoir dit ça, Roroa avait serré mon bras. On dirait qu’elle était de meilleure humeur maintenant.

Bien, je lui ai indiqué qu’elle est mignonne comme une petite sœur, bien que...

Après tout, quand l’adorable Roroa m’avait appelé Grand Frère avec les yeux levés, mon cœur avait sauté un battement. Mais je ne voulais pas commencer à développer des fétiches bizarres, alors j’étais vraiment content qu’elle ait arrêté.

***

La prochaine chose étrange qui m’était arrivée était dans l’après-midi. Il était environ deux heures, après avoir déjeuné un peu tard.

Je travaillais depuis le matin, alors je faisais une petite pause à la table kotatsue dans ma chambre. Aisha, qui se serait normalement tenue à la porte pour me protéger, vint s’asseoir en face de moi.

Quand j’avais regardé le visage d’Aisha... J’avais perdu la parole. Aisha, pour une raison inconnue, portait une paire d’oreilles de chat.

... Qu’est-ce qui se passe en ce moment ?

Aisha s’était transformée en une elfe sombre aux oreilles de chat, ce qui n’avait absolument aucun sens pour moi.

Alors que j’étais encore incapable de trouver les mots face à cette tournure bizarre des événements, Aisha avait placé ses deux mains en serrant les poings et les avait levés comme un chat affectueux.

« Miaouuuu..., » miaula-t-elle.

Vient-elle de miauler !?

Elle avait vraiment laissé échapper un miaulement. Eh bien ! Franchement, que se passe-t-il en ce monde en ce moment ?

Apparemment incapable de supporter le silence, Aisha avait couvert son visage avec ses mains. « Oh... C’est vraiment embarrassant. »

« Vous dites cela après l’avoir fait de votre propre chef ? Qu’essayez-vous d’accomplir ? » avais-je crié.

« Quoi, vous me demandez ça ? Je voulais que vous m’adoriez, Votre Majesté, » déclara Aisha. « Comme vous le feriez avec un animal de compagnie. »

« Comme un animal de compagnie !? Non pas comme une personne !? » m’écriai-je.

« Je voulais emprunter le collier de la princesse à la place d’un collier d’esclave, mais elle a refusé parce que c’était un cadeau important de votre part, Sire. Et enlever un collier d’esclave aurait été difficile, donc..., » expliqua Aisha.

« Vous essayez de me transformer en une sorte de déviant sexuel ? » m’écriai-je.

Je ne suis pas en train de faire porter des colliers à mes femmes ! m’exclamai-je en silence... Oui, je ne pense pas que je suis, du moins je le crois.

Alors que je m’inquiétais pour moi-même, Aisha avait en pleurant : « Ohh ! Je vous ai entendu dire que vous pensiez à moi comme un animal de compagnie. Alors j’espérais au moins avoir droit à des câlins comme si j’en étais un. »

« Je... pense un peu ainsi, c’est vrai, mais pourriez-vous au moins me laisser penser que vous êtes humaine !? » criai-je. Bien que techniquement, elle soit une elfe sombre, mais bon, passons sur ce détail.

« ... Comment pourrais-je avoir des câlins dans ce cas ? » demanda Aisha.

Quand Aisha m’avait regardé avec ces yeux suppliants, mon cerveau avait commencé à tirer dans tous les sens pendant que j’essayais de trouver une réponse pour elle. Si je ne lui avais pas donné une solution ici, Aisha allait se décourager à nouveau. J’avais regardé autour de moi et j’avais repéré l’étui d’accessoires dans lequel je tenais des coupe-ongles et d’autres articles de première nécessité.

Je sais !

« Et si je nettoyais vos oreilles ? » demandai-je.

« Faites-le, s’il vous plaît, » répondit-elle instantanément.

J’avais pris un nettoyeur à oreilles et Aisha s’était assise à côté de moi.

« Vous savez, en regardant vos longues oreilles, j’ai toujours voulu essayer de les nettoyer au moins une fois, » dis-je.

« Euh, Sire ? C’est bien, mais... lorsque vous nettoyez les oreilles de quelqu’un, n’est-il pas normal de lui laisser reposer sa tête sur vos genoux ? » demanda-t-elle avec hésitation.

« Le cérumen peut tomber vers votre tympan si vous le faites de cette façon, donc ma grand-mère m’a toujours dit de ne pas le faire. La bonne façon de le faire est juste à côté de la personne, comme cela, » dis-je.

« V-Vraiment ? » Aisha avait demandé ça, puis elle avait chuchoté, « Oh, j’avais quelques espoirs... »

J’avais repoussé les cheveux d’Aisha derrière ses oreilles pointues et j’avais poussé le nettoyeur d’oreille à l’intérieur.

« Eek! » Le corps d’Aisha frissonna.

« C’est dangereux de bouger, vous savez, » lui avais-je dit. « Restez en place. »

« O-Ouiiii... Ahhh ! » Alors que je l’enfonçais à l’intérieur d’elle, Aisha avait soudainement commencé à se tortiller. « Ah... ! Oh... Hahhh... »

Pour une raison inconnue, elle gémissait d’une voix incroyablement douce. J’avais commencé à avoir l’impression de faire quelque chose de méchant avec elle.

« N-Ne laissez pas sortir des gémissements aussi étranges, » avais-je dit.

« M-Mais... C’est si sensible ici... Ahhhhh ! » gémit-elle.

Je nettoyai son oreille opposée tout en écoutant ses doux soupirs, puis le nettoyage des oreilles fut terminé. À la fin, le visage d’Aisha avait complètement fondu, mais elle semblait satisfaite, alors c’était bon.

... Peut-être que je le ferai à nouveau pour elle, pensai-je.

Et à propos de ça, la voix d’Aisha avait été entendue à l’extérieur pendant que nous faisions cela, donc l’une des servantes qui passait à l’époque avait commencé une rumeur disant que « Sa Majesté et Madame Aisha étaient en train de [censuré] dans sa chambre ». Quand il avait entendu ça, le chambellan Marx avait déclaré : « Enfin, nous aurons un héritier », et il avait dansé de joie.

D’un autre côté, quand Liscia, Juna et Roroa avaient entendu la rumeur, elles m’avaient toutes dit : « Hey, ce n’est pas le bon ordre ! » (Si je devais commencer à le faire avec elles, Liscia, en tant que candidate à être ma première reine primaire, aurait dû être la première).

Heureusement, Aisha avait expliqué la situation, alors j’avais été épargné par leur colère, mais c’était un incident qui m’avait montré si j’avais négligé l’une de mes futures reines, toutes les autres se fâcheraient aussi.

Naturellement, je n’avais aucune intention de maltraiter l’une d’elles, mais... c’était quelque chose à garder en tête.

***

Le soir...

Ayant fait de la paperasserie le matin et l’après-midi, j’avais invité Liscia qui m’avait aidé à venir prendre une pause avec moi, et nous dégustions un thé dans l’après-midi.

Chaque jour était une bataille avec mes lourdes responsabilités en tant que roi, donc le simple fait de pouvoir me détendre avec Liscia et avoir des conversations sans but comme ça était amusant.

Au cours de notre conversation, quelque chose d’étrange s’était produit, tout comme avec mes rencontres précédentes avec Roroa et Aisha aujourd’hui. Après avoir fini de parler de tout ce qui venait à l’esprit, Liscia hocha la tête comme si elle était satisfaite de quelque chose.

« Je vois... Ces deux-là le mettent tout de suite à profit, hein, » murmura-t-elle.

« Mettre quoi à profit ? » demandai-je.

« Oh, ce n’est rien. Je me parlais juste à moi-même, » répondit Liscia avec un petit geste de la main et en faisant un vague sourire.

Non, franchement... qu’est-ce que c’est ?

Liscia se mit alors à rire. « Mais je parie que tu n’as pas été dérangé par leurs tentatives pour attirer ton attention. »

« Eh bien... non, ça ne m’a pas dérangé, » dis-je. « Je veux dire par là qu’elles étaient toutes les deux mignonnes. »

Quand je l’avais avoué avec honnêteté, Liscia porta un doigt à ses lèvres avec un regard comme si elle méditait quelque chose. Elle avait murmuré quelque chose dans son souffle que je ne pouvais pas distinguer. « (Elles ont toute eu la vie facile avec le fait d’avoir des conseils réels pour continuer. On m’a dit qu’il n’avait rien de particulier dans son esprit quant à moi. J’étais heureuse à ce sujet, mais il est difficile de décider comment attirer son attention). »

« Hm ? As-tu dit quelque chose ? » demandai-je.

Liscia secoua la tête en disant : « Ce n’est vraiment rien, » puis elle frappa dans ses mains comme si elle venait de penser à quelque chose. « Je sais. Hé, Souma. Y a-t-il quelque chose que tu voudrais que je fasse pour toi ? »

« Qu’est-ce que c’est, tout d’un coup ? » demandai-je.

« Ne t’inquiète pas de ça, » dit-elle. « Allez, donne-moi un scénario de coup de cœur comme celui que tu as eu avec les deux autres. »

Hm, un scénario que je veux jouer avec Liscia..., j’avais essayé d’en trouver un... mais c’était plus difficile à trouver que vous ne le penseriez. Liscia était comme une héroïne de style classique et celle vraiment principale, alors, lui ajouter ainsi des cloches et des sifflets inutiles pour lui donner un caractère supplémentaire redondant. Cela étant dit, plutôt que de faire quelque chose pour changer Liscia elle-même, peut-être que nous pourrions faire quelque chose avec la relation entre nous.

« Hé, Liscia, on s’est fiancés sans rien savoir l’un de l’autre, n’est-ce pas ? » dis-je. « En plus de ça, ce n’était pas quelque chose que nous avions décidé pour nous-mêmes, c’était quelque chose que Sire Albert avait décidé de faire tout seul. »

« Eh bien... oui, c’est bien ainsi, » répondit-elle.

Je lui avais alors parlé. « Je ne me sens plus mal à ce sujet, et je lui suis même reconnaissant de nous avoir réunis tous les deux, mais... comment penses-tu que cela aurait été si nous nous connaissions depuis le début ? Si nous avions été amis d’enfances, comme Hal et Kaede. »

Liscia avait regardé son visage comme si elle réfléchissait à l’idée. « Hm... Je n’aurais pas été confuse et peut-être que je n’aurais pas pensé que Souma était ton prénom ? Je pourrais t’appeler Kazuya. »

« Oui, peut-être, » acquiesçai-je. « Nous aurions aussi beaucoup de souvenirs partagés lorsque nous étions enfants. »

Nous avions donc décidé d’essayer de tenir une conversation comme si nous étions des amis d’enfance.

« “En y repensant, Kazuya, tu t’es toujours caché dans ta chambre, cousant comme une fille”, » Liscia joua son rôle. « “Si tu ne sors plus au soleil, ton corps va commencer à développer des moisissures, tu sais ?” »

« “Eh bien, tu es aussi garçon manqué que jamais”, » lui avais-je répliqué. « “Elisha est inquiète quant au fait qu’elle ne te trouve jamais un mari prêt à te prendre comme épouse”. »

« “Eh bien, selon moi, c’est très bien ainsi. Quand le moment viendra, je prévoyais que tu me prennes pour épouse”, » déclara Liscia.

« “Ne donne pas l’impression que tu m’épouses juste parce que tu n’as pas d’autre choix. Quand tu étais petite, tu disais toujours : ‘Quand je serai grande, je vais t’épouser, Kazuya, n’est-ce pas ?’ n’était-ce pas cela que tu disais ?” » avais-je répliqué.

« “C-C’était il y a si longtemps, je l’ai oublié !” » déclara-t-elle.

« “Tu étais plus honnête avec toi-même, et mignonne à l’époque,” » avais-je dit.

« “Que veux-tu dire par ‘À l’époque’ !? Arg, Kazuya, tu es un idiot !” » cria Liscia.

« “...” »

« “...” »

Wôw, c’est super embarrassant ! Nous avions tous les deux pensé ça.

Après même pas une minute dans notre jeu de rôle, Liscia et moi avions tous deux nos visages rouges comme des tomates.

« Oh, mon Dieu, mon visage est en train de brûler, » admis-je. « Penses-tu que les amis d’enfance parlent réellement comme ça ? »

« Je suis tellement gênée que je pourrais mourir, » déclara Liscia. « Je pense que notre relation actuelle nous convient mieux. »

Alors que nous étions tous les deux en train d’attiser nos joues brûlantes.

« Euh, Maître, » nous interrompit Carla. « Je pense que je suis celle qui était la plus embarrassée alors que j’étais obligé de regarder ça, vous savez ? »

Carla, qui avait regardé tout cet échange, avait dit cela avec un regard maladroit présent sur son visage, nous faisant encore avoir bien plus honte qu’avant.

***

Puis vint cette nuit-là.

Quand l’émission avait pris fin pour le programme de la chanson, Juna et moi avons eu notre réunion après le spectacle, puis nous étions allés à la cafétéria Ishizuka qui se trouvait dans le château.

Cet endroit était ouvert jusque tard dans la nuit, alors quand nous avions manqué des repas à cause des réunions, nous venions souvent ici pour manger et prendre un verre ensemble. Nous avions notre propre pièce privée ici, donc nous pouvions boire sans nous soucier des regards indiscrets de mes serviteurs.

Bien sûr, quand c’était plus tôt dans la journée, nous venions parfois en groupe avec toutes mes autres fiancées, mais à ces occasions, il n’y avait pas de consommation d’alcool. Après tout, Roroa voudrait boire si le reste d’entre nous le faisait. Bien que techniquement, un jeune de 16 ans sous surveillance d’un adulte (ou un jeune de 18 ans seul) pouvait boire dans ce monde, cela ne servait à rien de commencer à boire à un âge trop précoce. C’est pourquoi nous avions décidé, lors d’une réunion de famille sur l’avenir, de ne pas laisser boire Roroa et de ne pas boire devant elle. Cela était dit, à peu près la seule fois où je buvais était les nuits où le travail continuait tard dans la nuit comme aujourd’hui.

« Eh bien, santé !! » dis-je.

« Santé, Sire, » acquiesça Juna.

Dans notre salle privée, Juna et moi avions entrechoqué des tasses en bois remplies de vin. Quand j’avais versé du vin dans mon corps qui était épuisé mentalement et physiquement en raison du travail, j’avais finalement pu avoir le sentiment que le travail journalier était terminé. Je sais, je pensais comme un employé de bureau, mais le travail que je faisais était vraiment difficile, donc vous pouviez difficilement me le reprocher.

« Votre voix quand vous chantez était aussi belle qu’elle l’est toujours, Juna, » avais-je dit.

« Hehe ! Je suis honorée par ce compliment, Sire, » répondit Juna.

Tout en buvant notre vin et en grignotant une salade de spaghettis, de légumes et de poulpe frit badigeonné avec de la mayonnaise, nous avions parlé de nos jours. Je passais un bon moment.

Cependant, quand j’avais mentionné comment Roroa, Aisha et Liscia avaient agi aujourd’hui, Juna avait légèrement plissé les yeux. Cela ne brisait rien chez elle, mais j’avais l’impression d’avoir vu un moment de panique. Alors que je la regardais, me demandant ce qui se passait, Juna se leva soudainement.

« Laissez-moi venir m’asseoir à côté de vous, » avait-elle déclaré, avant de venir à côté de moi.

C’était comme avec Roroa. Est-ce que Juna allait maintenant commencer à m’appeler « Grand Frère » ?

Juna avait bu un peu de son vin, puis elle l’avait reposé sur la table. Après ça, elle s’était penchée vers moi et elle avait posé sa tête sur mon épaule.

Hein ? Que se passe-t-il en ce moment ?

« Euh... êtes-vous un peu pompette ? » avais-je demandé.

« Oui, un petit peu, » répondit-elle. « Je suis désolée, mais pourriez-vous me laisser rester comme ça un moment ? »

« Bien sûr, » avais-je répondu.

Elle m’avait ensuite répondu. « Merci beaucoup. »

Pendant un moment, nous étions tous deux restés silencieux. Aucun d’entre nous n’avait dit quelque chose à l’autre, nous nous étions blottis en savourant notre vin. Même si c’était tout ce que nous faisions, c’était étrangement étourdissant. Avec son visage si proche du mien, l’odeur des cheveux de Juna chatouillait mes narines, et je me sentais comme si j’étais intoxiquée par autre chose que l’alcool.

Puis, sans me regarder, Juna avait dit. « Est-ce que... je fais du bon boulot quand au fait de vous laisser me faire plaisir ? »

« Hein !? » m’exclamai-je.

« Je sais que je suis mauvaise quand il s’agit de me laisser être gâté par les autres, » avait-elle dit. « Je veux répondre aux attentes qui me sont imposées de mon mieux, et cela me rend heureuse quand cela plaît à tout le monde. Mais je veux aussi que vous me gâtiez, Sire. Parce que je vous admire, je veux donc l’accepter quand vous voulez me faire plaisir. »

Peut-être était-elle vraiment ivre, parce que Juna en avait un peu l’air. Juna était si capable dans tout ce qu’elle faisait. Mais quand il s’agissait de ce genre de choses, peut-être, qu’elle était un peu maladroite.

« S’il vous plaît, laissez-moi vous faire plaisir, » dis-je. « Je ferai de mon mieux pour vous faciliter la tâche. »

Puis je lui avais tapoté la tête, et Juna m’avait affiché un sourire satisfait.

Et ainsi, la journée s’était terminée. Il s’était passé beaucoup de choses, mais dans l’ensemble c’était une bonne journée.

☆☆☆

Intermission 3 : Rencontre hasardeuse dans le nord

L’Union des Nations de l’Est, située au nord de Friedonia, était une agrégation de petits et moyens États. Il s’agissait de terre qui avait déjà été remplie avec de nombreux petits et moyens États, s’alliant parfois avec les autres, et d’autres fois, se faisant la guerre, l’un contre l’autre. Il s’agissait d’une terre désunie pendant très longtemps. Cependant, lorsque le Domaine du Seigneur-Démon était apparu il y a plus de dix ans et que la menace qu’il représentait commençait à peser sur eux, les États s’étaient unis pour former l’Union des Nations de l’Est.

Chaque pays de l’Union se dirigeait lui-même, mais chaque pays était également appelé à fournir des soldats proportionnellement à sa force nationale. Dans le cas des petits États, ils devaient fournir un dixième de leurs soldats et, dans le cas des États de taille moyenne, trois dixièmes. Avec les soldats qu’ils avaient ainsi fournis, une force armée qui avait transcendé les frontières entre les nations, les Forces Unies des Nations de l’Est (ou les Forces Unies), avait été formée. Si un autre pays ou le Domaine du Seigneur-Démon tentait d’envahir l’un des pays de l’Union, les Forces Unies seraient envoyées pour les combattre.

À la limite nord-ouest de l’Union, à la frontière du Domaine du Seigneur-Démon et du royaume des chevaliers-dragons Nothung, se trouvait le Royaume de Lastania.

Ce pays était une petite monarchie avec une population totale d’environ vingt mille âmes. C’était un pays si petit qu’il avait l’impression de pouvoir s’envoler dans le vent, et il était situé à côté du Royaume des Chevaliers Dragons Nothung et du Domaine du Seigneur-Démon, alors les gens devaient trembler de peur, attendant les flammes de la guerre qui pouvaient survenir à tout moment. Ou alors vous pourriez penser ça. Cependant, la situation réelle était légèrement différente.

C’était vrai qu’ils avaient des incertitudes quand il s’agissait du Domaine du Seigneur-Démon, mais être à la limite du Royaume des Chevaliers Dragons était en fait rassurant pour eux. Bien que Lastania ait appartenu à l’Union des Nations de l’Est, ils avaient une alliance de longue date avec le Royaume des Chevaliers Dragons. Ayant conclu des contrats avec les dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et possédant de puissants chevaliers-dragons, le Royaume des Chevaliers Dragons Nothung était une puissance qui pouvait résister à l’Empire Gran Chaos dans une guerre purement défensive. Cependant, ils n’avaient jamais utilisé cette puissance pour essayer d’étendre leurs frontières. Cela avait à voir avec leur contrat avec la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

Les dragons deviendront les partenaires des chevaliers, allant sur les champs de bataille avec eux.

Les chevaliers accueilleront les dragons comme partenaires et les aideront à produire une progéniture.

Cependant, si les chevaliers utilisent la puissance des dragons afin de satisfaire leur propre cupidité, ce contrat serait annulé.

Il s’agissait du contrat entre Nothung et la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

En d’autres termes, en échange de l’emprunt de la puissance du dragon, ils prendraient les dragons comme femmes et auraient des enfants avec eux. Ce contrat avait été rendu possible, car les dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avaient pu prendre une forme humaine. Ainsi, s’ils utilisaient la puissance des dragons pour leurs propres désirs égoïstes et tentaient d’envahir un autre pays, le contrat serait brisé et le Royaume des Chevaliers Dragons perdrait ses liens avec la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. Pour cette raison, le Royaume des Chevaliers Dragons était un pays avec une politique de défense non agressive. Ce pays ne s’était pas impliqué dans l’invasion par l’Empire du Domaine du Seigneur-Démon.

Le fait d’avoir un allié à proximité était un élément contribuant à la tranquillité d’esprit du Royaume de Lastania. Même si le Domaine du Seigneur-Démon les attaquait, leur territoire était petit, alors les Chevaliers Dragons les défendaient en se défendant eux-mêmes. C’est peut-être la raison pourquoi, dans le Royaume de Lastania, le roi et beaucoup d’habitants avaient des personnalités insouciantes.

C’était dangereux de partager une frontière avec un voisin ambitieux, alors le Royaume des Chevaliers Dragons avait accueilli. Du point de vue de l’Union des Nations de l’Est, Lastania fonctionnait comme une porte diplomatique avec le Royaume des Chevaliers Dragons, donc ils l’avaient permis.

Maintenant, dans le manoir royal de Lasta, la ville centrale du Royaume de Lastania, il y avait un homme se prosternant devant le roi de Lastania.

En passant, le manoir royal était là où le roi de ce pays vivait. Il n’y avait pas de grands châteaux dans un petit pays comme celui-ci, de sorte que le roi vivait dans une résidence impressionnante appelée le manoir royal à l’intérieur des murs de la ville.

Celui qui était agenouillé dans la salle d’audience du manoir royal était un homme basané qui semblait avoir une trentaine d’années. Son visage était peint, et il ressemblait un peu à un Amérindien.

« Vous... dites que vous voulez rejoindre mon armée ? » le bon roi Lastania lui avait adressé la parole depuis son trône.

L’homme avait répondu, se prosternant toujours devant le roi. « Tout à fait, Sire. Je suis Jirukoma. Je suis venu à la tête des guerriers des peuples du nord. »

« Sire Jirukoma, s’il vous plaît, relevez la tête, » déclara le bon roi.

Quand Jirukoma leva les yeux, il put voir que le roi de Lastania avait un bon visage. La reine également aimable se tenait à côté de lui, et une princesse charmante et mince était également toute souriante.

Le roi de Lastania regarda Jirukoma avec des yeux doux. « Je vous accueillerai avec joie. Nous sommes dans un petit pays, donc nous n’avons que très peu de soldats ici. Il y en a si peu que les habitants sont forcés de prendre eux-mêmes les armes en cas d’invasion. Les hommes du nord sont renommés pour leur bravoure. Même si ce n’est que jusqu’à ce que vous puissiez retourner dans votre pays, nous serions très heureux d’avoir votre aide. »

« Merci, Sire, » déclara Jirukoma en baissant la tête. « Si vous nous laissez rester dans votre pays, j’ai l’intention de vous rembourser en combattant en votre nom alors que nous attendrons le jour où nous pourrons retourner dans nos pays d’origine. »

Ce jour-là, Jirukoma, qui avait quitté son poste de chef des réfugiés du Royaume de Friedonia en laissant sa sœur Komain, était arrivé au Royaume de Lastania à la tête de ces réfugiés extrémistes qui avaient un sens particulièrement exacerbé de loyauté envers leurs anciens pays. Répondant à l’appel du Royaume de Lastania pour des troupes, ils étaient venus ici pour attendre le jour où ils pourraient retourner dans leurs pays d’origine.

Le roi Lastania se leva et se dirigea vers Jirukoma, plaçant une main sur son épaule. « D’accord. Il s’agit d’un pays qui n’a rien à offrir, mais jusqu’au jour où votre souhait se réalisera, je serais heureux si vous pouviez le voir comme votre résidence secondaire. Je vais vous présenter demain à l’homme qui sera votre commandant. Vous pouvez vous reposer pour aujourd’hui. »

« D’accord, Sire, » Jirukoma se prosterna.

Du point de vue de Jirukoma, le roi de Lastania ne lui avait pas donné le sentiment de stabilité que Souma avait, mais il l’avait trouvé gentil et magnanime. Dans tous les cas, il ne semblait pas être le type de personne qui aurait abusé des réfugiés ou les aurait fait travailler à mort.

Soulagé par ce fait, Jirukoma avait conclu son audience avec le roi de Lastania.

Son audience avec le roi terminée, Jirukoma marchait dans les couloirs du manoir royal quand il avait vu quelqu’un debout à côté d’un pilier. La personne, qui portait un capuchon blanc placé bas sur ses yeux, était appuyée contre le pilier avec ses bras croisés. Même avec sa capuche, et malgré sa carrure élancée, il était évident qu’il était un homme.

Quand Jirukoma avait essayé de passer devant l’homme, l’homme lui avait parlé. « Seriez-vous celui qui a conduit les réfugiés ici ? »

Jirukoma fronça les sourcils. « Oui, c’est bien moi... Puis-je vous aider ? »

Le roi avait semblé être un homme gentil, mais peut-être que ses fidèles ne l’étaient pas. Est-ce que l’un de ces serviteurs, qui ne tenait pas tellement aux réfugiés qui se joignaient à eux, venait le remettre à sa place ? Alors que Jirukoma y pensait, l’homme, sentant peut-être la méfiance de Jirukoma, laissa tomber le ton interrogatif.

« Oh, pardonne-moi. C’est simplement que je voulais demander quelque chose. J’ai entendu dire que votre peuple venait d’Elfrieden. Ou est-ce Friedonia maintenant ? Est-ce exact ? » demanda l’homme.

« ... Tout à fait, » répondit Jirukoma. « Je viens bien de là. »

L’homme semblait franc, et Jirukoma lui répondit honnêtement. Il semblerait que l’homme avait quelques préoccupations concernant le Royaume de Friedonia.

Qui était-il au juste ? Alors que Jirukoma commençait à se méfier de lui, l’homme encapuchonné laissa échapper un rire qui semblait être à moitié moqueur.

« Pourtant, vous êtes vous-même un étranger, » déclara l’homme. « Ce pays, le Royaume de Friedonia... Même si je déteste devoir l’admettre, ils sont stables maintenant, n’est-ce pas ? Vous avez eu la chance de pouvoir vous réfugier là-bas, mais maintenant vous revenez dans un petit pays en première ligne pour vous enrôler. Je ne peux pas vous comprendre. »

« ... Vous ne parlez pas comme un homme de ce pays, » déclara Jirukoma.

« Je suis un général en visite, » répondit l’homme. « Je peux dire ce que je pense parce que je ne suis pas d’ici. »

Même si Jirukoma pensait avoir été attrapé par une personne désagréable, l’homme avait répondu à sa question.

« C’est vrai, le roi Souma nous a offert une voie où, en échange de notre renoncement sur le long terme à notre retour chez nous, nous pourrions devenir des habitants du Royaume de Friedonia, » déclara Jirukoma. « Cependant, tous les réfugiés ne peuvent pas accepter cette politique. Il y avait ceux qui ne pouvaient absolument pas renoncer à rentrer dans leur ancienne nation. Si ces personnes étaient restées dans le royaume, ils se seraient mis en travers de ceux qui essayaient d’obtenir la paix en devenant citoyens du royaume. Voilà pourquoi je les ais conduis afin de revenir au nord. »

« Je cherche encore à comprendre pourquoi vous abandonneriez une garantie de paix, mais... dans ce cas, pourquoi avez-vous choisi ce pays ? » demanda l’homme. « C’est un petit pays. Si vous deviez demander si le salaire est bon, alors je ne peux pas dire qu’il l’est. D’ailleurs, aussi doux que soit le roi de Lastania, il manque d’ambition. C’est un homme médiocre qui me rappelle l’ancien roi d’Elfrieden. Même si vous attendez dans ce pays, le jour où vous pourrez attaquer le Domaine du Seigneur-Démon ne viendra jamais. »

« Aucun pays n’a la puissance d’envahir le Domaine du Seigneur-Démon, » déclara Jirukoma. « Peu importe où nous serions allés, nous serions seulement gardés comme défenseurs jetables. Sachant cela, nous avons choisi l’endroit le plus proche de notre patrie. »

« Patrie... Votre patrie, hmm, » quand il avait entendu le mot, l’homme encapuchonné avait croisé les bras et avait gémi. « Est-ce... quelque chose qui vaut la peine d’abandonner la paix pour se battre ? »

« Hm ? Que demandez-vous ? » demanda Jirukoma. « Vous devez sûrement avoir une patrie, n’est-ce pas ? »

« J’en avais une... non, je l’ai toujours, d’une manière... mais je suis un homme qui a été mis de côté par sa patrie, » déclara l’homme avec impartialité.

Il n’y avait aucune trace de tristesse en lui, mais Jirukoma pouvait ressentir un certain désarroi et une certaine hésitation. Après ça, l’homme commença à marmonner, comme s’il était plongé dans ses pensées.

« Je sais que nous nous sommes battus pour le peuple. Pourtant, pourquoi... ? Pourquoi la volonté du peuple s’est-elle détournée de nous ? Non, n’est-ce pas ça ? » Il commença alors à se parler à lui-même à haute voix. « Notre guerre n’était-elle pas la volonté du peuple ? Mais nous poursuivions les objectifs de notre patrie. Non... Peut-être que ces objectifs étaient faux ? Qu’est-ce que les personnes voulaient vraiment ? Qu’est-ce qu’ils désiraient vraiment de mon père et de moi ? Est-ce parce que je n’ai pas compris que nous... que j’ai été vaincu... ? »

Jirukoma n’avait aucune idée de ce dont il parlait, mais il pouvait voir que l’homme était engagé dans un processus d’auto-interrogation pour essayer de trouver une réponse. « Vous semblez terriblement secoué. Avez-vous une petite confiance en vous ? »

« ... Confiance ? La mienne a été brisée il y a longtemps, » dit l’homme avec un rire moqueur. « Il y avait un moment où je débordais de confiance. Cependant, quand j’ai été forcé de quitter mon pays, cette confiance a été brisée en petits morceaux. Les choses que je pensais avoir faites pour mon pays n’ont rien fait pour mon pays, et j’ai été trahi par ceux que j’aimais et que je pensais qu’ils m'aimaient. À l’époque, j’en ai voulu à ces traîtres... et ma patrie. Cependant, comme je me suis interrogé encore et encore, j’ai trouvé que je ne savais plus rien. Les choses que j'avais crues justes sont-elles vraiment justes ? En y réfléchissant, j’ai constaté que je ne pouvais plus croire en moi. Qu’est-ce qu’un pays ? Qu’est-ce qu’un souverain ? Le souverain n’est-il pas la volonté de l’État ? Qui sont les habitants ? Quelle est leur volonté ? Le peuple et leur volonté sont-ils deux choses différentes ? Pourquoi y avait-il un décalage entre le trône et la volonté du peuple ? »

Puis, regardant l’homme se questionnant à plusieurs reprises, Jirukoma sentait que cet homme était un chercheur de vérité. Celui qui avait perdu son chemin, et avait continué à chercher le chemin. Cependant, à partir des mots qu’il avait prononcés, il pouvait dire qu’il ne cherchait pas n’importe quel chemin. Cet homme cherchait en pensant aux « rois » et au « peuple »... Peut-être avait-il déjà été haut placé.

« Qui... êtes-vous ? » demanda Jirukoma.

L’homme avait alors retiré son capuchon avant de dire. « Je suis Julius Amidonia. Bien que ce nom de famille n’a plus de sens maintenant. Je suis l’homme fou qui a été vaincu par le roi Souma de Friedonia et dont sa petite sœur lui a volé son pays. »

☆☆☆

Chapitre 4 : La venue de la Sainte

Partie 1

— Au milieu du troisième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental — dans la Capitale Royale, Parnam.

Alors que le soleil se couchait et que le rideau de la nuit tombait, trois sombres silhouettes traversaient la capitale royale. Les ombres semblaient éviter la lumière, descendant les rues non éclairées par des lampadaires. On pouvait les voir se retourner et regarder encore et encore, comme s’ils étaient poursuivis par quelque chose. Et alors...

« Guh ! »

« « Arg ! » »

L’une des ombres avait trébuché et était tombée. Il y avait un kukri (un poignard avec une lame incurvée) qui sortait de son dos.

Nos poursuivants sont presque sur nous ! Réalisant instantanément qu’il était dangereux de rester ensemble, les deux autres ombres se séparèrent à gauche et à droite, dans des directions différentes.

Les présences qui les suivaient tous allèrent après celle qui s’était enfuie à gauche. Bien que celui qui allait à droit se sentit désolé pour son camarade, cela le soulagea qu’il soit probablement capable de s’enfuir. Toutefois...

« ... !? »

L’ombre s’était arrêtée. Il y avait un grand homme qui dégageait une aura imposante bloquant son chemin.

L’apparence de l’homme était étrange et troublante. Il portait une armure peinte en noir sur son grand corps musclé, et un masque basé sur un smilodon (tigre à dents de sabre) placé sur son visage. Il ressemblait vraiment à une sorte de monstre.

« Le Tigre Noir de Parnam..., » l’ombre murmura malgré elle. Dernièrement, il avait fait l’objet de rumeurs chez les informateurs. Les réseaux d’espionnage disaient qu’il y avait un Tigre Noir dans le Royaume de Friedonia, et aucun membre de ces réseaux d’espionnage qui l’avait vu n’était revenu vivant. Maintenant, vous pourriez vous demander comment quelqu’un savait qu’une telle personne existait si ceux qui le voyaient ne revenaient jamais, mais le tigre avait facilement coupé un espion sans poser la main sur un certain marchand qui l’avait vu le faire. En se basant sur les vagues déclarations de ce marchand combiné avec un espion disparaissant exactement au moment et qui aurait dû se trouver au même endroit, des rumeurs s’étaient répandues sur le fait qu’il y avait un tel être dans la capitale royale.

Ils avaient aussi dit ceci :

Si un espion devait rencontrer le Tigre Noir de Parnam, il devrait tout laisser tomber et fuir. Il n’était pas un ennemi qui pouvait être battu lors d’un combat. Ces rumeurs s’étaient également toujours terminées avec, « ... Eh bien ! Si vous pouvez vous en sortir, c’est bien ! »

Lorsque l’ombre avait rencontré le Tigre Noir des rumeurs, elle était devenue certaine que ces rumeurs étaient la vérité. Il se tenait juste là, mais l’ombre ne pouvait trouver aucune ouverture pour pouvoir le frapper. Il avait une posture presque comme celle d’un guerrier-vétéran qui avait défendu les lignes de front pendant des décennies.

« Rendez-vous, » déclara le Tigre Noir. « Mon maître est miséricordieux. Si vous ne résistez pas, je vous garantis que vous ne serez pas blessé. »

Peut-être à cause de son masque, le Tigre Noir avait parlé avec une voix étouffée. Il n’avait pas dit cela par considération pour son ennemi. Il s’agissait d’une pure formalité, il livrait un ultimatum.

Cependant, l’ombre qu’il poursuivait avait souri.

« Je vous maudis, vous ********, » déclara l’ombre. « Nous ne supplions pas pour nos vies. »

Cela dit, l’ombre avait dégainé les deux épées courtes se trouvant à ses hanches et se jeta sur le Tigre Noir.

Les deux épées s’étaient rapidement rapprochées du Tigre Noir. Cependant, le Tigre Noir avait tranquillement dégainé l’odachi [1] suspendu à sa hanche, et avait divisé l’homme en deux avec une frappe en diagonale. Après l’avoir fait...

« !? »

À l’instant d’après, le corps de l’homme coupé en deux avait été enveloppé de flammes. Il devait avoir l’intention dès le début de mourir afin de ne rien dire, et d’incinérer son corps afin d’éliminer les preuves.

Dégoûté, le Tigre Noir secoua le sang de son odachi et le replaça dans son fourreau en acier. Il fut un temps où le Tigre Noir aurait pensé que c’était un magnifique étalage de loyauté. Cependant, maintenant il ne pouvait plus le voir de cette façon. S’il devait y avoir un sens à mourir pour la loyauté, cela devait venir d’un maître qui déplore votre mort. Mourir pour un maître qui avait utilisé et ensuite mit de côté ses disciples comme ceci était en vain.

Quand il était sorti de ses pensées, le Tigre Noir... Kagetora était entouré d’hommes aux masques noirs. Il s’agissait des troupes d’élite qui servaient directement sous Souma, protégeant Friedonia depuis l’ombre : l’unité des opérations clandestines, les Chats Noirs.

« Maître Kagetora, » déclara un chat noir.

« ... Qu’en est-il du reste ? » demanda-t-il.

« La même chose que celle-ci, » répondit le chat noir.

« Je vois..., » répondit le Tigre Noir.

Kagetora avait réfléchi un instant, puis il donna un ordre à ses Chats Noirs. « Occupez-vous d’effacer toutes traces de ça. Je vais aller faire un rapport à Sa Majesté. »

« « « Oui, Sire ! » » »

Une fois que Kagetora avait regardé les Chats Noirs se disperser, il se souvint des paroles que l’ombre avait prononcées.

« Je vous maudis, vous l’infidèle !! »

L’ombre avait prononcé son dernier mot et Kagetora avait à peine pu l’entendre.

Infidèle, Hmm. Cela... pourrait être un problème, pensa Kagetora en se fondant dans l’obscurité.

 

☆☆☆

 

Une demi-heure plus tard — Dans le bureau des affaires gouvernementales du Château de Parnam.

Il s’agissait d’une nuit en mars, quand la météo avait commencé à se réchauffer considérablement.

Aujourd’hui, comme la plupart des jours, Liscia m’avait aidé en faisant mes paperasses. Quelque chose était arrivé au moment où nous disions qu’il était proche de l’heure du dîner, alors nous devrions bientôt y aller.

La porte vitrée de la terrasse s’était alors ouverte. Alors que j’avais été surpris, j’avais vu qu’il y avait Kagetora avec son armure métallique noire tachée de sang. C’était une bonne chose que nous soyons les seuls dans la pièce à ce moment-là. Si l’une des servantes qui venaient à l’occasion avait vu ça, elle se serait probablement évanouie. Il avait sans aucun doute visé un moment où personne d’autre ne serait ici.

