Chapitre 9 : Mercenaires
Partie 6
Mitsuha avait beaucoup appris de ce voyage et s’était bien amusée. Si seulement faire des affaires n’était pas si dur !
« Hé, ne pensez-vous pas que ce serait génial si vous pouviez porter plus d’affaires ? »
« Bien sûr. Nous pourrions emporter plus de butin avec nous, pour gagner plus d’argent. Mais on ne peut pas acheter une voiture ou quoi que ce soit comme ça. Les coûts de maintenance sont trop élevés. Juste une voiture et quelques chevaux nous coûteraient un bras et une jambe. »
À ce moment-là, Mitsuha s’était souvenue d’un certain résultat de recherche. Il était écrit « Remorque de vélo pliable en aluminium, pneus n’éclatant pas : 37 900 yens » (310 euros). S’ils amènent l’un d’eux en voyage… Les possibilités sont infinies !
« Hé, est-ce que ce bâton d’éclairage coûte cher ? » demanda Gritt.
« Oh, pas vraiment. Surtout les plus petits. Ils peuvent être utilisés des centaines de fois, et ils ne coûtent même pas une pièce d’argent. »
« HUHHH !? », Gritt et Ilse étaient stupéfaites.
Oui, je les ai achetés au magasin discount. Chacun devrait valoir probablement une petite pièce d’argent chacun. Avec les marges de profit folles de mon magasin, ce sera donc une pièce d’argent. Et pourquoi les filles sont-elles les seules surprises ? se demanda Mitsuha. Oh, j’ai compris, elles sont les seules à s’occuper du feu et de la nourriture, hein ? Je vois comment cela marche.
Le bavardage n’avait pas cessé, mais Mitusha s’en fichait. Elle avait trouvé les sujets de conversation à la fois amusants et utiles. Soudain, elle s’était souvenue de quelque chose.
« Oh oui, regardez ça, » dit-elle en prenant un magazine de son sac et le plaçant sur la table.
« Vous vous souvenez quand vous m’avez dit que j’étais imprudente le premier soir ? Regardez ! D’où je viens, il est normal de porter ça quand je nage ! »
Les quatre avaient ouvert le magazine et avaient immédiatement jeté un coup d’œil au contenu. Des hommes et des femmes de tous âges en maillot de bain faisaient la fête dans les piscines et les plages. Une bombasse séduisante en bikini les regardait sur l’une des… pages spéciales.
À cette vue, le groupe gela sur place. Sauf Szep, dont les mains tremblantes feuilletaient les pages en mode pilote automatique.
« Pas possible… », dit Gritt.
« C’est juste… », Sven n’avait même pas pu former une phrase.
Ilse n’avait pas de mots.
Szep, cependant, était plutôt bavard.
« Hé, ce ne sont que des photos, n’est-ce pas ? Elles sont si détaillées, oui, mais ça ne peut pas être réel ! Un paradis comme celui-ci ne peut pas exister… »
Hier soir, Mitsuha était revenue sur Terre. Cela avait été une lutte, vu sa fatigue, mais elle s’était traînée dans une librairie d’occasion et avait acheté un magazine, plein de photos sexy. Mitsuha s’était assurée qu’il était à la fois bon marché et percutant. Après tout, l’honneur de sa nation était en jeu.
Même si je m’étais changée avant d’y aller, je puais encore. Pas étonnant que j’aie eu tous ces regards bizarres. Il y avait ce vieux type avec un regard méchant dans les yeux… Il me poignardait du regard, comme si l’odeur du sang l’avait fait flasher ou quelque chose comme ça. C’était quoi son problème !? J’aurais vraiment dû prendre un bain…
Après la fête, Mitsuha et les mercenaires s’étaient dit au revoir tout en espérant travailler à nouveau ensemble. L’une d’elles avait essayé d’en savoir plus sur son arbalète, mais les autres l’avaient empêché. Ce chapitre terminé, elle était retournée à son magasin.
Bon sang, je ferme trop souvent. Je devrai vraiment ouvrir demain, pensa-t-elle.
Avant qu’ils ne se séparent, Szep s’était renseigné sur le magazine. Celui-ci ayant rempli sa fonction, Mitsuha le lui avait donné.
Quelques jours plus tard, Mitsuha était retournée à l’endroit où ils avaient eu leur petite fête. Elle avait vraiment apprécié leur nourriture. Même moi, j’aime bien manger dehors de temps en temps. Cuisiner pour moi-même trop souvent draine toujours mes réserves de légumes, alors les conserver est aussi une bonne chose.
Les quatre mercenaires s’y trouvaient aussi. Mais en la voyant, ils avaient sursauté comme s’ils avaient vu un fantôme. C’est quoi cette attitude !?
« Hé, ça fait un bail. Qu’est-ce qui ne va pas ? »
« Ah, rien, juste, euh… »
C’était à ce moment-là qu’elle avait remarqué qu’ils avaient un équipement différent.
« Hein ? Vous avez de nouvelles armes ? Félicitations ! »
« NOUS SOMMES DÉSOLÉS ! »
Tous les quatre s’étaient inclinés et s’étaient excusés à l’unisson.
Uhhh… Quoi ? Ils ont vendu le magazine au quatrième fils d’un noble pour sept pièces d’or ? C’était plutôt bien joué de leur part. Je le leur avais donné parce que je n’en avais pas besoin. Je me fichais de savoir s’ils l’avaient jeté ou vendu.
Revendre quelque chose dont je ne connaissais pas la valeur les faisait probablement se sentir coupables, comme s’ils m’avaient escroqué ou quelque chose du genre, mais en fait, ça ne me dérange pas du tout. Mais pour atteindre ces sept pièces d’or, il faudrait que je vende 140 shampooings génériques. Je les vendais pour huit pièces d’argent chacun, mais seulement cinq d’entre eux étaient rentables. Et ces quatre-là ont obtenu cette même somme en une seule revente, hein ?
Non, vraiment, c’est bon. Je n’en pense pas grand-chose. Honnêtement. J’ai l’impression d’avoir un vaisseau sanguin qui éclate et que mon sourire est un peu raide, mais c’est probablement juste mon imagination. Ils ont l’air un peu pâles… comme s’ils frissonnaient, hein ? Non, ça doit être mon imagination.
« Très bien ! C’est vous qui m’invitez à déjeuner », avait-elle déclaré.
« Oui, madame ! »
Mitsuha continua à jouir d’une longue période de paix. Le pays dans lequel elle se trouvait était devenu son deuxième foyer. Elle était assez en sécurité dans ce monde, et les gens étaient gentils. Le monde avait sa part de mauvaises graines, mais il en était de même sur la Terre.
Ne t’en fais pas pour les détails qui vont te faire devenir chauve, je te l’ai toujours dit !
Elle voulait s’acclimater à son propre rythme, puis trouver un moyen de s’enrichir. Pour l’instant, elle menait une vie confortable et avait tout le temps du monde.
Je vais y aller doucement et apporter du bonheur à tout le monde !
… Ah, il fut un temps où elle y croyait, n’est-ce pas ? Ce n’était pas comme si tu pouvais lui en vouloir. Elle n’avait connu après tout qu’une seule nation relativement prospère. Il n’était pas possible qu’elle ait pu remarquer les activités louches de ses voisins ou qu’elle ait vu l’inscription sur le mur qui disait qu’une guerre était imminente.
Mitsuha passa ses journées à ignorer l’intrigue politique, ne sentant jamais le danger qui approchait…
Merci pour le chapitre.