Rougo ni Sonaete Isekai de 8-manmai no Kinka wo Tamemasu – Tome 1 – Chapitre 9

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Chapitre 9 : Mercenaires

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Chapitre 9 : Mercenaires

Partie 1

« Hé ! Ce n’est pas juste ! »

Béatrice était furieuse. 

Mitsuha avait été emmenée au manoir des Bozes situé à la capitale, où elle avait été immédiatement jugée. Le juge et le procureur n’étaient autres que la cadette des Bozes et sa fille unique, Béatrice. Mitsuha n’avait aucune défense, car Alexis et Théodore s’étaient enfuis.

« Pourquoi n’ai-je pas pu aller à la fête !? », avait-elle demandé.

« Tu as treize ans. Tu n’as pas encore atteint la majorité », répondit Mitsuha.

« Mais toute cette nourriture savoureuse ! Et ces bonbons ! »

« Désolée… »

« Et mes débuts, hein !? Tu vas te racheter en m’organisant la plus belle fête de tous les temps, hein !? »

En fin de compte, Mitsuha avait dû promettre que ses débuts seraient marqués par un défilé électrique, un feu d’artifice et des stands de nourriture, y compris ceux de takoyaki et de barbe à papa.

Espérons qu’elle l’oubliera dans les deux prochaines années.

Au dîner, elle avait été harcelée de questions.

« C’était quoi toute cette nourriture ? »

« Et ces photos ? »

« D’où sors-tu ces trucs bizarres que tu vends dans ton magasin ? »

Je savais que ça allait arriver. Je suppose qu’il est temps d’inventer quelque chose.

Mitsuha leur avait raconté l’histoire suivante : des amis qu’elle avait laissés dans son pays s’inquiétaient tellement de son bien-être qu’ils lui avaient secrètement envoyé ses affaires par bateau. Mais comme ils en envoyaient beaucoup, Mitsuha avait décidé de vendre ce qu’elle avait en trop. Elle avait ajouté que les bateaux étaient petits et rapides, et qu’ils n’apportaient le ravitaillement que la nuit.

Quelle connerie, pensa-t-elle quand elle eut fini. J’espère que mon histoire est cohérente jusqu’ici… D’un autre côté, ils goberaient probablement un petit mensonge ou deux, étant donné que j’essaie de cacher mon identité.

H-Huh ? Vous n’allez pas continuer à fouiner… ? Ouah, comte, vous êtes vraiment un homme droit. Attendez, « On a affaire à Mitsuha, après tout » ? Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire, Lady Iris !? Ah, désolée. Oublie ce que je viens de dire !

Une fois l’affaire terminée, le reste de la famille s’était joint à la conversation.

Cela va être quoi maintenant ? « Des Soldats golems artificiels ? » Hein ? Je t’en ai parlé ? Ça ne me dit rien, désolée. La production de sel ? Vous y tenez tant que ça, hein, comte ? Oh ? Votre territoire donne sur la mer ? D’accord, je vais regarder sur internet.

Alexis ? Tu m’as trouvé plus charmant qu’Adélaïde ? Quoi, c’est vrai. N’as-tu pas un problème dans la tête ? Restes à ta place, je suis plus vieux que —. Attendez. Comte ? Lady Iris ? Pourquoi l’encouragez-vous !?

Théodore et Béatrice sont de mon côté ! Vous voulez que je passe la nuit ici parce qu’il est tard ? D’accord. Je m’y attendais, de toute façon. Je vais prendre un verre de vin et ce sera tout.

Le lendemain, Mitsuha était retournée au magasin juste après le petit déjeuner. Après tout, elle devait ouvrir. Cette fille diligente ne pouvait pas quitter le travail sans raison.

Eh bien, regardez-moi le temps qu’il fait, pensa-t-elle, en regardant un mur de nuages s’approcher. Il s’en était suivi une bruine qui s’était transformée en pluie battante en un rien de temps. C’était la première pluie que Mitsuha avait jamais vue dans ce monde.

Comment tout le monde se débrouille-t-il alors qu’il ne pleut pratiquement pas ? se demanda-t-elle. Peut-être que j’en ai raté quelques-unes quand je suis allée au Japon ? Quoi qu’il en soit, il n’y a aucune chance que j’aie des clients maintenant. Les locaux n’ont probablement pas de parapluies… Ah ! Je devrais peut-être commencer à les vendre moi-même !

La cloche sonna un instant plus tard, la prenant par surprise.

Des clients !? Par ce temps !?

« Désolée. Nous aimerions rester ici jusqu’à ce que la pluie passe, si ça ne vous dérange pas. », dit la femme qui venait de rentrer.

Oh. Eh bien, cela ne me dérange pas. J’aime les gens bien élevés, et elle est belle à regarder. Hmm, il y a donc trois autres personnes avec elle… Attendez, attendez une seconde !

« DES AVENTURIERS ! », Mitsuha s’écria.

« Hein ? »

Les quatre avaient plissé les sourcils à l’unisson.

Deux des membres du groupe étaient des hommes, les deux autres étaient des femmes. L’un des hommes avait les cheveux noirs et une solide musculature qui soutenait une grande épée sur son dos. La personne près de lui était un blond mince qui portait une lance. La femme qui avait parlé avait les cheveux roux et une épée à la ceinture, tandis que la fille avait les cheveux argentés, un arc sur son dos et une dague à la ceinture.

Mitsuha avait deviné que le plus grand homme approchait de la trentaine, le blond devait avoir un peu plus de vingt ans, la rousse devait avoir une vingtaine d’années et la fille moins de seize ans. Bien que petite, elle était au moins plus mûre que Béatrice, alors Mitsuha supposa qu’elle était à peu près aussi vieille qu’Adelaide. Elle avait regardé la poitrine de la jeune fille et un sentiment de camaraderie s’était emparé d’elle.

De toute façon, c’est un groupe de combattants spécialisés ! Il n’y a aucune chance qu’ils ne soient pas des aventuriers !

« En fait, nous ne sommes que des mercenaires… », avait dit l’un d’eux.

Eh bien, je me corrige.

Bien que le groupe ne soit pas venu pour acheter quoi que ce soit, ils avaient quand même jeté un coup d’œil dans le magasin, peut-être par courtoisie. Quelle qu’en soit la raison, ils avaient trouvé les produits de Mitsuha assez extraordinaires pour passer un bon moment à naviguer. Le grand homme était fasciné par les couteaux, le blond était captivé par les ustensiles de cuisine, la rousse était charmée par les accessoires et l’archère était fascinée par les outils.

« C’est si mignon », dit la rousse en regardant à travers les bibelots.

Ils n’étaient pas trop chers, mais le mercenariat n’était pas la carrière la plus lucrative en temps de paix.

La pluie ne s’était pas calmée, alors Mitsuha avait fait bouillir de l’eau et avait préparé du thé et des collations pour ses invités.

« En voulez-vous ? », demanda-t-elle.

« Hein ? Je n’ai pas d’argent… », la rousse lui répondit immédiatement.

« Oh, c’est gratuit. Je n’ai pas de clients par ce temps, mais je ne peux pas non plus partir, alors je m’ennuie un peu. Je pensais que l’on pourrait discuter. »

« Oh, dans ce cas c’est entendu ! »

« Ah, hey… »

Le plus grand homme fit un sourire tendu devant le manque de prudence de son compagnon.

Finalement, ils avaient tous accepté son invitation et l’avaient rejointe à table dans la cuisine. Il s’était avéré qu’il s’agissait tous de mercenaires du même village. L’homme aux cheveux noirs se nommait Sven et avait vingt-sept ans. Le blond se nommait Szep et avait vingt-deux ans. La rousse se nommait Gritt et avait vingt et un ans. La fille aux cheveux argentés, Ilse, avait seize ans. Mitsuha était déçue d’apprendre qu’elle n’était pas une mage.

