Chapitre 3 : Le Pire en état de siège
Partie 8
« Hé ! Qu’est-ce que vous occultez !? » Avec une voix en colère et un visage rouge à cause de l’alcool, l’eau potable destinée aux membres de l’enquête avait été jetée sur son visage, et Ikki avait ouvert les yeux.
« Dormir pendant l’enquête, c’est clairement un manque de sincérité ! »
Il s’agissait d’un homme d’âge moyen portant de minces lunettes rondes devant une frange, qui criait actuellement près des oreilles d’Ikki. Sa voix hurlante était terriblement forte, et elle résonnait dans la petite pièce. Cependant, même ce genre de voix était tellement insignifiante pour Ikki comme il était maintenant.
C’est vrai. Est-ce que je dors encore ? pensa Ikki.
L’enquête avait commencé il y a un peu plus de deux semaines. La fatigue d’Ikki qui était dans une telle situation avait atteint son apogée. L’enfermement s’était prolongé sur une longue période. Les questions et les réponses avaient été répétées plusieurs dizaines de fois. Mais ses affirmations n’avaient pas été acceptées une seule fois. L’esprit de n’importe quel humain aurait été raclé à fond dans une telle situation.
De plus, il y a quelques jours, Ikki était devenu brusquement fiévreux et avait commencé à tousser douloureusement. Ses poumons ne fonctionnaient pas normalement. Même s’il respirait beaucoup d’air, la douleur le traversait à toute allure et il ne pouvait pas s’oxygéner correctement. En subissant ce manque chronique d’oxygène, sa conscience était devenue floue. C’était au minimum une pneumonie qu’il avait actuellement. De plus, elle risquait de s’aggraver encore davantage. C’était un symptôme qui, logiquement, les obligerait à l’envoyer immédiatement à l’hôpital, mais le Comité d’Éthique ne le permettrait jamais.
« Hmph. Quand les choses deviennent gênantes, tu fais semblant d’être malade ? C’est bien quelque chose qu’un mioche tel que toi ferait, » déclara l’homme.
Il était clair qu’ils écrasaient Ikki sous les réprimandes alors que sa conscience était déjà floue depuis un moment. Ils ne le laissaient pas se reposer même pendant une fraction de seconde.
« Maintenant, continuons la discussion. En ce qui concerne l’arrangement secret que tu as conclu avec la Directrice Kurono Shinguuji. Nous pensons qu’il y a un problème éthique avec cet accord secret qui ignore outrageusement le fait que tu aies été jugé insuffisant en matière de capacités sous le système du Directeur précédent, de sorte que tu as dû répéter une année... »
Ce dialogue avait également eu lieu à de très nombreuses reprises au cours de ses deux semaines. La norme créée par le système de l’ancien Directeur qui l’avait jugé comme devant redoubler l’année et qui interdisait à Ikki de participer au travail en classe était déraisonnable. Ce genre de chose... le Comité d’Éthique l’avait sûrement compris sans qu’il le dise. C’était quand même eux qui, à l’origine, avaient incité le Directeur précédent à établir cette norme.
Mais Akaza et les autres n’en avaient nullement tenu compte. Ils avaient jeté ce problème comme s’il n’existait pas. Ils avaient seulement martelé les questions sans lui laisser la moindre pause. De plus, ils ne s’étaient même pas donné la peine d’écouter les réponses. Sans écouter les réponses, ils s’attardaient longuement sur les mauvaises impressions et la défiance. En plus de ce sentiment d’effort gaspillé, Ikki avait déjà supporté beaucoup d’autres choses. Mais malgré cela, il avait effectué de nombreuses réfutations, et...
« ... Arg, *toux* »
Il s’était plié d’un coup en toussant violemment.
« Espèce de salaud ! Qui t’a donné la permission de t’asseoir ? N’as-tu pas de volonté, espèce de mauviette !? » s’écria l’homme.
« Guh... ! »
Ikki s’était recroquevillé et l’avait ignoré de toutes ses forces. Lors de cette toux, il s’était écrasé le nez sur le sol. Avec un *bam*, une odeur métallique s’était répandue par le nez, et des gouttelettes de liquide rouge avaient taché le sol.
... Comme c’est minable, pensa-t-il.
En pensant à son état actuel, Ikki ne pouvait que rire avec amertume. Même lui pouvait vaguement dire que sa condition physique n’était pas naturelle. Il savait que sa mauvaise santé était peut-être due à la drogue. Cependant, si Ikki avait été comme il était d’habitude, même si son état physique était quelque peu mauvais, il ne s’effondrerait probablement pas jusqu’à ce point.
