Chapitre 3 : Le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée commence
Partie 9
« Son visage semble indiquer qu’il va bien. Il semble qu’Ikki ait vu à travers lui — le défaut du roi de l’épée des sept étoiles, » Touka murmura de son lit à l’infirmerie de l’Académie Hagun en regardant la retransmission télévisée du combat entre les deux chevaliers.
« Un défaut ? » demanda Kanata.
« Oui. Je dirais qu’il a fait des recherches sur les matchs de Moroboshi plusieurs fois, et qu’il a confirmé ses soupçons pendant cet engagement, » déclara Touka.
« Je ne peux pas prétendre comprendre quoi que ce soit à ce sujet. Quelle pourrait être sa faiblesse ? » demanda Kanata.
« Hmmm… Kana-chan, quelles sont les options offensives d’une lance ? » demanda Touka.
Après qu’on lui eut posé une question à tour de rôle, Kanata avait réfléchi brièvement avant de répondre.
« C’est la poussée, naturellement. N’est-ce pas ? » demanda Kanata.
« Eh bien, il est vrai que la lance est une arme de poussée. Mais il a une autre option qui dérive de son avantage absolu en termes de portée, et c’est le balayage, » déclara Touka.
Les lances n’avaient que des lames à leur extrémité, de sorte qu’on ne pouvait pas faire un aussi fort effet telle une épée en tant qu’arme de balayage. Mais en vérité, ce serait de la folie que de penser ainsi, car c’était rien de moins qu’un coup de lance. Un coup porté par la force centrifuge d’une tige robuste de plus d’un mètre de long pourrait facilement briser les os humains. En fait, certaines formes d’armement chinois considéraient les coups de bâton comme des feintes. En d’autres termes, ces écoles d’arts martiaux utilisaient la poussée comme leurre pour faire esquiver l’adversaire avant d’utiliser la lance comme un bâton comme principal moyen d’attaque.
« Cependant, le balayage n’est pas une entité dans la lignée de Yuudai Moroboshi. Il n’en a pas que fait pendant ce match. Depuis son retour, il s’est fié à un système de poussée et n’a pas utilisé un seul coup de balayage, y compris le match avec moi » déclara Touka.
« Wôw, je n’avais pas remarqué ça, » Kanata avait exprimé sa surprise d’une manière élégante en entendant la vérité. « Pourtant, pourquoi n’utilise-t-il que des poussées ? A-t-il le sentiment qu’il n’a pas besoin d’utiliser autre chose ? »
« Il est vrai que la poussée est très forte puisqu’elle nécessite peu de mouvement pour atteindre la vitesse qu’elle atteint, et qu’elle concentre toute sa force sur la pointe de la lance, lui donnant une grande puissance offensive. Surtout si l’on considère que Sanrensei n’a presque pas de délai entre la rétraction et la poussée avec la lance, on pourrait l’appeler la forme d’attaque ultime. Alors c’est comme tu dis, Kana-chan. Il n’a pas besoin d’un coup de balayage, mais c’est peut-être une autre histoire si l’adversaire est un expert comme Kurogane-kun, » répondit Touka.
Malgré sa vitesse et sa puissance, la poussée était une attaque ponctuelle et ne possédait pas les capacités de contrôle de zone qu’aurait un balayage. Une attaque ponctuelle était facile à voir à travers, et une fois relâchée, elle mettait son corps dans une extension avant, ouverte à la contre-attaque.
« C’est quelque chose qui ressemble à ce qu’on appelle une “lame morte” au kendo, » déclara Touka.
« En d’autres termes, il ne devrait pas être difficile pour Kurogane-kun de battre le style de Moroboshi-san avec ses réflexes, n’est-ce pas ? » demanda Kanata.
« Bien sûr, cela serait le cas… si c’était normal, » à ce moment-là, Touka avait fait un sourire espiègle, une vue rare.
« Normal ? » demanda Kanata.