Quelle déception !

Elle trouvait étrange qu’une jeune fille de seize ans puisse être mercenaire, mais elle considérait que c’était sa propre vision du monde qui posait problème. Tout villageois qui ne pouvait pas se nourrir avait la possibilité de devenir mercenaire ou bandit. Gritt avait ajouté qu’elle avait aussi commencé à 16 ans.

À l’heure actuelle, les guerres et les conflits locaux sont rares. La demande de mercenaires étant si faible, bon nombre d’entre eux sont devenus des bandits. Ces quatre-là, cependant, ne s’écartaient pas de la voie la plus juste et continuaient à gagner leur vie en faisant des petits boulots, de la cueillette, des collectes ou en allant à la chasse. Malheureusement, ils gagnaient si peu qu’ils ne pouvaient même pas se permettre de remplacer leurs armes endommagées, et encore moins de s’offrir un luxe quelconque.

« Alors oui, on ne peut rien t’acheter. Désolé. »

Alors qu’il se sentait désolé, Gritt mordit dans un petit pain cuit à la vapeur que Mitsuha avait servi avec le thé.

Ilse en mangea un aussi. Elle s’en remplit le visage, en fait. Mitsuha avait trouvé ça mignon. Elle ressemble à un hamster, pensa-t-elle. Bien qu’elle ne veuille probablement pas entendre ça de moi ni de personne d’autre.

Les hommes étaient réticents au début, mais ils n’avaient pas pu résister à l’attrait de la nourriture chaude et ils les avaient rapidement engloutis.

« Ne soyez pas timide. Comme je l’ai dit, je m’ennuie vraiment… Puis-je poser quelques questions ? », demanda Mitsuha.

« Tant que c’est tout ce que tu veux, alors oui, demande ! »

Ils avaient dû satisfaire à sa curiosité à propos de toutes sortes de choses : leurs voyages de cueillette et de chasse, les quêtes que leur donnaient les guildes, les ennuis et les joies inattendues durant les voyages, les objectifs pour l’avenir, et ainsi de suite.

Ça y est ! C’est ça ! pensa Mitsuha. Je sens un gros gain d’argent arrivé… et mon nez ne ment jamais !

« Est-ce que les guildes de mercenaires acceptent-ils des emplois de qui que ce soit ? », avait-elle demandé.

« Oui », Sven hocha la tête alors qu’il était en train de manger un petit pain.

« Tout ce qui compte, c’est que ce n’est pas illégal et que ça n’enfreint pas les directives de la guilde. Mais ils vous feront payer un peu plus cher. »

« Et les emplois désignés fonctionnent comme vous l’avez dit, n’est-ce pas ? »

« Exactement. »

« Alors, ça vous dirait de prendre un travail spécifique venant de moi ? »

« Huuuh ? », dirent-ils tous à la fois.

La demande de Mitsuha était simple : elle voulait qu’ils l’emmènent durant leur prochain voyage de chasse et de cueillette, pour la protéger et la soutenir tout au long du voyage. Elle avait prétendu qu’elle voulait savoir comment ces emplois étaient faits afin de pouvoir faire des réserves d’articles qui pourraient être utiles.

Le groupe avait considéré son offre. Bien qu’elle soit une enfant, Mitsuha tenait un magasin impressionnant. Ils avaient aimé que quelqu’un de son statut soit si prévenant envers les gens comme eux.

La forêt dans laquelle ils travailleraient n’était pas très loin de la capitale. Ce n’était pas très dangereux, donc il ne serait pas difficile de s’occuper d’elle. Cela ne devrait pas avoir beaucoup d’impact sur leur travail non plus. Au pire, ils pourraient avoir à porter les affaires de Mitsuha — ou la fille elle-même — mais elle était si petite que ce ne serait pas un problème.

Et le plus important, ils seraient payés. La chasse et la cueillette ne s’étaient pas toujours bien déroulées, mais ce genre de demande garantissait toujours de l’argent. La guilde prenait les paiements et les distribuait aux mercenaires une fois la tâche accomplie. De plus, la seule façon de faire échouer cette demande était de se faire attaquer et anéantir par des bandits, et quel genre de bandit pourrait attaquer des mercenaires armés et sans le sou ?

Ils avaient conclu qu’il s’agissait essentiellement d’argent facile et qu’il n’y avait rien de négatif. De plus, cela augmenterait leur réputation au sein de la guilde, puisque les demandes personnelles rendaient les mercenaires plus dignes de confiance.

***

Partie 2

De plus, ils voulaient vraiment établir un lien avec ce magasin. Le fait d’avoir potentiellement un plus grand nombre d’emplois dans l’avenir — et un plus grand nombre de ces délicieuses gâteries — était tout simplement beaucoup trop attrayant. Ce n’était véritablement même pas un choix. Les quatre se regardèrent et hochèrent la tête.

« On le prend ! », crièrent-ils à l’unisson.

Les mercenaires avaient dit à Mitsuha qu’ils partiraient dans deux jours. Une fois la pluie passée, Mitsuha fermerait le magasin et ils iraient tous à la guilde.

Oh, j’ai oublié d’en demander le salaire, pensa Sven, qui était pourtant le chef du groupe. Peu importe, ça ne me dérangera pas même si ce n’est que quelques pièces en argent. Inutile de dire que la pièce d’or qu’elle avait présentée à la guilde l’avait ému. Les choses s’améliorent vraiment !

Le lendemain, après la fermeture du magasin, Mitsuha commença à se préparer pour ce voyage de trois jours. Outre le strict nécessaire, elle bourrait son sac à dos de bric-à-brac, dont elle avait demandé l’utilité aux mercenaires à l’avance. C’était très bien, mais garder le sac à un poids qu’elle pouvait porter était un défi. Certains articles étaient légers, mais trop gros, tandis que d’autres étaient petits, mais trop lourds, et ainsi de suite.

La nourriture et l’eau étaient particulièrement lourdes. L’endroit où ils allaient s’installer était près d’un ruisseau, mais elle avait besoin d’eau pour s’y rendre. Au moins, un litre ne semblait pas suffisant. Elle ne serait probablement pas non plus capable d’utiliser son voyage entre les mondes pour s’approvisionner. L’un de leurs objectifs était de la protéger, ils la surveilleront pendant toute la durée du voyage, y compris les nuits. Essayer de retourner sur Terre dans cette situation serait trop dangereux.

Le jour du départ, Mitsuha s’était réveillée plus tôt que d’habitude. Elle avait pris un petit-déjeuner copieux, puis se rendit dans sa maison sur Terre pour aller aux toilettes, car elle ne voulait pas avoir à répondre à l’appel de la nature en cours de chemin. On lui avait dit qu’ils ne mangeraient que deux repas le premier jour, alors elle avait bien mangé le matin afin de pouvoir tenir jusqu’au soir. Elle avait néanmoins l’intention de prendre une collation ou deux.

Les voyageurs de ce monde avaient une relation délicate avec la nourriture, car elle était à la fois lourde et longue à préparer. Lors de tels voyages, ils pouvaient vivre des produits de la terre en mangeant des plantes et des animaux sauvages, mais les mercenaires préféraient ramener tout ce qu’ils pouvaient vendre, en combattant souvent la faim pour de l’argent.

À cause de tout cela, ils n’avaient apporté que le minimum absolu, puis espéraient se contenter des produits sauvages qui ne valaient pas grand-chose sur le marché. Et si ça ne marchait pas, ils se contenteraient du peu de nourriture qu’il y avait dessus. Ils avaient dit qu’ils prépareraient aussi des repas pour Mitsuha, mais elle avait refusé.

