Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 12 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Mon voyage dans l’autre monde

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Chapitre 2 : Mon voyage dans l’autre monde

Partie 1

J’avais réussi à les convaincre que je ne leur voulais aucun mal, pourtant mes vrais problèmes ne faisaient que commencer. Je ne voulais pas les gêner dans leur travail, et comme j’avais pensé que Carol voudrait passer un peu de temps seule avec ses parents, nous nous étions donc tous dispersés après cela. Carol pourrait raconter à tout le monde son court voyage dans mon monde. Ses parents préféreront probablement l’entendre d’elle plutôt que de moi.

« Bon sang, mes épaules sont raides. »

J’avais passé tellement de temps à parler formellement et à essayer de garder un sourire serein sur mon visage. Je n’avais pas réalisé à quel point il était fatigant de jouer la comédie. J’avais jeté un coup d’œil autour de moi pour m’assurer que j’étais vraiment seul avant de m’effondrer en arrière et de m’allonger sur le tapis. Dire qu’ils m’avaient laissé tout seul dans cette énorme tente.

Je m’étais endormi tout en regardant le plafond. Il faisait vraiment froid. Même avec le tapis, la fraîcheur s’insinuait dans le sol. Je m’étais redressé et j’avais croisé mes jambes. J’avais senti soudainement quelque chose ramper sur elles. Destiné était recroquevillé sur mes genoux.

Je suppose que je n’étais jamais vraiment resté seul ici.

J’avais caressé son dos froid et hirsute et j’avais commencé à réfléchir.

« Je suis en fait dans un autre monde, hein ? »

Dire que c’était inattendu était un euphémisme. Lorsque j’avais commencé Le Village du Destin, je m’étais acheté quelques romans et mangas isekai comme référence, mais je ne m’attendais pas à ce qu’ils deviennent des guides pratiques. En général, ces protagonistes avaient un super pouvoir ou une astuce qu’ils pouvaient utiliser dans le nouveau monde pour avoir un avantage. Est-ce que j’avais une capacité de ce genre ? J’avais tendu ma main et j’avais essayé de l’imprégner de pouvoir.

« Guuooorgh ! Aaaargh ! Nnnnngh ! Haaaaaah ! »

Rien. J’étais juste un type bizarre qui tendait la main en grognant. En y réfléchissant maintenant, la plupart de ces protagonistes avaient acquis leurs pouvoirs grâce à un dieu ou une créature similaire qui leur avait confié une tâche. Et j’étais venu ici sans même demander la permission aux dieux. Ils n’allaient évidemment pas me bénir avec des pouvoirs.

Plus urgent encore, comment allais-je rentrer au Japon ? J’avais réussi à trouver une vraie bonne idée, mais pour être honnête, c’était la seule que j’avais trouvée.

Ne pourrais-je pas… être envoyé en offrande comme Carol le fut ? Sewatari-san avait dit qu’envoyer des choses de ce monde au Japon était facile. Donc… pas de raison de paniquer. Et vu que j’étais déjà ici, je pouvais aussi bien passer un peu de temps pour apprendre à connaître l’endroit. De plus, j’étais certain que les dieux allaient me passer un savon en rentrant chez moi, et je voulais repousser cela le plus longtemps possible. Peut-être que je pourrais les laisser se calmer un peu. C’était un espoir un peu naïf, mais quand même.

« Si mon téléphone fonctionne ici, je peux les appeler et m’excuser. »

J’avais sorti mon téléphone de ma poche et j’avais essayé de l’allumer. Il s’était allumé, mais il n’y avait pas de signal. Ne m’attendant à rien, j’étais allé dans mes contacts et j’avais essayé d’appeler « Développeur — Sewatari. »

« Attends. Ça sonne ?! »

Ça n’avait aucun sens ! J’étais dans un monde totalement différent ! Le ton retentit trois fois, et avant que je puisse décider de raccrocher ou non, elle répondit.

« Yoshio-kun ! Oh, Dieu merci, tu as réussi à passer ! »

La voix de Sewatari-san sortait du téléphone.

Et pas seulement sa voix. Son visage anxieux remplissait l’écran. Attendez, ce n’était même pas un appel vidéo !

J’avais appuyé le téléphone contre le poteau au centre de la tente, je m’étais agenouillé sur le tapis et j’y avais écrasé mon front.

