Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 2 – Chapitre 16

***

Chapitre 16 : Le comté de Yamano

***

Chapitre 16 : Le comté de Yamano

Partie 1

Mitsuha avait désormais un titre de noblesse. Cela faisait d’elle une vraie et authentique noble. Pas une noble superficielle en titre seulement, mais une noble à part entière avec son propre territoire… et la responsabilité de le gérer qui allait avec.

Pourquoi est-ce arrivé ?!

Elle avait décidé de rencontrer le roi, le chancelier et le responsable de la gestion du territoire. Ce dernier — plutôt qu’un expert en gestion des terres nobles — n’était qu’une base de données humaine qui connaissait les territoires du royaume, leur emplacement, leur taille et leurs particularités. Son travail consistait à aider les nobles à acquérir ou à hériter de nouveaux domaines.

Mitsuha commença par décrire le type de terres qu’elle souhaitait.

« Je veux qu’il ait un rivage, des montagnes, des rivières, oh, et je veux qu’il soit petit. »

« Vous voulez un petit territoire ? »

« Oui. Un endroit trop grand et trop peuplé peut causer plus d’ennuis que ce qu’il vaut. Je veux avoir une communauté soudée qui ressemble plus à une famille. Ah, et me tenir le plus loin possible de la frontière ! Je ne veux pas être impliqué dans des conflits. »

Le roi sourit.

« Alors nous devons chercher dans le nord. C’est la seule partie du pays qui a un littoral », dit la base de données du Royaume. Il était évident qu’il savait de quoi il parlait.

« S’il vous plaît, regardez cette carte, » commença-t-il en faisant un geste. « Vous avez de grands fleuves qui se jettent dans la mer ici, ici et ici. Et ce sont vos petits fleuves. Il y a de vastes plaines autour des grands fleuves. Ce sont des comtés, bien sûr — déjà pris par d’autres nobles.

« Si vous voulez une petite zone proche de la mer et des montagnes, qu’une petite rivière ne vous pose pas de problème, et que l’on filtre les terres qui ne sont pas ouvertes ou qui n’appartiennent pas au roi lui-même, il y a celle-ci, celle-là, et celle-là ici. Choisir autre chose que ces terres signifierait chasser un autre noble. »

Whoa, chasser quelqu’un ? Ça les ferait me détester, c’est sûr. Dois-je juste faire avec et me battre pour une meilleure place ? Non. Je parie que la plupart de ces familles ont les mêmes territoires depuis des générations. La terre fait probablement partie d’eux en ce moment, je ne vais donc pas me mêler de ça.

« Alors… celle-là est bien ? » demanda-t-elle tout en le montrant du doigt.

« En effet. Cette terre appartenait à un ex-baron qui a été dépouillé de son statut quand il a choisi d’ignorer l’appel du roi pendant l’invasion. Il avait prévu de se ranger du côté du vainqueur une fois l’invasion terminée. Comme il est assez éloigné de la capitale, c’est un grand territoire pour un baron. Ce sera par contre un petit pour un vicomte, mais c’est quand même plausible. Il y a une petite rivière et une montagne qui n’est pas trop raide. Cela correspond certainement à vos conditions. Mais êtes-vous cependant certaine de votre choix ? Il y a des terrains adaptés aux vicomtes plus proches de la capitale. Et ils seraient aussi beaucoup plus rentables. »

Mitsuha refusa, car elle ne voulait pas vraiment cela. Être loin de la capitale signifiait moins de visites de nobles curieux et de marchands indiscrets, et la distance n’affecterait en rien ses activités.

De toute façon, j’ai mon propre terrain maintenant ! Attendez. C’est au nord… Il y a un rivage… Ça me semble très familier.

Peu de temps après, elle découvrit qu’il était juste à côté du comté des Bozes.

Était-ce vraiment une coïncidence ? Ce type base de données… Il connaît le Comte Bozes ? Je me demande s’il m’a piégée.

Mitsuha envisagea sa théorie de la conspiration pendant un moment, mais n’avait eu aucune difficulté à prendre sa décision. Le comte pouvait l’aider à gérer son domaine, sa famille était pleine de gens bien, et cela lui donnait une bonne excuse pour rendre visite à Colette plus souvent.

Hein ? Les terres d’Alexis sont aussi à côté des miennes ? Elle est à l’opposé du comté des Boz ? On m’a mise en sandwich des Bozes ? Oui, n’est-ce pas ? ! Elle était maintenant convaincue que cela avait été planifié.

Tu veux passer sur mes terres pour pouvoir rendre visite à tes parents ? Oui, oui. Bien sûr.

Hein ? Un « oui » suffit ? Oui, oui. Comme tu veux.

Ayant une conversation imaginaire, elle commença à se préparer à visiter son territoire. Elle s’interrogeait sur son magasin. Ne vous inquiétez pas, elle n’avait pas l’intention de l’abandonner, elle le fermerait simplement pour le moment. Elle n’avait pas non plus l’intention de l’emporter avec son pouvoir de saut dans le monde. Pas maintenant, en tout cas. Cependant, son cœur allait aux pauvres âmes qui avaient désespérément besoin de shampoing. Elle avait donc l’intention de le rouvrir dès que possible.

Mitsuha passa les trois jours suivants à suivre une formation en gestion du territoire dispensée par une personne recommandée par le roi lui-même. Il y avait beaucoup à apprendre en si peu de temps, mais les connaissances modernes de Mitsuha avaient rendu les leçons beaucoup plus faciles. Elle connaissait déjà les bases, telles que la fiscalité, la gestion du budget et le moral. Son niveau de compréhension avait même surpris le professeur.

Elle avait également enregistré ses leçons sur un magnétophone afin de pouvoir les revoir quand elle le souhaitait.

Vive la science !

Après avoir terminé sa formation accélérée, Mitsuha était prête à partir. Elle avait prévu de se rendre sur son territoire en calèche, bien sûr. Elle n’avait pas de voiture privée, ne savait pas où en trouver une, et n’avait aucune envie de passer les prochains jours seule avec son chauffeur.

Il lui était toujours possible de se rendre directement dans le comté des Bozes, mais elle voulait au moins jeter un coup d’œil sur la route entre la capitale et son domaine. Bien sûr, elle avait pris le même moyen de transport lors de son premier voyage vers la capitale, mais son attitude avait été très différente à l’époque. Elle devait maintenant réfléchir à ce qu’elle pouvait faire pour son domaine : examiner les problèmes liés aux déplacements entre la capitale et son domaine, voir l’état des environs, etc. Mitsuha pouvait aussi apprendre beaucoup des autres passagers, maintenant qu’elle savait quelles questions poser.

Avant son départ, un bon nombre de personnes étaient venues la voir pour lui proposer leur aide. C’était tout naturel, être l’un des premiers employés sous un nouveau noble était un statut convoité. Ils seraient plus haut placés dans la hiérarchie que tous ceux qui suivaient et, comme la tête était un enfant — à leurs yeux, en tout cas —, ils avaient la possibilité de l’usurper ou d’utiliser eux-mêmes son pouvoir. Peut-être même pourraient-ils faire entrer leur propre famille dans sa lignée.

Et si la cupidité ne suffisait pas, ils pouvaient tout aussi bien être des espions chargés d’en savoir plus sur la technologie de sa patrie, en particulier sur les « armes divines ». Quoi qu’il en soit, Mitsuha ne pouvait pas prendre le risque.

Je ne vais pas engager ceux qui sont clairement dans le coup pour les bonnes choses. Vous avez travaillé pour un noble avant ? Vous dites que vous êtes un vétéran quand il s’agit de gérer des terres ? Un vrai pro ? Pas question, allez-vous doubler mes profits ? Et vous, vous savez comment gérer les gens. Alors, je devrais vous laisser tout ça ?

Vous êtes tous des crétins. Si vous étiez aussi bon, vous ne chercheriez pas désespérément un emploi dans un endroit comme celui-ci.

Elle les avait tous refusés, régla la sécurité du magasin sur le mode de défense maximum et demanda à ses voisins d’appeler les soldats du palais s’ils voyaient quelqu’un rôder dans les environs. Après cela, elle rencontra le groupe de Sven et leur demanda de surveiller les environs du magasin chaque fois qu’ils seraient en ville. Elle les présenta également aux voisins, et vice versa.

Les deux groupes l’avaient informée que personne n’oserait se faufiler chez l’archiprêtresse de la foudre, mais elle les avait ignorés pour la plupart. À la fin, le roi dédia quelques soldats du palais pour patrouiller la zone.

Le jour de son départ, Mitsuha était arrivée à sa diligence pour trouver Sabine qui l’attendait avec ses bagages.

Whoa, whoa, whoa ! Désolée, petite dame, mais je vais devoir te chasser. Les gardes du corps de la princesse, dissimulés à proximité, avaient prévu de la ramener de force au tout dernier moment, et c’est exactement ce qu’ils firent. Alors vous l’avez laissée s’accrocher à son rêve jusqu’à ce qu’il se réalise presque, hein ? Wôw, c’est dur.

La diligence de Mitsuha se dirigeait vers le comté de Bozes. La maison d’un nouveau vicomte n’était pas assez importante pour avoir une route de calèche fixe, donc c’était sa meilleure option.

Elle portait une robe que l’on pouvait s’attendre à voir sur une roturière normale. Elle était simple, mais fluide et charmante. Cette robe devait la rendre plus accessible à ses compagnons de voyage.

J’apprends de mes erreurs. Je serai aussi super amicale et bavarde. Le personnage de Sabine, « serveuse du Paradis », sera probablement une bonne référence pour cela.

