Nozomanu Fushi no Boukensha – Tome 3 – Chapitre 3 – Partie 1

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Chapitre 3 : Une nouvelle Évolution Existentielle

Partie 1

Une douleur fulgurante irradiait à travers mon être au moment même où une seule goutte de sang touchait ma langue. Pendant un moment, j’avais pensé qu’il valait mieux arrêter de boire ce liquide, quoi qu’il en soit, mon instinct, cependant, n’était pas de cet avis. C’était comme si j’étais stimulé par une voix étrange et invisible. C’était probablement juste mon imagination.

Cependant, dans le cas de l’Évolution Existentielle, je suppose que je n’avais pas d’autre choix que de me fier à mon instinct. On pouvait demander une explication ou une justification logique, mais je n’en avais aucune.

J’avais basculé la bouteille vers le haut, vidant son contenu.

Clank.

La fiole vide avait lentement roulé sur le dessus de la table. La fiole en question était un précieux objet magique en soi. J’avais voulu le mettre sur la table correctement, pour qu’il ne roule pas ou qu’il ne finisse pas fêlé dans un accident. Mais je n’avais pas vraiment le choix.

Une lueur de couleurs cramoisie m’avait inondé les yeux. Des vagues de douleur et de souffrance immatérielle avaient frappé tout mon corps.

C’est mauvais…, c’était la toute première chose qui m’était venue à l’esprit.

Mais je n’avais pas l’impression de mourir. Au contraire, je me sentais comme quelqu’un, quelque chose, qui changeait de force l’intérieur de mon corps comme bon lui semblait. Je le sentais, au plus profond de mon corps, dans des endroits ou des poches qui avaient été autrefois creux. C’était comme si on m’avait volé toute ma force et qu’on m’entassait des choses étranges une à une dans mon corps.

Si je devais deviner, ces choses étranges n’étaient rien d’autre que des organes vivants, car je n’en avais pas beaucoup avant ça. Ce qui ressemblait à une grande quantité de fourmis rampant à la surface de mon corps à une vitesse stupéfiante n’était probablement rien d’autre que la formation rapide de la peau.

Tout le processus ressemblait beaucoup à une gueule de bois, ou peut-être comme quand on était ivre, sauf que c’était cent fois pire. Ma vision continuait à se tordre et à tourner, et les objets devant moi semblaient être constamment affligés par un tremblement de terre invisible que moi seul pouvais sentir. J’avais fait de mon mieux pour me calmer, mais j’avais découvert que c’était un effort infructueux. Tout autour de moi et à l’intérieur de moi se trouvaient des plaintes, la tirade sans fin de mon corps qui m’avertissait que quelque chose n’allait pas, que quelque chose était différent. Bien que j’aie compris le processus, le sentiment ne s’était pas arrêté.

Combien de temps cela va-t-il durer… ? Est-ce que ça va finir ?

Est-ce que ça va finir ?

Ces pensées m’avaient inondé l’esprit, et sans aucun sentiment de diminution, le torrent m’avait bientôt submergé.

Je vois…, tous ceux qui, avant moi, qui avaient bu du sang de vampire se sentaient-ils comme ça ? Un goût désagréable et profond… Sans parler de ses effets. J’avais maintenant compris pourquoi certains étaient morts dans le processus, incapables de résister à la tension, alors que d’autres étaient devenus fous.

Cependant, j’avais semblé être capable de maintenir ma santé mentale.

Est-ce à cause de ma force… ?

Non, ce n’était pas tout à fait juste.

C’était parce que j’étais immortel.

Depuis que j’étais devenu un mort-vivant, j’avais remarqué que mon état mental s’était beaucoup amélioré depuis l’époque où j’avais encore un souffle de vie. Bien que j’aie essayé d’agir comme un être humain autant que je le pouvais, et que la plupart d’entre eux me voyaient comme un être humain, quelque chose avait changé en moi. Mes émotions étaient encore, silencieuses, peut-être même faibles par rapport à l’époque où j’étais encore en vie.

Pendant tout ce temps où j’étais un squelette, une goule et finalement un Thrall, j’avais toujours réussi à rester calme et relativement sain d’esprit… ne serait-ce que parce que je me sentais vraiment calme. Pour une raison inconnue, je ne ressentais plus les émotions aussi intensément qu’avant.

Malgré tout, certaines choses m’avaient encore fait vibrer d’émotion dans mon cœur. Par exemple, mon rêve de devenir un aventurier de la classe Mithril avait provoqué une réaction du fond de moi. C’était peut-être une évidence, parce que j’en avais rêvé toute ma vie. C’est pourquoi j’étais resté captivé par ce rêve, et je me sentais encore plus captivé que je ne l’avais jamais été, encore plus que lorsque je respirais encore.

Et pourtant, mon dévouement à ce but pouvait facilement être oublié, comme une pensée qui disparaissait après qu’on se soit réveillé d’une période de sommeil. J’avais dû m’y accrocher fermement, pour ne jamais oublier.

C’est pourquoi je ne pouvais pas abandonner et lâcher prise, même avec cette douleur qui me fouettait le corps. Si j’avais vécu la même chose alors que j’étais encore humain, j’aurais très probablement perdu la tête après quelques secondes dans le processus.

« Ah ! Ahhhh !! »

Je pouvais entendre une voix quelque part, très, très loin. Dans ma vision tordue et tourbillonnante, c’était le visage de Lorraine. La vue d’elle me mettait à l’aise, ne serait-ce que parce que je ne ressentais plus le désir de sa chair et de son sang, contrairement à l’époque où j’avais évolué vers un Thrall.

Il y avait cependant un autre sentiment…

Je sentais ma conscience s’évanouir.

Que se passerait-il si je lâchais… ?

Rien de mal, ça semblait… vu ce que je ressentais, je m’évanouirais tout simplement, car il était difficile de rester conscient longtemps dans cet état. Peut-être que ça serait mieux de s’asseoir et de lâcher prise.

Bien que j’étais préoccupé par le progrès global de mon Évolution Existentielle, j’avais le sentiment d’avoir surmonté en toute sécurité le plus difficile des défis, à savoir rester sain d’esprit malgré la douleur et ne pas mourir mentalement face à la souffrance apparemment sans fin.

D’une autre façon, j’étais déjà mort dès le départ. Je suppose donc qu’il n’y aurait aucun problème…

J’avais finalement décidé de lâcher prise.

Un voile de ténèbres avait bientôt obscurci ma vision. J’avais l’impression de flotter, de tomber au ralenti alors que ma tête approchait lentement du sol. Avant l’impact, je pouvais me sentir bercé par quelque chose — puis je m’étais évanoui.

◆◇◆◇◆

Tout semble en ordre, comme prévu.

C’était la première pensée qui m’avait traversé l’esprit alors que je reprenais lentement mes esprits.

Mon corps se sentait… en conflit. Il semblait grincer à de nombreux endroits.

Comment pourrais-je décrire cela... Cela ressemblait à ce que l’on ressent quand on se fait mettre une attelle après s’être cassé un os. Une étrange sensation d’oppression dans les membres.

Qu’est-ce que c’était… ?

C’était étrange et pas trop inconfortable. Mais en ouvrant les yeux, j’avais été choqué par la lourdeur de mes paupières.

Maintenant que j’y pense, je n’avais peut-être même jamais cligné des yeux pendant ma période en tant que Thrall. Je me souvenais d’avoir l’impression d’avoir fermé les yeux, mais je ne me souvenais pas d’avoir vu des paupières de quelque sorte que ce soit, pas même lorsque j’avais fait réarranger le masque pour une inspection plus approfondie.

Ce sentiment que je ressentais maintenant…

Une faible lumière s’était mise au point devant mes yeux alors que je les ouvrais lentement. C’était la flamme d’une bougie qui vacillait doucement dans l’obscurité.

Cette demeure était équipée d’objets magiques émettant de la lumière, mais je suppose que Lorraine avait diminué la lumière avant d’aller se coucher. Lorraine avait probablement laissé une bougie allumée près de moi pour m’éclairer si je me réveillais.

Il m’avait semblé que j’étais allongé horizontalement — sur un lit, pour être exact. La première chose que j’avais vue en ouvrant les yeux était… le plafond. Le plafond, et une ombre projetée sur lui par le scintillement des bougies.

L’ombre de quelqu’un… quelqu’un que je connaissais.

Mais bien sûr. Je m’étais tourné lentement sur le côté, en jetant un coup d’œil par-dessus le côté du lit. Là, assise tranquillement avec un livre lourd sur les genoux, il n’y avait personne d’autre que Lorraine, qui feuilletait doucement les pages du livre.

Je l’avais regardée fixement pendant un certain temps alors qu’elle continuait à lire. Ses yeux s’étaient rapidement dirigés vers le coin supérieur gauche d’une nouvelle page, remarquant à leur tour mon regard.

« Alors, tu es réveillé, Rentt, » déclara Lorraine.

On aurait dit que Lorraine avait veillé sur moi tout ce temps. Je suppose qu’elle pensait que je me lèverais après un certain temps, mais elle avait fini par lire un livre après avoir réalisé que je serais inconscient pendant une plus longue période.

Il faisait déjà nuit dehors, alors vu que je m’étais évanoui le matin, j’avais dormi presque toute la journée. C’était la première fois depuis longtemps que j’éprouvais un sommeil profond, bien qu’il semblait s’être terminé avant même que j’en aie profité pleinement.

« Ah… qu’est-ce que tu lis ? » demandai-je.

Face à ma question, Lorraine avait fermé son livre d’un coup de poing, offrant une réponse en passant ses doigts sur la couverture.

« Un livre qui décrit l’écologie des vampires — une sorte d’encyclopédie, en fait. Les entrées détaillent divers types de vampires, mais je suppose que même toi, tu connais les différences communes entre eux. Des Thralls, Des Petits Vampires, des Grands Vampires, et Vampires Majeurs… Tous les détails sur eux. Bien sûr, à mesure qu’ils augmentent en force, certains types de vampires commencent à défier les tentatives de classification. Les classifications ci-dessus ne sont pas du tout exhaustives — par exemple, les vampires qui ont vécu pendant une période exceptionnellement longue sont connus sous le nom de Vampires Anciens, et nous avons les Princesses Vampires classiques qui apparaissent dans les contes populaires et autres. Comme tu peux le constater, tu n’appliquerais pas les classifications ci-dessus à ces deux exemples précédents. »

« Je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui a rencontré l’un de ces vampires. Alors, ce ne sont peut-être que des contes populaires. Même si nous prenions en compte les capacités d’un Grand Vampire, ses familiers et les membres de sa famille de sang ne constitueraient qu’un village, au mieux. Bien sûr, cela poserait problème s’ils avaient en quelque sorte infiltré une ville et créé leur propre société de vampires en son sein. Sur une autre note, ce n’était qu’une rumeur que j’ai entendue, mais… une légende dans un pays lointain parle d’un vampire crépuscule, qui avait réussi d’une certaine manière à usurper le royaume entier pour lui-même. C’est, je dirais, une véritable légende, et rien de plus. »

« Garde à l’esprit que les légendes peuvent encore avoir une part de vérité pour elles. Après tout, Rentt, n’as-tu pas rencontré un dragon légendaire, et n’as-tu pas été mangé en entier ? Peut-être que les vampires crépusculaires existent — et je pourrais même dire cela de l’Église du Ciel Oriental qu’ils adorent dans les pays de l’Est. Ai-je tort ? »

Lorraine avait signalé une faille fatale dans mon argumentation future. Après tout, j’avais personnellement vécu une rencontre avec une légende en personne. Je devrais au moins être la dernière personne à dire que les légendes n’étaient que des contes populaires.

Si je m’asseyais et que j’y réfléchissais, j’avais déjà vécu quelque chose qui dépassait les légendes typiques dont j’avais entendu parler, celle d’être mangé par un dragon et transformé sommairement en monstre. Bien que l’on puisse aussi devenir un monstre par des rituels étranges, ou en buvant du sang de vampire, les chances de succès étaient relativement faibles.

Je n’avais pas d’autre choix que de hocher la tête.

« Eh bien… Je suppose que oui. Alors… pourquoi tu lis encore ce livre ? » demandai-je.

« C’est très simple, Rentt, » Lorraine m’avait montré du doigt en réponse à ma question. « Ce que je veux dire, c’est que… »

« C’est… ? »

Ah… Je suppose que c’était pour me féliciter pour mon Évolution Existentielle.

Un léger sourire reposait sur ses lèvres pendant qu’elle prononçait ces mots.

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2 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

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