Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté
Table des matières
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 1
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 2
- Chapitre 1 : Chevalier prodige et Chevalier raté – Partie 3
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 4
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 5
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 6
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 7
- Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté – Partie 8
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Chapitre 1 : Chevalier Prodige et Chevalier Raté
Partie 1
Les Blazers
Il s’agit de personnes spéciales. Une personne sur mille en est un. Ils peuvent matérialiser leur âme sous forme d’une arme appelée Dispositif.
Dans le passé, on les aurait appelés des magiciens ou des sorcières. Les plus forts parmi eux pouvaient même façonner l’écoulement du temps en utilisant des capacités que la science ne pouvait pas expliquer et même les plus faibles étaient déjà extraordinaires face au commun des mortelles. Bien qu’ils soient humains, ils possédaient un pouvoir surnaturel qui était allé au-delà des limites humaines, un pouvoir inabordable pour un homme normal, que ce soit par l’entraînement ou la puissance apportée par la technologie.
À l’heure actuelle, les armées nationales et même les forces de police locale exigeaient des Blazers. Néanmoins, cette grande puissance impliquait des responsabilités qui siéent avec ce statut. Une expression de cette responsabilité était le système de Chevalier-Mage. Il s’agissait d’une organisation où les Blazers étaient diplômés dans des écoles de formation professionnelle approuvée au niveau international. Ceci leur donnait la licence et le statut social d’un Chevalier-Mage, en d’autres termes, l’autorisation d’utiliser leurs capacités.
L’académie Hagun était l’une des sept académies de Chevalier-Mage au Japon, une école dont la superficie couvrait plus de dix fois la région du Dôme de Tokyo [1]. Ici, les jeunes Blazers passaient leur temps, jour après jour, à polir avec diligence leurs compétences en tant qu’aspirants chevaliers mages.
Et dans l’Académie Hagun, Ikki Kurogane, accusé de harcèlement et pris en flagrant délit par les gardiens des dortoirs, avait été amené au bureau de l’actuelle directrice. Là, une belle femme dans un costume était assise dans un canapé en cuir, fumant une cigarette. Kurono Shinguuji, la nouvelle directrice de l’Académie Hagun avait fini d’entendre les explications d’Ikki concernant la chaîne d’événements et elle lui répondit d’une voix fatiguée.
« Je vois et vous avez essayé de réparer l’accident en vous mettant vous-même à moitié nu. Êtes-vous un crétin ? » demanda Kurono.
« Je pensais que c’était une idée juste et courtoise, » répondit Ikki.
« Vous êtes un gentleman d’un certain genre, » commenta Kurono.
« Non, je ne cherchais surtout pas à être un gentleman pervers... Eh bien ! Maintenant que j’y pense, tout à l’heure, je ne pensais pas avoir agi de manière perverse, » déclara Ikki puis il poussa un soupir.
« Haha. En d’autres termes, après avoir vu son corps délicieusement nu, vous avez perdu le contrôle et vous avez enlevé vos vêtements sans réfléchir !? » demanda Kurono sur un ton sarcastique.
« ... C’est peut-être comme cela que les choses se sont passées, mais pouvez-vous s’il vous plaît ne pas le dire ainsi ? N’essayez pas de me faire voir comme un gars vraiment dangereux ! » répliqua Ikki.
« Même si vous dites cela, Kurogane, essayez d’imaginer cette scène, après vous êtes mis à sa place. Dans un dortoir pratiquement vide en raison des vacances de printemps, vous êtes soudainement interrompue par un garçon inconnu pendant que vous changez de vêtements, puis pour couronner le tout, il retire ses propres vêtements. Comment pourriez-vous le voir ? » déclara Kurono.
« Comme un gars vraiment très dangereux..., » répondit Ikki.
Après avoir imaginé les choses du point de vue de la jeune fille comme Kurono l’avait suggéré, Ikki commença à transpirer à grosses gouttes.
« ... Certainement... Haaa ! Je lui ai fait quelque chose d’impardonnable dès la première journée d’étude à l’étranger de Stella-san. J’espère vraiment qu’elle ne va pas haïr le Japon à cause de tout cela, » déclara Ikki.
« Qu’est-ce que vous savez à propos de mademoiselle Vermillion ? » demanda Kurono.
« J’étais trop surpris pour reconnaître son visage quand je suis tombé sur elle, mais je m’en suis souvenu il y a un instant, » déclara Ikki.
Son nom était Stella Vermillion et elle était une princesse de l’Empire Vermillion, une petite nation européenne. Son arrivée au Japon pour y étudier avait fait l’objet de tout un battage médiatique depuis un petit moment.
{Un prodige comme il n’en apparaît qu’une fois par décennie ! Stella Vermillion (15 ans), la deuxième princesse impériale de l’Empire Vermillion, inscrite à l’Académie Hagun après avoir marqué le plus haut score jamais enregistré de l’histoire de l’école !}
Ikki se souvenait encore très bien de l’article qu’il avait lu sur elle.
« Une vraie princesse et en plus de cela, elle est inscrite en tant qu’étudiante. N’est-elle pas incroyable !? », s’exclama Ikki.
« Elle est devenue le numéro un avec une large marge en plus, dépassant de loin le score moyen pour toutes les catégories et sa capacité de mana, le trait le plus important d’un Blazer, est d’environ trente fois supérieures à celui d’un étudiant entrant régulier. Une monstrueuse Blazer de Rang A..., en comparaison avec un certain Rang F qui a dû recommencer une année parce que ses scores d’attributs étaient trop bas, elle est totalement d’un autre niveau que vous, n’est pas, “Le Pire” ? » répliqua Kurono sur un ton sarcastique.
« Laissez-moi tranquille avec cela, » déclara Ikki.
Il protesta face aux sarcasmes de Kurono avec un froncement de sourcils, mais ne le nia pas. Il ne pouvait pas le nier. Après tout, Ikki Kurogane avait seulement un dixième de la capacité moyenne en mana d’un étudiant normal.
« Mais là, c’est devenu une vraie galère avec ce que vous avez fait. J’ai invité la jeune fille au Japon en dépit de toutes les formalités liées à son inscription ici et un tel problème est arrivé dès le tout premier jour. Si cette affaire est traitée de manière incorrecte, ceci pourrait se transformer en un incident international. Donc, même si vous n’êtes pas en faute, vous devez en prendre la responsabilité en tant qu’homme, et cela même si cela peut vous paraître déraisonnable, voire inacceptable, » déclara Kurono.
« ... Je me demande bien pourquoi “être un homme” est seulement utilisé dans ce genre de situation, » lâche Ikki.
Ikki avait alors soupiré. Puis, à ce moment ―.
« Excusez-moi, » déclara la voix d’une jeune femme venant de l’extérieur de la pièce.
La porte du bureau de la directrice s’était alors ouvert et la personne liée à leur discussion en cours, Stella Vermillion, entra.
Contrairement à avant, elle était vêtue de manière appropriée avec une veste sombre de bon goût et une jupe. L’uniforme réglementaire de l’Académie Hagun lui convenait très bien, car cela lui faisait ressortir le rouge-feu de ses cheveux. Mais ce qui attira le plus les yeux d’Ikki fut sa poitrine. Cette zone immense, ornée d’un ruban, émettait une présence tellement imposante qu’instantanément, Ikki se rappela de sa silhouette à moitié nue. Mais son souffle s’arrêta net après avoir vu l’expression de la jeune fille. Elle avait pleuré. La peau sous ses yeux était remplie de ressentiments.
« Excusez-moi ! » déclara Ikki.
Voilà pourquoi des excuses vinrent spontanément de sa bouche. Un homme ne devait pas faire pleurer les femmes. Même si ce n’était de la faute d’aucun des deux étudiants, la terreur qu’elle avait ressentie à ce moment-là avait été bien réelle.
« Ce qui est arrivé était un malheureux accident et je ne cherchais nullement à vous espionner. Mais j’ai vu ce que j’ai vu. Et c’est pourquoi je vais prendre mes responsabilités en tant qu’homme. Faites-moi bouillir, brûler, ou tout ce que vous voudriez me faire, » déclara Ikki alors qu’il était penché vers l’avant.
« ... Belle résolution ! Est-ce que c’est ce qu’on appelle l’esprit d’un samouraï ? » demanda Stella.
« Non, il s’agit plutôt de l’esprit d’un piètre orateur, » répondit Ikki.
Ikki avait alors affiché un sourire pénitent et Stella semblait comprendre ses remords. En voyant ce sourire, elle avait également adouci son expression et lui renvoya un mince sourire.
« Haaa... Honnêtement, après avoir rencontré un délinquant sexuel juste après que je fus arrivée au Japon, ceci m’a fait penser que cet endroit était un lieu horrible. J’aurais aussi pu en faire un incident diplomatique, mais je me suis calmée un peu grâce à vous. Et parce que vous m’avez démontré cet esprit fort, il est normal pour moi de répondre de manière équitable en tant que membre d’une famille impériale, » déclara Stella.
L’hostilité du début qu’elle avait eu au moment où elle était rentrée dans la pièce avait désormais disparu. Après avoir vu cette expression plus favorable, Ikki allégea également son comportement. Il avait d’abord pensé qu’une princesse impériale serait de mauvaise humeur et difficile à satisfaire, mais maintenant, elle semblait être quelqu’un qui accepterait d’avoir une conversation convenable.
« Ikki, par déférence pour votre galanterie, je vais pardonner vos actes si vous effectuez un hara-kiri, » Stella avait alors lâché une bombe.
... Ou alors peut-être que sa première impression fut la bonne la concernant.
« Non, s’il vous plaît, attendez une minute ! Le hara-kiri est une punition trop sévère, même pour un crime grave !? », s’écria Ikki.
« Bien sûr que non. Est-ce que la peine de mort ne devrait pas être appliquée après avoir agressé une princesse telle que moi ? Franchement, vous devriez être lié à un poteau et lapidé à mort par tous les citoyens de la nation. Ceci est un privilège que je vous laisse vous faire pardonner à la place de cette façon, » déclara Stella.
« La lapidation est-elle mieux adaptée que de se transformer en steak tartare pour ce délit ? » demanda Ikki.
« Juste le fait de vous permettre de mourir avec honneur est déjà une grande indulgence. Il s’agit d’un sacrifice ensanglanté pour la peine que vous m’avez causée, » répondit Stella.
« Finalement, je suis toujours celui qui finit par saigner ! » s’exclama Ikki.
« Hahaha. Kurogane, vos réponses sont tellement intelligentes, » déclara la directrice en riant à grand éclat.
« Non, s’il vous plaît, arrêtez de rire. En tant qu’éducatrice et directrice, vous devriez être celle qui empêche de procéder à une exécution au sein de l’école ! » s’écria Ikki.
« Kurogane, nous pouvons maintenir la paix entre le Japon et l’Empire Vermillion en vous offrant tout simplement. Ne pensez-vous pas que c’est une très bonne affaire ? » demanda Kurono.
« Comment un accord peut-il être acceptable si cela coûte une vie humaine !? » demanda Ikki à son tour.
Du point de vue Ikki, toute cette affaire était une grosse arnaque.
« H-Hey, Stella-san, ne pouvez-vous pas penser à une autre façon moins radicale de résoudre ce problème ? » demanda Ikki.
« Hmm ! Pourquoi êtes-vous si mécontent à propos de ma demande ? Le hara-kiri n’est-il pas considéré comme un honneur pour les hommes japonais ? » demanda Stella.
« Non, je suis né à l’Ère Heisei [2] ! De plus, je n’ai aucun lien avec les samouraïs ! Et je suis passé à côté de la hip-hop depuis déjà un certain temps, Yo ! », répondit Ikki.
« Ha ! Ce personnage semble vraiment faux, » répliqua Kurono.
« Si vous n’avez pas envie de l’arrêter, alors restez alors silencieuse, s’il vous plaît ! » demanda Ikki en parlant à Kurono.
Ikki avait crié à la suite de l’interruption de Kurono, qui semblait avoir du plaisir quant au déroulement de l’affaire. Pendant ce temps, l’expression de Stella s’était à nouveau obscurcie en réponse à la résistance farouche d’Ikki.
« Quoi !? N’avez-vous pas dit que je pouvais faire ce que je voulais que ce soit vous griller ou vous cuire !? Si vous êtes un homme, respectez au moins votre parole ! » demanda Stella.
« N-Non ! Ceci était juste une particularité de la langue japonaise. Je ne savais pas que vous étiez vraiment décidée à véritablement me cuire et me griller ! », répliqua Ikki.
« Kurogane, vous êtes plein d’excuses et de dérobades. Rappelez-moi, ce que vous m’avez dit à propos de la prise de responsabilité en tant qu’homme, » déclara Stella.
« ... Dans tous les cas, juste parce que je vous ai vue en sous-vêtements, vous ne pouvez pas me faire payer au prix de ma vie ! » déclara Ikki.
« J-Juste, vous avez dit !? Je.. Je ne peux pas le croire ! Je ne peux vraiment pas le croire, vous êtes totalement perverti ! Est-ce que vous osez dire cela après avoir souillé le corps d’une princesse célibataire !? Même mon père ne m’a jamais vu ainsi ! » cria Stella.
Les flammes de colère surgirent des yeux de Stella face aux paroles imprudentes d’Ikki. Non... ce n’était pas seulement ses yeux qui s’enflammaient. L’air autour de Stella commençait à dégager une chaleur lumineuse qui était rapidement devenue vraiment torride.
À ce moment-là, il se remémora ce que le journal avait écrit au sujet de son talent.
« Impardonnable ! Je vais personnellement transformer un pervers, un agresseur, un roturier insolent comme vous en cendres ! Sers-moi Laevateinn [3] ! » déclara Stella.
Une aurore resplendissante accompagnée d’une zone de chaleur était apparue dans le bureau de la Directrice et une longue épée entourée de flammes s’était alors matérialisée dans la main de Stella. Il s’agissait d’un Dispositif fabriqué à partir de son âme du Blazer.
Sainte-Épée ―.
Révérence de Démon ―.
Objet maudit ―.
Objet divin ―.
Un héritage transmis dans les légendes sous diverses formes et modèles. Le Dispositif était la « baguette d’un magicien ». En utilisant cet outil comme un focalisateur, un Blazer pouvait utiliser leurs capacités appelées les Arts Nobles.
Et la capacité de la « Princesse Écarlate » était de produire des flammes incandescentes qui lui permettaient de tout brûler très facilement !
« Préparez-vous, être dégénéré ! Je vais vous effacer de ce monde sans laisser la moindre trace ! » cria Stella.
« Ê-Êtes-vous sérieuse !? », s’écria Ikki.
« Des excuses sont désormais inutiles ! » déclara Stella.
L’épée de flammes frappa vers le bas. Face à cela, Ikki avait également instantanément pris une posture défensive.
« Viens à moi, Intetsu [4] ! » déclara Ikki.
Une longue épée japonaise en acier noir corbeau était apparue dans ses mains. Le Chevalier de Rang F, Ikki Kurogane avait alors utilisé son Dispositif nommé Intetsu afin de bloquer la frappe de Stella.
Mais ―.
« Cette défense est tellement fragile ! » déclara Stella.
« Brûlant ! » s’exclama Ikki.
« Bien sûr que c’est brûlant ! Mon Art Noble, les flammes du Souffle du Dragon [5] qui couvre Laevateinn, atteint les trois mille degrés Celsius ! Même si vous le bloquez, je peux brûler mes ennemis uniquement avec le Pouvoir de l’Impératrice Dragon, » déclara fièrement Stella.