« Du Sang !? » Liscia essaya d’essuyer le sang avec un chiffon qu’elle avait à portée de main, mais Kagetora leva une main pour qu’elle s’arrête.

« Ce n’est pas le mien. Vous n’avez nullement besoin de vous en inquiéter, ma Princesse, » déclara le Tigre Noir.

« Oh... je vois, » déclara Liscia.

« Et aussi... l’odachi que Votre Majesté m’a présenté possède un tranchant vraiment incroyable, » Kagetora posa une main sur l’odachi qu’il portait à sa hanche, puis baissa la tête vers moi.

Eh oui. J’avais donné à Kagetora l’odachi que nous avions développé en faisant des recherches sur le katana du Dragon à Neuf Têtes, n’est-ce pas ? Je l’avais créé afin d’améliorer le tranchant et la portée des attaques, mais sa longueur avait fini par l’empêcher. Sauf si une personne était grande, elle aurait du mal à bien l’utiliser. (Entre autres questions, il était difficile de le dégainé de son fourreau). Pour quelqu’un d’aussi grand que Kagetora, j’avais pensé que ce ne serait pas un problème, alors je le lui avais donné. C’était bon d’entendre que ça le servait bien.

« Eh bien, tant que cela vous convient bien alors cela me suffit, » déclarai-je à moitié exaspéré.

J’avais entendu un léger rire sous son masque.

« ... Quoi ? Ai-je dit quelque chose d’étrange ? » demandai-je.

Il avait à nouveau ri. « Je pensais juste que j’ai été béni d’avoir un aussi bon maître. »

« Hm ? Êtes-vous sarcastique avec moi ? » demandai-je.

« Non, je le pense sincèrement, » répondit-il.

Peut-être que cela avait en rapport quelque chose à quoi il pensait, parce que Kagetora avait l’air content quand il avait dit ça. Je n’étais pas entièrement satisfait, mais... eh bien, ce n’était pas important en ce moment. Il n’y avait aucune chance que le chef de l’unité des opérations clandestines d’élite, les Chats Noirs, soit ici pour m’engager dans des plaisanteries oisives.

« Alors, avez-vous quelque chose à signaler ? » demandai-je.

« Oui, Sire. Les autres sont devenus plus actifs depuis peu, » déclara-t-il.

Les autres... les espions, Hmm. En d’autres termes, il y avait des espions d’une autre nation opérant dans la ville du château.

« Est-ce l’Empire Gran Chaos ? » demandai-je.

« Si c’était l’Empire, nous n’aurions pas de problèmes avec eux. Nous avons des “liens” avec eux, et nous nous entendrions avant de nous tuer les uns et les autres, » répondit-il.

« Les liens... ? Vous faites des affaires avec eux ? » demandai-je.

« Nous échangeons fréquemment des renseignements sur d’autres pays, » répondit le Tigre Noir.

« Je suppose que l’obscurité a ses propres règles..., » dis-je.

C’était un domaine où je préférais garder ma bouche fermée et lui laisser faire son truc.

« Alors, ces espions que nous avons autour de nous, de quel pays viennent-ils ? » demandai-je.

« Ils ont détruit les preuves, donc nous n’avons aucune preuve, mais... le plus probable, l’État Pontifical Orthodoxe, » déclara le Tigre Noir.

« ... L’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, hein, » murmurai-je.

L’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria. Il s’agissait d’une théocratie gouvernée par le Pape Lunaire Orthodoxe. La dernière chose que j’avais entendue à leur sujet était qu’ils avaient incité leurs croyants à se révolter, puis tenté d’intervenir.

« Mais nous ne sommes pas ouvertement hostiles vis-à-vis de l’État Pontifical Orthodoxe, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Les espions n’existent pas uniquement pour être envoyés dans des pays hostiles, » répondit-il. « Même si c’est un pays avec lequel vous voulez établir des relations amicales, des espions pourraient être envoyés pour recueillir des renseignements et poser les bases de négociations. »

« Hm... Eh bien ! S’ils deviennent plus actifs, cela signifie..., » commençai-je.

« Qu’il est probable qu’ils puissent bouger dans un proche avenir, » il acheva ma phrase.

« C’est problématique..., » dis-je.

Je m’étais souvenu de certaines choses que Roroa avait dites quand je l’avais rencontrée.

Voici ce qu’elle m’avait dit le jour de notre rencontre.

« Parce que ce pays déteste la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon et l’Empire du Grand Chaos. Voilà pourquoi. »

« ..., mais dans l’Orthodoxie Lunaire, le pape est le seul qui peut reconnaître quelqu’un comme un saint. En fait, il y a une femme dans l’Orthodoxie Lunaire qui se fait appeler la Sainte. C’est pourquoi l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria voit Madame Maria comme un méchant impardonnable qui trompe le monde tout autour d’elle. »

« ... C’est pourquoi, maintenant qu’Elfrieden est devenu plus grand en absorbant Amidonia, l’État Pontifical Orthodoxe ne vous laissera pas tranquille. Quelque part, d’une certaine façon, ils vont essayer de prendre contact avec vous. Peut-être qu’ils vous offriront un titre inventé comme le “Roi Sacré” et essayeront de vous entraîner dans leur conflit avec l’Empire. »

Si c’était comme disait Roroa, cela allait être un autre conflit.

Et quelques jours plus tard, une demande d’audience était venue de la sainte de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.

 

☆☆☆

 

« ... Et c’est comme ça que j’ai fini par accepter de tenir une audience avec la sainte de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, » avais-je terminé.

« Je vois... »

J’étais dans la salle du Joyau dans le Château de Parnam. Pour certaines raisons, le visage de la Sainte Maria Euphorie de l’Empire Gran Chaos qui était projeté dans le récepteur simple là-bas affichait un regard d’anxiété. Bien que l’Empire fût la plus puissante de toutes les nations de l’humanité, les manœuvres de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria devaient l’intéresser et l’inquiéter.

C’était une semaine plus tôt que j’avais reçu la demande d’audience, et hier, j’avais reçu l’information que la sainte de l’État Pontifical Orthodoxe était entré dans le pays. Demain, je devais tenir une audience avec elle.

Lorsque cette situation s’était produite, j’avais immédiatement utilisé Hakuya et sa jeune sœur Jeanne comme intermédiaires pour organiser des discussions urgentes avec Maria. Il n’y avait aucune chance que la sainte Orthodoxe Lunaire vienne juste pour un bavardage oisif.

Je ne savais pas encore quelles étaient les intentions de l’État Pontifical, mais que ce soit bon ou mauvais pour mon propre pays, ce ne serait certainement pas bon pour l’Empire, avec qui l’État Pontifical Orthodoxe était hostile. C’est pourquoi j’avais voulu prévenir Maria, pour renforcer la coopération entre nous dans notre alliance secrète. Je ne voudrais pas qu’elle découvre plus tard que j’avais rencontré la sainte, et que je devienne ainsi indûment suspect.

J’avais demandé à Maria : « Est-ce que même la Grande Sainte de l’Empire a des problèmes avec l’autre sainte ? »

« ... S’il vous plaît, ne m’appelez pas une Sainte, Grand Roi de Friedonia, » répliqua-t-elle.

« Arg..., » avais-je gémi.

Elle m’avait répliqué avec la réponse parfaite. Eh oui, être considéré comme une sorte de parangon quand ce n’était pas quelque chose que j’avais rêvé d’être n’était rien de plus qu’une nuisance. Je veux dire par là que je n’étais pas un calamar, et je n’étais pas Dadidou.

Pendant que j’y pensais, Maria laissa échapper un soupir séduisant. « Je n’ai jamais rencontré la Sainte de l’État Pontifical Orthodoxe, donc je ne peux pas en dire beaucoup à son sujet, mais... Quand les habitants de mon pays ont commencé à m’appeler ainsi par eux-mêmes, il me semble injuste de m’en plaindre. »

« L’État Pontifical Orthodoxe n’a-t-il pas essayé de savoir ce que vous en pensiez ? » demandai-je. « Si j’étais avec l’État Pontifical Orthodoxe, et que vous étiez devenue célèbre en tant que sainte, ne serait-il pas plus rapide de vous nommer comme un saint officiel plutôt que d’essayer de pousser ma propre candidate ? »

« Oh... Maintenant que vous en parlez, ils parlaient peut-être de faire ça. Cependant, j’ai refusé, » Maria m’avait dit ça avec indifférence.

« Vous avez refusé ? » avais-je dit, tout en étant surpris.

« Permettez-moi de répondre à cette question avec une question de mon côté. Auriez-vous accepté ? » demanda Maria.

« Eh bien, j’aurais automatiquement refusé, » répondis-je.

« N’est-ce pas ? » Maria avait doucement souri, mais avec une légère tristesse. « Que me feraient-ils faire en tant que Sainte ? À qui pourrais-je donner des ordres, et à propos de quoi ? L’État Pontifical Orthodoxe trouve toujours une cause juste, et ensuite ils envoient des individus à la guerre en disant qu’il défend les faibles. Je ne veux pas porter une bannière pour des personnes comme ça. »

Dans ces mots, je pouvais sentir la détermination d’une femme qui portait le poids d’une superpuissance sur ses épaules.

« Je suis peut-être une impératrice, mais je suis tout de même un être humain, » avait alors déclaré Maria. « Au lieu d’être vénérée comme un saint, je veux rester une personne et être aimée en tant que personne. »

Rester une personne et être aimée en tant que personne... Hmm, alors qu’elle me le disait, je m’étais dit que j’étais d’accord avec elle, et j’avais profondément gravé ces mots dans mon cœur.

Notes

  • 1 Odachi : Un ōdachi (大太刀, « longue/fine épée ») est une épée longue du Japon médiéval. Plus longue que le Katana.

☆☆☆

Partie 2

Permettez-moi de vous donner quelques détails sur l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.

Le quartier général de l’Orthodoxie Lunaire était une théocratie gouvernée par le Pape de l’Orthodoxe Lunaire, et cet État avait une histoire qui remontait aussi loin que celle d’Elfrieden. Il était dit qu’à l’époque où le continent était dans le chaos, le premier roi d’Elfrieden, qui était également un héros, avait réussi à construire un pays en réunissant différentes races. Pendant ce temps, l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria l’avait fait de son côté en utilisant un processus de construction d’un État en unissant la population avec la puissance offerte par la religion. Leurs enseignements, tels qu’offrir le salut aux faibles, étaient basés sur l’expérience qu’ils avaient acquise à cette époque.

Il semblait que l’Orthodoxe Lunaire avait à l’origine été une religion liée à une race appelée les Lunaires, une population ayant vécu sur la lune.

Maintenant, vis-à-vis de ces habitants de la Lune : On disait qu’ils n’étaient pas originaires de ce continent, et ils venaient réellement de l’extérieur avant de venir ici s’y installer. Je ne savais pas si dans ce cas l’« extérieur » provenait d’une île comme l’Archipel du Dragon à Neuf Têtes, ou si c’était d’un autre monde comme le mien, mais les légendes disaient que ce peuple venait de la lune visible dans le ciel, et c’est ainsi que leur nom leur avait été donné.

L’objet du culte des Lunaires était la lune qui était censée être leur patrie. Ils priaient la lune sous la forme de la déesse de la lune, Lunaria. Et comme Lunaria brillait dans le ciel, ils leur étaient interdits de construire la moindre idole afin de la représenter. Il est à noter que dans le Sanctuaire Intérieur de l’église centrale, que vous pouviez trouver dans la capitale de l’État Pontifical Orthodoxe, il y avait quelque chose appelé le Lunalith, ou inscriptions lunaires, dans lesquelles les révélations divines de la lune avaient été sculptées.

Au début, seuls les Lunaires avaient foi dans cette religion, mais elle s’était étendue à d’autres races et à d’autres peuples qui s’étaient appuyés sur elle afin d’obtenir du soutien moral dans des périodes chaotiques. Ainsi, le nombre d’adhérents avait rapidement augmenté en ces temps troublés. Assez rapidement, il y avait eu des luttes entre les factions présentes au sein de la religion. Ces conflits étaient liés à différentes interprétations des écrits entre ce qui était orthodoxe et ce qui était hérétique. Au moment où l’Orthodoxie Lunaire s’était stabilisée sous sa forme actuelle, elle se tenait à côté du Culte de la Mère Dragon comme l’une des deux religions les plus populaires sur ce continent.

Leurs doctrines comprenaient le fait de devoir aider les faibles, ainsi que l’entraide entre les fidèles.

Ces doctrines étant aussi simples que « nous devons tous nous entraider en cas de besoin », que cela avait probablement aidé à gagner de nouveaux croyants. Les croyants avaient donc agi comme les enseignements encourageaient et ils avaient recueilli de l’argent pour les donner aux moins fortunés. Cela comprenait aussi la fourniture de nourriture aux pauvres.

En voyant tout ça jusqu’à maintenant, je suis sûr que vous verriez bien que l’Orthodoxie Lunaire et ses croyants étaient inoffensifs. Cependant, une fois que tout cela s’était concentré et que l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria s’était formé, les choses avaient soudainement commencé à sentir le pourri. D’après ce que j’avais entendu dans les cours d’histoire, ils avaient rapidement utilisé leurs croyants dans tous les autres pays afin d’influencer la politique. Ils les avaient aussi incités à la rébellion voire même des coups d’État.

Permettez-moi de souligner à nouveau, mais il y avait aussi des croyants inoffensifs qui étaient purs dans leur dévouement quant au fait d’aider les faibles. Je ne pouvais pas les classer avec les fauteurs de troubles, et c’est connu, que la religion était le genre de concept qui s’enflammait d’autant plus que vous essayez de l’éradiquer. Peu importe la puissance militaire d’un pays, si ses soldats étaient des adeptes de l’Orthodoxie Lunaire, au moment où le pays deviendrait hostile à l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, l’ordre public de l’attaquant commencerait à rapidement se dégrader.

Comme vous pouviez le voir avec ces explications, le pouvoir lié à la religion constituait une combinaison dangereuse contre laquelle il était difficile de faire face.

Retournons au temps présent, en cette fin du troisième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental.

Ce jour-là, la Sainte d’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria était apparue devant moi.

Je vois, pensai-je en la regardant. On peut dire qu’elle ressemble vraiment à une sainte...

Maintenant, vous pourriez penser que je devrais avoir plus à dire quand à elle, mais il n’y avait pas de mot plus approprié que « sainte » pour décrire la femme se trouvant devant moi. Voilà à quel point elle incarnait bien son titre.

Elle devait avoir dix-huit ans avec plus ou moins une année. Ses traits étaient réguliers et ses yeux chaleureux et sensuels. Ses cheveux étaient argentés, et attachés en deux queues. Sa beauté était telle qu’Aisha, qui se tenait à côté de moi, poussa un soupir d’admiration lorsqu’elle la vit. Elle donnait vraiment l’impression d’être une sainte alors qu’elle portait un habit approprié.

Au moment où cela se déroulait, il y avait très peu de personnes présentes dans la salle d’audience dans le Château de Parnam. La raison derrière cela était que l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria avait expressément demandé que l’audience se tienne à huis clos. La Sainte de l’État Pontifical Orthodoxe assisterait à l’audience qu’elle avait avec moi en étant seule de son côté.

J’étais actuellement assis sur le trône avec Liscia, la candidate pour devenir ma première reine primaire, qui se tenait à ma gauche. À ma droite se tenait Aisha, ma garde du corps et candidate pour devenir ma deuxième reine primaire. En plus de nous trois, il y avait le Premier ministre Hakuya qui se tenait au milieu entre la Sainte et moi. Si cette femme s’avéra être un assassin sous l’apparence d’une Sainte, j’avais Aisha ici, donc rien de fâcheux ne pourrait m’arriver.

Eh bien..., de ce que je pouvais voir de la belle jeune fille se tenant debout sur le tapis à quelques pas en dessous de moi, cela ne semblait pas être un problème de ce genre. Si je n’avais pas acquis une certaine résistance depuis le temps que je passais avec Liscia et les autres filles proches de moi, la regarder dans les yeux aurait pu suffire à me faire tomber amoureuse d’elle au premier regard.

... Hm ? pensai-je. Mais... pourquoi est-ce que je réagis ainsi ?

Je pensais que son apparence était vraiment très attirante, mais pour une raison inconnue à ce moment-là, je n’étais nullement intéressé par elle, voire même totalement stoïque, en la voyant. Non, c’était même plus que ça. Lorsque je l’avais regardée, quelque chose m’avait fait avoir un mauvais pressentiment, et un malaise était apparu en moi. Je pensais qu’elle était une fille charmante, mais... quelque chose me dérangeait fortement quand je la regardais.

Et même si j’avais été assailli par ces sentiments négatifs à son égard, j’avais travaillé sur moi-même afin de lui parler avec le ton le plus calme que je pouvais avoir.

« Bienvenue, Sainte d’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria. Je suis le roi, Souma Kazuya, » dis-je.

Après avoir entendu ce que je venais de dire, la Sainte avait fait une révérence polie. « C’est un plaisir de vous rencontrer, Grand Roi de Friedonia. Je suis l’humble Marie Valenti. Je suis ici aujourd’hui en tant qu’émissaire de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria. Je vous remercie du fond du cœur au nom du pape pour nous avoir accordé notre demande d’audience alors même qu’elle a été effectuée si soudainement. »

Marie... Même son nom me rappelait celui de Maria et la façon dont elle me parle est aussi très polie, pensai-je.

Je m’attendais à ce qu’elle soit plus autoritaire, m’ordonnant de croire en leur dieu, alors j’étais un peu impressionné pour le moment. Eh bien... Je suppose que quand ils traitent avec le roi d’une nation, ils ne peuvent pas se permettre d’être trop autoritaires lors de la première réunion.

Après que Marie ait levé son visage, elle m’avait regardé dans les yeux et m’avait déclaré. « Vos exploits nous sont aussi parvenus dans l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria. Seulement un an après avoir été invoqué dans notre monde en tant que héros, vous avez réussi à remettre sur pied Elfrieden, avez réussi à détruire la Principauté d’Amidonia et avez incorporé leurs territoires au vôtre. Il s’agit là vraiment d’exploit héroïque que vous avez réalisé. »

« ... Vous me donnez bien trop de crédits, » répliquai-je. « Je n’ai rien fait d’héroïque. J’ai seulement été capable de reconstruire le pays parce que j’ai pu m’entourer de bons subordonnés, et en ce qui concerne Amidonia, l’annexion était juste quelque chose qui est arrivé dans le cadre du flux des événements qui se sont déroulés après la guerre. »

« Le flux des événements est un destin au-delà de la connaissance humaine, » déclara Marie. « Sire, vous devez sûrement avoir été sous la protection divine. »

Protection divine..., c’était vraiment le genre d’opinion que j’attendrais d’une personne religieuse. Je n’allais nullement tomber face à de telles sornettes.

« Vous faites erreur. Ce flux a été créé par une personne en particulier, » avais-je répliqué. « Je ne suis pas celui que vous devriez louer, mais la Princesse souveraine d’Amidonia, qui a pris la décision d’une vie. »

« Je suppose que vous parlez de Roroa Amidonia, » déclara Marie. « Bien qu’elle soit encore jeune, elle a réussi à réunir deux pays en trouvant la voie la plus bénéfique pour son peuple. Je l’admire en tant que femme. »

Bien que dans le cas de Roroa, j’étais assez sûr qu’elle détestait à mort le pays de Marie.

Lorsque le frère aîné de Roroa, Julius, avait été le Prince Souverain d’Amidonia, l’État Pontifical Orthodoxe avait incité leurs partisans dans le pays à effectuer une rébellion. Cette rébellion avait été réprimée par Julius, mais Roroa avait été fâchée que le sang de son peuple ait été versé à cause de leurs méfaits.

Franchement, j’aurais voulu que Roroa soit avec moi en ce jour en tant que candidate pour devenir ma troisième reine primaire ainsi que celle qui soutenait les finances de ce pays, mais en considération de son animosité envers l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, j’avais décidé de la faire attendre dans le bureau des affaires gouvernementales avec Juna et les autres personnes qui étaient actuellement en attente. Roroa n’était pas le genre de personne qui aurait laissé paraître ses émotions, mais je voulais simplement qu’elle n’ait pas besoin de subir une telle épreuve par considération pour elle.

Mais... à quel point cette fille était-elle sérieuse quand elle a dit ça... ?

Son ton de voix était neutre, et je ne pouvais pas y déceler d’émotion particulière. Mais d’un autre côté, elle ne semblait pas comploter quoi que ce soit pour le moment.

Si elle pouvait parler ainsi tout en sachant ce que son pays avait fait, elle était une grande comédienne, mais il était tout à fait possible qu’elle ait vécu une vie à l’abri et qu’elle ne savait rien des actes vils de son pays.

... Non, si c’était l’un de ces deux, elle aurait montré plus d’émotions. Elle agissait vraiment bien trop calmement.

Si c’était la première possibilité, elle aurait probablement fait appel à sa sincérité pour tenter de me tromper. Si c’était la dernière, elle aurait dû être plus enthousiaste d’être ici pour faire la bonne chose. Cependant, l’attitude de Marie semblait dire qu’elle était là pour faire quelque chose de parfaitement normal.

On pouvait voir cela comme étant les actions classiques d’un émissaire d’un pays qui agissait lors d’une visite à l’étranger, mais dans son cas, j’avais l’impression qu’elle avait agi d’une manière vraiment extrême. Je pouvais ressentir cette mauvaise impression pour elle qui grandissait dans ma poitrine.

Afin d’empêcher que ce sentiment soit visible sur mon visage, je lui avais directement demandé. « Eh bien, Madame Marie. Pourquoi êtes-vous venue ici aujourd’hui ? »

« Oh, c’est vrai, » déclara Marie avant d’incliner docilement la tête. « Votre Majesté, je suis venue ici afin de vous faire une requête. »

« Quelle est donc cette requête ? » demandai-je alors que le mauvais pressentiment avait encore plus augmenté.

Marie m’avait répondu avec un sourire qui ne me laissait percevoir aucune mauvaise intention. « Nous aimerions que vous adoptiez l’Orthodoxie Lunaire en tant que religion d’État dans le Royaume de Friedonia. »

La religion d’État...

La religion d’État était un concept qui avait été généralement abandonné dans les pays développés de la Terre. C’était dans les cas où des pays utilisaient les ressources de l’État pour défendre le culte d’une foi particulière. Et si mes souvenirs étaient bons, ils avaient même transformé les fêtes religieuses en fonctions d’État afin de renforcer leur pouvoir.

... Quoi qu’il en soit, tant que nous étions un État multiracial, ce n’était pas une proposition réaliste.

« Madame Marie, comprenez-vous vraiment ce que vous me demandez là ? » demandai-je. « Si un pays multiracial comme le nôtre devait donner un traitement préférentiel à une religion, cela finirait par diviser le pays. Me demandez-vous de faire ce genre d’erreur stupide ? »

J’avais pris un ton un peu plus dur alors que je lui avais demandé ça. Je l’avais fait pour indiquer que j’étais énervé par ce qu’elle m’avait dit. Je pouvais ne pas toujours ressembler à une telle personne, mais j’avais gagné beaucoup d’autorité et de confiance depuis que la population m’avait appelé un grand roi. Si cela n’avait pas été une affaire si critique, je me serais mis en colère, mais agir ainsi se serait probablement retourné contre moi.

☆☆☆

Partie 3

Cependant, l’expression de la Sainte n’avait pas du tout changé face à ce que je disais. Elle avait alors répondu. « Nous ne vous demandons pas de nous accorder un traitement préférentiel. Nous vous serions reconnaissants si vous le faites, mais pour l’instant, le simple fait de nous adopter comme religion d’État est bien assez. Dans l’Orthodoxie Lunaire, nous prêchons la tolérance envers les autres et cela vaut également pour les autres religions. Nous ne chassons pas les adeptes d’autres religions ou demandons qu’ils se convertissent. »

Puis Marie avait levé ses paumes vers le plafond avant de continuer son discours. « La lune dans le ciel change avec les saisons, et son visage change en fonction du jour et du lieu à partir duquel vous la voyez. De plus, les motifs de la lune ressemblent à un animal pour certains, et une personne à d’autres. La foi fonctionne de la même manière. Même si nos opinions divergent, nous adorons tous le même Dieu. Ce que nous voyons de notre côté sous la forme de Lady Lunaria, ceux des autres croyances la voient simplement comme quelque chose d’autre. »

J’étais resté silencieux après son discours.

Il s’agissait là d’une opinion terriblement poétique. Si elle parlait avec ses véritables sentiments, alors c’était certainement tolérant, mais... Je savais parfaitement que la façon dont son pays agissait n’était nullement conforme à ce qu’elle déclarait.

« Mais dans ce cas, pourquoi ne reconnaissez-vous pas le Culte de la Mère-Dragon ? » demandai-je.

« Dieu est dans le ciel et dans nos cœurs, » répondit Marie. « Si vous adorez quelque chose qui existe, c’est purement par peur de cette chose. Que va faire Mère-Dragon pour ses adorateurs ? N’est-il pas vrai que la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon n’a de relations avec aucun autre pays autre que le Royaume des Chevaliers-Dragons Nothung ? »

« Il est naturel que la peur de quelque chose de plus grand que soi se développe en une foi religieuse, » déclarai-je. « La Mère-Dragon n’est-elle pas un symbole de la nature elle-même, au-delà du domaine des connaissances humaines ? »

« Il s’agit d’une différence dans notre façon de penser, » expliqua Marie avec indifférence. « Nous pensons à la foi comme le lien qui naît de la pensée de Dieu envers l’humanité, et de la pensée humaine envers Dieu. Pour nous, le culte de la Mère-Dragon ressemble à un amour illicite envers la Mère-Dragon. Nous ne pouvons pas reconnaître cela comme une foi légitime. Bien sûr, nous comprenons qu’il y a des personnes qui pensent de cette façon. »

Je supposais que dans ses paroles, elle ne disait rien de particulier qui sortait de l’ordinaire. Elle voyait ça comme s’il s’agissait d’une chose logique. Et s’il s'agissait de ses opinions personnelles, alors j’aurais presque voulu en parler longtemps avec elle. Mais il y avait quelques prémisses qu’elle eût tort à propos de tout ça.

« Cela semble être une bonne occasion, alors j’aimerais avoir votre avis sur quelque chose qui m’intrigue, » déclarai-je en la regardant dans les yeux.

« Qu’est-ce que ça pourrait être ? » demanda-t-elle.

« J’ai découvert que des espions d’un autre pays ont infiltré récemment la capitale royale, » déclarai-je.

« Je suppose que vous parlez de votre pays ? Il semble terriblement stable, donc c’est une surprise d’entendre cela, » bien sûr, Marie avait déclaré cela sans que son expression change le moins du monde. Il n’y avait eu aucune fluctuation dans ses émotions depuis le début de sa venue.

Vu qu’elle était allée aussi loin dans son flegme, je devrais commencer à penser qu’elle ne savait peut-être rien du côté obscur de l’État Pontifical Orthodoxe.

« Quand l’un de mes subalternes a attrapé l’un de ces espions, on m’a dit que l’espion lui avait dit : “Je vous maudis, infidèle”, » déclarai-je d’un ton neutre. « Ils devaient donc être un adepte de certaines religions. Madame Marie, vous qui croyez également en Dieu, peut-être que vous pourriez comprendre ce que signifiaient les paroles de l’espion ? »

« Je ne suis pas cet espion, donc je ne pourrais pas vous le dire, mais..., » Marie avait semblé réfléchir pendant un moment, puis avait répondu sans être particulièrement agitée quant à ma question. « Ils ont probablement vu leur propre vie comme une épreuve mise devant eux par Dieu. Ceux qui s’opposeraient à eux étaient des incroyants. En bref, c’est ainsi qu’ils ont jugé votre subordonné comme étant des infidèles. »

« Donc, fondamentalement, cela n’aurait pas d’importance s’il était un adepte d’une autre religion ou pas ? » demandai-je.

« D’après ce que vous m’avez dit, c’est ce que j’ai compris. Je m’excuse pour ma vue égocentrique, » répondit-elle.

« ... Nullement, c’est très instructif, » avais-je répondu.

Qu’est-ce que c’était ? Je sentais que j’avais de moins en moins une bonne impression sur elle même si je ne pouvais pas sentir quelque chose comme un motif derrière ces paroles. Elle m’avait donné des réponses sérieuses face à mes questions.

... Dans ce cas, était-ce une négociation ?

Dans des négociations, les deux parties avaient des objectifs, et les deux parties posaient au centre leurs idées à l’autre rebondissant de l’un à l’autre jusqu’à ce qu’elles réconcilient leurs différences. C’est pourquoi les deux parties allaient cacher des informations qui leur étaient défavorables, afin de mener la discussion dans une direction qui leur était avantageuse. Je ne pouvais pas sentir la moindre tentative de mener la conversation dans une certaine direction au regard de la façon dont elle parlait et agissait.

« ... Revenons sur le sujet principal, » avais-je finalement dit. « Vous vouliez faire de l’Orthodoxie Lunaire notre religion d’État, n’est-ce pas ? »

« Oui, » répondit-elle.

« Alors, quel mérite y a-t-il pour notre pays à accepter une telle chose ? » demandai-je. « Et aussi, si vous dites que vous êtes tolérant envers les autres religions, peu importe qui adore ces religions, pourquoi l’Orthodoxie Lunaire cherche-t-elle à devenir notre religion d’État ? »

« Je vais répondre à votre première question, » répondit Marie. « Si vous faites de l’Orthodoxie Lunaire votre religion d’État, nous sommes prêts à reconnaître Votre Majesté comme un saint. Vous êtes déjà un roi, alors vous deviendrez un roi saint. En outre, je serai très probablement envoyée par l’État Pontifical Orthodoxe pour vous servir en tant qu’évêque personnel. Je vous servirai comme je le ferais envers Dieu. »

Après avoir dit, Marie baissa la tête.

Il se passait plus ou moins ce que Roroa m’avait dit avant la réunion, bien que je n’avais jamais imaginé que la sainte viendrait me servir.

« La façon dont vous dites ça fait presque penser que cela serait comme si vous alliez m’épouser, » commentais-je.

« Si Votre Majesté le désire, vous pouvez faire avec mon corps tout ce que vous souhaitez, s’il vous plaît. Je vous offre mon corps et mon cœur comme je le fais au service de Dieu, » répondit-elle.

« Je n’ai pas encore dit que je vais accepter votre offre de roi saint, » déclarai-je.

« Désolée pour mon impertinence ! » une fois de plus, Marie baissa la tête. Cependant, elle n’avait pas du tout l’air de se sentir coupable..., ou plutôt, le regard qu’elle me faisait m’avait fait penser qu’elle ne réalisait même pas qu’elle avait fait quelque chose de mal.

Au moment où j’avais mentionné l’histoire du mariage, Aisha avait un peu sursauté, mais Liscia ne semblait pas surprise le moins du monde par ça. Tout ce qu’elle avait fait, c’était de regarder Marie avec un regard très sérieux. Comment Marie était-elle vue du point de vue de Liscia ?

« Et alors ? » demandai-je. « Si je deviens un saint roi et qu’une sainte se joint à mes côtés, quel mérite donneriez-vous à ce pays ? »

« Ce pays a grandi à une échelle où il est comparable à l’Empire Gran Chaos, » répondit-elle. « Sans aucun doute est-ce produit par votre vertu. Si vous gagnez également l’influence de l’Orthodoxie Lunaire, ce pays aura acquis un degré de puissance supérieur à celui de l’Empire. »

« Il s’agit là d’une autre prétention audacieuse, » avais-je dit. « Mais vous savez, l’Empire possède encore bien plus de territoire et plus de puissance que nous. »

Eh bien, il y avait des domaines où notre technologie était en avance sur la leur, mais je n’allais quand même pas révéler cela maintenant.

Marie secoua légèrement la tête. « Quatre personnes sur dix vivant dans l’Empire sont des adeptes de l’Orthodoxie Lunaire. Ces valeurs sont ainsi, car le Culte de la Mère-Dragon n’a pas pu prendre pied dans l’Empire, car l’Empire lui-même a combattu la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon pendant la période où ils s’étendaient. En d’autres termes, près de la moitié de la population est adeptes de l’Orthodoxie Lunaire. Si ce pays devait entrer en conflit avec eux, avec notre influence, il serait possible de diviser l’Empire. »

« Vous dites des choses assez effrayantes comme si elles n’étaient rien pour vous, » avais-je dit. « Nous n’avons aucunement l’intention d’entrer en conflit avec l’Empire. »

« Il s’agissait simplement d’un discours hypothétique, » répondit Marie. « En résumé, je vous dis que vous pouvez acquérir la puissance vous permettant de rivaliser avec l’Empire, le pouvoir d’être la plus forte de toutes les nations de l’humanité. »

... Eh bien, en regardant la relation entre les princes de l’Europe du moyen-âge et l’Église catholique romaine, ce n’était pas impensable que cela fonctionne. Avec le pouvoir combiné du souverain et de l’église, ils dirigeraient le pays et chasseraient facilement les ennemis étrangers. C’était un moyen facile de gérer les affaires du pays. Mais c’était seulement si vous fermiez les yeux sur la lutte de pouvoir entre le dirigeant et l’église qui se produirait après la victoire.

En ce moment, nous avions pour but d’avancer dans une nouvelle ère. Je ne voulais pas imiter ce que les personnes avaient fait autrefois.

« Si je peux dire un mot, » Hakuya, qui avait regardé silencieusement nos échanges jusqu’à maintenant, avait pris la parole. « Je suis désolé de faire cela à Madame la Sainte, mais j’aimerais parler avec Sa Majesté pendant un petit moment. »

« Je vous en prie, faite, » déclara Marie.

Après avoir reçu la permission de la Sainte, Hakuya s’approcha de moi. Puis, se penchant afin d’approcher sa bouche de mon oreille alors que j’étais assis sur le trône, il me murmura : « Sire, vous semblez mal à l’aise. »

« Oui..., » murmurai-je en réponse. « Pour une raison inconnue, je ne ressens en ce moment qu’une très mauvaise impression envers tout ça. Je me sens comme il y a quelque chose qui cloche chez elle. »

« En ce qui concerne cela, je pense que nous devons penser à elle comme détaché de tout ça, » murmura-t-il.

« Vraiment ? » demandai-je.

Hakuya acquiesça. « Je l’ai observée pendant tout ce temps, et je crois qu’elle a démontré un manque total d’émotions. »

« Oui, je l’ai également remarqué, » répondis-je.

« Je suis sûr que l’État Pontifical Orthodoxe avait des raisons de l’envoyer ici, mais peut-être que Madame Marie elle-même n’a aucune idée de ce que c’est ? » déclara Hakuya. « Pourrait-elle venir ici comme une simple sainte pour seulement nous communiquer la volonté des échelons supérieurs de l’État Pontifical Orthodoxe telle une sorte de messager kui ? »

« Hein !? Elle serait donc juste une messagère ? » demandai-je.

Marie n’était donc pas la négociatrice !? Dans ce cas-là, cela avait beaucoup plus de sens... Je n’avais jamais eu l’impression de négocier avec elle pendant que je lui parlais.

L’impression que j’avais était qu’on lui avait donné une liste de questions types, avec les réponses qu’elle devrait me répondre et elle avait interagi avec moi sur cette base. Cela expliquerait pourquoi, quand je lui avais posé des questions auxquelles elle ne s’attendait pas, comme sur l’état d’esprit de cet espion, elle m’avait donné des réponses franches et honnêtes.

C’était soit ça, mais il était également possible qu’on lui avait ordonné de répondre à des questions comme ça le plus honnêtement possible. Après tout, même si son partenaire de négociation essayait de lui arracher des informations vitales, si on ne lui avait rien dit, elle répondrait honnêtement, « je ne sais pas ».

Finalement, ce n’était même plus une négociation qui se déroulait là, c’était plus comme un logiciel de lecture vocal d’un e-mail que vous auriez reçu.

Après avoir réalisé ça, j’avais jeté un coup d’œil à Marie. Au moment où elle avait remarqué mon regard, elle avait un peu incliné la tête sur le côté en n’affichant aucune expression.

... Je vois, réalisai-je. Dans un certain sens, elle a une fonction identique à une Diva.

Dans mon monde, il y avait un programme de lecture de texte anthropomorphisé appelé Divaloid. Il était devenu célèbre parce que vous pouviez utiliser une voix féminine synthétisée afin de lire des passages, ou pour chanter des chansons, et cela avait causé un grand boom, surtout sur les sites de partage de vidéos. Rapidement, son concepteur avait rajouté des illustrations d’une jolie fille et cette Divaloid avait même organisé des concerts en public en tant qu’idole virtuelle.

Je venais de réaliser que quand je parlais à Marie, j’avais la même sensation que si je parlais à l’un de ces logiciels.

« Hakuya... Comment pensez-vous que nous devrions négocier à partir de maintenant ? » demandai-je en murmurant.

« Je crois qu’il serait bon de demander une réponse à votre deuxième question plus tôt, » chuchota-t-il en réponse. « Cependant, ce que vous devriez peser n’est pas sa propre réaction, mais les intentions de l’État Pontifical Orthodoxe. »

« ... C’est ce que je vais faire, » dis-je.

Une fois que Hakuya s’était replacé à sa position antérieure, j’avais parlé à Marie. « Désolé pour l’interruption. À propos, je n’ai jamais eu de réponse pour ma deuxième question. Pourquoi l’Orthodoxie Lunaire cherche-t-elle à devenir notre religion d’État ? »

« Pour le bien de toute l’humanité, » répondit Marie sans hésitation. « Le nord du continent est maintenant devenu le Domaine du Seigneur-Démon. Bien que son expansion ait cessé pour le moment, tant que le Domaine du Seigneur-Démon existera, l’humanité ne connaîtra jamais la paix. Afin d’atteindre la paix, il sera nécessaire d’envahir le Domaine du Seigneur-Démon et d’exterminer le problème à la racine. Cependant, les démons présents dans le Domaine sont puissants, et il est impossible pour un pays de les affronter seul. Afin de pouvoir les vaincre, toutes les nations de l’humanité doivent coopérer. »

Je suppose qu’on pouvait dire que c’était une position dure, mais... c’était compréhensible.

