Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 2 – Chapitre 16 – Partie 3

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Chapitre 16 : Le comté de Yamano

Partie 3

De retour dans la diligence tremblante, le fermier avait dit à Mitsuha tout ce qu’il savait sur le comté des Bozes. Il faisait de son mieux pour récompenser sa sauveuse par la connaissance. Les autres passagers s’étaient mis à la tâche et elle s’était retrouvée avec une quantité considérable de nouvelles informations, dont certaines n’étaient pas facilement accessibles.

Mitsuha avait également demandé au mercenaire, à l’homme âgé et au fermier de ne parler d’elle à personne. Ils avaient tous accepté. Les deux premiers semblaient habitués à garder des secrets, et le fermier ne pouvait pas refuser quelqu’un qui avait mis sa vie en danger pour sa famille.

Les autres étaient restés à l’intérieur du carrosse, ils n’avaient donc rien vu. Ils avaient entendu les coups de feu, bien sûr, mais ils n’avaient aucune idée d’où venaient les bruits. Les quatre combattants s’étaient également mis d’accord pour prétendre que chacun d’entre eux avait joué un rôle dans la défaite des bandits. Plus précisément, ils s’étaient mis d’accord pour dire que le mercenaire en avait tué cinq, tandis que les trois autres en avaient tué un chacun. Seule la première partie était vraie.

La diligence était maintenant pleine d’armes et d’objets de valeur pris aux bandits. Les passagers avaient prévu de les amener au seigneur local, où ils seraient contrôlés, puis de les rendre à celui qui les aurait apportés. Le contrôle était nécessaire pour savoir, par exemple, si les armes avaient été fournies aux bandits par un autre pays pour les laisser interférer avec les affaires locales. Il ne faisait guère de doute que les bandits étaient des restes de l’empire, et qu’ils devaient donc récupérer les choses immédiatement.

Comme Mitsuha n’allait pas dans le comté des Bozes, elle donna sa part des armes au fermier. L’homme essaya de refuser, mais elle l’avait convaincu en disant qu’elle n’allait pas dans la ville principale du comté, et qu’une fille normale sur le point de travailler en dehors de la capitale n’avait pas à avoir ce genre de choses. Le fermier lui avait dit qu’il ne vendrait pas sa part d’armes et qu’il les utiliserait plutôt pour s’entraîner et devenir assez fort pour protéger sa famille. Après toute l’affaire du bandit, sa femme et sa fille lui avaient fait confiance et l’avaient respecté plus que jamais.

Avant l’attaque, l’homme d’une vingtaine d’années avait parlé avec la jeune femme, mais maintenant elle l’avait complètement ignoré ou jetait simplement un regard furieux. Il était manifestement déprimé, mais son mépris était plutôt mérité.

On pourrait chercher partout sur la Terre et dans ce monde, mais on ne trouvera pas une seule femme qui sourirait à un homme prêt à la livrer à des bandits !

Une fois arrivée à un carrefour particulier, Mitsuha sortit du carrosse. Elle finirait le reste du trajet menant à sa terre en marchant. Elle l’avait provisoirement appelée « le comté de Yamano ». Les autres passagers lui firent signe au moment du départ, à l’exception du jeune homme, qui s’était assis en position fœtale.

Vous vous demandez peut-être pourquoi personne n’avait fini par découvrir qui elle était, mais la réponse à cette question est simple.

Nous vivions dans un monde sans télévision ni internet, la diffusion de l’information était donc lente et peu fiable. Plus elle était transmise, plus elle devenait mauvaise, comme un jeu extrême du téléphone. De ce fait, les seuls qui savaient à quoi Mitsuha ressemblait réellement et les détails de sa bataille contre l’empire étaient les gens qui étaient là pour la voir. Tous les autres avaient fini par être mal informés à des degrés divers.

De plus, la plupart des passagers n’étaient pas dans la capitale pendant la bataille, et ceux qui y étaient n’avaient entendu que sa voix déformée par les haut-parleurs. La plupart de ceux qui l’avaient vue n’avaient fait que l’apercevoir au loin.