« Quelle capacité ridicule... ! » s’exclama Ikki.
Le sentiment de colère était si proche qu’Ikki devait utiliser toute sa force pour mettre un peu de distance entre eux. Mais ―.
« Ha-Hahaha... Stupide garçon ! Il n’y a aucune chance que je vous manque dans une petite pièce comme celle-là. Je vais vous désintégrer bien assez tôt et j’effacerais de ce monde le monstre qui a osé ruiner ma virginité avant le mariage ! » déclara Stella.
« Attendez, attendez ! S’il vous plaît, calmez-vous un peu ! Vous appelez cela “ruiner”, mais je n’ai rien fait qui soit si grave !? », s’écria Ikki.
« Menteur ! Vous avez osé regarder mon corps nu avec vos yeux si pervers !! » répliqua Stella.
« C’est vrai que je vous ai regardée, mais c’était... ce n’était pas, euh... ce n’était pas parce que je pensais à des choses lubriques ! C’est tout simplement que... comment puis-je le dire, j’étais hypnotisé parce que vous étiez trop belle ! » déclara Ikki.
« Fueh !? » s’exclama Stella.
En un instant, le visage en colère de Stella devint beaucoup plus rouge. Ikki pensa alors qu’il avait inutilement augmenté sa colère et il commença à transpirer. Cependant ―.
« QQQ-Qu’est-ce que vous venez de dire, imbécile ! A-Appelez une jeune fille non mariée b-belle. C-C’est exactement pourquoi les roturiers sans délicatesse sont si... ! », balbutia-t-elle.
Laevateinn avait soudainement perdu ses intenses flammes pour se transformer en de petites étincelles vacillantes. La jeune fille qui avait été remplie avec tant de haine quelques instants avant, commençait maintenant à bouger comme si elle se sentait mal à l’aise, mais également un peu heureuse. Quand il examina son visage, son front qui avant, avait toujours été tourné face à lui, était maintenant penché vers le bas, impuissant et ses yeux étaient humides en raison de la gêne. Elle semblait même être très embarrassée par la situation.
C’est surprenant. Je pensais qu’une fille aussi belle que Stella-san aurait déjà souvent reçu de telles louanges, pensa Ikki.
Quoi qu’il en soit, l’effondrement de la colère de Stella était une bonne occasion à utiliser. Il devait prendre l’initiative pour essayer de calmer Stella.
« Concernant la présente affaire, ceci est arrivé en premier lieu parce que vous êtes rentrée dans ma chambre et que vous avez commencé à changer de vêtements dedans. Donc s’il vous plaît, épargnez-moi en ne m’obligeant pas à faire hara-kiri, » demanda Ikki.
Mais en réponse à l’argument d’Ikki, le visage de Stella avait recommencé à s’assombrir une fois de plus.
« Quel genre de justification irrationnelle est-ce !? Vous êtes celui qui est entré dans ma chambre de votre plein gré ! J’ai ouvert cette pièce avec la clé que j’ai reçue directement de la directrice, donc je ne peux pas être dans l’erreur ! » s’écria Stella.
« ... Hein ? » s’interrogea Ikki.
Attends un peu... Maintenant qu’il y pensait, Ikki avait sans faute verrouillé sa chambre avant de sortir. Même si Stella avait fait une erreur, il n’y avait aucune chance qu’elle puisse y entrer, mais elle avait quand même pu y rentrer. Mais alors comment cela pouvait-il être possible ?
Stella venait de donner la raison de tout cela à cet instant : « Kurono lui avait donné une clé. »
« ... Qu’est-ce que cela signifie, Madame la Directrice ? » demanda Ikki.
« Hahahaha..., » Kurono n’avait pas répondu, elle s’était contentée d’un petit rire.
« ... Madame la Directrice ? » demanda Stella.
Lorsque les deux étudiants regardèrent à l’unisson, Kurono se mit à rire comme si elle ne pouvait pas se contenir plus longtemps ―.
« Hehe ! Bon, désolée. Ceci se transformait en quelque chose de si intéressant que je me sentais un peu espiègle. Eh bien, vous n’avez pas besoin de me le demander, car c’est exactement comment cela sonne. Les dortoirs de l’Académie Hagun placent deux étudiants par chambre. Kurogane devrait déjà le savoir. En d’autres termes, aucun d’entre vous n’a confondu sa chambre. Enfin, bref, vous êtes tout simplement deux colocataires, » annonça la directrice.
― Et elle leur avait dit quelque chose d’incroyable.
« HEINNNNNNN !? », s’exclama Stella.
Notes
- 1 : Le Dôme de Tokyo a une superficie de 112 456 mètres carrés.
- 2 : La période Heisei, qui a commencé en 1989, c’est l’ère actuelle selon le système de nommage de période du Japon. Le Hara-kiri comme une punition officielle qui a été supprimée au cours de la période Meiji, en 1873.
- 3 : Laevateinn : Une arme, peut-être une épée ou un bâton, mentionné dans Poetic Edda de la mythologie nordique. Dans la culture populaire, il est associé avec le feu. Celui-ci utilise le kanji. 妃竜の罪剣, Hiryuu no Zaiken (« Lame de l’Impératrice Dragon »).
- 4 : Intetsu, 陰鉄 : « Fer ombragé »
- 5 : Souffle du Dragon : Il utilise le kanji 妃竜の息吹, Hiryuu no Sokusui (« Souffle du Dragon Impératrice »).
***
Partie 2
« ... Que voulez-vous dire, Madame la Directrice ? M-Moi, avec ce colocataire pervers !? » s’écria Stella.
« Voilà exactement ce que je voulais dire, Stella Vermillion. Y a-t-il un problème ? » demanda Kurono.
« Oui ! Un énorme ! » cria Stella.
Ikki fronça les sourcils.
« Je suis d’accord. Les dortoirs de l’Académie Hagun regroupent certainement deux personnes par chambre, mais je n’ai jamais entendu parler d’un garçon et d’une fille ensemble. C’est absurde, » déclara Ikki.
« C’était vrai l’année dernière, avant que je ne devienne la Directrice de l’Académie. Mais Kurogane, ne vous ai-je pas déjà parlé au sujet de mon objectif ? » demanda Kurono.
« ... Appliquer une doctrine du mérite pur, entièrement basée sur la performance réelle au combat et sur la force. N’est-ce pas cela ? » demanda Ikki en retour.
« Correct. Contrairement aux six autres académies de chevalier, Hagun n’a produit aucune réussite notable dans ces dernières années, » répondit Kurono. « Nous sommes sur une série de défaites, même au Festival des Sept Étoiles, qui est parrainé par les sept écoles afin de sélectionner le plus fort étudiant Chevalier-Mage. Je fus appelée par le conseil pour réorganiser ce lieu et l’affectation des chambres est la première étape. Je ne mets pas ensemble deux étudiants au hasard. Ceci ne concerne nullement l’âge ou le sexe des étudiants, mais c’est plutôt de mettre ensemble deux chevaliers avec des compétences similaires afin qu’ils puissent s’entraider dans le but qu’ils s’améliorent tous les deux. Après tout, lorsque des combattants égaux se rapprochent les uns des autres, la concurrence se crée naturellement entre eux. L’affectation de votre chambre fait donc partie de mon plan afin de mettre en œuvre une concurrence intentionnellement entre vous deux. Incroyable, ne le pensez-vous pas ? »
Kurono avait révélé ses plans avec un air hautain. Malgré ceci, Ikki n’était pas entièrement satisfait de cette explication.
« Mais dans ce cas, ce que vous avez fait là encore plus bizarre dans ce cas ! », s’exclama Ikki. « Parmi les nouveaux étudiants, Stella-san est le numéro un avec une large marge. Pourquoi serait-elle dans la même chambre que moi, le pire étudiant qui a même dû redoubler une année ? »
« Re-Redoublé ? Vous, avez-vous dû répéter une année ? » demanda Stella.
« C’est embarrassant comme vous pouvez le voir. Je ne suis officiellement qu’un Rang F, » répondit-il.
« M.. Moi et un Rang F. Vous appelez cela des chevaliers de force semblable ! Qu-Qu’est-ce que tout cela veut dire !? » s’écria Stella.
« Haha, eh bien ! Comment puis-je le dire ? Vous êtes des cas particuliers. Franchement, il n’y a personne d’aussi excellent que Mademoiselle Vermillion, et il n’y a personne d’aussi faible que Kurogane. En d’autres termes, vous êtes tous les deux les seuls étudiants qui soient restés sans partenaire approprié. Donc je ne pouvais que vous jumeler ensemble tous les deux. Ça ne vous paraît-il pas raisonnable ? » demanda Kurono avec un sourire ironique comme si tout cela n’était qu’une évidence.
« Qui pourrait comprendre cela !? » s’écria Stella.
*Bam !* Stella frappa le bureau du directeur avec sa paume et continua à protester.
« En premier lieu, il est absurde pour un garçon et une fille comme nous de partager une chambre alors que nous avons le même âge ! Que feriez-vous si quelque chose de mauvais arrivait !? » demanda Stella en protestant.
« Oh ! Mademoiselle Vermillion, pensez-vous que lorsque les garçons et les filles du même âge vivent ensemble, de mauvaises choses arrivent ? Bien sûr, je voudrais bien entendre de quoi vous parler ~, alors dites-le-moi » demanda Kurono en affichant toujours son sourire ironique.
« C’est. Euh. Ahh..., » balbutia Stella.
Témoignant de la compassion pour Stella qui avait déjà les yeux pleins de larmes de honte, Ikki protesta également contre Kurono. « Pourquoi agissez-vous comme un vieil homme ivre ? »
Kurono avait souri comme si tout ceci n’était qu’une plaisanterie, mais ne changea pas son point de vue.
« Quoi qu’il en soit, cette décision a déjà été prise, » déclara-t-elle fermement. « Il y a aussi d’autres paires de sexes opposés en plus de vous deux. Par rapport à ma décision et vos choix, Mademoiselle Vermillion, je ne vais pas vous donner un traitement spécial parce que vous êtes une princesse. Si vous n’aimez pas cet arrangement, alors tout ce que vous avez à faire est de quitter dès maintenant cette école. Comprenez-vous bien ça ? »
Quittez cette école. Stella était visiblement choquée par cette phrase. Elle avait délibérément traversé les continents et était venue au Japon pour étudier à l’étranger. En pensant à cela, Ikki qui ne connaissait pas ses objectifs ou ces raisons se doutait bien qu’elle ne devait certainement pas être prête à abandonner pour si peu.
En fin de compte, même Stella ne put que se plier aux décisions de Kurono.
« ... Je comprends, » déclara Stella.
Ikki regarda le visage défait de Stella.
« Êtes-vous d’accord avec ça ? » demanda Ikki.
« Je n’ai pas vraiment le choix, non ? Si c’est ce que l’école exige, alors..., » Stella répondit à Ikki d’un ton découragé.
Puis Stella avait levé trois doigts avant de se remettre à parler. « Mais pour que nous puissions vivre ensemble, je vais devoir vous imposer trois conditions ! »
Ikki était également incertain au sujet de cette nouvelle règle de l’école. Alors qu’il n’avait aucune obligation de tenir compte de ses demandes. Mais il était, après tout, de un an son aîné, alors quelques conditions ne devraient pas être un problème.
« Si elles ne sont pas quelque chose d’aussi ridicule comme d’avoir les meilleures notes académiques, un revenu élevé, alors je peux faire quelques efforts, » répondit-il.
« Je ne veux pas ce genre de choses. Vous pouvez donc facilement répondre à mes conditions, » déclara Stella.
Elle en avait trois.
« Ne me parlez pas, n’ouvrez pas vos yeux et ne respirez pas, » annonça Stella.
« S’il fait ceci, alors Kurogane va probablement mourir, non ? » demanda Kurono en riant.
Mais Stella avait ignoré le commentaire de Kurono.
« Si vous pouvez suivre ces trois règles alors je suis d’accord pour que vous viviez en face de la chambre ! » déclara Stella.
« Et à la fin, je suis toujours chassé de la chambre !? » s’écria Ikki.
« Qu’est-ce que vous ne pouvez pas faire dans mes demandes ? » demanda Stella.
« Je ne peux pas, ces exigences sont trop foireuses ! Ne pourriez-vous pas au moins me laisser respirer ? » demanda Ikki.
« Aucune chance ! Vous allez essayer de me renifler en utilisant cela comme une excuse. Pervers ! » s’écria Stella.
« Je vais alors respirer avec ma bouche ! De cette façon, je ne pourrais pas vous sentir ―, » déclara Ikki.
« Ce n’est pas bon non plus ! Vous allez probablement essayer de goûter l’air que j’expire avec votre langue. Pervers ! » cria Stella.
« Je ne peux même pas imaginer faire cela ! Ahh, je ne peux vraiment pas suivre la créativité d’une princesse ! » s’exclama Ikki.
« Alors vous devriez tout simplement quitter l’école ! De cette façon, je pourrais vivre seule dans la chambre ! » déclara Stella.
« C’est si injuste ! » répliqua Ikki.
Kurono qui était en train de regarder arriva avec une solution.
« Quel ennui que tout ça ! » s’exclama-t-elle. « À ce rythme, la discussion ne mènera à rien, peu importe combien vous vous disputez. Alors pour régler la question, vous allez devoir faire une chose simple. Vous allez tous deux participer à un simulacre de bataille et le gagnant obtiendra le droit de décider des règles. Comme les chevaliers qui défrichent leur chemin menant à leur destination avec leur propre lame, vous ne devriez donc pas avoir d’objections, non ? »
En d’autres termes, les deux colocataires se battraient dans un simulacre de bataille et celui qui gagnera, choisira sa voie. C’était une solution très simple. Ceci était une pratique courante entre les chevaliers lorsqu’ils devaient régler leurs litiges.
« Oui, ceci me semble juste, non ? Alors, faisons cela, Stella-san, » déclara Ikki.
Ikki approuva rapidement et Stella avait également consenti à cela, mais ―.
« Q-Quoi !? » s’écria Stella après quelques secondes.
Mais Stella fixa immédiatement son regard sur lui et sa voix devint rauque.
« Hein ? Qu’est-ce que vous n’aimez pas encore ? » demanda Ikki.
« Non, ce n’est pas de savoir si j’aime ou pas cette solution... Vous. Comprenez-vous ce que vous venez de dire ? » demanda Stella, abasourdie par la tournure des événements.
« Ai-je dit quelque chose de mal ? » demanda Ikki.
« Un Rang F ! Un chevalier raté qui ne peut même pas franchir les niveaux scolaires de l’école ! Il n’y a aucune chance que vous puissiez gagner contre un chevalier de Rang A tel que moi !? » s’exclama Stella.
Ikki avait compris en partie ce que Stella essayait de lui dire. En effet. Si un échec comme lui qui ne pouvait même pas répondre aux critères de promotion de l’école lui disait : « Réglons cela avec un simulacre de bataille, » à elle, une authentique, immensément prometteuse, prodige qu’on ne trouvait qu’une fois par décennie alors, un tel défi serait une action bien au-delà de la simple insouciance.
Mais face à cela, Ikki avait souri en restant d’un calme olympien.
« Mais vous savez, ceci ne sera pas fixé si nous ne combattons pas, » déclara Ikki.
Stella n’était pas prête à concéder cela. Ikki ne pouvait pas non plus abandonner. Il avait aussi ses raisons pour devenir un Chevalier-Mage. À ce stade, l’obstacle ne pouvait pas être résolu par la négociation, alors ils n’avaient pas d’autre choix que d’essayer quelque chose d’autre afin de sortir de cette impasse.