Marie avait continué. « C’est pourquoi nous voulons que vous deveniez un roi saint. Je suis sûre qu’avec votre pouvoir combiné avec notre autorité, il sera possible d’unir toutes les nations. Si vous demandez leur coopération après avoir unifié les autres pays, même cet empire suivra vos ordres. Chez eux, deux citoyens sur cinq suivent l’Orthodoxie Lunaire, donc ils ne pourront pas se permettre de vous ignorer. De cette façon, toute l’humanité sera unie, et nous envahirons le Domaine du Seigneur-Démon. Après ça, après avoir vaincu le Seigneur-Démon qui est la racine du mal dans ce continent, nous libérerons le nord du continent. »

Marie avait déclaré cela sans une once d’hésitation dans sa voix. On aurait dit qu’elle parlait des Croisades qui s’étaient déroulées dans mon monde. Afin de récupérer notre terre perdue, nous unirions les pays par le pouvoir de la religion. Et ainsi, ils voulaient que je devienne un roi sacré afin d’agiter le drapeau de l’humanité pour leur cause.

Mais... je suis sûr que c’est la face visible de cette entité.

Ce n’était qu’une fois que j’aurais vu les individus se trouvant derrière Marie que je pourrais avoir une idée plus complète de leurs intentions. Selon moi, Marie croyait vraiment que c’était pour reprendre le nord, mais les individus derrière elle pensaient probablement différemment.

La partie à propos de l’unification des nations de l’humanité avait attiré mon attention. Il y avait déjà un système dans ce monde essayant d’unir toute l’humanité : celui que dirigeait Maria, la Déclaration de l’Humanité. Certes, il s’agissait d’un traité imparfait, mais pour l’instant, il semblait servir sa fonction.

Pour l’État Pontifical Orthodoxe, il ne pouvait pas être acceptable pour eux d’être d’une situation où Maria, qui était (de leur point de vue) une « fausse » sainte, était la chef de ce pacte et qu’à cause de ça, elle gagnait le respect de nombreuses personnes. Plus Maria se distinguerait, et plus faible serait l’influence de sa propre Sainte. Une théocratie régnait uniquement en utilisant son autorité religieuse. En d’autres termes, la perte de cette autorité était une question de vie ou de mort pour l’État.

C’est pourquoi l’État Pontifical Orthodoxe avait probablement voulu créer un autre organe de coopération internationale distinctif de la Déclaration de l’Humanité. Ils avaient besoin de créer un nouveau système où ils pourraient affirmer leur autorité et pour ce faire, ils m’avaient choisi pour être leur porte-étendard.

J’avais alors regardé Hakuya. Quand Hakuya m’avait remarqué en train de le regarder, il ferma les yeux et hocha la tête une fois, puis secoua la tête. Il aurait probablement atteint la même conclusion que j’avais obtenue.

À la lumière de cela, il m’avait laissé entendre que « nous ne devrions pas accepter cette offre. »

... Eh bien, bien sûr qu’il était impossible d’accepter ça. Mais dans un tel cas, il y avait quelque chose que je devrais demander avant de refuser son offre.

« En passant, que se passerait-il si je refusais d’adopter votre religion en tant que religion d’État ? » demandai-je.

« Ce serait décevant, mais nous n’aurions pas d’autre choix que de l’accepter, » déclara Marie. « Nous ne pouvons pas vous forcer à l’accepter. »

Ils reculaient étonnamment facilement. Je pensais qu’ils diraient quelque chose comme, si vous n’acceptez pas nos demandes, nous aurons tous nos disciples dans votre pays qui provoquerons des émeutes, ou quelque chose dans le genre.

Alors que je pensais ça, Marie continua. « Cependant, je soupçonne..., » son expression ne changea pas du tout. « Je soupçonne que nous finirions par attendre. »

« Par attendre ? » demandai-je.

« Tout à fait. Nous pourrions seulement attendre que vous ayez un changement d’avis, ou attendre qu’apparaisse un nouveau candidat pour devenir le roi saint, » répondit Marie.

J’avais brusquement inhalé en raison de la surprise.

Arg... Voilà donc comment ils vont jouer, hein.

Fondamentalement, si un pays avait commencé à devenir plus fort, ou un dirigeant avait commencé à devenir célèbre, elle disait. « Nous allons proposer exactement la même offre à eux ». De plus, son commentaire précédent selon lequel « Deux citoyens sur cinq de l’Empire sont des disciples, alors si nous en avons envie, nous pouvons diviser leur pays », serait quelque chose qui pourrait arriver aussi à notre pays.

Marie n’avait peut-être pas voulu le faire elle-même, mais c’était une menace claire qu’elle exprimait ici.

C’est... Je ne devrais pas décider ça, ici et maintenant.

Je ne voulais pas l’accepter, mais si je devais refuser, je devais le faire seulement après avoir soigneusement examiné les contre-mesures mises à ma disposition. Dans tous les cas, je voulais avoir une longue discussion avec Hakuya à propos de toute cette affaire.

À ce moment-là, je m’étais levé de mon trône et j’avais déclaré cela. « Madame Marie, je comprends parfaitement votre requête. Cependant, je ne peux pas vous donner une réponse immédiate en raison de la gravité de votre requête. J’aimerais avoir le temps de pouvoir y réfléchir sérieusement. Nous devrions continuer cette discussion à une date ultérieure. »

« Bien sûr, » répondit-elle. « Je prierai pour que vous preniez la bonne décision. »

Marie avait alors docilement pris congé. Les négociations n’étaient pas terminées, mais elle ne me parut nullement déçue.

J’avais regardé de près le visage de Marie. Pendant tout le temps de la négociation, je l’avais regardé attentivement, mais il me semblerait que son expression n’avait presque jamais changé. Elle ressemblait vraiment à une poupée ou un robot.

Une poupée... artificielle... !?

Voici ce que je venais de le réaliser. Qu’est-ce que je ressentais en elle qui était « éteinte » ?

☆☆☆

Partie 4

Au moment où ma rencontre avec Marie avait pris fin, il était déjà tard dans la nuit.

Quand nous étions tous retournés au bureau des affaires gouvernementales, Roroa et Juna nous avaient accueillis. J’avais aussi immédiatement vu que Carla était avec les servantes et elle se tenait au centre de la pièce.

« Bienvenue, mon Chéri... Attends ! Qu’est-ce qui ne va pas ? » cria Roroa.

« Hmm ! Votre Majesté, il y a-t-il un problème ? » demanda Juna.

Au début, elles avaient toutes deux souri en nous entendant arriver, mais une fois qu’elles avaient vu mon visage, leurs visages avaient instantanément affiché de l’inquiétude.

Haha... Mon regard est-il si sombre en cet instant ? En vérité, cela pourrait parfaitement être le cas.

Juna avait alors appliqué ses doigts, doux et froid comme un petit poisson blanc, sur mon front avant de me dire. « Vous ne semblez pas avoir de la fièvre, mais... vous ne semblez pas bien aller, n’est-ce pas ? Aimeriez-vous prendre un peu de repos ? »

« Hé, Grande Soeur Cia ! Que s’est-il passé avec notre Chéri !? » s’écria Roroa en bondissant sur Liscia.

« Ne me le demande pas ! Je ne sais pas du tout pourquoi il est ainsi ! » répondit Liscia.

J’avais alors déclaré, « Oh..., c’est bon, je vais bien, » tout en effleurant doucement la main de Juna. Puis je m’étais assis sur une table dans le bureau des affaires gouvernementales. Après quelques secondes, je leur avais déclaré cela. « Désolé. Liscia, Aisha, Juna et Roroa... pourriez-vous venir ici ? »

Puis, après s’être toutes regardées les unes et les autres, les quatre filles vinrent lentement vers moi, presque craintivement. Quand elles furent assez proches de moi, je m’étais levé et j’avais largement ouvert mes deux bras avant de prendre mes quatre femmes entre mes bras tel un grand calin.

« Hein !? » sursauta Liscia.

« Ma parole !? » cria Aisha.

« Wooww..., » dit Juna.

« Attends ! Chéri !? » s’écria Roroa.

Elles avaient toutes laissé échapper de petits cris étranges en raison de la surprise, mais je les avais ignorées et je les avais serrées dans mes bras avec encore plus de force.

Pour celles qui regardaient cette scène depuis le côté, cela aurait pu ressembler à une mêlée, et cela n’aurait pas été très attirant, mais je pouvais sentir la chaleur provenant des quatre filles collées à moi. Tout ceci avait permis de finalement me calmer. Une fois que quelques minutes s’étaient écoulées, je les avais libérées.

Liscia avait alors replacé ses vêtements qui étaient légèrement désordonnés et elle me demanda en affichant un air légèrement en colère. « Bon sang... Allez-vous nous donner des explications sur ce dont il s’agit ? »

L’inquiétude qu’elle avait envers moi que je pouvais entendre cacher derrière la colère présente dans sa voix m’avait rendu un peu heureux.

« Oui, je vais tous vous révéler, » répondis-je.

« Souma, n’as tu pas été comme ça vers la fin de la réunion ? Que s’est-il réellement passé à ce moment-là ? » demanda Liscia.

« Pendant toute la discussion, il y avait quelque chose à propos de cette fille, Marie qui me semblait étrange. Elle avait quelque chose... qui clochait en elle, » dis-je.

« Quelque chose qui clochait en elle ? Dans mon cas, rien de ce qui venait d’elle ne m’a semblé suspect ? » Aisha pencha la tête sur le côté en pleine confusion.

J’avais secoué la tête. « C’est un peu différent de ce que vous pensez. La première fois que j’ai vu Marie, je pensais qu’elle était incroyablement belle. Mais... en même temps, j’avais l’impression qu’elle était en quelque sorte étrange. »

« Étrange ? Qu’est-ce que tu entends par “étrange” ? » demanda Roroa.

« J’aurais dû la trouver extrêmement attirante, et pourtant, je ne pouvais pas la voir comme ça. C’était même l’opposé. Voilà comment je me sentais quand je la regardais, » répondis-je.

« Hm... de mon point de vue, elle m’a semblé être une fille vraiment mignonne, » dit Hakuya.

Tout à fait... Mais il était très probable que personne d’autre ne l’avait remarqué à part moi. Je l’avais remarqué à cause de qui j’étais, et à cause de ça, j’avais été capable de discerner la vérité derrière toute cette affaire.

« Au début, je ne l’ai moi-même pas remarqué, » dis-je. « Mais au moment où j’ai pensé qu’elle ressemblait à une poupée en raison de son manque d’émotion... non, je devrais plutôt dire quelque chose d’artificiel si je devais aller au fond de mes pensées, alors... j’ai finalement réalisé ce que j’avais ressenti pendant tout ce temps. Elle... ressemble à chacune de vous. »

« Elle nous ressemble ? Comment ? » demanda Liscia.

Après qu’elle m’avait demandé ça, j’avais posé ma main sur l’épaule de Liscia avant de lui répondre. « Comme toi, Liscia. »

« Hein !? Comme moi !? » s’écria Liscia.

« Tout à fait. Et aussi comme Aisha et aussi comme Roroa, » ajoutai-je.

« Hein !? Elle aussi ? » demanda Aisha.

« Aussi, comme moi ? » demanda Roroa.

Aisha et Roroa se regardèrent après avoir entendu ce que je disais.

J’avais regardé Hakuya avant de lui demander ça. « Hakuya, si vous deviez décrire le visage de Marie pour ceux qui n’étaient pas là, comment l’exprimeriez-vous ? »

« Eh bien, laissez-moi réfléchir... elle avait des traits réguliers, des cheveux argentés, et elle avait ses cheveux attachés en deux queues de cheval... !? » Hakuya semblait l’avoir remarqué, et ses yeux s’étaient écarquillés à ce moment-là.

J’avais acquiescé. « Voici comment je la décrirais. Ses traits du visage réguliers sont comme ceux de Liscia. Ses cheveux d’argent ressemblaient à Aisha en tant qu’elfe sombre, et sa coiffure était proche de celle de Roroa. En d’autres termes, le visage de Marie était comme un assemblage des visages de Liscia, Aisha et Roroa. »

« N-Nos visages !? » cria Liscia.

Tout à fait. La raison pour laquelle je n’avais pas été attiré par elle, bien qu’elle soit si jeune et belle, était à cause de la déconnexion quant à mes attentes. Si un jour, de nulle part, Aisha avait soudainement acquis des traits faciaux humains, cela me surprendrait, et si les cheveux de Liscia ou de Roroa étaient devenus argentés, il serait naturel que je pense que quelque chose était hors de propos.

Aisha leva la main et avant de parler. « Attendez. Si elle est un mélange de toutes les caractéristiques de vos fiancées, quelle partie d’elle serait issue de Juna ? D’après ce que j’ai vu, sa silhouette était plutôt dans la moyenne. »

« Voilà, vous êtes dans le mile, » dis-je. « D’après ce que j’ai vu, Marie n’a pratiquement rien en commun avec Juna. Si je devais quand même vous donner quelque chose, je dirais que ses yeux sensuels étaient similaires, mais c’est un peu léger en ce qui concerne les traits. Cela doit être tout simplement une coïncidence. Mais dans ce cas... Est-ce que l’une de vous peut me dire quelle est la différence entre Juna et vous trois ? »

« Je suis la seule candidate pour être une reine secondaire, » répondit Juna. « Mais d’ailleurs, je suis aussi... la seule dont les fiançailles avec vous n’ont pas encore été annoncées officiellement ! » Juna frappa dans ses mains alors qu’elle découvrait la vérité.

J’avais acquiescé. « Tout à fait. Mon engagement pour mes trois autres fiancées a déjà été annoncé officiellement, mais nous n’avons pas encore pu annoncer Juna à cause de son travail de Lorelei. En d’autres termes, on ne sait pas qu’elle est ma fiancée. Donc, quand on pense au fait que Marie, qui possède les caractéristiques marquantes de toutes mes fiancées sauf Juna, a été envoyée ici, combinée avec le fait que les espions de l’État Pontifical Orthodoxe ont été plus actifs dans la ville du château, nous pouvons en déduire que les espions recueillaient des informations sur l’apparence qu’ont mes fiancées. Ils l’ont fait afin de créer une femme que je voudrais, ou du moins que je ne pourrais pas trouver désagréable, et ils me l’ont envoyée à moi en tant que Sainte. »

« Souma, c’est..., » commença Liscia.

« Oui, je sais... Quand j’ai dit : “De la façon dont vous dites cela, c’est presque comme si vous veniez m’épouser”, vous souvenez-vous de ce que Marie m’a donné comme réponse ? » demandai-je.

« Si Votre Majesté le désire, vous pouvez faire avec mon corps tout ce que vous souhaitez, s’il vous plaît. Je vous offre mon corps et mon cœur comme je le fais au service de Dieu, » Marie l’avait dit sans hésitation.

Une fille adaptée à mes goûts m’avait été envoyée, et cette fille avait dit : « Vous pouvez faire avec mon corps tout ce que vous souhaitez, s’il vous plaît, » et « Je vous offre mon corps et mon cœur ». Puis, comme s’ils demandaient une compensation, ils avaient essayé de faire passer leurs propres revendications. En d’autres termes...

« Pour l’État Pontifical Orthodoxe, la Sainte est un pot de miel posé pour les acteurs au niveau de l’État, » annonçai-je.

« Ce qu’ils font revient à la même chose que les nobles qui essayent de vous vendre leurs filles à tout prix..., » déclara Liscia qui semblait exaspérée par cette révélation.

Franchement, pour un pays dirigé par des hommes d’Église, ils étaient arrivés avec quelques idées vraiment vulgaires. Il semblait que, en tant que pays, l’État Pontifical Orthodoxe était une entité très humaine.

« Une fois que j’ai compris ce qui se passait quant à cette situation... j’ai demandé à Marie comment elle avait été choisie pour être une Sainte, » dis-je. « Après lui avoir demandé ça, elle m’a gentiment donné une explication détaillée. »

Elle m’avait dit que la sainte avait été choisie parmi les religieuses de l’église centrale à la suite de révélations divines contenues dans le Lunalith, leurs écritures sacrées. La plupart de ces religieuses étaient à l’origine des orphelines, et elles étaient presque une cinquantaine. L’objectif derrière ça était très probablement de garder un stock diversifié de saintes potentielles pour les dirigeants qu’ils voulaient séduire.

Les religieuses avaient été formées à l’église centrale, et avaient grandi en apprenant les doctrines de la foi dans un endroit coupé du monde séculier afin qu’elles deviennent des croyantes obéissantes. Ensuite, si elles atteignaient un certain âge sans être choisies comme saintes, elles étaient envoyées dans les églises de chaque région en tant qu’évêques.

Après mon explication...

« Mais c’est... vraiment terrible, » Aisha avait indiqué ouvertement son dégoût. « Alors elles sont vraiment comme des poupées. C’est comme si elles n’avaient pas de volonté propre. »

« Allons, allons, Grande Soeur Ai, » Roroa était intervenue dans la discussion. « Ceci ne me semble pas si mal comme affaire. »

Aisha avait critiqué le système, mais Roroa semblait être d’un avis différent.

« Peu importe le pays où vous allez, il n’y a rien de plus difficile à avoir que de bons orphelinats, » déclara Roroa. « S’ils ne sont pas éduqués au moment où ils sont en âge de travailler, ils finiront par être utilisés pour une main-d’œuvre bon marché. Il est rare de trouver des endroits comme le nôtre qui enseignent la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Pour les filles qui sortent des orphelinats... souvent, vendre leur corps est la seule chose qu’elles peuvent faire. Si l’on regarde cette situation, si elles reçoivent de la nourriture, des vêtements et un abri de la part de l’église, ne pensez-vous pas que c’est une chance inespérée pour elles ? »

« Mais elles sont élevées afin qu’elles puissent être offertes en offrandes aux dirigeants étrangers. Est-ce que vous vous en rendez compte ? » s’écria Aisha.

« Je ne dis pas que j’aime ça, » répondit Roroa. « Mais l’utilisation des filles pour former des liens est quelque chose que fait chaque maison noble, maison de chevalier, ou même plus importante. Je pourrais même dire que... d’une certainement manière, j’ai aussi été utilisée ainsi dans un but politique. »

« Oh..., » quand Roroa l’avait expliquée de cette manière, Aisha avait été à court de mots.

C’était vrai, quand Roroa avait arrangé son propre mariage pour protéger son peuple, on pouvait dire qu’elle avait utilisé sa position de femme et même son propre corps pour ça.

« Désolée..., » s’excusa Aisha.

Roroa avait simplement déclaré. « C’est tout à fait naturel », en bougeant les mains. « D’ailleurs, je n’ai jamais entendu parler de plusieurs Saintes. En d’autres termes, pour toutes les nonnes autres que cette fille, Marie, cela ne leur arrivera pas. Bien sûr, même pour la Sainte, l’appeler une offrande fait que cela sonne mal, mais si un seigneur pose ses mains sur une fille, elle est prête à se marier pour de l’argent. Je me suis mariée pour des raisons politiques, et pour ma part, je suis très heureuse maintenant de cette décision. Alors, c’est à elle de décider si elle sera heureuse ou non dans un tel mariage. »

Roroa avait déclaré cela d’une voix ferme. Elle était vraiment... une femme forte.

« Je suis d’accord avec l’opinion de Roroa, » avais-je dit. « Je n’aime pas leurs méthodes, mais ce n’est pas un système dont nous devons parler. Je veux dire par là que c’est après tout le problème d’un autre pays et pas le nôtre. »

« Eh bien... alors dans ce cas, pourquoi as-tu l’air si horrible... ? » demanda Liscia en me regardant droit dans les yeux.

J’avais alors placé une main sur ma tête. « Ce qui m’a choqué... était que Marie avait accepté qu’elle soit une sainte, et qu’elle est prête à aller de pair avec ça en sachant exactement ce que cela signifiait. »

☆☆☆

Partie 5

Après avoir terminé l’audience, j’avais demandé à Marie une chose qui me dérangeait. « Madame Marie, ne doutez-vous pas quant au fait d’être traitée si soudainement comme une sainte ? Tout à coup, vous devez porter sur vos épaules la dignité de votre pays, puis vous devez comparaître devant un roi étranger et vous êtes censée dire à ce roi inconnu : “Je vous offrirai mon corps et mon cœur”. C’est un fardeau bien trop lourd pour les épaules d’une personne. J’aurais pensé qu’une telle vie serait trop cruelle pour qu’une jeune fille ordinaire se retrouve dans une telle position. »

Marie avait simplement souri avant de me répondre. « Par la volonté de Lady Lunaria, j’ai eu le grand honneur de devenir une sainte. La sainte est le visage de l’État Pontifical Orthodoxe. Après avoir reçu un tel rôle, plutôt que de vivre pour mes propres sentiments, je veux remplir les fonctions qui m’ont été confiées. Je fais cela parce que c’est ce qui est le mieux pour le pays et par la même occasion, pour tous. »

« ... Abandonneriez-vous vos souhaits pour le bien des autres ? » demandai-je.

« Il s’agit de mon devoir naturel en tant que celle qui a reçu un plus grand honneur que la plupart des autres personnes. Je pense qu’en tant que roi, vous comprenez bien cela, n’est-ce pas, Sire ? » demanda-t-elle.

J’étais tombé silencieux.

« Le fait de vivre de la façon dont les autres veulent que vous viviez, » avait-elle dit. « Je crois que c’est une merveilleuse façon de vivre, et je peux en être fière. Pour les personnes qui me vénèrent comme une sainte, j’ai l’intention de me donner pleinement pour les servir. »

Pour les personnes qui l’ont révérée comme une sainte... hein.

Elle devait croire de tout son cœur que vivre comme les autres le voulaient était une chose dont elle pouvait être fière. Quand j’avais vu le sourire de Marie, les paroles d’une autre sainte avaient traversé mon esprit.

« Je suis peut-être une impératrice, mais je suis tout de même un être humain. Au lieu d’être vénérée comme une sainte, je veux rester une personne et être aimée en tant que personne. »

Pour l’une de ses personnes, être une sainte était quelque chose dont il fallait se glorifier, et elle avait choisi d’agir comme une sainte.

Pour l’autre, elle avait refusé d’être une sainte et avait insisté pour être une personne.

« Je pense qu’en tant que roi, vous comprendrez bien cela, n’est-ce pas, Sire ? » m’avait demandé avant ça Marie.

Quelle voie dois-je choisir... ?

***

« Il fut un temps... où je pensais de la même manière que Marie, » j’avais déclaré ça à mes compagnons assemblés, comme si je confessais mes péchés à l’église. « Carla, vous en souvenez-vous ? Que s’est-il passé pendant la bataille avec les forces de la Principauté ? »

« Voulez-vous parler de cette fois-ci... ? » Carla, qui était restée debout dans le coin de la pièce, avait dit cela dans un murmure.

Je parlais de l’époque lors de la guerre avec Gaius VIII et avec les nobles corrompus quand, afin de protéger mon cœur de la pression qui pesait sur mes épaules, j’avais mis de côté mes propres sentiments et j’avais essayé de me focaliser uniquement sur le rôle du roi sans penser à moi. Si je n’avais pas fait cela, je n’aurais pas pu supporter le poids de toutes ces vies perdues à cause de mes ordres.

« Nous sommes des personnes, donc nous souffrons en raison de l’ampleur de nos responsabilités, » déclarai-je. « Et comme nous sommes des personnes, nous souffrons quant aux décisions que nous avons prises. Cette fois-ci, quand je fus forcé dans une guerre que je ne voulais pas, mais que je n’avais pas d’autre choix que de me battre de toutes mes forces, peu à peu, sans m’en rendre compte, j’ai commencé à agir comme un système appelé “le roi”... comme si j’étais simplement une machine. J’avais fait cela parce que si j’étais une machine, je n’avais pas à souffrir, ni à penser et à agoniser sur des décisions que j’aurais prises. »

« Souma..., » Liscia avait affiché un regard empli d’inquiétude quand elle entendit ça, mais je lui avais fait un sourire en coin tout en secouant la tête.

« Quand Carla m’a demandé : “N’avez-vous pas peur de mourir ?”, cela m’a fait réaliser à quel point mon esprit était déformé par cette adversité pour être ainsi prêt à accepter de mourir en tant que roi sans même sourciller. Grâce à cela, j’ai pu m’arrêter. Quand je pense comment les choses se seraient déroulées si Carla ne me l’avait pas fait remarquer... Je frissonne rien qu’à y penser. J’aurais très certainement pu finir comme Marie. Quand je pense à tout ça, cela me fait vraiment très mal. »

Quand j’avais imaginé à ce que ce serait comme si une version de moi qui était devenue le système appelé « un roi » avait été ici et était maintenant debout devant Liscia ainsi que d'autres personnes... cela m’avait fait peur.

Le moi qui était devenu capable de tout accepter parce que j’étais le système appelé « roi » pouvait-il rendre Liscia et les autres femmes qui deviendrait mes épouses heureuses ? ... Non, il ne pouvait pas.

« Je veux rester une personne et être aimée en tant que personne. »

Oui... C’est vrai, Madame Maria, pensai-je.

Si je ne pouvais pas remarquer les larmes de Liscia et des autres, si je ne pouvais pas faire sourire Liscia ainsi que les autres femmes, même si cela signifiait souffrir sous un lourd fardeau et agoniser en raison des décisions que je prenais...

Je ne voulais pas devenir un simple système.

« Oui, moi aussi, je préfère être une personne, » avais-je affirmé.

« Souma ? » demanda Liscia. « ... Hein !? »

J’étais à nouveau descendu du bureau, j’avais marché pour me placer à côté de Liscia et j’avais serré son corps mince contre moi. Mon action soudaine avait laissé Aisha, Juna et Roroa totalement abasourdies.

« Wo... euh ?! » s’exclama Aisha.

« Oh mon Dieu ! » s’écria Juna.

« Wôw, Grande Sœur Cia, ce n’est pas juste, » déclara Roroa.

Alors que les trois autres filles nous regardaient fixement, Liscia avait très rapidement viré dans une nuance de rouge vif, alors que ses yeux plongeaient rapidement vers le bas. « E-Euh... Souma ? Puis-je peut-être... te demander de me lâcher ? C’est un peu embarrassant... Tout le monde nous regarde... »

Même si Liscia m’avait dit ça, je l’avais ignorée et je l’avais serrée dans mes bras avec encore plus de force. Si elle n’aimait vraiment pas ce que je lui faisais subir, je savais que Liscia était plus que capable de me repousser.

J’étais toujours accroché à Liscia alors que j’avais parlé à Hakuya. « Je ne deviendrai pas le roi saint. Je ne laisserai pas l’État Pontifical Orthodoxe se frayer un chemin jusqu’ici. J’ai une politique à l’esprit qui mettrait en échec les plans de l’État Pontifical Orthodoxe, mais... elle serait probablement juste assez bonne pour nous faire gagner du temps. Si nous arrivons avec une solution plus radicale à ce problème, tous les disciples de l’Orthodoxie Lunaire dans le pays deviendraient un problème. J’espère avant ça qu’on puisse les marginaliser, ou alors les rendre inoffensifs... »

« Attends, pourquoi parles-tu de choses sérieuses en me tenant comme ça ? » cria Liscia.

« Hm... Dans ce cas, laissez-moi gérer les contre-mesures pour faire face à cette situation, » déclara Hakuya. « J’ai quelques idées de mon côté. J’emprunterai Kagetora et quelques membres des Chats Noirs à ces fins. »

« Vous aussi, Hakuya ! Pourquoi tenez-vous une conversation ordinaire alors que je suis dans une telle situation ? » demanda Liscia.

« D’accord, » répondis-je à Hakuya. « Demain, nous partagerons nos idées et nous travaillerons sur nos projets. »

« Il en sera fait selon votre volonté, » répondit Hakuya.

« Ignorée !? Je suis totalement ignorée !? » cria Liscia.

« Merci, » dis-je. « Hakuya, je comptes sur vous. Et maintenant... »

Tout en me grattant la joue, je m’étais tourné vers Aisha, Juna et Roroa avant de leur dire. « Désolé, mais pourriez-vous laisser Liscia et moi seuls cette nuit ? »

« “‘?!’” »

Au moment où elles avaient compris ce que ces mots sous-entendaient, les yeux d’Aisha, de Juna et de Roroa avaient semblé vouloir sortir de leurs orbites en raison de la surprise. Quant à Liscia, qui avait protesté avec véhémence jusqu’à maintenant...

« Euh... Euh... » Cela donnait l’impression qu’elle ne pouvait même pas articuler des mots correctement, et qu’elle ouvrait et fermait simplement sa bouche comme un poisson rouge !

Face à une Liscia qui était habituellement si digne, j’avais pensé : hé, elle sait aussi faire des grimaces comme ça, j’avais trouvé tout ceci très amusant.

« Mon Chéri ! Cela signifie-t-il que vous allez tous les deux..., » Roroa était revenue à elle et elle avait essayé d’obtenir des réponses...

Mais Juna posa une main sur son épaule et l’arrêta. « Roroa !! »

Puis elle avait dit quelque chose à Roroa et Aisha dans un murmure avant de se retourner et de me faire un large salut.

« Maintenant, princesse, Votre Majesté, nous allons prendre congé de vous, » après avoir dit ça, Juna était tranquillement sortie de la pièce.

« Euh... Votre Majesté, Princesse, bonne nuit..., » déclara Aisha.

« Murgg... Grande sœur Cia ! Il faudra tout me dire demain matin, d’accord ? » demanda Roroa.

Aisha et Roroa avaient suivi Juna et elles avaient toutes quitté la pièce.

« Eh bien, on se voit demain, » déclara Hakuya. « Reposez-vous bien. »

« Je-Je serais en faction à l’extérieur de la pièce... S’il vous plaît, soyez doux avec elle, Maître..., » déclara Carla.

Avec Hakuya et Carla étant les derniers à partir, Liscia et moi étions seuls dans la pièce.

J’avais soulevé Liscia, qui était pétrifiée.

Hey, elle était plutôt légère. Son corps était un peu musclé, mais dans l’ensemble, elle avait une silhouette élancée, et donc la différence de poids entre nous avait fait qu’il avait été facile pour moi de la soulever. Quand je l’avais fait s’asseoir sur le lit pour une personne qui était comme toujours placé dans le coin de la pièce, Liscia avait finalement repris ses esprits.

À la lueur des bougies, nous nous étions assis côte à côte sur le lit, en nous regardant droit dans les yeux.

« H-Hum, Souma ? Ça signifie-t-il... bien ce que je pense en ce moment ? » demanda Liscia avec son visage qui était vraiment très rouge.

Mes joues avaient aussi commencé à être chaudes alors que je lui répondais. « Hm... Oui. C’est bien... ce genre d’intention... »

« O-Oh, je vois..., » répondit-elle.

« ... Ne pouvons-nous pas le faire ? » demandai-je.

« Non ! Ce n’est pas que nous ne pouvons pas ! Ce que je veux dire, c’est que j’attendais pour ça..., » Liscia secoua la tête. Bien que ses paroles étaient dites en bégayant et en s’affaiblissant, je les avais quand même entendues. « M-M-M-Mais, pourquoi si soudainement ? Tu-Tu m’as fait attendre si longtemps. »

« Oh... je sais, eh bien... Je pensais que je devrais attendre jusqu’à ce que le royaume soit plus stable, jusqu’à ce que je sois capable d’en assumer la responsabilité, jusqu’à ce que nous ayons franchi toutes les étapes, mais..., » commençai-je mon explication.

Bon sang, c’était vraiment embarrassant ! Je m’étais alors gratté l’arrière de la tête.

« Mais... Quand j’ai vu Marie, et que j’ai pensé au fait que je veux être une personne et non pas un système. Après ça, je ne pouvais pas me retenir plus longtemps. J’ai alors voulu... agir sur une impulsion humaine, et j’ai voulu que tu m’acceptes ainsi, » expliquai-je.

« J-Je vois..., » répondit Liscia.

Cela, et les paroles de Maria, « Je veux rester une personne et être aimée en tant que personne », avaient probablement aussi un effet sur moi.

Je voulais être une personne, et je voulais aimer Liscia ainsi que par les autres en tant que personne.

Je voulais que Liscia et les filles de ma vie m’aiment en tant que personne.

Je me sentais comme ça, et je ne pouvais plus du tout me réfréner.

... Eh bien ! Dans un instant comme celui-ci, je n’allais certainement pas lui dire que les paroles d’une autre femme avaient eu un effet aussi profond sur moi.

« Hum, mais... je trouve que d’avoir notre première fois dans le bureau des affaires gouvernementales, ce n’est pas très attrayant, » déclara Liscia, trébuchant sur ses mots, alors qu’elle pliait son haut qu’elle avait retiré et qu’elle avait placé de côté afin qu’il ne soit pas plissé.

J’avais également enlevé ma chemise, et j’avais tiré à moi Liscia qui ne portait plus que ses sous-vêtements blancs.

Étais-je celui qui tremblait, ou était-ce elle... ? Cela aurait bien pu être nous deux. Aucun de nous n’était habitué à cela, et c’est ainsi que nous nous enlacions maladroitement dans le lit. Nous nous étions embrassés une fois, puis...

« Eh bien, veux-tu faire ça ailleurs ? » avais-je chuchoté à l’oreille de Liscia.

Après que j’eus dit ça, Liscia avait souri et avait secoué silencieusement sa tête avant de dire. « Non. Ici, c’est parfait. Car après tout, ici est... »

l’endroit où toi et moi, nous nous sommes rencontrés pour la première fois...

☆☆☆

Partie 6

« Nngh... Hm ? » murmurai-je.

Quand la lumière était passée à travers la fenêtre et m’avait réveillé, le visage de Liscia était tout simplement devant le mien.

Nous partagions un seul oreiller, donc nous étions tous les deux proches. En ce moment, elle dormait paisiblement.

À chaque respiration de faible amplitude faite par Liscia, sa poitrine s’éleva et descendit doucement sous les couvertures. Le simple fait de la voir comme ça avait provoqué en moi un mélange indescriptible de joie, d’embarras et d’amour, et je n’avais pas pu m’empêcher de tendre la main afin de tendrement toucher sa joue.

Au moment où j’avais fait cela, un « Murgh » était sorti de sa bouche, et Liscia se contorsionna légèrement comme si quelque chose la chatouillait puis elle ouvrit lentement les yeux.

Elle était probablement encore en train de rêvasser. Au départ, elle ne semblait pas savoir où elle était, et elle commença à regarder autour d’elle, puis elle remarqua mon visage qui se tenait juste à côté d’elle.

« Oh... Souma. Bon matin..., » dit-elle avec un sourire. Il s’agissait d’un sourire aussi doux que la lumière du matin qui brillait dans la pièce.

Sa réaction était incroyablement mignonne, alors je n’avais pas pu m’empêcher de la serrer contre moi avant de placer un baiser sur sa paupière gauche à moitié fermée. Liscia, encore toute endormie, laissa échapper un rire indiquant qu’elle était chatouilleuse.

« Souma, bon sang, qu’est ce que tu crois faire ? » demanda-t-elle.

« Hmm, tu sais, j’aimerais continuer à te regarder comme ça, mais... désolé, Liscia, s’il te plaît, il faut que tu te lèves, » dis-je.

« ... Hein !? » demanda-t-elle.

Cette fois-ci, comme je lui avais donné une légère secousse avec mes paroles, les yeux de Liscia s’ouvrirent complètement. Au moment où ses yeux s’ouvrirent brusquement, le visage de Liscia devint si rouge que je pouvais presque entendre l’effet sonore qu’on verrait dans un animé comique. Quand elle avait finalement réalisé la situation, tout son embarras s’était très probablement enflammé d’un coup. Bien sûr, cela incluait aussi ce qui s’était passé au cours de la nuit dernière.

J’avais doucement caressé la tête de Liscia. « Bon matin, Liscia. »

« B-Bon matin, Ohh... Ne me regarde pas autant, » déclara Liscia.

« Ne pas te regarder ? Mais je t’ai vue entièrement nue la nuit... Hmph ! » commençai-je.

Liscia avait plaqué un oreiller en plein dans mon visage.

« Cela ne le rend pas moins embarrassant ! » cria-t-elle.

Liscia serra la couverture contre elle et me lança un regard noir.

Eh oui, elle était assurément mignonne. Je l’aurais presque plaquée contre le lit à ce moment-là... mais à la place, j’avais simplement poussé l’oreiller sur le côté avant de m’étirer.

« Eh bien... Je pense que je ne le ferais plus jamais dans le bureau des affaires gouvernementales, » annonçai-je.

« ... Pourquoi ? » demanda-t-elle.

« Parce que c’est notre lieu de travail, donc je vais devoir leur demander après ça de nettoyer après nous. Je voudrais encore plus flirter avec toi, et c’est vraiment pénible de devoir me lever, » déclarai-je.

« J-Je vois..., » répondit-elle.

Je m’étais levé et j’avais enfilé les vêtements que je portais hier. Je n’avais pas apporté de vêtements de rechange, alors je devrais retourner dans ma chambre pour en obtenir.

Après m’être rapidement habillé, j’avais demandé à Liscia, « Alors... te sens-tu bien ? »

« O-Oui... Je me sens un peu courbaturée..., » répondit-elle.

« D’accord. Alors, permets-moi d’être celui qui demande aux servantes de tout nettoyer, » déclarai-je.

« Oui, » dit-elle. « Pourrais-tu faire ça pour moi ? »

J’avais effectué un baiser sur le front de Liscia puis j’avais quitté le bureau des affaires gouvernementales.

Quand j’étais sorti par la porte, j’avais été accueilli par une Carla au visage rouge, qui détournait les yeux, et une Serina qui souriait légèrement. J’avais compris pourquoi Carla était là puisqu’elle était de faction, mais pourquoi Serina ?

Serina avait affiché un léger sourire impassible avant de me déclarer : « La nuit dernière, on dirait que vous vous êtes bien amusés. »

Wôw... Cette phrase, quand quelqu’un vous le disait réellement dans la vraie vie, c’était vraiment frustrant.

« ... Vous êtes debout tôt, Chef des Servantes, » avais-je répliqué.

« C’est normal, je suis après tout la servante personnelle de la princesse, » avec cette réponse, que je n’étais pas sûr d’avoir vraiment accepté sa raison, Serina m’avait fait un élégant salut.

J’avais alors pensé, oh oui, elle a vraiment eu beaucoup de plaisir cette nuit..., mais je savais que si je disais quelque chose, il y aurait trois fois plus de piques verbales que je devrais esquiver, alors j’étais resté silencieux. Il était préférable de laisser son côté sadique endormi le plus longtemps possible. Si vous pouviez fermer les yeux sur sa mauvaise habitude d’intimider les jolies filles, elle était extrêmement compétente dans son travail.

« Serina, Carla... Prenez soin de Liscia pour moi et occupez-vous également de la chambre, » dis-je.

« Compris, » répondit Serina. « Allons-y, Carla. »

« O-Oui, m’dame ! » répondit Carla.

Serina et Carla se prosternèrent devant moi avant d’entrer dans la pièce. Quelques secondes plus tard, depuis l’intérieur de la pièce...