« Hé, je veux juste essayer cette nourriture ! Ne me regardez pas comme ça ! Il n’y a pas de quoi s’inquiéter ! La nourriture déshydratée est géniale ! »

Je me parle beaucoup ces derniers temps, se dit-elle. Je n’ai personne d’autre à qui parler. De toute façon… Couteau ? Check. Poignard ? Check.

Mitsuha avait renoncé à prendre l’épée courte. Elle était beaucoup trop lourde pour elle. Il y avait un monde de différence entre les épées courtes et les poignards à cet égard. La distinction entre « épée courte » et « épée longue » était en fait basée sur le type de soldat qui les utilisait — les premières étaient pour l’infanterie, tandis que les secondes étaient pour la cavalerie — donc il y avait de longues épées courtes aussi bien que de courtes épées longues. Cela signifiait essentiellement que les épées courtes étaient des armes utilisées par les fantassins adultes. Le terme « court » était assez trompeur.

Mitsuha avait besoin d’un objet deux fois moins long qu’une épée normale — un poignard, en gros, comme celui d’Ilse. Un poignard de 50 cm de long ayant une lame de 33 cm aurait été parfait. Quand elle en avait parlé au chef des mercenaires, il avait fait une grimace qui disait :

« Oui, j'ai le pressentiment que tu ne sais pas à quoi tu as affaire », à son grand dam.

***

Partie 3

Le couteau était surtout un outil générique pour la survie et le travail, y compris le dépouillement et tout le reste. Ce n’était pas comme si elle le ferait, mais elle pensait que c’était bien d’en avoir un pour les apparences. En plus, ça pourrait facilement servir d’arme.

C’est dur de faire la différence entre les couteaux et les poignards. Comme la « Dague en Mythril » dans End-All Escapade IX, ou quel que soit le nom de ce jeu… C’est clairement aussi court qu’un couteau, mais cela à la forme d’une épée. Mais la « Dague en Mythril » n’a pas l’air aussi cool. J’imagine que cela montre que la sensation l’emporte souvent sur la fonction ! pensa-t-elle, en s’équipant des deux lames et de quelques pistolets.

Quand le groupe de quatre était arrivé à la guilde des mercenaires tôt le matin, Mitsuha était déjà là, malgré le fait qu’ils étaient eux-mêmes venus tôt pour l’empêcher d’attendre.

À quel point cela l’excitait-elle !? Le groupe était à court de mots.

Ils avaient trouvé l’accoutrement de Mitsuha un peu étrange. Elle portait un haut uni avec un nombre surprenant de poches et un pantalon bleu à l’allure robuste.

C’est beaucoup mieux qu’une robe tape-à-l’œil.

Elle avait un couteau et un poignard à la taille. C’était bien, mais ils ne savaient pas quoi penser de l’objet métallique accroché à sa ceinture. Il n’était pas trop grand, mais il avait l’air assez lourd. Sur son dos, elle portait un grand sac, un petit carquois et un autre outil étrange. Il ressemblait à première vue à un arc, car il y avait une corde dessus, alors ils avaient deviné qu’il s’agissait d’une arme à distance. En outre, il y avait deux grands objets cylindriques. Ils n’avaient pas l’air si lourds, mais ils étaient certainement longs.

C’est quoi tous ces trucs ? Ce sont des trucs de fille ? Ce sac est plein de vêtements de rechange, de maquillage et de soins pour la peau ? Ils n’avaient même pas commencé, mais Sven se sentait déjà épuisé.

Une fois assemblés, ils étaient partis. Sven était un peu ému que la jeune femme ait insisté pour porter seule l’énorme charge.

Je n’ai pas beaucoup de choses sur moi, donc ça ne me dérange pas vraiment d’être une mule pour elle, pensa-t-il. Je suppose qu’elle est à un âge où elle veut faire la maline. Je vais attendre qu’elle soit fatiguée et qu’elle demande de l’aide. Mais je devrais sûrement porter du gibier sur le chemin du retour, donc je ne pourrai pas l’aider… Mais elle aura probablement moins à porter, aussi, avec la nourriture qu’elle mangera et tout.

Je ne veux même pas penser au cas où nous n’aurons pas grand-chose à porter à la fin. Mais il y a toujours son paiement, alors… Merde ! Bon sang ! Non ! Ressaisis-toi, Sven ! Ce ne sera pas toujours aussi facile !

La tendance de leur chef à trop réfléchir lui donnait toujours trop de raisons de s’inquiéter.

Après plusieurs heures de marche et quelques pauses, ils étaient arrivés à la forêt. Ils étaient partis tôt, il était encore midi. Le groupe avait croisé beaucoup de marchands et d’autres voyageurs, mais dans l’ensemble, le voyage s’était déroulé sans incident.

La seule chose dont Mitsuha avait pris note, c’était à quel point la route était largement plus peuplée que celle menant au village de Colette. Mais le sentier qui bifurquait dans la forêt était aussi vide que celle-là, et tout ce qu’elle entendait, c’était le chant des oiseaux au loin.

La présence d’un sentier pédestre indiquait au moins que les gens marchaient dans le secteur. Selon Sven, il s’agissait surtout de chasseurs, de fourragers et de mercenaires comme eux.

Le groupe marcha dans la forêt pendant une demi-heure avant de déposer ses sacs. Ils avaient choisi une clairière pas trop loin d’un ruisseau.

Ouais, ça a l’air d’être un bon endroit pour camper, pensa Mitsuha. Aller plus loin rendrait le transport de leur équipement ou de n’importe quel gibier qu’ils pourraient attraper d’autant plus fastidieux, et ce n’était pas comme s’ils gagnaient beaucoup à installer leur camp plus près du centre de la forêt.

Les mercenaires ne voulaient pas laisser la lumière du jour se gâcher, alors ils s’étaient mis à travailler tout de suite, disant qu’ils installeraient le camp dès qu’il ferait trop noir pour trouver quoi que ce soit.

Ils ne chasseraient pas aujourd’hui, puisque la viande se détériorerait au cours des deux prochains jours, alors tout le monde s’était mis à cueillir des herbes et des plantes sauvages qui se vendraient pour une jolie pièce de cuivre.

Des ignames, peut-être ? se demanda Mitsuha. Ugh, mais ils sont si difficiles à déterrer. Quand j’étais petite, j’ai essayé d’en avoir un aussi large que mon petit doigt, mais j’ai abandonné après avoir creusé, genre, cinq ou six pouces.

Elle avait suivi Gritt et lui avait demandé si elle pouvait lui apprendre les ficelles du métier pendant qu’elle se préparait à l’aider. Je lui donnerai tout ce que je trouverai, évidemment. Je ne suis pas si avide !

Il n’y avait pas d’ignames à trouver. Ils cherchaient surtout des fruits sauvages, des légumes et ce genre de choses. Il était difficile de dire si certaines de ces herbes étaient des herbes ou de la nourriture. Une fois la nuit tombée, ils étaient allés s’installer au campement.

Si l’on peut appeler cela de la « mise en place », en tout cas, pensa Mitsuha en regardant leur lit. C’était un morceau de tissu drapé sur de l’herbe coupée qu’ils avaient répandue sur le sol. Pas besoin d’abri quand il ne pleut pas, hein ? Et euh, suis-je censée les rejoindre ? Pas moyen.

Elle s’était éloignée de plusieurs pieds, avait arraché un gros cylindre de sa ceinture et s’était mise à jouer avec. Quelques secondes plus tard, celui-ci un bruit bruyant de brassage quand il s’était ouvert et étendu.