Mais à la suite de ces mots, Stella craqua finalement et elle se mit à lui crier dessus...
« Nmounyaa ~ ! Je ne peux plus me retenir ~ ! Ce roturier ! » cria-t-elle. « Non seulement a-t-il commis le crime de m’avoir espionnée et d’avoir souillé une princesse telle que moi, mais en plus, il a osé dire qu’il pouvait gagner contre moi, lui, un chevalier raté ! Je... Je n’ai jamais été aussi déshonorée comme cela de toute ma vie ! Quel genre d’endroit monstrueux est ce pays !? »
Stella regarda Ikki avec des yeux brûlants, puis elle avait fait une déclaration choquante. « D’accord. Enfin, j’ai compris. Je vais faire ce combat contre vous. Mais après m’avoir insultée de la sorte, on ne va pas juste parier pour le droit de choisir les règles pour vivre ensemble. Celui qui perd se soumettra au gagnant pour le restant de sa vie. Il deviendra un esclave qui obéira aux exigences de son maître comme un chien, peu importe la façon dont cela sera humiliant ! Alors, préparez-vous à ça ! »
« E-Eeeehh ? Ceci va un peu trop loin là..., » s’écria Ikki.
« C’est inutile, et cela même si vous avez peur actuellement, » déclara Stella. « Si vous voulez maudire quelque chose, alors, maudissez votre étourderie qui m’a fait devenir si sérieuse. Ce n’est plus un simulacre de bataille, mais une vraie bataille ! »
« Il semble que la discussion soit finie. Vous allez utiliser la troisième arène d’entraînement. Je vais vous donner la permission de l’utiliser, » déclara Kurono.
« Directrice ! S’il vous plaît, ne transformez pas cette place pour votre propre convenance ! » s’écria Ikki.
Mais la protestation d’Ikki arriva trop tard et Stella lui lança un « Préparez-vous ! Hmph ! », avant de sortir de la pièce, le laissant derrière. Elle était déjà probablement en route vers la troisième arène.
« ... Haa. Cela s’est transformé en quelque chose de terrible, non ? Ce genre de chose est vraiment gênante, Directrice..., » déclara Ikki.
« Hahaha. Ne voulez-vous vraiment pas devenir son esclave ? » demanda Kurono.
« Bien sûr que non. Gagner ou perdre, je ne veux pas faire ni l’un ou ni l’autre, » répondit Ikki.
« Gagner ou perdre, vous dites... Vous venez de voir la puissance de cette fille, non ? Une flamme rouge qui brûle tout ce qui l’approche. Une menace pour tous ses adversaires. Peu de gens dans le monde ont des capacités aussi axées sur la violence et aucun de ses examens publics n’était des inventions. Mais même après avoir vu cela, avez-vous toujours l’intention de gagner ? ... Que vous êtes un homme intéressant ! » déclara Kurono.
« Elle est quelqu’un contre qui je vais automatiquement devoir me battre par la suite, » répondit Ikki. « La Directrice devrait déjà être au courant de cela. Vous êtes bien celle qui m’avez dit : “Si vous obtenez une victoire globale dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée, alors je vous permettrais d’obtenir votre diplôme malgré vos mauvais scores d’attribut” et Stella-san devrait certainement apparaître au Festival. C’est juste une simple question de faire face maintenant ou plus tard. »
« Si vous comprenez cela alors il n’y a pas besoin de douter, non ? Tout ce que vous avez à faire est de gagner, » déclara Kurono. « Si vous gagnez, vous pourrez définir les termes que vous voulez et vous pourrez dire que vous être contre les esclaves. Ceci résoudra tous vos problèmes ! »
Après avoir tapoté l’épaule d’Ikki, la directrice quitta également le bureau. Ikki, qui avait été laissé dans la pièce, laissa échapper un autre, au combien nombreux, soupir de cette journée-là !
―― Eh bien, certainement... tout ce que je dois faire est de gagner, pensa Ikki.
Bien sûr, il savait que cela serait difficile de gagner. Son adversaire était fort parmi les plus forts, redoutable parmi les plus redoutables. Ikki comprenait cela grâce au témoignage de cette force démontré il y a quelques instants. Le talent de Stella était écrasant. Son pouvoir agissait de concert avec ses émotions, avec une aura écrasante qui avait fui même sans qu’elle s’en aperçoive. En comparaison, la magie d’Ikki était inexistante, et cela ressemblait à une fourmi face à un éléphant. Il n’y avait pas besoin de deviner ce que serait le résultat ; même de les mettre sur la même échelle serait scandaleux. Et encore...
―― Peu importe la façon dont la situation était totalement inutile, ce combat ne peut ni être perdu ni être évité et cela ne faisait aucun doute, pensa Ikki.
Lui-même était résolu depuis longtemps. Le jour où il avait vu le sourire de cet homme, il avait décidé qu’il allait marcher sur ce chemin jusqu’à la fin.
« Alors, je n’ai pas d’autre choix que de me battre, » murmura Ikki.
Après ça, Ikki quitta également le bureau du directeur afin de se rendre jusqu’au stade, pour son duel, afin de façonner son propre destin avec la lame de son âme.
***
Partie 3
Les Chevaliers-Mages renforçaient la force de leur pays et donc ils cherchaient naturellement à augmenter cette puissance martiale. Ce pouvoir n’était pas seulement nécessaire pour la guerre, mais aussi contre les groupes terroristes et les organisations criminelles qui abusaient des pouvoirs des Blazers. Pour la formation des Chevaliers-Mages, un certain nombre d’arènes en forme de dôme parsemait le campus de l’Académie Hagun. L’intérieur de chaque dôme comprenait un espace de combat d’un diamètre d’environ cent mètres, avec des sièges pour les spectateurs construits autour de cette zone sous forme d’un bol.
Dans le troisième dôme de formation, Ikki Kurogane et Stella Vermillion se tenaient à vingt mètres de distance avec Kurono Shinguuji, attendant entre les deux étudiants, en tant qu’arbitre. Au-dessus d’eux, une vingtaine d’étudiants de deuxième et troisième années qui s’entraînaient là précédemment ainsi que de nombreux visiteurs qui avaient entendu les rumeurs d’un simulacre de bataille avaient leurs regards fixés sur le terrain. Ils étaient tous là pour regarder le prodige qui était soudainement apparu au Japon, Stella Vermillion.
☆☆☆
{Alors cette fille est la « Princesse Écarlate » de la Famille Vermillion !?}
{C’est une très belle fille, hein ?}
{Ces jolis cheveux... ils sont tellement merveilleux, comme s’ils étaient en feu...}
{Mais qui est son adversaire ?}
{ ... Attendez, n’est-ce pas Kurogane, le gars qui a redoublé sa première année !?}
{Un redoublant !? Pourquoi se bat-elle contre quelqu’un comme lui ? Stella-san n’est-elle pas censée être un prodige de Rang A ?}
{Je ne sais pas... Hé, ne sont-ils pas là des étudiants de deuxièmes années qui ont partagé des cours avec lui ? Je veux savoir quel genre de chevalier il est.}
{J’étais dans la même classe, mais parce que ce mec n’a même pas pu répondre aux exigences minimales pour la pratique du combat, je ne l’ai pas vraiment vu en action avant aujourd’hui.}
{Il a oublié de progresser dans l’année. Il n’a même pas eu des notes assez élevées pour la pratique !? N’est-il pas tout simplement trop faible ?}
{Vraiment, qu’est-ce que c’est ennuyeux ! La princesse ne va-t-elle pas instantanément le tuer ?}
☆☆☆
Stella ricana en entendant les rumeurs rependues par le public.
« Plus j’entends des choses sur vous et plus vous me semblez totalement inutile. Ne devriez-vous pas juste arrêter d’essayer de devenir un Chevalier-Mage et de simplement vivre comme un citoyen ordinaire ? » demanda Stella sur un ton sarcastique.
« Eh bien, peut-être que je devrais abandonner. Mais je ne serais jamais sûr si je ne me battais pas pour cela, » répondit Ikki d’une voix calme.
« Ne comprenez-vous pas la situation ? Vous allez devenir mon esclave si vous perdez, vous rendez-vous compte de ça ? » demanda Stella.
« Bien sûr, je comprends parfaitement ça, mais cela n’arrivera que si je perds. Mais cela ira très bien si je gagne, » répliqua Ikki.
« ... Même maintenant, avez-vous encore l’intention de me vaincre ? » demanda Stella.
« Bien sûr. Voilà pourquoi j’ai fait l’effort de venir jusqu’ici, » répondit Ikki.
Ikki lui retourna un sourire troublé, mais chaleureux face aux mots piquants de Stella, mais il n’avait pas fait un pas en arrière depuis sa position de départ. Il était déjà prêt pour le combat. Mais pour une raison inconnue, cela irrita grandement Stella.
Effort... ? pensa-t-elle.
{Si je travaille dur alors je peux même battre un génie.} (Ancien combattant)
Stella détestait les gens ordinaires qui pensaient comme cela. Chaque fois qu’ils perdaient contre quelqu’un comme elle, ils disaient :
{J’ai travaillé dur, mais je n’ai pas pu battre ce talent.} (Ancien combattant)
Comme si seulement eux avaient dû faire beaucoup d’efforts, pensa-t-elle. Comme si... je gagnais seulement grâce à mon talent.
Ceci enflamma sa colère. Stella n’avait pas eu cette force dès le départ. Non, elle était tout le contraire à l’époque. Au cours de son enfance, elle n’avait pas les capacités nécessaires pour aspirer à la chevalerie. Elle ne pouvait pas contrôler sa puissance écrasante et parfois, elle avait même brûlé son propre corps. Son père et sa mère ainsi que tout le monde autour d’elle pensaient qu’elle ne pourrait jamais devenir un chevalier.
Mais malgré cela. Stella n’avait pas abandonné. Elle savait qu’elle avait un potentiel.
Un puissant Blazer était crucial pour un petit État comme Vermillion et tout comme le Samouraï Ryouma qui avait autrefois dirigé cette terre modeste de l’Extrême-Orient jusqu’à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale, un Chevalier-Mage assez fort pouvait permettre à son pays de négocier avec les grandes nations comme des égaux.
Si elle pouvait apprendre à contrôler son pouvoir, elle deviendrait un atout essentiel pour protéger le peuple de son royaume, de sorte que Stella n’avait pas abandonné.
Elle avait poursuivi sa formation, peu importe combien tout le monde autour d’elle objectait contre cela. Et après trois longues années, elle avait maîtrisé le Souffle du Dragon. Elle avait été grièvement blessée à plusieurs reprises au cours du processus, mais ainsi, elle avait finalement atteint le sommet où elle se trouvait maintenant grâce à son travail acharné.
Voilà pourquoi je ne peux pas supporter d’être rejeté avec des mots bon marché comme talent ou prodige !
« Maintenant, nous allons commencer la bataille simulée. Du côté des deux combattants, matérialisez votre Dispositif sous sa Forme Illusoire, » déclara Kurono.
« Viens ici, Intetsu, » déclara Ikki.
« Sers-moi, Laevateinn, » déclara Stella.
Stella avait invoqué Laevateinn, l’épée faite à partir de son âme, en une forme qui n’infligeait aucun dommage physique pour les humains, mais aspirait directement l’endurance physique et la force physique. Et elle avait promis à l’homme se trouvant devant elle : « Je vais vous écraser. »
Le talent ne peut être vaincu. Un prodige est spécial.
Pour effacer cette tromperie, elle allait complètement l’écraser.
« Très bien. Eh bien, nous allons pouvoir commencer ! » annonça Kurono.
Et donc, le combat entre un chevalier prodige et un chevalier raté avait ainsi commencé.
***
Partie 4
« Ahhhh ! » cria la jeune femme.
Le match commença et Stella se précipita instantanément vers Ikki, balançant son épée maintenant recouverte de flammes rouges. Les mouvements de son épée pouvaient paraître ordinaires aux observateurs ignorants, mais il s’agissait d’une attaque puissante et précise.
Cependant, une attaque de grande envergure était uniquement une grosse attaque. Ikki avait vu à travers son mouvement et avait brandi Intetsu afin de la bloquer, mais il abandonna immédiatement cette action et recula d’un pas en arrière. Un instant plus tard, Laevateinn frappa le sol et l’arène entière vibra comme si un tremblement de terre venait d’avoir eu lieu.
« Une sage décision. Si vous aviez reçu ce coup de plein fouet, cela ne se serait pas terminé avec seulement quelques égratignures, » déclara Stella d’un ton ironique.
« Cette attaque est si extraordinaire. Donc, vous n’étiez pas sérieuse dans le bureau de Madame la Directrice !? » s’écria Ikki.
« C’est vrai. Si j’avais été sérieuse dans un tel lieu, l’ensemble du bâtiment de l’école aurait été détruit, » répondit-elle.
Grimaçant largement, Stella commença immédiatement la poursuite et Ikki dut faire un autre pas en arrière pour augmenter la distance entre eux. S’il avait essayé de bloquer cette attaque, son bras aurait certainement été brisé.
Comme l’arme de Stella était une épée longue faite de matériaux à haute densité, alors Ikki aurait sûrement un avantage en vitesse face à elle. C’était le bon sens de penser cela face à des armes plus lourdes que la sienne.
Mais le bon sens ne pouvait pas s’appliquer face à un adversaire monstrueux tel que Stella.
« Lent. Beaucoup trop lent ! » s’exclama Stella.
« Quoi ?? » s’écria Ikki.
*Whoosh !*. Le vent avait rugi, et à ce moment-là, Stella le rattrapa immédiatement.
« Est-ce que vous pensez que vous pourriez me battre vis-à-vis de la vitesse ? » demanda Stella. « Dommage, mais la magie ne se limite pas seulement à l’offensive. Je peux également augmenter ma mobilité de plusieurs fois en concentrant de la magie dans mes pieds et en la libérant d’un coup. La quantité de magie que je possède est de trente fois supérieures à un Blazer normal. Je peux continuer ainsi très longtemps. En d’autres termes, vous ne pouvez pas me battre en puissance ou en vitesse ! »
Si Ikki devait la comparer à quelque chose, alors cela serait un « char lourd avec une mobilité ultrarapide et une réserve de carburant infinie ». Ikki avait souri amèrement face à ce genre de capacité injuste, dont la propriétaire était maintenant en train de se battre contre lui.
Donc, ceci est un Rang A, hein ? pensa Ikki.
Même les dernières générations de vainqueurs du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée étaient pour la plupart des rangs B ou C. Ils étaient selon Ikki ce qui semblait idéal pour réaliser ça, mais un Rang A ne pouvait pas être limité aux idéaux d’un simple aspirant chevalier. Les chevaliers de Rang A à travers les temps modernes avaient tous, sans exception, été de grands héros qui avaient gravé leurs noms dans l’histoire.
Un talent exceptionnel qui n’apparaît qu’une fois par décennie selon l’opinion publique n’était en aucune façon un mensonge. Pour Ikki, qui venait d’être mis au courant de ce fait avait en face de lui la « Princesse Écarlate » qui brandissait son épée flamboyante et balançait des attaques imparables qui pouvaient même diviser la terre elle-même.
Maintenant qu’il ne pouvait plus esquiver ses attaques plus longtemps, Ikki se résolut également à répondre avec son arme. Le combat à l’épée commença ainsi et les sons clairs des cliquetis de métal résonnèrent comme de la musique dans les oreilles des spectateurs de la troisième arène.