En dessous, elle portait un Walther PPS sur sa cuisse droite et un petit couteau sur sa gauche. Le Walther habituel était placé sous son bras, mais celui qu’elle portait sur sa jambe était plus facile à sortir en cas d’urgence. Le 93R et le revolver étaient tous deux rangés dans un étui dans son sac parce qu’ils attiraient trop l’attention.

Le sac rempli d’armes était à ses côtés, tandis qu’un plus grand sac contenant ses vêtements de rechange et d’autres effets se trouvait sur l’étagère de rangement de la diligence. Les bagages plus volumineux allaient généralement sur le toit, mais il n’y avait pas trop de passagers et le conducteur n’avait pas voulu séparer une jeune fille de ses affaires. Elles étaient d’ailleurs assez minces.

À l’heure actuelle, la voiture comptait douze passagers. Comme elle partait de la capitale, il est peu probable que ce nombre augmente. Au fur et à mesure de ses arrêts, il y aurait de moins en moins de monde à l’intérieur.

Peu après le départ, Mitsuha appela un jeune homme à l’air amical qu’elle supposait être un marchand. Elle se présenta comme une commerçante ignorant tout de la situation, se dirigeant vers le pays d’un nouveau noble.

Ce n’est pas un mensonge. Je suis une commerçante, et je ne sais rien de ce monde.

Même si elle était encore une enfant, le marchand aimait parler avec une jolie fille. Elle l’écoutait attentivement et lui posait de bonnes questions, preuve qu’elle était intéressée par ce qu’il avait à dire. La jeune fille le comprenait et avait clairement la tête sur les épaules. Au cours de leur conversation, il avait même lui-même appris quelques trucs. Il était évident qu’elle ferait une excellente commerçante. À tel point qu’il songea même à parler à sa femme de la possibilité de transmettre son métier à une fille plutôt qu’à un fils.

Les deux individus se parlaient naturellement, et tout l’échange était assez limpide. Leur énergie positive incita les spectateurs à se joindre à eux et au final tout le monde avait beaucoup appris de l’autre.

***

Partie 2

À deux jours du comté de Bozes, le carrosse fut attaqué par des bandits.

« Ce genre de chose n’est-il pas censé être rare ? », demanda Mitsuha.

« Oh, euhh… à cause de tous les soldats de l’Empire dispersés, cela arrive plus souvent ces derniers temps. Il y a les fermiers qui sont restés ici parce qu’ils risquaient de passer un mauvais moment s’ils revenaient, les officiers de bas rang qui pouvaient être exécutés pour la défaite, les mercenaires échoués qui n’étaient pas payés… Beaucoup ont choisi de se réfugier au nord parce que le royaume traquait tous ceux qui allaient au sud. »

« Oh, oui. Je suppose que “rare” ne veut pas vraiment dire “jamais”… Je devrais m’en souvenir. »

Alors que presque tous les passagers commençaient à paniquer, Mitsuha discutait avec un homme d’âge moyen un peu plus raffiné, comme si l’agression en cours n’était pas un problème.

Je n’en ai jamais assez de ces types. Ils ont juste cette aura de « papa » autour d’eux. Non, je ne veux pas dire qu’ils sentent. C’est l’aura !

Mitsuha était calme parce qu’elle pouvait se sortir de la situation à tout moment. L’homme était calme à cause du soi-disant « droit d’extraterritorialité », une sorte d’accord non écrit entre les mercenaires et les bandits. Contrairement aux mercenaires engagés pour la protection, ceux que vous rencontrez par hasard n’avaient aucune obligation de protéger qui que ce soit. Mettre leur vie en danger pour quelqu’un sans contrat n’en valait tout simplement pas la peine. Il en allait de même pour les bandits : combattre un mercenaire qui restait inactif pendant qu’ils pillaient était souvent à leur détriment.

Les mercenaires n’avaient aucune raison de défendre les passants, et les bandits n’avaient aucune raison de combattre les mercenaires durs et sans le sou. C’était ainsi que leurs intérêts coïncidaient. La présence d’un mercenaire dans cette situation pouvait également réduire le nombre de meurtres et de brutalités après les combats, de sorte qu’il était également possible de s’arranger pour les passagers et les mercenaires sous contrat. Cependant, les bandits n’hésiteraient pas à kidnapper des femmes et des enfants.

En comptant Mitsuha, il y avait neuf passagers. Parmi eux, il y avait une femme, une jeune femme et deux autres jeunes filles. Mitsuha n’avait pas compté le cocher, car les bandits ne lui auraient sûrement pas fait de mal. Si trop de cochers étaient perdus, ces véhicules cesseraient complètement de rouler. Cela serait mauvais pour le pays et les seigneurs locaux, et ils n’auraient pas d’autre choix que de lancer une chasse aux bandits. L’absence de moyens de transport rendrait également la tâche des bandits plus difficile. Pour ces raisons, les bandits n’avaient même pas pensé aux cochers lors des raids, et les cochers eux-mêmes n’étaient jamais intervenus. Dans leur esprit, céder à une indignation vertueuse et se défendre ne ferait que placer une cible sur le dos de tous les cochers.

« Je vais me battre », déclara l’un des hommes.

C’était évidemment un fermier, et deux des quatre femmes étaient des membres de sa famille — sa femme et sa fille. Il allait sans dire qu’il ne voulait pas les voir se faire kidnapper sous ses yeux, même si cela signifiait sa mort.

Le suivant à prendre la parole était un homme âgé.

« Je vais me battre avec toi. Mes enfants sont déjà grands et, dans le passé, j’ai commis de nombreux méfaits pour protéger ma famille. Je dirais qu’il est grand temps que je donne un coup de main à quelqu’un d’autre. J’ai aussi apporté toute ma richesse et j’aimerais bien qu’elle survive à ce voyage avec moi. »

« Merci. »

Le fermier baissa alors la tête.

Après avoir jeté un coup d’œil à Mitsuha, le jeune marchand se joignit à lui.

« Je vous aiderai aussi. »

« Je ne veux pas participer à ça. Nous devons juste leur donner notre argent et nos biens et nous en sortirons indemnes, n’est-ce pas ? Après tout, il y a ici un mercenaire errant qui a l’extraterritorialité. Si nous résistons, nous finirons juste par être blessés ou même tués. Abandonner, c’est la voie à suivre ici, bande d’idiots ! », dit un homme qui semble avoir la vingtaine.

Personne ne pouvait lui reprocher sa lâcheté. Chacun fixait lui-même ses propres priorités. Même le fermier n’aurait probablement pas décidé de se battre s’il n’avait pas sa famille avec lui.

Le dernier à avoir parlé était le mercenaire. Il s’était tourné vers le fermier et lui demanda : « Hé, tu veux engager un garde du corps ? Je prendrai une pièce d’argent. »

« Hein ?! »

Ils crièrent tous à l’unisson.

Mitsuha sourit. Quel homme, pensa-t-elle.

« Quoi ? ! N’allez-vous pas utiliser le droit d’extraterritorialité ? », s’écria le jeune homme.

« C’est une condition pour les mercenaires qui ne sont pas engagés, jeune homme », répondit le mercenaire.

Oh, bon sang. Pourquoi y a-t-il tant de types bien parmi les mercenaires ? Tu sais quoi, je vais aussi t’aider.

« De l’amour à la gestion de vos terres, le magasin général Mitsuha vous dira comment on fait ! Vous voulez que je me débarrasse des bandits ? Juste une pièce d’argent, s’il vous plaît. »

Le mercenaire avait été visiblement surpris, et Mitsuha s’était mise à le regarder.

Oui, je ne peux pas résister à un homme raffiné d’âge moyen.

Le mercenaire avait une épée courte comme arme principale. Il donna à Mitsuha sa dague de rechange, et elle commença à sentir que le vieil homme n’était pas le roturier qu’il avait semblé être au premier abord. Elle fouilla dans un de ses sacs, sortit un couteau de chasse et le donna au jeune marchand. L’expression de son visage était délicieuse.

Une dame n’est pas convenable si elle n’est pas passionnée par les couteaux ! C’est un plus à notre beauté !

Mitsuha sortit ensuite sa ceinture d’armes et l’accrocha autour de sa taille. Il y avait le 93R, le revolver et des chargeurs de rechange. Les balles du 93R étaient des balles à pointe creuse. Elles étaient réservées aux monstres et aux humains ne portant pas d’armure métallique, et donc adaptées à la situation.

Le revolver était chargé de balles perforantes. Le « blindage » faisait référence à des gilets en kevlar, et non aux armures de plaques abondantes dans ce monde. Cela fonctionnerait sûrement sur tout ce que les bandits porteraient. Pour autant que Mitsuha le sache, les bandits qui portaient une armure métallique étaient rares, car ils préféraient la mobilité à la défense.

Une fois qu’elle fut complètement équipée et prête au combat, Mitsuha obtint un regard étrange de la part des autres passagers.

Quant au fermier, il brandissait une planche de bois qu’il avait arrachée du véhicule. Il était fort, mais pas habitué à se battre. Il était donc préférable de lui donner quelque chose de pointu.

Les bandits avaient bloqué le chemin devant et derrière. Ils étaient huit au total. Trois avaient l’air de mercenaires entraînés, tandis que les cinq autres semblaient nerveux et jeunots. Mitsuha devinait qu’il s’agissait d’anciens fermiers enrôlés dans l’armée impériale.

Quatre des passagers quittèrent la voiture pour se battre, laissant derrière eux le jeune marchand pour protéger les femmes de la prise d’otage. Ce type de diligence exigeait que l’on utilise les deux mains pour entrer, de sorte que même un amateur comme lui avait une chance de repousser les envahisseurs potentiels.