Comme prévu, le coup décisif avait été sa rencontre avec son père, Itsuki Kurogane. Hélas, Ikki croyait que peu importe à quel point son père était éloigné de lui, à quel point son père était froid, à certains égards, juste un peu, lui et son père étaient toujours liés. Quelque part dans son cœur, il l’avait toujours cru. Hélas, il le croyait, mais c’était faux. C’était quelque chose qui le trahissait plus que tout, et cette vérité avait brisé la stabilité de son âme.
Avec son âme qui avait perdu son équilibre, son corps qui était ravagé par la maladie ne pouvait pas le soutenir. Et une fois qu’il s’était effondré une fois, le reste allait continuer sans pouvoir s’arrêter. Le cœur et le corps d’Ikki s’étaient effondrés comme s’il dévalait une colline. Ikki n’était plus que l’ombre de lui-même.
« Mon Dieu, pardonnez-le puisqu’il est déjà arrivé à ce point, » déclara Akaza.
Soudain, Akaza quitta son siège et fit signe aux hommes qui ne voulaient même pas regarder le visage d’Ikki. Puis il avait montré un sourire de mauvais goût dans ses yeux minces, et s’était approché à côté d’Ikki.
« Hehehe. Ça doit être extrêmement douloureux, non ? » demanda-t-il.
Ikki était resté silencieux.
« Même si l’enquête est si longue, ce n’est pas déraisonnable, » continua Akaza. « Mais je veux te le faire comprendre. Nous poussons vraiment beaucoup pour vérifier un chevalier aussi splendide que toi, tu sais ? ... Mais après tout ce temps, nous n’avons fait aucun progrès. Alors j’ai réfléchi à quelque chose. J’ai cherché une façon brillante de faire comprendre ça à mes collègues qui n’ont pas été convaincus quant à tes capacités. Veux-tu que je te parle de ça ? Veux-tu que je te le dise ? »
Quoi qu’il en soit, cela ne pouvait pas être une chose décente. Et parce qu’il le savait, il n’avait aucun intérêt à le demander, mais il avait le sentiment que s’il ne demandait pas, la conversation ne progresserait pas.
« ... Qu’est-ce... que cette solution... ? *Toux toux* ! » demanda Ikki.
Ikki demanda en toussant, et Akaza hocha la tête et continua à parler avec satisfaction.
« Hehehehe. Ce n’est pas comme si c’était quelque chose de spécial. Ikki-kun, tu le sais probablement déjà. Dégager le chemin de son destin avec sa propre épée est une pratique coutumière des chevaliers. Dans ce cas, pourquoi ne pas agir selon l’ancienne tradition ? » demanda Akaza.
« ... Tradition ? » demanda Ikki.
« En d’autres termes, confions la question du désaccord entre toi et les personnes, qui ont des doutes sur ton aptitude, à l’issue de la bataille de sélection finale de demain, » déclara Akaza.
Laissez la question à l’issue de la bataille. Avec ces mots, Ikki comprenait ce qu’Akaza disait.
« Un duel sans merci, contre un combattant désigné... n’est-ce pas ? » demanda Ikki.
« Exactement. Une décision prise en duel est absolue pour nous, chevaliers. C’est une règle non écrite qui ne peut jamais être changée. Aussi loin de la raison, aussi absurde ou impossible que cela puisse paraître, les chevaliers ont l’habitude de se conformer aux décisions prises en duel. C’est également vrai pour la Ligue. Si tu fais une promesse sur ce duel, et que tu montres à tout le monde ta force par la victoire, personne ne pourra émettre un doute sur tes qualités de chevalier. Pour toi, ce serait l’occasion de tout changer et de te sortir d’une situation désespérée. Il n’y a pas d’autre solution, n’est-ce pas ? Ai-je tort ? »
« En d’autres termes, si je gagne demain... vous me laisserez partir avec ça, n’est-ce pas ? » demanda Ikki.
« Oui, oui. Bien sûr que oui... C’est juste que les adversaires que tu as eus dans ton état actuel étaient des étudiants de troisième année du Rang E... Franchement, en faisant face à de tels chevaliers de bas niveau, il serait difficile de vérifier ta force. Dans ce cas, tout le monde ne parviendrait pas à un consensus. Lors de ce duel, il est nécessaire de préparer un partenaire approprié. »
C’est ce qu’Ikki pensait aussi.
« *Toux*... Qui, alors ? ... Ce partenaire... ? » demanda Ikki.
Face à cette question, Akaza avait fait un sourire plus grand que tous ceux qui l’avaient précédé ―.
« Nous, du Comité d’Éthique, avons l’intention de nommer la présidente du Conseil des Étudiants, “Raikiri” Touka Toudou. »
― et il avait donné le nom de son assassin.