{Oooooh...!} (Public)
Leurs acclamations augmentèrent quand ils virent les frappes de la lame en combustion de Laevateinn. Il s’agissait du spectacle d’un Chevalier-Mage expert dans les techniques à l’épée.
Peu de Chevaliers-Mages excellaient dans les arts martiaux ou l’art de l’épée, car ils pouvaient devenir beaucoup plus fort par l’entraînement de leur capacité de Blazer au lieu de leur force physique. Cette croyance avait été poussée en avant par les éducateurs et la société elle-même, de sorte que l’évaluation des chevaliers ne comprenait que cette capacité de Blazer. Ceci entraîna que les Chevaliers-Mages partagèrent eux aussi cette pensée et donc la plupart des chevaliers étaient médiocres en termes de force physique.
La minorité, les chevaliers vraiment puissants maîtrisaient les compétences physiques aux côtés des capacités de Blazer, parce qu’il avait une volonté inébranlable de s’améliorer toujours plus. Ils absorbaient toutes les tactiques qui pourraient leur donner les moyens de développer leur force et d’atteindre des sommets toujours plus élevés.
Stella Vermillion se tenait parmi cette minorité. Elle, qui avait remporté le Tournoi d’Épée de l’Empire Vermillion, utilisait son Art Impérial [1] comme si elle était en train de danser, mais avec assez de force pour faire pression sur Ikki. Tandis que lui essayait toujours de créer un espace entre eux, tout ce qu’il pouvait faire était de se défendre contre ces attaques. Il continuait à reculer.
{Bien sûr, ceci devait se passer ainsi. Le redoubleur est totalement surclassé.} (Spectateur A)
{Oui, on voit que tout ce qu’il sait faire, c’est fuir !} (Spectateur B)
{C’est juste une question de temps maintenant, hein ?} (Spectateur C)
Face à ce résultat surprenant, les spectateurs excités commencèrent finalement à se détendre. Mais —
Que se passe-t-il ? pensa Stella.
De son côté, Stella Vermillion avait senti quelque chose de troublant dans cette situation. Son épée produisait des attaques qui pouvaient occasionner des tremblements de terre, pouvait briser l’ennemi à coup sûr en une seule frappe. Toucher son adversaire sans qu’il soit écrasé devrait être impossible dans de telles conditions, parce que ses attaques ne pouvaient être bloquées avec tant de désinvolture. Mais que se passait-il dans ce duel ? Stella qui était celle qui était la seule à avoir porté des attaques à son adversaire était aussi celle qui était en sueur.
Surclassé par l’autre ? Fuite ? C’est une question de temps ! Ces impressions étaient complètement fausses. Stella elle-même l’avait réalisée.
Je suis victime d’un piège... ! pensa Stella.
« Ahhh !! » cria-t-elle alors qu’elle se sentait mal à l’aise.
Encore une fois, Stella avait frappé avec Laevateinn vers le bas en plein sur l’adversaire se trouvant en face à elle. Ikki avait neutralisé cette attaque avec Intetsu, mais sans la bloquer totalement. Il avait absorbé la force de l’attaque et avait rapidement sauté en arrière dans le même mouvement, élargissant ainsi à nouveau la distance qui les séparait.
... À nouveau, il l’a fait ! pensa-t-elle.
De loin, il semblerait bien que les attaques de Stella repoussaient chaque fois Ikki, mais la réalité était tout autre. Avec cette tactique mise en œuvre, ses attaques étaient complètement neutralisées sans causer le moindre tort à son adversaire. Le fait d’utiliser une défense souple qui drainait lentement la puissance pouvait sembler facile, mais il s’agissait en réalité de quelque chose de très difficile à réaliser. Si la force du blocage était un peu trop élevée, alors son bras serait pulvérisé et si elle était un peu trop faible, il serait tranché par l’attaque. Les calculs de la puissance, de l’angle et de l’instant étaient donc cruciaux. Une erreur mineure dans l’un de ces trois facteurs signifiait un échec immédiat, mais l’adversaire de Stella traitait tout cela sans même laisser couler la moindre sueur. Après avoir eu cette prise de conscience, Stella avait senti une angoisse indescriptible l’envahir. Une sonnette d’alarme s’était enclenchée en elle. Son sixième sens l’avertissait que cet adversaire était extrêmement dangereux !
« Êtes-vous juste bon à fuir !? » s’exclama Stella sur un ton moqueur.
Comme si elle essayait de dissiper ce sentiment par ses mots et ses actes, Stella continua à attaquer Ikki.
Mais il ne répondit pas. Le sourire troublé, mais chaleureux qu’il arborait il y a quelques instants avait disparu. Maintenant, il présentait une expression si sérieuse qu’elle en était terrifiante et il regardait avec un calme olympien chaque mouvement que Stella faisait.
Que ces yeux sont si perçants ! pensa Stella.
C’était comme si ses vêtements, sa peau et ses muscles étaient lus fibre par fibre, et qu’ainsi, chacun de ces actes était étudié minutieusement. Et à partir de ce regard, elle réalisa qu’Ikki essayait de comprendre les Arts Impériaux en analysant ses mouvements.
« Mon style d’épée n’est pas si simple que vous pourriez voir à travers lui si facilement ! » s’exclama Stella.
« ... Eh bien, je l’ai déjà assimilé, » répliqua Ikki.
En un instant, le rythme de la bataille tourna subitement. Seulement cinq minutes s’étaient écoulées depuis le début du match lorsqu’Ikki Kurogane commença à attaquer pour la première fois.
Au premier coup d’œil, cela pouvait sembler être comme une action suicidaire. Dans un choc frontal entre épéistes, que pouvait-il faire avec une technique un peu meilleure contre un adversaire dont la force était beaucoup plus offensive ? Il pouvait aussi perdre face à la puissance du feu ardent qu’elle dégageait. Ceci aurait dû être inévitable, cependant ―.
« Kuh! » cria Stella.
Mais c’était Stella elle-même qui avait dû reculer cette fois-ci sous l’assaut. Ikki avait repoussé Stella avec son arme. Comment ? La frappe d’Intetsu ressemblait à s’y méprendre à la première attaque de Stella. En vérité, il s’agissait exactement de l’Art Impérial de Stella qu’elle avait utilisé jusqu’à maintenant.
« Impossible ! ... Comment pouvez-vous ainsi l’utiliser ? » demanda une Stella surprise.
Alors elle demandait cela, quelque chose traversa subitement l’esprit de Stella.
« Ne voulez-vous quand même pas dire que vous avez copié mon style au cours de ces échanges de coups !? » s’écria Stella.
« C’est bien quelque chose comme ça, » répondit Ikki. « J’ai été méprisé depuis que je suis un enfant, donc personne n’a voulu m’enseigner la moindre chose. Ainsi tout ce que je pouvais faire était de regarder les autres et de voler leurs styles. Voilà pourquoi je suis devenu plutôt bon avec ce genre de tactique. Je peux comprendre la plupart des techniques d’épées en seulement une minute d’affrontement. »
La maîtrise de l’épée se décrivait dans l’expression du praticien, la posture, la respiration et les mouvements. Si l’on suivait les Branches et les Feuilles d’un style d’épée et qu’on arrivait tout en bas dans les Racines, alors il n’était pas difficile de saisir les techniques et les combinaisons de ce style, ou son approche pour faire face aux différentes situations. Voilà en gros ce que disait Ikki.
« Et si je peux comprendre le style de l’épée, alors je peux également créer des techniques qui surpassent celle de mes adversaires, » annonça Ikki comme s’il s’agissait de quelque chose de naturel.
Quel était le meilleur moyen de dépasser le style de l’épée d’un adversaire ? Il suffisait de corriger tous les défauts de ce style pour créer un nouveau qui serait plus parfait et qui serait donc nettement supérieur à l’ancien. Le nouveau style effaçant tous les défauts de l’ancien style et même compensant ses faiblesses. Il éclipsera son précurseur dans toutes les situations, aussi bien offensives que défensives.
« Créer un style d’épée au cours de la bataille est ma technique, la Lame Voleuse [2], » expliqua Ikki. « Stella-san, parce que vos techniques étaient si bien enracinées, il m’a fallu deux minutes pour les voler et trente secondes pour les dépasser. Mais maintenant, j’ai une solide connaissance de ces techniques et donc, à partir de maintenant, je vais aussi attaquer. »
{H-Hey. Je n’arrive pas à croire que la princesse soit ainsi repoussée !?} (Public)
Stella était visiblement en position de faiblesse. Le public avait commencé à remuer face à ce développement inattendu, mais la plus surprise fut Stella elle-même et pas seulement parce qu’elle avait perdu au niveau des compétences à l’épée, mais plutôt, car son précieux style avait été copié. Et pour couronner le tout, Ikki avait même été jusqu’à assez perfectionner ce nouveau style pour dépasser son propre style.
Juste en regardant ses techniques d’épée, il pouvait saisir la sagesse d’une technique, lire son histoire et trouver ses secrets. Cette perception démoniaque pouvait être appelée l’œil du démon. Et pour couronner le tout, il avait fait tout cela sans l’aide de la moindre magie.
Pour ce garçon, recevoir les attaques féroces de Stella Vermillion et dépasser ses Arts Impériaux n’étaient rien de plus que des exploits liés à sa maîtrise à l’épée des plus communs. Quelle formation fallait-il faire pour gagner cette expertise ?
Fort... ! pensa Stella.
Elle ne pouvait plus le nier. En comparant simplement leurs compétences à l’épée, ce garçon était plusieurs niveaux au-dessus d’elle. Si le duel avait été limité aux armes seules, ceci n’aurait même pas été un combat loyal.
Stella l’avait parfaitement compris. Le fait de pouvoir admettre de telles choses était l’un de ses points forts. Mais il s’agissait également de la force du chevalier de Rang A Stella Vermillion, la « Princesse Écarlate », qui lui permettait de continuer à lutter contre un adversaire plus fort.
Si son style d’épée avait été volé, alors elle pouvait tout simplement exploiter ce fait.
Stella avait alors prédit la position qu’elle avait prise jusqu’à maintenant lorsqu’elle frappait avec Laevateinn et Ikki avait alors déplacé Intetsu vers le haut en réponse. Elle avait libéré sa frappe vers lui afin de briser sa garde et Ikki avait déjà saisi la vitesse et la puissance de l’attaque dès le moment où elle avait pris sa position initiale, de sorte que sa réponse était inévitable. Mais c’était là le piège de Stella !
Ça a marché ! s’exclama-t-elle intérieurement.
Stella avait alors abandonné son attaque et elle sauta en arrière en affichant un sourire. Si Ikki avait vu à travers son style, il serait sûrement pris au dépourvu par cette action si imprévisible, car Stella, qui avait seulement attaqué à ce jour, avait reculé pour la première fois depuis le début du combat.
Ikki avait pris l’initiative après avoir vu à travers son style et il avait ainsi été trompé pour la feinte. Son attaque en cours manqua largement sa cible. Attendant cet instant, Stella avait frappé avec Laevateinn en plein sur le flanc exposé d’Ikki. Il s’agissait d’une variation brusque de la tactique de Stella, qui avait été jusqu’à présent de seulement attaquer franchement.
La lame noire d’Intetsu que venait de sabrer un espace vide ne pouvait pas répondre à ce changement de rythme. La lame de Laevateinn avança rapidement vers le côté exposé d’Ikki.
Il avait dû travailler dur, cependant ―.
« Votre épée est à moitié endormie, vous savez, » déclara Ikki avec calme.
― La lame de Laevateinn ne put jamais atteindre le côté d’Ikki. Elle fut bloquée bien avant cela.
Pas possible !? pensa-t-elle.
Il avait également changé son rythme, puis il avait arrêté son approche et même si cela s’était passé dans sa zone vulnérable, la lame d’Intetsu étant censée être trop loin, il avait réagi à cette attaque et l’avait bloquée !
Comment !? La réponse à cette question était ― sa garde. Ikki avait bloqué la feinte de Stella avec la garde d’Intetsu, en utilisant le léger décalage entre ses mains où elles serraient la poignée.
Quel genre de perception du mouvement ce type a-t-il !?, se demanda-t-elle.
« Viser négligemment la victoire après avoir été mis sous pression n’est pas une bonne chose ! » déclara Ikki. « Le fait de frapper pendant une feinte n’est pas votre style. Même quelqu’un comme moi peut arrêter une attaque si faible. Ce mouvement fut ainsi votre perte. »
Tout en disant cela, Ikki avait poussé Laevateinn loin de lui, créant ainsi une grande ouverture dans la garde de Stella.
« Haaaaa ! » cria Ikki.
Et avec la lame d’Intetsu, il frappa, par le haut, le corps sans défense de Stella.
Notes
- 1 Art Impérial : Ceci utilise le kanji 皇室剣術, Koushitsu Kenjutsu (la « Technique d’Épée Impériale »).
- 2 Lame Voleuse : Ceci utilise le kanji 模倣剣技, Muhou Kenjutsu (la « Technique d’Imitation d’Épée »).
***
Partie 5
{Est-ce fini !?} (Spectateur A)
{C’est un succès parfait. Ceci devrait mettre fin au combat.} (Spectateur B)
{Pas possible ! Un Rang A tel que Stella-san ne peut être battue comme ça...} (Spectateur C)
{A-t-elle seulement été prise au dépourvu ? Sinon, ceci aurait été impossible...} (Spectateur D)
{ ... Non, attendez ! Regardez ça !} (Spectateur E)
Les spectateurs confus tournèrent leurs regards vers l’épaule droite de Stella. Intetsu avait bien frappé à cet endroit, mais la lame noire fut complètement arrêtée. La frappe d’Ikki à sa pleine puissance ne pouvait même pas nuire à Stella.
« ... Donc à la fin, ceci tourne de cette façon, » déclara Ikki.
Mettant de côté son exaspération, Ikki fit, une nouvelle fois, un grand pas en arrière pour échapper à la chaleur torride, ce qui augmenta ainsi l’écart entre eux. Son adversaire avait utilisé sa magie comme un bouclier et une attaque non renforcée par une aussi forte magie ne pouvait pas nuire à un Blazer protégé de cette manière. La magie d’Ikki était trop limitée, trop faible. Malgré l’excellence de ses techniques, il lui manquait le trait le plus important d’un Blazer. Ceci signifiait qu’il ne pouvait même pas percer le pouvoir magique que Stella libérait inconsciemment lorsqu’elle se protégeait.
La capacité de Mana était l’énergie spirituelle totale qu’un Blazer pouvait utiliser pour ses capacités. Ce montant ne pouvait pas être augmenté par l’effort. Il était verrouillé à la naissance, lié par le poids du destin... la valeur prédéterminée d’un être humain.
Des gens formidables avaient eu la grandeur de faire de grandes réalisations. Dès l’instant où ils étaient nés, chacun avait sa place dans une hiérarchie incontestable. En d’autres termes, cet avantage que Stella avait porté depuis sa naissance était devenu une muraille ferme et avait arrêté le Katana d’Ikki.
« Cela laisse un mauvais goût. Devoir gagner comme ça..., » déclara Stella.
« Comme je l’avais pensé, Stella-san, vous aviez déjà tout de suite compris la situation. Mon Intetsu ne peut pas vous blesser, » déclara Ikki.
« Naturellement. Et parce que je l’avais compris, que je vous ai défié dans ce duel non seulement avec la magie, mais aussi avec ma maîtrise à l’épée. Je voulais montrer que ma force ne venait pas juste de mon talent. Mais cela ne tourne pas comme je le voulais... Je l’admets. Cette bataille, je vais seulement la gagner en raison de ce talent inné, » déclara Stella.