« S-Serina !? Je suis toujours nue là ! » cria Liscia.

« S’il vous plaît, nous devons nettoyer, alors sortez maintenant du lit, » répondit Serina. « Si vous ne le faites pas, Carla va devoir vous transporter hors de cette pièce, le lit compris. »

« Carla, attends ! Ne lève pas le lit ! »

« ... Désolée, » déclara Carla. « Je ne peux pas défier la chef des servantes, car sinon elle va m’humilier après ça... »

« Eeeek! »

Eh bien, j’avais entendu des voix et beaucoup de claquements.

Allez, Liscia. Soit forte !, pensai-je.

« Maintenant..., » j’avais giflé mes joues, car il était temps de changer d’état d’esprit. Avec l’approfondissement de ma relation avec Liscia, j’avais l’impression que j’avais besoin d’être toujours plus déterminé.

Afin de défendre ma famille bien-aimée, j’allais devoir mettre toutes mes forces dans la théocratie.

« Eh bien, je suppose que je dois aller voir pour les arrangements avec Hakuya, » déclarai-je pour moi-même avant de parcourir le corridor.

 

☆☆☆

 

Quelques jours plus tard...

J’avais envoyé un message à la Sainte Marie qui séjournait à l’église Lunarienne à Parnam pour l’informer que je tiendrais une autre réunion avec elle. Marie avait répondu qu’elle viendrait sous peu au château.

Et ainsi, une fois de plus, Marie et moi nous nous étions affrontés dans la salle d’audience du Château de Parnam. Il s’agissait d’une audience avec les mêmes visages présents, et debout dans les mêmes endroits que la dernière fois. Je n’avais pas pu me concentrer pendant la précédente audience parce que quelque chose m’avait frappé à propos de Marie, mais maintenant que je connaissais l’astuce, je pouvais la regarder avec les idées claires.

La revoyant après quelques jours, Marie était toujours belle, et toujours comme une poupée. J’avais échangé de courtes plaisanteries avec elle, puis j’avais décidé d’aller directement au sujet principal.

« Maintenant, en ce qui concerne l’introduction de l’Orthodoxie Lunaire en tant que religion d’État..., » commençai-je.

Elle avait attendu tout en restant silencieuse.

« Si vous pouvez accepter deux conditions, alors cela ne me dérange pas de le faire, » déclarai-je.

« Conditions... ? » Marie, interrogative, inclina la tête sur le côté.

Je lui avais répondu avec le ton le plus léger que je pouvais avoir. « Oh, ce n’est rien de bien difficile. La première est que vous ne faites pas de moi le Roi Saint de l’Orthodoxie Lunaire. Je ne veux pas que vous commenciez à m’appeler de façon unilatérale. Je veux un accord ferme sur ce point. »

« Pourquoi donc ? Si vous devenez notre Roi Saint, vous resteriez au-dessus des fidèles de l’Orthodoxie Lunaire dans tous les pays, vous savez ? » Marie semblait perplexe.

Je secouai la tête avec un sourire ironique. « Je ne peux pas l’accepter parce que je ne suis moi-même pas un adepte de l’Orthodoxie Lunaire. Si quelqu’un comme moi était soudainement nommé Roi Saint, je suis sûr qu’il y aurait de la résistance de la part des croyants, voir même des oppositions. Je suis désolé, mais je vais devoir décliner la proposition. »

« Oh... je vois, » répondit-elle.

Bien que Marie ait été déçue, elle avait docilement accepté ce point.

Bien sûr, la raison que je lui avais donnée était juste une excuse. Je n’avais aucun désir d’être leur Roi Saint, ou quelque chose comme ça, et je ne pouvais pas nous laisser régresser dans un pays où l’église contrôlait l’éducation. Mon but ici était d’empêcher l’État Pontifical Orthodoxe de me nommer Roi Saint et de me faire porter l’étendard dans leur conflit avec l’Empire.

« Maintenant, quant à la deuxième condition... Je vais demander au Premier ministre Hakuya de tout vous expliquer, » avais-je dit.

Hakuya posa une main à sa poitrine et s’inclina avant de faire un pas en avant. « Permettez-moi de l’expliquer. L’autre condition que nous présentons est que nous voulons inviter un évêque de l’État Pontifical Orthodoxe à venir ici et à gérer les croyants de l’Orthodoxie Lunaire dans le pays. »

« Bien sûr, nous pouvons le faire, » déclara Marie. « J’avais l’intention de venir moi-même ici. »

Hakuya avait répondu. « Oh, nous ne pourrions jamais vous demander de faire ça » et il avait agité la main. « Nous n’avons aucun désir d’imposer ça à une Sainte. Nous avons une personne spécifique que nous aimerions inviter ici en tant qu’évêques. »

« Vous avez quelqu’un que vous voulez faire venir ici ? Qui cela pourrait-il être ? » demanda Marie.

« Mgr Souji Lester, » déclara Hakuya.

Marie était devenue silencieuse. Au moment où elle avait entendu ce nom, son front s’était un peu plissé pendant quelques secondes.

Je ne l’avais vu que pendant un instant, mais c’était un regard de répulsion. Il s’agissait de la première réaction humaine que j’avais vue d’une Marie ressemblant à une poupée.

Marie avait demandé à Hakuya avec une expression légèrement raide, « Sire Hakuya, êtes-vous... conscient de quel genre d’homme il est ? »

« Oui. J’ai entendu dire qu’il est très compétent. »

« Non, il est juste rusé, » déclara Marie. « Je ne peux pas dire... que je le recommanderais. Il extorque de grandes quantités d’argent aux croyants, boit beaucoup, joue avec des femmes et se livre à de nombreux autres comportements indécents. Normalement, en tant qu’homme d’Église, il aurait dû renoncer à de tels désirs, mais cet homme est embourbé dans la laïcité et fait ce qu’il veut. Sa Sainteté et les cardinaux considèrent son comportement comme un problème. Moi-même... le trouve aussi déplaisant. »

C’était un rejet ferme. Il semblerait qu’il s’agissait d’un homme que même cette fille-poupée détesterait. Maintenant, j’étais encore plus intéressé.

« Comment un homme comme ça est-il devenu un évêque ? » demandai-je.

Les lèvres de Marie se tendirent. Il y eut une courte pause avant qu’elle ne les rouvre pour dire, « C’est... une chose embarrassante à dire, mais nous, dans le sacerdoce, sommes soutenus par les dons de nos fidèles. Il y avait des cardinaux qui ont défendu Mgr Souji parce que, quelles que soient ses méthodes, il a pu apporter de gros dons... »

Ah... Je commençais à voir comment ça fonctionnait.

Ce Souji avait très probablement payé des pots-de-vin à un certain nombre de cardinaux. Même si leur Sainte ne l’était pas, les échelons supérieurs de l’église étaient très humains et très corrompus. C’était pourquoi même s’ils voulaient l’éjecter de là, ils ne pouvaient pas.

« Cependant, » déclara Marie à Hakuya, « il y a maintenant des voix dans l’église disant qu’il devrait être expulsé. Je crois que ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne soit excommunié. Voulez-vous vraiment inviter un homme comme ça ici ? »

Même si elle le regardait avec une opposition claire dans ses yeux, Hakuya ne brisa jamais son sourire calme. « Cela semble tout simplement parfait pour moi. Si vous voulez l’expulser, nous le garderons ici dans notre pays. Vous voyez, Sa Majesté est très friande quand il s’agit de rassembler du personnel talentueux et il m’a dit que s’il y a un évêque comme ça, il voudrait le rencontrer. »

Je n’avais aucun souvenir d’avoir un jour dit quelque chose comme ça. Après tout, je ne savais rien de ce Souji, et je n’avais même jamais entendu son nom avant ces derniers jours. Cependant, on m’avait dit à l’avance que ce Souji serait un joueur clé dans le complot de Hakuya, alors j’avais hoché la tête comme si c’était vrai.

Marie regarda Hakuya avec un mécontentement apparent. « S’il vient ici en tant qu’évêque, cela le placerait à la tête de tous les croyants de l’Orthodoxie Lunaire dans ce pays. Je ne peux pas voir comment il serait à l’ampleur de la tâche. »

« S’il n’était pas à la hauteur de la tâche, alors nous pourrions simplement faire venir une autre personne à une date ultérieure, » déclara Hakuya avec un regard glacial. « S’il ne respecte pas nos normes, vous ne vous opposeriez certainement pas à ce que je dispose de lui personnellement. »

Wôw... Hakuya affichait certainement un regard maléfique. Pour commencer, il avait un visage qui indiquait une grande intelligence, alors ce sourire froid lui convenait bien. Mais franchement, il était assez effrayant ainsi.

Marie avait été submergée par l’intensité du regard d’Hakuya pendant un moment, puis s’était trouvée incapable de dire plus. « ... Très bien. En toute circonstance, s’il ne peut pas réussir à venir pour une raison quelconque, je prendrai sa place. »

Hakuya inclina la tête. « Oui, si cela se produisait, veuillez le faire. »

Les deux se regardèrent l’un et l’autre, chacun essayant de comprendre les motivations de l’autre. La poupée et le méchant se regardaient, et non seulement des étincelles semblaient voler, mais un air glacial se propagea dans toute la pièce.

Cet air était rebutant pour Liscia et moi, et Aisha, qui n’était pas habituée à ce genre d’atmosphère, avait l’air un peu malade. Peu importe, car tout était réglé.

Pour résumer ce qui avait été décidé ici étaient ces trois points :

Le Royaume de Friedonia accepterait l’Orthodoxie Lunaire comme religion d’État.

L’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria ne me nommerait pas Roi Saint.

Souji Lester serait envoyé par l’État Pontifical Orthodoxe en tant qu’évêque.

Avec l’affaire réglée, Marie nous avait dit au revoir et était partie. Elle n’avait pas été capable de me faire accepter d’être leur Roi Saint, mais elle avait été capable de faire adopter l’Orthodoxie Lunaire comme religion d’État, donc c’était un résultat décent pour elle. Je pensais qu’avec cela, elle devrait retourner tranquillement à l’État Pontifical Orthodoxe.

J’avais attendu les rapports m’indiquant qu’elle avait quitté le château, puis j’avais finalement pu me sentir un peu moins tendu.

« Ouf... Pensez-vous que nous avons été plus ou moins capables de gérer correctement la situation ? » demandai-je.

« C’est très probablement le cas, » répondit Hakuya. « J’en suis sûr que la Sainte croit qu’elle a accompli quelque chose. »

Il avait ensuite ri.

Comme je l’avais prévu, le rire de Hakuya semblait indiqué cela.

J’avais haussé les épaules et lui avais dit : « Hakuya, vous faites toujours cet horrible visage... »

« ... Oh, pardonnez-moi, » déclara-t-il avant de reprendre son expression nonchalante habituelle.

Je lui avais alors demandé. « Alors, avez-vous effectué les préparatifs afin d’accueillir cet évêque, Souji, ou... quel que soit son nom ? »

« Tout à fait. Les Chats Noirs dirigés par Sire Kagetora ont déjà infiltré l’État Pontifical Orthodoxe. Je suis sûr qu’ils sont déjà en train d’accompagner Sire Souji à un endroit près de la frontière. Je suppose qu’ils l’auront ramené à la capitale royale dans quelques jours. »

En regardant la capacité de collecte de renseignements qu’il avait démontrée en connaissant l’évêque nommé Souji, ainsi que la précision des préparations qu’il avait démontrée en prenant des mesures pour le protéger, c’était le genre d’attention méticuleuse aux détails que je m’attendais à recevoir de notre Premier ministre à la robe noire.

« Mais aviez-vous vraiment besoin d’envoyer les Chats Noirs afin de l’escorter ? » demandai-je.

« Au vu de la réaction de la Sainte, il semblerait qu’ils hésitent à dépêcher quelqu’un qui semble susceptible d’embarrasser leur pays en tant qu’évêque, » déclara Hakuya. « Afin d’assurer notre promesse que nous reconnaîtrions l’Orthodoxie Lunaire comme notre religion d’État, elle a accepté nos conditions ici, mais une fois qu’elle sera rentrée chez elle, il y avait le risque qu’elle revienne sur elles pour une “raison quelconque”. Par exemple, on pourrait nous dire que Souji a été blessé lors d’un accident, et donc qu’ils enverraient quelqu’un d’autre... ou une autre histoire de ce genre. C’est pourquoi j’ai décidé d’envoyer les Chats Noirs et de le ramener en premier. »

Blessé dans un accident... Hmm, dans mon esprit, je pouvais parfaitement imaginer l’État Pontifical Orthodoxe le faire. Il n’y avait aucune garantie qu’il ne « disparaîtrait » pas dans une prison, ou « mourrait d’une maladie soudaine » qui était en vérité un assassinat. Si tout cela avait été pris en considération, c’était bien grâce à Hakuya et je devrais le complimenter pour ça.

« Franchement, je suis impressionné que vous puissiez planifier aussi loin, » dis-je en plaisantant.

Liscia, qui se tenait à côté de moi, m’avait fait un regard froid. « Souma, n’es-tu pas toi-même l’intrigant ? Je veux dire par là que d’une certaine manière, tu as trompé cette pauvre et innocente Sainte. »

« Ne me fais pas passer pour si méchant, » dis-je. « Je ne lui ai dit aucun mensonge. »

Il n’y avait pas eu de mensonge quand je lui avais dit que je ferais de l’Orthodoxie Lunaire une religion d’État.

« Cependant, nous pourrions travailler sous différentes définitions de ce qu’est une “religion d’État”, » avais-je ajouté.

« Honnêtement... tout est dans la façon dont tu présentes les choses, » en vue du visage exaspéré que Liscia m’avait fait, je devais moi aussi avoir un joli regard machiavélique.

☆☆☆

Partie 7

Quelques jours plus tard...

Le château royal du Royaume de Friedonia avait annoncé que toutes les fois et les religions devaient être enregistrées auprès de l’État, et que toutes les religions qui recevraient cette reconnaissance seraient considérées comme des religions d’État. En d’autres termes, la signification d’une religion d’État dans le royaume avait été changée pour être identique à une corporation religieuse.

Le Roi Souma était apparu sur le Joyau de Diffusion de la Voix pour la première fois depuis longtemps afin de s’adresser à son peuple.

« Jusqu’à maintenant, dans ce pays, chaque personne, chaque famille et chaque race adorait tous les dieux qui leur plaisaient, » avait-il annoncé. « En plus des croyances ayant le plus grand nombre de croyants tel que le Culte de la Mère-Dragon et l’Orthodoxie Lunaire, les elfes sombres adorent le dieu qui protége la Forêt Protégée par Dieu, et il y a ceux qui adorent les dieux de la mer et de la montagne. Nous venons tous de races différentes et avons grandi dans des environnements différents, il est donc tout à fait naturel que les choses se soient passées ainsi. »

Les individus qui vivaient dans les villes de l’intérieur, dans les villages de montagne et dans les villes balnéaires avaient tous hoché la tête en accord avec ses paroles. Ils vivaient dans des endroits différents, donc c’était un fait que les choses qu’ils craignaient et les choses qu’ils adoraient seraient différentes.

L’image de Souma avait continué à parler aux habitants de son pays. « Nous sommes dans un État multiracial. Dans notre nation, les coutumes de nombreux groupes différents ont fondu et se sont mélangées, créant chaque jour de nouvelles formes de culture. Je crois que la foi devrait être selon le même principe. Ce dont ce royaume a besoin n’est pas l’unité sous un seul dieu. Je pense que l’harmonie vient de la reconnaissance de la liberté des individus de choisir ce en quoi ils veulent croire. Tout comme vous avez des êtres dans lesquels vous croyez, les autres aussi en ont. Je voudrais que vous tous l’acceptiez, et s’il vous plaît, soyez tolérant. Je suis sûr que si vous agissez ainsi, les autres seront également tolérants quant à vos croyances. »

Le peuple ne croyait qu’à moitié ce que Souma avait dit.

Dans ce pays où les médias ne s’étaient pas encore développés, ils avaient une connaissance limitée des autres religions. Fondamentalement, ils n’avaient aucune idée de ce qui était enseigné dans les églises des autres religions. C’était pourquoi ils étaient emplis de doutes. La suspicion avait donné naissance à des ogres dans les endroits sombres et avait transformé l’herbe des pampas séchées en fantômes.

Même si un groupe était de simples adorateurs de leur montagne, ceux qui se méfiaient d’eux pourraient penser qu’ils étaient membres d’une organisation maléfique secrète. Souma était bien conscient de cela.

« De quoi avons-nous besoin pour cultiver cette tolérance ? » demanda Souma. « De compréhension mutuelle. Peu importe comment je vous dis d’être tolérant envers les autres religions, nous ne pouvons pas accepter les religions maléfiques qui font des choses comme sacrifier des vierges pour invoquer des démons. Je ne vous demanderai pas d’être tolérant envers de telles religions. Cependant, je suis sûr qu’il est difficile de dire si la religion d’une autre personne est bonne ou mauvaise depuis l’extérieur. »

À ce moment-là, Souma avait fait une pause, avant de se remettre à parler pour souligner un fait. « Et c’est pourquoi nous nationalisons la religion. »

Il avait continué après quelques secondes. « Je veux que les représentants de chaque organisation confessionnelle enregistrent leur religion auprès du pays. Si vous réussissez l’examen, votre religion sera reconnue comme une religion d’État, et sera sujet toutes les quelques années à des enquêtes plus approfondies. »

« Le processus d’examen est simple. Vous devez seulement promettre de ne pas vous engager dans des activités répréhensibles telles que de tuer, de voler les biens des autres ou de vous livrer à des violences sexuelles au nom de votre religion. »

« Nuire aux individus est généralement contraire aux règles, mais certaines religions ici-bas pourraient s’engager dans l’automutilation. Pour toute question concernant les détails spécifiques, par exemple si le fait de faire un tatouage à quelqu’un constitue un préjudice, veuillez consulter les autorités locales. Je leur ai donné des directives spécifiques, comme accepter des choses quand les personnes le demandent par elles-mêmes, mais interdire les actes quand elles sont imposées aux autres qui n’en veulent pas. Alors, suivez leurs instructions et tout ira bien. »

« Si une religion ne peut pas faire cette promesse, ou refuse de s’enregistrer, elle sera traitée par les autorités comme interdites, alors s’il vous plaît soyez bien conscient de cela. Je suis sûr que nos habitants auraient du mal à dormir la nuit si des individus qui suivent des croyances aussi dangereuses étaient autorisés à vivre près d’eux. Je veux que vous compreniez bien ça. »

Après avoir dit tout cela, Souma prit une profonde respiration. Puis il continua, comme s’il parlait à chaque membre de son peuple.

« Enfin, je crois que la foi est quelque chose qui existe pour les vivants, et non pas pour les morts. Afin de ne pas traîner notre tristesse avec nous, de pouvoir supporter les souffrances de notre vie quotidienne et de vivre nos vies comme de bonnes personnes, nous devrions avoir la foi. Je prie pour que personne ne soit blessé par cette foi. »

Je prie pour que personne ne soit blessé par cette foi.

Il s’agissait de la chose que Souma avait le plus envie de dire.

Depuis que le Domaine du Seigneur-Démon était apparu, les personnes n’avaient pas arrêté d’être inquiètes quant à la situation. Dans ces moments-là, la religion était devenue plus active, car le cœur de ses personnes comptait sur elle pour les soutenir, et lorsque la religion devenait plus active, des conflits entre différentes religions et sectes surgissaient. Le soutien des personnes se transformerait alors en quelque chose qui les blessait.

Il n’y avait peut-être pas beaucoup de personnes dans le royaume qui comprenaient parfaitement ce qu’il venait de dire. Cependant, ses paroles resteraient gravées dans tous les auditeurs.

Comme s’il essayait de changer l’ambiance, Souma frappa dans ses mains. « Eh bien, passons maintenant à un sujet moins sérieux. Maintenant que toutes les religions qui s’inscrivent deviendront une religion d’État, nous avons prévu un petit événement. Roroa va vous l’expliquer. »

« Très bien. Tu n’as qu’à me laisser faire ! » s’exclama Roroa.

Quand Souma s’était légèrement écarté, une adorable fille aux cheveux attachés en deux queues était venue se tenir à côté de lui.

« Salut, je suis l’ancienne princesse d’Amidonia et la troisième fiancée de Souma, Roroa. Comment allez-vous, habitants du Royaume de Friedonia ? » déclara-t-elle.

Témoin de son inépuisable réserve de joie, le peuple d’Elfrieden fut abasourdi, tandis que le peuple d’Amidonia avait souri avec ironie tout en se disant : « Comme attendu de notre princesse ! » L’atmosphère sérieuse qui s’était accumulée jusqu’à ce moment-là avait disparu comme si tout cela avait été un mensonge, et elle n’avait jamais été là pour commencer. Même le roi Souma était stupéfait.

« ... Roroa, est-ce le ton approprié pour faire ça ? » demanda Souma.

« Chéri, c’est bon, » déclara Roroa avec confiance. « Depuis que je suis passée dans l’émission de Juna, tout le monde connaît déjà mon caractère. »

« Bien que je pense que le choix des rôles était assez forcé..., » répondit Souma.

Souma avait baissé ses épaules comme s’il était épuisé. Il ressemblait moins à son fiancé et ressemblait plus à un grand frère que sa petite sœur aurait tourné en bourrique, mais les habitants du royaume se sentaient à l’aise en les regardant agir ainsi.

Puis Roroa se tourna vers l’écran, mit ses mains sur ses hanches, et déclara. « Maintenant, nous allons faire en sorte que toutes les religions appropriées qui s’inscrivent chez nous deviennent des religions d’État, mais j’ai une petite demande pour vous tous quand vous venez vous enregistrer. Si l’un d’entre vous possède des festivals intéressants liés à vos dieux, assurez-vous de nous le dire, est-ce d’accord ? Dans le monde de mon chéri, je sais que certains événements religieux ont été transformés en festivals nationaux, et les croyants et les non-croyants les apprécient ensemble. Pourquoi ne pourrions-nous pas aussi le faire pour notre pays ? »

Roroa avait levé ses bras et le peuple avait applaudi. Il semblait que même s’ils ne comprenaient pas ce qu’elle disait, ils avaient réagi au mot « festival ». Ils étaient ravis que quelque chose d’amusant puisse ainsi se produire.

À propos de ça, juste après, Roroa avait murmuré : « D’ailleurs, si nous en faisons un festival, ça va faire bouger l’argent, et ça, cela m’excite rien qu’à y penser », mais sa voix était assez basse pour que seul Souma l’entende et lui fasse avoir un sourire ironique.

Roroa fit un clin d’œil à l’écran. « Eh bien, puisque je suis sûre que simplement en parler ne vous donne pas une idée appropriée de ce que je veux dire, je vais probablement vous donner un exemple concret. Alors, vieil homme Souji, venez ici et expliquez un peu notre projet. »

« Oh, allons, ma petite dame, m’appeler un vieil homme c’est un peu trop..., » celui qui était apparu en disant ça était un homme âgé d’une quarantaine d’années avec un corps musclé. Il parlait avec un ton ironique, frottant sa tête lisse qui était aussi bronzée que le reste de son corps. « Je suis quand même un évêque de l’Orthodoxe Lunaire. »

Maintenant qu’il l’avait mentionné, l’homme portait la tenue d’un prêtre de l’Orthodoxie Lunaire. Cela aurait été plus facile à voir s’il ne l’avait pas porté d’une manière si approximative... en vérité, c’était fait avec tant de relâchement qu’on pouvait voir qu’elle avait été modifiée à un degré presque scandaleux. Les manches longues étaient coupées court, et son pantalon et sa robe de cérémonie descendaient à peine juste au-dessous des genoux. Quand cet homme en forme et bronzé portait la tenue, il ressemblait à un samue, une tenue que les moines bouddhistes zen japonais portaient tout en se livrant à des travaux physiques.

Roroa avait exprimé une objection. « Un vieil homme est un vieil homme. D’ailleurs, je pense que c’est un peu trop osé de votre part d’appeler la troisième future reine primaire “petite dame”. »

Comme ils se bataillaient en usant de mots, l’homme avait répondu de la même manière. « Ne me mettez pas dans le même panier de crabes ! Et maintenant, écoutez-moi, ma petite dame. Vous allez bientôt être une femme mariée, alors vous feriez mieux de développer au moins un genre de sex-appeal débordant. »

« Qu-Qu’est ce que vous me dites là !? Vous n’avez qu’à observer..., » Roroa avait soudainement pris une pose et avait essayé de gémir érotiquement, mais l’homme avait simplement rigolé en réponse.

Le fait qu’il avait pu rire face à la meilleure attitude sexy qu’elle pouvait faire avait rendu Roroa en colère, et Souma avait dû se hâter de lui attraper les bras et de les lui placer dans son dos.

« Lâche-moi, mon chéri ! » cria-t-elle. « Je ne peux pas faire bouillir ce crabe comme ça ! »

« Roroa, calme-toi. Quant à moi, je trouve que tu es très mignonne, » déclara Souma tout en caressant la tête de Roroa.

La tête de Roroa se tourna afin de le regarder dans les yeux. « ... Le penses-tu vraiment ? »

« Bien sûr, je trouve que tu es vraiment mignonne, » répondit Souma.

« Hm... Eh bien, dans ce cas, je vais lui pardonner, » déclara Roroa.

C’est tout ce qu’il a fallu pour l’amadouer !? pensèrent les personnes qui observaient la scène sur les récepteurs simples. Ces personnes n’étaient pas familières avec les routines de comédie manzai du mari et de la femme, donc elles ne savaient pas exactement ce qui venait de leur être montré, mais tout le monde était soulagé que tout ait été résolu pacifiquement.

Souma avait souri ironiquement et avait dit à l’homme portant une tenue du prêtre sur mesure, « Maintenant, Monseigneur Souji, si vous pouviez vous charger du reste de l’explication. »

« D’accord, Votre Majesté Souma, » répondit Souji.

Après avoir dit ça, l’homme avait fait un pas en avant avant de déclarer. « Salutations à vous, habitants de Friedonia. Je suis l’évêque envoyé par l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria afin d’organiser les fidèles dans ce pays : Souji Lester. »

☆☆☆

Chapitre 5 : L’évêque qui brise le commandement, Souji Lester

Partie 1

— À la fin du troisième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental — dans la capitale sainte d’Yumuen —

Un membre de la commission d’enquête avait pris la parole. « Nous en avons assez de cela, Monseigneur Lester. »

En ce jour, à Yumuen, la capitale sacrée de l’État Pontifical Orthodoxe, dans l’église principale qui était le centre de foi de l’Orthodoxie Lunaire, une enquête était en cours concernant un certain homme.

L’homme qui se tenait au centre de la sombre pièce entourée par les membres de la commission d’enquête était Souji Lester. Son rang au sein de cette religion était évêque.

Pour ceux qui étaient impliqués dans l’Orthodoxie Lunaire, se tenir devant les membres d’une commission d’enquête revenait à être devant un juge ayant le pouvoir de déclarer l’innocence ou la culpabilité. S’il était excommunié ici, il perdrait toutes les protections et tous les droits que ce pays lui avait fournis jusqu’à maintenant. Dans ce pays, cesser d’être un membre de la foi, c’était se mettre dans une position où on pourrait être tué sans que personne s’en plaigne.

Cependant, en dépit d’être sous le coup d’un jugement, Souji ne semblait pas le moins du monde inquiet. En fait, il arborait un sourire audacieux, semblant même apprécier sa situation actuelle. En réponse à son attitude, un membre de la commission d’enquête s’en était plaint.

« Comprenez-vous la gravité de votre situation en ayant été convoqué ici ? » Cet homme avait dit ça d’un ton intimidant.

Cependant, le sourire audacieux de Souji n’avait pas disparu pour autant. « Tout à fait. Il s’agit d’un endroit afin de juger si un membre de la foi sera excommunié ou non. Toutes personnes qui auraient mal agi trembleraient de peur dans cet endroit. Cependant, je n’ai rien fait pour avoir honte. Donc je suis en paix. » L’homme avait poliment parlé, mais son attitude avait semblé moqueuse.

« Comment osez-vous..., » avec un regard comme s’il avait mordu quelque chose de dégoûtant, le membre de la cour avait regardé à travers les documents qu’il avait entre les mains. « Vos méfaits sont impardonnables. Lady Lunaria a dit que “si les membres du clergé ne vivent pas dans une honorable pauvreté, les croyants ne les écouteront pas”. Cependant, vous semblez faire tout le contraire. »

« Quoi ? Est-ce que je n'ai pas l’air pauvre ? » déclara Souji en étalant sa robe sacerdotale afin que les autres puissent bien la voir. Sa robe était coupée aux manches et au-dessous du genou, lui donnant l’air d’un samue. « Je porte ces vêtements de mauvaise qualité et je vis dans une cabane délabrée à la périphérie de la ville. Si ce n’est pas une vie dans une honorable pauvreté, qu’est-ce que c’est ? Et avec tout le respect que je vous dois, vous portez tous ici des vêtements bien plus fins que les miens et vivez dans de meilleures maisons que moi, non ? »

« ... Cependant, nous avons entendu parler du fait que vous recevez des dons substantiels venant des disciples, » le membre de la commission d’enquête le pressa de question.

Souji haussa les épaules. « Bien sûr, je n’ai aucune raison de refuser ce qui m’est offert. »

« Comment osez-vous dire cela !? » cria l’homme. « Qu’est-ce que vous faites avec les offrandes de ces croyants ? »

« Si j’utilisais leurs dons pour m’engourdir, alors en effet, ce serait un péché, » déclara Souji. « Mais regardez ces abdominaux. J’ai un ventre plat et musclé. » Souji avait retiré son haut afin de montrer à tous ses abdos prédominants.

Quand il avait montré son corps, qu’il était difficile de croire appartenir à un ecclésiastique, et avait commencé une boxe contre une ombre. Les membres de la commission avaient été stupéfaits pendant un moment, mais ils étaient rapidement devenus rouge vif avant de se fâcher après lui.

« Ce n’est pas de ça que nous parlons ! » cria l’un des membres en claquant les mains sur la table, mais Souji semblait complètement indifférent.

« Je pensais que vous parliez de ça. Je veux dire par là que nous avons bien un “cardinal assez gros”. »

Quand Souji leur avait lancé un regard furieux, les membres du tribunal avaient perdu pendant un moment la parole.

En mentionnant le gros cardinal, il avait très probablement désigné le Cardinal Gold. Son corps grassouillet était inexcusable pour un ecclésiastique. En fait, la cour d’enquête savait déjà que la plupart des dons collectés par Souji allaient au Cardinal Gold. En d’autres termes, Souji laissait entendre qu’ils ne devraient pas s’attaquer à lui, mais à la place, au cardinal.

Cependant, dans l’Orthodoxie Lunaire, les cardinaux n’étaient qu’à un rang en dessous du pape. Ils étaient hors de la portée de ce tribunal. Si ce tribunal décidait de s’en prendre à un tel membre, il faudrait le pape en personne ou une décision unanime du reste des cardinaux pour le faire. Le pape pourrait également être retiré par une décision unanime des cardinaux, donc tous ne voulaient surtout pas créer un précédent qui pourrait amener à leur propre mise de côté. C’est ainsi que Cardinal Gold avait réussi à conserver son poste malgré son impopularité.

La commission d’enquête voulait s’attaquer à Souji, qui était lié au Cardinal Gold, afin de pousser le pape à réprimander le cardinal, mais Souji était sous la protection du cardinal. S’ils avaient essayé ici de forcer un jugement déraisonnable contre Souji, les membres du tribunal pourraient se voir réprimander par le Cardinal Gold pour avoir outrepassé leur autorité. À cause de cela, il n’y avait toujours eu aucune chance que Souji soit excommunié sur la question des dons ici. C’était pourquoi son sang-froid n’avait nullement disparu de lui.

La commission d’enquête avait décidé de changer de tactique. « En dehors de cela, nous avons reçu des rapports que vous alliez de bar en bar tous les soirs. »

« Est-ce un péché de boire ? Je pensais que le vin était sacré, » répliqua Souji.

« Mais il y a quand même des limites. »

« Eh bien, désolé, » déclara Souji. « Beaucoup de fidèles qui viennent m’entendre prêcher sont des ivrognes. Ils me demandent de venir au bar, et non pas à l’église, donc ça finit par me faire boire un peu trop. »

Incidemment, quand Souji avait exécuté ses sermons de pub, il l’avait fait lors de fêtes...

« Lady Lunaria nous a dit : “Vivez pour aujourd’hui et soyez reconnaissants.” Santé ! »

... et tout ce qu’il avait fait était de citer les écritures dans le cadre des toasts. Il avait toujours eu un grand succès auprès des croyants paresseux parce que (ils l’avaient égoïstement supposé), il était tout aussi vertueux de l’écouter là-bas que d’aller à l’église pour écouter les sermons ennuyeux d’un prêtre lors de leur temps de repos.

La commission d’enquête avait semblé irritée, alors ils avaient de nouveau changé leur angle d’attaque. « Ce n’est pas tout ! J’ai entendu dire que vous avez une prostituée qui visite souvent votre maison ! Ne devriez-vous pas avoir honte de cela, en tant que membre du clergé ? »

« Oh, mon Dieu ! » s’exclama Souji. « Voulez-vous dire que les femmes sont impures d’une manière ou d’une autre ? Dans ce cas, vous tous ici, comment pouvez-vous être venu au monde ? N’allez-vous quand même pas me dire que vous venez d’un champ de choux ? Si vous le faisiez, vous ne pourriez jamais manger de légumes, le pouvez-vous ? Car dans ce cas, vous mangeriez vos frères et vos sœurs. »

« Cessez ces divagations emplies de sophismes sans signification ! Celle que nous devons vraiment aimer et respecter n’est que Lady Lunaria, » s’exclama l’un des membres. « C’est pourquoi, même après avoir suivi les procédures appropriées pour se marier, les croyants pieux ressentent toujours un sentiment de culpabilité envers Lady Lunaria. Il est inexcusable que vous voyiez une prostituée ! »

Le membre de la cour avait crié ça, mais Souji avait ricané. « Je ne sais rien à propos de ça. Notre Lady Lunaria a dit ceci : “Les croyants doivent être honnêtes avec les autres”. Il est naturel pour nous, en tant qu’êtres vivants, de vouloir étreindre les femmes. C’est parce que Lady Lunaria nous a créés de cette façon. Entre ceux qui, après avoir prononcé les vœux de mariage, ou ceux qui cachent leur position dans le clergé et se faufilent pour visiter des prostituées, et moi qui les invite ouvertement à venir me rendre visite, je me demande lequel de nous est le plus honnête ! »

Souji l’avait déclaré si fièrement que les membres du tribunal étaient à court de mots. Il s’agissait d’une argumentation vide s’ils s’étaient interrompus un peu pour y penser, mais Souji avait dit ces choses stupides avec un sérieux qui était si exaspérant que les membres du tribunal ne pouvaient pas dire un mot.

À partir de là, Souji avait profité du silence de la commission afin s’exprimer longuement et avec une grande passion sur la beauté de la forme féminine (surtout leurs seins). Avec l’inutilité totale de tout ce qu’il avait à dire, il avait déjà détruit l’atmosphère solennelle de la cour.

« ... C’est assez, » un membre de la commission d’enquête s’était enfin écrié ça afin d’arrêter tout ce blabla. « À l’avenir, soyez plus prudent quant à vos actes. »

En fin de compte, le tribunal avait été renvoyé sans pouvoir faire quoi que ce soit à Souji.

Quand il quitta la pièce, Souji se promenait dans le couloir en fredonnant quand il passa devant une jeune nonne. Il s’agissait d’une belle fille avec des yeux larmoyants et des cheveux d’argent attachés en deux queues.

Cette tenue... C’est l’une des jeunes saintes en formation ? Souji avait réfléchi en regardant la fille.

Il ne la regardait pas d’une manière particulièrement étrange. Les goûts de Souji allaient vers les filles plus âgées et voluptueuses, donc la jolie fille devant lui n’éveillait en rien ses appétits, et il la regardait seulement avec une curiosité totalement innocente.

Cependant, la fille aux cheveux argentés, qui marchait sans expression, comme si elle n’avait presque aucune émotion, fronça légèrement les sourcils quand elle vit Souji. Puis, alors qu’ils se croisaient, elle détourna la tête pour ne pas avoir à le regarder et s’éloigna à un rythme plus soutenu.

Alors qu’il la voyait agir ainsi, Souji se gratta l’arrière de sa tête en souriant avec ironie. « ... Bon sang ! On dirait que quelqu’un me déteste, hehe ! »

Cet homme, Souji, malgré sa personnalité débauchée, était étrangement populaire auprès des hommes de tous âges et de toutes les femmes plus âgées. D’autre part, les jeunes filles le détestaient avec passion.

Eh bien, je suppose que c’est bien trop demander à une jeune fille comme elle d’apprécier le charme adulte débordant d’un homme plus âgé qu’elle, pensa Souji, se faisant des excuses tout en caressant son menton recouvert d’une fine barbe.

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Chapitre 5 : L’évêque qui brise le commandement, Souji Lester

Partie 2

Et environ deux semaines après l’événement précédent...

Cette nuit-là, Souji se trouvait dans un certain quartier des plaisirs dans la capitale sainte Yumuen.

Yumuen aurait pu être appelée la Mecque de l’Orthodoxie Lunaire, mais aussi longtemps qu’il y aurait des personnes qui vivraient là, il y aurait un quartier des plaisirs où on pourrait boire de l’alcool et faire la fête avec des femmes. Bien qu’il n’y avait pas d’ecclésiastiques visibles dans le quartier des plaisirs, ils étaient probablement simplement en civil et se mêlaient aux clients ordinaires. Il y avait probablement qu’un seul ecclésiastique assez audacieux pour venir ici et s’amuser dans son uniforme de prêtre (bien sûr modifié), et c’était Souji.

La seule raison pour laquelle la plupart des dons recueillis par Souji allaient directement chez le Cardinal Gold était afin de protéger ce mode de vie libre. Souji n’avait pas envie d’avoir de grandes quantités d’argent pour lui-même. Afin de vivre librement dans cette ville de prudes, il avait besoin d’un puissant protecteur.