« Quoi ? Quoi !? », Gritt sursauta de surprise.

« Ta-da ! La “tente n’importe où” ! »

Mitsuha avait fièrement présenté la tente escamotable pour une personne qu’elle avait trouvée dans la corbeille des bonnes affaires du magasin de rénovation. Il était petit, mais destiné aux adultes, ce qui le rendait assez spacieux pour quelqu’un ayant une petite taille.

« Toile d’uréthane ! »

Mitsuha parlait d’une manière grandiose, mais naturellement les mercenaires n’avaient aucune idée de ce qui se passait. Cela rendait les choses délicates. Légèrement embarrassée, Mitsuha défit l’autre cylindre et étala la toile.

Une tente et un drap isolant… Mon lit, fait en quelques secondes !

Les yeux de Sven s’étaient élargis.

« Tu crois que ça se vendrait ? », demanda Mitsuha.

« O-Oui. »

Les mercenaires avaient dit que leur repas était composé à partir de n’importe quel animal qu’ils rencontraient durant la chasse, mais ils n’avaient pas eu cette chance aujourd’hui. Survivre dans la nature était loin d’être facile. Heureusement, ils avaient trouvé des plantes comestibles, quoiqu’amères. Essayer de les vendre n’en vaudrait tout simplement pas la peine, mais elles pourraient être utilisées pour faire une soupe qui était légèrement rassasiante lorsqu’elle était jumelée au pain dur qu’ils avaient apporté. Ajouter un peu de viande séchée donnerait un peu plus de saveur au bouillon… mais pas beaucoup.

Gritt travaillait dur pour essayer d’allumer le feu afin de pouvoir faire la soupe, si on pouvait l’appeler ainsi. Elle utilisait un peu de silex, mais elle n’avait pas eu beaucoup de chance. Le bois et les feuilles étaient encore un peu humides à cause de la pluie.

« Umm, excuse-moi… »

Mitsuha se tint à côté d’elle, et elle leva les yeux.

« Puis-je le faire ? »

Gritt, une vétérante de l’allumage du feu de camp, avait du mal à s’en sortir. Mitsuha n’était pas non plus une femme au foyer qui allumait le feu tous les jours. En fait, ils avaient probablement pensé qu’elle n’avait jamais tenu un silex de sa vie. Si Gritt n’avait pas pu le faire, Mitsuha ne pourrait pas non plus, n’est-ce pas ?

En fait, elle en était plus que capable… d’allumer au moins un feu. Mais le groupe n’avait aucun moyen de le savoir, alors ils avaient supposé qu’elle n’avait aucune chance. Cependant, l’une des raisons pour lesquelles ils l’avaient amenée ici était de lui apporter leurs expériences, alors ils ne pouvaient pas ignorer sa demande.

Gritt tendit le silex vers elle et lui dit : « Bien sûr. Essaye. »

Mitsuha refusa le silex d’un signe de la main.

« Non, merci, merci. J’ai le mien. »

Elle s’accroupit, fit sortir une substance gélifiante d’un tube et y frotta quelques brindilles. Puis, elle les avait enflammés avec un briquet jetable à longue portée.

« Quoi ? Quoi ? », Gritt était sidérée.

« La science gagne ! »

Toute suffisante, Mitsuha gonfla sa poitrine… bien que ce soit à peine perceptible. La ferme, toi !

« Comment a-t-elle… ? », chuchota Sven.

À ce moment-là, Gritt avait commencé à préparer la soupe, tandis que Mitsuha préparait sa propre nourriture. Curieux de savoir ce qu’elle faisait, ils discutèrent entre eux.

L’élément particulier qui les avait rendus si perplexes était son micropoêle de camping. Il faisait à peu près la moitié de la taille d’une cartouche normale. C’était si petit qu’on pouvait voir la moitié de la cartouche de gaz. Au-dessus, une casserole d’aluminium pleine de soupe mijotait sur le feu. À côté de Mitsuha, il y avait des assiettes, des ustensiles, des boîtes de soupe vides, un paquet de petits pains aux haricots rouges miniatures valant 148 yens (1 euro) et des pêches en conserve qui avaient été versées sur un plat en aluminium.

Inutile de dire que c’était trop pour une personne.

« Le reste de ses affaires, c’est de la nourriture ? », Sven était stupéfait.

« Ah, il y a un peu trop de nourriture pour moi toute seule. Vous pensez pouvoir m’aider ? J’aimerais goûter à votre soupe en échange. »

« BIEN SÛR ! », crièrent-ils à l’unisson.

C’est tellement injuste… Je me sens comme le propriétaire d’un pub gastronomique louche.

« C’est si bon… », dit Sven après avoir goûté une cuillerée de la riche soupe.

« Quand as-tu eu le temps de faire ces trucs ? Je pensais que tu n’étais que la fille gâtée d’un noble ou d’un marchand, mais cela m’a donné tort. Tu es si forte que tu pourrais facilement tenir un restaurant branché. »

Il avait du mal à croire ce qu’il mangeait.

Désolé, mon pote, c’est du minestrone concentré que j’ai acheté au supermarché.

« Attends, c’est du pain ? C’est si doux ! Et qu’est-ce que c’est à l’intérieur !? C’est trop bon ! »

Gritt s’était bourré la bouche avec des petits pains bon marché.

***

Partie 4

Ilse grignotait sa nourriture sans dire un mot. Toujours silencieuse, cette fille. En parlant de silence, Szep n’avait pas beaucoup de présence. Mitsuha avait presque oublié qu’il était là.

Et dire que je m’attendais à ce qu’il soit un coureur de jupons comme Alexis… Oh, je comprends, il pense que je suis une enfant. C’était un peu bête de ma part, désolée.

« Eh bien ? Pensez-vous que cela se vendrait ? » demanda-t-elle. « Tout, à part le pain, peut se conserver longtemps. »

Sven prit un moment pour réfléchir avant de répondre :

« Ça dépend du prix, mais les nobles, les riches et l’armée en seraient fous. »

« Je vois. »

L’armée, hein ?

Mitsuha pensait qu’en s’impliquant dans les stocks de l’armée, elle attirerait trop l’attention sur elle. Sans parler du fait qu’elle serait si occupée qu’elle n’aurait plus de temps pour elle. Ils achèteraient probablement des milliers de choses. Elle doutait que même le comte puisse la protéger des militaires.

« Je ne peux pas fournir tant que ça », dit-elle, « Et les gens riches ont tout le temps de la bonne nourriture. Qu’ils mangent au moins de mauvais trucs durant leur voyage. Je vais essayer de les vendre à un prix abordable pour des gens comme vous. »

« Hein ? Êtes-vous folle !? Avez-vous une idée de ce que vous pourriez gagner si vous jouez bien vos cartes ? »

« C’est bon, je gagne assez avec mes autres articles. »

Hmm… Si j’achetais une boîte 150 yens sur Terre (1 euro), elle vaudrait six petites pièces d’argent — l’équivalent de 600 yens — ici (4 euros). Et si j’utilisais des prix justes au lieu d’arnaquer, je veux dire, en utilisant les marges bénéficiaires habituelles de mon magasin, je les vendrais entre huit à dix petites pièces d’argent chacune… soit 800 à 1 000 yens (entre 6 et 8 euros). C’est encore un peu trop onéreux pour remplacer le régime d’un pauvre mercenaire. Tout au plus, ce serait un luxe que l’on s’offrirait pour quelques voyages. De plus, les boîtes de conserve sont un peu lourdes, bien que les aliments lyophilisés soient encore plus chers…

Ah, et pour les CalorieMates ? Ces petites barres énergétiques japonaises seraient une bonne collation d’urgence au cas où ils auraient eu beaucoup de malchance durant leur chasse, ou s’ils se seraient perdus ou quelque chose comme ça. Je pourrais les vendre à un prix plus élevé, puisque les mercenaires ne les achèteraient pas chaque fois. Je crois que je sais ce que je leur montrerai demain matin ! J’ai déjà quelque chose en tête pour le déjeuner. Pourquoi ont-ils tous l’air si émus ? La nourriture est-elle si bonne que ça ?

