Wortenia Senki – Tome 1 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Résolution

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Chapitre 3 : Résolution

Partie 1

« Bon travail hier soir, tout le monde ! »

La voix de Rolfe résonnait à travers la place devant le portail.

« Je suis venu relayer notre nouveau plan d’action, décidé tout à l’heure. Lady Shardina, Lady Celia, Seigneur Orlando et moi-même serons capitaines et chefs de compagnie de trente à quarante soldats chacun. Nous nous dirigerons ensuite vers le sud et l’est, et nous commencerons nos recherches ! Notre formation se déroulera comme nous l’avons déjà dit. Comme vous le savez tous, le meurtrier de Sire Gaius est l’homme venant de l’autre monde. Faites preuve de la plus grande prudence. Maintenant, que chacun d’entre vous soit rapide, car nous allons partir ! »

Tandis qu’il regardait les soldats prendre leurs positions, Rolfe repensa à ce qui s’était passé hier soir. Les poursuivants de l’empire passèrent sans le savoir devant Ryoma devant les portes. Celia, Rolfe, Orlando et Shardina poursuivaient leur quête depuis midi jusque tard dans la nuit. Mais la piste du soldat qui avait quitté les portes de la ville s’était rapidement refroidie, et aucune information sur l’endroit où il se trouvait n’avait été relayée.

« En quoi ça a un sens !? Nous avons autant de soldats mobilisés, et nous ne pouvons toujours pas localiser un seul homme !? Aucun de vous ne se relâche, j’espère ! », le beuglement colérique de Celia résonnait à travers la porte de la capitale.

Elle regardait autour d’elle avec un visage digne d’un démon. Ses sourcils bien formés étaient arqués vers le haut, et ses yeux étaient teints en rouge. Ses troupes, dispersées dans toutes les directions lors de leurs recherches, étaient rentrées les mains vides jusqu’à leur point de rassemblement près de la porte. Comme prix à payer pour ne pas avoir trouvé un seul indice, ils ne pouvaient que se tenir là et s’imprégner de ses insultes verbales.

Tout ce qu’ils avaient pour l’instant, c’était un témoignage oculaire d’un homme vêtu d’une armure de soldat qui passait la porte vers deux heures de l’après-midi. C’était à peine vingt minutes avant qu’ils n’organisent leurs forces et ne passent eux-mêmes devant la porte. Après avoir cherché pendant plus de dix heures jusqu’au plus profond de la nuit, ils n’avaient rien trouvé.

Il était tout à fait naturel pour Celia d’élever la voix en réponse, d’autant plus que Gaius était son dernier parent de sang restant. Il n’était pas déraisonnable de s’attendre à ce qu’elle devienne émotive à ce sujet, mais c’était une situation problématique pour un commandant.

« Calmez-vous, Celia. Les soldats ont tous travaillé au mieux de leurs capacités. »

Une voix aussi pure que le carillon d’une cloche réprimandait doucement Celia dans son dos.

« Lady Shardina… Mes excuses. »

En se retournant pour faire face à l’oratrice, la voix de Celia baissa de ton.

Elle n’arrivait pas à se défendre contre la première princesse de l’empire.

« Je crois que nous devrions probablement nous arrêter ici pour aujourd’hui… Tout le monde a l’air fatigué. »

Shardina regarda autour d’elle.

Aucun soldat ne s’était montré fatigué de façon flagrante, mais ils étaient tous encore visiblement fatigués.

« Mais… Si on s’arrête maintenant… »

Celia avait l’intention de se disputer, mais Shardina secoua la tête.

Elle s’était rendu compte que si Celia les forçait à poursuivre les recherches comme elle le faisait maintenant, elle n’arriverait à rien.

« C’est dangereux la nuit, même dans les environs de la capitale. Nous devrions revoir nos recherches et recommencer demain. »

Rolfe, qui était venu voir ce qui se passait, avait confirmé ses dires. Il pensait probablement la même chose.

« Oui, on doit faire exactement ce que dit Lady Shardina. Vous surmener dans cette recherche ne servira à rien. Nous ferions bien de prendre du recul pour l’instant et de reprendre nos efforts. Qu’en dites-vous, Lady Celia ? »

Celia n’avait pas trouvé les mots pour s’opposer à l’idée de Rolfe, mais ses émotions, qui l’avaient poussée à poursuivre le tueur de sa famille, ne l’avaient pas laissée accepter les faits.

« Seigneur Orlando, ramenez Celia dans son manoir. Je suis sûr qu’avec la mort du Seigneur Gaius cette journée a été difficile pour elle. », dit Shardina en étreignant les épaules de Celia.

« Non. Je peux y retourner toute seule. »

Celia rejeta les inquiétudes de Shardina.

Cependant, il était évident pour tout le monde qu’elle était à sa limite.

« Vous ne devriez pas vous forcer, Celia. Seigneur Orlando, occupez-vous d’elle. »

« Oui, madame ! Maintenant Lady Celia, par ici. »

Réagissant rapidement aux paroles de Shardina, Orlando essaya d’enrouler ses bras autour de Celia.

« Lâchez-moi, Orlando ! Je peux rentrer chez moi toute seule. »

Mais dans ses tentatives pour se débarrasser d’Orlando, Celia perdit l’équilibre et s’effondra. C’était tout naturel, puisqu’elle marchait maintenant depuis plus de dix heures sans répit, à la recherche du coupable.

Finalement, Orlando l’emmena dans une voiture qu’ils lui avaient préparée, et Celia rentra chez elle, dans sa propriété.

« Haah... En fin de compte Lady Shardina, que devons-nous faire après ça ? », soupira Rolfe tout en regardant la voiture rouler.

« Je ne pense pas qu’il y ait grand-chose à faire. Cela ne sert à rien de chercher plus longtemps… »

Shardina haussa les épaules à la question de Rolfe.

« Inutile, dites-vous… »

Il l’avait déjà présumé, mais en l’entendant directement des lèvres de Shardina, le visage de Rolfe se contorsionnait encore légèrement.

« Cela a été décidé au moment où ce soldat a quitté les portes. »

« Mais quand même… Nous avons organisé toutes nos forces pour cela… »

Rolfe croyait honnêtement qu’il avait fait de son mieux et doutait que quelqu’un puisse prendre le commandement dans de telles conditions mieux que lui. C’était le genre de fierté qu’un héros de guerre posséderait naturellement.

« Je suis au courant. Sire Rolfe, je n’ai rien à vous dire quant à votre commandement. Vous avez fait tout ce qui était de votre ressort. »

Le regard de Shardina se tourna vers la forêt.

« Nos chances de l’arrêter à l’intérieur des frontières de l’empire étaient déjà très minces. Après tout, nous ne savons pas à quoi il ressemble ni quel âge il a. Pourtant, s’il se promenait habillé en soldat, nous aurions eu une chance de l’attraper. »

« Ce que vous dites, c’est qu’il n’est plus habillé comme l’un des gardes royaux ? »

« C’est très probable… », dit Shardina en hochant la tête.

Si j’étais à sa place, je me changerais dès que j’en aurais l’occasion… Toute personne activement poursuivie ferait sans aucun doute la même chose…

« Alors… Qu’allons-nous faire ensuite ? »

« Nous avons déjà donné l’ordre de bloquer les frontières. Il ne nous reste plus qu’à nous diriger vers celles-ci et à poursuivre nos recherches. »

Pendant que Shardina parlait, Rolfe la regardait avec une expression anxieuse. Étaient-ils vraiment censés continuer à le chercher sans savoir qui il était ?

« Pensez-vous que nous pourrons le trouver de cette façon ? »

« En tout cas, on peut réduire les options à deux destinations possibles. »

Le visage de Rolfe montrait une expression surprise. Il avait repris confiance en entendant son ton.

« Deux destinations ? Donc croyez-vous qu’il ira au sud ou à l’est ? »

Rolfe imaginait à peine la distance entre la capitale et les frontières de l’empire. Puisqu’elle avait dit deux destinations, il avait naturellement considéré la frontière la plus proche, la frontière sud, et la frontière est, qui était la deuxième plus proches.

« Correct. Mais il ira probablement vers l’est… »

« Puis-je vous demander ce qui vous fait penser ça ? »

« Honnêtement, c’est surtout de l’intuition. Mais je doute que j’aie tort. », dit Shardina en souriant

Se tournant vers Rolfe, elle continua.

« C’est le genre d’homme capable de s’échapper du château et de résister à notre poursuite jusqu’à maintenant. Il ne courra pas sans réfléchir. »

« Donc vous dites que cet homme connaît bien la géographie de l’Empire… ? Mais c’est… »

L’expression de Rolfe s’était assombrie.

Si les hypothèses de Shardina étaient correctes, la tâche consistant à attraper cet homme était beaucoup plus difficile qu’ils ne l’avaient prévu.

« Cela me semble très probable… »

« Mais ne choisirait-il pas de prendre le chemin le plus court et d’aller vers le sud ? Je ne choisirais pas la frontière est si j’étais à sa place. »

Rolfe prendrait le chemin le plus court s’il était en fuite. C’était une situation où chaque moment qu’il passait à l’intérieur des frontières de l’empire était un moment où sa vie était en danger. Selon lui, cela ne servirait à rien de choisir délibérément la voie la plus longue.

« C’est vrai. Si votre intention était de fuir, vous iriez vers le sud. Mais considérez que c’est ce qu’il avait prédit qu’on fera. »

« Vous dites donc qu’il a choisi la frontière est plutôt que la frontière sud, en supposant que l’on puisse prédire qu’il choisirait cette dernière ? Impossible… Peu importe comment vous le regardez, c’est trop… »

Shardina secoua la tête devant ses paroles.

« Seigneur Rolfe. Moi aussi, j’espère que mes soupçons ne sont pas fondés. Mais il a été plus malin que nous à chaque fois jusqu’ici. Si on le sous-estime, il pourrait passer la frontière sans qu’on s’en aperçoive. »

« C’est assez vrai… Cependant, on ne peut pas écarter l’éventualité qu’il aille au sud… », dit Rolfe en réfléchissant.

Le sens du jugement de Rolfe avait toujours été pragmatique. C’était à la fois son plus bel atout et son plus grand défaut. Pour le meilleur ou pour le pire, il n’arrivait pas à se défaire de ce qu’il percevait comme du bon sens.

« Je comprends parfaitement ce que vous voulez dire. Partir vers l’Est, c’est tout simplement mon intuition… C’est pourquoi je crois que je vais vous laisser la frontière sud, à vous, Celia et le Seigneur Orlando, et je vais me diriger vers l’est. »

« Je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée… Mais ne serait-il pas plus sage de se séparer en deux groupes de deux à la place ? »

La suggestion de Rolfe était raisonnable. Dans la plupart des cas, ils diviseraient leurs forces en deux. Cependant, Shardina secoua la tête.

« Non. Aller vers l’est est mon idée personnelle. C’est pourquoi, Seigneur Rolfe, vous devriez rester derrière et soutenir Celia… Après tout, vous n’avez pas à vous inquiéter. J’ai un vice-commandant fiable à mes côtés. »

Rolfe se souvenait de la façon dont Celia, habituellement assez calme pour être connue comme la reine des blizzards, avait été vaincue par cette frénésie.

Oui… Comme le dit Son Altesse, il serait dangereux de laisser le Seigneur Orlando seul pour contenir la rage de Lady Celia… Rolfe avait pris un moment pour calculer les choses. Avec cet homme à ses côtés, je doute que Son Altesse soit blessée.

L’image du vice-commandant fiable de Shardina fit surface dans son esprit.

« Très bien. J’organiserai nos formations selon votre décision. »

« S’il vous plaît, Seigneur Rolfe. »

Rolfe força ensuite son corps fatigué à se réveiller, travaillant jusqu’à la nuit pour organiser leur formation. Tout ça pour appréhender un seul homme venu d’un autre monde.

« Seigneur Rolfe ! On a fini de déplacer les troupes ! Partons-nous bientôt ? »

La voix d’un coureur fit sortir Rolfe du souvenir de ce qui s’était passé hier soir.

« On y va, Lady Shardina ? »

Shardina répondit en agitant son épée en avant, au-delà des portes.

« En avant, marche ! »

Le cri de Rolfe poussa les deux cents soldats à cheval à partir à la poursuite de l’insaisissable homme de l’autre monde.

La colonne de cavaliers se précipita le long de la route qui menait vers l’est. Le vice-commandant, Saitou, s’était approché de Shardina, qui se trouvait en haut de la ligne.

« Votre Altesse. Comme vous l’avez ordonné, nous avons mis en place un blocus à Adelpho. »

« Je vois. Bon travail. Cela a été aussi très rapide, Saitou. »

***

Partie 2

Elle n’avait donné l’ordre qu’hier soir, donc son exécution avait été rapide, même s’il était à cheval. Son expression montrait qu’elle était satisfaite du rapport de Saitou.

« Pensez-vous que nous pourrons l’arrêter à Adelpho ? »

Cet homme, Saitou, semblait avoir une vingtaine d’années. Il avait un corps mince et tempéré, et ses cheveux étaient soigneusement peignés. Il donnait l’impression d’être un digne homme de bureau. Si vous le mettiez en costume d’affaires et l’envoyiez dans le quartier des affaires, il se fondrait naturellement dans la foule. Les yeux cachés derrière ses lunettes à monture argentée brillaient d’intelligence.

« Oh ? »

Shardina écouta la question de l’homme calme avec un sourire fantaisiste.

« Ai-je déjà dit quelque chose dans ce sens ? »

« Non. C’est précisément pour ça que je vous le demande, Princesse. »

Peut-être que sa réponse ne correspondait pas à ses attentes, parce que Shardina était devenue un peu lunatique lorsqu’elle lui répondit.

« Alors, laissez-moi vous demander, mon cher et fiable Saitou. Pourrons-nous arrêter cet homme à Adelpho ? »

« Non. Ce sera très probablement impossible. »

Saitou répondit clairement.

Shardina semblait aimer cette réponse.

« Oh ? Comment ça ? », demanda-t-elle en souriant faiblement.

« Comment chercher un homme quand on ne sait pas à quoi il ressemble ? Ou bien avez-vous des informations à son sujet ? »

C’était là l’élément le plus problématique de leur recherche jusqu’à présent. Tout ce qu’ils savaient, c’était que l’homme de l’autre monde était grand, bien bâti, intelligent et de nature impitoyable. Il y avait plein de gens comme ça dans l’empire.

Ils l’avaient cherché hier en se basant sur l’hypothèse qu’il portait une armure de soldat, mais une fois qu’ils avaient quitté la porte, ils avaient perdu toute trace de lui. En tant que tel, supposer qu’il ait changé d’armure, comme Shardina l’avait signalé, était raisonnable. Mais cela signifiait aussi qu’ils n’avaient plus d’indices pour le traquer.

« C’est vrai… Héhé. Inutile d’essayer de chercher quelqu’un quand on ne sait pas à quoi il ressemble. »

« Alors, qu’est-ce qu’on fait ? »

Saitou considérait le sourire de Shardina avec une expression douteuse.

Honnêtement, la situation semblait plutôt désespérée. Cette question, cependant, avait simplement fait apparaître un sourire farceur sur les traits de Shardina.

« Eh bien, nous ne connaissons pas son visage, alors il va falloir qu’il nous le dise, n’est-ce pas ? Que c’est lui le coupable. »

Dès que Saitou entendit Shardina dire cela, une lueur vive lui remplit les yeux. Il semblait comprendre ce que pensait sa maîtresse.

« Je vois. C’est pour ça que vous avez bloqué la frontière d’Adelpho… »

« Oui… Bien que, vu nos effectifs limités, nous ne devrions probablement pas trop en attendre… »

« Ne pouvons-nous pas mobiliser les forces en garnison à Adelpho ? »

Shardina secoua la tête

« Pas possible. Déplacer la garnison créerait une ouverture à la frontière, ce qui augmenterait les chances que Xarooda attaque. On ne peut pas non plus demander de l’aide aux nobles. »

Leur voisin oriental, le royaume de Xarooda, n’était pas à la hauteur de l’empire en termes de puissance nationale. Le continent occidental était divisé en cinq régions, et parmi elles, O’ltormea était une grande puissance qui contrôlait le territoire central, et une partie du sud aussi. En comparaison, Xarooda n’avait qu’un petit territoire, représentant de la pointe occidentale à la partie orientale un tiers du continent.

Pour couronner le tout, la majeure partie du territoire de Xarooda était constituée de districts montagneux, et le terrain offrait un espace limité pour les terres agricoles ou pour soutenir sa population. Elle était inférieure à O’ltormea sur tous les fronts : force militaire, économique et main-d’œuvre.