Ikki était fort. Les paroles sur les efforts qu’il avait prononcés pesaient bien plus que ceux de ses anciens adversaires. Avec seulement le talent d’un Blazer normal, ou même un peu moins, il aurait battu Stella dans ce match. C’était frustrant, mais Ikki n’avait même pas cela. S’il disait « j’ai perdu uniquement à cause de son talent » comme excuse pour sa défaite, elle n’aurait pas pu le nier ! Il avait le droit de dire de telles choses sans aucune honte.
Il est... tellement fort. C’est pourquoi, pensa Stella.
« Je vais finir ce combat avec mon respect des plus sincères, » annonça Stella.
Soudain, Stella fit un grand bond en arrière. Elle se retira à la frontière de l’arène en forme d’anneau, proche du mur qui séparait l’arène des sièges des spectateurs.
En ce qui concerne sa sincérité. Ikki se sentit mal à l’aise par l’augmentation de la distance avec Stella après avoir déclaré ces mots, mais ce malaise fut remplacé par une sensation bien plus lourde.
« Percez le ciel bleu, flamme du purgatoire, » cria Stella.
Au moment où Stella leva vers le ciel Laevateinn, les flammes qui couvraient l’épée brûlante augmentèrent en fureur et en chaleur et bientôt l’épée perdit sa forme, pour prendre la forme d’une colonne de lumière qui fondit vers le toit du dôme de l’arène.
{Q-Quelle est cette chose !!!} (Spectateur A)
{Ceci est totalement fou ! Est-elle vraiment humaine !?} (Spectateur B)
La lame qui s’était facilement étendue d’une centaine de mètres vers le haut, brillant de son propre éclat tels un soleil, une conflagration écarlate face à quoi on ne peut pas s’opposer. Pour ce chevalier de Rang A, la « Princesse Écarlate », c’était son plus fort Art Noble. Stella ne cherchait plus à combattre avec une épée. Elle ne serait plus présomptueuse face à Ikki. Ikki était un épéiste qui l’avait largement dépassée et parce qu’elle avait admis cela, elle avait choisi de mettre fin à cette bataille en détruisant l’arène avec son injuste talent.
« C’est fini. Acceptez votre défaite. Ceci devrait être ainsi plus facile pour vous, » juste avant de déclencher son attaque, elle prononça ces mots avec la puissance d’un dragon.
Stella croyait que quelqu’un d’assez fort pour la submerger comme cela triompherait ailleurs, peu importe les difficultés, mais elle n’avait pas pris en compte que ce garçon dont le manque de talent l’avait forcé sur le chemin d’un chevalier raté. Voilà pourquoi Stella vaincrait Ikki aussi pour lui, en utilisant le pouvoir absolu que lui procurait son talent !
« Katharterio Salamandra !! » [1] (Stella Vermillion)
La lame descendante de lumière qui ne connaissait que la ruine brûla toute l’arène.
{Hein, uwaaa !} (Spectateur A)
{Fuyez ! Nous allons être touchés par cela !} (Spectateur B)
{Hey hey... Est-ce vraiment un mouvement pour un combat en un contre un ?} (Spectateur C)
Alors que l’arène s’effondrait de toute part, une foule d’étudiants commencèrent à fuir en hurlant et Kurono regarda tout cela avec une expression amère.
Mais debout, devant cette dévastation qui approchait, Ikki Kurogane avait simplement souri.
« Ma petite sœur me disait souvent, “Grand Frère, tu peux devenir autre chose qu’un Chevalier-Mage, alors tu devrais viser cela.” Certes, peut-être, qu’elle a raison, puisque je n’ai pas le talent, » déclara Ikki.
Si Ikki Kurogane voulait être un Chevalier-Mage, il devrait au minimum gagner lors du Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Mais cette victoire était aussi téméraire que l’escalade d’une chute d’eau dans un bateau en bambou. Ikki le savait probablement mieux que quiconque.
« Mais je ne peux pas abandonner maintenant, parce que devenir un chevalier est mon rêve le plus cher. Si j’abandonnais ainsi, je ne pourrais pas me pardonner d’avoir rompu la promesse qui nous unit, » déclara Ikki avec résolution.
Et c’est alors que ―.
« Alors je me suis demandé une chose simple. Comment le plus faible peut-il vaincre le plus fort ? Comment puis-je dépasser ma propre faiblesse ? Ici et maintenant, je vais vous montrer ma réponse, » déclara Ikki.
Ikki avait alors pointé la lame d’Intetsu vers Stella et lui déclara : « Ici, avec ma plus grande faiblesse, je vais vaincre votre plus grande force — ! »
À ce moment-là, l’intégralité du corps d’Ikki ainsi qu’Intetsu avait commencé à briller.
Une lumière bleue s’était mise à onduler très légèrement telle une flamme. Était-ce semblable à une puissance du feu élémentaire comparable à la sienne ? Pendant un court instant, Stella pensait que c’était le cas, mais elle avait rapidement rejeté cette idée. Non, cette lumière était celle du pouvoir magique qui augmentait de plus en plus au point d’en être visible.
Sa puissance... augmente-t-elle... !? pensa Stella.
Impossible. Le montant total de pouvoir magique ne pouvait ni augmenter ni diminuer, et il était fixé à ce niveau pour son propriétaire depuis la naissance. Alors, quel était exactement le phénomène qui se déroulait sous ses yeux ? Stella ne pouvait nullement le comprendre. Elle n’avait jamais entendu parler d’une façon d’augmenter la puissance magique. Mais elle comprenait une chose : la lame d’Intetsu rayonnante d’une lumière bleue avait le pouvoir de la frapper.
―, mais alors, quoi !? Peu importe quel genre de pouvoir il possédait, toutes les choses dans les cieux et la terre brûlent et deviennent des cendres bien avant le Soleil !
Frappe-le ! Je peux prendre la victoire juste avec ça ! pensa Stella.
La distance entre eux était de plus de soixante mètres. Donc, cela n’avait pas d’importance ce que son adversaire avait essayé de faire, parce que sa lame de lumière l’aurait atteint en premier.
Mais cette personne ― elle avait déclaré qu’elle briserait ce raisonnement !
« Quoii !? » s’écria Stella.
À l’instant où la lame de lumière tomba sur la position d’Ikki, il avait disparu. Non, il avait tout simplement sauté assez rapidement tout en évitant la lumière que cela avait donnée l’impression qu’il avait disparu.
Stella avait été abasourdie après avoir raté ainsi sa cible.
À l’instant, que s’est-il passé !? pensa-t-elle.
Malgré sa grande surprise, elle attaqua immédiatement Ikki avec un second mouvement. Katharterio Salamandra était une épée faite de flamme qui n’avait pas de corps physique et elle pouvait atteindre un objectif à plus de cent mètres. Ce n’était pas quelque chose qu’un homme de chair et de sang pouvait facilement éviter.
Mais Ikki le fit.
La deuxième attaque, puis la troisième. Ici et là sur le champ de bataille, Ikki continua son mouvement telle une tempête de vent entre ses frappes de lumière, esquivant complètement chaque attaque. Ses mouvements étaient impossibles à suivre. Laissant de côté son épée, même ses yeux ne purent pas suivre la vitesse d’Ikki. Enfin, Stella ne pouvait même pas capturer une trace de sa position.
« Kuh, c’est quoi cette vitesse !? Comment pouvez-vous tout d’un coup vous déplacer avec cette vitesse !? », demanda Stella.
« Parce que ceci est ma capacité. Tout comme vous, Stella-san, vous pouvez contrôler les flammes, moi aussi j’ai une capacité en tant que Blazer, » répondit Ikki.
La capacité d’Ikki était... de doubler ses attributs physiques.
Mais ceci était considéré comme la pire capacité parmi toutes qu’un Blazer pouvait avoir, parce que même sans le renforcement des attributs physiques, un Blazer pouvait augmenter beaucoup plus sa force ou sa mobilité en appliquant simplement de la magie à son corps. En effet, Stella avait utilisé une telle magie lors de ce match et ses attributs avaient été multipliés par cinq ou six fois et non pas seulement doublés. En d’autres termes, la capacité d’Ikki était une version dégradée de ce que chaque Blazer pouvait faire en utilisant leur magie.
On pouvait dire que cette capacité était très appropriée pour un Rang F considéré par tous comme un déchet.
« C’est un mensonge ! Ces mouvements sont beaucoup plus que doublé ! Et d’ailleurs, je n’ai jamais entendu parler d’une augmentation du pouvoir magique, » répliqua Stella qui ne croyait pas aux paroles d’Ikki.
Tout en déplaçant son épée de lumière, Stella avait donc fait cette protestation. Une libération de puissance magique qui pouvait être vue à l’œil nu, puis des mouvements qui ne pouvaient même plus être aperçus ? De telles choses n’étaient pas causées simplement en doublant ses attributs physiques. Même si elle ne considérait que la puissance physique, Ikki avait sûrement dû avoir une augmentation de plus de dix fois.
Alors qu’il était toujours en mouvement autour d’elle comme une tempête de vent qui esquivait l’épée de Stella, Ikki avait esquissé un petit sourire vantard à ce qu’elle faisait remarquer !
« C’est parfaitement vrai, mais je n’utilise pas ma capacité de manière normale. Au lieu de cela, je l’utilise à sa pleine puissance, » déclara Ikki.
« Hein !? Il n’y a aucun moyen pour vous d’améliorer cela juste à cause de votre enthousiasme ! » s’écria Stella.
« Non... je ne parlais pas de l’enthousiasme, mais au sens littéral, » répondit Ikki.
« Hein... ? » s’exclama-t-elle.
« J’ai pensé depuis longtemps à ce sujet, » expliqua Ikki. « Disons que vous sprintiez sur une centaine de mètres juste après avoir dit que vous alliez le faire à pleine puissance. Même si vous le faites vraiment avec cette intention, vous aurez encore de l’énergie de secours pour plus tard. J’ai toujours trouvé ce fait étrange. Si vous l’aviez vraiment exécuté tout en utilisant toute votre force, ne devrait-il pas être normal de perdre connaissance après cela ? »
Comment ceci pouvait-il arriver ? La réponse était simple. Les humains étaient vivants et les créatures vivantes veulent instinctivement préserver leur vie, leurs instincts donnant la priorité à la survie. Peu importe combien une personne s’engageait à utiliser toute sa force, son subconscient ne le permettrait jamais. Même s’il dépensait toute son énergie, une certaine quantité resterait encore de telle sorte que son corps pouvait continuer à fonctionner correctement après ça. Cette limitation avait été câblée dans chaque organisme vivant.
En raison de cette limitation, les humains n’utilisaient normalement jamais plus de la moitié de leur endurance, de leur force, ou de leur puissance magique. Ceci était une règle absolue et immuable.
Mais si quelqu’un pouvait briser cette règle absolue ? Que faire si quelqu’un, en utilisant seulement sa volonté, pouvait retirer ce limiteur qui l’empêchait d’exercer pleinement sa force ?
« Vous... êtes-vous capable de faire cela !? » demanda Stella.
« Exact. Mon pouvoir magique n’est pas augmenté. Je vais tout simplement puiser dans le pouvoir que je ne pouvais pas utiliser avant, après avoir dépassé volontairement mes limites, » déclara Ikki.
Plus que quiconque, Ikki manquait de talent et il avait compris mieux que quiconque ce fait. Il ne pouvait pas combler le fossé entre lui-même et un prodige en travaillant dur. Même les prodiges avaient également travaillé dur et donc, alors il serait insultant de dire qu’ils avaient gagné uniquement grâce à leur talent. Des efforts insuffisants pourraient creuser l’écart, mais l’effort d’investissement ne pouvait pas se réduire si facilement. La différence de talent était généralement un facteur d’une importance vitale.
S’il voulait combler l’écart d’une certaine façon, ceci ne pouvait pas être en restant normal plus longtemps. Il n’avait pas d’autre choix que de devenir un Shura [2]. Ikki ne détourna pas ses yeux de cette vérité choquante. En se concentrant sur cette prise de conscience, il avait découvert un moyen d’y accéder. Pour dépasser le talent, il ne devait plus laisser de force non utilisée.
Une minute suffisait. Il était préférable pour lui de ne jamais savoir ce qui arrivera juste après la fin de cette minute. Mais pendant cette minute, il était devenu assez fort pour battre n’importe quel adversaire.
Ce fut la réponse qu’Ikki Kurogane avait trouvée, de sorte que sa plus grande faiblesse pouvait vaincre la plus grande force de l’autre. En utilisant intentionnellement toute sa vigueur et son endurance après avoir brisé ses limites, il pouvait le faire. Il s’agissait d’un Art Noble qui faisait ressortir toute sa maigre puissance pour un peu plus d’une minute et multipliait ce pouvoir de plusieurs dizaines de fois.
« Ittou Shura [3], » déclara Ikki.
Soudain, Ikki, qui se déplaçait autour de l’arène avec des mouvements qui ne pouvaient même plus être suivis par des yeux humains, utilisa sa vitesse étonnante pour apparaître dans l’angle mort de Stella et acheva ainsi le combat.
Avec une unique *frappe*.
À une vitesse qui ne pouvait ni être esquivée ni bloquée, sans même lui laisser une chance de crier, Stella se prit un coup direct d’Intetsu.
« Ah ― !! » cria Stella.
Elle avait alors senti le sol sous ses pieds se dissoudre, puis les pensées de Stella tombèrent dans l’obscurité. Il s’agissait d’un type spécial d’inconscience imposée par une blessure mortelle causée par la Forme Illusoire. Tout comme son nom l’indiquait, Ittou Shura avait abattu la « Princesse Écarlate » avec une seule frappe et Stella s’était évanouie, totalement impuissante.
« C’est suffisant ! Le gagnant est, Ikki Kurogane ! » annonça Kurono.
Bien que Kurono ait annoncé la victoire d’Ikki, ce magnifique résultat se tenait là debout devant leurs yeux et les spectateurs n’arrivèrent pas à comprendre ce qui venait d’arriver à ce moment-là. Tout ce qu’ils pouvaient faire était de regarder là-bas, la silhouette du Chevalier Raté qui se tenait debout sans dire un mot.
Notes
- 1 : Katharterio Salamandra : « Salamandre du Purgatoire », en grec. Celui-ci utilise le kanji. 天壌焼き焦がす竜王の焔, Tenjou Yakikogasu Ryuu-Ou no Honoo (« Flamme du Ciel et Terre-Sacré Roi Dragon »).
- 2 : Shura : Des divinités ou demi-dieux bouddhistes de bas rang. Ils sont plus puissants que les humains, mais sont enchaînés au cycle de la renaissance par de grandes passions égoïstes, surtout l’envie.
- 3 : Ittou Shura, 一刀修羅 : « Lame unique du Shura »
***
Partie 6
« ... Hmm. » (Stella Vermillion)
Émergeant à travers une brume lumineuse, Stella se réveilla progressivement et ce qui avait rempli sa vision quand elle ouvrit ces yeux était un plafond assez bas et Kurono assise à côté de son lit qui fumait une cigarette.
« Êtes-vous éveillée, Mademoiselle Vermillion ? » demanda Kurono.
« Madame la Directrice... où suis-je ? » demanda Stella en retour.