Après avoir mangé, le groupe s’était assis autour du feu de camp pour bavarder. Mitsuha avait fait bouillir de l’eau et avait préparé du thé. Du thé noir au lait en poudre, pour être précis. C’était bon marché, facile à faire et savoureux, ce qui en avait fait l’un des préférés de Mitsuha. Tout le monde l’aimait, alors elle l’avait ajouté mentalement à sa liste grandissante de produits futurs.

Quand elle avait trouvé une bonne occasion, Mitsuha s’était échappée du groupe. Ayant entendu à l’avance qu’il y aurait un ruisseau à proximité, elle avait préparé un petit quelque chose pour faciliter le bain. Elle se retira dans sa tente et revêtit un bikini. Eh bien, ce n’était pas du tout voyant. En termes simples, il était difficile de se laver correctement dans un maillot de bain d’une seule pièce, alors Mitsuha avait acheté celui-ci pour cette raison. C’était purement fonctionnel.

Je ne vais pas utiliser de savon. L’eau est tout simplement trop propre pour la polluer, et se laver dans un maillot de bain est de toute façon assez pénible. Je vais juste faire une petite trempette et en finir avec ça.

Elle avait quitté la tente, serviette à la main, et avait immédiatement croisé les yeux de Szep. La coupe qu’il tenait lui avait glissé de la main.

« Jeune fille… V, vous… vous… »

« IDIOTE ! QU’EST-CE QUE VOUS PORTEZ !? », dit Gritt en criant.

« MESSIEURS, TOURNEZ-VOUS ET NE LA REGARDEZ PAS ! »

Ilse accourut et jeta son manteau autour de Mitsuha.

Hein ? Qu’est-ce qu’il se passe ? pensa Mitsuha.

« À quoi pensez-vous !? Pourquoi sortez-vous nue !? Il y a des hommes ici ! Je sais que vous êtes une enfant, mais vous n’êtes plus si jeune ! », cria Gritt, rouge comme une tomate, tandis qu’Ilse hocha furieusement la tête.

Sven et Szep s’étaient enfuis quelque part.

« Hé, c’est juste un maillot de bain. Cela ne me dérange pas de le montrer… »

« Taisez-vous ! Ce ne sont même pas des sous-vêtements ! Vous êtes nue ! »

Oh, c’est vrai. Ici, les filles portent ce que l’on appelle des « jupons » ou des « frocs ». Maintenant que j’y pense, quand j’avais essayé de vendre des sous-vêtements à Béatrice et que je lui avais montré les miens, elle s’était évanouie. Oups… Désolée, mon amie.

Après une longue séance de réprimandes, elles m’avaient laissée me baigner, mais Gritt avait surveillé les hommes pendant qu’Ilse veillait sur moi le temps que je termine.

Le lendemain, Mitsuha se réveilla avec le lever du soleil. Les mercenaires avaient prévu de sortir et de chercher leur nourriture le ventre vide, puis de prendre un brunch relativement rassasiant avant de chasser jusqu’au soir. Quand ils se réveillèrent, cependant, Mitsuha les attendait déjà avec de l’eau bouillante sur le micropoêle du camp à côté d’elle. Bon travail, petit gars ! Ils auraient dû allumer un feu pour ça, mais tu m’as facilité la tâche.

« Essayez-les, s’il vous plaît », dit-elle, en présentant deux boîtes de CalorieMates aux saveurs de fruits avec du thé.

« Ils sont très nutritifs, se conservent longtemps et sont faciles à transporter ! »

Chacun d’entre eux en avait pris un avec hésitation et l’avait essayé.

« C’est délicieux… », dit Gritt.

« Il n’y en a pas beaucoup, mais c’est… nutritif ? », ajouta Sven.

Sympas, ils aiment ça ! Oh, ils en veulent d’autres ? Je ne crois pas, non. Ils ont après tout plein de trucs à faire, dont une recherche de nourriture.

Pendant que les mercenaires s’absentaient, Mitsuha restait au camp. Mais comme ils restaient dans le coin, cela ne posait pas de problème. Hein ? Vous me demandez pourquoi je n’y vais pas ? J’en ai eu marre, d’accord ? Laissez-moi tranquille !

Ils rentrèrent avant midi, vers les dix heures. Mitsuha était bien préparée. Elle avait déjà préparé de l’eau bouillante, il ne lui restait plus qu’à ajouter quelques nouilles.

« Bon retour parmi nous ! J’ai presque fini de cuisiner ! »

Ils y étaient habitués, alors personne n’avait répondu. Quelques minutes plus tard, Mitsuha leur avait donné un plat qui ressemblait un peu à du ragoût. Mais plutôt que de leur donner des cuillères, elle tendit à chacun une fourchette.

« Qu’est-ce que c’est ? », demanda Sven.

« Une recette secrète de ma famille ! On l’appelle “Ramen en boite” ! »

Ils émirent des « oohed » et des « ahhed » de manière appropriée.

Content de voir que vous pouvez jouer le jeu maintenant.

« Bon sang, c’est quoi ce truc !? », demanda Gritt.

« C’est tellement bon ! », Sven s’était joint à nous.

C’est comme si c’était tout ce que tu pouvais dire, pensa Mitsuha amèrement. Travaillez votre vocabulaire. Cela ne voulait pas dire que les ramens instantanés ne sont pas géniaux. C’était bon marché, chaud, léger et facile à cuisiner.

Vous savez, tous ces gens qui mangent des ramens tous les jours en faisant croire qu’ils étaient complètement fauchés ? Des faussaires ! Tous ! S’ils étaient vraiment pauvres, ils prendraient des trucs en sac ou des croûtes de pain. Et n’oublions pas les germes de soja ! Ces petits gars n’avaient que 34 yens, mais ils n’en ont plus que 26 maintenant. Est-ce que les entreprises gagnent de l’argent avec ça !? Je ne peux pas vendre de ramen aux mercenaires, de toute façon… L’emballage se briserait probablement à l’intérieur de leurs sacs.

Mais, hé, j’ai trouvé un vrai produit de puissance ! Maintenant, nous allons nous reposer un peu après le brunch et commencer la chose essentielle de cette quête — la chasse !

Contrairement à ce qu’ils faisaient lorsqu’ils cherchaient de la nourriture, ils ne s’étaient pas séparés, préférant ainsi chasser en groupe. Tout le monde avait un style de combat et un champ de tir qu’ils maîtrisaient bien, alors ils choisissaient la meilleure personne en fonction de la proie qu’ils rencontraient. De plus, les proies plus grosses étaient beaucoup plus faciles à manœuvrer lorsqu’ils travaillaient ensemble. Certains animaux devaient être gardés ou entourés pour être attrapés, tandis que d’autres étaient trop fortes pour qu’une seule personne puisse les abattre. De telles bêtes pourraient valoir jusqu’à deux pièces d’or, et une seule d’entre elles ferait de ce voyage un grand succès.

Notre groupe de cinq se déplaçait rapidement et tranquillement dans la forêt, à l’affût de proies. Leur première cible était un gros oiseau perché dans un arbre au-dessus de leur tête. Ilse avait tiré sur l’animal, mais l’avait raté.

« Désolé », avait-elle dit.