Il était donc difficile de croire que Xarooda enverrait ses soldats de l’autre côté de la frontière, et même s’ils le faisaient, O’ltormea serait facilement en mesure de réagir à leur invasion.

Mais, pour les repousser, O’ltormea devrait être capable de mobiliser l’intégralité de sa force militaire. À l’origine, c’était un petit pays au centre du continent, et, en profitant des périodes troublées, il s’était développé en un plus grand pays, en prenant le contrôle de ses pays voisins. Mais cela a eu un coût, car O’ltormea était actuellement dans un état d’hostilités ouvertes, ou au mieux de guerre froide, avec tous ses voisins.

En outre, les nobles vivant dans les territoires proches des frontières de l’empire étaient tous des survivants des pays vaincus. Ils avaient bien juré fidélité à l’empire en surface, mais c’était uniquement pour conserver le nom et l’honneur de leur famille. Shardina n’était pas assez stupide pour présumer que leur loyauté était authentique.

En d’autres termes, l’empire d’O’ltormea était pris entre deux fronts. Le premier était leurs ennemis extérieurs, leurs voisins qui fronçaient les sourcils devant leur conquête impérialiste, et leurs ennemis intérieurs, les nobles potentiellement traîtres.

« Oui, c’est vrai… Si les nobles l’apprenaient, ils pourraient profiter de la situation pour déclencher une rébellion. »

En entendant Saitou dire cela, Shardina sourit amèrement, imaginant ce qui se passerait si les nobles et leurs pays voisins apprenaient cet incident.

« Nous devrons peut-être l’annoncer à un moment donné, mais ce n’est pas le moment. Nous devons donc être prudents avec les moyens que nous choisissons pour cela… Même s’ils nous désavantagent. »

Saitou hocha la tête silencieusement en entendant Shardina.

Quand Ryoma arriva à Melpheren, il faisait déjà nuit noire. Ayant terminé sa chasse dans la forêt, il avait finalement atteint sa destination initiale.

Il était plus de sept heures du soir. D’habitude, il faut environ trois heures pour se rendre à pied de la capitale à Melpheren. Elle se situait à une dizaine de kilomètres de la capitale, et même s’il s’était arrêté pour chasser, il était arrivé assez tard.

La porte de la ville était assez grande. Elle était déjà fermée à cause de l’heure tardive, mais après avoir payé un péage et présenté son identification de guilde, Ryoma avait été autorisé à passer.

« Ouf, j’ai enfin réussi. »

Ne posséder aucune connaissance ne devait pas être facile, et Ryoma s’était mis à parler tout seul par inadvertance. Bien qu’il n’ait été ici qu’un jour, le fait d’être jeté dans un monde totalement détaché de celui dans lequel il avait grandi avait eu des conséquences, même sur Ryoma.

Eh bien, je ne devrais pas me précipiter. Je vais faire en sorte de me rendre les choses faciles.

Melpheren se trouvait à une centaine de kilomètres de la frontière. Il fallait environ quatre heures pour parcourir cette distance à cheval. Mais à pied, à une vitesse moyenne de 3-4 kilomètres à l’heure, il faudrait marcher dix heures par jour pendant 3 jours. Cependant, Ryoma avait estimé, pour plusieurs raisons, que cela lui prendrait plus d’une semaine.

Pour l’instant, je devrais me présenter à la guilde.

Le sac de Ryoma creusait dans son flanc, rempli de tout ce qu’il avait ramassé de la chasse. Malgré les grognements de son estomac, il porta le sac et se dirigea vers la guilde.

« Par ici, s’il vous plaît. »

Ryoma arriva au comptoir de livraison situé au sous-sol de la guilde, remettant la lettre au commis assis là.

« Compris, permettez-moi de confirmer que tout est en ordre… Oui, ça a l’air bien. Le sceau est intact. »

La commis prit la lettre et la carte de Ryoma, puis après avoir confirmé que le sceau de cire n’avait pas été brisé, entra l’information dans la carte de Ryoma.

« Oui, tout semble en ordre. Je vais ajouter cela à vos points. Que voulez-vous faire pour les demandes de chasse ? Voulez-vous que je les prenne en compte maintenant ? »

« Oui, s’il vous plaît. »

Ryoma hocha la tête.

« Très bien. Cela fait donc 54 chiens sauvages, 31 abeilles sauvages et 59 lapins sauvages… Bon travail. C’est un sacré butin. »

« Oui. Les armes que j’ai achetées hier ont été émoussées par le sang… Je devrais vraiment les faire aiguiser. »

Entendant Ryoma râler en reprenant sa carte, le visage de la préposée s’était rempli de surprise.

Il en a vraiment tué autant avec une épée ? En une seule journée ? Je croyais que c’était un magicien qui utilisait un sort de destruction à grande échelle… Est-ce vraiment un aventurier de rang F... ?

Toutes les dates de réception de ces missions dataient bien d’hier.

« Y a-t-il un forgeron capable d’aiguiser des armes en ville ? », continua Ryoma, sentant son regard surpris et impressionné.

« Euh… Quittez la guilde et tournez à gauche dans la rue principale. Ça devrait être droit devant. »

« D’accord, je vérifierai plus tard. Au fait, avez-vous fini de tout comptabiliser ? »

« Ah ! »

La question de Ryoma incita la fille à se souvenir de ce qu’elle faisait.

« Mes excuses. Le total final est de quatre pièces d’argent et 23 pièces de cuivre. Vous obtenez un point par meurtre, ce qui fait un total de 144 points. Félicitations, M. Mikoshiba. Vous avez atteint le rang de Double F. »

Il ne s’est inscrit qu’hier, et il est déjà passé au rang suivant… ?

Honnêtement, Ryoma n’avait pas l’air très heureux. Mais c’était peut-être prévisible, car cela ne semblait pas trop compliqué pour lui.

« Vous n’avez pas l’air heureux de votre promotion. »

La préposée déclara tout haut ce qu’elle pensait tout bas.

« Eh bien, je le suis, c’est juste que, pour être honnête, cela ne m’a pas coûté beaucoup d’effort… »

Ryoma lui répondit directement.

« Vraiment ? Eh bien, l’une des deux choses suivantes se produit habituellement dans cette situation. Si quelqu’un a suivi une formation avant de s’inscrire, il atteint généralement le niveau E en une semaine environ. »

« Vraiment ? »

« Oui. D’un autre côté, les amateurs complets peuvent trouver que s’élever au rang de Double F est un grand effort. »

« Hmm. vraiment… »

Ryoma ne l’avait pas encore compris, mais ce qui gênait le plus les débutants, c’était le travail en groupe. Les monstres de la forêt opéraient souvent en meute, ce qui signifiait que les aventuriers devaient faire face à plusieurs ennemis à la fois pendant la chasse.

Mais même les monstres faibles pouvaient représenter une menace dans une meute. C’était pour cette raison que la guilde avait recommandé que les gens se regroupent et forment des groupes, mais naturellement, tout le monde n’était pas nécessairement accepté. Il y avait toutes sortes de raisons, comme l’écart trop grand entre les capacités de combat des individus, les différentes façons de penser ou les conflits d’intérêts. Mais quoi qu’il en soit, peu de gens avaient pris en charge seuls les demandes.

Cela signifiait aussi que les personnes qui avaient du mal à entrer dans les groupes étaient des débutants, surtout ceux qui, d’une manière ou d’une autre, n’avaient pas été formés.

« Nous, à la guilde, encourageons les vétérans à se joindre aux débutants et à les aider à grandir dans de vrai combat, mais cela peut être difficile à organiser. »

Les amateurs avaient une façon de faire des choses imprévisibles. Bien sûr, le fait d’être imprévisible ne signifiait pas nécessairement qu’ils ne pouvaient pas produire des résultats favorables, mais dans la plupart des cas, ce genre de choses avait tendance à se terminer tragiquement. C’était pourquoi les vétérans avaient tendance à hésiter quand il s’agissait d’aider à faire grandir des débutants.

Par conséquent, la plupart des débutants de la guilde avaient dû se débrouiller seuls jusqu’à ce qu’ils deviennent assez habiles, à l’exception de ceux qui avaient eu la chance de faire équipe avec d’autres novices.

Mais, une fois de plus, les monstres opéraient en meute, et c’est là que résidait le problème. Même les monstres qu’un novice pouvait tuer en un contre un étaient beaucoup plus coriaces s’ils étaient rencontrés en tant que meute dans l’environnement peu familier de la forêt. Ils devaient se battre tout en scrutant son environnement immédiat, ce qui était difficile pour les débutants. Aller trop loin pourrait entraîner la perte de sa vie.

C’est pour cette raison que la plupart des novices recherchaient des errants, des monstres individuels qui s’étaient séparés de leur meute. Les rencontrer était cependant extrêmement rare. On pouvait passer toute la journée dans la forêt et n’en rencontrer que quelques individus.

Il en résultait les deux cas décrits par la réceptionniste. Ceux qui manquaient d’habileté et ne se battaient qu’en tête-à-tête, fouillant les forêts à la recherche de bêtes errantes, et ceux qui, comme Ryoma, étaient capables de combattre de nombreux adversaires à la fois, et ils finissaient par gravir rapidement les échelons.

***

Partie 3

Il était également possible d’élever son rang avec seulement des demandes de livraison, mais ce n’était pas recommandé. Si l’on devait gravir les échelons sans acquérir de l’expérience dans de vrai combat, tout ce qui les attendrait serait une mort atroce plus tard.

« Au fait, M. Mikoshiba, puisque vous avez chassé autant, je suppose que vous avez pas mal de crocs et de fourrures, n’est-ce pas ? »

« Oui. Les démanteler était pénible. J’allais les emmener au magasin de curiosités après. »

« Alors peut-être voudriez-vous faire des demandes de provisions ? »

« Demandes de provision… ? »

Ryoma inclina la tête face à ce terme inconnu.

« Oui. Ça rapportera moins d’argent que de les vendre en magasin, mais ça vous aidera à élever votre rang plus vite, donc ça devrait payer plus à long terme. »

« Oh, vraiment ? », dit Ryoma, apparemment intéressé.

Il était le genre de personne fondamentalement attentif pour maximiser ses gains.

« Oui. Vous savez que vous ne pouvez accepter que les demandes qui sont du même rang que le vôtre ou inférieures, hein ? »

Il s’était souvenu que cette mention avait été faite lors de l’inscription à la guilde.

« Oui, et alors ? »

« En fait, lorsque vous soumettez une mission dont le rang est inférieur au vôtre, votre gain de points devient nul, mais votre paiement est double. Ça ne s’applique qu’aux demandes de chasse. »

C’était plutôt alarmant à entendre pour Ryoma. Le livret n’en parlait pas.

« Quoi !? »

« De cette façon, quand des aventuriers qualifiés s’attaquent à des demandes multiples d’un rang inférieur, ils gagnent beaucoup plus. »

« Je vois ! »

Avoir un bon classement est intéressant. Autant prendre le risque de l’augmenter.

Dans sa situation, il n’y avait rien de tel que d’avoir trop d’argent, et même s’il était financièrement stable pour le moment, on ne savait pas quand cela pourrait changer. Bien qu’il ait voulu éviter d’attirer l’attention sur lui, il semblerait qu’il y ait beaucoup davantage à augmenter son niveau, et il préférait prendre le temps de le faire monter maintenant, tant qu’il en avait encore le loisir.

« Je comprends. Le comptoir de réception est au premier étage, n’est-ce pas ? »

« Oui, juste après l’escalier. »

Inclinant la tête, Ryoma monta rapidement les escaliers.

« Bonjour. Vous êtes là pour les demandes de provisions, pas vraies ? »

« Oui. J’aimerais prendre toutes les demandes d’articles que l’on peut obtenir des chiens sauvages, des abeilles et des lapins. »

Le jeune réceptionniste assis au comptoir expliqua les détails de chaque demande les unes après les autres d’une manière expérimentée.

« Voilà les tarifs, vous obtiendrez deux pièces de cuivre par croc de chien sauvage et cinq par fourrure, deux pièces de cuivre par dard d’abeille sauvage et cinq par aile, et une pièce de cuivre cuivre par oreille de lapin sauvage et cinq pièces de cuivre par fourrure. Vous gagnerez un point par article livré. Il n’y a pas de date fixe pour le traitement de ces demandes. Les remettre au comptoir de livraison accomplira la tâche. »

« Dans ce cas, je vais les prendre. »

« Très bien. Bonne chance à vous. »

Après cet échange assez simple, Ryoma était retourné au comptoir de livraison.

« Avez-vous accepté les demandes ? »

La même réceptionniste accueillit Ryoma avec le sourire.

« Oui, je les ai toutes acceptées. »

« Hein ? Toutes ? »

L’expression de la réceptionniste s’était assombrie à sa réponse.

« Hein ? Je n’aurais pas dû faire ça ? »

« Oh, non, rien de tel. Mais je voulais mentionner que si vous livrez tous les articles que vous avez, vous aurez plus de points qu’il n’en faut pour passer au rang E. »

Ryoma avait compris ce qui la tracassait. S’il devait se classer au rang E, les demandes de rang F cesseraient de lui rapporter des points. Et s’il ne gagnait plus de points, cela ne servait à rien de les remettre à la guilde. Les vendre en ville serait plus logique financièrement.

Eh bien, peu importe… Je meurs de faim et il se fait tard… J’ai encore besoin d’aiguiser mon épée, de manger quelque chose et de trouver une auberge. Une fois cela terminé, il sera dix heures du soir… Je vais simplement penser à cela comme un apprentissage de la vie.

En consultant l’horloge sur le mur de la guilde, il constata qu’il était déjà huit heures du soir. C’était l’heure idéale pour dîner et trouver une auberge où loger.

« Pour l’instant, cela ne me dérange pas. Je vais tous les remettre. »

Il aurait pu refuser les demandes, mais cela aurait fait perdre des points, ce qui aurait rendu le calcul encore plus ennuyeux. Il pouvait probablement ajuster le nombre d’items afin de ne pas gaspiller les points ou l’argent gagné, mais il était incapable de faire ce genre de raisonnement avec l’estomac vide et l’esprit fatigué.

« Compris. Je vais donc prendre le matériel. »

Ryoma étendit le contenu de son sac à dos sur le comptoir.

« Tu te fous de moi !? »

Un cri résonna dans le comptoir d’accueil du premier étage.

Ryoma venait de rapporter ses demandes de provision et d’élever son rang à E. En montant au premier étage avec l’intention de partir et de chercher un endroit pour manger, Ryoma était arrivé à la vue de cet homme.

« J’ai risqué ma putain de vie pour compléter cette demande ! Et maintenant, tu dis que tu ne peux pas me payer pour ça !? »

Les cheveux du grand homme étaient ébouriffés et il était vêtu d’une armure de fer. Cet homme inconnu se disputait avec le réceptionniste avec laquelle Ryoma avait accepté les demandes de tout à l’heure.

« Je vous l’ai déjà dit ! Vous avez éliminé les mauvaises cibles, donc on ne peut pas payer pour votre travail. La date d’échéance pour cette demande étant dépassée, alors payez votre pénalité ! »

Cette jeune personne apparemment silencieuse et délicate parlait avec détermination à la brute qui se trouvait devant lui.

« Est-ce que j’ai l’air d’une sorte de pigeon pour toi !? J’ai fouillé de fond en comble pour les trouver ! »

« Mais ne vous l’avais-je pas dit, M. Golaes !? Vous devez vous assurer que vous comprenez bien les détails de la demande ! »

« Bordel ! » L’homme d’âge mûr avait éclaté. « N’êtes-vous pas l’observateur ici !? »

« M. Golaes, vous avez acquis la réputation d’un mercenaire, mais vos talents d’aventurier vous font défaut. La demande que vous avez faite impliquait l’assujettissement de la brigade de la lune pourpre, mais votre recherche n’a rien donné. Et pendant que vous vous relâchiez dans vos enquêtes, vous avez tué des bandits que vous avez croisés au hasard. », dit-elle en secouant la tête

Le jeune homme faisait maintenant profil bas.

« Comme la Guilde vous l’a conseillé, votre enquête aurait dû être plus approfondie. Il est indéniable que les bandits que vous avez tués n’étaient pas les bons. Nous avons récemment appris qu’un village voisin a récemment fait l’objet d’un raid de la brigade de la lune pourpre et que plusieurs jeunes femmes ont été enlevées. »

Le regard aiguisé du réceptionniste poignarda Golaes.