Quant aux coups de feu, les sons entendus dans la capitale étaient ceux de RPG, de mitrailleuses lourdes et d’autocanons de 20 mm. Comparé à cela, le tir d’une arme de poing n’était rien. Les « soldats divins » avaient également utilisé ce qu’ils croyaient être de longues armes de foudre, et les armes de poing de Mitsuha n’approchaient même pas de cette description.

Peut-être que les bandits, en tant qu’anciens soldats de l’Empire, avaient réalisé ce à quoi ils étaient confrontés, mais comme le dit le proverbe, « les morts ne parlent pas. »

◇ ◇ ◇

Après huit jours de voyage sur terre et dix secondes sur l’eau, Mitsuha était finalement arrivée dans le comté de Yamano.

J’ai traversé une rivière. Et alors ?

En voyant la capitale du comté apparaître entre les arbres, elle était sûre d’une chose. Je n’appellerai pas ça une « capitale », ça, c’est sûr ! Ce n’est même pas une ville, c’est un village ! Appeler ça une capitale, c’est trop gênant ! Argh, je suppose que c’est une « ville ».

Avant d’entrer, elle avait décidé de rentrer chez elle. Elle était partie depuis plus d’une semaine, il devrait y avoir beaucoup de courrier électronique et postal empilé… et elle avait désespérément besoin d’utiliser la salle de bain et de prendre un bain.

◇ ◇ ◇

Mitsuha entra dans le village. Comme la route principale menait à la mer, c’était une véritable impasse. De ce fait, les voyageurs étaient rares, ce qui expliquait probablement pourquoi elle attirait tant l’attention.

Oh, c’est parce qu’une petite fille en robe est venue ici toute seule, sans aucun vrai bagage ? Très bien, alors.

Mitsuha avait faim, elle alla donc d’abord dîner au restaurant local — si ce terme s’appliquait à un endroit qui ne vend que des repas pour les locaux et par les locaux. Cette visite était aussi l’occasion de recueillir des informations, c’était pourquoi elle avait renoncé à manger chez elle. Elle commanda tout ce qu’ils avaient à offrir et demanda le nom du village. Ils l’appelèrent simplement « ville. »

Pas de nom ? Ce sont vraiment mes gens… Bien que ce ne soit pas un « village », alors, hein ?

Comme c’était une ville côtière, le repas qu’on lui avait donné était principalement à base de poisson, mais il n’y avait rien d’autre qui soit intéressant. Le restaurant se trouvait dans un petit coin d’une petite ville, et ce n’était pas encore l’heure du déjeuner, Mitsuha était donc la seule cliente. En discutant, elle demanda des avis sur le précédent seigneur responsable de la zone. Mais la propriétaire du restaurant n’était pas très bavarde à ce sujet.

Le fait qu’il soit un noble déshonoré leur avait fait honte à tous. On ne savait pas quel genre de personne serait le prochain seigneur, et il était peu probable que cette pauvre région déshonorée connaisse un jour un bon seigneur. La dame était peut-être prête à faire des commérages et à se plaindre auprès d’un proche, mais ce n’était pas quelque chose qu’elle mentionnerait à un étranger. Mitsuha n’avait cependant pas insisté sur ce point et s’était contentée de demander l’emplacement du manoir de l’ancien seigneur avant de poursuivre son chemin.

Le manoir se trouvait à la périphérie de la ville. Comme la ville était petite et que les bâtiments étaient rares, Mitsuha n’avait eu aucun mal à le trouver.

Je n’appellerai pas ça un « manoir ». Ce serait humiliant. « Résidence » semble être un terme plus exact. Les termes « maison » ou « habitation » seraient un peu tristes.

Portant toujours toutes ses possessions sur son dos, Mitsuha se rendit à la porte d’entrée et frappa dessus bruyamment avec ses poings.

« Oui ? Qui est-ce ? »

La porte s’ouvrit, et une servante qui ne semblait pas avoir plus de dix-sept ans se tenait là.

Bien que le seigneur précédent et sa famille avaient perdu leur statut de noblesse, les serviteurs n’étaient pas fautifs. À moins qu’ils ne soient des serviteurs personnels, on ne pouvait pas prendre des serviteurs sur des terres qu’ils avaient déjà possédées. De plus, le prochain seigneur aurait également besoin de serviteurs. La plupart d’entre eux étaient aussi des locaux qui avaient de la famille dans la région, ils ne pouvaient donc pas les abandonner.