Alors que Souji se promenait dans la rue, un vieil homme ivre qui buvait devant l’une des échoppes l’avait interpellé verbalement. « Salut à toi, l’évêque défroqué. Comment vas-tu ? »

Souji se tourna vers le vieil homme et le salua. « Salut mon vieux. Merci pour tous les dons. »

« Eh bien, ce n’est pas comme si quelqu’un d’autre comptait sur moi, » déclara le vieil homme. « Si le pays va tout prendre quand je décéderai, je préfère l’utiliser pour mon copain. »

« Hahaha, » Souji se mit alors à rire. « C’est bon de ta part. Buvons ensemble une prochaine fois. »

Il se sépara du vieil homme, et avant qu’il ne fasse dix pas, une vieille dame portant de beaux vêtements l’interpella. « Quoi, tu n’as toujours pas été viré ? Je ne sais pas pourquoi Lady Lunaria irait faire de quelqu’un comme toi un évêque... »

« Salut, je pensais avoir entendu quelqu’un de méchant, mais c’est juste toi, Mamie, » Souji plaisantait en réponse. « Ne dirait-on pas que tu es encore en pleine forme ? Es-tu sûre que Lady Lunaria n’essaie pas de te dire de venir auprès d’elle ? »

« Hmph ! Si je meurs avant toi, vas-tu prier pour moi ? » répliqua-t-elle. « Si un moine affreux comme toi est celui qui lit mes prières, je me perdrai en chemin vers le royaume des morts ! Je ne veux pas de ça ! »

« Hahaha. Eh bien, tu n’as qu’à vivre aussi longtemps que tu le peux, ma vieille, » répliqua-t-il de son côté.

Ils se disaient des choses horribles, mais ils étaient tous les deux si bons vivants. Il s’agissait du genre de conversation qu’ils pouvaient se permettre parce qu’ils se connaissaient si bien.

Après ça, une femme portant des vêtements très révélateurs l’avait appelé. « Sou ! Bébé, tu n’es pas sorti pour venir jouer avec nous dernièrement. Les filles du magasin sont tristes de ne pas te revoir, tu sais ? »

« C’est promis. Je serai là la prochaine fois que j’en aurai l’occasion, » avait promis Souji.

« Tu dis cela, mais j’ai entendu des rumeurs selon lesquelles tu aurais trouvé quelqu’un de spécial, » répliqua la femme.

« Hehe, penses-tu que n’importe quelle femme s’approcherait de moi avec cette tête ? » Quand il avait dit cela, il avait giflé le sommet de sa tête lisse et bronzée, et tout le monde à proximité éclata de rire.

Il avait été traité comme une nuisance dans l’église principale, mais ici, dans le quartier des plaisirs, Souji était un homme populaire.

Tout en marchant dans le quartier des plaisirs comme ça, Souji s’était soudainement arrêté. Puis, se retournant, il parla en direction d’une sombre allée.

« Pourquoi ne sortez-vous pas afin que je puisse vous voir ? Je n’aime pas trop avoir du monde qui me suit, » déclara Souji.

Après que Souji ait déclaré ça, un homme qui se faisait passer pour un pèlerin avec tout son corps couvert d’une cape à capuche recouverte de poussière était sorti de l’obscurité. Son visage était couvert par la capuche, mais le nez pointu de ce qui semblait être un homme-animal était visible au-dessous.

L’homme s’inclina devant Souji sans retirer sa capuche. « Pardonnez-moi pour ça. Quand m’avez-vous remarqué ? »

« Vous m’avez suivi depuis que je suis entré dans le quartier des plaisirs, n’est-ce pas ? » demanda Souji. « Je suis un ancien aventurier, et la détection des ennemis était l’un de mes rôles dans le groupe. Je suis sensible quant aux présences des autres. »

« Qu’est-ce qu’un homme comme vous fait en tant qu’évêque ? » demanda l’homme-bête encapuchonné.

« J’ai échoué une fois dans un donjon et j’ai été gravement blessé, » répondit Souji. « Cela s’est passé dans ce pays, et pendant que j’aidais le vieil évêque qui a pris soin de moi... C’est arrivé en quelque sorte naturellement. J’ai alors établi une connexion avec les croyants, et je l’ai gardée depuis que le vieil homme est décédé. »

« Je vois..., » l’homme masqué acquiesça de satisfaction, puis se dirigea vers Souji. Mettant une main dans sa poche, il essaya de sortir quelque chose.

Souji s’était mis sur ses gardes, pensant que c’était une arme, mais il devint d’un coup moins tendu une fois qu’il avait vu l’objet offert. L’homme tenait une bouteille de vin chère.

« Je voudrais partager un verre avec vous, et si possible, dans un endroit au calme, » déclara l’homme-bête.

« ... Hmm, » murmura pensivement Souji.

L’homme ne semblait pas être un assassin envoyé par l’un des plus hauts gradés de l’église qui voulait se débarrasser de lui, alors Souji baissa la garde. Il n’y avait pas beaucoup d’hommes-bêtes dans ce pays. S’il n’était pas un assassin engagé par l’église, cet homme venait probablement d’un autre pays. Quelle affaire un étranger pourrait-il avoir avec lui ?

Souji avait ri. « Eh bien, voulez-vous venir chez moi ? »

L’homme encapuchonné hocha la tête. « D’accord, cela me convient. »

Et ainsi, les deux hommes avaient marché ensemble à travers le marché en pleine nuit. Souji vivait dans une maison délabrée dans les bords d’Yumuen.

Au moment où ils étaient entrés dans la pièce sombre où ils n’étaient qu’eux deux, le nez de l’homme à capuche avait tressailli. « Cette odeur est... »

« Ça pue ? » demanda Souji en riant et en allumant les bougies. « Je suis un homme qui vit seul, alors désolé pour ça. Eh bien, essayez de l’endurer. »

« Non, je pense que l’endroit est bien entretenu, » répliqua l’autre.

En fait, pour quelqu’un ayant une personnalité légère et ouverte d’esprit comme Souji, la chambre était d’une propreté irréprochable. Il n’y avait pas de détritus qui traînaient, et aucune poussière n’était accumulée sur les meubles. Ce qui avait plus attiré l’attention de l’homme était...

« Est-ce l’odeur... des médicaments ? » demanda l’homme.

Quand l’homme encapuchonné lui avait fait la remarque, Souji avait cessé de rire. Il fixa l’homme pendant un moment, puis, comme s’il abandonnait, il haussa les épaules avant de lui parler d’un ton plus convivial. « Toi, tu as un bon nez. »

« Nous, les hommes-bêtes, avons un nez assez précis comparé aux humains, alors oui, » l’homme avait tiré sur sa capuche afin de révéler le visage d’un loup. Il baissa la tête. « Je suis connu sous le nom d’Inugami [1]. C’est un plaisir de faire votre connaissance. »

Souji avait porté une main à son menton et avait demandé. « Cela ne me dérange pas de mieux nous connaître, mais... est-ce ton vrai nom ? »

« Comme vous l’avez déduit, ce nom est un alias, » déclara Inugami.

« Bien sûr que je le savais. Si un individu doit cacher son identité pour se faufiler dans ce pays, il ne peut honnêtement pas me dévoiler son vrai nom, n’est-ce pas logique ? » demanda Souji.

Même en disant cela, Souji préparait les choses pour pouvoir boire. Sur une étroite table, il avait disposé deux verres, avec un peu de pain et du fromage. Les deux hommes s’étaient assis l’un en face de l’autre à la table, et avaient commencé par porter un toast.

Souji versa le contenu de la bouteille qu’il avait reçue d’Inugami dans les verres, et en sirotant de petites quantités d’alcool à la fois. Puis il demanda. « Alors, d’où viens-tu ? »

« Elfrieden... mais je suppose que je devrais maintenant dire le Royaume de Friedonia, » répondit Inugami.

« Le pays avec un héros d’un autre monde qui est devenu roi, hein ? » demanda Souji.

Le fait de servir en tant qu’évêque dans un environnement fermé comme l’Église avait tendance à rendre quelqu’un un peu ignorant de ce qui se passait dans le monde extérieur, mais même Souji avait entendu des rumeurs sur le Roi Héros d’Elfrieden. On lui avait cédé le trône immédiatement après avoir été convoqué dans ce monde, puis il avait fait sortir le Royaume d’Elfrieden de sa lente déchéance. Après ça, il avait éliminé les menaces touchant à son autorité effectuée par des acteurs internes et externes, et maintenant il avait même entièrement et pacifiquement annexé la Principauté d’Amidonia, transformant ainsi son pays en une puissance qui pourrait même rivaliser avec l’Empire.

Même en entendant cela, cela semblait être les accomplissements d’un homme aux talents multiples, mais on ne parlait jamais vraiment de la contribution personnelle du roi Souma dans tout cela. Dans d’autres pays, tout ce dont ils entendaient parler était le Capitaine d’Argent de la Garde Royale et le Capitaine aux Cheveux Rouges de la Force d’Attaque de l’Armée du côté des militaires. Pour les civils connus à l’extérieur, les seuls dont on parlait étaient le Premier ministre à la robe noire et le Seigneur Ishizuka, le dieu de la nourriture et tous les autres qui avaient réalisé de grandes choses de leur côté. Il n’y avait quasi rien à propos du roi.

S’ils avaient pu voir le Joyau de Diffusion de la Voix, les choses auraient pu être différentes, mais la seule réalisation du roi Souma dont on avait parlé dans d’autres pays était qu’il avait la sagesse d’embaucher ces personnes-là. Voilà pourquoi Souji ne savait pas comment juger correctement le roi héros.

« Le pays semble prospérer, mais quel genre d’homme est votre roi ? » demanda Souji en reprenant une manière de parler plus formelle.

« Eh bien... je ne le comprends pas vraiment, » répondit Inugami.

« Oh, voyons..., » s’exclama Souji.

« Ses capacités martiales ne sont pas différentes de celles d’une personne du peuple, » répondit Inugami. « Même avec une formation appropriée, il ne serait guère mieux qu’un soldat de base. En ce qui concerne sa capacité à commander, il laisse cela à ses subordonnés, donc je ne peux rien en dire. Il semble avoir un bon niveau d’ingéniosité, mais il l’utilise afin de créer de nouveaux systèmes pour le pays et pour faire d’autres choses qui ne sont pas immédiatement perceptibles pour le commun des mortels. »

« Il ne me semble pas si bon que ça, » déclara Souji.

Inugami avait fait une grimace mélangée à un sourire. « Cependant, si je peux dire une chose à son sujet, ce serait que, sans aucun doute, ceux qui sous-estiment Sa Majesté semblent toujours se retrouver menés par le bout du nez jusqu’à une situation désagréable. Même la Sainte de l’Orthodoxie Lunaire ne faisait pas exception. »

« Une sainte ? L’un des plus hauts rangs aurait-il fait quelque chose ? » Inugami avait dit à Souji ce qui venait de se passer.

Il avait mentionné le fait que l’État Pontifical Orthodoxe avait offert au Royaume de Friedonia une offre où ils nommaient le roi Souma en tant que « roi saint » en échange de faire de l’Orthodoxie Lunaire leur religion d’État. En raison du danger des incitations à la rébellion venant des adeptes de l’Orthodoxie Lunaire dans le pays, le royaume s’était trouvé dans une position où il serait difficile de refuser.

En réponse à cette situation, le roi Souma avait refusé d’être nommé roi saint, et avait choisi de reconnaître l’Orthodoxie Lunaire comme une « religion d’État ». Puis Souma s’était adressé à toutes les religions du pays, les informant de son intention que « toute religion qui s'enregistre et passe une enquête réalisée par le pays sera reconnue comme une religion d’État », déclarant ainsi que les religions opérant dans le pays seraient sous sa direction à l’avenir.

Au début, Souji était un peu décontenancé, mais il laissa échapper un rire enthousiaste. « Hahaha, bien fait pour eux ! Les intrigues des supérieurs ont donc mal tourné là-bas ! »

D’une certaine manière, il riait de la façon dont ses compatriotes avaient été battus. Puis, après avoir vidé le reste de son verre, il l’avait posé sur la table.

« Hmm... Mais les plus hautes instances resteront-elles vraiment calmes après ça ? Ces mecs sont vraiment tenaces. Même si cela vous a fait gagner un peu de temps pour le moment, ils vont venir avec un nouveau coup assez tôt, ne le croyez-vous pas ? » demanda Souji.

« Tout à fait, » répondit Inugami. « C’était quelque chose sur quoi Sa Majesté était également préoccupée. Cela nous amène à ceci, » il avait sorti une lettre de sa poche et il l’avait donnée à Souji. « Il s’agit d’une lettre qui vous est adressée de la part du Premier ministre Hakuya. »

« Pour moi ? » demanda Souji.

« Si vous la lisez, je crois que vous comprendrez pourquoi, mais notre Premier ministre souhaite votre venue dans le royaume afin que vous deveniez l’évêque qui dirigera les croyants de l’Orthodoxie Lunaire là-bas, » résuma Inugami.

« Moi en tant qu’évêque du royaume..., » quand Souji avait parcouru la lettre, il avait trouvé plus ou moins les mêmes choses qu’Inugami avait dites, mais en des termes plus polis. Il avait fini de lire la lettre et l’avait posée sur la table. « Cela a du sens. En d’autres termes... en mettant une personne corrompue comme moi comme évêque du Royaume, vous voulez séparer les adeptes de l’Orthodoxie Lunaire se trouvant dans le royaume de ceux de l’État Pontifical Orthodoxe a proprement parlé. »

Quand l’État Pontifical Orthodoxe avait donné des instructions à leurs disciples dans d’autres pays, ils étaient d’abord passés par l’évêque local qui représentait les croyants dans ce pays. À partir de là, cet évêque transmettrait les directives de la patrie aux églises individuelles à travers tout le pays. Donc, si le royaume pouvait remplir ce siège d’évêque avec une personne qui n’était pas si loyale envers leur patrie et l’église principale, qui pourrait facilement être gagnée à leur cause, il serait possible d’exclure toute directive de la part de la patrie.

Je vois. Ils ont bien réfléchi, pensa Souji.

« Était-ce le plan du roi ou celui du Premier ministre ? » demanda-t-il.

« C’était le plan du Premier ministre de vous inviter chez nous, Sire Souji, » répondit Inugami.

« Je comprends. Ils sont tous les deux rusés... Non, ils sont totalement des fraudeurs, n’est-ce pas ? » demanda-t-il en parlant à Inugami.

Notes

  • 1 Inugami : Dans la mythologie japonaise, un inugami (犬神, « dieu chien ») est un type de shikigami, émanant d’un chien et lui ressemblant. Généralement, il exécute une vengeance ou agit comme gardien si l’inugami-mochi, ou « le propriétaire de l’inugami », le lui ordonne. Les inugami sont extrêmement puissants, capables d’exister indépendamment de leur propriétaire et même de se retourner contre lui. Ils peuvent aussi posséder un être humain.

☆☆☆

Partie 3

Souji croisa les bras avant de se mettre à réfléchir.

C’est vrai, il n’y a probablement personne qui corresponde mieux que moi à leurs critères. J’entends aussi depuis peu des rumeurs comme quoi le Cardinal Gold va bientôt être expulsé. Si ce cardinal avide n’est plus, je suis sûr que la commission d’enquête utiliserait cette occasion pour me réprimander. Quand cela arrivera, il sera temps de payer les pots cassés. Donc ce n’est pas un mauvais moment pour moi de quitter le pays avant que le vent tourne... Cependant, même dans un tel cas de figure...

Souji avait une préoccupation à l’esprit. « Que se passerait-il si je refuse ? »

« Je trouve cela difficile à dire, mais ce serait imprudent de votre part, » déclara Inugami. « Nous avons déjà communiqué à la Sainte notre désir de nous voir confier votre garde ce qui a été transmis aux échelons supérieurs de l’État Pontifical Orthodoxe. Je suis sûr que les responsables ici n’ont aucun désir de vous voir placé en tant que représentant de l’Orthodoxie Lunaire pour tous ceux qui vivent dans le royaume, donc... »

« ... Donc, je suis actuellement en danger, » Souji soupira face à Inugami. « Eh bien, allez-y. Dès le début, je n’avais jamais eu d’autre choix, n’est-ce pas ? »

« Je suis désolé, » déclara Inugami. « Cependant, si vous acceptez, nous vous escorterons en sécurité jusqu’au royaume, en veillant à ce que vous ne subissiez aucun préjudice. »

« Ce n’est pas le problème..., » Souji se gratta fortement l’arrière de sa tête chauve. Après avoir réfléchi un moment, il regarda Inugami droit dans les yeux comme s’il avait pris une décision, puis lui demanda quelque chose. « Je me souviens vous avoir entendu dire que le roi Souma est fou quand il s’agit de récupérer du personnel talentueux à son service, n’est-ce pas ? »

« Je devrais vous frapper pour le traiter de fou, » lui répliqua Inugami. « N’est-ce pas le devoir naturel de n’importe quel dirigeant de chercher loin afin d’avoir à son service un excellent personnel ? »

« Ohhh ! Désolé si je vous ai offensé, » déclara Souji. « Je ne voulais nullement insulter votre roi. C’était simplement que... je voulais vérifier si le Roi Souma allait vraiment embaucher du personnel d’excellente qualité. Peu importe qui est cette personne, si elle a un don, l’utilisera-t-il à bon escient ? »

Quand Souji lui avait posé cette question avec un sérieux qui semblait différente de lui en raison de leur interaction jusque là, Inugami y avait réfléchi avant de lui répondre.

« Eh bien... ceci est peut-être seulement mon point de vue personnel, mais je crois que Sa Majesté prend ses décisions selon que la personne a ou non un don. Il ne se soucie nullement de la race, l’âge, le sexe, l’histoire ou l’apparence physique, et il cherche à attirer à lui le talent venant d’un large éventail de personnes, » déclara Inugami.

« Vraiment ? Cela serait-il le cas même pour quelqu’un qui a été déclaré comme une “sorcière” par l’Orthodoxie Lunaire ? » demanda Souji.

« Une sorcière ? » Inugami avait répété le mot sinistre avec un regard interrogateur.

La porte s’était soudainement ouverte. Quand Inugami se retourna, il vit une femme avec un tissu aux couleurs vives qui était drapé au niveau de sa tête.

Dans ce pays, le fait de porter des vêtements unis avec un beau tissu drapé sur la tête était la marque d’une prostituée. Cela avait commencé lorsque les prostituées s’étaient mises à se couvrir le visage avec du tissu pour les empêcher d’être vus lorsqu’elles entraient dans la maison d’un homme, mais une fois que la vanité fut ajoutée à ça, elles avaient commencé à porter des vêtements bien plus voyants.

Lorsque la femme qui était entrée remarqua la présence d’Inugami, elle avait dit, « Vous étiez en train de parler, je vois... Je m’excuse pour ma grossièreté. »

Elle baissa la tête, puis elle se prépara à partir quand...

Souji l’arrêta avant qu’elle puisse s’en aller. « Mérula, reste ici. Tu n’as nullement besoin de t’inquiéter pour cette personne. Il est correct. »

La femme s’était arrêtée, puis s’était lentement tournée sur elle-même. « ... Vraiment ? »

« Oui. Au contraire, il est du côté des individus qui luttent contre ce pays, » déclara le prêtre.

La prostituée semblait prise de court. « Souji, tu es supposé être un évêque de ce pays... »

Pourquoi bois-tu avec un homme comme ça ? la femme semblait vouloir dire ça alors qu’elle avait baissé ses épaules. Puis elle se dirigea vers la table et s’assit dans une chaise vide.

Alors qu’Inugami était encore confus, elle avait enlevé le tissu recouvrant sa tête. Après l’avoir fait...

« Quoi !? » s’exclama Inugami.

Sous l’étoffe était apparue une belle femme de vingt-cinq ans, à la peau blanche, pâle, translucide, aux cheveux dorés et aux oreilles pointues.

Ces oreilles pointues étaient la marque de la race des elfes. En plus d’eux, il y avait une autre chose qui ressortait d’elle : ses yeux étaient rouge-rubis.

« Une haute-elfe... Non, ce n’est pas possible ! En est-elle vraiment une ? » demanda Inugami.

Les yeux cramoisis étaient caractéristiques des hauts elfes. Les elfes et les elfes sombres avaient une aversion pour le contact avec d’autres races, mais dans des états multiraciaux comme le Royaume de Friedonia, il y avait des individus qui vivaient mélangés avec les autres races. Certains de ces individus en étaient même arrivés à épouser des membres d’autres races et avaient eu des enfants. Marx, le chambellan de Souma, était un demi-elfe né d’un parent elfe et d’un parent humain.

Cependant, les hauts elfes étaient encore plus extrémistes dans leur haine des contacts avec d’autres races. Pour cette raison, les hauts elfes ne se trouvaient que dans leur propre pays, le Royaume des Esprits de Garlan, qui était situé sur deux îles, une grande et une petite, au nord-ouest du continent, et où toutes les autres races étaient interdites.

Les hauts-elfes s’engageaient aussi dans leur propre forme unique de culte spirituel, ce qui faisait qu’ils étaient ceux qui n’avaient aucune relation cordiale avec une théocratie comme l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria.

C’était tout simplement ce fait qui avait rendu Inugami si choqué. Il ne pouvait pas croire qu’ici, dans un pays qui était le centre d’une foi différente, il voyait une haute elfe habillée en prostituée.

Quand il vit Inugami à court de mots, Souji sourit avec ironie et plaça sa main sur la tête de la haute elfe. « Permettez-moi de vous la présenter. Elle s’appelle Mérula Merlin. Comme vous l’avez déjà remarqué, elle est une haute elfe. Je sais qu’elle ne semble pas l’être, mais c’est une vieille femme qui a vécu deux fois plus longtemps que moi, alors faites attention... »

« Comme c’est grossier ! » déclara une Mérula indignée. « Pour une haute elfe, avoir cent ans c’est comme avoir un peu moins de vingt ans pour un humain. Est-ce que tu t’en rends compte ? Dans le Royaume des Esprits, si je disais aux autres que j’avais cent ans, ils me traiteraient comme une gamine. »

Elle avait alors commencé à converser d’une manière naturelle avec Souji.

« Hmm... Quel genre de relation avez-vous tous les deux ? » un Inugami encore égaré avait réussi à se faufiler dans leur discutions.

Mérula et Souji se regardèrent.

« Que sommes-nous... ? On peut dire qu’il est mon colocataire, non ? » demanda Mérula.

« Non, non, non. Je suis le propriétaire de cette maison, » déclara Souji. « Je suis ton protecteur ici, d’accord ? »

« Attends un peu ! Qui s’occupe de tout ici !? Si je ne nettoie pas après toi, tu laisses les choses traîner partout ! » cria Mérula.

« Tu es bien trop pinailleuse sur ce genre de détails !! » répliqua le prêtre.

Les deux individus s’étaient lancés dans des piques verbales qui ressemblaient étrangement à un combat dans un couple d’âges moyens.

Inugami pressa ses tempes, puis il chercha une explication. « Hm, pourrais-je vous demander de commencer par le début de l’histoire... et m’expliquer ce qu’une haute elfe comme Madame Mérula fait ici ? »

« Hm ? Oh, désolé, désolé ! » Quand Souji avait réussi à se calmer, il avait croisé les bras et avait regardé Mérula. « Cela te dérange-t-il si je lui explique tout ? »

« Hm... S’il te plaît, fais-le, » déclara Mérula.

Et ainsi, avec la permission de Mérula, Souji avait commencé à raconter son histoire.

☆☆☆

Partie 4

Mérula, la haute elfe, était née il y a environ cent ans dans le pays des hauts elfes, le Royaume des Esprits de Garlan. Le Domaine du Seigneur-Démon n’était pas encore apparu à ce moment-là, donc les hauts elfes avaient défendu les deux îles qui formaient le royaume spirituel de Garlan, une grande et une petite, et vivaient sans contact avec les autres races.

En dépit de faire partie de la race des hauts elfes qui était sectaire et n’avait aucun intérêt pour le monde extérieur, Mérula avait toujours été débordante de curiosité. Dès son plus jeune âge, elle s’était intéressée à tout ce qui attirait son attention et demandait aux adultes ce qui se passait. Quand elle avait eu l’âge de penser par elle-même, et avait commencé à voir que les adultes mentaient pour se couvrir quand ils ne savaient rien, elle avait commencé à vouloir aller chercher la vérité par elle-même. Et ainsi, elle avait passé vingt ans à étudier diverses choses.

Au moment où elle était devenue une chercheuse à part entière, elle avait rencontré un grand mystère.

Quels étaient donc les esprits que les hauts elfes adoraient ?

Les hauts elfes se considéraient comme une race aimée par ces esprits. Ils disaient que la preuve démontrant ça était la puissante magie que les hauts elfes pouvaient utiliser.

Les hauts elfes étaient tous capables d’utiliser de puissantes magies que seuls ceux appelés mages dans les autres races pouvaient faire, et ils le faisaient comme si c’était quelque chose de tout à fait naturel. Il s’agissait selon eux de la preuve que les esprits étaient toujours aux côtés des hauts elfes, leur prêtant leur pouvoir... voilà comment leur esprit fonctionnait.

Mérula avait des doutes concernant le culte de l’esprit.

C’est vrai que les hauts elfes peuvent utiliser de puissantes magies, pensa-t-elle. Mais est-ce vraiment à cause des esprits ? Comment pouvons-nous croire en des choses comme des esprits que nous ne pouvons pas voir ?

Il y avait ceux qui prétendaient avoir vu des esprits. Cependant, leurs histoires étaient tout à fait absurdes et c’était souvent au niveau de, « j’ai vu mes grands-parents morts debout à mon chevet ».

En outre, ils vivaient dans un pays qui interdisait l’accès de toutes les races, sauf les hauts elfes. Ainsi, même si les hauts elfes pouvaient utiliser de puissantes magies, comment pouvaient-ils affirmer avec certitude que les esprits ne donnaient leurs bénédictions qu’aux hauts elfes ?

Il se pourrait que les esprits donnent leur bénédiction aux membres des autres races. D’un autre côté, que se passerait-il si un haut elfe quittait les îles ? Si les esprits étaient toujours à leurs côtés, même s’il quittait l’île, il devrait pouvoir utiliser une magie puissante.

Sans même avoir testé cela, les hauts elfes avaient cru aveuglément qu’ils étaient un peuple aimé par les esprits, et Mérula ne pouvait pas le tolérer. Ses connaissances ne pouvaient être complétées si elle restait seulement sur ces îles. Ce n’est qu’en allant dans le monde extérieur et en absorbant les connaissances de diverses sources qu’elle pourrait commencer à s’approcher de la vérité.

Mérula avait commencé à penser ainsi, et à son cinquantième anniversaire, elle avait quitté les îles. En changeant la couleur de ses yeux avec de la magie, elle avait pris l’apparence d’une aventurière elfe blanche, voyageant de pays en pays et absorbant plus de connaissances. Et ainsi, il y avait des choses qu’elle avait comprises au cours de ce processus.

Une fois qu’elle avait quitté le Royaume des Esprits, la puissance de la magie de Mérula avait été réduite.

Que ce soit parce que « les hauts elfes ne peuvent manifester leur puissance que dans le Royaume des Esprits », ou parce qu’« ayant quitté le Royaume des Esprits, Mérula a perdu la protection des esprits », elle ne le savait pas. Si son pouvoir revenait quand elle reviendrait au Royaume des Esprits, elle serait capable de démontrer avec une forte probabilité que c’était le premier, mais ceux qui avaient quitté le Royaume des Esprits étaient considérés comme des traîtres. Si elle revenait, elle serait tuée sans qu’on lui pose de questions, et donc, elle n’avait pas pu le vérifier.

Revenons sur le sujet.

Mérula continua ses voyages, et l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, qui avait une foi unique, comme son propre peuple, attira son attention.

Le Royaume des Esprits adorait les esprits qu’ils ne pouvaient prouver. Alors qu’en est-il de l’État Pontifical Orthodoxe qui adorait la déesse de la lune Lunaria ? Est-ce que cette Lady Lunaria, et le Lunalith dans lequel ses prophéties étaient censées être sculptées, existaient-ils réellement ?

Si elle pouvait comprendre la relation entre l’État Pontifical Orthodoxe, Lady Lunaria, et le Lunalith, peut-être qu’elle pourrait acquérir une certaine compréhension de la relation entre le Royaume des Esprits et le culte de l’esprit. Avec cette idée à l’esprit, Mérula se faufila dans l’église principale de l’Orthodoxie Lunaire afin de voir le Lunalith, qui était censé être là.

☆☆☆

Partie 5

« A-Attendez un peu, s’il vous plaît, » Inugami avait interrompu l’histoire à ce moment-là. « Ne voulez-vous quand même pas dire que Madame Mérula a réussi à se faufiler dans l’église principale ? Cet endroit est célèbre pour sa sécurité. N’est-ce pas un endroit où aucun amateur ne pourrait se faufiler seul ? »

« Eh bien, vous avez raison, mais..., » répondit Souji, se grattant l’arrière de sa tête, puis il posa sa main sur la tête de Mérula. « Normalement, ce serait difficile, mais... Mérula possède une capacité spéciale, voyez-vous. »

Souji avait frotté avec sa main la tête de Mérula, la poussant comme s’il essayait de la convaincre de faire quelque chose. Mérula frappa sa main d’agacement, puis elle chuchota quelque chose. À l’instant suivant, Mérula avait disparu.

« Quoi !? » s’exclama Inugami.

Elle était là pendant tout ce temps, mais maintenant il ne pouvait plus voir aucune trace visuelle d’elle. Cependant, le sens de l’odorat d’Inugami pouvait détecter la présence de Mérula. Il ne pouvait pas la voir, mais elle était toujours là.

En regardant Inugami regarder autour de lui, Souji avait ri et avait mis sa main à l’endroit où Mérula avait été juste avant ça. « Je suis sûr qu’il semblerait qu’elle soit partie, mais Mérula n’a pas bougé d’où elle était. Si je la touche, je peux dire qu’elle est vraiment encore là... Guagh?! »

Souji était soudainement tombé de sa chaise. Inugami se raidit, se demandant ce qui se passait, quand soudain, Mérula était réapparue avec un regard mécontent et un poing tendu. Elle devait l’avoir frappé sur la chaise.

« Ne profite pas de la situation pour essayer de saisir mes seins, harceleur sexuel ! » Mérula avait crié sur un Souji à terre.

« Oh... tes seins  !? Je pensais que j’avais touché ton côté... Gwahhh! » cria-t-il.

« Désolée de ne pas avoir des courbes épanouies ! » cria-t-elle.

Après avoir dit quelque chose qu’il n’aurait pas du dire, Souji s’était pris un râteau.

Inugami était abasourdi, mais il avait quand même réussi à demander : « Madame Mérula, pouvez-vous disparaître ? »

« Oui, c’est bien ça, » confirma Mérula. « Je ne comprends pas vraiment comment cela fonctionne, mais je peux faire en sorte que les couleurs de mon corps et de mes vêtements se fondent dans leur environnement. Quand j’étais dans le Royaume des Esprits, je pouvais aussi faire disparaître ceux qui m’entouraient, mais... maintenant, me faire disparaître est le meilleur résultat que je puisse obtenir. »

Souji était revenu dans la discussion en ajoutant : « Elle est comme un lézard, non ? » en taquineries, ce qui lui avait valu un autre coup de pied. Cependant, comparé au mimétisme de couleur de certains lézards, le sien était parfait.

Si Souma avait été ici, il aurait pu indiquer que la capacité de Mérula était celle qui contrôlait la réfraction de la lumière, et qu’elle produisait un camouflage optique parfait. Mais malheureusement, personne ici ne pouvait faire cette observation.

Souji était revenu sur sa chaise et avait dit : « De toute façon, » essayant de revenir sur le sujet. « Sa capacité lui a permis de s’infiltrer dans l’église principale et elle a pu se rendre dans les profondeurs jusqu’au Lunalith. »

« Même si vous pouvez disparaître, ils auraient dû être capables de détecter sa présence et de la sentir comme je l’ai fait, » déclara Inugami. « Je suis impressionné qu’elle ait fait tout ce chemin. »

« Je suis sûr que c’était en partie de la chance, mais c’est aussi un endroit auquel personne, à part Sa Sainteté et les cardinaux, n’a accès, » expliqua Souji. « La sécurité à l’entrée est étroite, mais une fois que vous entrez, il est peu probable que vous soyez découvert. Mérula se faufila alors que Sa Sainteté et les cardinaux partaient. Rappelez-vous qu’à cause de son infraction, la sécurité a été considérablement améliorée depuis. »

Il regarda Mérula avec attention, et elle détourna les yeux maladroitement.

Comment une seule femme peut-elle faire quelque chose de si fou ? Inugami était pris de court. « Vous avez dit que la sécurité a été renforcée. Est-ce que cela signifie qu’elle a été découverte ? »

« Oui, » répondit Souji. « Elle pouvait tromper leurs yeux, mais, de toutes les choses qu’elle aurait pu faire, elle devait aller toucher le Lunalith. Quand elle l’a fait, il semble qu’elle ait vu un oracle. »

☆☆☆

Partie 6

Selon le récit de Mérula, le Lunalith se trouvait dans une vaste pièce sans aucun signe de vie.

La pièce était faiblement éclairée, et le centre de cette pièce avec son haut plafond était occupé par ce qui ressemblait à un monument de pierre noire. Il mesurait cinq ou six mètres de haut, deux mètres de large et moins d’un mètre de profondeur.

En regardant de plus près, Mérula pouvait dire que le monument de pierre dégageait une lumière pâle.

Alors, c’est ça le Lunalith..., pensa-t-elle. Il existe vraiment.

Il s’agissait de l’objet du culte de l’Orthodoxie Lunaire sur lequel les oracles de Lunaria étaient censés être sculptés. Même si elle avait anticipé cela, quand elle avait vu que ça existait vraiment, Mérula avait été excitée. Passant immédiatement en mode chercheur, elle avait commencé à observer et à analyser le Lunalith.

Actuellement, bien que le sujet d’étude est en train d’émettre de la lumière, aucun texte n’est apparu, pensa Mérula. Pourtant, dans l’Orthodoxie Lunaire, il est dit que les oracles de la déesse de la lune Lunaria descendent vers eux à travers le Lunalith.

Quand Mérula était en mode recherche, ses pensées devinrent aussi analytiques que celles d’un chercheur. Même la féminité avait disparu de ses pensées, et elle avait commencé à rassembler ses phrases comme s’ils faisaient partie d’un document de recherche, avec tous les excès retirés.

Mérula avait fait le tour du Lunalith.

Hypothèse : Les oracles de Lunaria sont sculptés dans le Lunalith, pensa-t-elle. Si cette hypothèse est vraie, les oracles de Lunaria seront sculptés d’une certaine manière sur le Lunalith. On ne sait pas si les oracles sont sous forme écrite ou picturale. Si cette hypothèse est fausse, les oracles ne seront pas sculptés sur le Lunalith. Dans ce cas, on pourrait avancer l’idée qu’ils ont mis en place cet objet phosphorescent qui semblait significatif en tant que Lunalith, et que l’Orthodoxie Lunaire l’utilise pour soutenir leur autorité. Mais...

Ayant pensé jusque-là, Mérula secoua la tête.

On peut émettre l’hypothèse que cette possibilité est faible. La méthode est trop détournée pour que ce soit un moyen de renforcer leur autorité. S’ils voulaient enchâsser un monument qui ne reçoit pas d’oracles, il serait beaucoup plus simple de prétendre qu’il s’agissait d’une sorte d’objet sacré utilisé par Lunaria. En fait, il y a beaucoup de tels exemples d’autres religions qui font juste cela.

Mérula avait encore tourné autour jusqu’à se tenir (probablement) devant le Lunalith.

Testons si l’hypothèse initiale est vraie. Actuellement, il y a, grosso modo, deux cas de figure dans lesquelles ont pourrait classifier tout ça :

Possibilité 1 : Les oracles sont transmis périodiquement, ou à des intervalles aléatoires.

Possibilité 2 : Le récepteur des oracles effectue une opération afin de les faire apparaître.

Mérula regarda l’objet, ses yeux fixés dessus alors qu’elle réfléchissait.

Dans le cas 1, le pape ou d’autres receveurs ne peuvent pas recevoir d’oracles au moment de leur choix. Dans ce cas, ils refléteraient fortement la volonté de la déesse lunaire Lunaria.

Dans le cas 2, le pape et les autres peuvent recevoir des oracles au moment de leur choix. Dans ce cas, il peut être conjecturé que la déesse de la lune Lunaria n’est pas un être qui influence ses croyants en tout temps.

Puis Mérula tendit lentement la main vers le Lunalith.

Le Lunalith émet de la lumière. On peut supposer de ce fait que le Lunalith est dans un état actif. D’une certaine manière, si je pouvais recevoir un oracle, la possibilité de la possibilité 2 serait accrue. Je suppose que c’est ainsi, oui.

L’esprit de Mérula quitta la mer de pensées qui l’assaillait, et elle toucha le Lunalith. Et à l’instant suivant...

« Ah ! »

Le Lunalith brilla brusquement et plusieurs lignes dorées apparurent sur sa surface noire. Mérula avait sursauté en raison de la surprise, mais quand elle s’était calmée et avait pris soin d’observer la situation, elle avait pu voir une régularité quand au fonctionnement. Mérula avait alors émis l’hypothèse qu’il s’agissait de caractères qui étaient inscrits devant elle. Elle était donc sûre que les oracles étaient inscrits sur le Lunalith.

Mérula avait tenté de déchiffrer l’oracle, mais non seulement les caractères n’étaient pas ceux qui étaient couramment utilisés à des fins officielles sur le continent, mais ils étaient si différents de l’un des systèmes d’écriture de tout pays que Mérula avait visité lors de ses voyages qu’elle ne pouvait pas les lire.

Mérula était un peu déçue, mais elle avait rapidement changé sa manière de penser.

Peu importe quoi, j’ai réussi à faire venir un oracle. La prochaine question est de savoir si le pape lunaire orthodoxe et son peuple peuvent lire ceci.

Alors que Mérula pensait cela, elle avait soudainement entendu les pas d’un certain nombre de personnes approchant. Ces pas étaient brutaux, et elle pouvait dire qu’ils couraient.

Oh, merde... ont-ils remarqué mon infiltration parce que j’ai touché le Lunalith !? Mérula utilisa rapidement sa capacité à disparaître et se déplaça contre le mur.

Juste après ça, six hommes lourdement armés avaient fait irruption dans la pièce. Ces hommes, dont les boucliers portaient l’emblème de l’Orthodoxie Lunaire, étaient membres de l’unité d’élite de l’État Pontifical Orthodoxe, l’Ordre des Chevaliers saints.

L’homme qui semblait être leur chef regarda dans la pièce. « ... Je peux sentir une présence ici. Quelqu’un se dissimule ! Vous deux, fermez la porte et surveillez là ! Les autres, cherchez minutieusement dans la pièce ! »

Oh, c’est mauvais !

Le chef du groupe avait détecté Mérula. Et pour couronner le tout, l’entrée était déjà inaccessible, ce ne serait qu’une question de temps avant qu’elle ne soit prise.