Oh, et juste pour que vous le sachiez, ceux qui avaient donné les deux pièces d’argent étaient le fermier et la jeune femme. Une chacun.

Le premier à parler fut l’un des trois bandits à l’allure de mercenaire.

« Laissez vos objets de valeur ici et vous ne serez pas blessés. Et enlevez vos vêtements. Mais vous pouvez garder vos sous-vêtements. C’est pareil pour les femmes, laissez-les ici aussi. Elles n’ont pas besoin de se déshabiller… Pas maintenant, en tout cas. »

Il sourit alors avec malice.

Mon Dieu, je déteste ça, pensa Mitsuha en grinçant des dents. Ce ver n’est pas un mercenaire, c’est une insulte ambulante au groupe de Sven, Wolfgang, et à ce type raffiné d’âge moyen qui est à côté de moi. C’est dégoûtant.

Le vieil homme et le fermier ne voulaient tuer personne, et il était tout à fait possible qu’ils se fassent eux-mêmes tuer. C’était en gros Mitsuha et le mercenaire contre les huit bandits. Cinq des bandits étaient évidemment des jeunots, mais là encore, on ne savait pas très bien quelle était la force des mercenaires de chaque côté.

Mitsuha jeta un coup d’œil à l’homme qui se trouvait à côté d’elle. Si vous me demandez, notre mercenaire semblait assez fort. Mais je ne sais pas s’il l’est vraiment.

Ils étaient clairement en infériorité numérique, et Mitsuha ne voulait pas attaquer avant que les bandits ne fassent savoir qu’ils étaient prêts à tuer. Elle savait que c’était naïf, mais elle devait envisager toutes les possibilités.

« Et toi, le mercenaire. L’extraterritorialité, c’est ça ? Allez, pars. »

Le vieux mercenaire n’avait pas bougé d’un pouce.

« Moi ? Je suis un, euh… garde engagé », répondit-il de sa voix grave.

Dans l’esprit de Mitsuha, la partie « mercenaire » avait été remplacée par autre chose.

Garde du corps, garde du corps, garde du corps…

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »

Un des bandits avait sorti son arme.

Les trois bandits expérimentés avaient tous des épées, tandis que les cinq autres avaient des épées et des lances, à trois contre deux. Un seul d’entre eux avait sorti son épée, ce qui donnait la possibilité à Mitsuha d’intervenir, selon ses propres règles.

B-B-BANG !

L’homme qui avait dégainé son épée avait été emporté par le vent.

« Hein… ? »

L’un des leurs était tombé par terre en un instant. Incapables d’assimiler ce qui venait de se passer, les bandits étaient figés sur place. Aucun bon mercenaire ne pouvait passer à côté d’une ouverture aussi évidente. Et le mercenaire du côté des passagers était vraiment bon.

Il sortit sa courte épée, couru vers les bandits, et taillada l’un d’entre eux avec une vitesse incroyable avant de tourner autour et d’en taillader un autre.

Il est fort !

En quelques secondes, l’ennemi avait perdu sa force principale. Les cinq encore debout paniquaient, mais ils n’avaient pas lâché leurs armes.

Vous pouvez avoir la chance du débutant avec des lances, alors je vais d’abord sortir les lanciers.

B-B-BANG ! B-B-BANG !

Le pistolet mitrailleur projeta ses trois coups.

Selon les critères de Mitsuha, le « ancien » dans « ancien fermier » était très important. Ils s’étaient abaissés bien trop bas et étaient maintenant de véritables bandits meurtriers. Mitsuha était certaine qu’ils avaient déjà tué des gens et que s’ils étaient laissés en vie, ils tueraient sûrement à nouveau. Pour autant qu’elle le sache, ces victimes pouvaient être quelqu’un de cher. Elle ne pouvait tout simplement pas les laisser partir.

Le mercenaire ne tarda pas à s’occuper des trois autres manieurs d’épée. Dans l’ensemble, c’était une victoire si parfaite que l’on ne pouvait pas parler de combat.

***

Partie 3

De retour dans la diligence tremblante, le fermier avait dit à Mitsuha tout ce qu’il savait sur le comté des Bozes. Il faisait de son mieux pour récompenser sa sauveuse par la connaissance. Les autres passagers s’étaient mis à la tâche et elle s’était retrouvée avec une quantité considérable de nouvelles informations, dont certaines n’étaient pas facilement accessibles.

Mitsuha avait également demandé au mercenaire, à l’homme âgé et au fermier de ne parler d’elle à personne. Ils avaient tous accepté. Les deux premiers semblaient habitués à garder des secrets, et le fermier ne pouvait pas refuser quelqu’un qui avait mis sa vie en danger pour sa famille.

Les autres étaient restés à l’intérieur du carrosse, ils n’avaient donc rien vu. Ils avaient entendu les coups de feu, bien sûr, mais ils n’avaient aucune idée d’où venaient les bruits. Les quatre combattants s’étaient également mis d’accord pour prétendre que chacun d’entre eux avait joué un rôle dans la défaite des bandits. Plus précisément, ils s’étaient mis d’accord pour dire que le mercenaire en avait tué cinq, tandis que les trois autres en avaient tué un chacun. Seule la première partie était vraie.

La diligence était maintenant pleine d’armes et d’objets de valeur pris aux bandits. Les passagers avaient prévu de les amener au seigneur local, où ils seraient contrôlés, puis de les rendre à celui qui les aurait apportés. Le contrôle était nécessaire pour savoir, par exemple, si les armes avaient été fournies aux bandits par un autre pays pour les laisser interférer avec les affaires locales. Il ne faisait guère de doute que les bandits étaient des restes de l’empire, et qu’ils devaient donc récupérer les choses immédiatement.

Comme Mitsuha n’allait pas dans le comté des Bozes, elle donna sa part des armes au fermier. L’homme essaya de refuser, mais elle l’avait convaincu en disant qu’elle n’allait pas dans la ville principale du comté, et qu’une fille normale sur le point de travailler en dehors de la capitale n’avait pas à avoir ce genre de choses. Le fermier lui avait dit qu’il ne vendrait pas sa part d’armes et qu’il les utiliserait plutôt pour s’entraîner et devenir assez fort pour protéger sa famille. Après toute l’affaire du bandit, sa femme et sa fille lui avaient fait confiance et l’avaient respecté plus que jamais.

Avant l’attaque, l’homme d’une vingtaine d’années avait parlé avec la jeune femme, mais maintenant elle l’avait complètement ignoré ou jetait simplement un regard furieux. Il était manifestement déprimé, mais son mépris était plutôt mérité.

On pourrait chercher partout sur la Terre et dans ce monde, mais on ne trouvera pas une seule femme qui sourirait à un homme prêt à la livrer à des bandits !

Une fois arrivée à un carrefour particulier, Mitsuha sortit du carrosse. Elle finirait le reste du trajet menant à sa terre en marchant. Elle l’avait provisoirement appelée « le comté de Yamano ». Les autres passagers lui firent signe au moment du départ, à l’exception du jeune homme, qui s’était assis en position fœtale.

Vous vous demandez peut-être pourquoi personne n’avait fini par découvrir qui elle était, mais la réponse à cette question est simple.

Nous vivions dans un monde sans télévision ni internet, la diffusion de l’information était donc lente et peu fiable. Plus elle était transmise, plus elle devenait mauvaise, comme un jeu extrême du téléphone. De ce fait, les seuls qui savaient à quoi Mitsuha ressemblait réellement et les détails de sa bataille contre l’empire étaient les gens qui étaient là pour la voir. Tous les autres avaient fini par être mal informés à des degrés divers.

De plus, la plupart des passagers n’étaient pas dans la capitale pendant la bataille, et ceux qui y étaient n’avaient entendu que sa voix déformée par les haut-parleurs. La plupart de ceux qui l’avaient vue n’avaient fait que l’apercevoir au loin.

Quant aux coups de feu, les sons entendus dans la capitale étaient ceux de RPG, de mitrailleuses lourdes et d’autocanons de 20 mm. Comparé à cela, le tir d’une arme de poing n’était rien. Les « soldats divins » avaient également utilisé ce qu’ils croyaient être de longues armes de foudre, et les armes de poing de Mitsuha n’approchaient même pas de cette description.

Peut-être que les bandits, en tant qu’anciens soldats de l’Empire, avaient réalisé ce à quoi ils étaient confrontés, mais comme le dit le proverbe, « les morts ne parlent pas. »

◇ ◇ ◇

Après huit jours de voyage sur terre et dix secondes sur l’eau, Mitsuha était finalement arrivée dans le comté de Yamano.

J’ai traversé une rivière. Et alors ?

En voyant la capitale du comté apparaître entre les arbres, elle était sûre d’une chose. Je n’appellerai pas ça une « capitale », ça, c’est sûr ! Ce n’est même pas une ville, c’est un village ! Appeler ça une capitale, c’est trop gênant ! Argh, je suppose que c’est une « ville ».

Avant d’entrer, elle avait décidé de rentrer chez elle. Elle était partie depuis plus d’une semaine, il devrait y avoir beaucoup de courrier électronique et postal empilé… et elle avait désespérément besoin d’utiliser la salle de bain et de prendre un bain.

◇ ◇ ◇

Mitsuha entra dans le village. Comme la route principale menait à la mer, c’était une véritable impasse. De ce fait, les voyageurs étaient rares, ce qui expliquait probablement pourquoi elle attirait tant l’attention.