Gritt lui tapota la tête, et ils reprirent leurs recherches.

C’est… un oiseau ?

Bien qu’étant une pisteuse amateur, Mitsuha trouva un autre oiseau avant tout le monde dans le groupe. Elle s’approcha de Sven, tapa sur son arbalète et chuchota :

« Puis-je l’abattre ? »

Les arcs et les flèches n’étaient pas très précis au départ, et considérant que la cible était dans un arbre, les feuilles et les angles impliqués rendraient la situation encore pire. Aussi habile qu’elle l’était, Ilse manquerait probablement encore une fois.

Sven l’avait laissée essayer. Elle ne pensait pas qu’il croyait qu’elle pouvait le tuer, mais il n’avait probablement pas peur de gâcher une occasion de satisfaire son employeur. Le fait qu’elle l’ait trouvé elle-même avait probablement quelque chose à voir avec ça.

Peu importe, pensa Mitsuha. Un sourire s’était glissé sur son visage en tirant sur la ficelle de l’arbalète.

En tant qu’archère elle-même, Ilse semblait assez curieuse au sujet de cet arc horizontal.

Une forte secousse secoua l’air lorsque la flèche métallique s’était envolée. Le bruit sourd de l’oiseau qui tombait au sol le suivait. Les mercenaires ne pouvaient pas croire ce qu’ils voyaient. Ilse, en particulier, était si stupéfaite qu’elle ne pouvait pas fermer la bouche.

Ai-je mentionné que j’ai eu un entraînement à l’arbalète à la base du capitaine ?

« Ça va directement au marché. On ne va pas le manger. »

Sven avait surmonté son choc et l’avait bien fait comprendre. C’était effectivement un vrai leader.

Quelques heures de plus s’étaient écoulées. Szep portait l’oiseau que Mitsuha avait abattu. Gritt avait déclaré qu’il devait se sentir coupable pour la nuit dernière, mais Mitsuha n’arrivait toujours pas à comprendre ses actes. Eh bien, peu importe. Nous avons déjà convenu que tout ce que nous ramassons ou attrapons ici leur est destiné, donc ce n’est pas mon travail de le porter.

Quand ils s’étaient arrêtés pour une courte pause, Mitsuha leur avait dit qu’elle allait « cueillir des fleurs » et elle était partie toute seule.

« Pour la décoration ? Je viendrai avec vous », dit l’un des mercenaires dans une profonde démonstration de stupidité. Ça lui avait valu un coup de Gritt.

Je dois aller assez loin pour ne pas être vu, entendu ou senti, et trouver un sol solide assez incliné pour qu’il s’écoule en une seule éjection, c’est-à-dire en une seule fois ! C’est mon « numéro un », ok !?

Hein ? Qu’est-ce que c’est que ce bruissement dans la brousse ! Quelque chose vient de sortir de là !

C’était clairement un animal sauvage. La créature ressemblait à un joli sanglier, mais même si ce n’était pas un sanglier, le cerveau de Mitsuha l’avait interprété comme tel. Plus important encore, il la regardait fixement. Leurs yeux s’étaient rencontrés.

***

Partie 5

Ai-je envahi son territoire ? Ou bien me voit-il comme une proie ? Ahem. Chéri, c’est moi qui chasse ici, merci beaucoup.

Il n’était pas trop grand selon les normes de l’industrie du sanglier… Non pas que Mitsuha savait si quelque chose comme ça existait. Est-ce un petit ? Un cochon d’Inde ? Un marcassin ? Ça n’a pas l’air si petit. Il a au moins l’air suffisamment grand pour m’envoyer voler. Il a déjà des défenses, alors peut-être qu’il me poignarderait ? Ou est-ce qu’il me percuterait après m’avoir jetée à terre ? Il n’a pas l’air effrayé, alors c’est peut-être un adulte ?

Avant que Mitsuha n’ait pu terminer son raisonnement, le sanglier mugit, mit les pattes sur la terre et la menaça en prenant une pose « prête à charger ». Elle ne se sentait pas obligée de traîner et d’attendre qu’il soit lancé.

Mon père venait de la cambrousse, je veux dire, de la campagne. En particulier dans cette ville où il n’était pas rare que le journal local fasse la une des journaux avec ceci : « Un sanglier sauvage fonce sur une voiture » et que des bêtes d’élevage soient grièvement blessées lors d’attaques de sangliers. Bien sûr, je ne sais que trop bien qu’il ne faut pas s’en prendre à ces animaux… Je sais exactement quoi faire !

« AAAAAAAAHHHHHHHHHHHH ! »

Elle s’était enfuie. Ou plutôt, elle avait mis les voiles.

Les sangliers ne peuvent pas faire de virages serrés, alors je dois juste courir aussi-HUH !? Il me rattrape encore ! Papa, pourquoi mentirais-tu sur quelque chose d’aussi important !? Oh, ouais… Il ne pensait probablement pas que je serais poursuivie par un sanglier un jour. Ça ne lui est probablement jamais arrivé. Il l’avait probablement entendu et l’avait accepté comme un fait sans le confirmer lui-même.

Le sanglier n’était pas très agile, mais il réduisait progressivement la distance entre eux chaque fois qu’il y avait un chemin droit. Il ne mettra pas longtemps avant de rattraper son retard. Si c’était le cas, Mitsuha vivrait bien plus qu’un moment de souffrance… Ses défenses étaient mortelles. La forêt n’était pas non plus un bon endroit pour courir, elle avait rapidement manqué d’endurance. Elle avait l’impression de pouvoir trébucher à tout moment.

C’est mauvais ! Elle avait paniqué. Mais avant de s’en rendre compte, sa main droite ouvrait l’étui sur sa taille et sortait une arme. C’était le Beretta 93R, le pistolet ayant le mode rafale à trois coups. Sa main gauche s’était jointe à elle et l’avait mis en mode semi-automatique, le mode tir unique.

Des bruits bruyants et secs avaient retenti pendant qu’elle tirait trois fois sur l’animal. Il y avait un manque d’écho perceptible. Après tout, elle n’était pas à l’intérieur, il n’y avait pas grand-chose pour que les sons réverbèrent.

Le sanglier était mort sur place. Une seule des trois balles avait manqué. Heureusement que j’étais passée en mode tir unique. J’aurais eu de la chance de le toucher une seule fois en mode rafale.

Quoi ? Vous pensez que l’utilisation d’armes à feu est injuste ? Allons, ce n’est pas comme si c’était une chasse professionnelle et le sanglier n’était pas non plus un talon d’Achille. Je cherche à survivre ici, pas à avoir un honorable « combat du siècle » ou autre. Mitsuha se précipita pour prendre deux flèches d’arbalète de son carquois avant de les enfoncer dans les blessures du sanglier.

« Que s’est-il passé !? »

Les mercenaires s’étaient précipités sur la scène et tombèrent sur Mitsuha à côté d’un sanglier avec deux flèches qui en dépassaient.

« Oh, il m’a attaqué de nulle part. J’ai paniqué et j’ai tiré, et ça a marché… », dit-elle.

Quatre paires d’yeux lui lancèrent un regard suspect.

Ah, c’est parce que l’arbalète n’était pas aussi puissante quand je l’ai utilisée devant eux.

Ils avaient pris le sanglier et l’avaient ramené au campement, pour ensuite repartir à la chasse. Gritt était resté pour éviscérer le gibier et le protéger des autres animaux. Les autres étaient sortis, Mitsuha incluse. Ilse était un choix évident, étant l’archère du groupe, mais il semblerait qu’ils reconnaissaient maintenant Mitsuha comme un atout précieux.