En arrivant à cette conclusion, Mérula s’était mise à courir. Avant la fermeture de la porte, elle avait réussi à repousser l’un des chevaliers saints et à sortir par la porte.

« Ah ! Ils se sont enfuis ! Lancez quelque chose vers l’entrée ! » cria le chef.

« Oui, Sire ! »

Sous les ordres du chef, l’un des chevaliers saints qui avaient regardé la porte sortit le poignard rangé dans le dos de son bouclier et le jeta vers Mérula.

« Guh... »

Elle avait été incapable d’esquiver ça, en partie car le couloir était si étroit, et ainsi, le poignard du chevalier sacré se planta dans l’épaule de Mérula. De plus, la douleur avait brisé sa concentration, ce qui l’avait rendu visible.

Quand les chevaliers saints l’avaient vu, ils avaient crié de surprise. « Une elfe !? Arrête-toi ! »

« C-Comme si quelqu’un pouvait..., » commença-t-elle à murmurer avant de disparaître à nouveau avec sa magie.

À cause de sa blessure, elle laissa une traînée de sang, et bien que la poursuite avait continué pendant un moment, elle avait finalement été capable de s’échapper de ses poursuivants en plongeant dans la petite rivière qui entourait l’église principale.

Cependant, parce qu’elle était tombée dans l’eau pendant qu’elle saignait, elle avait commencé à perdre plus rapidement du sang et Mérula avait rapidement perdu connaissance alors qu’elle dérivait dans le courant.

☆☆☆

Partie 7

« Alors, quand je l’ai trouvée rejetée en aval comme un monceau de tissu délavé, je l’ai ramassée et je l’ai prise sous ma protection, » acheva Souji. « Et depuis, je la cache ici. »

« ... Argg. » Mérula frappa Souji dans le dos. Il semblerait qu’elle n’en était pas heureuse, mais la vérité était qu’il l’avait sauvée, alors elle ne pouvait rien dire.

Inugami inclina sa tête sur le côté. « N’êtes-vous pas censé être un évêque lunaire orthodoxe ? Je trouve surprenant que vous ayez décidé de l’aider. »

Il avait alors répondu. « Au départ, je pensais juste qu’elle était une personne perdue quelconque. J’ai été surpris quelques jours après l’avoir sauvée quand des portraits d’elle ont été placardés un peu partout en ville annonçant qu’elle était recherchée en tant que “sorcière”. »

« Pourtant, vous ne l’avez toujours pas conduite jusqu’à l’Église ? » demanda Inugami.

« ... Et bien, l’ayant déjà aidée, je ne pouvais pas changer d’avis et la leur apporter si facilement, » après avoir dit ça, Souji prit une gorgée de son verre avant de poursuivre. « Selon ce que je savais, ils disaient qu’elle avait fait apparaître un oracle sur le Lunalith. Dans l’Orthodoxie Lunaire, on nous enseigne que seuls le pape et quelques élus peuvent faire apparaître des oracles. Si l’information sur le fait qu’une haute elfe païenne était capable d’en faire apparaître un, alors cela serait un coup énorme pour l’Église. Après tout, ils cesseraient d’être si spéciaux comme ils n’arrêtent pas de le dire. La perte de l’autorité de l’Église signifierait une réduction de la force centralisatrice dans ce pays. C’est pourquoi ils ont désigné Mérula comme étant une sorcière. C’est aussi pourquoi ils sont si désespérés quant à la trouver. Ils font ça dans le but de la faire disparaître. »

« Je vois..., » déclara Inugami.

« ... Je suis reconnaissante à Souji, » bien que Mérula l’ait agacé auparavant, cette fois elle parlait sincèrement. « Je lui suis reconnaissante d’avoir protégé une fugitive comme moi et d’avoir soigné mes blessures. Et aussi, je ne peux pas assez le remercier pour m’avoir protégée quand je n’avais nulle part où aller. »

« Oh, hé ! » Souji s’était inséré dans la discussion. « Tu es terriblement douce maintenant. »

« C’est que je dis actuellement ce que je ressens vraiment. Je veux faire quelque chose pour te rembourser toi aussi. C’est pourquoi, pendant que tu m’abritais ici, j’ai pris sur moi de faire tout le ménage pour toi. Mais ! » Mérula se leva de son siège, pointant un doigt vers Souji. « Tu es bien trop bordélique ! Si tu nettoyais un peu mieux après que tu fais quelque chose, tu ne passerais pas autant de temps à chercher des choses ! »

« Tu oses dire cela, mais tu n’es guère mieux que moi ! » Souji se leva, intraitable, et baissa les yeux sur Mérula alors qu’il parlait. « Je te laisse t’occuper un peu de la maison, et la prochaine chose que je sais, c’est que ma cave à vin a été transformée en un site d’expérimentation farfelu. Je vais donc te le répéter, tu ne peux pas simplement rénover une maison sans la permission du propriétaire. »

« Je suis une chercheuse, donc ça devait être fait. J’ai payé le matériel de ma propre poche, alors quel est le problème ? » demanda Mérula.

« Veux-tu parler de l’argent que tu m’as donné en me faisant vendre des accessoires que tu avais apportés de ton pays d’origine ? C’était vraiment difficile de s’assurer que ceux-ci n’allaient pas révéler que j’étais lié à toi. Franchement..., » peut-être que Souji venait de se souvenir de tous les tracas impliqués, parce qu’il avait commencé à se gratter l’arrière de la tête.

Lequel d’entre eux était vraiment la personne responsable ici... ? Il était difficile de dire l’équilibre des forces dans ce couple.

Souji déclara. « Franchement..., maintenant..., » avant de s’asseoir à nouveau sur sa chaise en faisant un bruit sec. « Comme vous pouvez le voir, je ne peux pas aller dans le royaume avant de comprendre ce que je dois faire à propos d’elle. »

« Hein, attends !? C’est quoi cette histoire d’aller dans le royaume !? » s’écria Mérula.

Inugami avait alors expliqué à Mérula le fait qu’ils voulaient inviter Souji à devenir l’évêque du Royaume de Friedonia en tant que contre-mesure pour faire face à l’État Pontifical Orthodoxe.

En entendant cette explication, Mérula avait réfléchi pendant un moment, puis elle hocha la tête comme si elle avait pris une décision. Elle se tourna vers Souji avant de lui annoncer. « Quelle occasion parfaite ! Je voulais aussi aller dans le Royaume de Friedonia. »

« Oh, es-tu sûr de ta décision ? Veux-tu vraiment décider de ça si rapidement ? » demanda Souji.

« Si tu pars loin d’ici, alors je n’aurai nulle part où rester dans ce pays, » déclara Mérula. « Dans ce cas, je veux partir pour le royaume avec toi alors que je suis toujours en sécurité. J’ai déjà étudié la plupart de ce que je peux dans ce pays, donc je dirais que ce n’est pas un mauvais moment pour mener mes recherches vers une nouvelle frontière. »

En disant ça, Mérula le regarda droit dans les yeux.

« Qu’en dites-vous, Monsieur Inugami ? » demanda Souji. « Pensez-vous que le roi que vous servez acceptera d’accueillir une femme que l’État Pontifical Orthodoxe voudrait qualifier de Sorcière ? »

Si, par hasard, l’État Pontifical Orthodoxe réussissait à découvrir qu’elle était dans le royaume, cela pourrait conduire à des problèmes diplomatiques épineux. Mérula demandait s’il l’accepterait en pleine connaissance de ce risque.

Si elle était remise à l’État Pontifical Orthodoxe, sa vie serait perdue. Si elle ne pouvait pas obtenir une promesse que cela n’arriverait pas, elle ne pouvait pas aller dans le royaume.

Inugami avait compris à quel point elle était sérieuse, alors il avait soigneusement examiné la question avant de répondre. « ... Eh bien, voyons voir... Sa Majesté dit toujours : “S’ils ont un don, je vais le mettre à profit”. Je suis donc sûr qu’il donnerait un accueil chaleureux à quelqu’un qui a un bagage de connaissances aussi large que le vôtre. »

Il s’agissait quand même de Souma, l’individu qu’on pourrait qualifier de fou du rassemblement de personnels talentueux. Même si cela impliquait un risque politique, il n’hésiterait pas à employer une personne aussi instruite que Mérula.

« Juste pour être sûr, je vous enverrai avec une lettre vous recommandant auprès du château signé par Maître Kagetora et moi-même, » termina Inugami.

« ... C’est donc décidé, » déclara Mérula. « Souji, allons-y ! »

Se retrouvant avec une Mérula qui le poussait à avancer, tout ce que Souji pouvait faire était de sourire avec ironie avant de parler aux deux personnes devant lui. « Franchement, vous décidez de chose importante sans même me laisser le choix, » en vérité, Souji ne se souciait pas vraiment de ça. « Eh bien, même si je restais dans ce pays, c’est un peu trop étouffant pour un gars comme moi. Je n’ai pas le choix, alors je suppose que je vais aller m’imposer à ce roi. »

Même s’il agissait comme s’il y était forcé, il accepta facilement d’aller au Royaume de Friedonia. Et ainsi, le Royaume avait ajouté deux nouveaux membres talentueux à son personnel.

Souji Lester, évêque de l’État Pontifical Orthodoxe de Lunaria, en rupture de commandement, et Mérula Merlin, chercheuse haute elfe. Quel impact pourraient avoir ces deux personnes qui rejoignaient maintenant le royaume quand à son futur ?

Personne ne pouvait savoir à ce stade, mais peut-être que le Lunalith l’avait fait.

☆☆☆

Partie 8

Le flash-back est ainsi terminé. Retournons maintenant au présent.

Après avoir rejoint le Royaume de la manière décrite précédemment, Mgr Souji Lester avait comparu pour la première fois devant le peuple de Friedonia par l’intermédiaire du Joyau de Diffusion de la Voix.

Souma venait à peine d’annoncer que toutes les religions enregistrées seraient reconnues comme une religion d’État. Avec l’évêque d’une religion monothéiste comme l’Orthodoxie Lunaire qui venait directement à lui, les adeptes de toutes les religions, y compris l’Orthodoxie Lunaire, attendaient avec impatience de voir ce qu’il allait dire et faire.

Cependant, comme pour dire qu’il ne se souciait pas de leur anticipation, Souji se présenta brièvement et commença à parler d’un ton décontracté. « Maintenant... Le Roi Souma disait qu’il reconnaîtrait n’importe quelle religion qui s’inscrit comme une religion d’État, mais, par chance, notre Orthodoxie Lunaire a été autorisée à devenir une religion d’État avant les autres. Il semblerait que le Culte de la Mère-Dragon ait été aussi inscrit, ainsi que le culte de la divinité vénéré par les elfes sombres de la Forêt Protégée par Dieu qui a été également inscrit directement par la deuxième reine primaire, Lady Aisha. Pour le reste d’entre vous, dans les autres religions et sectes, vous devriez vous dépêcher et faire rapidement inscrire la vôtre. »

Les citoyens étaient dans l’ensemble déconcertés par la manière décontractée dont parlait Souji. Les croyants de l’Orthodoxie Lunaire avaient été particulièrement surpris. La raison était simple. C’était parce que leur évêque, le chef des croyants dans le Royaume de Friedonia, parlait d’une manière qui indiquait clairement qu’il reconnaissait la présence d’autres religions.

En raison de la nature du royaume en tant qu’état multiracial, la grande majorité des croyants dans le royaume étaient des modérés qui avaient horreur de causer des frictions avec les autres races. Mais même ainsi, ils hésitaient encore à s’impliquer activement avec les adeptes d’autres religions. Cependant, la façon dont Souji parlait maintenant leur avait retiré cette hésitation.

Ohh. Je suppose que c’est une bonne chose si nous pouvons nous entendre et nous comprendre...

Les croyants affichaient tous un regard comme s’ils avaient été libérés de quelque chose qui les avait possédés depuis si longtemps.

Souji avait continué son allocution. « Et concernant ce que la jeune demoiselle, Roroa demandait : si nous avions des événements religieux. Je suis sûr que nos croyants le savent déjà, mais nous approchons de plus en plus de la date pour le Festival de l’Annonce du Printemps. »

Le Festival de l’Annonce du Printemps était le plus grand événement printanier pour l’Orthodoxie Lunaire. Il s’agissait d’un festival pour célébrer la fin de l’hiver et l’arrivée de la saison où les fleurs fleuriraient.

Pendant ce festival, les enfants des croyants s’habillaient comme des fées et se promenaient avec des paniers de fleurs cueillies qu’ils donnaient aux adultes. En d’autres termes, les enfants devenaient les « envoyés du printemps ». Alors les adultes donneraient à ces envoyés des bonbons de printemps en échange des fleurs, et ils prieraient pour une récolte abondante cette année-là.

Et, bien, c’était un festival qui ressemblait fondamentalement à une version printanière d’Halloween.

« Maintenant, à propos du Festival de l’Annonce du Printemps, j’ai de bonnes nouvelles pour vous, » déclara Souji. « La jeune demoiselle, Roroa, a accepté de le reconnaître en tant qu’événement national. Cela peut sembler soudain, mais il aura lieu le week-end prochain. Les villes et les villages avec des églises de l’Orthodoxie Lunaire devraient déjà avoir été notifiés. Tout le monde est libre d’y participer. Qu’ils soient croyants ou non, chaque enfant recevra des bonbons. S’ils le peuvent, nous aimerions que les adultes qui appartiennent à d’autres religions aident aussi à cet événement. Si un enfant vient vers vous, prenez sa fleur et donnez-lui des bonbons, c’est tout ce qu’il faut faire. N’est-ce pas simple ? Je pense que ce sera aussi un festival amusant pour les adultes, alors participez activement. »

La foule avait déclenché un tonnerre d’applaudissements face aux paroles de Souji. Il semblait qu’elle trouvait ça amusant.

Depuis que Souma avait créé des programmes de diffusion, une tendance à profiter de ce genre d’événements avait pris racine chez les habitants du royaume. Quand le jour viendra, beaucoup d’entre eux seront sûrement là pour profiter du festival.

Souji déclara ensuite. « Merci d’avoir bien voulu m’écouter, » puis, il fit un pas en arrière et Roroa s’avança pour se replacer en avant de l’écran.

« Cette fois, nous faisons un festival de l’Orthodoxie Lunaire, mais si vous êtes une personne impliquée dans une religion possédant aussi un festival intéressant à partager, faites-le-nous savoir. Nous allons colorer ce pays avec des événements de toutes sortes de religions. Je pense que ce sera merveilleux. Ravivons ce pays, croyants et non-croyants ! »

Quand Roroa leva le poing en l’air, la foule se mit à applaudir avec force.

« Maintenant, que les préparatifs pour ce festival commencent ! » annonça Roroa.

☆☆☆

Partie 9

— Le dernier jour du troisième mois de l’année 1547 du Calendrier Continental — le jour du Festival de l’Annonce du Printemps

Ce jour-là, j’avais amené Aisha et Tomoe dans la ville du château. La ville était bondée de personnes venues pour le festival. Je portais ma tenue habituelle quand je devais voyager incognito, la tenue du voyageur de l’Union Archipel du Dragon à Neuf Têtes, mais avec le nombre de personnes là-bas, peut-être que je n’aurais pas eu besoin d’un déguisement.

« Je-Je viens avec les bénédictions de printemps..., » Tomoe bégayait alors qu’elle répétait la phrase clef. « D’accord ! »

Dans tout ce brouhaha, Tomoe, qui portait une robe blanche de mage avec des plumes cousues dessus, offrait une fleur à une vieille dame dans un étal de rue.

La vieille dame avait souri et lui avait dit. « Oh, ma chérie, quelle adorable petite fée ! » acceptant la fleur de Tomoe avec un doux sourire et lui donnant un sac plein de bonbons.

Une fois qu’elle avait accepté les bonbons, Tomoe avait balancé sa tête de haut en bas afin de remercier la dame, puis elle s’était précipitée dans ma direction avec ses petits pas avant de me montrer son sac de bonbons.

« Grand frère, regarde ce que j’ai eu ! » déclara Tomoe.

« Oui, je vois. C’est super pour toi, » répondis-je.

« Ouais ! » déclara Tomoe.

Alors que je lui avais tapoté la tête, la queue de Tomoe avait remué d’avant en arrière, démontrant qu’elle était heureuse. Voyant Tomoe comme ça, Aisha, déguisée avec un uniforme scolaire, avait fait un sourire stupide.

« Ohhh, » déclara Aisha. « Mademoiselle Tomoe est si adorable ! »

« Tenez. J’en ai aussi pour vous, Aisha, » Tomoe avait offert de ses bonbons.

« Puis-je vraiment !? Je vous aime tellement, Mademoiselle Tomoe ! » s’exclama Aisha.

« Ahh !! » s’écria Tomoe.

Aisha attrapa Tomoe, la souleva facilement et se mit à frotter sa joue contre la sienne. Comme toujours, j’avais aussi l’impression de voir une queue invisible se balançant à l’arrière d’Aisha.

... Eh attendez, qu’est-ce qu’elle faisait là, en laissant une enfant de onze ans l’apprivoiser avec de la nourriture ?

Alors que je regardais Aisha avec un peu d’exaspération...

« Hey, n’est-ce pas le roi lui-même, » quelqu’un avait soudainement appelé depuis derrière moi.

Quand j’avais regardé dans la direction d’où venait la voix, Souji était là, assis dans l’un des sièges du patio devant un bar et buvant du vin. Il avait une tasse en bois à la main, et avait déjà l’air assez pompette. L’homme qui buvait même en plein jour était-il vraiment un membre du clergé ? Il y avait ce qui semblait être une femme assise en face de Souji et portant une capuche, et celle-ci sirotait son verre bien plus lentement que l’homme et par petites gorgées.

« ... Il est encore seulement midi. Vous en rendez-vous compte, homme d’Église ? » dis-je. « Est-ce Mérula ? »

« Bonjour, Roi Souma, » Mérula m’avait salué gaiement.

Est-ce vraiment Mérula ? Ce serait un problème si les gens découvraient qu’elle était une haute elfe, alors elle essayait probablement de garder un profil bas.

Souji avait reposé son verre, puis il avait dit avec des yeux vitreux, « Wôw... C’est sûr que c’est un festival ça. Ne soyez donc pas si rigide. N’êtes-vous pas de votre côté en ville avec Aisha et Tomoe ? N’avez-vous pas une belle fleur à chaque bras ? »

« N’est-ce pas normal... Vous savez, je ne fais que passer du temps avec ma famille, » répondis-je.

La raison pour laquelle aujourd’hui je me promenais secrètement était d’arpenter la ville du château, mais aussi d’avoir un rendez-vous avec Aisha.

Bien que j’avais... hm... développé ma relation avec Liscia, mais je n’avais rien fait avec mes autres fiancées. J’avais agi ainsi non pas, car je ne les aimais pas, mais pour éviter un ordre de naissance des enfants qui pourrait devenir gênant. Je voulais empêcher que tout cela se transforme en un problème de succession. Cela concernait surtout Roroa, qui était dans une position risquée en étant la princesse souveraine d’un ancien pays ennemi. Donc, pour elle et pour le bien de l’enfant qui allait naître, je ne pouvais pas encore lui tendre la main.

Ce ne serait probablement pas un problème si je faisais quelque chose avec ma reine secondaire, Juna, dont les enfants n’auraient pas le droit d’hériter, ou sur Aisha, qui était issue d’une race ayant une longue durée de vie et qui aurait donc du mal à concevoir, mais elles se retenaient toutes deux par égard pour Roroa.

Honnêtement... elles étaient toutes de si adorables femmes.

Eh bien, le résultat était que Liscia s’était maintenant retrouvé à se faire demander par mes autres fiancées : « Dépêche-toi d’avoir le plus tôt possible l’héritier », et elle s’était plainte en retour : « Je vous jure, toute cette pression me fait mal à l’estomac. »

... Je me sentais mal pour elle.

Hum... ! Quoi qu’il en soit, même si je ne pouvais pas poser la main sur elles, il était important que je fasse encore d’autres activités avec Aisha et mes autres fiancées.

Quand je l’avais expliqué à Souji, il avait dit : « Hmm... Cela doit être difficile d’être un homme ayant une telle famille alors que vous êtes si jeune, » comme si ce n’était pas son problème, et puis il avait repris sa tasse et avait bu le reste de son vin comme s’il enfonçait un couteau dans la plaie. « Pwah! »

« Ne pensez-vous pas que vous en avez eu plus qu’assez ? » demandai-je.

« Dans l’Orthodoxie Lunaire, le vin est sacré. En d’autres termes, en versant ce liquide dans mon corps, j’accumule la vertu, » répliqua Souji.

« Cela ressemble absolument à l’excuse d’un ivrogne, » l’avais-je informé. « Vous êtes vraiment irresponsable. »

« Mais c’est commode pour vos citoyens que je sois si irresponsable, n’est-ce pas ? » grimaça Souji,

... Franchement, ce vieil homme...

J’avais haussé les épaules. « Eh bien, on peut le dire. Après tout, le plan d’Hakuya est de vous utiliser pour séparer les croyants du chef-lieu de l’Église. »

« Eh bien, Votre Majesté, vous me grattez le dos, je gratterais le vôtre, » répliqua Souji. « Je vais me lâcher avec tout ce que j’ai en réserve. »

« Je compte sur vous, » dis-je. « Maintenant, je vais y aller et retourner auprès d’Aisha et Tomoe. »

« Bien sûr. Que la protection et la paix de Dieu soient sur vous et votre famille, » déclara Souji.

En entendant la prière de l’évêque délinquant derrière moi, il était difficile pour moi de savoir à quel point il était sérieux. J’étais retourné à l’endroit où Aisha et Tomoe étaient en ce moment.

☆☆☆

Épilogue : Vers son premier voyage à l’étranger

Partie 1

— Premier jour du 4e mois de l’année 1547 du Calendrier Continental —

Il s’agissait du lendemain de la tenue du Festival de l’Annonce du Printemps de l’Orthodoxie Lunaire.

Le Festival de l’Annonce du Printemps avait été assez animé hier, donc la ville du château serait fort occupée après ça à tout nettoyer aujourd’hui. Je passais la journée au bureau des affaires gouvernementales, fixant un unique morceau de papier.

Liscia, qui venait d’entrer dans la pièce, me regarda d’un air soupçonneux et demanda : « Souma, est-ce que quelque chose vient de se produire ? »

« Hmm ? Oh, je regardais ça, » dis-je en tendant à Liscia la feuille que je regardais avant ça.

Le morceau de papier avait trois caractères, ou des symboles alignés dessus. C’était quelque chose que je ne pouvais pas comprendre. En partant de la gauche, il y avait « un triangle en forme de flèche pointant vers la gauche, combinée avec un carré », puis « deux lignes verticales et quelque chose faite avec une ligne verticale avec cinq lignes horizontales le traversant » et « un symbole en forme de parapluie. »

Liscia regarda le bout de papier que je lui avais donné. « Qu’est-ce que c’est ? »

Je lui avais alors répondu. « C’est apparemment une portion de l’oracle de Lunalith que Mérula a vu. »

***

Mérula Merlin était venue avec Souji Lester, l’évêque que nous avions invité comme une contre-mesure pour faire face à l’Orthodoxie Lunaire. Ses recherches se concentraient principalement sur le spirituel et la magie, et ses longues années de recherche avaient produit une incroyable richesse de connaissances, alors je l’avais accueillie à bras ouverts.

Dès qu’elle était arrivée, Mérula avait été invitée à travailler dans le laboratoire de Genia, la Surscientifique, vu qu’il y avait toutes sortes d’équipements disponibles là-bas et que la sécurité y était maximale. Il semblait que le minerai maudit, qui absorbait la magie, était un sujet de recherche très intéressant pour Mérula. Et ainsi, Genia et elle passaient toutes leurs journées ensemble, absorbées dans leurs recherches.

Quel genre de réaction chimique serait produite par la réunion d’une chercheuse excentrique en surscience et d’une chercheuse excentrique en magie, et quel effet cela aurait-il sur ce pays ? J’étais plutôt impatient d’y être, et en même temps, j’étais un peu inquiet.

Quelque chose était arrivé la première fois que j’avais rencontré Mérula.

Nous avions parlé de l’oracle qu’elle avait vu apparaître sur le Lunalith, et quand je lui avais demandé des détails, Mérula avait secoué la tête en semblant déçue.

« Ils l’appellent un oracle, donc je pense que ce qui est apparu était du texte, mais ce n’était pas dans un système d’écriture d’un pays de ce monde, donc je ne pouvais pas comprendre ce qu’il disait. Si j’avais eu un peu plus de temps devant moi, j’aurais peut-être au moins pu savoir s’il s’agissait de phonographes ou d’idéogrammes, mais... »

Il semblerait qu’elle n’avait pas eu le temps de le mémoriser correctement. Sa vie était en danger, alors je pouvais difficilement la blâmer pour ça.

Quand je lui avais demandé s’il y avait quelque chose dont elle se souvenait, aussi minime soit-elle, elle avait dit : « Il s’agit juste d’une petite fraction du texte, mais je m’en souviens... c’était quelque chose comme ça... »

Et puis elle avait écrit ces trois caractères ou symboles incompréhensibles sur un morceau de papier. Les souvenirs de Mérula étaient vagues, donc c’était probablement exactement comme elle les avait vus.

En fin de compte, la seule chose que nous savions était que ces sortes de caractères ou de symboles incompréhensibles étaient apparus en tant qu’oracle.

Liscia sembla réaliser quelque chose, car elle déclara : « Ah... ! Si l’écriture ne vient pas de ce monde, est-ce que cela pourrait venir du tien ? »

« Oui, » dis-je. « C’était quelque chose que je soupçonnais aussi, mais je n’ai absolument aucune idée de ce que c’est... »

Je ne pouvais évidemment pas prétendre me familiariser avec tous les systèmes d’écriture sur Terre, mais je pouvais au moins dire qu’en plus d’une décennie de vie au Japon, je n’avais aucun souvenir d’avoir vu ce genre d’écriture avant. Celui au milieu pourrait ressembler un peu au kanji pour « prier » ou « samouraï » si vous le regardiez de la bonne façon, mais quant à ce qui ressemblait à une flèche qui le précédait, et le parapluie qui était venu après, c’était... je n’en avais aucune idée.

J’avais abandonné et avais mis le morceau de papier à l’intérieur de mon bureau. « Eh bien, même si je ne pouvais en lire que trois caractères, ça ne m’avancerait pas vraiment. Et après tout, je ne peux pas négliger mes devoirs justes parce que je suis curieux quant à ça. Oublions ça pour l’instant. »

Et ainsi, Liscia et moi avions commencé la paperasse pour la journée, mais... j’avais affecté l’une de mes consciences que j’avais séparées pour y réfléchir pendant ce temps.

Des événements avaient parfois eu lieu en dehors du Royaume de Friedonia. Si quelque chose me dérangeait, quand c’était une affaire intérieure, je pouvais faire venir de nouvelles personnes, affecter du personnel sur l’affaire, et assigner un budget pour que cela fasse l’objet d’une enquête. Après tout, j’étais roi.

Cependant, quand cela se déroulait dans un autre pays, je ne pouvais pas enquêter.

Si c’était quelque chose que le pays concerné avait déjà étudié, il était possible que je puisse acquérir l’information par la diplomatie ou l’espionnage. Cependant, s’ils n’avaient pas encore enquêté, je n’avais aucun moyen d’acquérir des informations sur ça. Et parce qu’il s’agissait d’un autre pays, je ne pouvais pas envoyer une équipe pour enquêter sur l’affaire.

Et si ce pays ne pouvait pas mettre la main sur l’information décisive qui pourrait se trouver dans un tel événement, n’y avait-il pas des chances que cela puisse décider du destin de notre propre nation ? Et si nous l’apprenions trop tard ? Chaque fois que je pensais à ça, je me sentais incapable de rester assis.

Le monde n’était pas composé uniquement d’un seul pays. Et surtout, si je restais à l’intérieur du château, il était naturel qu’il y ait des choses que je ne pouvais pas trouver de cette façon. J’avais encore... tellement de choses à apprendre sur ce monde.

Je dois en apprendre plus. Oui, beaucoup plus, à propos de nombreux pays différents. Alors que j’étais submergé par le travail du gouvernement, c’était ce que je pensais.

☆☆☆

Partie 2

Il s’agissait d’une place mystérieuse.

C’était comme si j’étais dans un abîme dans lequel aucune lumière ne pouvait l’atteindre, ou peut-être j’avais été jeté dans l’espace profond, dans un endroit où j’étais incapable de discerner ce qui était le haut du bas.

Je flottais au milieu de cet espace.

Je pouvais respirer correctement, mais mes pensées étaient étrangement brumeuses.

Oh... il s’agit probablement d’un rêve. Je suis dans un monde imaginaire. Parfois lorsque je rêvais, je réalisais que c’était un rêve.

Quand je m’assoupissais proche de mon kotatsu, où il était difficile de s’endormir complètement, je réalisais que c’était un rêve et je pensais que j’avais besoin de me réveiller rapidement, et là, je rêvais que je me réveillais avant de réaliser que je rêvais à nouveau, et ainsi de suite en boucle pendant longtemps. C’était proche de ce que je ressentais maintenant.

Alors que je dérivais dans cet état de somnolence, une lumière était soudainement apparue devant moi.

La lumière avait progressivement augmenté, atteignant finalement plusieurs dizaines de fois ma propre taille. La lumière qui avait grandi jusqu’à cette énorme ampleur avait finalement commencé à prendre la forme de quelque chose bien spécifique. Après avoir pris forme, la forte lumière s’était progressivement estompée et alors...

Ce qui était apparu devant mes yeux était un énorme dragon d’argent.

L’aura qui émanait de lui était véritablement écrasante. Il avait des cornes enroulées sur elles-mêmes comme vous pourriez le voir sur une chèvre. Il possédait des griffes et des crocs qui semblaient être capables de déchirer de l’acier comme si cela n’avait été que du beurre. De puissantes ailes se répartissaient des deux côtés de son corps massif. Son corps était recouvert d’une fourrure lisse et argentée, et ses yeux bleus semblaient en quelque sorte emplis de douceur. Il s’agissait d’un dragon qui était masculin et pourtant, il émanait de lui une sensation maternelle.

Auparavant, on m’avait dit que les wyvernes et les dragons étaient complètement différents, mais... maintenant, je pouvais comprendre ce dont ils parlaient. Cette créature était si divinement éblouissante qu’il semblerait absurde de la comparer à une wyverne.

« Se pourrait-il que vous soyez... la Mère-Dragon ? » demandai-je.

Il s’agissait de l’intuition que j’avais eue quand je l’avais vu. J’avais entendu parler de ça avant. On m’avait dit qu’il y avait des dragons sensibles vivant dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et qu’ils étaient gouvernés par un magnifique dragon blanc extrêmement massif. Le dragon devant mes yeux était si beau que je l’aurais décrit comme un dragon d’argent, et non pas un dragon blanc, mais cela correspondait parfaitement à l’image de la Mère-Dragon.

La Mère-Dragon n’avait ni confirmé ni nié, mais ses yeux indéfectibles qui fixaient les miens me disaient que la réponse était « oui ».

Puis la Mère-Dragon avait étiré son long cou. Même sa tête était incroyablement massive, et si elle en avait eu envie, elle aurait facilement pu m’avaler entièrement là-dedans. J’avais un peu paniqué, mais mon corps n’avait pas pu bouger, comme s’il était cousu en place.

Heureusement, la tête de Mère-Dragon n’avait pas ouvert sa bouche lors de cette approche, et son grand nez s’était rapproché de moi. Puis elle avait doucement inhalé à travers ses narines. Nous étions restés comme ça pendant un petit moment, puis la Mère-Dragon avait lentement fait reculer sa tête loin de moi.

« Vous qui avez une odeur familière, » parla-t-elle.

Hein !? pensai-je, choqué.

J’avais entendu sa voix. Elle avait le ton d’une douce femme âgée. Était-ce la voix de la Mère-Dragon ? Je pensais que c’était possible, mais elle n’avait pas ouvert la bouche.

« Vous qui avez une odeur familière. »

Je l’avais à nouveau entendu. J’avais vraiment l’impression que cela venait de la direction de la Mère-Dragon.

« Cette... voix semble être directement reçue dans mon cerveau, est-ce la vôtre ? » demandai-je.

La Mère-Dragon avait l’air d’avoir hoché la tête. « Il s’agit de la seule façon dont nous pouvons parler quand nous sommes sous forme de dragon, » répondit-elle mentalement.

« Comme c’est intéressant..., » dis-je.

Quelle capacité mystérieuse c’était ! Je ne savais pas si c’était la magie de communication ou peut-être de la télépathie, mais, eh bien, c’était un rêve, donc je suppose que tout pouvait fonctionner. Mais quand même... le fait d’avoir une conversation avec la Mère-Dragon dans mon rêve était comme quelque chose qu’on trouverait dans un film médiéval fantastique.

« ... Serait-ce que vous qui me montrez ce rêve ? » demandai-je.

« Non, » répondit-elle. « C’est un rêve, mais en même temps, ce n’est pas un rêve. En synchronisant nos consciences, j’ai donné naissance à un pseudo-rêve, et j’ai ainsi pu créer un espace pour que nous puissions converser. »

La Mère-Dragon m’avait expliqué tout cela comme si tout cela était très naturel pour elle.

Synchronisation de consciences, pseudo-rêves... Le décor ressemblait à quelque chose que vous pourriez trouver dans un film fantastique, mais le vocabulaire utilisé était terriblement systématique. C’était presque comme si elle était familière avec la science-fiction.

J’avais entendu dire qu’il y avait des dragons sensibles dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, et j’avais supposé que leur intelligence était juste suffisante pour qu’ils puissent parler comme des humains, mais peut-être que leur intelligence dépassait de loin celle des races de l’humanité. Si c’était le cas, c’était vraiment un pays insondable qu’ils avaient.

« ... Alors, Madame la Mère-Dragon, pourquoi avez-vous arrangé cela pour nous rencontrer de cette façon ? » Je lui avais parlé comme si elle était une reine d’une autre nation, tout en faisant de mon mieux pour feindre le sang-froid.

Même si j’avais simplement demandé cela pour voir ce qu’elle dirait, j’avais déjà une idée de la raison qui avait fait qu’elle avait pris contact avec moi...

Ce devait être par rapport au Mechadra, la chose que Genia avait réalisée avec les os que nous avions excavés. Si la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon s’était mise en colère contre nous, en disant : Ne jouez pas avec les restes de notre espèce, notre pays n’aurait d’autre choix que d’offrir de sincères excuses. En rencontrant pour la première fois un véritable dragon, j’avais été capable de réaffirmer une chose en moi-même : nous devions être sûrs de ne jamais nous en faire des ennemis.

On m’avait dit que le monstre qui était créé quand les os d’un dragon se transformaient en un dragon squelettique était capable de détruire toute une nation. Cela signifiait probablement que dès le départ, les dragons avaient autant de potentiel destructif. Cela m’avait aidé à comprendre pourquoi, même au plus fort de leur puissance, l’Empire n’avait pas été capable de poser une main ou un pied sur la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon malgré leur suprématie sur les autres nations. Ou plutôt, c’était tellement imprudent qu’ils n’avaient jamais décidé de se battre contre des êtres comme ceux-ci.

Alors que je sentais une sueur froide couler dans mon dos, la Mère-Dragon semblait légèrement sourire.

« Je n’ai rien à dire à ce sujet, » déclara-t-elle.

« Hein !? » Est-elle capable de lire mes pensées !?

« Je vous l’ai déjà dit, il s’agit d’un lieu créé par la synchronisation de votre esprit et du mien. Même sans parler, vous devriez être capable d’entendre ma voix, » m’expliqua-t-elle.

« ... »... Donc on peut communiquer uniquement par la pensée, est-ce bien ça ?

Quand j’avais choisi de penser ce que je voulais lui dire, mais sans le mettre en mots, et la Mère-Dragon hocha la tête.

Bon sang ! Nous n’avions pas seulement une discussion à cœur ouvert, mais ce qui était dans nos têtes était ouvert à l’autre partie.

Il ne pouvait y avoir d’endroit plus approprié pour négocier, mais cela signifiait aussi que je ne pouvais pas lui mentir. Mais ce n’est pas sûr. Vu qu’elle est quand même la Mère-Dragon, alors peut-être qu’elle est assez puissante pour pouvoir dire des mensonges dans son propre cœur ? Alors que j’étais en train de réfléchir à ça, la Mère-Dragon m’avait parlé dans ma tête.

« Même moi je ne peux pas faire ça. Aucune créature ne peut mentir dans son cœur. »

« Vraiment ? » demandai-je.

« Tout à fait. De plus, vous n’avez pas besoin de dire les choses à haute voix. Est-ce que vous vous en rendez compte ? » demanda-t-elle.

« Eh bien... je trouve ça un peu troublant de ne pas le faire, alors s’il vous plaît, laissez-moi parler à haute voix, » dis-je.

Il s’agissait d’un espace où rien ne pouvait être dissimulé.

J’avais donc décidé de lui poser des questions sur cette situation. « Donc, à propos du Mechadra... vous disiez que vous n’aviez rien à nous reprocher à ce sujet ? »

« Tout à fait, » répondit-elle. « Je n’ai pas l’intention de vous dire ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire avec une dépouille quand l’âme est déjà partie depuis longtemps, et, que sur le plan physique, l’os a été remplacé par de la pierre. »

« ... Même si cela reste les os de l’un de vos semblables ? » demandai-je afin de le confirmer.

« Votre peuple montre également les restes fossilisés de vos ancêtres, » avait-elle répondu. « Je ne peux pas dire que je n’ai aucune réserve à ce sujet, mais cela reste quelque chose d’inévitable. Tous les êtres vivants finissent par mourir, puis pourrir. Animaux, plantes, humains et dragons, nous retournons tout à la fin à la terre. Dans ce cas, devons-nous nous lamenter sur le fait que lorsque nous foulons la terre, nous écrasons ceux qui étaient autrefois nos frères ? »

J’étais surpris par cette réponse. Même si elle était un objet de culte, la Mère-Dragon avait parlé en des termes pragmatiques. Et aussi, si sa mention de retour à la terre était une référence à être décomposée par des microbes, je ne pouvais vraiment pas me permettre de sous-estimer les connaissances des dragons.

« S’il ne s’agit pas de problèmes avec le Mechadra, pourquoi avez-vous organisé cette réunion ? » demandai-je.

La Mère-Dragon avait un peu plissé ses yeux. « Vous qui avez une odeur familière, Roi d’Elfrieden et d’Amidonia, Sire Souma Kazuya, je voudrais que vous veniez visiter la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« La Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon ? » demandai-je.