« Dans votre chambre. Vous vous êtes effondrée de fatigue après avoir été frappée par un Dispositif sous Forme Illusoire, » répondit Kurono. « Comme ce n’est vraiment pas quelque chose qui nécessiterait l’utilisation d’une capsule de soins IPS ou de devoir appelé un médecin pour vous, je vous ai donc fait transporter ici pour que vous puissiez vous reposer. »
Tout en disant ceci, Kurono avait libéré un nuage de fumée de ses lèvres enduites de rouge à lèvres.
... Il est interdit de fumer dans les dortoirs ! pensa Stella.
Mais Stella n’était pas vraiment d’humeur pour le dire à haute voix.
« Ceci signifie que... tout cela n’était pas un rêve !? » demanda Stella.
Avec cette prise de conscience, ses sentiments devinrent sombres. Il semblait que ses espoirs ne se réaliseraient pas. Elle avait été vaincue et conquise si complètement qu’elle ne pouvait même pas faire d’excuses pour nier sa défaite.
« ... HAA. Je pensais avoir oublié ce sentiment depuis si longtemps. Perdre... c’est ainsi que l’on se sent après avoir perdu, » déclara Stella.
« Eh bien, vous ne devriez pas laisser ce sentiment vous submerger autant, » déclara Kurono. « On aurait pu penser qu’il s’agissait là d’un combat déséquilibré, mais Kurogane est un gars qui a même réussi à gagner un combat équitable contre moi. Il n’est pas quelqu’un que vous pourriez vaincre comme vous êtes actuellement. »
« Il a même gagné contre “l’horloge du monde”, l’ancien premier tiers dans le monde... qui est vraiment ce garçon ? » demanda Stella.
Il devrait y avoir une limite quant à être un monstre.
... Non, elle ne pouvait pas dire cela. Vaincre dans le temps d’une seule minute était le sommet de la volonté, et c’était quelque chose de normalement impensable. Quel genre de monstrueuse résolution et de détermination devait-on avoir pour pouvoir réaliser un tel exploit ? De cette manière, il avait en effet combattu tel un Shura. Il pouvait donc tout à fait être appelé inhumain.
Ah, pensa subitement Stella.
Par ailleurs, qu’est-il arrivé à cette personne après qu’il eut tout donné de lui-même ?
« Madame la directrice. Ce garçon, comment va-t-il ? » demanda Stella.
Kurono avait légèrement hoché la tête face à sa question avant de répondre. « Il va bien. Bien qu’il soit beaucoup plus fatigué que vous, il va assez bien pour que sa vie ne soit pas en danger. »
Après avoir dit ceci, elle avait regardé vers le niveau supérieur du lit superposé.
Stella avait rampé hors du lit inférieur et avait levé les yeux pour voir le visage pâle d’Ikki au-dessus d’une chemise d’exercice. Sa vitalité semblait si faible que si Stella n’avait pas entendu sa faible respiration, elle l’aurait certainement pris par erreur pour un cadavre.
« Eh bien, il avait encore assez d’énergie en réserve pour retourner par lui-même dans sa chambre et changer de vêtements, » déclara Kurono. « S’il n’avait pas pu conserver un peu en réserve, au lendemain de sa technique, les conséquences auraient été beaucoup plus graves. Au moins, Kurogane a exercé une certaine prévoyance. »
« Je ne pense pas que cela compte vraiment comme de l’énergie en réserve, » répondit Stella.
Ittou Shura était un Art Noble qui faisait ressortir la pleine puissance de son utilisateur, tout en ignorant l’instinct de conservation. L’utilisateur ne serait même plus capable de respirer après seulement une minute d’utilisation, de sorte qu’Ikki ne pouvait plus l’utiliser pour se battre pendant un bon moment après cela. S’il n’avait pas gagné dans cette minute, la défaite serait inévitable. C’était donc vraiment une tactique extrême autodestructrice. Mais avec la maîtrise de cette technique dangereuse, ce garçon avait démontré qu’il pouvait même lui-même se conquérir.
« Madame la Directrice, qui est exactement ce garçon ? » demanda Stella.
« Que voulez-vous dire par là ? » demanda Kurono qui ne comprenait pas où elle voulait en venir.
« S’il vous plaît, ne jouez pas l’idiote ! » s’exclama Stella. « Il n’est certainement pas normal de se déplacer si vite que mes yeux ne pouvaient même plus le suivre ! Pourrait-il par hasard être l’un d’entre eux ? L’un de ces célèbres ninjas japonais !? »
« Non, vous avez totalement tort à propos de ça..., » répondit Kurono.
« Dans tous les cas, il est étrange pour quelqu’un comme lui d’être un simple Rang F et de devoir recommencer une année ! S’il vous plaît, expliquez-moi exactement ce qui s’est passé ! » demanda Stella.
« Même si vous dites cela, son Rang F est en fait un jugement valide, parce que le système de classement évalue actuellement uniquement les capacités de Blazer, » répondit Kurono. « Les compétences générales telles que la maîtrise à l’épée, la santé physique et les arts martiaux ne sont pas inclus dans cette évaluation, étant donné que ces choses seraient probablement inefficaces contre les Arts Nobles dans la plupart des situations. »
En effet, les compétences générales n’étaient rien par rapport aux écrasants pouvoirs surnaturels des Blazers. Par exemple, supposons qu’il existe un maître-épéiste qui peut même couper de l’acier. Comment pourrait-il lutter contre l’épée flamboyante de Stella ? Sa maîtrise était inutile ; car il finirait brûlé en cendres. Les compétences générales étaient un avantage seulement pour les Blazers qui se battaient contre ceux qui avaient une puissance magique équivalente à eux.
« Voilà en ce moment la façon de penser du grand public. Pour le dire simplement, il n’existe aucun système pour évaluer correctement Kurogane, » continua Kurono. « Et Kurogane, qui n’excelle que dans les compétences physiques... he bien, il ne pouvait qu’être appelé “Le Pire”. Il est extrêmement rare pour quelqu’un d’avoir des circonstances si mauvaises. Si vous êtes un prodige qui n’apparaît qu’une seule fois par décennie, alors lui, il est l’échec qui n’apparaît qu’une seule fois par décennie. Rien ne peut vraiment être fait à ce sujet. Vous devriez aussi l’avoir compris après lui avoir directement fait face. Son attaque à pleine puissance n’a même pas pu vous faire du mal, même quand vous étiez sans défense. »
« ... Eh bien, il n’y a que..., mais vous ne m’avez toujours pas expliquée la raison qui l’a obligé à redoubler une année, » déclara Stella.
« Ne l’ai-je pas fait ? » demanda Kurono.
« Je suis un membre de la royauté. Je sais combien les pays apprécient les Blazers forts et une académie qui est responsable de la formation des Chevaliers-Mages doit penser la même chose. Ne pas avoir de bonnes évaluations ne devrait pas être un motif suffisant pour lui faire recommencer une année, » déclara Stella.
Parce que des organisations d’insurgés avaient récemment commencé à apparaître un peu partout, les pays avaient toujours cherché à promouvoir le développement de puissants chevaliers. Aucune raison n’était suffisante pour changer cette priorité.
Face à l’argument correct de Stella, Kurono avait affiché un sourire amer puis elle avait soupiré comme si elle était d’accord avec ça.
« Haha... bien bien. Vous savez vraiment frapper là où ça fait mal, » déclara Kurono.
« Comme je l’avais pensé, il y a une autre raison, n’est-ce pas ? » demanda Stella.
« Oui, son manque de qualification n’est pas suffisant pour une telle chose. Ceci a tout simplement été utilisé comme le principal prétexte de l’administration de l’école pour le faire redoubler, » répondit Kurono.
« Prétexte... ? » demanda Stella.
« En effet. Mademoiselle Vermillion, est-ce que le nom de Kurogane vous dit quelque chose ? » demanda Kurono.
« Il n’y a aucune chance que je connaisse quelque chose de si plébéien que cela, » répliqua Stella.
Il était normal qu’elle ne puisse pas savoir une chose si peu importante. Voilà ce qu’elle voulait dire, mais une personne avec ce nom était subitement apparue dans son esprit.
« Attendez ! Ce n’est pas possible... le Samouraï Ryouma !? » s’exclama Stella.
« Exactement. Le héros qui a guidé le Japon jusqu’à la victoire lors de la Seconde Guerre mondiale, le Samouraï Ryouma, » répondit Kurono. « Son vrai nom est Ryouma Kurogane et il est grand-père d’Ikki Kurogane. Même sans lui, le clan Kurogane est une famille distinguée datant de l’ère meiji qui a produit de nombreux Blazers de rang supérieurs depuis des générations et détient une forte influence dans la société des Chevaliers-Mages. Ce clan a mis une pression directe sur l’académie Hagun et a dit : “Ne laissez pas Ikki Kurogane, le réprouvé, qui a fui la maison Kurogane être diplômé.” »
« Pourquoi ont-ils fait quelque chose comme cela ? » demanda Stella.
« C’est simple. Ils ont fait ça afin de maintenir le prestige de leur distinguée famille, » répondit Kurono. « Si une valeur aberrante comme un Rang F apparaissait publiquement dans leur lignée, cela ternirait leur nom. Ils pensent probablement quelque chose comme cela, car les chevaliers d’aujourd’hui mettent l’accent plus sur le rang que sur toute autre chose. L’ancien directeur de l’académie était d’accord avec eux et il a mis en place des règlements ridicules spécialement pour lui concernant les exigences minimales à avoir pour pouvoir prendre part aux leçons de combat. De cette manière, il a facilement exclu Kurogane des cours et le résultat de cette injustice a été de l’obliger à répéter son année. »
Au moment où Stella entendit cette histoire dure, elle avait ressenti un ressentiment inimaginable au plus profond de sa poitrine.
« Était-ce quelque chose qu’un parent ou un enseignant devrait faire !? » s’exclama Stella, indignée.
« C’est regrettable, mais il existe beaucoup d’adultes comme cela dans le monde, » répondit Kurono. « Bien sûr, je n’ai pas l’intention de fermer les yeux sur leurs actions. Après avoir pris ce poste, j’ai soigneusement purgé ceux qui étaient liés à cette affaire... mais cela ne rendra jamais l’année que Kurogane a perdue. »
Après quelques secondes, elle avait poursuivi. « Mais... Mais malgré cela, ce garçon n’a jamais désespéré. En dépit d’être ciblé par sa famille qui l’a traité injustement, d’avoir été privé de ses possibilités et d’être même raillé comme un déchet par les autres, il n’a pas cessé de croire en sa propre valeur. Ne voyant pas les prodiges comme étant insurmontable, ne fuyant pas ses insuffisances, il a avancé à sa manière. Après avoir lutté à travers toutes ces injustices, il a atteint le sommet où il se trouve maintenant. En ayant foi en lui-même et en ces valeurs, il a misé tout son courage et a finalement pu atteindre sa “Minute d’Invincibilité”, qui peut même vaincre la “Princesse Écarlate” qui est appelée par tous un prodige. Honnêtement, il est lui aussi quelqu’un de spécial qu’on ne voit qu’une fois par décennie. »
Croire en soi et dans sa propre valeur, peu importe comment, la situation était désespéré. Stella savait très bien comment cela pouvait être dur et comment cela pouvait faire mal. Mais heureusement pour elle, elle avait du talent. Elle croyait que si elle arrivait enfin à dominer les flammes se trouvant à l’intérieur d’elle, son pouvoir aiderait grandement son pays. Voilà pourquoi elle avait pu persévérer.
Qu’en est-il d’Ikki ? Il n’avait vraiment rien du tout. Sa magie était terriblement faible et son Art Noble, la carte maîtresse d’un Blazer, n’était que le doublement de sa force physique, ce qui était ridicule. C’était déjà assez pénible ainsi, mais en plus, les adultes autour d’Ikki avaient tout fait, pour lui bloquer son chemin. Comment avait-il pu garder en tout temps sa foi et croire en lui-même ?
« Qu’est-ce que..., qu’est-ce qui l’a poussé à aller jusque-là... ? » demanda Stella.
« Qui sait ? Ce n’est pas quelque chose que vous comprendrez sans le demander directement à Kurogane, » répondit Kurono. « Mais dans tous les cas, j’ai de grandes attentes quant à lui. Je pense vraiment que Kurogane peut atteindre la première place dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. »
Kurono avait alors écrasé sa cigarette dans son cendrier portable, puis elle avait demandé une fois de plus à Stella. « Mademoiselle Vermillion. Lorsque vous êtes venue dans mon bureau ce matin pour me saluer, vous souvenez-vous comment vous avez répondu à la question : “Pourquoi êtes-vous venue ici pour étudier à l’étranger ?” »
« Oui. Parce que, si j’étais restée dans mon pays..., j’aurais pu oublier comment progresser, » répondit Stella.
Il s’agissait de la raison de Stella pour laquelle elle avait quitté le royaume de Vermillion. Les gens de sa terre, de leur plein gré, l’avaient emprisonnée dans la cage en tant que « prodige ». Qu’elle que soit ce qu’elle faisait, elle gagnait contre n’importe qui sans réellement avoir besoin de faire d’efforts.
Si Stella était restée parmi eux, elle aurait elle-même commencé à les croire. Elle serait alors devenue arrogante et son cœur aurait pourri. Son arrogance se serait construite sans fondement et sa volonté de s’améliorer se serait émoussée au fil du temps. Ceci l’effrayait tellement qu’elle ne pouvait pas se permettre de rester plus longtemps là-bas. Elle devait devenir un chevalier beaucoup plus forte afin de protéger son bien-aimé Empire Vermillion.
C’était la raison de Stella de sa venue au Japon : à la recherche de gens plus forts qu’elle. Elle voulait lutter contre ces puissants chevaliers, les vaincre et devenir ainsi le Roi des Épées des Sept Étoiles.
« Dans ce cas, Stella Vermillion, poursuivez Kurogane de toutes vos forces pendant un an. Je suis sûre que cela ne sera pas une perte de temps pour vous. » Kurono avait annoncé ça, révélant par la même occasion la raison derrière le fait de l’avoir placée dans la même chambre qu’Ikki.
Face à l’air énergique de Kurono, Stella n’avait pas pu donner une réponse définitive. « Je ne... comprends pas. Je ne sais toujours rien de lui au-delà de vos mots... »
« Eh bien ! Ceci est également vrai, je l’admets, » répondit Kurono.
Il n’était pas certain de savoir si la réponse de Stella avait convaincu Kurono, mais Kurono se dirigea dans tous les cas vers la sortie après avoir fait un signe de tête.
Puis, tournant la poignée, elle avait ouvert la porte avant de déclarer. « Par la suite, vous devriez en apprendre plus sur lui par vous-même. Comme je l’ai déjà dit avant, Ittou Shura est une attaque de grande puissance qui ne peut être utilisée qu’une fois par jour, ne laissant pas la moindre trace de magie, de force ou de volonté à son utilisateur. Et c’est une capacité qui, comme un cheval au cours d’une charge, ne peut être arrêtée à mi-chemin. Il ne devrait pas se réveiller avant un certain temps... bien. Espérons qu’il ne soit pas réellement mort, mais qu’il en ait juste l’air. Il se lèvera tôt ou tard et si vous ne voulez toujours pas vivre avec lui après avoir confirmé mes paroles, venez me le dire. Je vous ferais préparer une salle VIP pour vous seule. »
Après avoir dit cela, Kurono était sortie de la chambre.
***
Partie 7
Stella, maintenant un peu abandonnée, regarda la couchette supérieure et étudia le garçon qui l’avait vaincue.
Je ne suis... certainement pas faible, pensa-t-elle
Elle n’était pas assez audacieuse pour penser qu’elle était la plus forte dans le monde, mais elle n’avait jamais perdu contre une personne ayant des capacités si médiocres. Ikki était très fort et elle était curieuse de connaître la source de cette force. Elle voulait savoir comment il pouvait continuer à croire en lui, tout en subissant tout les mauvais traitements qu’il avait surmontés.
« ... Ikki Kurogane, » murmura Stella.
Quand elle prononça ce nom, une mystérieuse douceur fit légèrement palpiter son cœur. Pour Stella, c’était la première fois qu’elle voulait autant en savoir sur quelqu’un d’autre. Elle ne pouvait pas retenir le désir d’en apprendre davantage sur ce garçon endormi et l’attente de son rétablissement était insupportable. Voilà pourquoi, après avoir été submergée par une curiosité bouillonnante à l’intérieur d’elle, elle grimpa à l’échelle du lit superposé.
Ikki dormait encore. Il avait changé de côté pendant son sommeil et maintenant, il était couché sur le ventre et elle ne pouvait plus voir son visage. Elle pouvait entendre sa faible respiration qui correspondait aux faibles mouvements de son corps bien construit. Comme son état s’était amélioré un peu par rapport à avant, le sentiment qu’il pouvait ne jamais se réveiller avait diminué. Stella se sentit un peu soulagée en voyant cela.
« ... Ikki, » continua-t-elle à murmurer.
Elle appela à nouveau son prénom avec une pointe d’audace dans la voix, mais il ne se réveilla pas de son profond sommeil. C’était inévitable. Il dormait si profondément qu’il en serait impoli de le réveiller par la force. Comme son anxiété n’avait pas encore totalement disparu, Stella décida qu’elle devrait faire une promenade à l’extérieur et revenir plus tard.
Eh bien, c’est ce que Stella pensait faire, mais ―, elle jeta accidentellement un coup d’œil dans l’espace entre la chemise et la nuque d’Ikki. Il possédait un large dos et cette vue avait eu un profond impact qu’elle ne pouvait pas imaginer, et elle affichait en ce moment un sourire penaud.
Non, son corps n’était pas que musclé. Dans tous les cas, il pouvait être considéré comme quelqu’un de mince, mais avec une force inébranlable et son dos semblait beaucoup plus large que ce qu’il était en réalité.
... Ju-Juste un petit peu, c’est normal, non ? De toute façon, il a déjà fait de même, alors il s’agit d’un juste retour des choses, pensa-t-elle.
Après avoir conféré avec une personne invisible se trouvant dans son cœur, Stella tendit ses mains vers le dos d’Ikki et elle commença lentement à le toucher.
« W-Wow..., » s’exclama Stella.
*Boum Boum*
Lorsque Stella le toucha avec les paumes de ses mains, la sensation du sang d’Ikki qui coulait en lui commença à entrer en elle. C’était puissant et assez chaud pour brûler, mais son corps était tout à fait différent de l’acier, comme si elle sentait la chaleur de sa vitalité.
― Donc, ceci est le... dos d’un garçon, pensa Stella.
Il s’agissait de la première fois qu’elle touchait un garçon et Stella se sentit comme si elle était en train de rêver.
« N... mn... » (Ikki Kurogane)
« Hii... ! » (Stella Vermillion)
Ikki s’était soudainement retourné et il était maintenant orienté avec son visage vers le haut. À cause de cela, la main droite de Stella avait glissé et elle était maintenant coincée sous le corps endormi.
― Oh non ! pensa-t-elle.
Si Ikki se réveillait à ce moment-là, Stella ne pourrait pas trouver d’excuses valables. Son corps était étonnamment lourd, donc elle ne pouvait pas simplement tirer sa main pour la décoincer. Et si elle tirait simplement, ceci pourrait le réveiller et si elle tirait trop fortement, elle pourrait même tomber de l’échelle ce qui serait également désastreux.
... Quel autre choix ai-je ? se demanda Stella.
Stella avait alors retenu son souffle avant de grimper plus haut sur l’échelle. Debout sur ses genoux, tout en prenant soin de ne pas toucher Ikki, elle utilisa sa main gauche pour soulever le côté d’Ikki lentement... lentement... très lentement.
« Uun... n !... Kuh. » (Stella Vermillion)
Q-Qu’est ce qu’il est proche ! pensa-t-elle.
Stella avait senti une sueur froide se formant dans son dos. Avec la méthode qu’elle avait entreprise, elle avait ainsi réussi à soulever ce côté et ainsi, elle libéra sa main et... d’une manière ou d’une autre, elle avait réussi à se tirer de ce piège. Succès ! Mais... même après cela, Stella avait continué à regarder Ikki dormant en dessous d’elle.
« Ce gars ne se réveille toujours pas, » murmura Stella.
Et même s’il était épuisé, elle ne pouvait pas comprendre pourquoi il dormait si profondément. Voyant qu’Ikki ne bougeait toujours pas, Stella avait dégluti. Maintenant qu’il s’était retourné, elle pouvait voir son abdomen légèrement exposé.
Le ventre d’un garçon..., pensa Stella.
Même si elle en avait vu quelques-uns auparavant, elle n’en avait jamais touché un. Quel genre de sentiment cela pouvait-il lui procurer ?
« À quoi penses-tu, Stella !? Ce n’est pas bien ! Pour moi qui suis toujours célibataire et en plus de cela, une princesse, le fait de posséder un intérêt pour le corps d’un garçon qui n’est même pas mon aaam-amoureux ou quoi que ce soit dans le genre... est trop embarrassant ! » s’exclama Stella.
Attendez, ce n’était pas si mal que cela, n’est pas ? Ce n’est pas comme elle avait vraiment eu des pensées perverses. Elle voulait seulement en savoir plus concernant Ikki Kurogane par pure curiosité, le premier adversaire qui avait réussi à la vaincre, car elle savait qu’elle affronterait de nouveau ce chevalier en face à face dans un futur proche.
C’était aussi simple que cela. Peut-être. Plus ou moins.
« E-En tout cas, il m’a vue nue en premier, donc c’est juste un simple retour des choses, non... ? » se demanda-t-elle à voix haute.
C’était un sophisme, mais Stella sembla se justifier de cette façon. Poussée par la curiosité au sujet du premier chevalier contre lequel elle avait perdu, elle tendit, une fois encore, sa main vers l’abdomen d’Ikki et elle fit glisser sa main à travers la fente de la chemise. Elle avait lentement atteint le bas du plexus solaire et... tira doucement la chemise.
« ... Ceci est... donc... le corps... d’un garçon..., » balbutia Stella.
Depuis le début de sa vie, il s’agissait de la première fois qu’elle voyait quelqu’un de si proche. Lorsqu’Ikki s’était soudainement déshabillé la première fois où ils s’étaient rencontrés, elle ne l’avait pas vraiment vu en raison de la confusion, mais maintenant qu’elle était si proche, elle avait compris que ce corps était exceptionnellement tonique. Les légères ombres des muscles traversant ce corps avaient l’air complètement différentes d’elle, en tant que femme. Bien sûr, les touchers devraient aussi être différents.
« Haa... haa... » Stella avait gémi à ce moment-là.
Le cerveau de Stella commençait à bouillir face à cette intense envie de le toucher. Sa tête lui donnait l’impression d’être fiévreuse et prise de vertige. De plus, sa respiration était devenue lourde et irrégulière. Elle ne pouvait plus s’arrêter alors qu’elle était déjà dans une telle situation.
« ... C’est bon, » annonça-t-elle.
Avec une main tremblante, elle avait atteint l’abdomen d’Ikki et quand elle le toucha, une sensation électrique se répandit à travers elle, provoqué par la texture de la peau et des muscles d’Ikki. Il était fort tout en ayant une souplesse subtile, une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant, mais elle avait aisément compris l’énorme énergie qu’il contenait.
« Incroyable..., » murmura Stella.
Ce n’était pas le corps d’un chevalier qui trébuchait, perdu dans l’obscurité, mais celui de quelqu’un qui avançait avec force et une détermination inébranlable vers ses objectifs. Stella, elle-même, avait toujours dit qu’elle était un chevalier avant d’être une femme. Elle savait combien il était difficile de perfectionner son corps jusqu’à un tel point et comment ceci pouvait être difficile de maintenir un tel corps.
Elle ne pouvait plus douter plus longtemps des paroles de Kurono. Ikki n’avait certainement jamais donné dans le désespoir. Son corps était aussi endurci que sa volonté indéfectible.
Mais parce que Kurono n’avait pas exagéré, le désir de Stella d’en savoir plus sur Ikki avait augmenté d’une manière vertigineuse. Plus elle en savait sur lui et plus elle voulait en savoir encore plus. Ce désir commençait à faire surchauffer sa tête, assez pour l’étouffer. Elle était de plus en plus en transe, perdue dans une fièvre sans cause ni raison, mais c’était agréable, ce qui l’avait encore plus surprise.
« Haa... Que fais-je là..., je me le demande..., » murmura Stella.
Tout en jouant sur l’abdomen avec ses délicats doigts, elle posa cette question à une personne invisible se trouvant dans son cœur, observant tout comme elle, luttant contre son délire. Mais alors ―
« Euh, c’est aussi quelque chose que je voudrais vous demander. Stella-san, qu’êtes-vous en train de faire ? » demanda Ikki.
Pour une Stella qui était à cheval sur lui et qui touchait sa peau ici et là, Ikki fit écho à la question avec un visage qui montrait clairement qu’il ne savait pas ce qui se passait.
« A-Aieeeeeeeeeeeee !? » cria Stella.
Stella avait instantanément libéré un terrible cri avant de faire un bond en arrière afin de s’éloigner d’Ikki
« Attendez ! Si vous sautez de cette façon vous allez ―, » commença-t-il à dire.
L’avertissement d’Ikki fut inefficace.
Après avoir sauté si brusquement, la tête de Stella avait frappé le plafond avec une force choquante et elle tomba de la couchette supérieure du lit, avec un jappement, tout droit vers le sol.
« S-Stella-saaaaaan !? Allez-vous bien !? Votre tête semble blessée ― ! » s’écria Ikki.
« JJJJJJ-Je vais bien ! Je suis simplement tombée et du jus de tomate a été arrosé sur le dessus de ma tête, voilà tout ! » répondit Stella.
« Ceci ne va pas du tout ! » déclara Ikki. « Parce que ce jus de tomate vient de l’intérieur de votre corps ! Pour l’instant, asseyez-vous calmement. Je vais faire les premiers soins, alors restez là sans bouger ! »
***
Partie 8
« Ceci devrait le faire, » déclara Ikki avec douceur après avoir fini ses premiers soins.
Ikki avait traité Stella avec le kit d’urgence se trouvant dans son tiroir.
« Merci. Vous êtes assez bon sur ça, » répliqua Stella.
« J’ai vécu seul depuis le collège, donc je sais au moins faire cela, » déclara Ikki.
Eh bien, ce n’est pas comme si quelqu’un m’avait aidé quand je vivais dans cette maison, pensa-t-il.
Alors qu’Ikki soupira, Stella avait déclaré quelque chose de bizarre. « ... J’ai entendu beaucoup de choses à propos de vous. De Madame la Directrice. »
« À propos de moi !? » demanda Ikki.
« Oui, à propos de la façon dont vous avez été traité à l’école et par votre famille, » répondit-elle.
« Q-Quoi... !? Pourquoi cette personne a-t-elle divulgué des informations à propos de questions sensibles à quelqu’un d’autre que sa famille ? Désolé, mais ceci n’a probablement pas été une histoire agréable à entendre, » déclara Ikki.
« Cela ne l’est vraiment pas. Mais au contraire, je voudrais que vous m’en disiez plus à ce propos, » demanda Stella.
« Vous dire quoi ? » Ikki avait demandé ça en réponse.
« Comment pouvez-vous espérer devenir un chevalier quand tout le monde vous traite si mal ? » demanda Stella.
« ... Pourquoi voulez-vous savoir ça ? » demanda Ikki.
« C-Ce n’est pas comme... Ce n’est certainement pas, car je voudrais en savoir plus sur vous ! » répondit Stella. « Ne soyez pas prétentieux ! Je veux juste savoir pourquoi un novice avec une puissance magique tellement ridicule peut encore avoir l’envie d’être un chevalier ! Je suis tout simplement curieuse. »
« Dire quelque chose de si terrible, directement face à moi... je sens en quelque sorte un certain rafraîchissement, » répliqua Ikki.
Eh bien, son histoire ne valait pas vraiment la peine d’être cachée. Ikki était un peu gêné de le dire, mais si Stella voulait vraiment la connaître, alors il ne pouvait pas lui refuser cela.
« Il y a une personne que j’essaye d’atteindre, » commença-t-il.
« Une personne ? Voulez-vous parler du Samouraï Ryouma ? » demanda Stella.
Un héros bien connu, dont n’importe qui dans la famille Kurogane aurait pu vouloir imiter. Ikki pensait donc qu’il était naturel que ce nom lui vienne à l’esprit.
« Oui, exactement lui, » répondit Ikki. « Je n’ai jamais eu le talent, donc mes parents et ma famille en général m’ont rejeté depuis que je suis très jeune. Ma famille est une lignée de héros remontant à de nombreuses générations, où les enfants sans talent sont un fardeau. Je ne fus pas autorisé à participer aux leçons de magie de ma famille. Au lieu d’avoir un siège lors des fêtes, je fus chaque fois enfermé hors de leur vue lors de toute réunion comme j’étais une honte pour eux. »
{Ceux qui ne peuvent rien faire ne devraient rien faire.} (Père d’Ikki)
À son cinquième anniversaire, il s’agissait des dernières paroles que le père d’Ikki lui avait prononcées et après cela, il ne lui avait plus jamais adressé la parole et n’avait même plus jamais tourné son regard vers lui. Comme le chef de famille avait déterminé la position d’Ikki dans la famille, Ikki Kurogane avait été traité comme « quelqu’un qui n’existe pas » par tous les autres.
C’était si pénible que je voulais véritablement disparaître.
« Mais à cette époque, Ryouma-san m’a parlé, » continua Ikki.
Même maintenant, Ikki Kurogane pouvait se souvenir clairement de ce jour enneigé. Il s’agissait du Nouvel An et toute la famille était réunie, mais cette fête ne signifiait rien pour Ikki vu qu’il n’avait pas le droit d’être là. Il entendait les rires joyeux en dépit d’être enfermé, ce qui rendait sa présence encore plus douloureuse. Alors il était parti dans les montagnes se trouvant derrière la demeure familiale.
Et... il s’était perdu en chemin. Le soleil s’était soudainement caché et l’air s’était subitement refroidi. Les douces chutes de neige s’étaient transformées en une tempête de neige sans qu’il s’en rende compte.
Personne ne vint le trouver. La raison en était évidente : de toute façon, qui aurait aidé un enfant qui n’existait même pas ? Même si Ikki était mort de froid, ni ses parents ni ses familles n’auraient été affligés.
Dans sa famille, seulement sa sœur cadette se serait attristée par sa mort... mais elle aurait bien été la seule.
Quand il avait pensé à cela, il n’avait pas pu s’empêcher de pleurer. Non pas parce qu’il n’avait pas de talent, mais parce que personne n’avait cru en lui.
... Et c’est alors que Ryouma Kurogane, un homme âgé arborant une longue moustache blanche de style impériale, apparut devant Ikki. Il déclara à Ikki qu’il devrait chérir ces larmes.
Ces larmes étaient la preuve qu’Ikki n’avait pas encore abandonné.
{Écoute, gamin. Tu es encore maintenant un enfant. Quand tu grandiras, ne deviens pas un adulte ennuyeux comme beaucoup qui glorifie quelque chose d’aussi inutile que le talent. Ne deviens pas un adulte faible qui abandonne sans essayer et qui appelle le fait d’agir ainsi de la maturité. Deviens un adulte qui marche si loin que les autres ne peuvent même pas suivre tes traces. Un homme peut atteindre un but aussi longtemps qu’il ne renonce pas. Après tout, l’humanité a une fois volé jusqu’à la lune en dépit de ne pas avoir d’ailes.} (Ryouma Kurogane)
Le vieil homme lui avait dit ces mots avec un sourire enfantin et avait brossé la neige qui s’était installée sur la tête d’Ikki.
« Je fus... fou de joie. C’était la première fois que quelqu’un me disait que je ne devais pas abandonner, » continua Ikki. « Bien que je n’étais qu’un enfant, je savais quand même que c’était simplement des mots et qu’ils ne garantissaient en rien mon avenir. »
Mais malgré ceci, j’étais si heureux. Même si c’était juste quelques mots, je me sentais vraiment sauvé par eux, pensa-t-il.
« Alors je l’ai décidé à cet instant, » continua Ikki. « Si je dois grandir, alors je grandirai pour être comme lui. Et si jamais je rencontre quelqu’un dans la même situation que moi, contrairement à mes parents, je lui dirais : “Vous ne devez pas abandonner,” et je soulignerais le fait que les gens ne doivent pas seulement compter sur leurs talents. Je serai un adulte qui portera les mots de cet homme à d’autres. Cependant, je ne suis pas encore assez fort pour le faire dès maintenant. Je dois devenir plus fort, aussi fort qu’il l’était, où mes paroles seront que des excuses de faiblesse. Voilà pourquoi je ne peux pas simplement abandonner dans un endroit comme celui-ci. Si je veux être aussi fort que Ryouma Kurogane, je dois gagner dans le Festival des Sept Étoiles de l’Art de l’Épée. Ceci est le moins que je puisse faire. »
« ... Je vois. C’est donc ça votre rêve, » déclara Stella.
« Pensez-vous que cela est sans espoir ? » demanda Ikki.
Boudeuse. L’expression de Stella s’était maladroitement assombrie. Elle pensait vraiment que le rêve d’Ikki était merveilleux, mais... pour l’atteindre ―.
« Vous n’êtes pas obligée de le dire, ou de faire un tel visage, » déclara Ikki. « Je sais que ce n’est pas quelque chose que je peux facilement réaliser. Mais même ainsi, Stella-san, si vous aviez un rêve que vous ne vouliez pas abandonner et si quelqu’un vous disait qu’il est impossible pour vous de le réaliser, allez-vous quand même essayer ou... allez-vous docilement obéir à cela ? »
« Ah ―, » s’exclama Stella.
Les yeux de Stella s’écarquillèrent en entendant ces paroles. Ses pupilles brillaient d’un éclat lumineux, comme si elle avait enfin compris quelque chose, comme si elle avait accepté quelque chose.
« Hehe ! Hahaha ! » Le regard désolé de Stella avait disparu et elle éclata de rire. « Oui, tout à fait. Je ne voudrais pas abandonner. Même si je suis brûlée, pourquoi devrais-je abandonner ? »
Après avoir entendu les paroles d’Ikki, Stella se souvint qu’elle aussi avait été ainsi depuis des années.
« Voilà donc la raison, » déclara Stella. « Il est vrai que nous ne devons pas nous inquiéter de la réalisation de nos rêves. Si mes efforts sont vains, même après avoir tout donné de moi, alors c’est correct. Mais nous ne pouvons pas décider si nous allons réussir avant d’avoir essayé. »
« Exactement. Peu importe combien je manque de talent et combien de personnes me disent que je suis inutile, je ne vais pas abandonner pour ces raisons. Et c’est d’autant plus vrai que je déteste perdre, » déclara Ikki.
« Alors là, je ne pense pas qu’il n’y a pas quelqu’un qui déteste autant perdre que moi, » après avoir dit cela, Stella avait commencé à rire. Ce fut un rire qui semblait très surpris, mais aussi très joyeux.
Elle s’était détendue et elle avait levé les mains.
« ... Ahh, j’ai perdu. Je vous ai mis sur ma propre échelle ridicule de prodige et de médiocrité et je n’ai pas pu voir le vrai vous, » continua-t-elle. « Il était donc impossible pour moi de gagner avec ces sentiments présomptueux que j’avais. Ceci est ma défaite totale, Ikki. »
En disant ces mots, Stella se sentait un peu libérée. Elle n’avait plus de doute au sujet de l’avis de Kurono. Ikki était une personne qui partageait le même esprit et il était plus fort qu’elle. C’était exactement la raison pour laquelle elle pouvait apprendre de lui. Si elle le suivait, alors elle pourrait sûrement devenir elle-même plus forte. Avec cette sincère conviction au fond de son cœur, Stella était reconnaissante d’avoir rencontré Ikki. Comment pouvait-elle ne pas l’être quand on a traversé le monde pour cela ?
Et Ikki, après avoir vu son expression radieuse, estima que Stella était parvenue à le comprendre. Elle semblait satisfaite de ses réponses. Dans ce cas ―.
« Alors, puisque nous avons atteint un accord maintenant, ― allons-nous discuter de cette autre question importante ? » demanda Ikki.
« Hein ? Laquelle ? » demanda Stella.
« Eh bien, je veux dire... J’ai gagné le duel, non ? » demanda Ikki.
« Bien sûr. Même si je déteste perdre, je ne suis pas assez déraisonnable têtue pour nier ceci quand cela arrive, » répondit Stella.
« Alors ceci signifie que Stella-san, vous êtes mon esclave à partir de maintenant, non ? » demanda Ikki.
« ... Hein ? » s’exclama Stella.
Les yeux de Stella s’agrandirent soudainement, comme une colombe abattue par des plombs.
« Ne vous souvenez-vous plus que nous avions fait un pari ? Le perdant devait se soumettre au vainqueur toute sa vie et obéir à tous ces ordres, » Ikki lui avait alors rafraîchi la mémoire.
Instantanément, le teint de Stella devint rouge, puis elle pâlit pour devenir d’un blanc bleuté. Il semblerait qu’elle avait complètement oublié l’affaire, car tant de choses étaient arrivées depuis.
« Donc, comme j’ai gagné, nous allons commencer dès maintenant ―, » commença Ikki.
« Qu.., c-c’ét... ait cela ! Un fi-figure de st-st-styles et je l’ai dit, car j’étais trop énervée et... ! » balbutia Stella.
« Hmm, je me demande ce que je vais exiger en premier. Vous avez bien dit n’importe quoi, non ? » demanda un Ikki pensif.
« TT-Tout !? N-Non, c-c-c-c’est, c-c-c-c’est, j’ai vraiment dit que je ferai n’importe quoi, mais rien de tout cela n’est bien ! Totalement pas bien, non !? » s’écria Stella.
Stella avait alors plongé dans le coin de son lit avant de se recouvrir de ses couvertures, comme si elle essayait de se cacher d’Ikki.
Qui est-ce celui qui lui avait dit de ne pas être déraisonnablement obstinée ?
« Hein ? Alors Stella-san, allez-vous revenir sur votre parole ? » demanda Ikki.
« Pouah... ! »
« Eh bien ! Si vous êtes réticentes avec cette promesse, alors ceci me va ainsi. Ahh, je suppose que la Famille Impériale du Vermillion ne peut même pas tenir ses promesses !? » déclara Ikki comme s’il se posait la question.
« Ahh, agh..., » grogna Stella.
« C’est un peu décevant, » déclara Ikki avant de pousser un soupir.
« AA-Attendez un peu ! » balbutia Stella.
Comme prévu, Stella avait réagi à la moquerie éhontée d’Ikki. Tirant lentement sur les couvertures, elle dévisagea Ikki avec les yeux au bord des larmes.
« Qui a dit que nous ne pouvions pas le faire !? » s’écria Stella. « C’est bon !! Je vais devenir votre esclave ou votre chien ! Je ferai tout ce que vous voulez ! Je ferais aussi des choses indécentes ! Pervers ! Idiot ! Je vous déteste ! »
« Vous avez voulu ce pari et maintenant vous êtes furieuse à ce sujet !? » s’écria Ikki.
... Eh bien, peut-être que je suis allé trop loin, pensa-t-il.
Ikki voulait châtier Stella pour avoir parié négligemment et si facilement, mais il semblerait qu’il avait un peu exagéré. Dès le début, il n’avait jamais voulu faire de Stella son esclave. Sa vraie demande était ―.
« Alors voici un ordre. Stella-san, soyez ma camarade de chambre, » déclara Ikki.
― Pour eux, ceci reviendrait à vivre ensemble dans la même pièce.
« Eh... est-ce que... que, c’est tout ? » demanda Stella.
« Oui. Je pensais pendant que nous nous battions que nous serions en mesure d’avoir une relation pacifique et que je voudrais aussi devenir votre ami, Stella-san, » répondit Ikki. « Plutôt qu’un ordre, considérez plutôt cela comme un souhait. »
Ikki voulait en savoir plus sur cette jeune fille dont l’esprit ressemblait tant au sien. À ses mots ―.
« Fuah..., » la jeune fille qui pensait exactement la même chose sentit son cerveau déborder.
« V-vous, ju-juste... juste après m’avoir dit que... que j’étais belle... et là vous voulez être mon ami... dire ceci à une princesse célibataire comme si de rien n’était. Vraiment, vous n’avez réellement aucune délicatesse..., » déclara Stella.
Elle ne pouvait plus regarder directement Ikki. Même ses oreilles étaient teintées en rouge quand elle détourna son regard. Voyant cela, Ikki avait pris cette réaction comme une forme de colère.
« Ah ! Vo-Vous ne voulez pas ? Pour vous faire vivre avec un garçon..., désolé pour avoir dit quelque chose de si choquant, » déclara Ikki. « Allons trouver Madame la Directrice. Avec un peu de chance, je pense qu’elle pourra vous trouver une autre chambre pour vous ―. »
« Attendez ! » déclara Stella.
Stella avait arrêté Ikki au moment où il était sur le point de partir.
« ... C’est d’accord, » déclara Stella.
« Hein !? » s’exclama-t-il.
« J’ai dit... que ça ne me dérange pas ! » déclara Stella.
« Hein ? Êtes-vous sûre ? » demanda Ikki.
« Je-je viens de vous le dire, mais c’est seulement parce qu’il s’agit d’un ordre ! » répondit Stella. « Je vais être troublée si vous pensez que les membres de la Famille Vermillion sont des menteurs. C’est tout ! C-Ce n’est pas comme si... Je-je ne le fais par parce que je veux être amie avec vous ! »
Stella se leva après avoir jeté des regards autour d’elle. Elle s’était exprimée d’une manière détournée... mais Ikki avait compris qu’elle était consentante. Ceci le rendit très heureux.
« Alors, laissez-y ensemble à partir de maintenant, Stella-san, » déclara Ikki.
« ... On ne peut rien y faire, alors prenez soin de moi... Hmph ! » répliqua Stella.
Stella lui serra la main tout en regardant de l’autre côté. Sa main était beaucoup plus petite qu’il ne l’avait imaginé et beaucoup plus chaude.
Juste au moment où ils avaient finalement réglé la question de la colocation, la cloche du dortoir sonna. Il s’agissait du signal pour les huit heures.
« Arg, il semble que j’ai dormi pendant un moment. Je suppose qu’il est maintenant trop tard, » déclara Ikki.
« Y a-t-il quelque chose de gênant à huit heures ? » demanda Stella.
« Les cafétérias ferment ici à huit heures. Que vais-je faire pour le souper ? » se demanda Ikki à voix haute.
Le couvre-feu est à neuf heures. Je suppose que je devrais aller au supermarché et acheter quelque chose. Mais mon corps me fait trop mal après avoir utilisé Ittou Shura, donc je ne veux pas vraiment cuisiner..., pensa-t-il.
Ikki se trouvait dans une situation embarrassante. Il était effrayant de penser ce qui se passerait s’il se coupait un doigt.
Ikki croisa les bras dans l’inquiétude, mais alors Stella, à ce moment-là, proposa une solution avec une voix étrangement excitée.
« S-Si c’est juste cela, alors je vais nous préparer quelque chose, » déclara-t-elle.
« Hein ? Est-ce que cela vous convient ? » demanda Ikki.
« Je veux dire, Ikki est... mon maître même si je suis très réticente à ce sujet... et il est du devoir d’une servante de cuisiner quand le maître veut un repas, » déclara Stella.
« ... Euh, ne pourriez-vous pas oublier cette histoire à propos du maître et de l’esclave ? » demanda Ikki.
« C-Ce n’est pas acceptable ! Les membres de la royauté ne brisent jamais une promesse ! A-Alors, cessez d’être réticents et laissez-moi vous servir ! » déclara Stella.
Quelle exaltante femme de chambre qu’elle était ! Et pour être honnête, Ikki était à l’âge où la cuisine maison faite par une jeune fille était plutôt attrayante.
« Je comprends. Alors, allons au supermarché le plus proche ensemble. Je vais au moins faire l’achat, Stella-san, » déclara Ikki.
« Hmm ―, » Stella semblait boudée face à ses mots.
... Hein ? Pourquoi boude-t-elle cette fois ? se demanda Ikki.
« ... Ce n’est pas permis, » déclara Stella.
« Quoi donc ? » demanda Ikki, qui était perdu face à ces réactions.
« Cette chose “Stella-san”. Ikki est le maître ici et en plus de cela vous êtes plus vieux, donc il serait bizarre pour vous d’ajouter un honorifique. Dites-le sans le “-san”, » demanda Stella.
« Euh... je ne devrais pas le faire. Je veux dire que vous êtes réellement une princesse..., » répliqua Ikki.
« Et qui est-ce qui veut être ami avec cette princesse ? » demanda Stella.
« Euh..., » balbutia Ikki.
« N’est-il pas bizarre pour des amis d’être aussi formel ? » demanda Stella.
Eh bien, c’est effectivement le cas, mais ―
« N’est-il pas plus étrange pour des amis d’être également maître et esclave ? » demanda Ikki.
« Cela est un autre problème, » déclara Stella.
« Eeeeehhh !? » Ikki était abasourdi par la tournure des événements.
« Dans tous les cas ! » déclara-t-elle. Puis Stella pointa un doigt vers le bout du nez d’Ikki.
« Je ne répondrai pas si vous ne m’appelez pas Stella, » déclara-t-elle.
Elle déclara ceci d’une manière adorablement en colère, mais en même temps, elle semblait très embarrassée. Ikki ne pouvait pas parler à une princesse avec tant de désinvolture... mais il est vrai que s’ils devaient devenir des amis, alors un refus maintenant ne serait pas très bien.
« ... Heh. Je comprends, Stella, » déclara Ikki.
En fin de compte, Ikki avait cédé. Ou plutôt, Stella l’avait guidé à travers la conversation pendant un certain temps jusqu’à en arriver là. Quelle outrageuse grande fille qu’elle était !
« Oui. Alors, allons-y, Ikki ! Je ne sais pas grand-chose sur le Japon, alors assurez-vous de m’escorter correctement, » déclara Stella.
« Oui, oui, » déclara Ikki.
Mais bien qu’il avait dit son prénom sans aucune formalité, si cela la rendait si heureuse, alors il devrait à partir de maintenant l’appeler ainsi. Captivé par le sourire de Stella, Ikki était arrivé à cette conclusion et avait lui aussi souri.