Ilse avait abattu un lapin et un oiseau, tandis que Mitsuha n’avait abattu qu’un seul lapin. Elle aurait pu en avoir deux, mais le deuxième s’était enfuie après qu’elle ait raté se cible. C’était vraiment dommage. Les lapins et les oiseaux se vendaient tous les deux à un prix décent, de sorte qu’ils allaient être mis sur le marché. C’était assez pour la journée, alors le groupe était retourné au camp pour la nuit.

Quand ils étaient arrivés, Gritt faisait bouillir des intestins. Ahh, ouais. Ceux-ci pourrissent assez rapidement, il est donc logique qu’ils les mangent au lieu de les rapporter. Je parie que c’est délicat. J’en mangerai aussi, bien sûr. J’aime les intestins, et ils sont très nutritifs.

Tout le monde était de bonne humeur. Bien qu’ils n’aient pas attrapé un renard ou quoi que ce soit d’autre ayant une peau chère, les deux lapins, les oiseaux et, bien sûr, le sanglier avaient largement compensé cela. Leur voyage avait été un succès, cela ne faisait aucun doute. Il y avait aussi la montagne d’herbes qu’ils avaient cueillies la veille, et ils allaient chasser à nouveau demain. Tout cela combiné avec la récompense de Mitsuha rapporterait beaucoup d’argent. Probablement pas assez pour obtenir de nouvelles armes, mais assez pour se détendre pendant un moment.

Même si c’était les intestins, tout le monde était excité, car c’était leur première viande depuis longtemps, et leur rire avait retenti jusqu’à ce qu’il fasse nuit.

Le lendemain matin…

« Hein ? De la nourriture ? Qu’est-ce que vous racontez ? Vous allez chasser, puis vous prenez un brunch, et puis on retourne tous en ville, non ? Pourquoi perdez-vous votre temps ici ? »

Attristés par la réponse froide de Mitsuha, les quatre mercenaires s’enfuirent.

Hein ? Moi ? Je m’occupe du camp. La chasse est super ennuyeuse. Je veux dire, j’ai besoin de conserver de l’énergie pour le voyage de retour. Mais je vais leur préparer quelque chose à manger.

Comme la visibilité était faible, Mitsuha avait profité de l’occasion pour bien organiser son inventaire. Elle était retournée dans sa maison avec les articles qu’elle n’utiliserait plus, comme le réchaud de camping. Elle les avait laissés là, et avait pris à la place quelques épices, comme du sel, du poivre, et d’autres herbes.

Je crois que je vais faire bouillir les restes d’intestins, avait-elle décidé. Si elle rapportait le réchaud, elle n’aurait plus l’occasion de le laisser à la maison, puisque tout le monde serait de retour avant que j’aie terminé. Elle avait donc décidé d’utiliser le poêle en pierre de Gritt.

Le quatuor était revenu bien plus tôt qu’elle ne s’y attendait. Elle avait été doublement surprise de voir le cerf qu’ils avaient apporté. Pas possible, on a du gibier maintenant ! L’Américain moyen, adorant manger du bœuf à chaque repas, se précipiterait sur cette viande légendaire !

Cet animal vaut cher. Tout le monde a l’air heureux comme un agneau ! Ugh, ouais, je sais que c’est qu’un « clam ». Mais vraiment, en quoi cela a-t-il un sens ? Imaginez un troupeau d’agneaux sautant dans un pâturage, broutant sans le moindre soin dans le monde. Ça colle mieux, n’est-ce pas ?

Whoa, j’ai pris une tangente là. Revenons à la question qui nous occupe… Quel gaspillage de bons intestins ! J’ai déjà fait du ragoût avec les tripes d’hier soir ! Il va falloir jeter ceux du cerf, même s’ils sont évidemment meilleurs… D’un autre côté, même si nous commencions à les cuire maintenant, nous serions rentrés tellement tard que nous aurions de toute façon dû jeter ses intestins.

Tout le monde avait commencé à découper le cerf. C’était trop lourd à rapporter en un seul morceau, de sorte qu’ils ne gardaient que les pièces qui valaient la peine d’être vendues. Ils jetèrent les entrailles, lui coupèrent la tête et mirent de côté les bois. Les pattes seraient utiles pour le transport, alors ils les attachaient ensemble à l’aide de lierre, puis les attachaient à une branche pour que deux personnes puissent le soulever et le transporter. C’était le travail de Sven et Szep. Gritt et Ilse portaient le sanglier, bien sûr. Quant aux oiseaux et aux lapins… Mitsuha était reconnaissante de s’être débarrassée de certaines de ses affaires quand elle en avait eu l’occasion.

« C’est tellement bon ! »

Bien sûr que cela l’est ! Il y a des tonnes d’épices là-dedans ! Ils ont du punch, n’est-ce pas !? Mangez !

Sur le chemin du retour, Mitsuha s’était rendu compte à quel point leur butin était lourd. Les autres avaient encore plus de difficultés, mais imaginer leur chargement comme un sac plein de pièces de monnaie était tout ce dont ils avaient besoin pour continuer à faire le transport. Quand ils étaient revenus en ville, il faisait déjà nuit. Ils avaient dû faire de nombreuses pauses en chemin.

Le lendemain, Mitsuha les avait rencontrés devant la guilde des mercenaires. Quand elle était arrivée, ils avaient déjà vendu leur butin à la guilde. Mitsuha avait signé le document en disant qu’ils avaient répondu à sa demande et leur avait donné une note « A », ce dont ils étaient très satisfaits. La guilde avait donné à Sven la seule pièce d’or qu’on lui avait promise, et il l’avait cachée avec grand soin.

Cette pièce d’or leur permettrait de payer quinze jours de nourriture et de loyer de leur chambre spacieuse, mais bon marché.

Mais ce qui était encore plus important, c’était la fête qu’ils allaient organiser. Ils avaient décidé de célébrer leur voyage réussi dans la nature. Entre les gains dus à la chasse et aux herbes, les mercenaires pouvaient se permettre de s’amuser. De plus, ils avaient probablement pensé que se rapprocher de Mitsuha serait bénéfique, donc ce n’était clairement pas un gaspillage d’argent.

Mitsuha était trop épuisée pour dîner la veille au soir. Les mercenaires devaient avoir connu la même situation, et tout comme elle, ils n’avaient probablement rien mangé ce matin pour laisser de la place à la nourriture de la fête. Tous les cinq étaient affamés comme des ours, donc ne perdant plus de temps, ils s’étaient dirigés vers leur endroit préféré.

Il n’est que midi, mais il doit bien être cinq heures quelque part, non ?

« À notre succès ! », Mitsuha avait levé sa bière.

« SANTÉ ! », ils avaient tous les quatre crié en réponse.

Après le toast, ils avaient commandé de plus en plus de nourriture tout en bavardant tranquillement. Ils avaient parlé de la chasse, de la nourriture… ce genre de choses. Aucun des mercenaires n’avait mentionné l’arbalète. Selon toute vraisemblance, ils avaient supposé que Mitsuha ne voulait pas en parler. Un employeur avait le droit de s’occuper de ses propres affaires privées, alors ils n’avaient pas insisté davantage.

Parmi les mercenaires, il y avait des voyous qui ne se souciaient de rien tant qu’ils étaient payés, mais le groupe de Sven était de l’autre côté du spectre. Ils prenaient à cœur les règles du mercenariat, parce que s’ils ne le faisaient pas, ils ne pouvaient pas se plaindre quand quelqu’un d’autre les enfreignait.

« Quoi qu’il en soit, les… ramen ? Et euhh, CalorieMates ? Ils sont plutôt bons », dit Gritt.

« Oui, ils le sont vraiment », acquiesça Mitsuha.