La Mère-Dragon acquiesça calmement. « Dans un proche avenir, nous organiserons une cérémonie pour les jeunes dragons de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon pour former des “contrats de jumelage” avec les chevaliers du Royaume des Chevaliers-Dragons de Nothung. Je voudrais que vous participiez à cette cérémonie. »

« Hein !? » m’exclamai-je.

Allais-je participer à la cérémonie des Chevaliers-Dragons ? ... Attendez, la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon n’avait-elle pas aucune relation diplomatique avec qui que ce soit en dehors du Royaume des Chevaliers-Dragons de Nothung ? Quand j’avais essayé de demander plus de détails, le corps de Mère-Dragon avait commencé à briller comme quand elle était apparue. C’était si brillant, que j’avais dû plisser les yeux.

Juste avant que sa forme ne disparaisse, Mère-Dragon m’avait laissé avec ces mots : « Il y a quelque chose que je souhaite vous confier. »

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Partie 3

Quand j’avais ouvert mes yeux, j’étais sur un lit dans une pièce sombre.

J’avais regardé autour de moi avec mon esprit encore brumeux. Il faisait probablement encore nuit. Il faisait sombre, mais la lumière de la lune qui coulait à travers la fenêtre m’avait permis de distinguer l’intérieur de cette pièce propre et ordonnée de style occidental.

C’est... Ah oui, c’est vrai. Je suis dans la chambre de Liscia, réalisai-je rapidement.

Hier soir... ou plutôt, tous les soirs, à moins que je ne sois particulièrement occupé par du travail... Je m’étais endormi et je m’étais réveillé dans la chambre de Liscia. Bien sûr... eh bien... c’était pour que nous puissions faire beaucoup d’activités nocturnes.

Comme prévu, quand j’avais regardé à côté de moi, j’avais trouvé le visage endormi de Liscia. C’était très agité le lendemain matin si nous le faisions dans le bureau des affaires gouvernementales. Quand j’avais pensé à le faire dans ma chambre, j’avais réalisé qu’une moitié était mon atelier de fabrication de poupées, et que l’autre moitié était où nous passions du temps en famille, ce qui rendait la situation difficile. Comme je ne voulais pas gêner quelqu’un quand nous étions ensemble chez moi, j’avais décidé que nous utiliserions la chambre de Liscia tous les soirs.

« Nngh..., » Liscia, qui était allongée sur le dos à côté de moi, était endormie et nue. Elle semblait alors lever la tête, mais elle avait à la place roulé sur le côté, vers moi. Puis, ouvrant lentement les yeux, elle les frotta pour dissiper son sommeil avant de me parler. « Hmm... Souma ? »

« Désolé. T’ai-je réveillée ? » demandai-je.

« ... Non. C’est bon. Que se passe-t-il ? » demanda-t-elle.

« Oh... C’est juste que j’ai eu une sorte de rêve vraiment incroyable, » répondis-je.

« Un rêve ? » demanda-t-elle.

C’était à ce moment-là que c’était arrivé.

Ohhhhhhhhhhhhhh...

Soudain, il y avait un son comme ça. Il s’agissait d’un son mystérieux, presque comme une sirène, ou peut-être le hurlement de quelque créature. Comme nous pouvions l’entendre depuis une distance considérable, il devait avoir été fait avec un volume sonore très élevé, mais cela ne nous avait pas fait résonner les oreilles. Il était probable que cela n’allait pas réveiller ceux qui étaient endormis. Je ne l’avais jamais entendu moi-même auparavant, mais j’imaginais que c’était comme le chant des baleines.

J’avais mis ma chemise puis enfilé un pantalon, et après ça, je m’étais levé avant d’aller me poster près de la fenêtre. Après l’avoir fait, j’avais vu une grande ombre dans le ciel s’envoler vers le nord-ouest.

« Comme c’est inhabituel, » déclara Liscia. « Il s’agit de la Mère-Dragon lors de l’un de ses vols touristiques. »

Liscia se tenait à côté de moi, nue à l’exception de la couverture enroulée autour d’elle.

« Vols touristiques ? » demandai-je.

« Il s’agit de la première fois que je le vois moi-même, » répondit Liscia. « En de très rares occasions, il y a des moments où la Mère-Dragon fait un voyage sur le continent. Elle ne fait rien en particulier, mais les Adorateurs de la Mère-Dragon disent que la bonne fortune vient à ceux qui la voient lors de ses vols touristiques. »

« La bonne fortune..., hehe, » déclarai-je.

Liscia avait semblé penser que c’était une coïncidence, mais quand j’avais considéré de mon côté le rêve que j’avais juste eu.

C’est un rêve, et pourtant, ce n’est pas un rêve. Vraiment ?

J’avais à nouveau eu une prémonition que quelque chose allait se produire, et j’avais laissé échapper un petit soupir.

☆☆☆

Partie 4

Le jour suivant...

Alors que j’étais encore préoccupé par les événements d’hier soir, je travaillais comme d’habitude au bureau des affaires gouvernementales quand mon Premier ministre, Hakuya, était arrivé dans la pièce. Il semblait au bout du rouleau.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » demandai-je. « Vous avez l’air horriblement fatigué. »

Hakuya s’approcha de moi et me déclara alors avec un regard tourmenté. « Votre Majesté... Puis-je vous demander de quitter le château pendant un moment ? »

« ... Encore une fois ? » demandai-je.

Dois-je m’éloigner du château ? Me dit-il de quitter le château ? Je suis quand même le roi ici, vous en rendez-vous compte ?

« Voulez-vous me renverser ? » demandai-je. « Franchement, Hakuya, si vous voulez le trône, c’est d’accord. Cela ne me dérange pas de vous laisser l’avoir. »

« Ne dites pas de bêtises. Je ne veux pas de cette chose, » répliqua-t-il.

« “Cette chose” ? Bon, je vais vous écouter..., » dis-je.

« Parfait. Vous n’avez qu’à m’écouter. Tout récemment, vous avez annoncé la date de votre cérémonie de mariage, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

Après qu’il ait demandé ça, j’avais acquiescé.

L’autre jour, j’avais annoncé que moi, qui n’étais encore que le régent (provisoire) qui n’était pas encore officiellement monté sur le trône, effectuerais la cérémonie du couronnement qui ferait de moi le quatorzième roi, en même temps que se tiendrait ma cérémonie de mariage avec Liscia et mes autres fiancées. Tout cela était prévu pour se dérouler à la fin de cette année. J’avais décidé de le faire de cette façon, car gérer ces grands événements tout à la fois serait plus doux pour le trésor national.

Cependant, Hakuya avait dit que cela causait un problème. « Sire, le château est maintenant inondé de propositions de nobles, ainsi que des Rois des États de taille moyenne et petite présents dans l’Union des Nations de l’Est, qui veulent tous former des liens matrimoniaux avec vous. Ils espèrent se glisser maintenant dans la place, avant la cérémonie de mariage. »

« Alors, c’est ce qu’on pourrait appeler une ruée de dernière minute des prétendantes, non ? » demandai-je. « Ne pourriez-vous pas toutes les refuser ? »

« Nous pourrions, mais... elles proviennent toutes de maisons dont la position fait qu’il est difficile de refuser quand elles disent : “Même si vous refusez, nous aimerions vous rencontrer au moins une fois avant de le faire”, » déclara-t-il. « Récemment, le nombre de demandes de mariage présentées au château a augmenté et la section qui en est responsable est sur le point d’exploser. »

« ... Y a-t-il beaucoup de personnes qui m’envoient des propositions de mariage ? » avais-je demandé avec trépidation.

« Non, elles ne sont pas juste pour vous, Sire, » répondit-il. « Chacun des hommes célibataires qui se tiennent à vos côtés et qui sont perçus comme ayant un avenir prometteur a aussi reçu un assez grand nombre de propositions de mariage, » répondit-il.

Donc, s’ils ne pouvaient pas se marier dans la famille royale, ils voulaient au moins épouser l’un de mes proches avec un avenir prometteur. Après tout, c’était probablement un défi plus facile à surmonter pour eux que de devenir membre de la famille royale. Franchement... si vous vous disiez que tous les nobles l’avaient fait, ce serait normal, mais... quand même, c’était impressionnant qu’ils puissent continuer à faire ça.

« Dans tous les cas, le plus populaire de vos serviteurs est Sire Poncho, » déclara Hakuya.

Poncho ? Maintenant, il y avait un fait surprenant qui venait de m’être annoncé.

« N’est-ce pas Ludwin, le beau capitaine de la Garde Royale ? » demandai-je.

« C’est vrai que Sire Ludwin est incroyablement populaire, mais la Maison des Arcs est une grande maison, et les seules personnes qui peuvent le lui proposer sont de la noblesse et ceux ayant un rang de chevalier, » déclara Hakuya. « Sur ce point, Sire Poncho est de basse naissance, et même les familles marchandes qui font partie des roturiers lui envoient des propositions de mariage. En outre, alors que Sire Ludwin leur paraît hors de portée, beaucoup de femmes semblent penser qu’elles pourraient facilement séduire Sire Poncho. »

« ... Il est pris à la légère, hehe, » riais-je.

Si les propositions de mariage s’accumulaient aussi pour Poncho, cela signifiait qu’il était populaire. Bien qu’il fut grassouillet, il était aussi un jeune homme doux et attentionné. Et par-dessus tout, sa nourriture était délicieuse. En plus, il avait conduit le pays jusqu’à une résolution de la crise alimentaire, et si vous considériez la façon dont il était presque vénéré comme un dieu de la nourriture dans la région d’Amidonia, il devait y avoir beaucoup de femmes qui voudraient se marier avec lui.

Poncho était connu pour céder facilement du terrain lorsqu’il était poussé en raison de ce que le monde avait vu lors de ses apparitions sur les programmes diffusés. Pour n’importe quelle femme, même faiblement confiante dans son apparence, il pourrait ne pas avoir été déraisonnable qu’elles pensent qu’elles pourraient facilement le pousser à baisser sa garde face à elles. Et il était tout à fait vrai que Poncho n’était pas très bon quand il s’agissait de repousser ces sortes d’avance.

Hmm... J’étais heureux d’entendre qu’un bon serviteur comme Poncho ait un succès auprès des dames, mais j’espérais qu’il continuerait à faire du bon travail pour moi à l’avenir, alors je ne voulais pas que quelqu’un d’aussi bizarre se place ainsi à ses côtés.

« Avez-vous pris toutes les contre-mesures nécessaires ? » demandai-je.

« Tout à fait, » répondit-il. « J’ai déjà demandé à Madame Serina d’agir comme aide-permanente de Sire Poncho. Elle assiste à des réunions de mariage arrangées avec lui, et chasse les femmes qui l’approchent purement par ambition personnelle. »

Oh... Dans ce cas, je n’ai aucun souci à me faire... Si Serina est là en tant qu’assistante de Poncho, tout se passera sans problème pour nous, pensai-je.

Il y avait quelques problèmes avec la personnalité de Serina, mais elle était extrêmement gracieuse et belle. Si elle était à ses côtés, alors les femmes qui avaient peu confiance en leur apparence, et qui pensaient pouvoir le séduire reculeraient automatiquement.

Je lui avais souvent demandé de servir comme assistante de Poncho avant cela, mais Serina disait toujours des choses comme. « Quand je fais de tels efforts pour le compte d’un gentilhomme, j’espère qu’il agira correctement avec moi en retour. Je travaille très dur, alors s’il vous plaît, traitez-moi correctement en me donnant à nouveau des repas. »

Bien qu’elle se plaignait, et il était évident qu’elle ne faisait ça que parce qu’elle voulait sa nourriture, et elle semblait être proactive à l’égard de Poncho. Poncho aimait à la fois manger et cuisiner, et Serina était accro à la malbouffe de la Terre que lui et moi développions ensemble.

Serina ne semblait pas elle-même le savoir parce qu’elle avait laissé sa tendance sadique à intimider les filles mignonnes trop souvent ressurgir, mais nous avions tous l’impression que Poncho l'avait complètement apprivoisée avec de la nourriture. Il était un homme timide que vous ne pouviez pas laisser seul, et elle était une femme forte qui avait tendance à se mêler de tout, alors ils s’entendaient bien et...

Attendez, hein ?

« Serina assiste aux réunions pour les demandes de mariage de Poncho, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« Oui. J’ai entendu dire que beaucoup de femmes annulent les réunions quand elles voient la femme qui se tient à côté de lui, » répondit-il.

« N’est-ce pas comme... si Serina a inconsciemment “couvé” Poncho ? » demandai-je.

« ... »

Nous nous étions regardés avec des regards maladroits sur les visages comme si nous étions en état de siège.

... Eh oui, il était préférable que nous ne nous impliquions pas dans cette affaire. Il serait grossier pour nous d’y aller et de demander la moindre chose. Pour le moment, j’avais décidé de changer de sujet.

« Hmm... Quoi qu’il en soit, je parie que ce n’est pas seulement Ludwin et Poncho qui sont visés, n’est-ce pas ? Vous devez aussi recevoir un nombre important de propositions, non ? » demandai-je.

Hakuya était beau, et il était le plus proche de tous les hommes se tenant autour de moi. Je ne pouvais pas imaginer les dames et les nobles du monde le laisseraient s’échapper ainsi. Au moment où j’avais soulevé la question, Hakuya avait eu un regard clairement visible de déplaisir comme s’il avait mordu quelque chose de désagréable.

« Je... n’ai pour le moment aucune intention de prendre une épouse, » répondit-il.

« Ce n’est pas que vous ne vous intéressez pas aux femmes, n’est-ce pas ? Êtes-vous de ceux qui pensent que le mariage est trop compliqué ? » demandai-je.

« Non, » répondit Hakuya. « J’ai l’intention d’avoir un jour une femme et des enfants, mais je veux trouver et choisir moi-même une partenaire. Je ne voudrais pas que quelqu’un d’autre me force à me marier. »

« ... Vous me dites ça, à moi ? » demandai-je.

Pour Liscia et moi, nos fiançailles nous avaient été totalement imposées. Même avec Aisha et Juna, elles m’avaient d’abord approché avec d’autres motivations à cause de leurs positions, et quant à Roroa, elle avait apporté tout son pays en même temps. Elle était venue auprès de moi afin de me pousser à protéger les habitants de la principauté en m’épousant. Je n’en avais pas rencontré une seule d’une manière ordinaire.

Quand je lui avais fait cette remarque, Hakuya baissa la tête, plus troublé que je ne l’aurais cru de sa part. « Sire, je m’excuse pour mes paroles. Je ne voulais pas dire du mal de vos fiançailles... »

« C’est bon. Je sais parfaitement que dans mon monde, la majorité des gens pense comme vous, » déclarai-je.

Au Japon, les mariages étaient généralement faits par amour et avec le consentement des deux parties.

Dans ce monde qui n’avait pas réussi à se débarrasser du système féodal, plus leur position dans la société était élevée, moins les individus avaient de libertés à cet égard. En particulier, en ce qui concerne les mariages des chevaliers et des nobles, leur signification en tant que lien entre les maisons était très importante. Comme avec Ludwin et Genia, ou Hal et Kaede, il y avait des cas où les maisons étaient déjà associées les unes aux autres, mais ces exceptions étaient rares. Dans la plupart des cas, plus on montait sur l’échelle sociale, plus les attentes de la maison déterminaient les choix de mariage.

Cela dit, si quelqu’un avait assez d’autorité comme je l’avais, c’était une situation qui pourrait être traitée. Quand l’affaire vis-à-vis de mes fiançailles avec Juna était arrivée, si nous avions fait en sorte qu’elle soit adoptée dans une famille noble, il aurait été possible si nous l’avions voulu d’ajuster la différence de statut entre nous.

Dans le cas de Hakuya, il était le Premier ministre de ce pays, donc il pouvait faire quelque chose comme ça. Donc, dans ce cas, c’était un problème vis-à-vis du point de vue de Hakuya concernant le mariage.

Eh bien, s’il y avait une chose que je pourrais dire, c’était que peu importe comment une relation avait pu commencer, l’amour restait de l’amour. Mon lien avec Liscia et mes autres fiancées était si profond maintenant que je ne pouvais pas imaginer me séparer d’elles.

« Vous savez, certaines amours ont commencé dans une relation qui leur avait été imposée ? » avais-je dit, parlant affectueusement de mon cas personnel.

Hakuya sembla surpris, puis sourit un peu. « ... Je suppose que vous avez raison. Sire, quand je vous vois, vous et votre famille, je commence à penser que peut-être tout irait bien. »

« Mais pour l’instant, vous n’avez toujours pas l’intention d’épouser quelqu’un, n’est-ce pas ? » demandai-je.

« J’en suis désolé, » répondit-il.

Hmm... Eh bien, s’il voulait attendre que la femme idéale apparaisse, j’avais supposé que c’était une option valable. Mais peut-être aussi qu’il avait déjà trouvé chaussure à son pied et qu’il était engagé dans un amour unilatéral en ce moment.

« Mais en tant que votre roi, laissez-moi vous dire cela. Vous feriez mieux de commencer à former votre successeur au cas où le pire se produirait, » avais-je dit. « Je suis sûr que vous aimeriez être capable de vous installer dans une retraite confortable, tôt ou tard, non ? »

« C’est bien vrai. Je pense que je vais chercher un bon moment pour prendre un apprenti, » répondit-il.

« Oh, je suppose qu’avoir un apprenti est aussi une option valable. En y réfléchissant, vous vous occupez personnellement de l’enseignement de Tomoe, n’est-ce pas ? » demandai-je.

Tomoe était ma petite sœur par adoption, et je l’aimais tendrement. Récemment, elle apprenait la lecture, l’écriture et l’arithmétique avec Hakuya, et il lui enseignait apparemment aussi l’histoire de ce pays. J’avais entendu dire qu’elle était une étudiante enthousiaste, et Hakuya lui répondait en devenant un instructeur enthousiaste.

Quand j’avais soulevé ce point, Hakuya avait souri avec ironie. « J’ai cédé pour la petite sœur afin de répondre à la demande de sa grande soeur. Bien qu’elle ne soit pas spécialement intelligente, elle a de la passion, alors je crois qu’elle peut devenir une personne accomplie avec du temps. Mais même ainsi, je n’ai aucun désir de placer mon lourd fardeau sur les épaules de votre petite sœur. »

« Ne vous êtes-vous pas déjà transformé en un enseignant bien trop aimant ? » demandai-je.

« Mon opinion n’est basée que sur une évaluation calme de la situation, » répondit-il d’un ton neutre.

Hmm... Eh bien, si Hakuya pensait à ce genre de choses à sa manière, je suppose que c’était assez bien.

☆☆☆

Partie 5

« Hé, attendez ! Comment sommes-nous arrivés sur un tel sujet ? » demandai-je.

« Sire, nous avons parlé de la façon dont nous sommes inondés de propositions de mariage vous concernant, » déclara Hakuya. « Et sur cette note, je voudrais que vous quittiez le château pendant un moment. Si vous n’êtes pas présent dans le château, il est facile pour nous de refuser les nobles qui insistent pour “que vous les rencontriez juste une fois”. »

Oh, c’est vrai. Si je n’étais pas présent, je ne pourrais pas les rencontrer même si je le voulais. Son plan était sans aucun doute d’être évasif et d’éviter de donner des réponses directes pendant que nous attendions que cette vague se calme.

« Mais qu’en est-il de mon travail gouvernemental en attendant ? » demandai-je.

« Heureusement, il n’y a pas de préoccupations pressantes, et le pays est stable en ce moment. Pour votre travail gouvernemental ordinaire, vous pouvez utiliser votre machine “Bras Mécanique” effrayante et cela devrais très bien fonctionner, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Ne l’appelez pas effrayant, » avais-je dit. « Eh bien... je suppose que vous avez raison. »

Il parlait de l’appareil de manipulation à bras humain que Genia avait développé : le Bras Mécanique no.1. En attachant le Bras Mécanique no.1, qui pourrait se déplacer comme un bras humain réel, à un mannequin, j’avais pu effectuer mon travail gouvernemental à distance. C’était effrayant à regarder, donc ce n’était pas apprécié par ceux qui devaient visiter la pièce, comme les bureaucrates ou le chambellan, mais c’était une chose très pratique à avoir.

Il était vrai que, tant que je l’avais, je n’avais pas besoin de rester au château.

« Alors, une fois sorti du château, qu’attendez-vous de moi ? » demandai-je.

« Eh bien, afin de créer un environnement où il est facile d’exclure les nobles qui veulent vous rencontrer, tout en étant fermé et facile à sécuriser, j’avais considéré l’idée de vous inscrire pour une courte durée à l’Académie Royale ou à l’Académie Royale des Officiers, mais..., » Hakuya avait sorti une lettre. « Maintenant que quelque chose comme ça est arrivé, je crois que je vais vous envoyer à l’étranger. »

« À l’étranger ? » avais-je demandé tout en regardant la lettre. Il y avait le symbole d’un dragon sur le sceau de cire.

Hakuya baissa la tête. « J’ai pris la liberté de l’ouvrir et de lire le contenu. Il s’agit d’une lettre d’invitation à la Cérémonie du Contrat dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon. »

« Madame la Mère-Dragon fonctionne très rapidement, hehe, » m’exclamai-je.

« Hein !? Que voulez-vous dire par là ? » demanda Hakuya.

Hakuya m’avait regardé d’un air interrogateur, alors je lui avais expliqué ce qui s’était passé hier soir. Quand Hakuya avait entendu que j’avais parlé à Mère-Dragon en personne dans mes rêves, il avait affiché un regard excité que je ne voyais pas souvent sur lui.

« Quel honneur cela a dû être ! » s’exclama-t-il.

« Vous semblez terriblement nerveux. Hakuya, êtes-vous l’un de ces Adorateurs de la Mère-Dragon ? » demandai-je.

« Oh, non... C’est vrai que les membres de ma famille sont des Adorateurs de la Mère-Dragon, mais je ne suis pas moi-même aussi pieux qu’eux, » répondit-il.

« OK, alors qu’avez-vous à être si excité ? » demandai-je.

Hakuya haussa les épaules avec exaspération. « La seule nation avec laquelle la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon a noué des relations diplomatiques est le Royaume des Chevaliers-Dragons de Nothung, mais il y a de rares occasions où Mère-Dragon fera une exception et invitera une personne spécifique à lui faire former un contrat de jumelage avec un dragon. D’après ce que j’ai entendu dire, le premier roi de ce pays a également été invité à conclure un contrat avec un dragon. »

Oh, le premier roi, qui avait lui aussi été appelé d’un autre monde.

Il avait beaucoup plus agi tel un héros que je ne l’avais jamais fait, en rassemblant les différentes races, puis en fondant le Royaume d’Elfrieden et en formant un contrat avec un dragon ainsi que beaucoup d’autres actions dont j’avais entendu parler et que je serais incapable de réaliser. Excel connaissait probablement tous ces détails, alors peut-être serait-il bon de lui parler de ses réalisations au fil du temps.

« Eh bien, si inhabituel soit-il, est-ce vraiment quelque chose que nous devrions être si pressés d’aller faire ? » demandai-je.

« Sire, il y a quelque chose en commun entre vous et le premier roi, » répondit Hakuya. « Vous avez été tous deux convoqués d’un autre monde. C’est pourquoi, pour certains, vous leur rappelez le premier roi. Si vous parvenez à former un contrat avec un dragon comme le premier roi l’a fait, alors le nombre d’individus qui vous verraient, vous et le premier roi, sous le même angle augmenterait automatiquement. Si les habitants vous respectent plus, le pays deviendra encore plus stable et sera moins sujet aux interférences extérieures ou intérieures. »

« Dans ce cas, c’est comme si j’emprunterais l’autorité du premier roi, » songeai-je. « Cela me fait penser que cela va conduire à des attentes encore plus grandes, et je n’aime pas l’idée. »

« S’il vous plaît, soyez prêt à supporter cela, » déclara Hakuya. « Vous faites votre travail en tant que “roi”, mais votre titre de “héros” est en train d’être laissé à l’abandon. Afin d’éviter de perdre face à l’Empire ou à l’État Pontifical Orthodoxe en matière de dignité, considérant le fait que les deux pays ont des Saints, je pensais que nous avions besoin de quelque chose de prestigieux. »

« Je comprends ce que vous voulez dire par là, mais... n’ayez pas des attentes trop hautes à mon égard, d’accord ? » j’avais dit ça afin de me couvrir. « Ce n’est pas garanti que je vais vraiment former un contrat avec un dragon. Je veux dire par là que je pourrais seulement avoir été appelé là-bas comme un invité d’honneur et rien de plus. »

Ayant averti Hakuya, j’avais reposé mes joues sur mes paumes et j’y avais réfléchi. Pour commencer, si je devais considérer que c’était déjà décidé, j’irais à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon... alors la prochaine chose à décider était de savoir qui je prendrais avec moi.

☆☆☆

Partie 6

« ... Alors, voilà. Il a été décidé que j’effectuerais un voyage jusqu’à la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, » déclarai-je.

Cela s’était écoulé quelques heures plus tard. J’avais rassemblé les personnes familières avec moi dans la salle de conférence pour l’annonce.

Étaient présentes mes quatre fiancées, Liscia, Aisha, Juna et Roroa, ainsi que le Premier ministre Hakuya, le Capitaine de la Garde Royale Ludwin, le ministre des Finances Colbert, ma petite sœur honorifique Tomoe et les servantes Serina et Carla, pour un total de onze personnes en m’incluant.

« Vous allez sortir du pays, non ? Est-ce que ça va aller ? » Demanda Liscia, semblant inquiète.

J’avais acquiescé afin de la réconforter. « Je vais faire en sorte que les Chats Noirs m’observent depuis les ombres au cours du trajet. Mais rappelez-vous que je ne peux vraiment pas les faire entrer sur le territoire de la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon avec moi. Pourtant, une fois que nous serons dans la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon, il n’y a probablement personne qui essayera de nous causer du tort. De plus, j’ai reçu la permission d’amener avec moi quelques compagnons. Hakuya, la limite était fixée à combien ? »

« La lettre indique que vous pouvez avoir cinq personnes en plus de vous, » répondit-il.

Après avoir hoché la tête face à la réponse de Hakuya, je me tournai pour faire face au reste des personnes. « Dans tous les cas, je veux amener cinq personnes. Nous allons y aller incognito, donc je ne veux pas me démarquer. Mais comme il s’agit d’un voyage à l’extérieur du pays, nous ne savons pas ce qui pourrait arriver ! Voilà pourquoi, autant que possible, je veux des personnes qui soient des guerriers accomplis. Aisha, je veux que vous soyez à mes côtés. »

« D’accord, Sire. Je vous protégerai sur ma vie, Votre Majesté, » répliqua Aisha.

« Ce n’est pas bon, » dis-je. « Vous êtes déjà reconnue par tout le monde comme étant une candidate pour devenir ma future deuxième reine primaire. Je sais que c’est bizarre de dire ça quand je suis celui qui a besoin de protection, mais ne dites pas que vous allez donner votre vie pour moi. Assurez-vous aussi de vous protéger correctement. »

« O-Oui ! C’est compris ! » Aisha avait hoché sa tête de haut en bas.

Après ça, j’avais regardé Liscia. « D’un autre côté, la seule personne que je ne peux pas emmener est toi, Liscia, » déclarai-je.

« ... Peux-tu me donner une raison ? » Liscia avait demandé ça avec un regard de mécontentement. Elle était clairement insatisfaite, mais elle était prête à m’écouter.

« Si je suis l’autorité supérieure dans ce pays, tu es la numéro deux, » avais-je expliqué « Nous estimons que le voyage à l’étranger durera environ un mois. Nous ne pouvons pas avoir l’autorité supérieure et son numéro deux qui sont tous deux loin pendant une si longue durée. Je suis sûr qu’il n’y a aucun risque pour nos vies, mais pense à ce qui se passerait si quelque chose retardait notre retour. Dans le cas où cela se produirait, j’ai besoin de laisser derrière moi quelqu’un de confiance qui peut diriger le pays pour moi. »

« ... Tu as raison. C’est malheureux, mais... Je ne peux que l’accepter, » dit Liscia avec un soupir.

Je l’avais aussi regretté de mon côté. Elle était une fille fiable, et je voulais vraiment l’amener.

Liscia porta une main à sa poitrine, comme si elle essayait de changer son état d’esprit. « Je vais maintenir le fort pendant que tu seras parti. En échange, peux-tu essayer de ne pas être trop imprudent ? »

« D’accord. Je compte sur toi, » dis-je.

Après que Liscia ait accepté la situation, je m’étais tourné vers Juna.

« Quant à Juna, qui peut gérer à la fois le combat et la collecte de renseignements, j’aimerais vraiment vous avoir avec moi, mais nous ne pouvons pas vous retirer du programme éducatif trop longtemps, n’est-ce pas ? » annonçai-je.

« ... Vous avez tout à fait raison. Comme c’est dommage, » répondit Juna.

« Oh, oh ! Moi ! Moi ! Je veux y aller ! » Roroa leva la main et se mit à sauter de haut en bas pour essayer d’attirer mon attention.

Colbert avait immédiatement attrapé ses bras avant de les placer derrière son dos. « V-Vous ne pouvez pas, Princesse ! Nous avons étendu votre main mise sur tant d’entreprises différentes, alors j’ai besoin de vous ici pour m’aider à tous les gérer ! D’ailleurs, vous devez apparaître avec Juna sur le programme éducatif, n’est-ce pas ? »

Les épaules de Roroa affaissèrent. « Ahhhh... mais je voulais aussi prendre des vacances avec mon Chéri, »

« Il s’agit d’un voyage à l’étranger, d’accord ? » dis-je. « Après ça, dès que nous aurons un créneau libre, nous allons tous partir ensemble en vacances en famille, je vous le promets. »

« Y a plutôt intérêt, Chéri, » répliqua Roroa.

Parmi les membres restants, j’avais regardé Carla. « Carla, je voudrais que vous soyez aussi à mes côtés en tant que garde du corps. »

« M-Moi !? » s’écria Carla.

« De toutes les personnes présentes ici, je cherche quelqu’un avec des capacités martiales et que rien d'important retient ici, donc vous êtes le candidat le plus approprié, » expliquai-je.

« C-Compris, Maître ! » cria Carla.

Liscia se dirigea vers elle et lui prit doucement la main. « Carla, prends soin de Souma pour moi, d’accord ? »

Carla lâcha prise, fit un pas en arrière et la salua. « Liscia, laisse-moi me charger de ça. Je jure que mon maître reviendra indemne ! »

En regardant cet échange entre deux amies du coin de l’œil, je m’étais adressé au groupe. « Pour les deux suivants, ils ne sont pas là, mais je pense que je vais prendre Hal et Kaede. Les prouesses martiales de Hal sont garanties, et je le connais bien. Et après tout, Kaede est également une puissante mage de terre. Pour l’instant, je pense que je vais prendre ces quatre personnes comme compagnons. Que tout le monde travaille sur cette hypothèse et... »

« Hm-Euh ! Grand frère ! » Une Tomoe hésitante, mais qui utilisait une voix clairement audible, me parla tout en levant la main.

« Tomoe ? Qu’est-ce qu’il y a ? » demandai-je.

« P-Prends moi avec toi, s’il te plaît ! » déclara-t-elle avec plus de force.

« « « Quoi !? » » » tout le monde s’écria de surprise.

La timide Tomoe, qui avait tout fait pour rester à l’écart des adultes du château, avait soudainement agi d’une manière agressive. Peut-être que le seul qui n’avait pas été surpris était son professeur, Hakuya.

« Hm... tu sais, il s’agit d’un voyage à l’extérieur du pays, » dis-je. « Cela pourrait s’avérer dangereux... »

« Je-je veux pouvoir voir plus du monde extérieur et non pas seulement le château ! Je veux voir beaucoup de choses, et je veux éventuellement être quelqu’un qui peut aider mon grand frère et ma grande soeur ! » Tomoe serra les poings alors qu’elle faisait sa demande.

Nous avions protégé Tomoe jusqu’à maintenant, mais elle avait dit qu’elle voulait être en mesure de nous soutenir. Tomoe avait onze ans maintenant. Si elle avait été un garçon, ce serait une période dans sa vie où elle ferait encore des choses stupides, et en tant que fille, elle était sur le point de toucher une période sensible. J’étais heureux de voir ce changement en elle en tant que membre de sa famille, mais j’étais également préoccupé.

« Sire... » déclara Hakuya. « Si possible, je voudrais que vous emmeniez votre petite sœur. »

J’étais toujours à court de mots face à sa proposition.

« J’ai jugé qu’au cours de cette période, le fait d’élargir ses horizons l’aidera à progresser, » avait-il poursuivi.

« Bien sûr, même dans mon monde, il y avait un dicton : “Si tu aimes ton enfant, laisse-le partir en voyage”, mais quand même, » j’avais croisé les bras et j’avais réfléchi à ce qu’il fallait faire.

« S’il te plaît, Grand Frère..., » Tomoe avait plaidé avec des yeux larmoyants.

Quand elle m’avait demandé ça avec ses yeux de chiot mignon qui m’avait fait me rappeler de cette vieille publicité avec un chihuahua, j’avais vraiment eu du mal à trouver ma réponse.

Nous étions couverts sur le plan des capacités martiales. Avec Aisha et Halbert, nous pouvions répondre à presque toutes les situations.

Mais quand même... cela pourrait être dangereux...

J’étais en conflit entre mon inquiétude en tant que grand frère et mon désir d’accorder son souhait en tant que grand frère. Après près de deux minutes d’agonie... à la fin, j’avais cédé face au regard sérieux présent dans les yeux de Tomoe et je m’étais avoué vaincu.

« D’accord... je vais te le permettre. Mais cela ne se fera qu’après que tu aies obtenu la permission de Tomoko, » elle était la mère de Tomoe. « Si tu ne peux pas obtenir sa permission, je ne peux pas t’emmener pour ce voyage. De plus, aucun de nous ne lui parlera de cette affaire. Tu dois convaincre ta mère par toi-même. Est-ce que cela te convient ? »

« Oui ! » répondit Tomoe en acquiesçant énergétiquement

Je ne savais pas ce qui s’était passé après ça entre Tomoe et Tomoko. Cependant, à la fin, Tomoe avait réussi à la convaincre.

Plus tard, quand Tomoko était apparue aux côtés de Tomoe, elle devait s’inquiéter profondément. « Votre Majesté, s’il vous plaît, prenez soin de ma fille. » Elle m’avait dit ça et elle avait baissé la tête.

Il semblerait que la pomme ne tombait pas loin de l’arbre. Bien sûr, je voulais le dire dans le bon sens.

Eh bien, mes compagnons pour le voyage avaient ainsi été décidés.

Nous voilà donc partis...

En route vers le pays des dragons, la Chaîne de Montagnes de l’Étoile du Dragon.

☆☆☆

Histoire courte en prime : Colloque sur la production de programmes

Fin du 12e mois, 1 546e année du Calendrier Continental.

Ce jour-là, j’avais convoqué Juna et Roroa dans la salle de conférence afin de tenir une réunion sur le programme éducatif pour l’éducation des habitants que nous allions lancer au cours de la prochaine année. J’avais participé à cette émission en tant que planificateur, Juna était la présentatrice et Roroa en était la commanditaire.

« Maintenant, dans son essence même, ce programme est centré sur Juna et le Petit Musashibo qui enseignent les mathématiques et d’autres matières académiques aux habitants par le biais de la chanson. Cependant..., » j’avais entrelacé mes doigts devant ma bouche, puis je leur avais dit aux deux filles. « Je pense que, tout seul, l’effet serait trop réduit. Les gens hésitent à étudier, car c’est si ennuyeux. »

« Tu as raison, » Roroa était d’accord. « J’aime l’arithmétique parce que c’est bon pour me faire de l’argent. Cependant, je ne sais pas trop quoi faire quand il s’agit de littérature classique. Il n’y a aucune chance qu’un tiers puisse vraiment savoir ce que l’auteur voulait dire. » Elle avait levé les mains en feignant la défaite.

Juna avait gloussé. « En vérité, c’est parce qu’il n’y a pas de bonne réponse. Si vous pouvez simplement dire quelque chose qui semble correct, alors cela l’est. Je trouve cela plus facile. Avec l’arithmétique, la moindre erreur dans vos calculs vous donne une mauvaise réponse. »

« Eh bien, certaines personnes sont plus fortes dans les sciences, tandis que d’autres réussissent mieux dans les sciences humaines, » avais-je dit. « J’étais en sciences humaines, donc mon opinion est plus proche de celle de Juna. Bien que l’histoire soit plus mon truc que la littérature. »

« Selon vous deux, qu’est-ce qui va mieux pour Grande Sœur Cia et la Grande Sœur Ai ? » demanda Roroa.

« Je dirais qu’elles sont toutes les deux spécialisées en athlétisme, » répondis-je.

Juna avait rigolé. « Il n’y a aucun doute là-dessus. »

Cela allait sans dire pour Aisha, mais, ayant eu Georg comme mentor, Liscia pouvait aussi parfois avoir des idées farfelues. Les premier et deuxième guerriers les plus puissants de notre famille éternuaient peut-être en ce moment.

« Eh bien ! Cela étant dit, » déclarai-je, « les études sont un peu ennuyeuses, alors pour que les gens regardent une émission qui les pousse à le faire, je pense qu’il nous faut une certaine sorte d’accroche. Si tout ce que nous avons, c’est Juna et le Petit Musashibo qui chantent des chansons amusantes. Je pense que c’est dans tous les cas un peu faible. »

« Mais Grande Sœur Juna n’est-elle pas populaire dans tout le pays ? » demanda Roroa.

« Eh bien, oui, elle possède une popularité incroyable en tant que Lorelei. Mais c’est un programme éducatif. Il est important que la façon dont elle chante ici soit amusante, et non pas trop émotionnelle. De plus, en raison de sa nature éducative, je ne peux pas la faire s’habiller avec de jolies robes. »

« Donc tu veux dire que Grande Sœur Juna a trop de choses qui la pénalisent dans ce contexte. » Roroa hocha la tête en signe de compréhension.

Eh bien, après tout, en vue de l’annonce prochaine de mes fiançailles avec Juna, changer son image de « Juna la Lorelei » à « Juna la fille qui chante des chansons pour enfants » faisait partie de mon intention ici.

« Je pense que si nous avons Juna et le Petit Musashibo sur le plateau, les enfants sont sûrs de regarder, » déclarai-je. « Le problème, ce sont les adultes. Quand je considère le taux d’alphabétisation et le niveau de réussite scolaire dans ce pays, ce sont vraiment les adultes que je veux le plus avoir. Les enfants sont flexibles lorsqu’il s’agit d’apprendre, mais les adultes ont déjà leurs valeurs en place. »

« Vous avez raison. » Juna acquiesça d’un signe de tête. « “Je n’ai jamais eu besoin de le faire avant, alors pourquoi devrais-je commencer maintenant ?” est quelque chose qu’ils semblent susceptibles de dire. Et c’est d’autant plus le cas pour ceux qui ont le plus besoin d’étudier. »

Ouais, il y avait sûrement des personnes comme elle l’avait décrit.