C’était un adversaire qu’Ikki à son meilleur n’avait aucun espoir de surpasser. La première place dans le classement interne de l’Académie Hagun, qui avait atteint le quatrième rang du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée de l’an dernier.
Pour Ikki, qui était sur les rotules dans les profondeurs de la Terre, c’était un adversaire excessivement difficile. Ce genre de chose, il n’était pas nécessaire de l’accepter. Il finirait par rencontrer le père de Stella. S’il résistait jusque-là, il arriverait à la fin de toutes ces choses pénibles. Il arriverait ainsi dans un endroit qu’Akaza et les autres ne pouvaient pas atteindre. Et en premier lieu, ce discours sur les combats était impoli pour Touka qui l’avait impressionné. Ikki n’avait aucune raison de l’accepter.
Cependant ―.
« Ahh, en marge de ce sujet, le roi du Vermillon vient déjà directement ici. Ce qui veut dire... qu’il suffirait d’une petite gaffe, et le roi découvrirait ta décision concernant le duel. Non, je le regretterais vraiment. De plus, le roi était extrêmement enthousiaste à l’idée de le voir. Il ne donnerait pas sa fille à un homme qui ne pourrait même pas surmonter une épreuve de ce niveau ! Et, eh bien, ça ressemblait à ça, oui. Si tu refusais ici ~, hmm, ça donnerait une très mauvaise impression, n’est-ce pas ? » Akaza avait parfaitement empêché Ikki de s’échapper.
... Je vois. Dès le début, c’était le développement qu’ils avaient l’intention d’obtenir, n’est-ce pas ? pensa Ikki.
Et Ikki l’avait réalisé en conséquence. L’enquête n’était, dès le début, qu’un prétexte pour séparer Ikki de Hagun. Akaza et les autres ne pensaient pas à intimider Ikki mentalement pour qu’il abandonne. Tout cela avait été fait pour qu’il fasse cette promesse, et pour le forcer dans ce duel désespéré. C’était un plan pour ça.
« Bien sûr, tu l’accepteras tout comme un homme, non ? »
S’il avait ce duel, cela deviendrait déjà une absurdité sans raison ou droiture. Le résultat de la bataille était tout. C’était la coutume des chevaliers depuis l’antiquité. Bien qu’il n’y avait pas de faute chez Ikki, s’il perdait, il deviendrait le coupable. En devenant le coupable, il perdrait tout.
― C’était une offre cruelle. Les risques étaient élevés et les gains étaient nuls.
S’il y avait des gains le moindrement, ce serait qu’Ikki retrouve la liberté qui lui était déjà due. Vraiment, une offre cruelle. Mais — .
« ... je comprends... je me tiens... debout. Je vais le faire. » Ikki répondit ainsi avec un visage plein d’amertume. Toutes ses voies d’évasion étant coupées, il ne pouvait rien faire d’autre.
« Ha, ha ha ha ha, Hahahah ! Merveilleux, merveilleux ! Comme c’est merveilleux ! Hehehehe ! Après tout, tu es un garçon ! Tout le monde l’a entendu, n’est-ce pas ? Ce qu’il vient de dire ! En ce moment, tout sera laissé au duel demain, à l’issue de cette bataille ! Tout dans la décision est conforme à l’ancienne tradition des chevaliers, et cela sera décidé par l’épée ! Et personne ne s’opposera à cette fière décision ! Eh bien, nous déclarerons la fin de l’enquête ici ! »
Ainsi, Le Pire qui était déjà assiégé se lança dans une lutte encore plus désespérée.
L’adversaire d’Ikki était Raikiri, qui se vantait d’avoir une aura d’invincible sur les courtes distances sur laquelle il était limité de son côté. Pour faire face à cet adversaire qu’il n’était pas sûr de vaincre même en parfaite condition physique, il traînerait son corps gravement malade. Jouant tout son avenir — .
Mais, debout avant ce combat, Ikki se souvenait des mots qu’Utakata avait prononcés quelque temps auparavant.
« Entre vous deux, le poids de la responsabilité que vous portez est différent. »
En effet. Ikki pouvait imaginer le fardeau de nombreux espoirs et souhaits que Touka avait sur ses minces épaules. Cela ne se limitait pas seulement aux enfants de l’institution. Parce qu’elle était accablée par l’importante admiration normale envers les quatre meilleurs du pays tout entier, cela allait bien plus loin.
Ce genre de personne fier... pourrait-il la faire tomber ?
Pourrait-il le faire avec l’épée d’une personne sans valeur dont le père ne confierait même pas un seul espoir ?
Merci pour le chapitre !