Oh, c’est parce qu’une petite fille en robe est venue ici toute seule, sans aucun vrai bagage ? Très bien, alors.

Mitsuha avait faim, elle alla donc d’abord dîner au restaurant local — si ce terme s’appliquait à un endroit qui ne vend que des repas pour les locaux et par les locaux. Cette visite était aussi l’occasion de recueillir des informations, c’était pourquoi elle avait renoncé à manger chez elle. Elle commanda tout ce qu’ils avaient à offrir et demanda le nom du village. Ils l’appelèrent simplement « ville. »

Pas de nom ? Ce sont vraiment mes gens… Bien que ce ne soit pas un « village », alors, hein ?

Comme c’était une ville côtière, le repas qu’on lui avait donné était principalement à base de poisson, mais il n’y avait rien d’autre qui soit intéressant. Le restaurant se trouvait dans un petit coin d’une petite ville, et ce n’était pas encore l’heure du déjeuner, Mitsuha était donc la seule cliente. En discutant, elle demanda des avis sur le précédent seigneur responsable de la zone. Mais la propriétaire du restaurant n’était pas très bavarde à ce sujet.

Le fait qu’il soit un noble déshonoré leur avait fait honte à tous. On ne savait pas quel genre de personne serait le prochain seigneur, et il était peu probable que cette pauvre région déshonorée connaisse un jour un bon seigneur. La dame était peut-être prête à faire des commérages et à se plaindre auprès d’un proche, mais ce n’était pas quelque chose qu’elle mentionnerait à un étranger. Mitsuha n’avait cependant pas insisté sur ce point et s’était contentée de demander l’emplacement du manoir de l’ancien seigneur avant de poursuivre son chemin.

Le manoir se trouvait à la périphérie de la ville. Comme la ville était petite et que les bâtiments étaient rares, Mitsuha n’avait eu aucun mal à le trouver.

Je n’appellerai pas ça un « manoir ». Ce serait humiliant. « Résidence » semble être un terme plus exact. Les termes « maison » ou « habitation » seraient un peu tristes.

Portant toujours toutes ses possessions sur son dos, Mitsuha se rendit à la porte d’entrée et frappa dessus bruyamment avec ses poings.

« Oui ? Qui est-ce ? »

La porte s’ouvrit, et une servante qui ne semblait pas avoir plus de dix-sept ans se tenait là.

Bien que le seigneur précédent et sa famille avaient perdu leur statut de noblesse, les serviteurs n’étaient pas fautifs. À moins qu’ils ne soient des serviteurs personnels, on ne pouvait pas prendre des serviteurs sur des terres qu’ils avaient déjà possédées. De plus, le prochain seigneur aurait également besoin de serviteurs. La plupart d’entre eux étaient aussi des locaux qui avaient de la famille dans la région, ils ne pouvaient donc pas les abandonner.

Mais même s’ils étaient venus d’ailleurs, ni le seigneur ni les serviteurs ne savaient comment ils devaient agir. Par conséquent, en plus de ceux qui partaient de leur propre chef, les serviteurs restaient à la résidence et servaient le seigneur suivant.

Bien sûr, certains serviteurs démissionnaient s’ils décidaient que le remplaçant ne leur plaisait pas, et le nouveau seigneur pouvait renvoyer les serviteurs avec lesquels il avait des problèmes. Les serviteurs augmentaient également leurs chances d’être renvoyés s’ils étaient pris à parler de la façon dont les choses se passaient sous le seigneur précédent.

Quoi qu’il en soit, la plupart des domestiques étaient restés, prêts à l’accueillir. Bien sûr, aucun n’était à la charge du précédent seigneur.

Très bien, ce sont mes serviteurs… Pour l’instant, en tout cas.

« Hum, je suis Mitsuha », dit-elle.

« Hein ? Mitsuha ? »

La servante avait l’air perplexe.

« Mitsuha von Yamano. Vicomtesse et nouvelle dirigeante de ce comté. »

« Hein ? Oh, je vois. Attendez, QUOI ? ! »

Il fallait s’attendre à la réaction de la fille. Peu importe que le nouveau seigneur soit une fille qui n’avait pas l’air d’avoir plus de douze ans, il était très peu probable que le seigneur se rende seul sur son nouveau territoire.

« S’il vous plaît, rassemblez les serviteurs. Je les saluerai tous. »

« Hum, oui ! Tout de suite ! »

La servante se dépêcha de partir.

Une fois tous les serviteurs rassemblés, Mitsuha s’était adressée à eux.

« Bonjour, tout le monde. Je suis le nouveau seigneur local, Mitsuha von Yamano. Ce territoire est de la même taille qu’auparavant, mais il sera désormais dirigé par une vicomtesse, plutôt que par un baron. »

Les serviteurs furent choqués, et vous ne pouviez pas leur en vouloir. La vicomtesse était une noble plus puissante que le baron, et cela signifiaient beaucoup. Ils pouvaient désormais espérer une meilleure rémunération, un meilleur traitement et un meilleur statut social, car même les serviteurs étaient considérés différemment selon le type de noble qu’ils servaient. Le titre de « serviteur du vicomte » était un titre puissant, que ce soit pour trouver du travail ou chercher un conjoint. C’était comme la différence entre un couteau de table et une épée courte.

Ils avaient été informés que la capitale leur enverrait un nouveau noble pour les diriger, mais on ne leur avait rien dit de la personne en question. Des choses comme le rang, le sexe, l’âge et l’apparence étaient un mystère pour eux.

Bien sûr, c’était tout à fait intentionnel. La dissimulation de ces informations avait empêché les serviteurs de faire des suppositions injustes sur leur futur patron. Ils pouvaient tirer leurs propres conclusions une fois qu’ils le voyaient en personne.

C’était pourquoi de nombreux serviteurs étaient ravis. Ils travaillaient maintenant pour une vicomtesse — une gentille petite fille, en plus. S’ils jouaient bien leurs cartes et lui parlaient gentiment, ils pouvaient se faire une vie merveilleuse, et s’ils la manipulaient… les possibilités étaient infinies.

« Alors, voilà ! J’espère qu’on s’entendra bien. Je suis nouvelle dans ce domaine, alors aidez-moi de toutes les façons possibles. Et comme je l’ai déjà dit, je vous accorderai à tous des entretiens à une date ultérieure. Maintenant, veuillez retourner à vos fonctions. »

Mitsuha termina son introduction, en veillant à paraître aussi douce et courtoise que possible.

Certains avaient été soulagés d’avoir reçu une nouvelle chef sympathique. D’autres riaient en la sous-estimant, et d’autres encore devenaient moroses en se lamentant sur l’avenir de cette terre. Les impressions des dix-huit serviteurs n’étaient guère concordantes.

***

Partie 4

Mitsuha mangeait seule, car les serviteurs ne pouvaient pas manger aux côtés de leur chef. Et bien qu’ils se trouvaient dans une zone balnéaire, il y avait beaucoup de viande rouge sur la table.

Probablement les goûts du seigneur précédent, pensa Mitsuha.

Louant la nourriture, elle mangea tout ce qu’on lui présentait. Il était normal que les nobles reçoivent suffisamment de restes, elle avait donc manifestement exagéré cette fois.

Après avoir pris un bain, elle s’était enfermée dans sa nouvelle chambre et sauta dans sa maison sur Terre. Elle sauta alors à nouveau, apportant une petite boîte en carton qu’elle avait préparée au préalable. Ensuite, elle déverrouilla la porte et fit le tour de sa résidence. Elle regarda les domestiques travailler, les encourageant ici et là, puis elle retourna dans sa chambre. Agenouillée devant le carton — qui était nettement plus vide qu’auparavant — elle sortit divers équipements de sécurité et les disposa autour de la porte et des fenêtres. Une fois qu’elle en eu fini, elle s’était endormie.

Bip.

Mitsuha avait été réveillée par un bruit électronique. Il s’agissait d’une alarme qui se déclenchait lorsque quelque chose passait devant le laser de sécurité à sa porte. Saisissant le Walther sous ses draps, elle s’était retournée et vit la femme de chambre qui l’avait accueillie à la porte hier.

« Bonjour. Vous êtes déjà réveillée ? », demanda la bonne.

« Bonjour ! J’ai si bien dormi ici. Le petit déjeuner est-il prêt ? »

Mitsuha lâcha son arme et sourit.

Après le petit-déjeuner, elle fit une autre promenade dans la résidence. Une fois de retour dans sa chambre, elle plaça un chiffon sur la poignée de la porte pour couvrir le trou de la serrure et sortit un tas d’appareils électroniques. Il s’agissait de très petits enregistreurs vocaux qu’elle avait achetés à Akihabara. Ils commençaient automatiquement à enregistrer lorsqu’ils captaient un son, puis s’arrêtaient après un certain silence. Elle les avait installés un peu partout la nuit dernière.

« Écoutons donc ce que vous avez tous capté. »

Elle fit alors un sourire malicieux.

◇ ◇ ◇

Mitsuha était un seigneur de bonne humeur et douce. Elle souriait toujours, veillait sur ses serviteurs et se promenait dans les villages de pêcheurs, de montagne et d’agriculteurs de sa région pour saluer les habitants. Mais beaucoup pensaient qu’elle était en mauvaise santé, car elle se retirait souvent dans sa chambre à midi.

Pensant savoir quel genre de personne était Mitsuha, certains serviteurs recommencèrent à diluer les dépenses ou à faire des affaires secrètes avec des marchands. Ils s’étaient abstenus de faire ces activités jusqu’à ce qu’ils sachent à quel seigneur ils avaient à faire, mais maintenant que cela était fait, ils les faisaient presque effrontément. Il y avait aussi des préposés qui s’enfuyaient pendant les heures de travail après avoir laissé leur travail à d’autres, des majordomes qui s’approchaient agressivement des filles du village, des servantes qui sortaient en douce des marchandises de la résidence, etc.