« C’est pourquoi, afin d’accrocher ces adultes, je pense que nous allons lancer un autre projet que j’ai aussi en cours de réalisation, » avais-je dit. « Je viens de trouver l’homme parfait pour ce travail. »

« Un autre projet ? » demanda Juna.

« Un programme de héros, » déclarai-je.

Récemment, j’avais découvert un homme nommé Ivan Juniro qui pouvait produire des effets spéciaux comme des explosions sous la forme d’illusion. J’avançais dans la production d’une émission de héros avec lui au centre.

« Être le héros cool qui se bat contre les méchants est un fantasme pour beaucoup de garçons et de jeunes hommes, donc il devrait y avoir une demande pour un spectacle où les femmes peuvent regarder un gars vraiment cool. En combinant ces deux choses avec une émission éducative, je veux qu’ils la regardent en pensant qu’ils regardent une émission sur un héros, » déclarai-je.

C’était mon argument passionné, mais Roroa semblait emplie de doute.

« Je comprends ce que tu dis, Chéri, mais je ne comprends pas ce que ce programme de héros est censé être. Après tout, je n’en ai jamais vu un moi-même. Au fait, comment est-ce ? » demanda Roroa.

« Eh bien... Les premiers spectacles de tokusatsus parlaient d’un humain très fort avec une identité secrète qui battait facilement les méchants. Sur **** Zukin, *** Kamen et Kaiketsu *****, ils cachaient leur identité avec un tissu enroulé sur leur visage ou une paire de lunettes solaires, » expliquai-je.

« Je ne suis pas trop sûr pour cette identité secrète vu qu’ils ne la cachaient pas très bien, » déclara Roroa.

« ... Ce n’était qu’un début. Alors, s’il vous plaît ne prêtez pas trop attention aux détails, car ce genre de choses est un peu une faiblesse, » déclarai-je.

Au fait, c’était tout ce que j’avais appris de mon grand-père. C’était un grand fan de ce genre de héros de tokusatsu, et il avait une collection d’affiches fanées qui étaient importantes pour lui.

« Les choses se sont développées à partir de là, et les héros qui se sont transformés, qui ont été sur des véhicules, et formés des équipes de combat sont apparus plus tard, mais... Je ne pense pas que nous puissions faire quoi que ce soit de trop élaboré avec le niveau technologique actuel du pays. Nous devrions, pour commencer, prendre nos marques sur les premiers spectacles de tokusatsus, » déclarai-je.

« Je pense que ça a l’air intéressant, mais... faire ce programme va coûter cher, » déclara Roroa. « Si je peux parler en tant que sponsor ici, je veux trouver un moyen de gagner de l’argent grâce à ce projet. »

La demande de Roroa était prévisible.

« Quand il s’agit de programmes de héros, il y a toujours des produits tiers », lui répondis-je. « Les objets que le héros utilise lorsqu’il se transforme et se bat deviennent des jouets que les enfants voudront. Si ton entreprise s’occupe de la marchandise associée, je pense que tu devrais faire un bénéfice net si l’émission est un succès. »

« Je vois... Ouais, je pense qu’on peut faire en sorte que ça marche. » Elle avait dû faire un rapide calcul mental des bénéfices, parce que Roroa souriait de satisfaction.

Pendant ce temps, Juna affichait un regard pensif quand elle demandait. « Je pense qu’il attirera l’attention des gens, mais... les téléspectateurs que vous avez mentionnés sont des enfants, des jeunes hommes et des femmes, non ? Il vous manque les hommes plus âgés, n’est-ce pas ? »

« ... Tout à fait, c’est ça le problème, non ? » Cette observation aiguisée m’avait fait me gratter la tête. « Ce serait bien d’avoir quelque chose à fournir pour les hommes d’âge moyen qui sont trop vieux pour s’enflammer pour des héros. »

« C’est facile, » déclara Roroa avec un regard sans émotion. Hein ? Facile ? Puis Roroa avait soudain pris une pose sexy et s’était mise à gémir. « Si on veut accrocher des vieux avec quelque chose, c’est du sex-appeal. »

« Oui, oui, oui, très mignon, » avais-je dit.

« Hé, arrête de me tapoter sur la tête, » Roroa gonfla ses joues avec indignation.

Quand Roroa avait essayé de prendre une pose sexy, elle ne s’était fait passer que pour une enfant qui essayait trop fortement de ressembler à une adulte, mais le sex-appeal, Hmm... si je décidais de mettre un peu de ça dans un spectacle de héros...

« Alors peut-être, une méchante femme commandante. Certaines d’elles pourraient porter des tenues assez sexy, » déclarai-je.

« J’aime bien, » dit Roroa. « Une vilaine fille voluptueuse ferait très bien l’affaire. »

« Mais qui aurait pu jouer ce rôle ? » demandai-je.

Au moment où je l’avais demandé, toute la pièce s’était tu.

Si je cherchais quelqu’un de voluptueux parmi mes proches, Aisha et Juna en avaient toutes les deux la silhouette, mais la sexy commandante maléfique était un rôle de méchant, pas quelque chose que je voulais associer à une future reine du pays.

J’avais alors réfléchi. « Si seulement j’avais quelqu’un avec une belle silhouette, qui était prête à porter des tenues sexy, qui joueraient une méchante si je le lui demandais... Hé, attendez. »

« ... Hm ? » demanda Roroa.

« Votre Majesté, n’est-ce pas..., » Juna déclara lentement.

Il semblait que nous en étions tous les trois arrivés à la même conclusion.

Elle serait parfaite !

 

☆☆☆

 

« Atchoum ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas, Carla ? » demanda Liscia. « As-tu attrapé un rhume ? »

« Oh, non, je vais bien. Quelqu’un doit parler de moi. »

Bonjour, Mademoiselle Dran.

☆☆☆

Histoire courte en prime : Journal de bord de Castor

Au début du 2e mois, 1 547e année, Calendrier Continental – La Cité Lagune

C’était encore l’hiver, mais ce matin-là, le ciel était clair et la température était bonne. À bord d’un seul croiseur arrêté dans le port militaire de Cité Lagune, quelqu’un chantait à contre-courant.

« Je suis un dragon de mer rustique. Au lieu de voler, la mer est ma route. Garde le cap bien droit ! Garde le cap bien droit ! Lai-la-la-la-lai-lai-lai-lai. »

La voix appartenait à l’ancien général de l’armée de l’air, Castor, qui était actuellement sous la garde d’Excel Walter après avoir pris part à la rébellion de Georg. Il était en train de nettoyer le pont tout en chantant une chanson qu’il inventait au fur et à mesure qu’il avançait dans sa tâche.

« D-Duc Vargas, que faites-vous ? » Un homme d’âge moyen avait couru vers Castor. Il s’agissait du commandant en second de ce croiseur.

« Hein ? » Castor plaça sa serpillière sur l’épaule, et il regarda l’homme. « Ça ne se voit pas ? Je fais le nettoyage du pont. »

« C’est un travail pour les jeunes marins. Si un ancien duc comme vous le fait, les officiers inférieurs se sentiront tendus et les officiers supérieurs se sentiront mal à l’aise, » déclara l’homme.

Castor avait répondu avec un sourire un peu moqueur. « Je suis maintenant une nouvelle recrue. La Duchesse Walter ne vous a pas aussi dit de me traiter ainsi ? »

Sous la garde d’Excel, Castor avait participé à un entraînement de jour en tant que marine commun et avait reçu des instructions sur les opérations de la Marine par Excel la nuit.

Castor avait au début été déconcerté de devoir soudainement apprendre à connaître la Marine, mais n’ayant rien à faire pendant qu’il était sous la garde d’une autre maison, et aussi en raison de sa mentalité militaire profondément ancrée, il appréciait la possibilité de servir dans une force militaire, même si des différences existaient entre Les Forces aériennes et la Marine.

« Et aussi, ne m’appelez pas Duc Vargas, » ajouta Castor. « J’ai été dépouillé de mon nom de famille. »

« Ah... Alors, Sire Castor. Non, mais vous êtes aussi le gendre de la duchesse Walter..., » déclara l’homme.

Bien que Castor ait accepté sa nouvelle position, ceux qui l’entouraient ne l’avaient pas acceptée. Parce qu’il avait été l’un des trois ducs, et aussi l’époux de la fille d’Excel, le chef de la Défense Nationale (bien que lui et sa femme aient été officiellement séparés), les personnes ici ne savaient pas quoi faire de lui. Plus quelqu’un était haut placé dans la chaîne de commandement, plus cela devenait apparent.

Castor avait noté la réponse du commandant en second et avait dit avec exaspération. « Ne vous inquiétez pas pour ça. Je suis Castor maintenant. En plus, cela ne me dérange pas de nettoyer le pont. Quand j’étais dans l’armée de l’air, je m’occupais de ma propre wyverne. C’est une chose que je vais monter et donc, c’est quelque chose dans laquelle je vais confier ma vie. En ce sens, un navire et une wyverne ne sont pas si différents. En nettoyant ses moindres recoins comme ça, j’aurai une idée de la forme du vaisseau. »

« J’aurais aimé que certains des jeunes marines qui se plaignent d’avoir à nettoyer puissent vous entendre dire cela, » déclara le commandant en second en soupirant.

Il y a longtemps, lui-même avait été une nouvelle recrue, et il avait détesté l’époque où il nettoyait le pont et se brûlait au soleil tous les jours. Ce n’est que beaucoup plus tard qu’il avait appris peu à peu d’importantes leçons. La capacité de Castor à comprendre immédiatement cela était impressionnante, mais rien de moins que ce à quoi on pouvait s’attendre d’un homme qui avait commandé une armée entière pendant de nombreuses années.

Castor appuya son menton sur l’extrémité de sa vadrouille qui était pressée contre le pont. « En plus, si je ne travaille pas, je ne peux pas sortir boire. »

« Est-ce une question d’argent ? Maintenant que j’y pense, qu’est-ce qu’on fait pour votre salaire ? » demanda l’autre.

Ils avaient reçu l’ordre de traiter Castor comme une nouvelle recrue, mais il était techniquement sous la garde d’Excel et n’était pas officiellement un marin. Naturellement, cela signifiait qu’il ne toucherait pas de salaire de la Défense Nationale.

Les épaules de Castor s’étaient affaissées. « Je vis entièrement de l’argent de poche de la duchesse Walter. »

« Euh... Est-ce que c’est serré au niveau argent ? » demanda le soldat.

« Non, elle me donne une bonne somme pour quelqu’un en garde à vue. Je n’ai pas non plus de frais de subsistance dans le manoir Walter... Mais quand même, » déclara Castor.

« Y a-t-il quelque chose qui vous insatisfait ? » demanda l’autre.

« C’est de la duchesse Walter dont il s’agit, » déclara Castor. « Elle est toujours sur mon dos. Si je ne prends pas ma formation de marin au sérieux et si je n’apprends pas comment la Marine fonctionne avec elle, je ne sais pas ce qu’elle va me dire. Elle commencerait à me sermonner avec un sourire sur le visage, j’en suis sûr. »

« ... Je comprends, » répondit l’autre.

Le commandant en second comprenait la situation de Castor.

Les marines appelaient tous Excel « Mère » par respect, mais ils savaient aussi très bien qu’elle avait une personnalité qui allait beaucoup trop loin pour qu’on la qualifie simplement d’espiègle et facétieuse. Elle avait un corps beau et galbé qui lui donnait l’air d’une femme d’une vingtaine d’années, et elle était très douée en stratégie militaire et politique, mais seule une nouvelle recrue qui ne connaissait pas sa véritable nature pouvait sincèrement être heureuse quand elle le rappelait à l’ordre.

Castor poussa un profond soupir. « J’aimerais pouvoir retourner en arrière et avertir mon jeune moi qui me languissais de la duchesse Walter : “Arrête. Cette femme est plus que tu ne peux supporter”. »

« Vous avez aussi vécu ça, n’est-ce pas, Sire Castor ? Tous les hommes de la marine tombent amoureux de la belle Duchesse Walter à un moment donné. Naturellement, cet amour ne se concrétise jamais, et n’apporte l’agonie que lorsqu’ils y repensent des années plus tard. »

« Je sais ce qu’ils ressentent, » déclara Castor. « Mais une fois de temps en temps, un fou arrive à lui tirer une flèche dans le cœur. Après tout, c’est ainsi qu’Accela est née. »

« Oh, maintenant que vous en parlez... Non, ce n’est rien, » le commandant en second avait commencé à dire quelque chose, puis s’était arrêtée.

Castor devint méfiant et demanda : « Quoi ? Si quelque chose vous tracasse, dites-le, s’il vous plaît. »

« Non, euh... Votre femme est la fille de la duchesse Excel, donc il y a eu des rumeurs selon lesquelles vous vous en êtes pris à sa fille parce que la duchesse Walter vous a rejeté... »

« ... Oh. Oui, j’ai entendu ces rumeurs, » déclara Castor.

Castor haussa les épaules, exaspéré. C’était vrai, des rumeurs de ce genre circulaient depuis un moment. Bien que lorsque les rumeurs s’étaient répandues que lui et Accela étaient très proches... ou plutôt qu’elle le tenait sous sa coupe, les rumeurs s’étaient dissipées d’elles-mêmes.

« La vérité est un peu différente. Au contraire, on pourrait dire..., » commença Castor.

« Hein ? Qu’est-ce que ça veut dire !? » demanda l’autre.

« Ça veut dire, eh bien... Permettez-moi de garder cela secret, » déclara Castor.

« Ohhhh, maintenant vous me rendez curieux. »

Voyant l’expression indiquant un véritable intérêt sur le visage du commandant en second, Castor avait souri d’un air ironique avant de déclarer. « Eh bien, que diriez-vous de m’offrir un verre ce soir ? Si c’est le cas, je vous raconterai tout ce qui s’est passé à l’époque. »

« Je vais vous montrer le meilleur endroit, » déclara l’autre.

Et ainsi, ils étaient sortis boire un verre tous les deux ce soir-là.

 

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Entre parenthèses, l’endroit où le commandant en second avait conduit Castor était le genre où l’on aimait parler à de jolies dames pendant que l’on buvait, et cela avait causé quelques problèmes plus tard, mais Castor ne pouvait pas encore le savoir à ce moment-là.

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Histoire courte en prime : Les techniques de protections des fiancées

De la fin de la 1 546e année au début de la 1 547e année du Calendrier Continental

Vers cette époque, le roi provisoire de Friedonia, Souma Kazuya, recevait des invitations des nobles du royaume afin d’assister à des banquets et autres réceptions sociales presque tous les soirs.

Il avait été décidé que le couronnement de Souma et son mariage avec Liscia et les autres fiancées auraient lieu vers la fin de la 1547e année, de sorte que les nobles voulaient désespérément présenter les femmes de leurs maisons et les faire aussi devenir les fiancées de Souma.

Il pouvait refuser les demandes des petites maisons, mais avec les grandes maisons, il ne pouvait pas les ignorer, car cela risquait d’avoir un effet sur la politique du royaume. Souma devait au moins assister à ces événements, tout en rejetant en douceur les nobles qui essayaient de lui vendre leurs filles.

Ce faisant, il était important qu’il ait une partenaire. Si l’une de ses fiancées était toujours à ses côtés, il était plus difficile pour les nobles de lui recommander leurs propres filles. Ses trois fiancées officielles, Liscia, Aisha et Roroa, ainsi que sa fiancée Juna, qui n’avait pas encore été annoncée, s’étaient relayées à ses côtés.

« Souma est le roi, il faut donc accepter qu’il doive prendre d’autres épouses pour des raisons politiques, nationales et étrangères, » avait conseillé Liscia à ses trois autres fiancées. « On ne peut pas laisser une femme avec des arrière-pensées devenir reine. Nous devons protéger Souma correctement et empêcher ceux qui ont une soif de pouvoir d’obtenir un lien conjugal avec la maison royale. »

Aisha, Juna et Roroa hochèrent la tête.

 

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Ce jour-là, Liscia assistait à un banquet en tant que partenaire de Souma.

Tandis qu’il y avait beaucoup de femmes dans des robes tape-à-l’œil, pour une raison inconnue Liscia était la seule à porter son uniforme.

« ... Liscia, pourquoi êtes-vous en uniforme ? » demanda Souma.

« Ce sera plus facile de se déplacer si quelque chose arrive. Ne le croyez-vous pas ? En plus, mon uniforme a été conçu juste pour moi. Je peux le porter à n’importe quelle fête sans me sentir gênée, » répondit Liscia.

« Hm... C’est comme un uniforme d’étudiant pratique que vous pouvez porter pour les mariages et les enterrements, hein ? » demanda Souma.

« Eh bien ! Oui, mais... vous n’avez rien d’autre à dire à propos de ça ? » Liscia gonfla un peu ses joues, ce qui avait fait sourire Souma avec ironie.

« Vous me dites toujours d’agir comme un roi, mais vous savez, vous n’agissez pas vous-même comme une princesse. Je ne me souviens pas vous avoir vue en robe, » déclara Souma.

« Argh, eh bien, c’est parce que je ne les aime pas vraiment..., » répondit Liscia.

« Mais j’aimerais vous voir bien habillée, » répondit Souma.

« ... Je vais y réfléchir, » répondit Liscia.

Tous les deux bavardaient d’une manière agréable. Pendant ce temps, les femmes qui venaient à cette réunion sociale dans l’espoir de se marier pour devenir riches regardaient de loin, mordant leurs mouchoirs dans la frustration.

C’est quoi cette vibration ? Cela me fait hésiter à lui parler ! pensaient-elles toutes.

La technique de protection de Liscia : Inconsciemment, créer une atmosphère que personne d’autre ne pourrait envahir.

 

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Ce jour-là, Roroa assistait à la fête d’anniversaire d’un noble influent en tant que partenaire de Souma.

Même s’il s’agissait d’une fête d’anniversaire, presque toute la noblesse le faisait sous forme de banquet, donc la seule différence était que les participants devaient donner des cadeaux à la maison afin de célébrer un anniversaire.

Soit dit en passant, dans le cas de Souma, sa participation à l’événement comptait déjà comme un cadeau, et il n’avait donc pas à offrir d’autres cadeaux. En échange, il devait parler avec les membres de la famille du noble chez qui il allait. C’était donc l’occasion parfaite pour les nobles qui voulaient envoyer leurs filles afin de les faire devenir ses reines.

Cependant, le petit tanuki d’Amidonia ne permettait nullement que tout cela se produise.

Roroa s’était placée au milieu de la salle, avant d’étendre les bras et de faire entendre sa voix. « Mesdames et messieurs, je me sentais mal d’être venue à cette fête sans aucun cadeau à apporter. Dans ce cas, voici une petite surprise que j’ai préparée pour vous tous. »

« Hahh ! » Une personne était soudainement tombée du plafond. C’était un homme musclé portant un masque d’argent et un foulard rouge. Il s’agissait du héros qui était le sujet de conversation du royaume, Overman Silvan. « Charge ! Silvan ! »

« Voilà, vous l’avez fait, » déclara Roroa avec satisfaction. « Nous avons amené le super populaire Overman Silvan avec nous. »

Les nobles applaudirent face à ça. Silvan était aussi populaire auprès des adultes, et ils avaient tous trépigné d’impatience alors qu’ils se précipitèrent pour avoir la chance de lui serrer la main. Même l’hôte de la fête avait oublié ce qu’il faisait et s’était joint à eux.

Tandis qu’il les regardait, bras dessus bras dessous avec Roroa, les épaules de Souma s’étaient affaissées. « Est-ce que ce pays... va s’en sortir ? »

« Mwahahaha, c’est très amusant, » répondit-elle en gloussant.

Technique de protection de Roroa : Sa capacité effrayante à mettre les choses en place à l’avance.

 

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Ce jour-là, Juna assistait à un bal masqué en tant que partenaire de Souma.

Il s’agissait d’un banquet de noble, mais l’hôte de celui-ci avait quelque chose de très spécifique en tête. Il avait demandé aux participants de porter des masques et de participer à une soirée dansante. Le plan était d’encourager les gens à mieux se connaître sans se soucier de la taille de leur maison ou de l’existence d’un conjoint ou d’une fiancée, mais la plupart des femmes étaient ici pour cibler Souma.

Même avec un masque, l’apparence de Souma était bien connue, alors il avait été rapidement identifié. Maintenant, les femmes se dirigeaient vers Souma... mais elles n’y arrivaient pas.

« « « ... » » »

C’était parce qu’une beauté d’un autre monde se tenait à ses côtés.

Entre la beauté de son visage, qu’on pouvait discerner même à travers son masque, ses beaux cheveux bleus brillants, sa silhouette étonnante et ses mouvements gracieux, elle était comme une masse concentrée de tous les attributs féminins, et les autres femmes présentes se sentaient tellement inférieures qu’elles ne pouvaient même pas approcher.

Pendant ce temps, Souma parlait à la femme à côté de lui d’un ton légèrement inquiet. « Pensez-vous que c’est bon ? Nous n’avons pas encore annoncé nos fiançailles. »

Juna avait gloussé. « En ce moment, Sire, vous et moi ne sommes qu’un homme et une femme masqués. »

La technique de protection de Juna : Écrasez la concurrence avec sa grâce débordante.

 

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Ce jour-là, Aisha assistait à un banquet en tant que partenaire de Souma.

Ici aussi, les nobles surveillaient de près l’occasion de nouer des liens avec Souma.

« Oh, Votre Majesté, c’est un plaisir de... Eek !? » cria un noble.

« Votre Majesté, quel plaisir de vous voir ! Qu’en dites-vous, voulez-vous vous joindre à moi pour... Whoa !? »

Chaque fois qu’un noble essayait d’approcher Souma, la femme à ses côtés projetait son aura de guerrière sur eux afin de les intimider. Bien qu’elle soit une belle elfe sombre dans une robe argentée, elle donnait l’impression aux nobles d’être dévisagés par un tigre à dents de sabre, et ils ne pouvaient pas approcher Souma.

Aisha ne savait même pas qu’elle le faisait, elle était juste sur ses gardes contre quiconque approchait Souma parce que c’était son devoir de garde du corps. Alors...

« Bonjour, Votre Majesté, » déclara une femme. « C’est un honneur de vous rencontrer. »

« Votre Majesté, s’il vous plaît, parlez-moi de la guerre en Amidonia, » supplia une autre femme.

« Oh. Eh bien, euh..., » Souma bégayait.

Pour cette raison, Aisha n’avait pas utilisé son aura oppressante contre de jeunes femmes qui ne voulaient clairement pas faire de mal à Souma, et donc les femmes avaient eu une occasion étonnamment facile de s’approcher de lui.

Les femmes s’étaient rapprochées de Souma, convaincues que c’était leur chance de le faire les apprécier. « Votre Majesté, après ça, pourquoi n’irions-nous pas trouver un endroit où nous pourrions être seuls un moment... ? »

« ... Sire, » déclara Aisha, en lui tirant sur sa manche.

Quand elle lui avait fait un regard presque comme celui d’un chiot abandonné, Souma n’avait pas pu la laisser seule, alors il s’était excusé auprès des femmes en déclinant leur proposition d’aller quelque part avec moins de monde.

« Ça va, Aisha ? Ne vous sentez-vous pas bien ? » demanda Souma.

« ... Non, je vais bien maintenant. Cependant, restons ici un peu plus longtemps, » déclara Aisha.

Aisha se pencha vers Souma, le suppliant de la laisser faire. Elle avait finalement toute l’attention de Souma pour elle, alors Aisha avait souri de satisfaction.

La technique de protection d’Aisha : La capacité de basculer entre se présenter comme une guerrière compétente et un chiot abandonné.

 

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Il s’agissait d’une bataille que ces femmes ne pouvaient absolument pas se permettre de perdre.

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Histoire courte en prime : Frit sur le gril tous les jours

Fin d’une nuit du 2e mois, 1 547e année du Calendrier Continental

Ce jour-là, le ministre de l’Agriculture et des Forêts du Royaume de Friedonia, Poncho, et la femme de chambre en chef, Serina, étaient venus ensemble au Palais d’Ishizuka se trouvant dans le château de Parnam.

C’est là que les recettes de la Terre que Souma et Poncho avaient recréées étaient servies à titre expérimental, et tous ceux qui travaillaient au château étaient les bienvenus.

Cependant, comme les heures d’ouverture étaient du soir jusqu’à tard dans la nuit, seuls ceux qui avaient des quarts de nuit pouvaient se rendre ici. Les heures d’ouverture étaient déjà terminées pour la journée et Poncho et Serina étaient seuls à l’intérieur du restaurant.

Il y avait une raison pour laquelle ces deux-là étaient ici : pour tenir la promesse faite plus tôt ce jour-là.

« D’accord, je vais vous faire un sandwich grillé, » déclara Poncho.

« Merci, » répondit Serina.

C’était la promesse de faire à Serina un sandwich grillé.

Poncho avait pris un outil de cuisson qui ressemblait à deux poêles à frire collées ensemble. « Il est vrai qu’il est facile de les faire. Vous mettez un morceau de pain d’un côté de cette machine à sandwichs grillés, puis vous placez la garniture sur le dessus. Après ça, vous mettez un autre morceau de pain sur le dessus, puis vous fermez simplement la machine à sandwichs et vous la faites cuire des deux côtés. Pour la garniture, j’utiliserai le jambon et le fromage habituels. »

Poncho expliquait ça alors qu’il préparait avec habileté le sandwich. Poncho avait normalement l’air d’être un peu ennuyeux, mais son esprit d’aventure quand il s’agissait de la nourriture et ses compétences à la préparer était tout simplement génial. Il retourna la machine à sandwich, grillant ainsi le pain des deux côtés, puis il le retira du feu quand il était juste à point. Après ça, il avait ouvert l’appareil, avait sorti le sandwich, et il le coupa en deux. Le fromage fondu s’était échappé par les côtés quand il l’avait coupé.

Poncho l’avait ensuite déposé sur une assiette et l’avait servi à Serina. « Tenez, le voici. »

« Oh ! Poncho, ce parfum merveilleux stimule vraiment l’appétit. » Serina regarda le sandwich dans un état d’extase que l’on n’aurait jamais imaginé de son attitude impudente habituelle. Puis, ramassant un morceau, elle l’avait lentement mordu. « Chaud... ! »

« E-Est-ce que ça va !? Vous devriez peut-être attendre que ça refroidisse un peu plus..., » déclara Poncho.

« ... Non, je vais bien. C’est chaud, croustillant et délicieux, » déclara Serina.

Serina avait après ça mangé le sandwich grillé. Poncho, qui était soulagé de voir qu’elle allait bien, expliqua à Serina en dévorant le sandwich avec ferveur. « Le sandwich grillé est frit dans une presse, donc même du pain un peu rassis est délicieux quand il est servi de cette façon. Si vous coupez les croûtes et que vous les faites bien cuire, vous pouvez sceller la garniture à l’intérieur, pour qu’elles soient pratiques à transporter. »

« C’est un plat merveilleux. Je l’ai apprécié jusqu’à la dernière bouchée. » Serina, qui avait fini de manger, s’essuya la bouche avec une serviette.

Poncho aimait voir les autres apprécier sa nourriture autant que lui quand il la mangeait lui-même, donc cette expression satisfaite était un plaisir pour lui quand il la voyait.

Puis Serina avait remarqué une odeur sucrée. L’odeur semblait provenir d’un pot qui était au-dessus du feu.

« ... Il y a quelque chose qui bout ? » demanda Serina.

« Oh, c’est vrai, » Poncho se précipita vers le pot, ouvrit le couvercle et remua le contenu à l’aide d’une spatule. Ceci avait provoqué qu’encore plus de l’odeur sucrée eût rempli les airs. Serina avait regardé dans le pot à côté de lui. À l’intérieur, il y avait une substance verte grumeleuse, épaisse et bouillante.

« Est-ce... des petits pois ? » demanda Serina.

« Oui, c’est bien ça. Des petits pois bouillis avec du sucre, » expliqua Poncho.

« Dans le sucre ? N’est-ce pas une soupe ? » demanda Serina.

« Non. D’après Sa Majesté, ça s’appelle de l’anko, » déclara Poncho.

« Anko ? » demanda Serina.

« Il semble que dans le monde de Sa Majesté, ils utilisaient cet anko pour faire des bonbons. J’essaie actuellement de le recréer par essais et erreurs sous les instructions de Sa Majesté, » déclara Poncho.

Pour l’anko, c’était la norme d’utiliser des haricots azuki, mais ceux-ci n’étaient pas disponibles dans ce pays (bien qu’ils aient pu l’être dans d’autres pays), alors Poncho l’avait remplacé avec des pois verts dans sa tentative de créer de l’anko.

Tout en remuant la casserole, Poncho ajouta comme s’il venait de s’en souvenir. « En y repensant, l’un des plats les plus célèbres pour utiliser l’anko dans le monde de Sa Majesté s’appelait le taiyaki. »

Quand elle avait entendu le nom, Serina semblait emplie de doutes. « Taiyaki... Ils ont mis de l’anko sur du poisson frit ? Ça n’a pas l’air délicieux. »

« Oh, non, ce n’est pas du poisson, c’est un bonbon qui a la forme d’un poisson. C’est comme un sandwich grillé avec de l’anko comme garniture, ou quelque chose comme ça. Voulez-vous essayer maki —, » commença-t-il.

« Incontestablement ! » répondit Serina avec empressement.

Poncho avait souri d’un air ironique alors qu’il déposait du pain dans la machine à sandwich grillée comme il l’avait fait avant. Puis il y posa de l’anko aux petits pois verts venant du pot, puis posa un autre morceau de pain sur le dessus et le fit cuire des deux côtés. Il avait coupé le sandwich à l’anko grillé en deux, et cette fois-ci (parce qu’ils en faisaient l’essai de dégustation), ils en avaient pris chacun la moitié.

« Oh... C’est aussi délicieux, » déclara-t-elle.

« Oui. Je pense que c’est vraiment délicieux, » déclara Poncho.

Serina avait présenté un regard ravi, tandis que Poncho se léchait les lèvres en signe de satisfaction et souriait. Une fois cette pièce d’équipement créée, il était facile de la fabriquer. Si l’offre d’édulcorants comme le sucre devenait plus abondante, ils pourraient probablement être vendus dans des étals de rue. C’est ce que pensait Poncho, mais il avait remarqué un regard pensif sur le visage de Serina.

« Qu’y a-t-il, Madame Serina ? » demanda-t-il.

« Oh, ce n’est rien... C’était tellement plus délicieux que le sandwich grillé que j’avais avant, alors j’étais un peu perplexe, » déclara Serina.

« Madame Serina, je vois que vous aimez les sucreries, » déclara Poncho.

« Non, pas particulièrement, c’est juste que... ça avait un goût délicieux parce que ça me mettait à l’aise... ou quelque chose comme ça. C’est étrange. Oui, c’est vraiment étrange même si je trouvais que les deux étaient délicieux, » répondit Serina.

« Hm... » Une idée était venue à Poncho. « Croyez-vous que c’est parce qu’on l’a partagée ? Avec n’importe quel aliment, il a meilleur goût de le partager avec une autre personne que lorsque vous le mangez seul. »

« ... Je vois, » déclara Serina.

Tout semblait désormais logique pour Serina. Manger avec une autre personne était délicieux. Manger avec Poncho était délicieux. C’était donc la réponse.

« Je suis convaincue. Eh bien, pour que je puisse continuer à savourer des plats délicieux dans leur forme la plus délicieuse, Sire Poncho, continuons à manger ensemble à l’avenir. Non, s’il vous plaît, nourrissez-moi. »

Cela dit, Serina lui avait fait un doux sourire.

Alors qu’il regardait la belle femme de chambre qui était connue pour son sourire sadique, Poncho n’avait pas pu s’empêcher de la regarder avec fascination pendant un certain temps.

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Histoire courte en prime : Au coin de la rue pendant le Festival de l’Annonce du Printemps

Le dernier jour du 3e mois, 1547e année du Calendrier Continental

« Mamie, je suis ici pour apporter le printemps ! » s’écria un enfant.

« Comme c’est gentil d’être venu. Tiens, prends un bonbon. »

Cette journée ensoleillée était le jour du Festival de l’Annonce du Printemps.

Les enfants se déguisaient en fées et distribuaient des fleurs aux adultes, et les adultes leur donnaient de leur côté des bonbons. Les voix heureuses des enfants se faisaient entendre partout. Dans la ville de Parnam qui célébrait la fête, l’évêque Orthodoxe Lunaire Souji Lester était assis sur un balcon, buvant un verre de vin.

« C’est sûr que c’est paisible, » fit-il remarquer joyeusement. « Le vin a meilleur goût quand on peut le boire au milieu de la journée, entouré par les voix des enfants qui jouent. »

« Tu aimes boire à tout moment de la journée, et tu le sais, » déclara la femme assise en face de lui alors qu’elle portait une cagoule basse sur ses yeux. Il s’agissait de la haute elfe Mérula Merlin, qui avait accompagné Souji dans ce pays. « N’es-tu pas un évêque, Souji ? Est-ce normal que tu te soûles un jour de festival ? »

« Quand l’évêque est absent, le peuple joue. C’est mieux pour les croyants de ce pays si je ne suis pas motivé à agir sur les ordres de la patrie. Je dois être vraiment paresseux. »

« Tu peux rendre n’importe quoi inoffensif si tu l’exprimes correctement..., » répliqua Mérula.

Tandis que Mérula buvait une gorgée de son vin avec un regard exaspéré sur son beau visage, Souji riait de bon cœur.

« Alors, pourquoi n’irais-tu pas au festival ? Avec ton corps qui est presque sans courbe, je parie que tu pourrais leur demander de te donner des bonbons. »

« D’après toi, qui a le corps d’un enfant ? Je suis trop grande, donc ça ne marcherait pas ! » s’écria Mérula.

« Si tu avais aussi la taille d’un enfant, cet endroit ne te laisserait pas boire, » répliqua Souji.

Tout en apaisant une Mérula en colère, Souji regarda vers la rue.

Peut-être à cause de l’atmosphère festive, les gens qui allaient et venaient semblaient tous excités d’une manière ou d’une autre. C’était une scène paisible, mais combien d’entre eux étaient des adeptes de l’Orthodoxie Lunaire ? Dans l’État Pontifical Orthodoxe où ils étaient contraints par les enseignements de l’Église et attachaient une grande importance au maintien des apparences, le Festival de l’Annonce du Printemps n’avait jamais été un événement aussi important.

Franchement... Cela vous amène à vous demander lequel de nos pays est vraiment celui qui est béni par Dieu. Souji avait souri avec ironie lorsqu’il avait bu à son verre.

Puis il remarqua une paire d’individus qui se distinguait un peu de la foule s’approchant de l’autre côté de la rue.

« C’est sûr que c’est vivant, » déclara la jeune fille. « Oh, Hal, à quoi penses-tu que sert ce stand ? »

« Whoa, Kaede, ne tire pas si fort ! » s’écria l’homme.

Le jeune officier aux cheveux roux tape-à-l’œil était traîné par la main d’une fille bête à lunettes et aux oreilles de renard. Il s’agissait d’Halbert et de Kaede. Ces deux personnes s’étaient entraînées à bord du Hiryuu jusqu’à l’autre jour, mais ils étaient retournés dans la capitale royale pour leurs premières vacances prolongées depuis un certain temps.

Halbert se gratta la tête et soupira. « Honnêtement, c’est un jour de congé rare, alors j’aimerais que tu me laisses faire une pause. Je suis épuisé par des jours de dur entraînement, d’accord ? »

« C’est parce que c’est un jour de congé rare que nous devons l’utiliser au maximum, tu sais ? » demanda Kaede.

« Écoute, ça pourrait te convenir, puisque tu fais du travail mental..., » répliqua Halbert.

« Oh ? Hal, ne t’amuses-tu pas avec moi ? » demanda Kaede.

Quand Kaede lui avait demandé cela en levant les yeux vers lui, Halbert avait détourné les yeux.

« Je n’ai jamais dit ça..., » déclara Halbert.

« Eh bien, c’est bien, tu sais. Je suis toujours en train de te faire suivre des ordres sévères, alors je voulais m’assurer que tu t’amuses le plus possible aujourd’hui, tu sais, » déclara Kaede.

Kaede s’était enroulée autour du bras de Hal. Quand son adorable amie d’enfance se pressa si près de lui qu’il pouvait sentir la chaleur de son corps, Halbert n’était pas entièrement mécontent de la situation.

« ... Soupir. Si seulement tu pouvais être aussi mignonne pendant l’entraînement, » déclara Halbert.

« Heehee ! Alors veux-tu que je m’accroche aussi à toi comme ça à l’entraînement ? » demanda Kaede.

« Arrête ça. Les regards jaloux que je reçois des autres gars sont déjà assez mauvais comme ça, » déclara Halbert.

Halbert était souvent avec Kaede, qui était devenue l’idole de la Défense nationale, et il était donc confronté quotidiennement aux regards jaloux des autres hommes. Ils se connaissaient parce que leurs familles étaient proches, et Halbert et Kaede pensaient tous les deux qu’il était temps qu’ils se fiancent, mais Halbert avait mal au ventre quand il pensait à l’annoncer.

« Les dratroopers qui servent sous mes ordres me taquinent aussi toujours à ce sujet. C’est un vrai problème, » déclara Halbert.

« Heehee, ça montre à quel point tu as de la chance, tu sais, » dit Kaede en s’amusant.

Halbert ne pouvait rien dire en réponse.

Souji, qui avait écouté l’une de leurs conversations, sourit ironiquement. Hé, mec, vu comment les choses se passent, elle va tellement te chambouler à l’avenir.

Souji avait bu le reste de son verre.

Mais même le roi est tellement reconnaissant envers ses fiancées qu’il doit passer son jour de congé à leur faire la cour. Peut-être que les femmes qui ont le dessus dans les mariages ici sont typiques de ce pays. Franchement, je ne voudrais pas que ça m’arrive à moi.

Pendant que Souji plaignait Halbert, Mérula le regardait avec mépris. « Qu’est-ce qui te fait sourire ? »

« Hm ? Oh, pas grand-chose. Je pensais que la vie de célibataire est facile et agréable, c’est tout. »

Puis Souji s’était versé un autre verre.

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3 commentaires :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour ces cours particuliers 🙂

  2. quelles cours ¿ -_- ¿

  3. sans doute sur les trooper et sur les raison de faire netoyer au nouveau marain

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