« Votre petit poêle était très utile aussi, mais il avait l’air d’être pénible à transporter. Je pense que c’est mieux d’utiliser des poêles en pierre de fortune. Ce truc est cher aussi, n’est-ce pas ? Ça consomme du carburant, et si ça casse, vous ne pouvez plus rien en faire. »

« Oh, ouais. »

***

Partie 6

Mitsuha avait beaucoup appris de ce voyage et s’était bien amusée. Si seulement faire des affaires n’était pas si dur !

« Hé, ne pensez-vous pas que ce serait génial si vous pouviez porter plus d’affaires ? »

« Bien sûr. Nous pourrions emporter plus de butin avec nous, pour gagner plus d’argent. Mais on ne peut pas acheter une voiture ou quoi que ce soit comme ça. Les coûts de maintenance sont trop élevés. Juste une voiture et quelques chevaux nous coûteraient un bras et une jambe. »

À ce moment-là, Mitsuha s’était souvenue d’un certain résultat de recherche. Il était écrit « Remorque de vélo pliable en aluminium, pneus n’éclatant pas : 37 900 yens » (310 euros). S’ils amènent l’un d’eux en voyage… Les possibilités sont infinies !

« Hé, est-ce que ce bâton d’éclairage coûte cher ? » demanda Gritt.

« Oh, pas vraiment. Surtout les plus petits. Ils peuvent être utilisés des centaines de fois, et ils ne coûtent même pas une pièce d’argent. »

« HUHHH !? », Gritt et Ilse étaient stupéfaites.

Oui, je les ai achetés au magasin discount. Chacun devrait valoir probablement une petite pièce d’argent chacun. Avec les marges de profit folles de mon magasin, ce sera donc une pièce d’argent. Et pourquoi les filles sont-elles les seules surprises ? se demanda Mitsuha. Oh, j’ai compris, elles sont les seules à s’occuper du feu et de la nourriture, hein ? Je vois comment cela marche.

Le bavardage n’avait pas cessé, mais Mitusha s’en fichait. Elle avait trouvé les sujets de conversation à la fois amusants et utiles. Soudain, elle s’était souvenue de quelque chose.

« Oh oui, regardez ça, » dit-elle en prenant un magazine de son sac et le plaçant sur la table.

« Vous vous souvenez quand vous m’avez dit que j’étais imprudente le premier soir ? Regardez ! D’où je viens, il est normal de porter ça quand je nage ! »

Les quatre avaient ouvert le magazine et avaient immédiatement jeté un coup d’œil au contenu. Des hommes et des femmes de tous âges en maillot de bain faisaient la fête dans les piscines et les plages. Une bombasse séduisante en bikini les regardait sur l’une des… pages spéciales.

À cette vue, le groupe gela sur place. Sauf Szep, dont les mains tremblantes feuilletaient les pages en mode pilote automatique.

« Pas possible… », dit Gritt.

« C’est juste… », Sven n’avait même pas pu former une phrase.

Ilse n’avait pas de mots.

Szep, cependant, était plutôt bavard.

« Hé, ce ne sont que des photos, n’est-ce pas ? Elles sont si détaillées, oui, mais ça ne peut pas être réel ! Un paradis comme celui-ci ne peut pas exister… »

Hier soir, Mitsuha était revenue sur Terre. Cela avait été une lutte, vu sa fatigue, mais elle s’était traînée dans une librairie d’occasion et avait acheté un magazine, plein de photos sexy. Mitsuha s’était assurée qu’il était à la fois bon marché et percutant. Après tout, l’honneur de sa nation était en jeu.

Même si je m’étais changée avant d’y aller, je puais encore. Pas étonnant que j’aie eu tous ces regards bizarres. Il y avait ce vieux type avec un regard méchant dans les yeux… Il me poignardait du regard, comme si l’odeur du sang l’avait fait flasher ou quelque chose comme ça. C’était quoi son problème !? J’aurais vraiment dû prendre un bain…

Après la fête, Mitsuha et les mercenaires s’étaient dit au revoir tout en espérant travailler à nouveau ensemble. L’une d’elles avait essayé d’en savoir plus sur son arbalète, mais les autres l’avaient empêché. Ce chapitre terminé, elle était retournée à son magasin.

Bon sang, je ferme trop souvent. Je devrai vraiment ouvrir demain, pensa-t-elle.

Avant qu’ils ne se séparent, Szep s’était renseigné sur le magazine. Celui-ci ayant rempli sa fonction, Mitsuha le lui avait donné.

Quelques jours plus tard, Mitsuha était retournée à l’endroit où ils avaient eu leur petite fête. Elle avait vraiment apprécié leur nourriture. Même moi, j’aime bien manger dehors de temps en temps. Cuisiner pour moi-même trop souvent draine toujours mes réserves de légumes, alors les conserver est aussi une bonne chose.

Les quatre mercenaires s’y trouvaient aussi. Mais en la voyant, ils avaient sursauté comme s’ils avaient vu un fantôme. C’est quoi cette attitude !?

« Hé, ça fait un bail. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« Ah, rien, juste, euh… »

C’était à ce moment-là qu’elle avait remarqué qu’ils avaient un équipement différent.

« Hein ? Vous avez de nouvelles armes ? Félicitations ! »

« NOUS SOMMES DÉSOLÉS ! »

Tous les quatre s’étaient inclinés et s’étaient excusés à l’unisson.

Uhhh… Quoi ? Ils ont vendu le magazine au quatrième fils d’un noble pour sept pièces d’or ? C’était plutôt bien joué de leur part. Je le leur avais donné parce que je n’en avais pas besoin. Je me fichais de savoir s’ils l’avaient jeté ou vendu.

Revendre quelque chose dont je ne connaissais pas la valeur les faisait probablement se sentir coupables, comme s’ils m’avaient escroqué ou quelque chose du genre, mais en fait, ça ne me dérange pas du tout. Mais pour atteindre ces sept pièces d’or, il faudrait que je vende 140 shampooings génériques. Je les vendais pour huit pièces d’argent chacun, mais seulement cinq d’entre eux étaient rentables. Et ces quatre-là ont obtenu cette même somme en une seule revente, hein ?

Non, vraiment, c’est bon. Je n’en pense pas grand-chose. Honnêtement. J’ai l’impression d’avoir un vaisseau sanguin qui éclate et que mon sourire est un peu raide, mais c’est probablement juste mon imagination. Ils ont l’air un peu pâles… comme s’ils frissonnaient, hein ? Non, ça doit être mon imagination.

« Très bien ! C’est vous qui m’invitez à déjeuner », avait-elle déclaré.

« Oui, madame ! »

Mitsuha continua à jouir d’une longue période de paix. Le pays dans lequel elle se trouvait était devenu son deuxième foyer. Elle était assez en sécurité dans ce monde, et les gens étaient gentils. Le monde avait sa part de mauvaises graines, mais il en était de même sur la Terre.

Ne t’en fais pas pour les détails qui vont te faire devenir chauve, je te l’ai toujours dit !

Elle voulait s’acclimater à son propre rythme, puis trouver un moyen de s’enrichir. Pour l’instant, elle menait une vie confortable et avait tout le temps du monde.

Je vais y aller doucement et apporter du bonheur à tout le monde !

… Ah, il fut un temps où elle y croyait, n’est-ce pas ? Ce n’était pas comme si tu pouvais lui en vouloir. Elle n’avait connu après tout qu’une seule nation relativement prospère. Il n’était pas possible qu’elle ait pu remarquer les activités louches de ses voisins ou qu’elle ait vu l’inscription sur le mur qui disait qu’une guerre était imminente.

Mitsuha passa ses journées à ignorer l’intrigue politique, ne sentant jamais le danger qui approchait…

***

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