Le majordome en chef avait remarqué le danger et exprimé ses inquiétudes, mais Mitsuha continua à sourire comme si de rien n’était. Son serviteur diligent et fidèle était désemparé. Si ces ingrats étaient autorisés à continuer, notre comté sera en plein désarroi. Il fallait faire quelque chose.

Les jours passèrent, et la mauvaise conduite ne montra aucun signe d’arrêt.

« Il est temps », dit Mitsuha. Il est temps de sévir.

« Très bien. Vous êtes tous les six renvoyés pour conduite indigne d’un domestique », déclara Mitsuha tout en regardant les coupables.

Ce fut si brusque que les serviteurs accusés explosèrent d’indignation.

« Quelle est cette idiotie ? Pourquoi moi !? »

« Est-ce une sorte de plaisanterie ? Vicomtesse ou pas, vous ne pouvez pas renvoyer quelqu’un sans raison légitime ! »

Mitsuha les regarda avec une expression glaciale.

« Idiotie ? Et qui est l’idiot ici ? »

« Qu… Quoi ? »

« Je demande, qui est l’idiot ici ? ! »

Les cris de ce qu’ils croyaient être une vicomtesse faible et molle ébranlèrent leur bravoure.

« Hans. J’ai toujours loué ta cuisine, n’est-ce pas ? », dit-elle en se tournant vers un homme en particulier.

« Hein ? Euh, oui… »

Han — le chef cuisinier — était déconcerté.

« Oui, j’ai toujours dit que ta nourriture était bonne, mais pour une raison inconnue, le goût n’a fait qu’empirer. Les éloges ne devraient pas normalement te motiver à faire un travail encore meilleur ? »

Le chef s’était tu.

« Pourquoi cela n’est-il pas arrivé ? Connais-tu la raison ? »

À chaque mot qu’elle prononçait, il devenait plus pâle.

« C’est parce que tu pensais qu’un enfant comme moi ne remarquerait pas la baisse de goût et tu as donc choisi des ingrédients de mauvaise qualité. Ils sont devenus de moins en moins chers, mais pour une raison inconnue, nos dépenses de cuisine sont restées les mêmes. N’est-ce pas étrange, Hans ? »

Hans était maintenant blanc comme un linge.

Mitsuha était ensuite passée à l’homme à ses côtés.

« Hé, Gunther, il n’y a pas un problème avec les quantités de blé ? »

« Pardon ? »

« La quantité de blé que nous avons gagnée en taxe auprès des villages et la quantité que nous avons vendues aux marchands sont légèrement différentes, n’est-ce pas ? Quelqu’un écrit les mauvais chiffres. Et qui ferait ça, hein ? Personne n’a remarqué ? Qui est responsable de ça, déjà ? »

« Euh… »

« Tilde, avant-hier, tu as confié ton travail aux femmes de ménage et tu es allée quelque part, n’est-ce pas ? Tu as aussi pris beaucoup de nos épices. Tu as encore rendu visite à ce tailleur ? Celui qui a une femme et des enfants ? »

La femme de chambre s’était effondrée sur sa chaise.

« Et le reste ? Voulez-vous entendre ce que j’ai à dire sur vous ? »

C’était une question intense de la part du seigneur qu’ils avaient trouvé douce, bien élevée et gentille.

Aucun des trois autres ne savait comment y répondre.

« Savez-vous pourquoi je suis vicomtesse ? Ce n’est pas parce que j’ai eu un père vicomte qui est mort prématurément. J’ai obtenu ce titre moi-même. Je suis la première, la seule, vicomtesse Yamano ! Ne me sous-estimez pas ! »

Le regard de Mitsuha étouffa l’air de la pièce.

« Encore une fois, vous êtes tous renvoyés à cause de votre mauvaise conduite. Il vous sera probablement difficile de trouver du travail maintenant. Vous avez une heure pour faire vos valises et partir. Si vous êtes encore là après cette heure, je vous considérerai comme des intrus dans la propriété du vicomte, après quoi je vous capturerai et vous exécuterai. Dégagez ! »

Six corps s’étaient précipités hors de la pièce. Mitsuha les ignora et parla au vieux majordome à ses côtés.

« Désolé si je t’ai inquiété, Anton. Je ne vais plus inspecter les documents la nuit. Je dormirai bien, donc je n’irai également pas me coucher à midi. »

Elle lui avait remis des documents présents dans sa poche.

« Ces marchands acceptent des pots-de-vin. Arrête tout commerce avec eux. Et nous avons des gens ordinaires qui se mêlent des affaires des autres. Observe-les et traite-les en conséquence. »

« Ma parole… Dame Mitsuha… »

Les yeux d’Anton débordaient de larmes.

« Aussi, la nouvelle femme de chambre est Kathe. Qu’elle me rende fier. »

Mitsuha retint un bâillement.

« Anton, tu sais ce que j’ai dit sur le fait de ne pas dormir pendant la journée ? J’ai menti ! Je vais faire une sieste. Oh, et à partir de demain, je vais m’occuper sérieusement de l’aménagement de mon territoire. On sera tous occupés à partir de maintenant. Bonne journée à tous, tout le monde. Rompez ! »

Sur ce, Mitsuha quitta la pièce.

Les douze serviteurs laissés derrière restèrent juste là complètement ébahis. Ils avaient été bien sûr surpris par son changement soudain, mais ils avaient ressenti autre chose. Était-ce de l’étonnement ? De l’amusement ? Des frissons ? De la curiosité ? De l’excitation ?

Cela devait être de l’excitation pure. Ils savaient que quelque chose d’intéressant les attendait. Quelque chose d’amusant allait bientôt se produire. Au moins, il était clair que demain serait plus agréable qu’aujourd’hui.

L’un d’eux remarqua un autre serviteur qui souriait.

« Lorena, pourquoi souris-tu ? »

« Hé, tu souris aussi ! »

Le premier serviteur ne s’en était même pas rendu compte.

◇ ◇ ◇

Alors que Mitsuha jouait la gentille fille aux manières douces, elle avait eu de nombreuses occasions de sauter entre les mondes. Elle sautait sur l’occasion chaque fois qu’elle le pouvait, que ce soit en s’enfermant dans sa chambre ou en se promenant sur son territoire pour recueillir des informations.

Une fois, elle avait annoncé qu’elle allait faire une brève excursion pour en savoir plus sur son comté. Partant sans être accompagnée, elle s’était rendue au Japon pour discuter avec des fournisseurs d’équipements électriques de la modernisation de sa vie dans la résidence du comté de Yamano. C’était la deuxième fois qu’elle le faisait, et elle parla avec les mêmes vendeurs qu’auparavant, si bien que toute l’épreuve s’était déroulée sans problème.

Il était alors temps de vérifier son courrier électronique et sa boîte aux lettres. Voyons voir… Oh, Micchan revient de l’université pour les vacances. C’est bien ! Et la dame aux robes folles me demande si je dois faire une robe pour une jolie jeune fille. Non, pas encore. Peut-être que je devrais demander une robe pour Sabine ? Mais elle sera payée en pièces d’or. Mais elle aimerait sûrement ça encore plus que les yen.

Peu de temps après, en naviguant sur Internet, elle était tombée sur une nouvelle de dernière minute.

Hein ? « Le dragon enfin découvert » ? Quel genre « de pièges à clics » est-ce ? Attendez, est-ce bien ce que je crois que c’est ? !

En un instant, Mitsuha s’était rendue au quartier général des mercenaires.

◇ ◇ ◇

Les membres de Wolfgang avaient été payés quelques jours après l’invasion. Comme le roi et les nobles avaient payé plus que prévu, leur compensation avait fini par atteindre 60 000 pièces d’or. Bien sûr, Mitsuha avait pris une part, ce qui la poussait plus près de son but. Ses « poches profondes » se remplissaient lentement.

Comme Mitsuha le découvrit bientôt, les mercenaires étaient tellement excités par leur victoire qu’ils voulaient être connus comme « Tueurs de Dragons » et montrer leur trophée au monde entier. Ils lui avaient assuré qu’ils garderaient son identité secrète à tout prix, de sorte qu’elle n’avait rien à craindre de ce dont ils voulaient se vanter. Ils pouvaient faire passer n’importe quel détail de leur histoire de guerre sauvage sans l’inclure.

À ce stade, les mercenaires étaient convaincus qu’elle était une princesse de l’autre monde qui avait le pouvoir magique de voyager entre la Terre et l’endroit où elle se trouvait. Ils croyaient qu’elle était venue dans leur monde pour apprendre et absorber tout le savoir qu’elle pouvait. Sa capacité à parler dans n’importe quelle langue devait être une sorte de magie de traduction, par conséquent elle pouvait utiliser la magie, par conséquent elle venait d’un autre monde. Ils pensaient également qu’elle avait quelques siècles de plus qu’elle n’en avait l’air, mais ils étaient allés un peu trop loin.

Mitsuha pensait qu’ils ne s’étaient vantés du dragon qu’auprès d’autres groupes de mercenaires, mais cela allait bien au-delà. Selon le capitaine, ils n’avaient plus la dépouille. Elle avait été emmenée dans un laboratoire universitaire. Un savant s’était intéressé aux lapins à cornes et leur avait laissé ses coordonnées. Quand les mercenaires l’avaient appelé, il avait immédiatement pris l’avion. En voyant les restes du vrai dragon, il avait été emporté dans un élan d’excitation. Il avait appelé ses contacts dans le monde entier, et la base des mercenaires ne tarda pas à grouiller de scientifiques.