« Je ne vais pas dire que les dommages sont entièrement de votre faute, M. Golaes, mais si vous aviez bien accompli votre tâche, cela aurait pu être évité ! », avait-elle expliqué, les yeux inébranlables.

« Dans cet esprit, avez-vous encore des plaintes concernant le traitement de la guilde ici ? »

C’était l’image même d’une remarque poignardante.

Le ton aigu du jeune employé fit graduellement tomber l’homme enragé. Il semblerait qu’il ne soit pas aussi bête qu’il le paraissait. Au moins, il était assez intelligent pour se rendre compte que c’était de sa faute.

« Ugh… je suis désolé… je comprends. Je vais payer la pénalité. »

« Je suis désolée, M. Golaes. »

L’expression du réceptionniste s’adoucit.

« J’ai parlé durement. Acceptez mes excuses. »

Il inclina la tête devant Golaes.

« Non, c’est ma faute. Je suis désolé… j’ai pris cette tâche parce qu’il s’agissait d’une tâche de rang inférieur, mais j’imagine que vous ne pouvez pas envoyer un mercenaire faire le travail d’un aventurier… Allez-y, imputez la pénalité à mon compte. »

Avec ces mots d’adieu, Golaes sortit de la guilde, les épaules affaissées.

Mec, j’étais naïf…

Ryoma n’était tombé sur cette scène que par accident, mais cela l’avait choqué au plus profond de lui-même.

Qu’est-ce qui m’a pris ? De croire que ces demandes ne sont pas réelles, comme si elles faisaient partie d’un jeu ? Après tout, j’envisageais d’en laisser tomber quelques-unes.

Les demandes n’étaient pas quelque chose que l’on pouvait accepter ou refuser facilement. Dans ce monde, c’était une question de vie ou de mort. Ryoma réalisa à quel point il avait été naïf.

« Quelque chose ne va pas, M. Mikoshiba ? » Le réceptionniste remarqua que Ryoma le regardait fixement et s’approcha.

« Ah, non. J’en ai fini avec mes demandes de provisions, alors je pensais retourner à l’auberge pour aujourd’hui et revenir demain pour obtenir du travail, » dit Ryoma, légèrement submergé par la douceur du ton de la jeune personne, comparé à la sévérité du ton qu’il avait adopté quelques instants auparavant.

« Je vois. C’est comme ça que vous êtes tombée sur cette petite scène. On vous a fait peur ? »

« Ouais… C’est exact. »

Pendant un moment, les traits délicats du réceptionniste semblaient plus menaçants que l’imposante personne qu’était Golaes. Cela était certainement dû à la conviction et la vigueur du réceptionniste.

« Vous seriez surpris de voir combien de fois on a des gens comme ça. »

L’expression du réceptionniste s’était assombrie.

« Ceux qui ne réussissent pas leurs quêtes ? »

« Oui. »

Le garçon répondit à la question de Ryoma d’un signe de tête et d’un froncement de sourcils.

« Ceux qui ne peuvent pas distinguer leurs propres caractéristiques et expériences finissent comme M. Golaes. C’est un mercenaire très habile, on n’a jamais reçu aucune plainte concernant ses compétences au combat. En fait, il a peut-être attaqué les mauvais bandits, mais il les a battus un contre dix. Cependant, il est tout simplement trop peu sensibilisé à des questions comme l’investigation et l’exploration. Et pour cela, il aurait pu choisir de faire équipe avec d’autres aventuriers. »

« Je vois. Donc si vous ne pouvez pas faire quelque chose, vous pouvez faire équipe avec ceux qui le peuvent. »

La réponse de Ryoma avait adouci l’expression du réceptionniste. Il ressemblait à un professeur qui venait d’entendre son élève donner la réponse qu’il voulait entendre.

« Heheheheh. Vous êtes honnête et intelligent. Continuez à travailler dur. »

« Je le ferai. Merci beaucoup. »

Le garçon sourit et s’en alla, mais s’arrêta soudain, comme s’il se souvenait de quelque chose.

« Oh ! Oui. Au sujet de la brigade lunaire pourpre dont nous avons parlé dans la conversation. Ils ont récemment attaqué des gens sur la route entre Melpheren et Alue, et les villages le long de cette route. Vous devriez faire attention si vous allez dans cette direction. »

Des bandits sur la route d’Alue… pensa Ryoma, fixant la personne dans le dos alors qu’il partait.

La route d’Alue. C’était l’une des villes le long de la route menant à la frontière orientale, et la prochaine destination de Ryoma.

« Ce n’est pas bon, fiston ! En acheter une nouvelle te coûtera bien moins cher. »

Ryoma alla voir le forgeron dont il avait entendu parler à la guilde pour faire aiguiser son arme, mais le vieil homme dit simplement cela après avoir examiné l’épée.

« Est-ce complètement inutile ? »

« Ouais. Comment diable l’utilises-tu pour en faire un objet aussi émoussé ? La lame est complètement arrondie. C’est un bâton glorifié. », dit le commerçant en se moquant

Eh bien, merde… Je n’aurais jamais pensé l’user en une seule journée…

Ryoma était certainement plus habitué à utiliser des lames que la moyenne des gens, mais il n’avait pas l’habitude d’en utiliser une pour couper la chair autant de fois en une journée.

« Euh, eh bien… Je l’ai utilisé pour chasser… »

« Elle est complètement tachée de sang et émoussée. De toute façon, combien de jours as-tu passés sans l’en occuper pour qu’elle soit en si mauvais état ? »

« Toute la journée aujourd’hui. Je l’ai acheté hier et elle était neuve… »

Pendant que Ryoma parlait, l’incrédulité devint visible sur le visage du forgeron.

« Ne me fais pas marcher, regarde dans quel état elle est ! Elle ne devient pas comme ça si tu tues seulement 10 ou 20 créatures. Il faudrait en tuer une centaine… »

***

Partie 4

Mais le vieil homme réalisa quelque chose en regardant le visage de Ryoma.

« Vous… ne plaisantez pas, n’est-ce pas ? »

« Non. », dit Ryoma en secouant la tête.

« Aaah. Désolé de vous l’annoncer, mais je n’ai pas de meilleure épée que celle-ci en vente. »

Le forgeron soupira en jetant un coup d’œil à l’expression de Ryoma.

« J’utilise un moule pour forger, voyez-vous. Êtes-vous toujours d’accord avec ça ? »

Il avait vu la différence de qualité entre ses épées et l’épée de Ryoma. Ryoma l’avait néanmoins su dès qu’il avait mis les pieds dans le magasin.

« Oui, une épée moulée me convient. De préférence pratique… Cela dit, pourriez-vous aiguiser ça aussi ? », dit Ryoma tout en présentant ses chakrams ensanglantés.

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Ce sont des armes ? »

Il n’avait probablement jamais vu de chakrams avant. Il les prit avec curiosité.

« Vous pouvez voir les lames le long des jantes. »

« Eh bien, elles n’ont pas l’air en aussi mauvais état que l’épée… » dit-il tout en les tenant contre la lumière pour inspecter leur état.

« Quand voulez-vous qu’ils soient prêts ? »

« D’ici demain matin, si vous le pouvez. »

« En supposant que ça me prendrait une heure pour faire chacun d’eux, j’aurai probablement fini avant midi. J’accepte le travail si vous êtes d’accord avec ça. »

Avant midi, hein ? Je suppose que je vais passer un peu de temps à l’auberge et m’arrêter à la guilde avant de venir ici…

« D’accord. Quel est votre coût ? » dit Ryoma, tendant la main dans le sac sur sa taille qui lui servait de portefeuille.

« Voyons voir… Si tu dois aussi acheter une épée, cela fera quatre pièces d’argent en tout. »

Ce montant n’était pas un problème pour Ryoma, étant donné qu’en ajoutant tous les matériaux qu’il avait échangés il avait gagné beaucoup plus que quatre pièces d’argent.

C’est une épée forgée, elle est donc moins chère que celle que j’ai achetée à la capitale… J’ai pensé qu’il me faudrait acheter des armes de remplacement assez tôt, mais cela aurait pu être un problème si elles étaient si chères…

La qualité de l’équipement d’une personne peut être une question de vie ou de mort, il était donc tout naturel de rechercher un équipement fiable. Mais si cette haute qualité faisait qu’il était difficile de la remplacer, cela pourrait causer des problèmes.

« D’accord. Je serai de retour demain, vers dix heures du matin, » dit Ryoma.

Il partit après avoir payé.

Bon, maintenant, allons chercher de la bouffe…

Se frottant l’estomac vide, Ryoma disparut dans les rues de Melpheren.

Le troisième jour depuis que Ryoma avait été convoqué dans cet autre monde s’était levé. Il était presque midi, et Ryoma voyageait seul sur la route d’Alue.

Ce matin-là, Ryoma avait pris un petit déjeuner tardif avant de rendre visite au forgeron pour ramasser ses armes affûtées.

Des bandits, hein. J’espère que je ne tomberai sur aucun d’entre eux…

Le souvenir de ce qu’il avait vu lorsqu’il s’était arrêté à la guilde quand il avait accepté des demandes lui était revenu à l’esprit.

« Vite, vite, vite, vite ! Que tous ceux qui ont confiance en leurs compétences acceptent cette demande ! »

Le garçon de la réception d’hier se tenait devant le tableau d’affichage avec un homme d’âge moyen appelé Girts, les deux appelaient les gens. Se frayant un chemin à travers la foule, Ryoma avait réussi à atteindre le tableau, en lisant le morceau de papier qui y était attaché.

N’est-ce pas la demande que le gars d’hier a ratée ? On ne les appelait pas la brigade lunaire cramoisie ?

La récompense inscrite sur l’avis était une pièce d’or par personne. C’était une récompense somptueuse. Comme la somme était beaucoup plus élevée que la compensation normale, Girts était entouré d’une foule.

Alors qu’il traversait la foule en se rendant à l’entrée de la guilde, Ryoma entendit les hommes parler.

« J’ai entendu ça, les gars !? Une pièce d’or pour tous les participants ! Avec huit individus, on peut repartir avec huit pièces d’or. En plus du trésor et de toutes les choses sur les crétins qu’on tue ! »

« Mince… La guilde se donne à fond sur ce coup-là. »

« Ils n’ont pas le choix. Golaes a tout fait foirer… La guilde doit garder les apparences, vois-tu ? »

« Quoi !? Golaes, le briseur de roc a échoué ce coup-là ? »

« Ouais. Apparemment, il a tué un autre groupe de bandits. »

« Oh, alors il est allé les tuer sans enquêter. C’est idiot… Qu’attendais-tu de cet abruti à la tête de pierre ? Je veux dire, il est fort et tout, mais il n’y a rien dans son crâne. »

« Fais attention. S’il t’entend dire ça, il t’arrachera la tête. »

« Oups… Moi et ma grande gueule… »

Les hommes qui se tenaient là étaient tous des aventuriers et des mercenaires, semblait-il. Les insultes malveillantes ne manquaient pas.

Golaes doit se sentir très mal en ce moment. Il n’avait pas non plus l’air si méchant…

Ryoma se dirigea à l’intérieur de la guilde alors que des insultes étaient murmurées tout autour de lui.

« Je suis vraiment désolé, mais toutes les demandes de livraison entre Melpheren et Alue sont actuellement en attente. Il y a des livraisons urgentes, mais elles sont toutes de rang C et plus, donc j’ai peur que vous ne puissiez pas les prendre, M. Mikoshiba. », dit la fille à la réception, inclinant la tête profondément.

« Est-ce à cause de ces bandits ? »

Il avait supposé que cela pourrait en être la cause, il avait ainsi parlé à la réceptionniste qui s’était excusée avec le sourire.

« Oui. Cet échec a porté atteinte à la dignité de la guilde… Et le gouverneur nous a aussi imposé ça… Ah ! Toutes mes excuses. S’il vous plaît, oubliez ce que j’ai dit. »

En s’empressant de répondre à sa question, elle avait accidentellement laissé échapper quelques affaires internes de la guilde. Posant sa main sur sa bouche, elle leva les yeux vers Ryoma avec un regard interrogateur.

Donc le gouverneur a pas mal d’influence par ici, hein… Ce n’est pas surprenant.

Même une organisation massive comme la Guilde, avec un réseau disséminé à travers le continent, devait tenir compte des nobles. Ryoma hocha la tête avec satisfaction, ayant entrevu les rouages internes des choses.

« Oh, non, je n’ai rien entendu. Cela dit, y a-t-il un travail que je peux entreprendre maintenant avec mon rang ? »

Bien qu’il n’y ait pas de besoin pressant d’assumer davantage de travail, il souhaitait acquérir autant d’expérience que possible, car cela lui serait bénéfique pour l’avenir.

« Eh bien ! Je pense que les demandes de chasse de rang F et E sont les seules quêtes que vous puissiez faire en ce moment. », dit-elle en s’excusant tout en pliant les documents entre ses mains.

« Les missions de rang F ne me donnent pas de points pour élever mon rang, mais offrent deux fois le salaire, non ? »

« Oui, exactement. Ces bêtes seraient trop nombreuses si quelqu’un ne les chassait pas périodiquement. Les gens ayant des rangs plus élevés ne prendraient pas ces demandes sans une sorte de bonus, et ceux des rangs les plus bas sont limités dans le nombre qu’ils peuvent traquer. La guilde ne peut pas vraiment se permettre de dépenser beaucoup d’argent, mais c’est un peu un service public. »

Elle avait un sourire résigné tandis qu’elle parlait.

Elle était évidemment mécontente que la guilde subisse des pertes. Elle avait peut-être compris que c’était nécessaire, mais elle n’y avait pas consenti personnellement.

« Y a-t-il une date limite pour ces demandes ? »

« Les demandes de chasse inférieure au rang B ne sont généralement pas limitées dans le temps. »

« Vraiment ? »

« Oui. Cela ne vous coûte rien d’accepter toutes les demandes de chasse que vous pouvez classer en dessous du rang B. »

« Je vais donc prendre toutes les demandes de chasse de rang E. », dit Ryoma après s’être arrêté pour réfléchir à ses mots.

Puisqu’il n’y a pas de restrictions ou de délais, je devrais prendre ces demandes chaque fois que possibles… Mieux vaut gagner de l’argent chaque fois que je peux.

« Très bien. Je vais donc vous confier cela. »

La réceptionniste lui tendit un livre.

« Qu’est-ce que c’est ça ? »

« Un glossaire des monstres que vous devrez chasser lors des demandes de rang E, combien ils paient et leurs habitats. Vous pouvez accepter au total un total de vingt demandes de chasse au rang E. Les expliquer verbalement prendrait trop de temps. Par conséquent, pour les rangs E et supérieurs, nous produisons des glossaires et les distribuons dès que les personnes répondent aux demandes de chasse. Assurez-vous de le lire attentivement. », dit-elle avec son plus grand sourire du jour, alors que Ryoma tremblait devant l’ampleur du tome qu’elle lui avait donné.

« Haah ... Entendu. »

Ryoma était clairement exaspéré.

Ayant failli foirer une fois auparavant, il n’avait pas d’autre choix que de le lire.

« J’ai enregistré les demandes sur votre carte, donc les formalités sont réglées. Bonne chance. »

Je vais juste le parcourir et essayer de comprendre l’essentiel de ce que j’ai besoin de savoir…

Plaçant le livre dans son sac, Ryoma quitta la guilde.

C’était arrivé deux heures après que Ryoma ait quitté Melpheren, sur la route menant vers une forêt dense. Elle était assez large pour que trois voitures puissent passer côte à côte, mais quand il regardait vers la forêt, les arbres semblaient assez hauts. Ils bloquaient la lumière du soleil, ce qui rendait la zone plutôt sombre. De plus, peut-être à cause de la menace des bandits, il n’y avait personne qui marchait le long de la route.

Ryoma Mikoshiba était la seule personne à marcher sur cette route en ce moment.

Mec, j’ai un mauvais pressentiment à propos de ça…

Une route entourée d’un feuillage épais. Un endroit idéal pour une attaque de soldats en embuscade ou de bandits.

Tout ira bien… N’est-ce pas ? Je veux dire, c’est le milieu de la journée…

Mais sa tentative d’autoconviction s’était effondrée comme un château de sable au son du cri d’une fille, assez tranchant pour déchirer la soie.

« Kyaaaaaaaa ! »

« Tais-toi ! Tu vas te taire ou pas ? »

« Non ! Laissez-moi partir ! »

« J’ai dit, tais-toi ! »

C’était juste au moment où la route prenait un virage serré vers la droite. Ryoma se glissa discrètement vers l’endroit d’où venait la voix. Se précipitant vers un grand arbre près du virage, Ryoma se cacha derrière lui et observa ce qui se passait.