Mais même s’ils étaient venus d’ailleurs, ni le seigneur ni les serviteurs ne savaient comment ils devaient agir. Par conséquent, en plus de ceux qui partaient de leur propre chef, les serviteurs restaient à la résidence et servaient le seigneur suivant.

Bien sûr, certains serviteurs démissionnaient s’ils décidaient que le remplaçant ne leur plaisait pas, et le nouveau seigneur pouvait renvoyer les serviteurs avec lesquels il avait des problèmes. Les serviteurs augmentaient également leurs chances d’être renvoyés s’ils étaient pris à parler de la façon dont les choses se passaient sous le seigneur précédent.

Quoi qu’il en soit, la plupart des domestiques étaient restés, prêts à l’accueillir. Bien sûr, aucun n’était à la charge du précédent seigneur.

Très bien, ce sont mes serviteurs… Pour l’instant, en tout cas.

« Hum, je suis Mitsuha », dit-elle.

« Hein ? Mitsuha ? »

La servante avait l’air perplexe.

« Mitsuha von Yamano. Vicomtesse et nouvelle dirigeante de ce comté. »

« Hein ? Oh, je vois. Attendez, QUOI ? ! »

Il fallait s’attendre à la réaction de la fille. Peu importe que le nouveau seigneur soit une fille qui n’avait pas l’air d’avoir plus de douze ans, il était très peu probable que le seigneur se rende seul sur son nouveau territoire.

« S’il vous plaît, rassemblez les serviteurs. Je les saluerai tous. »

« Hum, oui ! Tout de suite ! »

La servante se dépêcha de partir.

Une fois tous les serviteurs rassemblés, Mitsuha s’était adressée à eux.

« Bonjour, tout le monde. Je suis le nouveau seigneur local, Mitsuha von Yamano. Ce territoire est de la même taille qu’auparavant, mais il sera désormais dirigé par une vicomtesse, plutôt que par un baron. »

Les serviteurs furent choqués, et vous ne pouviez pas leur en vouloir. La vicomtesse était une noble plus puissante que le baron, et cela signifiaient beaucoup. Ils pouvaient désormais espérer une meilleure rémunération, un meilleur traitement et un meilleur statut social, car même les serviteurs étaient considérés différemment selon le type de noble qu’ils servaient. Le titre de « serviteur du vicomte » était un titre puissant, que ce soit pour trouver du travail ou chercher un conjoint. C’était comme la différence entre un couteau de table et une épée courte.

Ils avaient été informés que la capitale leur enverrait un nouveau noble pour les diriger, mais on ne leur avait rien dit de la personne en question. Des choses comme le rang, le sexe, l’âge et l’apparence étaient un mystère pour eux.

Bien sûr, c’était tout à fait intentionnel. La dissimulation de ces informations avait empêché les serviteurs de faire des suppositions injustes sur leur futur patron. Ils pouvaient tirer leurs propres conclusions une fois qu’ils le voyaient en personne.

C’était pourquoi de nombreux serviteurs étaient ravis. Ils travaillaient maintenant pour une vicomtesse — une gentille petite fille, en plus. S’ils jouaient bien leurs cartes et lui parlaient gentiment, ils pouvaient se faire une vie merveilleuse, et s’ils la manipulaient… les possibilités étaient infinies.

« Alors, voilà ! J’espère qu’on s’entendra bien. Je suis nouvelle dans ce domaine, alors aidez-moi de toutes les façons possibles. Et comme je l’ai déjà dit, je vous accorderai à tous des entretiens à une date ultérieure. Maintenant, veuillez retourner à vos fonctions. »

Mitsuha termina son introduction, en veillant à paraître aussi douce et courtoise que possible.

Certains avaient été soulagés d’avoir reçu une nouvelle chef sympathique. D’autres riaient en la sous-estimant, et d’autres encore devenaient moroses en se lamentant sur l’avenir de cette terre. Les impressions des dix-huit serviteurs n’étaient guère concordantes.

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. amateur_d_aeroplanes

    Pas de majordome avec un monocle ?

  3. Merci le chapitre

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