***

Partie 5

Les mercenaires de Wolfgang avaient prévu une explication. Ils expliquèrent qu’une princesse d’un autre monde les avait convoqués, ainsi que leurs armes et leurs véhicules, dans son monde pour faire opposition à l’armée d’un roi démoniaque. Les mercenaires avaient gagné et étaient rentrés chez eux, ramenant un dragon dans leur bagage. Même eux croyaient à cette histoire dans une certaine mesure, il était donc difficile pour les autres de douter d’eux.

En racontant cette histoire à leurs invités, ils cachaient le fait que Mitsuha pouvait aller d’un monde à l’autre à volonté et qu’elle était une visiteuse régulière. Au lieu de cela, ils avaient insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une rencontre unique dans une vie. Quant à son nom, ils avaient affirmé qu’il s’agissait de la « Princesse Nanoha ». Tout comme ce personnage, Mitsuha était petite, avait un penchant pour les armes à feu et avait tendance à tirer avant de poser des questions. Selon toute vraisemblance, l’un des mercenaires était vraiment obsédé par l’animation japonaise.

Normalement, personne ne croirait à une histoire aussi clichée, mais le cadavre du dragon en était la preuve suffisante. Un certain éditeur de roman fantastique avait supposé qu’il s’agissait d’une campagne de relations publiques non officielle pour l’une de leurs adaptations cinématographiques et les avait accusés de violation des droits d’auteur. Mais comme le dragon était bien réel, ils n’avaient pas de quoi se défendre. Leur intervention avait cependant fait naître la question de savoir ce qu’il adviendrait d’une adaptation cinématographique de tout cela. Non seulement leur histoire était grande et glorieuse, mais les expériences et les analyses de l’ADN du dragon pouvaient être une grande bénédiction pour eux.

Apparemment, les deux membres qui étaient en vacances pendant l’invasion, incapables de participer, avaient été dévastés au point d’en pleurer. Le reste de l’équipe avait eu tellement pitié d’eux que le paiement, au lieu d’être réparti entre les participants, avait été déposé dans les fonds du groupe et partagé entre tous les membres comme prime. De cette façon, même ceux qui n’avaient pas participé avaient reçu une part du gâteau, même si elle était un peu plus petite que celle de ceux qui avaient participé.

Bien entendu, tout le paiement n’avait pas été versé. Ils avaient laissé quelques centaines de millions de dollars dans leur trésorerie pour les armes et l’entretien, ainsi que pour le soutien éventuel de ceux qui pourraient prendre leur retraite en raison de leur âge, de blessures ou de maladies.

Les deux mercenaires qui avaient manqué l’événement ne voulaient pas d’argent. Ils s’étaient plaints de la façon dont ils voulaient le titre de « Tueurs de Dragon », pour voir l’autre monde et servir la princesse.

Dommage, se dit Mitsuha une fois qu’elle fut enfin partie. Mais cela ne me regarde pas.

 

◇ ◇ ◇

Un jour, quelques invités étaient venus frapper à la porte de Mitsuha. Le majordome en chef l’avait informée qu’il y avait trois hommes. Ils ne connaissaient pas son lien avec les événements de la capitale et étaient simplement venus rencontrer le nouveau noble. Mitsuha devina qu’ils cherchaient soit à obtenir un poste plus élevé, soit à la soudoyer ou à la menacer. Elle envisagea de les repousser, mais en entendant ce qu’ils prétendaient être — un scientifique, un mercenaire et un marchand — elle remarqua leur diversité et se dit qu’il était difficile de devenir un vassal en chef ou un directeur financier à partir de ces postes.

Ils ont fait tout ce chemin jusqu’à cette zone rurale, alors je suppose qu’il est juste de les rencontrer. Je vais les évaluer dans la salle de réception. Quoi ? Pourquoi pas une salle du trône ? Je n’en ai pas. Ce n’est pas un palais royal. Il y aussi, un scientifique ? Ici ? Est-ce que le traducteur dans mon cerveau a fait une erreur ?

La fête de bienvenue dans la salle de réception comprenait Mitsuha, Anton le majordome, les trois femmes de chambre, trois femmes de chambre normales et trois serviteurs debout près des murs. Elle avait préparé tant de gens au cas où les invités ne seraient pas venus parler et auraient besoin de retenue, ou quelque chose de ce genre.

Bien sûr, elle avait équipé sa ceinture d’armes pour les pires scénarios. Le Walther qu’elle avait toujours sur l’épaule prenait après tout trop de temps à sortir. La table était grande et il y avait beaucoup d’espace entre elle et les chaises des invités, de sorte qu’elle avait plus qu’assez de temps pour sortir son arme et tirer.

« Voici Son Excellence la vicomtesse Yamano. »

Menés par une femme de ménage, les trois invités entrèrent.

« Pardonnez la visite soudaine. »

Celui qui se trouvait à l’avant gela instantanément et s’était tu tout de suite après être entré.

« Hé, qu’est-ce qu’il y a », commença le second.

Le troisième n’avait pas dit un mot et s’était contenté à rester debout.

« Mitsuha ! », s’écrièrent les deux premiers.

« Hein ? Eh bien, si ce n’est pas le mercenaire et le marchand. »

Je devrais vraiment me souvenir de leurs noms.

« Pourquoi êtes-vous ici ? »

« Je suis la vicomtesse ici, Mitsuha von Yamano. »

« Vous voulez dire “la fille du vicomte”, n’est-ce pas ? »

« Non. »

Les trois étaient à court de mots.

« Alors pourquoi montiez-vous dans cette calèche ? »

« Je n’avais pas d’autre option. »

« Pourquoi étiez-vous seule ? »

« Parce que je n’avais pas de vassaux ni de subordonnés. »

Incapables de répondre, ils s’étaient maladroitement tus.

Mitsuha leur offrit du thé et des en-cas, et ils s’étaient mis au travail.

« Alors, que faites-vous tous les trois ici ? », demanda-t-elle.

« Eh bien, tout d’abord, nous sommes venus ici ensemble parce que nous avons pris la même diligence. Nous sommes tous ici pour nos propres affaires », déclara le marchand. Les deux autres avaient hoché la tête.

Il était logique qu’ils soient venus ici après avoir visité le comté de Bozes. Ils avaient dû se refaire une beauté avant de venir ici. Après tout, la ville principale de Mitsuha n’avait pas d’auberges avec des services de bain. De plus, il était logique que quelqu’un qui était dans cette calèche depuis plus de dix jours soit venu ici parce qu’il avait entendu parler du nouveau seigneur local. Ils n’avaient certainement pas l’air d’être des connaissances lorsque Mitsuha voyageait avec eux.

« Alors, je vais vous écouter séparément », dit Mitsuha.

« Très bien. Permettez-moi de commencer. »

Le premier à se mettre en avant fut le marchand. L’identité de Mitsuha en tant que vicomtesse Yamano l’avait surpris, mais comme il avait parlé avec elle lors du voyage, il s’était rapidement mis en rapport avec elle.

« Je suis Petz. Un marchand, comme vous le savez. Je suis venu ici pour vous parler de la circulation des marchandises », avait-il dit pour commencer.

Vous savez, je l’appelais « marchand » dans la diligence, c’est donc la première fois que j’entends son vrai nom.

Selon Petz, le prédécesseur de Mitsuha avait contrôlé tout le commerce extérieur, interdisait aux marchands des autres comtés de faire des affaires, et empêchait l’argent local de sortir de ses terres.

En apprenant que le précédent seigneur était remplacé, Petz était venu avec l’espoir d’ouvrir un nouveau marché. Le comté de Yamano était si éloigné qu’il était difficile de rentabiliser le voyage ici, mais comme il était juste à côté du comté des Bozes, il pouvait l’intégrer aux routes commerciales qui passaient par là, ce qui valait du temps et des efforts. Mais vu qu’il était si jeune, il avait déclaré qu’il aimerait mûrir aux côtés du jeune comté de Yamano.

Oui, nous allons grandir. Quoi qu’il en soit, j’avais besoin d’un commerçant ayant des liens avec la capitale, et Petz est clairement un type digne de confiance.

Hein ? Vous dites que je suis aussi une marchande de la capitale ? Hé, j’ai besoin d’un gars qui vend des marchandises de ce monde. À quoi bon échanger des articles de la Terre entre ici et la capitale ?

« Très bien, Petz. Faites-le, s’il vous plaît. Et si vous le pouvez, achetez les produits de notre comté et vendez-les dans la capitale. Nous avons bien besoin du poisson séché et mariné. J’ai aussi des projets pour en développer de nouveaux. »

« Oh, ce serait tout simplement splendide ! »

« C’est nouveau pour moi, alors pensez-vous pouvoir me rendre visite à nouveau dans quelques jours ? Nous discuterons des détails à ce moment-là. En attendant, je vais parler aux serviteurs et aux villageois pour en savoir plus. »

« Très bien. Je vais rester dans le villa — je veux dire, l’auberge du village pour le moment. »

Oui, je peux tout à fait comprendre qu’on appelle ça un village.

« Maintenant, M. le mercenaire, pourquoi êtes-vous ici ? »

« Je m’appelle Willem. Je suis effectivement un mercenaire. Je me suis lassé de la vie citadine et je voulais me détendre dans une campagne paisible, mais je ne suis bon qu’à me battre. En réfléchissant à ce que je pouvais faire, j’ai entendu parler de cet endroit. 