« Je suis vraiment désolé d’avoir fait quelque chose d’aussi stupide ! »

Je m’étais excusé aussi sincèrement que je le pouvais, du plus profond de mon cœur.

« Hé, pourquoi tu t’excuses si vite ! J’avais préparé un joli petit sermon rien que pour toi ! »

Elle avait l’air bien moins en colère que ce à quoi je m’attendais. J’avais soigneusement écarté mon visage du sol.

Attendez. Elle n’a pas du tout l’air fâchée ?

« Écoute, il y a beaucoup de choses que je devrais te dire maintenant, mais je sais que tu as fait ça pour Carol-chan, non ? Je comprends ça. Je suis quand même un dieu, non ? »

Elle me fit un clin d’œil. En cet instant, elle avait vraiment l’air d’un dieu.

« Hé, ne t’emporte pas ! Tu dois réaliser à quel point les autres gars se moquaient de Senpai. »

Le visage de Nattyan-san apparut, cachant celui de Sewatari-san. Sa peau bronzée était difficile à distinguer, mais elle semblait avoir des cernes sous les yeux. Ses cheveux, habituellement en parfait état, étaient ébouriffés.

« Modifier le portail pour laisser passer les ondes électroniques était vraiment pénible à faire. Je suis épuisée. »

« Je suis tellement, tellement désolé ! »

J’avais de nouveau pointé mon front vers le tapis. Même lorsque Sewatari-san m’assura que tout allait bien, je savais que je leur avais causé beaucoup de problèmes.

« Hey, pas de soucis pour ça. Nous nous demandions juste si vous aviez des questions. Honnêtement, c’était bien que tu passes au travers en premier. Cela nous a permis de confirmer que le transfert de Carol et Destiné se passerait bien. Merci, Yoshio-kun. »

Sewatari-san sourit doucement, et je m’étais retrouvé enchanté. Elle avait passé tellement de temps à se saouler à Hokkaido et à se plaindre de son travail que je doutais qu’elle soit vraiment un dieu. Je me sentais mal d’avoir pensé autrement maintenant.

« Je m’excuse sérieusement. »

« D’accord, mais pourquoi ne pas passer à quelque chose d’un peu plus constructif ? As-tu l’intention de vivre dans l’autre monde de façon permanente, Yoshio-kun ? »

Je ne pouvais pas répondre immédiatement. En fait, j’étais sûr de l’avoir mal entendue.

« Désolé, quoi ? »

« Tu peux rester dans ce monde en tant que disciple du Dieu du Destin si tu le souhaites. Je veux dire, ce genre de choses est populaire dans les romans et les animes récents, non ? »

En effet, mais ce n’était que des histoires fantastiques. Ici, c’était la vraie vie.

« U-um, tu es sérieuse ? », avais-je demandé.

« Tout à fait sérieuse. Je croyais que c’était le rêve de tout Japonais d’être transporté dans un autre monde ? Et tout le monde te respecte là-bas. Tu seras traité comme un roi. Tu pourras même avoir un harem. Je t’ai donné une application pour faire des miracles depuis ton smartphone. »

Si les villageois me voyaient faire des miracles sous leurs yeux, ils me respecteraient probablement encore plus. Assez pour suivre tous mes ordres. C’était tentant comparé à l’existence pitoyable que je laisserais derrière moi, mais avais-je vraiment envie de jeter ma vie entière en l’air ?

« Je — »

« Tu n’as pas à répondre tout de suite. Après tout, je veux que tu restes dans le coin pour un moment. Amuse-toi, d’accord ? Pense à ça comme à des petites vacances. »

« Tu veux que je reste pour toujours ? »

« Non, c’est juste que… c’est le deuxième étage. Ils ont découvert qu’on a envoyé quelqu’un du Japon dans l’ancien monde, et ça cause quelques frictions. On essaie de réparer le portail pour que rien d’autre ne puisse être envoyé de ce côté. Je sais qu’il y a aussi des dieux corrompus après toi, alors reste tranquille. Je vais essayer de les convaincre de ne pas s’en prendre à toi directement. »

Si elle était si inquiète pour ma sécurité, que pouvais-je faire d’autre ?