Il vit une voiture qui semblait avoir été attaquée, et plusieurs hommes qui agrippaient deux filles par les cheveux. Il pouvait aussi entendre la conversation vulgaire qui se déroulait entre les hommes.

« Heheheheh, énorme butin aujourd’hui. Mais c’est moi, ou rien ne se déroule habituellement ces jours-ci ? »

« Tu as bien raison. On s’est aussi bien approvisionnés dans ce village hier. »

« Les femmes étaient plutôt décentes, pour des paysannes. Pas comme si on avait fait un tour avec elles, mais quand même… »

« Eh bien, qu’est-ce que tu vas faire ? Si on les vend, les biens d’occasion nous rapporteront moins que des neufs. »

« J’en ai marre des sorcières d’âge mûr, mec. Je tuerais pour quelque chose de jeune comme ça, tu vois ? »

L’un des hommes pointa les filles du doigt et rit en souriant.

« Ahahahaha ! Je ne peux pas discuter avec ça ! »

« Ne touchez pas à la marchandise ! Le patron fera tomber vos têtes pour ça ! », dit l’un des hommes lorsqu’un homme attrapa la blonde par les bras.

« Aww, allez. Regarde comme elles sont bonnes et dis-moi que tu n’en veux pas une part. », dit un autre homme en épinglant les bras de la fille aux cheveux argentés derrière son dos.

« Il marque un point. En plus, ce qu’il y a dans ce chariot atteint notre quota pour le mois et plus encore. »

L’homme qui fouillait le contenu de la voiture en sortit, regardant autour de lui ses compagnons.

***

Partie 5

Cela les avait incités à faire entendre leur voix d’un commun accord. La retenue des hommes avait été complètement brisée par la beauté des filles.

« Si tu oses lever la main sur nous, on va se mordre la langue ! »

La jeune fille aux cheveux argentés cria vaillamment, perdant apparemment patience après avoir entendu ce que les hommes avaient à dire.

« Ha ! Nous savons que vous, les esclaves, ne pouvez pas vous suicider ou résister, tant que vous portez ce collier ! »

Les sourires des hommes ne faiblirent pas

Les filles devinrent pâles. Elles ne s’attendaient pas à ce que les bandits le sachent. Comme l’homme l’avait dit, le pouvoir de ce collier limitait les actions des filles, car les esclaves n’avaient pas le droit de se suicider ou de résister.

« Mais juste pour être prudent… Hé, que quelqu’un lui fourre un chiffon dans la bouche ! »

« Stop ! Laissez-nous tranquilles ! »

Les deux femmes avaient désespérément essayé de se débarrasser des hommes, mais elles n’étaient pas à la hauteur en termes de force brute.

« Hé ! On n’a pas besoin de te dire ce qu’on va faire à l’autre femme si tu n’agis pas comme une gentille fille, hein ? »

La vue d’une épée poussée dans la direction de l’autre fille force la jeune fille aux cheveux argentés à cesser de se battre avec ferveur.

« Mais ton maître est un vrai salaud au sang froid, hein ? Dès qu’on a attaqué, il est parti avec ses gardes du corps. »

L’homme qui menaçait la fille aux cheveux argentés se moquait des deux.

« Tu ne peux pas lui en vouloir, n’est-ce pas, Gates ? Il en faut de la chance pour s’éloigner de la brigade lunaire cramoisi vivant. »

« Tu n’as pas tort ! »

L’homme appelé Gates a éclaté de rire.

« Whoa regarde ça, il y a 500 pièces d’or ici ! »

L’homme qui était allé à l’intérieur du chariot à la recherche de marchandises poussa un grand cri.

« Whoa, je n’arrive pas à y croire. Il a raison… »

« Sérieusement, est-ce que ce sont toutes des pièces d’or… ? »

En plus des tenues et des bijoux assortis, il y avait aussi un coffre rempli pour la plupart de pièces d’or. Il semblerait que les hommes ne s’attendaient pas à ce que leur butin soit si bon, car ils avaient peu à peu commencé à applaudir.

« Alors ! Je dirais qu’on a eu ici un sacré coup de chance. Ça veut donc dire qu’on peut faire ce qu’on veut à ces filles, non ? » dit l’un des hommes, sa voix tremblant de convoitise.

Comme happés par ses paroles, les autres hommes s’étaient exprimés d’un commun accord.

« Oui, je le pense aussi. On a tellement d’argent et de bijoux que personne ne se plaindra si on apporte des marchandises endommagées. »

La vue de la petite montagne d’or dans le coffre avait effacé de leur tête toute trace de retenue.

« Mais si le patron l’apprend… » dit prudemment un homme parmi eux avec une expression d’inquiétude.

Ils avaient l’air d’avoir beaucoup craint leur patron. Mais Gates considérait simplement cet homme avec un sourire méprisant.

« Ce n’est pas un problème. On se débarrassera des putes une fois qu’on en aura fini avec elles. Comment peut-il nous en vouloir s’il ne sait même pas qu’elles faisaient partie du butin ? »

Ces mots avaient fait sourire le seul homme qui semblait hésiter à violer les filles.

Un, deux, cinq… Il y en a sept... Très bien, comment dois-je m’occuper de ces types… ?

Le conflit faisait rage dans le cœur de Ryoma. Les hommes se tenaient dans une petite clairière à une dizaine de mètres du grand arbre, et leurs tenues n’étaient pas radicalement différentes de celles des mercenaires et aventuriers qu’il voyait en ville. Ils étaient vêtus d’armure et avaient des armes à la main.

Mais leurs expressions étaient celles de cruels prédateurs. Du genre qui violerait, souillerait, volerait et blesserait les autres, remplis de confiance et ayant une trop haute estime de leur propre force. Cette foi était visible comme le nez au milieu de la figure.

Ce sont des visages qui vous feront faire de vrai cauchemar…

En seize ans de vie, Ryoma n’avait jamais vu personne faire ce genre d’expression, celle d’un animal lubrique dégoûtant.

Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? Dois-je sauver les filles ? Cependant, il ne serait probablement pas sage de s’impliquer dans des ennuis inutiles…

Ryoma était déchiré entre son désir de les sauver et le désir de les abandonner au nom de l’instinct de conservation.

Je n’aurai peut-être pas d’autres problèmes si je sauve ces filles maintenant, mais encore une fois, il y a une chance que je puisse… Et je vais certainement devoir tuer ces sept types si je le fais… Si l’un d’eux s’échappait, il appellerait des renforts. Pourrais-je vraiment y arriver ? Si j’attaque à cette distance et qu’ils utilisent les filles comme boucliers humains, alors je n’aurais vraiment pas de chance…

Une raison de les sauver. Une raison de les abandonner. Sa propre sécurité. Son sens de la justice. Ses poursuivants de l’Empire. De nombreux facteurs lui avaient traversé l’esprit, alors qu’il écoutait les divagations vulgaires de Gates.

Ils veulent les violer, puis les tuer…

Ces mots avaient rempli l’esprit de Ryoma de colère et d’envie de tuer.

Mec, pourquoi est-ce que j’y pense autant ? Est-ce que je veux vraiment laisser de telles ordures en vie ?

Ces sentiments honnêtes étaient nés dans le cœur de Ryoma.

Pourrais-je vraiment laisser ces filles derrière moi et retourner dans mon monde ? Serais-je satisfait de cela ?

Il avait l’intention de faire n’importe quoi pour quitter ce monde de merde dans lequel il avait été convoqué et trouver un moyen de rentrer chez lui. Il s’était même dit qu’il trouverait un moyen de rentrer chez lui, même s’il devait tuer tout le monde pour le faire. Mais en réfléchissant à la possibilité de laisser deux filles se faire violer et assassiner sous ses yeux, il s’était rendu compte qu’il n’était pas aussi déterminé qu’il le pensait.

J’ai déjà du sang sur les mains, et je ne le regrette pas. Les connards qui m’ont convoqué ici ont essayé de m’asservir et de me faire me battre pour eux, non ? Leur vie ne signifie rien pour moi. Si jamais je rentre chez moi, même si les gens me jugent, je leur dirai que j’ai fait ce qu’il fallait. « J’ai fait ce que j’avais à faire ! Vous n’avez pas le droit de vous plaindre », dirai-je. Mais si je laisse ces filles mourir, est-ce que je pourrais alors dire la même chose… ? Je m’en fous de ça. Peu importe ce que les autres pourraient penser, je ne pourrais jamais me le pardonner.

Aussi froid et implacable qu’il puisse être quand il s’agissait d’atteindre ses objectifs, Ryoma était fondamentalement une bonne personne, avec un cœur bon et une perception de la justice qu’on attendrait d’un être humain décent et moderne. Mais s’il y avait quelque chose qui le distinguait, c’était sa détermination.

La détermination à poursuivre cette justice, même si cela signifiait séparer ses ennemis de leurs âmes. C’était peut-être la seule chose qui le rendait différent de la plupart des gens.

Sortant ses chakrams de son sac, il se dirigeait à travers la forêt vers la position idéale pour lancer une attaque-surprise. Si son attaque préventive échouait, il n’aurait plus aucune chance de vaincre. Et cette fois, son visage n’était pas caché. Si l’un d’eux s’échappait, ils apporteraient des renforts et se vengeraient.

Je n’ai pas vraiment le choix si je veux augmenter mes chances de succès… Désolé, les filles.

Ryoma s’était excusé mentalement auprès des filles, qui étaient au bord de la crise. Peut-être qu’il essayait simplement de justifier mentalement ce qu’il faisait, mais…

Ryoma s’était déplacé vers le côté sud de la forêt, dans une position qui lui donnait une meilleure vue des hommes et des filles. Il y avait dix mètres de distance entre eux, et les hommes ne pouvaient pas voir Ryoma à travers les branches et les feuilles qui cachaient la route.

Est-ce que ces salauds vont les violer ici, au milieu de la route… ?

Au début, Ryoma pensait qu’ils pourraient aller ailleurs, mais les hommes avaient l’intention de faire l’acte juste là et maintenant, au milieu de la route. Cela faisait un certain temps qu’ils n’avaient pas attaqué de voiture, mais cela ne semblait pas les déranger. Même en considérant qu’il s’agissait d’une route vide au milieu de la forêt, leur confiance semblait étrange, voire franchement effrontée.

Putain d’animaux…

Les regardant avec dégoût, un sentiment d’inconfort s’empara de Ryoma. Mais il se débarrassa de ces sentiments et attendit patiemment, maîtrisant sa colère et son désir de tuer tout le temps.

Puis c’est arrivé.

« D’accord, alors c’est décidé ! C’est notre petit secret, les gars. Si le patron l’apprend, toutes nos têtes seront sur le billot ! » dit Gates, incitant tout le monde à hocher la tête.

« Très bien, alors commençons par la blonde ! »

C’est ce que dit l’homme qui retenait la fille aux cheveux dorés.

« Je vais alors prendre celle aux cheveux argent ! »

Les autres hommes commencèrent à parler avec enthousiasme.

« Hé, Gates, qu’est-ce qu’on va faire pour ces types ? »

« Aaaaah ? Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Bien que je vais prendre moi-même la virginité de la fille aux cheveux argent. »

« Quoi !? Gates, connard, depuis quand tu es le roi !? C’est moi qui prendrai sa virginité ! »

Ils étaient tellement excités qu’ils se lancèrent dans une discussion peu convaincante avant de finalement décider d’un ordre.

« Toi, Tyro. Garde l’œil ouvert. Eh bien, les forces d’asservissement de la guilde s’organisent et l’armée de l’Empire n’a pas bougé, donc il n’y a rien à craindre, mais un autre pigeon pourrait venir, alors garde les yeux ouverts ! Et les gars qui passent en second, serrez les bras des filles ! »

Les hommes agirent selon les instructions de Gates.

Alors, c’est lui le grand patron.

Ryoma serra fermement le chakram dans son poing.

« D’accord ! »

Les hommes enlevèrent leurs ceintures et baissèrent leur pantalon jusqu’aux genoux, exposant ainsi leurs parties intimes. C’était ce que Ryoma attendait.

Maintenant ! Meurs !

Au moment où les corps des hommes étaient sur le point d’obscurcir ceux des filles, Ryoma lança un chakram. Celui-ci se dirigea vers Gates en coupant le vent.

« Guah... »

Un peu de sang jailli de la bouche de Gates.

Le chakram que Ryoma avait tiré s’était enfoncé dans l’arrière de la tête sans défense de Gates, se logeant dans son crâne. Son corps s’effondra sur la fille.

Ryoma lança ses chakrams restants à l’abri, puis il fonça hors de la forêt, visant les hommes qui coinçaient les filles.

« Gaaaaaaaaaaaaaaaaaah !? »

« Geeeeeeeeeeeeeh !? » 

Un chakram s’était enfoncé dans le front d’un homme, et un autre dans la gorge de l’autre homme. Malheureusement, l’homme suivant évita le quatrième chakram lancé en plongeant la tête, le laissant passer au-dessus de lui. 

Trois de moins, plus que quatre.

Ryoma avait une bonne raison pour avoir attendu jusqu’au moment où les filles allaient être violées, il attendait que les bandits soient désarmés. Si un homme voulait violer une femme, il devait enlever son pantalon. Et comme ils portaient aussi des ceintures, cela signifiait qu’ils devaient aussi enlever les épées sur leur taille.

Ryoma avait, bien sûr, pensé aux dommages émotionnels qu’il infligerait aux filles, mais il devait gagner, et la façon la plus sûre de se débarrasser des hommes était d’attendre le moment où ils allaient commencer. Ryoma fit ainsi un pari, sa victoire ou sa défaite se jouerait en s’appuyant sur ce seul moment. Et le risque avait porté ses fruits.

Son attaque préventive avait éliminé le chef du groupe, Gates, et avait mis la formation ennemie hors de service. Leurs armes avaient été jetées par terre, ainsi que les ceintures qu’ils avaient enlevées pour violer les filles, et certains d’entre eux avaient encore leur pantalon suspendu autour de leurs genoux. Il était impossible de se préparer de façon réfléchie à la bataille dans ces positions.

***

Partie 6

Les surveillants étaient à une certaine distance, alors Ryoma avait dû battre en premier les hommes qui avaient coincé les filles.

« Quoi ? Qu’est-ce qui se passe !? »

Les hommes qui gardaient la route tombèrent après avoir remarqué la perturbation.

« Où est-ce que vous regardiez, crétins !? Nous sommes attaqués ! » cria l’un des hommes, le visage déformé par la luxure et la rage.

« Qui est-ce que tu es !? »

« Ne vous foutez pas de nous. Vous venez de vous faire de la brigade lunaire cramoisie votre ennemie ! »

Ignorant les hommes qui l’attaquaient, Ryoma se précipita aux côtés des filles.

« Espèce d’enfoiré, comment oses-tu nous ignorer ? Crève ! »

L’homme qui avait esquivé le chakram cessa de coincer les filles et dégaina son épée.

La tenant au-dessus de sa tête, il avait fait basculer la lame à pleine force vers le bas en direction du crâne de Ryoma. L’épée de Ryoma, qu’il tenait sous le bras, s’opposa à la lame. Le bruit des cliquetis métalliques et des étincelles se répandit. Une épée tomba. Une épée était brandie. Mais celui qui avait gagné était celui dont l’épée était brandie vers le haut.

L’homme visait la tête de Ryoma, mais Ryoma visait l’épée de l’homme lui-même. C’était cette petite différence qui avait fait pencher la balance dans cet échange. Alors qu’il avait réussi à empêcher l’épée d’être repoussée, la main droite de l’homme avait été repoussée, puis un son humide, comme une pastèque coupée en deux, se fit entendre dans la forêt.

L’épée de Ryoma avait frappé, écrasant la tête de l’homme.

Plus que trois !

Il avait réduit le groupe de sept à moins de la moitié de leur nombre de départ, mais l’effet de l’attaque-surprise s’estompait maintenant. Les trois qui étaient chargés de la garde s’étaient précipités en réponse, les armes à la main, et cherchaient une chance de frapper.

Ils ne vont pas charger… Merde !

Ils étaient dans une impasse. En termes de compétences martiales, les trois bandits n’étaient pas à la hauteur de Ryoma. Ils avaient probablement une vaste expérience du combat, mais ils n’étaient pas compétents en arts martiaux. Leur formation était parfaite, cependant, et ne permettait pas à Ryoma de profiter d’éventuelles ouvertures.

Ryoma remit son épée dans son fourreau accroché à la taille, en attendant que ses adversaires fassent un geste. Son regard s’était heurté au leur.

Vu la façon dont ça se passe, ça ne finira pas bien… Il faut que j’y aille !

Ryoma brisa sa position et réprima sa soif de sang envers les bandits. L’épée encore dans le fourreau, toute la force s’était vidée de ses muscles, et il s’était approché lentement des bandits. Contrairement à ce qu’il était avant, il n’y avait pas une once d’émotion dans les traits de Ryoma. Comme une poupée, il n’y avait pas un soupçon de ride dans son expression.

« Ne t’approche pas ! »

« À quoi penses-tu !? »

Il avait pris les bandits par surprise. Le corps de Ryoma était complètement lâche et ouvert aux attaques. Il faisait croire que n’importe quelle attaque pourrait facilement le toucher. Il se déplaçait calmement, pas à pas… Quand l’un des bandits perdit finalement son sang-froid.

« Te moques-tu de nous !? Crève ! » cria-t-il tout en portant son épée sur la tête de Ryoma.

Au moment où il le fit, le corps de Ryoma bascula à sa droite, et du sang jaillit du cou du bandit qui l’attaquait.

« Qu’est-ce que tu as fait !? »

Dans les mains de Ryoma, il y avait une épée nue, dégoulinante de sang, qu’il avait apparemment tirée à un moment donné. Mais ce qui avait ébranlé les autres bandits n’était pas sa maîtrise de l’épée, mais le fait que l’expression de Ryoma soit restée aussi calme qu’elle l’était alors qu’il tuait un homme et qu’il était partout couvert de son sang.

Et cette vague de terreur avait obscurci le jugement des bandits. C’était difficile de combattre face à eux quand ils agissaient ensemble dans une formation, mais quand la peur et l’anxiété les avaient vaincus, ils avaient renoncé à leurs moyens de survie.

Ils avaient levé leurs épées, abandonnant leur formation, se concentrant simplement sur l’ennemi devant eux comme de simples animaux. Ryoma frappa le torse exposé de l’un des bandits et profita de l’élan pour frapper le dernier en diagonale depuis l’épaule.

« Whooooooo… »

Après la dernière coupe, Ryoma fit couler le sang de sa lame et la remit dans son fourreau. En regardant autour de lui, il soupira fortement.

D’une façon ou d’une autre, j’ai réussi…

« E-Euh… Excusez-moi ? »

Une voix s’était soudainement fait entendre derrière lui.

Ryoma se retourna et aperçut les filles qui couraient vers lui.

« Oh, votre visage ! », dit-elle en utilisant sa manche pour essuyer les éclaboussures de sang sur le visage de Ryoma.

« Mes excuses. Je suis la sœur aînée, Laura. »

« Et je suis la petite sœur, Sara. »

La fille aux cheveux argentés s’était présentée, suivie de la blonde.

« Très bien. Allez-vous bien toutes les deux ? »

« Oui, nous allons bien. Nous vous remercions de nous avoir sauvés, » dirent-elles tout en inclinant la tête en signe de gratitude.

« Non, je suis désolé que vous ayez dû vivre ça. Honnêtement, j’aurais dû venir vous sauver bien plus tôt. »

Même s’il l’avait fait pour les sauver, il avait délibérément laissé les choses arriver au moment même où elles allaient être violées. Cette peur laisserait probablement des marques durables dans leur cœur.

Les filles, cependant, secouèrent la tête devant les mots de Ryoma.

« Ne vous excusez pas, monsieur. Le fait que notre corps ne soit pas souillé est tout ce qui compte. »

« C’est comme le dit Sara. Aucun remerciement ne suffira… Nous vous en sommes vraiment reconnaissants. »

Laura compléta la réponse de Sara, et toutes les deux inclinèrent à nouveau la tête.

« Vous entendre dire que c’est plus qu’assez… ! »

Ryoma fixa une fois de plus les filles, déconcerté par leur beauté. Leur peau était brun clair et leurs traits étaient parfaitement ciselés. Leurs membres étaient souples et leurs amples poitrines rendaient Ryoma terriblement conscient de leur féminité.

Elles étaient habillées comme des danseuses arabes, mais les colliers et les chaînes se distinguaient plus que tout.

Je comprends pourquoi les bandits ont perdu la tête en les voyant…

Mais en même temps, ces filles se sentaient mal à l’aise devant Ryoma.

Qu’est-ce qu’elles ont, d’ailleurs ? Ces filles sont-elles plus fortes que ces bandits ?

La forme de leurs muscles, la façon dont elles se tenaient et la vigilance de leur regard. Tout cela donnait l’impression que les filles étaient d’habiles artistes martiaux. Aux yeux de Ryoma, elles ne semblaient pas être de ces existences fragiles et délicates qui seraient si facilement violées par ces bandits.

« Euh… Y a-t-il un problème ? » demanda Laura, sentant Ryoma les regarder avec suspicion.

« Oh. Ah, désolé. Je pensais à quelque chose. Au fait, avez-vous un nom de famille ? »

Il avait ses soupçons, mais il ne serait pas sage de le demander maintenant. Ryoma leur parla avec la voix la plus agréable possible.

« Les esclaves n’ont pas de nom de famille… »

La réponse de Laura déforma l’expression de Ryoma.

Il l’avait supposé d’après le collier, mais ce monde avait vraiment des esclaves.

« Oh, je suis désolé… »

Ryoma regretta d’avoir posé cette question insensible.

« C’est très bien. Ne laissez pas cela vous déranger. »

Mais même quand les filles disaient ça, il y avait une ombre sur leurs expressions.

Un silence gênant planait au-dessus d’eux trois.

Putain… Je n’aurais pas dû demander ça…

Il savait qu’il devait dire quelque chose pour remédier à cette situation, mais il avait peu d’expérience avec ce genre de choses. Peu importe à quel point il se creusait la tête, il avait l’impression que tout ce qu’il trouverait ne ferait qu’empirer les choses.

C’est la voix de Sara qui brisa finalement le silence oppressant.

« Si ça ne vous dérange pas, pourriez-vous nous dire votre nom ? »

Il était tellement pris dans ses propres pensées qu’il avait oublié de se présenter.

« Oh, oups. Désolée. Je m’appelle Mikoshiba, Ryoma Mikoshiba. »

« Mikoshiba… Maître Mikoshiba. Permettez-nous de vous remercier encore une fois. Vous avez vraiment été d’un grand secours. »

Les deux femmes inclinèrent la tête une fois de plus.

« N’en parlons plus. Eh bien, à part ça, qu’allez-vous faire maintenant ? Voulez-vous que je vous escorte à Alue ? »

Leur réponse, cependant, avait surpris Ryoma.

« Non… toutes nos excuses, mais nous ne pouvons pas partir d’ici sans ordres de notre Maître. »

Ces mots inattendus firent arrêter les pensées de Ryoma. Il comprit cependant en regardant leurs expressions qu’elles ne plaisantaient pas.

« … Vraiment ? » leur demanda-t-il presque timidement.

Ryoma était si confus qu’il avait parlé de la manière la plus décontractée et sans retenue qui soit.

« Oui. »

Tous deux hochèrent la tête à l’unisson.

« Et où est votre Maître ? »

Ryoma examina la voiture attaquée, mais aucun des cadavres qui s’y trouvaient ne semblait être la bonne personne.

« Notre Maître s’est enfui avec ses gardes du corps quand la voiture a été attaquée. »

La réponse de Sara laissa Ryoma étonné. Elles obéissaient aux ordres d’un propriétaire qui les avait abandonnés et s’était enfui ?

« Alors, si j’ai bien compris. Ce Maître s’est enfui et vous a laissé derrière lui ? »

« Oui. »

« Et c’est pour ça que vous restez ici ? » demanda-t-il, espérant qu’on lui réponde par la négative.

Mais ses prières restèrent sans réponse. C’était le genre d’intuition que Ryoma aurait voulu être faux, et qui s’était avéré exact.

« Oui. Nous ne pouvons pas bouger, sauf ordre contraire de notre Maître. »

Les deux femmes hochèrent la tête, tandis Ryoma leva la sienne, regardant vers le haut.

Allez… Ça doit être une blague.

Il s’agissait, honnêtement, d’une évolution plutôt irritante. Ce que souhaitait Ryoma, c’était juste de ramener ces filles en ville, s’en aller le plus vite possible et leur faire ses adieux. Il y avait ses poursuivants de l’empire à considérer, et toutes les deux étaient assez méfiantes pour bouger. Mais tant que les filles insistaient pour ne pas bouger, retourner en ville n’était pas possible. Et il ne pouvait évidemment pas les traîner jusqu’à la destination.

Je ne peux pas faire grand-chose. Je vais aider les filles à s’installer et leur laisser la nourriture. Elles devront prendre soin d’elles après ça…

Réalisant qu’il n’y avait pas de changement d’avis chez ces filles, il leur avait donné des instructions pour commencer à monter le camp. Les laisser ainsi au cœur de la forêt lui avait bien sûr laissé un goût amer dans la bouche.

Je ferai ce que je peux pour les aider.

Il savait que c’était de l’hypocrisie de sa part, mais il ne pouvait pas faire grand-chose. Pendant qu’il demandait aux filles de préparer le camp, Ryoma porta les corps des bandits et ce qui semblait être des gardes du corps morts. Il pensait qu’il ne serait pas sage de les laisser là, mais cela avait conduit à un développement plus alarmant.

Alors que Ryoma traînait le deuxième cadavre dans les arbres, à trente mètres de la route, le bruit du cri d’une fille arriva aux oreilles de Ryoma.

C’était la voix de Sara ! Qu’est-ce qui se passe !?

Ryoma laissa tomber le cadavre qu’il portait et retourna en courant au camping. Regardant entre les arbres, Ryoma aperçut la route.

« Vous pensiez vraiment vous en tirer comme ça, bande de putes effrontées !? »

L’un des bandits, son armure tachée de sang, cria en montant sur un cheval avec Sara portée sous le bras.

« Je sais à quoi tu ressembles ! On te pourchassera partout où tu iras et on te tuera ! »

Putain de merde ! J’aurais juré l’avoir tué ! Ryoma claqua sa langue.

Pourtant, se maudire à lui-même n’allait rien changer. Le fait était que le bandit qui s’était fait taillader le ventre par Ryoma avait attrapé Sara et tentait de s’échapper à cheval.

***

Partie 7

Ryoma sortit un chakram de son sac et s’en alla vers le bandit.

Pas encore. Il est trop loin.

Bien qu’il soit pressé, les branches des arbres l’en empêchaient et ne lui permettaient pas de courir librement. Les chakrams étaient une arme puissante, mais ils avaient un défaut : leur portée était beaucoup plus courte qu’un arc.

La portée d’un arc commun était d’environ soixante mètres, mais un chakram avait une portée de trente mètres au mieux. Ils étaient compacts et pouvaient être tirés successivement, mais leur portée laissait beaucoup à désirer. Au moment où Ryoma atteignit la route, le bandit avait déjà poussé son cheval à galoper et avait une vingtaine de mètres d’avance sur Ryoma.

« Merde ! »

Ryoma regarda autour de lui, mais il n’y avait pas d’autres chevaux. Même s’il y en avait, Ryoma n’avait aucune expérience de l’équitation et n’était pas susceptible de rattraper le bandit de toute façon.

« Maître Mikoshiba ! »

Laura rattrapa Ryoma, le sang coulant de sa bouche. Peut-être que le bandit l’avait frappée.

« Ne t’inquiète pas. Je trouverai quelque chose ! »

« Non. »

Laura secoua la tête lors de la tentative de Ryoma pour l’apaiser.

« J’ai une requête à vous faire. »

« Une requête ? »

Son expression manquait étonnamment de peur, alors que sa petite sœur venait d’être enlevée. Et même quand Ryoma la regardait d’un air douteux, elle continuait à parler clairement.

« Oui. Mes excuses, mais pourriez-vous couper l’annulaire de votre main gauche ? »

« Désolé de le demander, mais pour quoi faire ? »

À ses paroles, Ryoma se demandait si Laura comprenait vraiment la situation dans laquelle ils se trouvaient.

« S’il vous plaît. Nous n’avons pas le temps. »

Du point de vue de Ryoma, l’expression de Laura semblait grave.

L’urgence de sa voix l’avait poussé à faire ce qu’on lui disait de faire, et il s’était entaillé l’annulaire gauche contre le bout de son épée.

« Est-ce suffisant ? »

« Oui ! »

Laura prit alors l’épée de Ryoma et l’utilisa pour couper l’annulaire de sa main gauche, puis s’agenouilla devant lui.

« Haut Dieu de Lumière, Menios. Prêtez votre oreille à mon serment. »

Est-ce qu’elle… prie ?

« J’offre mon corps, mon cœur et mon âme à mon maître. Tout sera comme mon maître le voudra ! Maintenant, Maître Mikoshiba, présentez votre main gauche. »

Laura continua à parler, alors même que Ryoma restait là stupéfait.

Guidé par les paroles de Laura, Ryoma tendit son doigt devant elle.

« Par le sang mêlé, mon serment est établi. », dit Laura en rapprochant leur annulaire et leur sang mélangé.

Une lumière vive émanait du cou de Laura. Son collier s’était effondré sans bruit, et les menottes liant ses membres s’étaient également détachées.

« Bien, je peux bouger ! Venez, il faut se dépêcher ! »

Les membres de Laura étaient pleins de force. Ryoma pouvait presque sentir ses muscles durcir comme de l’acier dans son corps souple et féminin.

« Mon maître, permettez-moi d’utiliser mon pouvoir, » demanda Laura.

Ryoma ne comprenait pas ce qui se passait, mais, stimulé par l’intensité de son regard, il hocha la tête. Voyant cela, Laura commença à chanter.

« Esprits du vent, rassemblez-vous à mes côtés et donnez-nous la vitesse pour marcher aussi rapidement que le vent ! Protection contre le vent ! »

À la fin de son incantation, comme l’avait demandé Laura, une lumière verte enveloppait leurs deux corps.

« Venez, Maître. Nous devons reprendre Sara ! »

« La reprendre ? On ne peut pas rattraper un cheval d’ici… »

Le regard de Ryoma errait au loin.

Le bandit qui montait à cheval avait déjà 200 mètres d’avance sur eux.

« On peut encore y arriver ! » cria Laura, qui se mit à chanter encore une fois.

« Esprits du vent, rassemblez-vous à mes côtés. Respectez ma volonté et abattez mon ennemi. Vent Tranchant ! »

Alors qu’elle terminait son incantation, Laura déplaça les deux bras horizontalement. Des lames de vent émanèrent de leur sillage et elles partirent ensuite en direction du bandit. Le bandit entendit le bruit du vent qui soufflait dans l’air et sentit quelque chose couper dans son flanc.

« Quoi... Merde ! Elle utilise la magie ! Ce type est-il aussi magicien ? »

Alors qu’il poussait le cheval à galoper plus vite d’une main, bloquant de l’autre son flanc blessé, l’image du visage de Ryoma fit surface dans l’esprit du bandit.

Pourtant, jurer sous son souffle n’allait pas changer la situation. À chaque balancement horizontal du bras de Laura, une lame d’air pressurisé éclatait et volait dans sa direction.

« Bordel de merde ! »

L’une des lames avait fini par couper la patte arrière du cheval et, la patte droite partie, le cheval s’était effondré au sol.

« Maintenant, allons-y. »

Confirmant de loin que le cheval s’était effondré, Laura prit Ryoma par la main.

« H-Hey, attends une minute. »

Au moment où il avait été pris par Laura, qui le tirait par le bras, Ryoma avait réalisé que quelque chose n’allait pas.

Son corps s’était précipité vers l’avant avec la légèreté d’une plume. Il ne leur avait fallu que dix secondes pour arriver à l’endroit où le bandit avait été frappé d’incapacité. En regardant la distance qu’ils venaient de parcourir, Ryoma avait été choqué. C’était une distance et une vitesse qui seraient impossibles même pour un sprinter qui détenait le record du monde.

Le vent qu’elle avait utilisé tout à l’heure… était-il de la même puissance que celui-ci ? Ça l’était, c’est sûr. Alors qu’est-ce que c’est… ?

« C’est la magie du vent. Ne le savez-vous pas ? »

Voyant la confusion de Ryoma, Laura le considérait avec méfiance.

Qui est cet homme ? Pourrait-on être aussi doué en arts martiaux sans connaître la magie ? Non, ça ne devrait pas être possible. Mais…

Dans ce monde, ceux qui détenaient le pouvoir avaient une relation étroite avec la magie. C’était une technique nécessaire pour que les forts restent forts. Presque tout le monde le savait. Même s’ils n’avaient pas la capacité de l’utiliser, tout le monde le savait.

Je ne peux pas dire que je ne suis pas au courant… Ryoma était perplexe devant les paroles de Laura. Mais si j’en dis trop, elle verra à travers mon mensonge. Qu’est-ce que je fais ?

Un silence assourdissant s’était prolongé, pour être dispersé par une voix qui les appelait.

« Laura. »

C’était Sara.

« Ça va, Sara ? Tu n’es pas blessée ? »

« Pas du tout ! Je me suis préparée pour la chute, donc je vais bien. »

Elle s’était préparée ? Je suppose que ce n’est peut-être pas impossible, mais se lever sans une égratignure en tombant d’un cheval au galop… ?

Comme Ryoma l’avait supposé, ces sœurs étaient extrêmement compétentes.

« Je vois. Et le bandit, Sara ? »

« Sa jambe a été écrasée sous le cheval et il ne peut plus bouger. Qu’est-ce qu’on fait de lui, Laura ? »

« C’est à mon maître d’en décider. »

Comprenant la situation, Sara fit un petit signe de tête et les deux femmes tournèrent leur regard vers Ryoma.

« Moi ? »

Il n’y avait pas grand-chose à penser ici.

Ryoma ne voyait pas l’intérêt de garder le bandit en vie.

« D’accord, je déciderai quoi faire, mais pas de plaintes, compris ? »

Voyant les deux femmes acquiescer, Ryoma sortit son épée et s’approcha du cheval.

« Putain ! Ma jambe ! Lâche-moi, cheval de merde ! »

Ryoma pouvait entendre le bruit du bandit qui jurait et donnait des coups de pied pendant que le cheval hennissait bruyamment.

« Toi… »

Les traits du bandit s’étaient effondrés de terreur lorsqu’il vit Ryoma s’approcher.

« Ne t’approche pas ! Recule, ne t’approche pas de moi ! Ne t’approche pas ! »

Mais Ryoma continuait de marcher. Toute la couleur s’était drainée du visage du bandit quand il vit l’épée dans ses mains.

« H-Hey, laisse-moi partir, s’il te plaît. De l’argent ? Tu veux de l’argent ? Ou peut-être des femmes ? Je peux aussi t’avoir des femmes ! »

Mais Ryoma continua son avance silencieuse, son visage était insensible aux paroles du bandit. Avec son visage inexpressif et immobile comme un masque, il ne faisait que s’approcher de plus en plus.

« Pourquoi, toi… ! Pourquoi es-tu si silencieux et prétentieux !? La Brigade lunaire cramoisie compte plus d’une centaine de membres ! Crois-tu que tu peux te faire des ennemis et t’en tirer comme ça !? »

Ryoma leva son épée, comme s’il n’avait pas entendu la menace.

« Attends ! Nous ne sommes pas que des bandits ordinaires. Nous sommes des corsaires, approuvés par le royaume de Xarooda ! Si tu poses la main sur nous, tu devras te battre avec eux aussi ! »

Le bandit criait encore et encore, puis Ryoma ouvrit finalement les lèvres pour parler.

« Es-tu un putain d’abruti ? »

« Quoi ? »

Le bandit lui demanda simplement de répondre, surpris par la rupture du silence par Ryoma.

« Si je te tue ici, qui dira à qui que ce soit que c’était nous ? Que vas-tu faire, nous balancer à ton royaume Xarooda depuis outre-tombe ? »

Comme Ryoma l’avait dit, le bandit le regarda simplement d’un air abasourdi.

« Les morts ne peuvent rien faire. Et je n’avais pas non plus l’intention de te laisser rester en vie de toute façon. »

« S-Stop. » dit le bandit, son visage pâlit en raison de la réalisation.

« S’il vous plaît, non. J’ai une petite fille à la maison ! »

Les méchants semblaient agir de la même façon dans la réalité que dans la fiction. Ils accostèrent les faibles, mais supplieraient ceux qui étaient plus forts qu’eux d’avoir pitié d’eux. S’il s’agissait d’une histoire fictive, les paroles du bandit auraient pu faire naître un sentiment de sympathie chez le protagoniste et lui faire hésiter. Mais malheureusement pour lui, Ryoma n’était pas si naïf.

« Peut-être que tu as un enfant, ou peut-être pas. C’est la même chose pour moi. Mais ne t’inquiète pas. Contrairement à toi, je suis décent. Je ne m’en prendrai pas à ta fille », dit Ryoma, son expression refusant de changer.

« Non… Ne le fais pas. »

Le visage de l’homme était déformé par la terreur.

Un coup d’acier impitoyable tomba sur la tête du bandit.

« Es-tu sûr que c’était sage de te débarrasser de lui si vite ? »

Laura appela Ryoma alors qu’il rangeait son épée.

« Y a-t-il un problème ? »

Il semblerait que, des deux sœurs, Laura était celle qui était la plus encline à parler.

« Non, mais il y avait beaucoup de choses que tu aurais pu lui demander. »

Le bandit avait dit un certain nombre de choses importantes. Ryoma, cependant, secoua la tête.

« Non. Honnêtement, je m’en fichais. En plus, il n’y avait aucune base pour juger si ce qu’il disait était vrai. »

« Base pour juger… ? » Laura le considérait perplexe.

Peut-être est-elle du genre naïf, qui a tendance à croire tout ce qu’elle entend, se demanda Ryoma. Mais il n’avait pas dit ça.

« Je ne suis pas assez bon pour accepter une vieille histoire qu’un bandit comme ça essaierait de me faire gober. Et honnêtement, je m’en fiche s’il disait la vérité… Cela dit, je suis content qu’on ait ramené ta petite sœur saine et sauve. »

« Merci beaucoup, Maître. »

Les sœurs s’inclinèrent profondément devant Ryoma. Il les avait sauvées deux fois en une journée, et n’importe qui en serait reconnaissant. Mais alors qu’il acceptait leur gratitude, Ryoma posa des questions sur quelque chose qui le tracassait.

« Eh bien, de rien. Mais plus important encore, qu’est-ce que c’est que cette histoire de “maître” ? »

Ryoma n’était pas du genre à s’exciter auprès des gens qui l’appelaient « Maître ». Pour être franc, ça le mettait mal à l’aise.

« Vous avez fait un pacte de sang avec nous tout à l’heure, n’est-ce pas ? Vous êtes devenu notre seigneur et maître. Et c’est pourquoi nous vous appelons naturellement : Maître. »

***

Partie 8

Tandis que Laura faisait sa proclamation, la poitrine gonflée de fierté, de nombreuses questions surgirent dans la tête de Ryoma. Après mûre réflexion, il se souvint que Laura lui avait demandé de se couper l’annulaire plus tôt.

« Pacte de sang… C’était le truc de tout à l’heure, avec les doigts coupés et le sang ? »

« Oui. » 

Tandis que Laura acquiesçait de la tête à la question de Ryoma, Sara s’avança.

« Maître, voulez-vous aussi faire un pacte de sang avec moi ? »

« Oui, c’est vrai. Maître, vous devriez aussi faire un pacte de sang avec Sara. »

Laura hocha la tête en entendant sa sœur, comme si c’était une évidence.

Eh bien… Dans quoi est-ce que je me suis fourré maintenant ?

Il semblerait que la conversation avançait indépendamment de la volonté de Ryoma, le laissant dans la poussière. Il s’était retrouvé en train de regarder le ciel.

« Désolé, mais est-ce qu’on peut l’éviter ? Je veux dire, vous n’avez pas besoin de me servir ou quoi que ce soit d’autre. »

Les mots de Ryoma étaient probablement sortis de nulle part, parce que les visages des filles étaient pleins de tristesse.

« Qu-Quoi que ce soit pour… ? Nous trouvez-vous si répugnantes ? »

Les yeux de Sara se remplirent de larmes et l’expression de Laura s’assombrit. Mais Ryoma ne parlait pas d’affection ni de manque d’affection pour elles. N’importe qui serait naturellement surpris si on leur disait soudain qu’ils sont le maître d’un esclave.

« Non, ce n’est pas le problème ici. »

« Ça ne l’est pas ? »

Les filles regardèrent Ryoma.

Le fait d’avoir deux filles d’une beauté sans pareille qui le regardaient comme ça causait certainement un conflit dans le cœur de Ryoma. Il mit cela de côté et demanda, tout en avalant ses paroles de consentement.

« N’attendiez-vous pas votre maître ici tout à l’heure ? »

« Maintenant que j’ai conclu un pacte de sang, je n’ai plus besoin d’écouter les ordres de cet homme. »

Bien que ce soit certainement ce qui s’était passé auparavant, Laura secoua la tête avec déni.

« Cependant, Sara est toujours liée à sa magie, donc elle ne peut pas bouger d’ici. C’est pourquoi nous vous avons demandé de faire un pacte de sang avec elle. »

« Ce qui veut dire qu’on pourrait retourner en ville ? »

« «  Oui. Seulement si on fait un pacte de sang. » »

Les deux l’avaient dit en même temps, hochant la tête fortement.

Je n’ai pas vraiment le choix. Après tout, je préfère ne pas laisser les filles ici.

Ryoma n’avait pas pu s’empêcher de ressentir de la rancune face à sa tendance à s’attirer des ennuis alors qu’il était déjà un homme en fuite. Pourtant, il ne pourrait pas les laisser mourir s’il avait les moyens de les aider.

Surtout quand c’était des beautés sans pareilles.

« Bien. Faisons ce pacte de sang. Après ça, on passera au crible la voiture, on prendra tout ce qui a de la valeur et on ira à Alue. Si nous partons maintenant, nous devrions y être à huit heures du soir. Mais quand nous y serons, pourriez-vous me donner une explication un peu plus convaincante ? », demanda Ryoma en poussant un grand soupir.

« Comme vous le voulez. »

Les voix soulagées des sœurs résonnaient contre les arbres.

Après que Ryoma eut fait le pacte de sang avec Sara, ils retournèrent à la voiture et commencèrent à passer au crible les objets que les bandits avaient pris.

« Oh, wôw. Il y a des trucs qui ont l’air chers là-dedans. »

En plus du coffre plein de pièces d’or, il y avait aussi plusieurs caisses remplies d’ornements de cheveux et de bracelets décorés qui semblaient être faites avec des rubis et des saphirs.

« Les esclaves sont habillés ainsi en prévision de leur vente. Cela les rend plus attrayantes et cela augmente leur prix. »

« Hmm… »

À en juger par la taille de la voiture, il devait probablement y avoir une dizaine d’esclaves.

« Ces pièces d’or ont été gagnées en vendant les autres esclaves. »

Si elles étaient aussi jolies que Laura et Sara, Ryoma pourrait voir comment ils pourraient obtenir une telle somme. Les yeux des filles s’étaient remplis de larmes en pensant à leurs amies qui avaient été vendues.

Le bruit soudain de pas de l’autre côté des arbres avait mis fin à leur conversation.

« Laura, Sara ! »

La voix de Ryoma avait incité les filles à sortir les épées qu’elles avaient récupérées des bandits morts. Elles se tenaient de part et d’autre de Ryoma, avec lui au centre de cette formation efficace, bien qu’impromptue.

Ce sont des monstres ? Ou bien y a-t-il encore d’autres bandits ?

Mais contrairement aux attentes de Ryoma, c’était la voix d’une personne ordinaire.

« Patron ! Par ici ! »

Un homme était sorti des arbres et s’était faufilé sur la route.

Regardant de temps en temps, il avait repéré Ryoma et les jumelles. Avec la surprise dans les yeux, il se retourna.

« Oh, on l’a enfin trouvé ! Et les bagages ? La marchandise !? »

Après cet homme, trois hommes en armure étaient apparus. Et la voix qu’ils venaient d’entendre revenait de derrière eux.

« On dirait que les bandits se sont enfuis. Mais la voiture est foutue, hein… ? La marchandise a l’air d’aller bien, hein. Tout est en ordre ici. »

« Quoi ? Laura et Sara ! Alors elles sont vivantes ! Les bandits ne les ont pas souillées, n’est-ce pas ? Leur valeur serait dépréciée si elles devenaient des biens d’occasion, vous savez ! »

« Ne t’inquiète pas pour ça, mais on pourrait avoir un autre problème, hein. »

L’homme fixa son regard sur Ryoma.

« Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes !? »

« Patron, ça a l’air sûr, alors sors de là. »

« Est-ce vraiment sûr !? »

Pendant que la voix parlait, ils pouvaient entendre le son de quelqu’un qui marchait sur l’herbe.

C’est quoi ce type ?

La question de Ryoma était, malheureusement, assez naturelle à poser. Ce qui était sorti de la forêt était un cochon de 170 centimètres de haut et pesant plus de 200 kilogrammes. Son physique ressemblait à celui d’un lutteur de sumo à ventre de pot, sauf qu’il ne semblait pas y avoir des muscles développés sous toute cette graisse. Tout ce saindoux était le résultat d’un manque d’exercice et d’une suralimentation.

Il ne portait rien sur le torse sauf un gilet sans manches, avec un turban autour de la tête et un pantalon arabe blanc. Il ressemblait à un marchand arraché aux Mille et une Nuits.

C’est donc ça, un marchand d’esclaves. Je peux comprendre maintenant pourquoi il s’est enfui en laissant les jumelles derrière lui…

Voir ce cochon avait tout déclenché. Ils avaient probablement été pris en embuscade et, ne se souciant pas des apparences, le cochon était parti avec ses gardes du corps. Ryoma ne pouvait pas voir cette forme obèse échapper aux lames des bandits autrement.

« Oh, donc vous allez bien toutes les deux ! J’avais peur que les bandits vous aient souillées ou tuées, ou au moins qu’ils vous aient emmenées ! » dit le cochon, en s’approchant des jumelles.

Son attitude insouciante montrait clairement qu’il était convaincu qu’elles ne pouvaient pas lever le petit doigt pour lui faire du mal.

« Ne t’approche pas ! »

Sara brandit son épée face au marchand d’esclaves.

« Si tu t’approches, on te coupe ! »

Mais les menaces des filles n’avaient rencontré que des ricanements moqueurs du marchand et de ses gardes du corps.

« Dis, patron. Les filles sont terriblement rebelles, hein ? »

« Indubitablement. On dirait qu’elles ont oublié leur place d’esclaves. Je ne les ai peut-être pas assez bien disciplinées. »

« Vous l’avez peut-être oublié, mais cet homme est votre maître. Vous lui appartenez. Qu’est-ce qui vous fait croire que vous pouvez pointer une épée sur lui ? »

« Ferme ta gueule ! On ne t’appartient plus ! »

« Gahahahaha ! »

L’homme-cochon montrait un visage rempli de convoitise au son de la menace de Laura.

« Je ne sais pas ce qui vous a mis cette idée en tête, mais vous m’appartenez. Vous êtes ma précieuse marchandise que j’ai passé cinq bonnes années à polir. »

À chaque fois qu’il se mettait à rire, son gros bidon ondulait.

« Tu nous as laissées ici à notre sort et tu as fui pour sauver ta vie ! »

« Bien sûr que je l’ai fait. À quoi bon m’accrocher à ma marchandise si je me fais tuer pour ça ? Mais j’allais aussi chercher la marchandise que je laissais traîner. Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ? »

Il y avait certainement une sorte de logique dans les paroles du marchand d’esclaves. L’acte de ramasser quelque chose que vous avez laissé tomber avait un sens… tant que le mot « quelque chose » ne faisait pas référence à un esclave.

Voyant le marchand et ses gardes du corps ne montrant aucune trace de remords devant les cris de Laura, Ryoma sentit sa colère monter en flèche. Ils ne voyaient les autres que comme des objets. Il fallait voir la laideur qu’ils montraient de ses propres yeux pour vraiment comprendre.

« Allons, patron. Laisse-nous faire. »

« C’est vrai, hein. Elles sont peut-être fortes, mais sans maître, elles ne peuvent pas utiliser leur magie. »

Les hommes ne pensaient pas que Laura et Sara pourraient utiliser leur pouvoir. La situation était de cinq contre trois. Ils étaient désavantagés, mais selon la façon dont les choses s’étaient passées, ils étaient capables de surmonter cela. S’ils pouvaient tuer le marchand d’esclaves, le chef du groupe, le reste s’arrangerait.

« On dirait que ce garçon leur a rempli la tête d’absurdités et maintenant elles deviennent insolentes avec nous. »

Un des gardes du corps dégaina dans la direction de Ryoma.

« Oh, je vois, c’est donc toi qui as mis ces idées idiotes dans la tête des filles, n’est-ce pas ? Tu es un chevalier blanc en armure brillante. Qu’il en soit ainsi. On a subi de grosses pertes à cause de l’attaque des bandits, alors j’ai besoin d’un esclave de plus. Capturez le garçon vivant, les gars ! Il a un bon physique. Il devrait valoir un bon prix en tant qu’esclave des champs… Ghrck ! »

Du sang avait jailli de la bouche du marchand. Un anneau brillant s’était logé dans son cou à un moment donné. Ryoma avait silencieusement tiré un chakram, qui déchira le cou du marchand d’esclaves, mettant fin à sa vie.

Les gardes du corps étaient restés figés sur place, incapables de faire face à l’attaque soudaine qui venait de se produire.

Sérieusement. Quel idiot finit !

Ryoma ne voyait en lui qu’un imbécile pour avoir fait des tirades interminables devant quelqu’un qui avait clairement l’intention de le tuer. Il n’y avait pas de règles dans les batailles mortelles, il n’y avait que la question de savoir qui avait survécu et qui n’avait pas survécu.

Allez-y, donnez-moi la chance de vous tuer sur un plateau d’argent, pourquoi ne le faites-vous pas ?

Un coin du cœur de Ryoma se remplit de mépris pour le cochon mort, mais maintenant il était au milieu d’une bataille. Étouffant ses moqueries, il s’était concentré sur ce qu’il fallait faire.

« Maintenant ! »

Répondant à l’appel de Ryoma, les jumelles s’étaient précipitées de son côté, avec leurs épées brandies. Elles passèrent à côté de Ryoma, chargeant les gardes du corps choqués et non coordonnés.

Comme je le pensais.

Le résultat qu’il attendait se jouait sous ses yeux. Chacune des filles avait son propre style de jeu d’épée. Celui de Laura en était de la force brute. Son épée descendit rapidement sur la lame de l’adversaire, la brisant à la racine, et s’enfonçant dans la tête de l’homme avec le même élan.

L’habileté de Sara, par comparaison, résidait dans sa technique. Tandis que l’adversaire déplaçait instinctivement sa propre épée, son épée s’était heurtée à la sienne, elle avait enfoncé la lame de l’adversaire dans leur gorge.

Leurs styles se juxtaposaient fortement les uns aux autres. Mais Ryoma pouvait dire qu’elles étaient toutes les deux arrivées à ce point grâce à un entraînement long et ardu.

« Qui donc peux-tu bien être… ? Comment es-tu si fort !? »

***

Partie 9

Le cerveau du groupe, le marchand d’esclaves, était mort, et la surprise avait suffi à déstabiliser les gardes du corps, les laissant ouverts aux attaques et permettant aux jumelles de les terrasser facilement. Seul l’homme qui s’était précipité sur la route restait devant Ryoma.

« Hmph ! Donc tu es le seul qui reste. »

Les regards froids des filles se tournèrent sur l’homme qui restait.

« Attendez… Hey. » 

Il semblerait avoir enfin compris la position, les yeux montraient qu’il était en panique.

« Attendez, comment ? Comment pouvez-vous utiliser votre pouvoir… ? Vous ne pouvez pas l’utiliser sans un maître ! »

Les paroles du garde du corps avaient fait courber les lèvres des filles, montrant ainsi des sourires méprisants. C’était le sourire d’une bête confiante en sa victoire. Et pourtant, elles étaient restées aussi alertes et prêtes au combat qu’avant, avec leurs muscles tendus et prêts à dévier toute attaque que le garde du corps pourrait leur envoyer.

« Cet homme est notre maître ! »

Les regards des filles se tournèrent vers Ryoma.

« C’est des conneries. Les esclaves ne peuvent pas faire un pacte de sang avec quelqu’un tout seuls… »

« Nous avons appris à faire un pacte de sang quand nous étions jeunes. As-tu oublié d’où nous descendons ? Notre père nous l’a apprise. »

« Quoi !? Alors pourquoi ne l’avez-vous pas fait jusqu’à maintenant !? »

L’homme pâlit devant les paroles de Sara.

« Nous ne te devons aucune explication ! »

Alors que Laura disait ça, Ryoma s’était lentement approché de l’homme.

« Kuh. Merde ! Je ne l’oublierai pas, sales bâtards ! »

L’homme décida de faire un dernier pari. Il se retourna et partit aussi vite qu’il put.

Ce n’est pas un mauvais choix… Mais il a merdé se dit Ryoma en regardant l’homme battre en retraite.

Il ne courait pas dans la forêt, mais plutôt sur la route. Il y avait des monstres dans la forêt, et cette menace avait éliminé cette option d’évasion. Ryoma sortit alors un chakram et le jeta sans rien dire à l’arrière de la tête de l’homme. Le bruit du chakram qui coupait le vent et s’enfonçait dans le crâne de l’homme avait rempli la forêt.

« Bien. J’ai beaucoup de choses à demander, mais allons d’abord à Alue. On pourra parler ensuite. », dit Ryoma aux jumelles après avoir récupéré son chakram ensanglanté.

« « Comme vous le souhaitez. » »

Elles inclinèrent la tête et commencèrent à mettre de l’ordre dans les objets de valeur qui se trouvaient là.

Cela montrait qu’elles savaient ce qu’elles étaient censées faire.

Je voulais seulement les aider, mais on dirait que j’ai fini par perdre la tête, dit Ryoma en soupirant, tout en regardant les deux filles obéir à ses ordres.

Après avoir transporté les cadavres du marchand d’esclaves et de son entourage dans la forêt, Ryoma et les filles prirent tous les bijoux et objets de valeur qu’ils pouvaient trouver avant de se rendre à Alue. Heureusement, ils n’avaient pas rencontré d’autres bandits ou monstres, et ils y arrivèrent à 10 heures du soir. Tous les restaurants étaient déjà fermés, Ryoma décida donc de se rendre directement à l’auberge de la ville.

« Très bien, parlons pendant que nous mangeons. Allez, ne restez pas plantées là, venez ici et asseyez-vous. »

Il y avait sur la table du ragoût et du pain que l’aubergiste avait gracieusement réchauffé pour eux. Ryoma pensait qu’il leur avait fait une demande assez simple, mais les filles regardaient les chaises vers lesquelles il se dirigeait avec confusion.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Ça va refroidir. », demanda Ryoma aux filles d’un ton douteux alors que les jumelles échangeaient des regards.

« Il est interdit aux esclaves de manger à la même table que leur maître. Nous mangerons plus tard. »

« Hein ? », demanda Ryoma à la suite de la réponse de Laura.

« Il est interdit aux esclaves de manger avec leur maître. »

Tandis que Sara répétait les mêmes paroles, Ryoma regarda son visage attentivement.

Est-elle sérieuse ?

C’était une déclaration bien trop stupide pour y croire.

« Euh… Ce n’est pas permis, vous dites… ? Vous avez du ragoût juste devant vous. Ça va refroidir. »

« Les esclaves n’ont pas le droit de manger de la nourriture chaude. », répondit Laura comme si elle disait une vérité évidente.

Qu’est-ce qui se passe avec ces filles… ? Les esclaves se préoccupent-ils vraiment autant de ce que dit leur maître ? Mais je suis leur maître… Je suppose que cela signifie… Hé, attendez une seconde !

Ryoma, qui n’avait aucune expérience de l’asservissement des gens, trouvait que l’attitude des jumelles était trop lourde.

« Alors, si j’ai bien compris. Vous devez obéir à votre maître, n’est-ce pas ? »

« « Oui. C’est le devoir de l’esclave de servir son maître. » »

Elles avaient répondu à la question de Ryoma à l’unisson.

Il n’y avait même pas un soupçon d’hésitation dans leurs paroles. Elles le croyaient du fond du cœur.

« Et je suis votre maître, n’est-ce pas ? »

« Oui. Vous êtes le Maître avec qui nous avons conclu un pacte de sang, » déclara Laura, avec Sara hochant la tête en silence.

« C’est vrai. Dans ce cas, c’est un ordre de votre maître. Asseyez-vous et dînez avec moi ! »

« Hein !? »

Les deux échangèrent des regards étonnés.

« La nourriture n’est que moitié moins bonne si on la mange seul, voyez-vous ? En plus, je veux discuter de ce qu’on va faire ensuite. Alors, asseyez-vous ! »

En toute honnêteté, il pouvait difficilement supporter de manger seul un repas somptueux avec les jumelles qui le regardaient comme ça. C’était insupportable. Les sœurs étaient tombées dans un silence contemplatif pendant un moment.

« … Très bien. Toutes nos excuses. Viens, le Maître a parlé. Asseyons-nous. »

Laura, qui avait l’air de s’être conduite toute seule, poussa Sara à s’asseoir.

« D’accord, parlons autour d’un dîner ! »

« Comme vous voulez. »

Ryoma était d’avis que manger ensemble serait plus amusant, mais les filles semblaient mal à l’aise avec l’idée. Après avoir mangé une cuillerée ou deux de ragoût, elles déposèrent leurs ustensiles.

C’est gênant… D’après ce que j’ai entendu jusqu’ici, on dirait que les esclaves sont traités plus mal que je ne l’imaginais. Je ne vais pas les faire changer immédiatement.

Les vieilles habitudes ont la vie dure, comme on dit. Mettant cette question de côté, Ryoma décida de poser des questions sur le pacte de sang. Ce n’était peut-être pas un sujet idéal de discussion autour d’un dîner, mais Ryoma ne pouvait pas laisser les choses en suspens.

« Alors, récapitulons la situation actuelle. Je sais que je me répète en posant cette question, mais je suis devenu votre maître maintenant, non ? »

« Oui. Le pacte de sang que nous avons conclu plus tôt nous a placés dans une relation de maître et d’esclave. »

« Oui, à ce propos ! Parlez-moi de ce pacte de sang. », demanda Ryoma, fronçant ses sourcils tout en mâchant du pain.

« Le pacte de sang a deux buts. Le premier est un rituel de loyauté entre un chevalier et son seigneur. Dans ce cas, il ne s’agit que d’une simple formalité et elle n’a aucun pouvoir contraignant. L’autre se fait entre les esclaves guerriers et leurs maîtres. »

« Esclaves guerriers ? »

Ryoma remit le pain dans ses mains à sa position antérieure sur la table et regarda Laura.

« Oui, en plus des esclaves manuels et des esclaves sexuels, il existe un type unique d’esclave connu sous le nom d’esclave guerrier. Comme leur nom l’indique, ce sont des esclaves habitués aux combats, et comme ils possèdent naturellement le pouvoir de combattre, ils ont les moyens de se révolter contre leurs maîtres. En tant que tels, tous les esclaves guerriers ont un sceau apposé sur eux, leur interdisant toute hostilité sans l’autorisation explicite de leur maître. »

L’explication de Laura dégoûta le cœur de Ryoma. Celui-ci ne supportait pas l’idée que les gens violent la volonté des autres. Tout ce que Laura lui disait en ce moment n’était ni plus ni moins que l’imposition de la volonté du maître à leurs esclaves. S’ils craignaient que les esclaves se révoltent contre eux, cela signifiait simplement qu’ils les traitaient d’une manière qui les inciterait à se révolter.

« Je vois. Question suivante, alors. Comment avez-vous pu faire ce pacte ? »

Si l’explication de Laura était vraie, il n’y avait aucun moyen pour des esclaves comme elles de savoir comment faire un pacte de sang. Si tous le pouvaient, tout le système de gestion des esclaves s’effondrerait sous son propre poids. Ryoma posa cette question pour une raison simple : cela aurait pu être un piège de l’empire. Peut-être avaient-elles été envoyées à la recherche de Ryoma afin qu’il les sauve, qu’elles puissent ensuite gagner sa confiance jusqu’à ce qu’il se laisse attaquer.

« C’est… »

Sara bégayait. Il semblerait que, pour une raison quelconque, elle ne voulait pas répondre à la question de Ryoma.

Mais après avoir échangé un regard avec Laura, elle se tut.

« C’est bon, Sara. Il est normal qu’il ait des soupçons. Très bien, je vais vous le dire. Nous vous demandons seulement de garder cette histoire pour vous et de ne la raconter à personne d’autre, Maître. »

Voyant dans ses yeux une résolution inébranlable, Ryoma acquiesça d’un signe de tête vigoureux. Il n’était de toute façon pas du genre à révéler les secrets des autres.

« Notre nom de famille est Malfist. C’est le nom d’une lignée de chevaliers au service du royaume du Quift, qui existait autrefois le long de la côte occidentale du continent central. »

Une lignée de chevaliers ? Ce sont donc des nobles, issus des échelons supérieurs de la société. Elles sont vraiment jolies et raffinées, mais comment ces nobles princesses sont-elles devenues esclaves… ?

L’histoire sombre de Laura dépassa l’imagination de Ryoma.

« Ton vrai nom est Laura Malfist, c’est ça ? »

« Oui. La maison Malfist était un ancien clan de guerrier qui servit la lignée royale de Quift pendant des générations. La famille royale nous faisait grandement confiance, et notre lignée était souvent au cœur de la défense nationale. Mais cela prit fin il y a environ cinq ans. Un différend avec un voisin et partenaire commercial de longue date, Shadora, a conduit à une guerre totale, qui a conduit le royaume de Quift à la destruction. La terre de notre père était une île au large des côtes du royaume, mais même cet endroit n’était pas à l’abri de la propagation des feux de la guerre. »

Les larmes brillaient dans les yeux des filles, peut-être à cause du souvenir de ce qui s’était passé.

« Notre père s’est battu désespérément pour défendre les citoyens et le royaume. Mais quand le roi fut assassiné à cause de la trahison de la faction du Premier ministre, la guerre devint favorable à la faction de Shadora, et Père fut forcé d’abandonner nos territoires. »

« Et c’est là que vous avez toutes les deux réussi à vous échapper ? »

« Oui. »

Les jumelles hochèrent la tête.

« Il nous a affecté plusieurs soldats comme gardes et nous a envoyées à la frontière pour fuir dans un autre pays. »

« Mais s’il vous a donné des gardes, comment êtes-vous devenus esclaves ? »

« C’est parce que nous tous… y compris nous-mêmes, jugions mal le caractère des gens. »

« Laura… »

La question de Ryoma fit paraître sur le visage des filles de la colère, de l’humiliation et du regret.

« Nous n’avons pas vu à quel point le cœur des gens peut être faible. C’est arrivé un soir, alors que notre bateau, déguisé en navire de commerce, traversait la frontière vers un pays voisin. Nos gardes nous ont attachées et vendues au marchand d’esclaves d’Azoth. Bien qu’ils soient tous des chevaliers de confiance et qui nous ont bien servis pendant des années… »

Les gardes en qui elles avaient confiance les trahissaient et les mirent en esclavage. Ça avait vraiment l’air tragique. Et comme on dit, les malheurs ne venaient jamais seuls, et une mauvaise chose en entraînait une autre.

J’ai de la peine pour elles, mais je ne peux pas non plus blâmer ceux qui les ont trahis…

Cette pensée était apparue dans l’esprit de Ryoma. Les gardes du corps qui les avaient vendus essayaient de s’accrocher à leur propre vie. L’effondrement de la lignée familiale, c’était comme la faillite de votre entreprise. Si vous demandiez aux employés de s’occuper de la famille du PDG après la faillite de l’entreprise, cela n’arriverait jamais.

Ce genre de lien ne pouvait durer que tant que l’argent coulait. C’était ce que Ryoma pensait, mais il n’était pas assez stupide pour exprimer cette pensée avec des mots. Ryoma fit donc avancer la conversation.

***

Partie 10

« Ce marchand d’esclaves, Azoth, c’est le type qu’on a rencontré cet après-midi ? »

« Oui. Nous savions lire et écrire, et nous avions une formation de base en arts martiaux et en magie, alors il nous a formés pour devenir des esclaves guerriers. »

Il était logique qu’elles aient appris à se battre dans ces circonstances. Ryoma pouvait voir pourquoi elles étaient ainsi devenues des esclaves guerriers.

« Je vois. Alors, comment avez-vous su faire un pacte de sang ? » 

Les yeux de Ryoma brillèrent. C’était la question la plus importante. 

« Quand nous étions plus jeunes, notre père nous a appris à faire le pacte de sang. Il a dit que cela pourrait nous être utile. » 

« Il a fait ça… au cas où vous auriez gagné vos propres esclaves ? » 

À l’origine, elles se trouvaient dans une position sociale où elles employaient des esclaves, de sorte qu’elles savaient comment lier les esclaves avec un contrat.

« Oui. Cependant, les esclaves ne peuvent pas faire un pacte de sang avec d’autres esclaves. Nous devions trouver quelqu’un qui était au moins un civil pour former le pacte de sang avec lui. »

Ryoma hocha la tête. C’était logique. Si les esclaves pouvaient former des pactes de sang avec d’autres esclaves, tout le système ne serait pas capable de les lier. Et ce n’était pas comme si n’importe quel roturier le ferait. Elles devraient choisir la bonne personne.

« Vous cherchiez quelqu’un de digne de confiance… Alors, ça veut dire que vous me faites confiance ? »

« Bien sûr. Vous vous êtes battu tout seul pour nous protéger, et j’ai pensé que vous étiez un homme digne qu’on vous serve. »

« J’ai ressenti la même chose. »

Sara hocha doucement la tête, renforçant les paroles de Laura.

« Aaaaah. »

Ryoma soupira fortement, après avoir entendu leur explication.

Eh bien, qu’est-ce que je dois faire d’elles maintenant… ?

C’était les sentiments honnêtes de Ryoma. Les regards des jumelles étaient fixés sur lui.

« Je comprends votre histoire. Mais si c’est le cas, je vous libère toutes les deux. On a eu l’argent du marchand d’esclaves, vous pouvez ainsi l’utiliser pour commencer une nouvelle vie. »

Ryoma fuyait l’empire, devoir s’occuper d’elles deux ne serait qu’un obstacle.

« Nous ne pouvons pas ! »

Cependant, les paroles de Ryoma avaient été clairement rejetées par Laura.

« Même si nous sommes devenus esclaves, nous avons encore l’orgueil et le sang des Malfist qui coule dans nos veines. Vous avez protégé nos vies et nos chastetés malgré le risque de mort. Laissez-nous vous servir jusqu’à la fin de nos vies. »

Les yeux des filles s’illuminaient, montrant une forte détermination.

« Non. Écoutez, je ne vous ai pas sauvées juste pour que vous me soyez reconnaissantes. Vous n’avez pas besoin d’aller aussi loin. »

Bien sûr, il ne voulait pas dire qu’elles ne devaient pas se sentir reconnaissantes du tout. Il s’attendait au moins à quelques mots de gratitude au strict minimum, mais cela allait trop loin.

« Non ! Laissez-nous vous servir ! » dit Laura alors que Sara acquiesça d’un signe de tête.

« Eh bien, bon sang… J’ai ma propre situation à prendre en compte, vous savez, » déclara vaguement Ryoma, seulement pour que Sara le comprenne.

« Est-ce… lié au fait que vous venez d’un autre monde, Maître ? »

« Pardon ? », dit Ryoma, le sourire persistant sur son visage.

Pourtant, les jumelles remarquèrent l’agitation de Ryoma dès qu’il changea d’attitude.

« Vous n’avez pas à vous inquiéter. Nous n’avons pas l’intention de le dire aux autres. Nous voulons simplement connaître votre situation. »

Un bref silence tomba sur la pièce.

« Pourquoi ? »

Ryoma finit par demander.

« Si nous voulons vous servir, Maître Ryoma, nous devons connaître votre situation. Nous vous demandons donc de nous faire part de votre situation. »

Un autre long silence persista.

Qu’est-ce que je fais ? Je pourrais les tuer pour les empêcher de parler, mais… non, ce serait stupide. Je me suis déjà donné tout ce mal pour refuser de les abandonner. Je m’y suis préparé dès le moment où j’ai choisi de les sauver… Très bien.

Des émotions contradictoires traversèrent l’esprit de Ryoma.

« D’accord, très bien. »

« « Le pensez-vous vraiment !? » »

Les paroles de Ryoma incitèrent les filles à se pencher par-dessus la table, et Ryoma leva les mains pour les arrêter.

« Je comprends ce que vous ressentez, mais personnellement, je n’ai pas besoin d’esclaves. Si vous choisissez de me suivre après que je vous ai tout dit, je veux que vous le fassiez non pas comme des esclaves, mais de votre plein gré. »

Il ne voulait pas qu’elles s’acquittent de leurs obligations en tant qu’esclaves, mais en tant que personnes ayant leur propre volonté et leurs propres choix. C’était la conclusion optimale que Ryoma avait choisie. Les sœurs échangèrent un regard après avoir entendu sa décision, puis Laura proclama d’une voix forte.

« Très bien. Si c’est la volonté de notre Maître ! »

Il semblerait que leur façon de penser n’ait pas beaucoup changé.

Ryoma leur raconta ce jour fatidique où il avait été convoqué dans ce monde. Comment, après avoir été convoqué, il tua le magicien qui l’avait convoqué. Comment il fuyait les soldats de l’Empire . Comment il avait l’avantage qu’ils ne savaient pas à quoi il ressemblait. Et enfin comment il planifierait maintenant son prochain mouvement.

Mais même après avoir clairement expliqué les dangers de voyager avec lui, les jumelles ne semblaient pas avoir changé d’avis. Bien au contraire, en fait.

« S’ils ne savent pas à quoi vous ressemblez, voyager avec nous rendra leur recherche encore plus difficile, pas vraie ? Ne supposeraient-ils pas que vous n’avez pas d’alliés dans ce monde ? »

Telle était sa proposition. Après avoir vu leur détermination à l’accompagner, entendu les avantages de leur voyage ensemble et dit qu’il finirait par les libérer de leur servitude, Ryoma décida d’autoriser les sœurs à venir avec lui.

« Êtes-vous sûres de vouloir venir avec moi ? J’ai l’intention de quitter ce monde dès que j’en aurai l’occasion. »

Ryoma n’avait pas l’intention de rester plus longtemps dans ce monde. Même si personne ne savait comment le renvoyer sur Terre, Ryoma avait l’intention de trouver un moyen de partir de rien s’il le devait. Telle était sa détermination.

« Dans ce cas, nous resterons à vos côtés jusqu’au jour où vous retournerez dans votre monde, » déclara Laura, un sourire sur son visage.

« Laura. »

Sara, qui se tenait à côté d’elle, se mit à lui parler.

« Ne pourrions-nous pas aussi aller dans le monde de Maître Ryoma ? »

« Mon dieu. Oui, c’est une option. Une idée merveilleuse ! Comme ça, on pourra toujours le servir. »

Les mots de Sara firent que l’expression de Ryoma fût épouvantée.

Un instant, bon sang… Les ramener avec moi ? Grand-père voudra voir ma tête au bout d’une pique… peu importe ce qu’Asuka pourrait faire.

Mais sans se soucier du conflit intérieur de Ryoma, les sœurs sourirent joyeusement.

J’y songerais quand le temps sera venu. Je devrais me concentrer pour l’instant sur le passage de la frontière.

Le lendemain, le trio traversa la ville d’Alue pour faire ses provisions et rassembler du matériel pour le voyage à venir. Les sœurs étaient plus habituées à un style de combat qui utilisait des cimeterres dans chaque main, mais malheureusement, personne à Alue n’en vendait.

Comme leur armure ne leur convenait pas (à cause de la taille de leur poitrine et de leurs hanches minces), ils se contentaient d’acquérir des épées et de lancer des couteaux.

Ce qui était vraiment stupéfiant, cependant, c’était l’héritage du marchand d’esclaves, Azoth. Ils apportèrent les pièces d’or à la banque et, comme prévu, il y en avait cinq cents. Ils portèrent les colliers et les bijoux chez un marchand de pierres précieuses, qui annonça un coût surprenant.

« Le montant total est de trois mille pièces d’or. »

« « « Hein !? » » »

Trois voix stupéfaites se chevauchaient dans la boutique du marchand de pierres précieuses.

« Êtes-vous mécontent du prix ? Franchement, c’est tout ce que je peux donner… »

Le marchand de pierres précieuses prit apparemment leur exclamation non pas comme une surprise face aux prix, mais comme une déception du total final.

« Ah ! Non, non… c’est parfait. »

Ryoma savait qu’il y avait beaucoup de bagues et de colliers dans le coffre, mais il n’avait jamais imaginé que cela lui rapporterait autant. Entendant la réponse de Ryoma, le bijoutier sourit.

Hein ? Est-ce que ce gars… essaye de nous escroquer ?

Peut-être pensait-il que Ryoma et les jumelles étaient des amateurs et qu’il avait injustement essayé de leur acheter les bijoux à bas prix. Cela dit, Ryoma n’avait aucune idée de combien ils valaient vraiment, et transporter autant de métaux précieux avec lui alors qu’il était en cavale serait un risque.

« Je vois ! Je vais donc tous les prendre. Cependant, je crains de ne pas avoir ce genre de montant en main… Un virement sur votre compte serait-il acceptable ? »

« Oui. Euh… » Ryoma jeta un coup d’œil aux jumelles.

Il n’était pas difficile pour Ryoma de comprendre qu’il était le seul à avoir un compte.

« Prenez ceci, alors. »

Bien sûr, même si l’utilisation de son compte était la seule option, il se sentait coupable d’avoir tout pris à son compte. Mais en voyant les sœurs hocher la tête, il lui remit sa carte.

« Avant de vous inscrire à la guilde, nous devons nous arrêter à la banque. »

« La banque, Maître ? »

Sara fit écho aux paroles de Ryoma.

Toutes les deux n’avaient pas vraiment de connaissances en matière d’aventuriers.

« Oui. Vous devez avoir un compte avant de vous inscrire, afin qu’ils puissent vous récompenser de vos missions. »

« Est-ce ainsi ? »

Les visages des sœurs étaient remplis de surprise et de respect.

Cette personne est vraiment incroyable. Il a été convoqué il y a seulement quelques jours, et il en sait déjà plus que nous.

Tandis que Laura était admirative, les pas de Ryoma s’arrêtèrent soudain.

« C’est vrai, nous y voilà. »

Ryoma passa par l’entrée de la banque, face à la rue principale.

Trente minutes plus tard.

Après avoir ouvert des comptes à la banque, le trio se dirigea vers la guilde et les filles complétèrent leur inscription. En plus de cela, le trio avait également appris des informations importantes au sein de la guilde et retourna à l’auberge.

L’empire bloquait les frontières. Lorsqu’il avait inscrit les sœurs à la guilde, il prit la décision de passer à la ville suivante, Adelpho, car ils étaient forcés de changer ses plans.

« Il nous faut un plan de secours. »

« Oui, je crois qu’aller à Adelpho serait une mauvaise idée, » déclara Laura.

« Je suis d’accord. Si c’était un blocus normal, nous pourrions passer en payant généreusement les forces stationnées. », dit Sara en hochant la tête.

« La princesse Shardina, hein… »

« Oui. »

Les deux hochèrent la tête en entendant les mots de Ryoma.

« Le blocus est commandé sous les ordres directs de la princesse, donc la corruption a peu de chances de fonctionner ici. »

L’argent pouvait résoudre la plupart des problèmes, mais avec la princesse étant leur commandement direct, il était peu probable qu’un pot-de-vin tenterait quiconque. Au pire, ils pourraient être décapités sur le champ.

« Alors, soit on continue… soit nous battons en retraite… »

Une carte des territoires de l’empire qu’ils avaient acheté dans un magasin était étalée sur la table devant eux. Elle était pour un usage civil, donc elle ne montrait que l’emplacement des villes, les routes qui les reliaient et la distance approximative entre elles, mais c’était mieux que rien.

« Si nous battons en retraite, nous devrons aller au sud… »

Pour arriver à la frontière sud, il faudrait aller au sud-ouest d’Alue à travers la forêt monstrueuse, retourner à la capitale et aller plus au sud de là. Couper à travers la forêt diminuerait la distance, mais comme ils étaient susceptibles de rencontrer des monstres, la distance serait plus ou moins la même.

« Non… Je ne vais pas au sud. L’empire se méfiera probablement de la frontière sud. »

Cette frontière était la plus proche de la capitale. Ses poursuivants supposeraient naturellement que Ryoma, étant en fuite, préférerait prendre le chemin le plus court possible pour sortir du pays.

« Ce qui laisse le nord et l’ouest… »

L’expression sur le visage de Laura montrait clairement qu’elle n’était pas en faveur de cela, et le raisonnement derrière cela était apparent d’un bref coup d’œil sur la carte. Les frontières étaient beaucoup trop éloignées. Selon la carte, la distance entre chacune d’elles, si l’on devait aller en ligne droite, était de 500 kilomètres. S’ils allaient à pied, à 30 kilomètres par jour, il leur faudrait un demi-mois pour s’y rendre.

S’ils étaient prêts à perdre leur temps pour franchir cette distance, il serait plus sage et plus sûr d’attendre simplement que la chaleur de la poursuite s’éteigne et que les blocus soient levés d’eux-mêmes. Cela dit, s’ils attendaient simplement, il y avait une chance que l’empire déploie ses effectifs massifs pour débusquer Ryoma. Vu les dangers, il était clairement préférable pour Ryoma de traverser la frontière le plus tôt possible. Les sœurs l’avaient aussi bien compris.

« Je suppose que notre seule option est de continuer vers la frontière est… »

Les sœurs hochèrent la tête.

« J’ai une idée à ce sujet, » dit Sara, et deux paires d’yeux fixèrent leurs regards sur elle.

« Vas-tu suggérer de quitter la route ? », demanda Laura, incitant Sara à hocher la tête.

« Bien que nous n’ayons pas d’autre choix que de traverser la frontière est, nous n’avons pas besoin de passer par Adelpho pour le faire. Si nous choisissons d’entrer dans la forêt plutôt que de prendre la route, nous devrions pouvoir passer dans le royaume voisin de Xarooda. Qu’en dites-vous ? »

Sara déplaça son doigt de la position d’Adelpho sur la carte vers une zone boisée au nord de celle-ci, ce qui conduit directement au royaume de Xarooda.

Ce n’est pas une mauvaise idée, mais…

Ryoma n’arrivait pas à se débarrasser d’une certaine inquiétude. La suggestion de Sarah était sensée et ne présentait aucun défaut, mais une angoisse inexplicable s’empara de son cœur.

Si la princesse est assez intelligente pour prédire que je préférerais aller vers l’est et fermer la frontière à cause de cela, n’envisagerait-elle pas la possibilité que j’essaie de quitter la route ?

Les routes de ce monde étaient protégées par des barrières que seuls des monstres extrêmement puissants pouvaient espérer franchir, de sorte que le fait de voyager le long des routes permettait un voyage sûr. C’était aussi écrit dans le livret de la guilde.

Mais cela ne signifiait pas que l’utilisation des routes était la seule option. Ceux qui étaient confiants dans leurs compétences et disposés à renoncer à séjourner dans une auberge agréable au lieu de passer la nuit dans la forêt étaient les bienvenus pour quitter les routes principales. Peu de gens feraient ce choix, cependant. Les seuls qui le feraient étaient les criminels, les aventuriers ou les espions, des gens ayant des raisons et des circonstances particulières.

À en juger par la rapidité de ses décisions, la princesse Shardina était une femme pleine d’entrain. Elle ne négligerait pas d’envisager la possibilité que de telles personnes choisissent de traverser la forêt. Cela dit, à en juger par les informations qu’il avait recueillies en cours de route, il n’y avait pas beaucoup de poursuivants se dirigeant vers la frontière est. Il était peu probable qu’ils soient en mesure de gérer la totalité des terres occupées par la forêt. À cet égard, la suggestion de Sara semblait toujours réalisable.

Mais s’ils étaient découverts, ils seraient sans aucun doute arrêtés. Les soldats de l’Empire ne savaient pas à quoi ressemblait Ryoma, ce qui ferait inversement de tout homme de grande taille un suspect. Si c’était le cas, même avec Laura et Sara qui l’accompagnaient, il était peu probable qu’ils le laisseraient partir.

Je ne les vois pas me laisser partir juste parce que Laura et Sara sont avec moi… Dans ce cas, ça ne sert à rien d’y aller ensemble… Non, attendez une seconde…

Ryoma eut une vague idée en tête. Les forces de l’empire n’étaient pas au courant de la présence des sœurs Malfist. Elles ne seraient pas détenues tant qu’elles ne voyageraient pas avec lui. Et quand il y a pensé, une idée lui était venue à l’esprit.

« Sara, Laura. Allons-y en traversant la forêt. Mais… »

Alors que Ryoma parlait avec un sourire cruel effleurant ses lèvres, les yeux des filles s’écarquillèrent de surprise.

Très bien. Il est temps que je t’apprenne qui est la cible ici, princesse.

C’était à ce moment-là que le chasseur et le chassé échangèrent leurs rôles.

***

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