Ce comté est encore plus rural que les terres des Boz, il n’a presque pas de population et il manque un vassal, chevalier ou mercenaire compétent. Il est complètement sans défense, alors j’ai pensé que vous pourriez m’engager jusqu’à ce que vous rassembliez quelques vassaux et une force de défense adéquate. Et ne vous inquiétez pas, je ne cherche pas à devenir un vassal officiel moi-même. »

Eh bien, en voilà quelqu’un d’honnête, pensait Mitsuha. Mais il a raison. Si je n’étais pas là, ce territoire pourrait être détruit par un seul groupe de bandits d’une taille décente. Nous avons besoin d’une défense dès que possible, et pour cela, nous avons besoin de quelques employés clés. Un homme raffiné d’âge moyen comme Willem conviendra parfaitement à ce rôle. C’est un vrai homme parmi les hommes.

« Très bien. Comme je l’ai dit à Petz, nous allons revoir ça dans un futur proche. »

« J’attends cela avec impatience, madame. »

« Enfin, il ne nous reste plus que… celui qui a essayé de me livrer aux bandits. Je suis tout ouïe. »

« Quoi !? »

L’homme avait été surpris par ma franchise.

Hé, mec, c’est comme ça que je te connais ! Je ne connais pas ton nom ou ce que tu fais, et cela me parais bizarre d’appeler quelqu’un juste par les apparences et de t’appeler, genre, « mec qui a la vingtaine » ou quelque chose comme ça.

Anton et les autres serviteurs avaient silencieusement lancé des regards noirs sur lui, le faisant transpirer.

« Je m’appelle Yorck. Je suis un scientifique. », dit-il.

Quel nom !

« Eh bien, Yorck, je vous écoute. »

« Nous, les scientifiques, sommes des chercheurs de vérité. Nous étudions et recherchons sous la direction de Platidus, notre professeur dans la capitale. Lorsqu’il a appris l’arrivée du nouveau seigneur, il m’a envoyé ici dans l’espoir que le jeune esprit malléable responsable ici soit ouvert à l’apprentissage de nouvelles choses et soutienne notre marque de savoir. Si vous pouviez me prendre comme conférencier invité temporaire, je pourrais vous transmettre des fragments de sagesse de l’école de pensée de Platidus. »

Voilà qui avait suscité l’intérêt de Mitsuha.

« Quel genre de sagesse ? »

Il pensa un instant, fouillant dans ses archives mentales pour trouver la bonne idée qui me mettra en appétit.

« Hmm… Et bien, que diriez-vous si je vous disais que ce n’est pas le soleil qui tourne autour de ce monde, mais l’inverse ? »

Regardez ce visage suffisant.

« Oh, la théorie héliocentrique. Vous allez me dire que cette terre est en fait une sphère qui tourne autour de son propre axe et que c’est ce qui nous donne le jour et la nuit. Mais c’est évident, n’est-ce pas ? », répondit Mitsuha.

« Comment avez-vous… ?! »

« Rien d’autre ? »

« Alors, euh, et la raison pour laquelle les arcs-en-ciel apparaissent dans le ciel ? »

« Quand la lumière frappe les gouttelettes d’eau dans l’air, elles sont divisées en différentes couleurs selon l’angle sous lequel elles entrent, n’est-ce pas ? C’est pourquoi les arcs-en-ciel n’apparaissent que lorsqu’il y a du soleil pendant et après la pluie. »

« Ngh ! »

Yorck s’était frénétiquement nettoyé le front.

« C’est tout ? »

« Pourquoi vous… ! Le mystère de la lune, alors ! Pourquoi disparaît-elle lentement pour revenir plus tard ? »

« Oh, elle ne disparaît pas vraiment. Elle est en orbite autour de ce monde, et on dirait qu’elle disparaît et revient seulement parce qu’on voit la partie qui n’est pas bloquée, n’est-ce pas ? Ça suffit, on perd du temps ici. »

« Ce n’est pas possible ! » Yorck avait saisi sa tête et il tomba à genoux.

« Honnêtement, même si je pouvais apprendre quelque chose de vous, je le refuserais juste parce que vous êtes quelqu’un qui abandonnera les femmes et les autres passagers juste pour sauver sa peau. Du moment que cela provient de vous, j’ai comme l’impression que ça me souillerait. »

Mitsuha appela une femme de ménage.

« Vous pouvez partir maintenant. Emmenez-le dehors. »

Willem tremblait d’agitation.

« Je peux vous dire que vous en savez beaucoup. C’est même stupéfiant. Mais vous… vous êtes un diable sans pitié ! »

Petz approuva de la tête ses paroles.

Hé, la flatterie ne vous mènera nulle part !

 

***

Partie 6

Mitsuha fit attendre ses invités quelques jours, car c’était le temps que ses serviteurs avaient besoin pour faire le ménage. Une fois qu’ils avaient fini, elle se mit au travail.

Tout d’abord, elle avait donné l’ordre que personne ne puisse entrer dans sa chambre sous aucun prétexte. Elle utiliserait son bureau pour la paperasserie normale et pour donner des ordres à ses domestiques et autres subordonnés, mais elle avait besoin d’un environnement plus sûr pour traiter des documents plus importants et travailler sur le PC qu’elle avait ramené de la Terre.

Mitsuha devait également veiller à sa propre sécurité. Elle avait chassé les six serviteurs malveillants, mais il y avait maintenant six personnes quelque part qui lui en voulaient. Elles pouvaient facilement aider les bandits ou les espions en leur divulguant des informations.

Et bien que les autres serviteurs ne l’aient pas trahie jusqu’à présent, ils pouvaient toujours être soudoyés ou menacés pour le faire, par exemple si des membres de leur famille étaient pris en otage. C’était pourquoi Mitsuha stockait tous ses objets top-secret dans sa chambre, qui était équipée d’une sécurité maximale. Grâce à cela, elle pouvait dormir sur ses deux oreilles la nuit.

Laisser quelqu’un entrer là-dedans sera un non-absolu. Les femmes de chambre avaient insisté pour que je les laisse nettoyer ma chambre, mais elles avaient cédé quand je leur avais dit que je pouvais le faire moi-même.

Ensuite, il était temps de rendre son habitat plus agréable. Pour cela, elle voulait apporter sa propre salle de bain, ses ustensiles de cuisine et des réservoirs d’eau avec des pompes du Japon. À l’heure actuelle, la cuisine et le puisage de l’eau étaient des tâches effectuées par des domestiques. En réfléchissant à tout cela, quelque chose lui était venu à l’esprit.

Dois-je vraiment apporter tout cela ? Si je le fais, les domestiques qui s’occupent de ces choses perdront leur emploi, non ? Ce sont des gens bons et consciencieux. Je ne veux pas que le niveau de chômage de mon pays augmente juste à cause de mon propre égoïsme.

Finalement, Mitsuha avait décidé de ne mettre en place que son système de sécurité, un système audiovisuel, un mini-frigo, un support de lampe LED, un ventilateur, un chauffage électrique et un générateur pour alimenter tout cela. Elle avait complètement renoncé à la climatisation.

Il était maintenant temps de se réapprovisionner en employés. Un tiers d’entre eux ayant été licenciés, elle avait besoin de remplaçants, ainsi que d’une force de défense.

Je vais probablement devoir embaucher des gens de mon propre comté. Après tout, je ne peux pas les faire venir d’autres comtés, et les gens libres de la capitale mettraient trop de temps à arriver ici. Hmm, laissez-moi en parler avec Anton.

Mitsuha voulait commencer par embaucher quelques personnes de confiance, puis se développer à partir de là. Après tout, elle prévoyait de participer à toutes sortes d’opérations. Elle prévoyait même de rechercher les spécialistes appropriés dans la capitale le moment venu.

Mitsuha avait chassé le chef cuisinier, mais elle était satisfaite du jeune sous-chef qu’ils avaient encore. Sous l’ancien seigneur, le chef s’occupait de la cuisine de la famille noble, tandis que le sous-chef s’occupait de la préparation et des repas des domestiques.

Honnêtement, un seul chef me suffit. Les serviteurs ne mangent pas en même temps, ils se relaient. De plus, je n’ai pas besoin de gros repas fantaisistes avec toutes sortes d’options que je ne mangerai probablement jamais. Il se débrouillera très bien tout seul.

Hein ? Il y a quelqu’un à la porte ?

Oh, c’est le mercenaire et le marchand. Non, bien sûr que je ne les ai pas oubliés. Probablement.

« Désolée de vous avoir fait attendre, je suis vraiment désolée. “Le temps, c’est de l’argent”, et c’est encore plus vrai pour les mercenaires et les marchands. »

« Oh, ne vous inquiétez pas. Vu ce que l’avenir nous réserve, ça ne m’a pas dérangé d’attendre quelques jours », déclara Petz.

« Ouais. Pareil pour moi », ajouta Willem.

Eh bien, c’est bon à savoir. Il est temps de parler affaires.

Petz consulta Mitsuha au sujet des marchandises et des taxes. Les taxes différaient selon les comtés. Les principaux lieux de commerce et les campagnes peu peuplées étaient radicalement différents, ce qui était assez évident. Comme son comté connaissait des conditions similaires à celles des Boz, Mitsuha décida de rendre ses échanges commerciaux similaires au leur, mais faire une réduction de 20 % du prix de vente lui semblait raisonnable. Une terre éloignée comme la sienne signifiait déjà une augmentation des frais de voyage, et le pouvoir d’achat local était encore assez faible.