« OK. Faites-moi savoir quand les choses se seront calmées, et j’essaierai de m’amuser ici en attendant. »

« Je te remercie pour ta compréhension. Je vais essayer d’arranger les choses aussi vite que possible. Sûrement avant le prochain Jour de Corruption. »

J’avais presque oublié ça. J’étais dans le Village du Destin lui-même, ce qui signifiait que j’affronterais personnellement un Jour de Corruption si j’étais encore là à la fin du mois, donc de vrais monstres. Mes pensées ensoleillées d’adoration se furent instantanément taries. Mes villageois passaient régulièrement cet événement, mais je n’avais vraiment pas envie d’être ici pour une quelconque attaque à grande échelle.

« Je reste en contact, ok ? »

« A-Attendez, je-oh, elle a raccroché. »

Elle avait bon cœur, mais j’aurais aimé qu’elle soit plus à l’écoute. Je savais que j’avais au moins un moyen de rentrer maintenant. Tout ce que j’avais à faire était d’attendre et de m’assurer que je restais convaincant devant les villageois.

« Ce qui ne sera pas vraiment facile. »

L’idée de me forcer à garder cette attitude de disciple officiel me pesait, mais je n’avais pas le choix. Si mes villageois commençaient à avoir des soupçons sur moi, le disciple du Dieu du Destin, cela pourrait nuire à leur foi dans le dieu lui-même. Si je voulais continuer à jouer le jeu une fois rentré chez moi, je devais continuer à jouer la comédie.

« Très bien, je fais quoi maintenant ? »

Comme ruminer sans objectif clair n’était qu’une perte de temps, j’avais décidé de voir comment le village se portait. Je pourrais ensuite réfléchir à mon prochain mouvement. Je m’étais levé, Destiné s’accrochant à ma poitrine et sortant sa tête de mon manteau. Je savais qu’il détestait le froid, mais il voulait probablement voir ce qui se passait, lui aussi.

Au moment même où j’avais quitté la tente, j’avais immédiatement senti les yeux des villageois se poser sur moi dans toutes les directions. Quand je m’étais retourné, ils détournèrent immédiatement leurs regards et se dispersèrent comme des bébés-araignées.

Voilà donc ce qu’on inspire quand on est célèbre ?

Je doute qu’ils aient eu beaucoup de disciples divins venant du Monde des Dieux. À leur place, je les fixerais aussi. J’avais essayé de les ignorer, tout en me rappelant que je risquais toujours d’être observé. Si j’étais à l’extérieur de la tente, je devais être prudent. Je m’étais étiré, puis je m’étais dirigé avec assurance vers l’endroit où se trouvait la grotte.

« Il n’y a vraiment plus rien, hein ? »

L’ancienne mine était complètement détruite. Je l’avais vu de loin, mais je ne pouvais m’empêcher de soupirer de regret. Cet endroit avait été vital pour la survie de mes villageois à l’époque où Gams était blessé.

« Merci de les avoir protégés pendant tout ce temps. », dis-je en joignant les mains.

J’aurais aimé voir l’espace dans lequel ils avaient vécu, mais il avait disparu. Après une telle explosion, tout ce que nous avions découvert n’était que poussière.

Pourrait-il y avoir encore des choses utiles là-dedans ?

Quelques pioches et des charrettes à bras étaient posées à proximité. Manifestement, mes villageois avaient la même idée. J’avais parcouru la zone et j’étais tombé sur un espace entouré de planches de bois. C’était nouveau.

« Qu’est-ce que c’est ? Ces planches sont juste un peu plus grandes que moi… »

Comme elles se tenaient près de l’ancienne grotte, je les avais suivies jusqu’à ce que j’atteigne une cabane en rondins. Je ne pouvais rien dire à son sujet d’ici, sauf qu’elle était grande. Comme la porte était fermée et que je ne voulais pas entrer sans autorisation, je m’étais dit que je pourrais revenir plus tard.

Je m’étais ensuite dirigé vers la clôture en rondins qui entourait le village et, en la longeant, j’avais rencontré les villageois au travail. Les hommes étaient occupés à allonger et à renforcer la clôture. Les elfes aidaient Kan et Lan à raboter des morceaux de bois. Les elfes étaient doués pour le travail du bois, ils vivaient en harmonie avec la nature. Murus, bien que médecin et tireur d’élite, n’était pas très douée pour l’artisanat. Elle supervisait les choses de loin. Tout comme les humains, les elfes avaient leurs forces et leurs faiblesses individuelles.

J’avais continué à marcher et j’étais tombé sur les tours de guet. Il n’y en avait qu’une avant, construite en rondins. Maintenant, il y en avait quatre, plus hautes et faites de planches de bois solides. Avec l’augmentation récente de la population du village, les tours de guet pouvaient maintenant être occupées à tout moment.

***

Partie 2

L’explosion avait laissé le village à nu, mais il avait été restauré en quelque chose d’encore mieux. Une population plus importante crée de la force, et sans aucun doute, le développement du village se poursuivra à pas de géant.

J’étais retourné à la tente-église improvisée, ma maison pour l’instant. Je m’étais assis devant le foyer et j’avais regardé la statue du dieu du destin à travers les flammes. L’ancienne statue avait été grossièrement sculptée, difficile de dire si elle était censée être masculine ou féminine. Celle-ci avait été sculptée par des mains bien plus habiles. J’imagine que Kan et Lan l’avaient fabriquée quand l’ancienne fut détruite dans l’explosion.

« Qu’est-ce qu’un disciple du Dieu du Destin est censé faire toute la journée ? »

Je n’étais pas venu dans ce monde pour passer des vacances amusantes. Je voulais simplement passer plus de temps avec les villageois après tant d’heures passées à les observer à travers l’ordinateur. Mais je ne m’étais pas jusqu’à présent révélé à eux comme leur dieu, et je ne voulais pas ruiner la perception qu’ils avaient de moi. Le fait que je les connaisse maintenant personnellement rendait ce sentiment encore plus fort. Peut-être que je devrais juste leur demander s’ils avaient besoin d’aide pour quoi que ce soit.

J’avais agi au moment où cette pensée avait surgi dans mon esprit. J’avais appris que c’était la façon d’éviter d’être un NEET, agir tout de suite. J’avais quitté la tente et cherché un villageois qui n’avait pas l’air trop occupé.

*****

« C’est… plutôt… dur… », dis-je en haletant tout en balançant ma pioche à l’extérieur de l’ancienne grotte.

Plus tôt, j’avais quitté la tente et trouvé Chem.

« S’il vous plaît, ne soyez pas déraisonnable ! Je ne pourrais pas demander au disciple du Seigneur de lever un seul doigt ! »

Je m’attendais à ce qu’elle dise quelque chose comme ça. J’avais donc préparé mon contre-argument.

« Le Seigneur m’a demandé d’aider le village, et si je ne le fais pas, il me grondera quand je reviendrai. Permettez-moi de vous aider. Vous me rendrez service. »

Au moment où j’avais mentionné le nom de son dieu, Chem ne me répondit plus rien. Elle m’avait donné un récapitulatif des tâches à accomplir. J’avais porté mon dévolu sur l’une des tâches les plus exigeantes physiquement. Entre mes séances d’entraînement et mon travail de nettoyage, je m’attendais à ce que ce soit une tâche aisée, mais c’était plus difficile que prévu. Balancer une pioche utilisait un ensemble différent de muscles, et je pouvais sentir la tension de chaque mouvement dans mes bras et ma taille.

Je travaillais actuellement dans les mines. La grotte s’étant effondrée, il serait possible d’extraire du minerai de l’ancien puits de mine, et Dordold avait promis d’acheter tout ce que nous trouverions, ce qui serait une nouvelle source de revenus. Même après sa destruction totale, la grotte qui avait autrefois abrité mes villageois continuait à les aider. Il était difficile d’imaginer où ils seraient sans elle.

L’exploitation minière était une tâche secondaire. Les villageois ne s’y consacraient que pendant les pauses dans leurs autres efforts de restauration, et ils avaient à peine assez de personnes pour cela. C’était la raison pour laquelle je m’étais porté volontaire pour aider. Ici, seul, je n’avais pas à me soucier d’une observation constante. Je pouvais laisser tomber le masque et me détendre un peu.

J’avais essuyé ma sueur avec une serviette de mon sac, j’avais poussé un profond soupir et je m’étais frotté les épaules. Sewatari-san avait donné mon sac à Carol avant qu’elle ne me suive à travers le portail, ce qui fut une véritable aubaine. Il était plein de choses utiles. J’avais vérifié l’heure sur mon téléphone. Il n’était même pas encore midi, je travaillais depuis environ deux heures. J’avais rechargé mon téléphone avec un chargeur solaire que j’avais miraculeusement pensé à emporter. Je l’avais gagné dans un concours il y a longtemps, mais comme je ne sortais jamais, il avait passé toute sa vie au fond de mon placard.

Grâce à lui, Sewatari-san pouvait me contacter dès qu’elle en avait besoin, sans craindre que mon téléphone tombe en panne de batterie. Et je pouvais faire des miracles. J’avais testé l’application en changeant le temps. Ça avait fonctionné exactement comme prévu. Je pouvais compter sur les miracles si j’en avais besoin.

Faisant une pause, j’avais trié les photos que j’avais prises depuis mon arrivée ici. Je voulais en avoir le plus possible, mais si je continuais à ce rythme, j’allais bientôt manquer d’espace de stockage. J’avais l’impression que je ne me lasserais jamais de photographier les paysages du village et les villageois eux-mêmes.

La nuit dernière, j’avais eu l’occasion de parler avec mes premiers villageois dans la tente. Je leur avais montré les photos que j’avais prises de Carol dans mon monde.

« C’est à ça que ressemble le Monde des Dieux ? ! C’est si lumineux ! Et il y a tellement de gens ! »

« C’est quoi ces grands bâtiments étranges ? »

« Oh, regarde le sourire de Carol ! On dirait qu’elle s’amuse beaucoup ! »

Mes villageois étaient rivés à l’écran, émerveillés par ce qu’ils voyaient.

« Ça s’appelle un sanctuaire, et nous sommes allés à un festival ! Cette nourriture duveteuse était si délicieuse ! »

Carol se vantait. Rodice et Lyra ne pouvaient s’empêcher de lui sourire.

L’expression de Gams n’avait pas changé, il avait juste fixé le téléphone en silence. Chem sursauta, sa jalousie à l’égard de Carole qui passait du temps dans le Monde des Dieux était évidente dans son regard. Elle était tellement religieuse que je ne pouvais pas la blâmer. Pas étonnant qu’elle ait eu envie d’y aller elle-même.

Chaque fois que la photo changeait à l’écran, Kan et Lan se tenaient droits et lançaient leurs bras en l’air. Ça les prenait au dépourvu à chaque fois. Murus essayait de faire semblant de ne pas être intéressée, mais je remarquais qu’elle ne quittait jamais le téléphone des yeux. Je m’étais dit à moi-même que c’était dommage qu’elle ne vienne pas voir de plus près.

Je ne leur avais montré les photos que sur un coup de tête, mais nous avions fini par les parcourir jusqu’à ce que mon téléphone rende l’âme. Il faudrait qu’on regarde le reste un jour.

En parlant de photos, j’avais demandé à Gams et aux autres de m’emmener à la chasse. Je voulais voir un monstre de près au moins une fois pendant que j’étais ici. J’avais emporté une lance empruntée, juste au cas où, mais je n’avais toujours aucune idée de ce que je faisais et j’avais promis de rester en retrait et de regarder. Je pensais que je pourrais leur donner un coup de main s’ils en avaient besoin. Mais les choses ne s’étaient pas passées comme je l’avais prévu.

Deux loups noirs apparurent. Je les connaissais déjà, car je les avais vus dans le jeu. Gams, Kan et Lan s’étaient mis en position de combat, Murus prépara son arc et j’avais… reculé. Était-ce de vrais monstres ? Ils étaient terrifiants. Être poursuivi par un gros chien était déjà assez effrayant, mais là, il s’agissait de terrifiantes créatures de légende. J’étais si effrayé que je pouvais à peine penser.

Ils étaient tous aussi grands qu’un homme adulte, la salive dégoulinait entre leurs crocs longs et pointus, et les muscles se contractaient visiblement sous leur pelage noir de jais. Ils émirent alors des grognements bas et menaçants. N’importe qui aurait eu peur face à des monstres comme ceux-là. Une sueur froide se répandit alors sur tout mon corps, et mes jambes tremblèrent. Ma gorge était incroyablement sèche. Je n’avais aucune envie de me battre, seulement de courir. Je n’avais réussi à rester debout qu’en me soutenant avec ma lance.

J’étais resté en retrait et j’avais regardé les villageois vaincre les bêtes avec facilité. L’un des loups eut la tête coupée, et un autre recula dans une giclée de sang lorsqu’une flèche pénétra dans son œil. L’odeur des arbres autour de nous se mêlait à celle du fer rouillé, ce qui me piqua le nez. La puanteur étouffante et les éclaboussures de sang firent monter la nausée dans mon estomac, mais j’avais réussi à la retenir. Je ne me souvenais pas de ce que les villageois me dirent par la suite, mais lorsque nous étions rentrés au village, je m’étais effondré sur le sol de ma tente. J’avais alors compris que je n’étais pas fait pour combattre les monstres de ce monde comme un protagoniste isekai. J’étais mieux adapté à un travail lent, et c’était ce que je ferais.

« Je vais faire autant d’efforts que possible pour l’exploitation minière. »

J’avais rangé mon téléphone et fis de nouveau face au sédiment devant moi. Je voulais extraire chaque morceau de minerai que je pouvais.

Et tandis que je creusais, j’avais senti que quelqu’un m’observait. Je m’étais retourné et j’avais croisé le regard de deux villageois qui me regardaient de derrière l’une des tentes. L’une était une femme de l’âge de Lyra, et l’autre une petite fille. Je leur avais fait un signe de tête, et elles répondirent par de profondes révérences avant de s’éclipser.

« C’est toujours la même chose. »

Les villageois étaient clairement intéressés par moi, mais ils ne s’étaient jamais approchés. J’avais essayé de combler le fossé plusieurs fois, mais ils répondaient de manière si formelle qu’il était difficile de maintenir une conversation.

Parmi les villageois, le comportement de Chem était celui qui m’avait le plus marqué. Elle me fixait toujours avec un tel respect. Je m’y étais habitué, mais je n’avais toujours pas réussi à avoir une vraie conversation avec elle.

« Bonjour. »

J’avais essayé de la saluer.

« Y-Yoshio ! Comment allez-vous ? Merci au Seigneur pour cette autre belle journée ! »

« Eh bien, il pleut un peu. J’espère que ça va s’arranger bientôt. »

Essayer de garder mon discours formel me rendait tellement nerveux que je savais à peine ce que je disais.

Quand j’avais essayé de parler à Gams, il répondit par : « Oui », « Je sais » ou « J’ai compris ». Et peu importe ce que je disais, la conversation était terminée. Rodice et Lyra s’excusaient constamment parce que leur fille s’imposait à moi. Kan et Lan se parlaient à peine, et mes échanges avec eux n’étaient guère meilleurs que ceux que j’avais avec Gams. Chaque fois que je croisais Murus, elle me faisait un signe de tête avant de s’éclipser. Je ne lui avais pas encore parlé une seule fois. Il était évident qu’elle m’évitait.

« Qu’est-ce qui ne va pas, Yoshio ? Tu as l’air triste ! Tu dois sourire ! »

Carol sauta devant moi et repoussa les coins de mes lèvres avec ses doigts. Elle portait toujours son sac à dos en peluche du Japon, la tête de Destiné dépassant de la fermeture éclair. Elle avait recommencé à porter ses vêtements de ce monde, mais elle n’enlevait jamais son sac à dos.

« Tu es une bonne fille, Carol. »

Carol était la seule personne du village qui me parlait sans hésiter. Elle se plaignait que ses parents et Chem la grondaient d’être si familière avec moi, mais j’espérais ardemment qu’elle ne s’arrêterait pas.

« Tu es préoccupé par quelque chose, Yoshio ? »

« Oui. Je veux apprendre à mieux connaître tout le monde dans le village, mais ils se tiennent à distance de moi. »

« Tout le monde dit que c’est impoli de te parler parce que tu es le disciple de Dieu. Mais je ne pense pas que ce soit impoli, parce que tu es Yoshio ! »

Je ne les blâmais pas pour ce comportement, et cela ne me dérangeait pas de la part des nouveaux arrivants, mais je connaissais mes villageois d’origine depuis si longtemps que leur distance me faisait mal. Je les avais observés pendant des mois dans le jeu, mais bien sûr, ils ne le savaient pas. C’était une relation unilatérale que j’aurais probablement dû prévoir.

« Si Dieu a dit qu’ils devaient être gentils avec toi, alors je pense qu’ils le seraient ! »

« Oui, ça… pourrait marcher. », dis-je en gloussant.

Je n’avais jamais pensé à ça !

Chem avait de nouveau le livre saint. Rien ne m’empêchait d’envoyer une prophétie avec mon téléphone.

J’avais décidé d’essayer. J’en avais marre d’être ignoré !

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