« Malheureusement, l’homme auquel Kurogane fait face n’est pas normal. Si les pensées de Kurogane-kun sont comme je viens de le dire, il va souffrir beaucoup… comme moi l’année dernière, » déclara Touka.
« Oh mon Dieu ! Encore une fois, Kurogane prend l’initiative ! »
Tout comme Touka l’avait dit, la bataille avait fait rage une fois de plus dans la lointaine ville d’Osaka. Après s’être assuré qu’il n’y avait pas de peur en lui, Ikki avait réduit l’espace qui les séparait, avec l’intention de profiter de la faille qu’il avait vue dans leur affrontement précédent.
« Mais Moroboshi ne va pas le laisser s’approcher aussi facilement ! Il le rencontre avec Sanrensei ! »
Bien sûr, Moroboshi profiterait de sa portée pour frapper le premier coup.
Un !
Il avait bougé vers la droite, évitant un premier coup pointé sur son front.
Deux !
Un pas à gauche, le coup vers son cœur élégamment éludé.
Une technique qui avait effectué trois coups en un souffle. C’était brillant, mais en fin de compte, c’était quelque chose qui s’est construit à partir de l’entraînement. Il n’était pas aussi flexible que la contre-attaque marginale du Mangeur d’Épées, une technique surhumaine dérivée d’un don naturel unique. Il pourrait s’en sortir et avoir encore de la place.
C’est la deuxième. Le prochain est le dernier ! Après le prochain coup, Moroboshi devra respirer, pensa Ikki.
Très probablement, trois coups en un souffle étaient sa limite. Ikki avait donc choisi le troisième et dernier coup pour sa contre-attaque.
Avec ce coup, je vais faire la contre-attaque ! Cela ne l’abattra probablement pas, mais cela me permettra de prendre les devants dans cette bataille ! pensa Ikki.
Le troisième coup qu’il visait s’était avancé vers la cuisse.
Trois — maintenant ! pensa Ikki.
Malgré sa vitesse incroyable, c’était quand même une attaque ponctuelle. S’il s’éloignait d’un millimètre de ce point, il le raterait. Il avait fait un pas de plus vers la gauche, se mettait à portée de son épée.
Allons couper son corps quand je le croise —, pensa Ikki,
Au moment où Ikki avait évité le trajet de la lance avec son pas de côté et s’approchait pour couper Moroboshi, il vit quelque chose d’impossible.
Le Tora-Ou qu’il aurait dû esquiver avait fait un mouvement sur la gauche. Tel un serpent à la recherche de sa proie, la pointe de la lance le poursuivait.
« Uuh ! » s’exclama Ikki.
Bien qu’il ait été surpris par cette vue inattendue, il avait réagi en un instant. Abandonnant sa charge, il avait fait un grand saut vers la gauche, sortant de la portée de la lance.
Mais c’était une évasion risquée… et imparfaite, en plus.
« Quoi... Quoi !? Avec Kurogane esquivant gracieusement les trois frappes, et Moroboshi ne défendant, on pourrait penser que Kurogane avait l’avantage — mais il a été inversé son déplacement en un instant ! Cela lui a coupé la moitié de l’oreille ! Le roi de l’épée des sept étoiles Yuudai Moroboshi a le premier coup ! »
Les tribunes étaient dans un tumulte depuis la première blessure. Ikki, par contre, frissonnait légèrement, sans tenir compte du sang qui coulait de son oreille.
Quelle était cette dernière poussée ? Je ne l’ai vu dans aucun de ses enregistrements ! pensa Ikki.
Il avait étudié les matchs de Moroboshi d’innombrables fois afin de trouver un moyen d’exploiter ce défaut, mais Tora-Ou ne lui avait jamais rien montré de tel. Était-ce une nouvelle technique ? Non. Il se passait quelque chose de très étrange si c’était le cas.
Pourquoi les commentateurs n’ont-ils pas mentionné cette technique ? pensa Ikki.
Se pourrait-il que…
— Ils ne peuvent pas le voir ? Se demanda Ikki.