Par la suite, Petz et elle avaient imaginé une route commerciale. Elle commencerait par la capitale, se rendrait dans le comté des Boz, puis dans le comté de Yamano avant de repartir. Petz s’arrêterait également dans les villes et les villages le long de la route, et lorsqu’il arriverait sur le territoire de Mitsuha, il aurait vendu les meilleures marchandises de la capitale. Les habitants devaient choisir parmi le reste de la marchandise, ou ce qu’il avait acheté au cours de ses voyages.

Au retour, Petz passerait par les mêmes villes et achèterait des marchandises à vendre dans la capitale. Cela réduirait la distance qu’il aurait à parcourir, diminuerait la détérioration des denrées périssables et les dégâts en cas d’attaque de bandits.

Pour inciter le commerçant à faire venir des marchandises sur son territoire, Mitsuha devait le rendre rentable, que ce soit en autorisant une certaine souplesse dans les prix ou en réduisant les taxes. Les taxes ne pouvaient cependant pas être trop basses, car cela réduirait évidemment les recettes du comté.

Je dois également maintenir un bon équilibre avec les autres comtés. Hmm…

« Et si je taxais vos marchandises à vingt pour cent, et que vous nous remettiez les articles que vous ne vouliez pas emporter avec vous pour que nous puissions faire des ventes en consignation avec eux. Nous nous occuperions de cela dans notre magasin local, de sorte que vous n’auriez pas besoin d’acheter de l’espace ou d’engager des travailleurs. Vous n’aurez aucune charge financière à supporter. J’enverrais aussi des objets artisanaux fabriqués dans notre atelier secret. Ils vont forcément faire un tabac, croyez-moi. Je pourrais aussi faire des ventes en consignation avec ça, si vous voulez prendre en charge la commission. »

« Hein ? »

Petz ne pouvait presque pas croire l’offre lucrative de Mitsuha. Le faible taux d’imposition — plus bas que dans le comté des Boz, d’ailleurs — était une chose, mais l’idée qu’il puisse transformer tous ses surplus en argent liquide sans rien dépenser était encore plus alléchante. Après tout, les marchandises qui ne se vendaient pas lors de sa première visite dans une ville n’étaient pas susceptibles de se vendre lors de sa seconde. Un commerçant préférerait avoir plus d’espace pour les choses qu’il pourrait vendre à la capitale.

Si quelqu’un prenait toutes les marchandises qu’il ne pouvait pas vendre, il n’aurait pas à en acheter de nouvelles en plus petite quantité. Cela lui permettrait de laisser la capitale approvisionner suffisamment de biens de qualité supérieure pour fournir les deux comtés. Et un accord de consignation gratuite était comme un magasin gratuit pour lui.

« Euh, oui, s’il vous plaît ! », répondit-il à la hâte.

« L’atelier secret » était bien sûr un mensonge. Mitsuha avait simplement l’intention de revendre des marchandises provenant de magasins à prix réduit sur Terre, évitant ainsi toute vente au magasin général de Mitsuha. Cela augmenterait sûrement ses profits et la valeur de sa visite dans le comté de Yamano, peut-être même la fréquence des touristes et des visiteurs.

Cependant, tout cela n’était qu’une solution temporaire. Elle devait agir rapidement et faire en sorte que les choses puissent continuer sans elle.

C’est formidable et tout, mais en fin de compte, c’est une solution d’urgence. Je dois agir vite et m’assurer que les choses pourront continuer ici si je disparais. Il faut donc que je pense à quelque chose qui puisse être fabriqué dans mon comté et vendu à profit.

Mais d’abord, je dois créer un magasin géré directement par le gouverneur local… moi-même.

Mitsuha et Petz n’avaient pas encore discuté des marchandises qu’il devait apporter et de la fréquence de ses visites, mais comme celles-ci nécessitaient l’avis d’Anton, des serviteurs et des habitants, ils avaient décidé de peaufiner cela plus tard.

Le prochain était le mercenaire, Willem.

« Une idée du type de défense dont nous aurons besoin ? », demanda Mitsuha.

Willem fit un sourire forcé.

« Eh bien, cela dépend de l’ennemi, donc je ne peux pas vous en dire plus. Bien que, géographiquement, ce ne soit pas un endroit qui pourrait être facilement attaqué par un autre pays, vous pouvez donc probablement vous attendre à tout, des petits groupes de monstres aux grandes bandes de bandits. »

Le comté de Yamano comptait 676 habitants : 260 dans la ville principale, 290 au total dans les trois villages agricoles, 79 dans les deux villages de montagne et 47 dans le village de pêcheurs. Pour un territoire de vicomte, la population était assez faible.

C’est pourtant ce que je voulais. C’était la terre d’un baron… mais que dois-je faire pour la protéger ?

« Dois-je faire venir quelqu’un de l’extérieur ou regarder parmi les miens ? »

« Hmmm. Cet endroit est loin, donc engager quelqu’un de la capitale coûterait cher. Quiconque a de la famille là-bas ne voudrait pas non plus partir. Et n’oublions pas la loyauté. »

Les étrangers pourraient choisir de déserter lorsqu’ils étaient acculés dans un coin, ou peut-être même décider de devenir des bandits juste après avoir été embauchés. Cette région était si obscure qu’il n’était pas impossible de tuer la famille d’un seigneur et de s’enfuir avec sa fortune. Pire encore, les meurtriers pouvaient très bien ne pas se faire prendre. C’était un monde sans photos, sans journaux, sans télévision, et on ne pouvait pas espérer une véritable enquête.

Je suppose que je vais rentrer chez moi ! Cela m’aidera aussi à chercher des candidats potentiels. Je vais devoir demander à Willem de les former. Mais combien de temps faudrait-il pour qu’une recrue soit quelque peu utile ?

Ah ! Je sais !

« Willem, je vous engage comme commandant de l’armée pour le comté de Yamano. Je prévois d’avoir un maximum de cinq soldats de métier, qui seront tous des commandants. Ensuite, je vais rassembler trente-six de mes hommes et les faire jongler avec le travail et le service militaire. Nous choisirons périodiquement de nouveaux groupes jusqu’à ce que nous ayons environ deux cents hommes au moins un peu capables au combat. Une fois que tout cela sera fait, nous choisirons ceux qui ont du potentiel et nous en ferons des soldats permanents. »

« Quoi ? »

« Vous êtes capables de rendre le corps, l’esprit et l’âme des hommes prêts au combat, oui ? »

« Euh, oui. »

Mitsuha avait décidé d’adopter l’approche de la conscription universelle. Avec si peu de personnes à sa disposition, elle ne pouvait pas soutenir une grande armée permanente, mais une petite ne suffirait pas pour de simples patrouilles, sans parler d’une bataille défensive. C’est pourquoi elle avait décidé de mettre en place des tours de garde obligatoires, au cours desquels de nombreux hommes devront jongler entre leurs obligations professionnelles et militaires. Elle voulait cibler les hommes valides qui n’avaient pas de maladie dans leur famille et qui pouvaient se permettre de s’éloigner de leur travail sans trop de conséquences. Et une fois que le temps d’un groupe était écoulé, ils changeaient de poste.

Cela ne nuirait pas trop à la productivité de son comté, et comme ils viendraient de son propre territoire, cela ne serait pas non plus un fardeau pour elle ni pour les domestiques. Mais elle s’assurerait au moins qu’ils reçoivent des repas copieux.

Les trente-six soldats-travailleurs de chaque équipe seraient répartis en quatre escouades de neuf chacune. Ces neuf seraient divisés soit en trios, soit en deux groupes de quatre, le neuvième faisant office de chef de groupe. Il y aurait quatre officiers au-dessus de chacun d’eux et Willem tout en haut.

Mitsuha permettrait également aux femmes d’apprendre à manier une arme. Même si elles ne se retrouvaient pas au combat, elle estimait qu’il serait bon pour elles de disposer d’un moyen d’autodéfense.

Aujourd’hui, la conscription universelle aurait pu sembler être l’instrument d’une nation guerrière, mais même la Suisse, en permanence neutre et souvent considérée comme un symbole de paix, avait la conscription universelle. Les hommes suisses étaient tenus par la loi d’apprendre à utiliser les armes, presque chaque foyer possédait une arme et le peuple était prêt à tout moment à se rassembler en une armée de 100 000 hommes. Pour un « symbole de paix », le pays était en fait assez militariste. Il participait également à un complexe militaro-industriel, exportant beaucoup d’armes mortelles.

On entend parfois des gens bizarres dire que le Japon devrait devenir aussi neutre et pacifique que la Suisse, mais comme leur neutralité était armée, c’était comme si on disait : « On s’en fout et on verra bien ce qui se passe ! » Si le Japon voulait être comme eux, il devrait procéder à la conscription forcée, autoriser la possession d’armes à feu et développer une industrie de défense. Si vous voulez mon avis, les choses sont assez pacifiques en l’état.

Mitsuha avait également rappelé qu’elle devait créer un recensement. Un recensement était absolument nécessaire en ce qui concernait les questions militaires, fiscales et sociales. Mais il ne serait pas trop difficile de contrôler une population de moins de 700 habitants, surtout avec l’ordinateur portable qu’elle avait apporté. Elle avait prévu de faire des copies imprimées, au cas où.

Je dois aussi retourner à la capitale, vérifier le magasin et m’occuper de cette seule chose. Ensuite, je retournerai au Japon et je m’occuperai de l’autre chose. Oh mec, je suis occupée ! J’étais censée avoir la vie facile ! Pourquoi est-ce que ça arrive ?

Oui, oui. Je sais que c’est moi qui en ai pratiquement fait la demande.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire