Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 3 – Section 12 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : Mon intrusion dans l’autre monde

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Chapitre 1 : Mon intrusion dans l’autre monde

Partie 1

Tout s’était obscurci. Je ne voyais rien, ma vision était peinte par l’obscurité. Avais-je même encore un corps, en tout cas je ne le ressentais pas. La peur d’être engloutie par les ténèbres me traversa, mais il était inutile de la combattre. D’ailleurs, le fait que Carol ne soit pas le cobaye me rendait heureux. Je savais moi-même que ce que j’avais fait était imprudent, mais j’avais déjà gaspillé les dix dernières années de ma vie. Me sacrifier pour quelqu’un d’autre n’était pas un si mauvais moyen de partir. La pensée que je pourrais aider les gens que j’aimais profondément rendait la fin plus supportable.

« Je me demande s’ils seront tristes quand ils apprendront que je suis mort. Maman, papa, Sayuki… et Seika. »

Quelques mois auparavant, je n’étais qu’un fardeau pour ma famille. À l’époque, je pensais qu’ils seraient heureux si je mourais. Quel était l’intérêt de chercher du travail ? Je ne faisais rien d’autre que gaspiller mon temps. J’avais pourtant réussi à mettre un pied dehors. J’étais devenu… enfin, pas respectable, mais j’avais fait des efforts dans ma vie. J’avais commencé à croire qu’un jour viendrait où je pourrais rembourser ma dette envers ma famille et Seika. Ma vie reprenait à nouveau sens. Perdre ça était frustrant.

« Je suis désolé, papa, maman, Sayuki, Seika. »

Tout ce que je pouvais faire était d’envoyer mes excuses désespérées dans le vide.

« Yoshio ! Réveille-toi ! Réveille-toi ! »

Quelqu’un appelait mon nom. C’était la voix familière d’une fille. J’avais senti une sensation humide contre ma joue. À qui était cette voix ? Et quelle était cette sensation gluante sur mon visage ?

« Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi ! »

Le désespoir me fit reprendre mes esprits.

Je suis… Yoshio. J’ai sauté à travers ce portail dans les ténèbres…

Tout était redevenu clair maintenant. Je savais qui j’étais et ce que j’avais fait. Mes paupières étaient aussi lourdes que du plomb, et les ouvrir demandait un effort. Quand j’avais enfin réussi, je vis Carol qui me regardait, en pleurant, et Destiné qui me léchait avec sa longue et fine langue.

« Carol. Destiné », dis-je.

Carol jeta alors ses bras autour de mon cou.

« Tu es en sécurité ! J’avais tellement peur ! Tu ne bougeais pas ! »

« Oh. Je suis désolé. »

Je m’étais redressé et j’avais tapoté la tête de Carol, puis celle de Destiné, qui s’accrochait à ma poitrine et clignait des yeux vers moi avec douceur. Je me sentais encore étourdi. J’avais pris plusieurs grandes respirations, remplissant mes poumons. L’air était froid, me glaçant de l’intérieur. Je pouvais sentir des plantes, beaucoup de plantes.

Nous étions entourés d’arbres, le sol était recouvert d’herbes courtes. Le gel recouvrait tout, engourdissant mes mains qui reposaient sur le sol. J’avais beau regarder partout autour de moi, aucune trace des bureaux de l’Isekai Connection à l’horizon. Nous n’étions plus dans un bâtiment, et le portail n’était nulle part en vue. Nous étions en plein air. Nous étions…

« Qui est là ? A- Attendez. Carol ?! »

Une voix cria derrière nous, la colère s’y était rapidement dissipée, remplacée par la surprise. Je m’étais retourné pour trouver un homme avec une épée à deux mains et un visage ciselé. Derrière lui se tenait une clôture faite de rondins, avec une porte en bois.

Une clôture en rondins, ici, dans cette forêt. Un homme armé d’une épée, qui avait reconnu Carol.

Je connaissais cet endroit. Je connaissais cet homme.

Nous l’avions fait.

Mes sens revenaient à moi maintenant, j’avais donc décidé de perdre mon sang-froid plus tard. J’avais besoin de me faire une idée de ce miracle.

« Carol. Tu es vivante ! Éloigne-toi de cet étranger, vite ! »

Le regard de soulagement de Gams fut rapidement remplacé par la colère, et je m’étais retrouvé face à la pointe de sa lame. Je ne pouvais pas lui reprocher de me trouver suspect.

« Gams ? Pourquoi cris-tu, Carol ?! »

Une jeune femme en robe religieuse apparut aux côtés de Gams.

Puis, un homme à l’air timide et une femme aux cheveux roux s’étaient précipités, le visage ravagé par l’émotion.

« Carol ! Carol ! »

« Carol ! C’est toi ?! »

Ils jetèrent alors leurs armes. Carol sauta dans leurs bras.

« Maman ! Papa ! »

Ils pleurèrent énormément tous les trois tout en se tenant dans les bras l’un de l’autre. Rien que les voir réunis ainsi comme ça me fit comprendre que tout ce que j’avais fait en valait la peine. J’avais soupiré et essayé de réprimer mes propres larmes.

Dieu merci…

Je voulais continuer à regarder Carol et sa famille et laisser le soulagement m’envahir, mais j’avais toujours une lame étincelante dans mon visage.

« Qui êtes-vous, et pourquoi vos vêtements sont-ils si étranges ? Pourquoi étiez-vous avec Carol ? Je vous préviens, une mauvaise réponse sera fatale. »

Gams avait une voix masculine et profonde. J’aurais dû en avoir peur, mais je savais qu’il n’était pas du genre à blesser quelqu’un sans réfléchir. Je le connaissais mieux que ça. Je les connaissais tous. La gentille fille qui se cachait derrière lui et qui me regardait avec méfiance, la famille de trois personnes qui s’embrassait, les pandas roux bipèdes qui venaient d’arriver, et la belle elfe androgyne. Je ne pourrais jamais en oublier un seul.

Rien que de les regarder maintenant, les larmes coulaient de mes yeux.

« Pleurer ne t’aidera pas à t’en sortir ! Dis-moi qui tu es ! »

« Je suis… »

Je m’étais arrêté. Qu’est-ce que je devais dire ? Je ne voulais pas prétendre que je ne savais pas qui ils étaient. Pas maintenant.

Je savais que l’homme avec des épées dans les deux mains était leur plus grand combattant, Gams. Je savais que la fille pieuse derrière lui, si attachée à son frère, était Chem. Je savais que la famille de trois personnes était Carol, Rodice et Lyra. Je savais que celle qui pointait son arc sur moi à distance était Murus. Je savais que les deux qui pointaient leurs lances vers moi étaient Kan et Lan.

« Je vois que vous êtes tous sains et saufs. »

J’étais si heureux que je ne pouvais m’empêcher de pleurer. Je voulais les rencontrer depuis si longtemps, et maintenant ils étaient là, devant moi. Je ne pouvais pas contenir ma joie.

« Tu es vraiment effrayant. Puisque tu ne parles pas, que dis-tu de ça ? »

Gams approcha sa lame si près de mon visage qu’elle touchait mon nez. Si je bougeais le petit doigt, il me le couperait. Je savais qu’il n’hésiterait pas à me tuer si cela signifiait sauver la vie des autres. Voilà le genre de type qu’il était.

Allez, réfléchis ! À quoi tout cela t’aura-t-il servi s’il te prend pour une menace et que tu meurs ici ?!

« La vérité est que… »

« Ne brutalise pas Yoshio, Gams ! »

Carol se jeta entre nous et tendit ses bras pour me protéger.

« Carol ! C’est dangereux ! »

Gams retira son épée rapidement.

Carole fit alors la moue et le regarda fixement.

« Yoshio aide les dieux ! Il m’a protégé tout ce temps ! »

Carole me défendait contre Gams, qu’elle adorait. Mon cœur s’était gonflé d’émotion.

Merci. Je me sens plus confiant maintenant.

Je posais une main sur l’épaule de Carol et me levais. J’avais soutenu le regard de Gams en parlant.

« C’est un plaisir de vous rencontrer, les élus. Je m’appelle Yoshio, et je suis un disciple du Dieu du Destin. Je suis venu ici pour vous rendre Carol. Elle a été placée sous la garde du Seigneur dans le Monde des Dieux il y a quelques jours. »

Je n’avais pas osé montrer à quel point j’étais nerveux. J’avais souri pour leur assurer que je ne leur voulais aucun mal. Je n’avais pas l’habitude d’utiliser autant les muscles de mon visage, et je sentais mes joues se contracter. C’était la même histoire que j’avais utilisée avec Carol.

« Un disciple du Seigneur ? Et vous pensez que nous allons croire… »

« C’est vrai, Gams ! On a joué ensemble dans le Monde des Dieux ! Et j’ai eu beaucoup de nourriture délicieuse là-bas ! »

Destiné grimpa sur l’épaule de Carol et agita son pied et sa queue pour soutenir son argument fervent.

« Je ne sais pas, Carol. Et quel est ce monstre sur ton épaule ? »

Gams fronça les sourcils en regardant le lézard.

« C’est mon ami, Destiné ! »

Gams n’essaya pas de retirer Destiné de son dos, il avait probablement pensé que ce n’était pas dangereux. De plus, Destiné avait un aspect presque divin avec son corps baigné par la lumière du soleil. Sa peau dorée se détachait sur les arbres.

« Je comprends vos soupçons. Tout ceci arrive assez soudainement. Mais d’abord, s’il vous plaît, permettez-moi de rendre ceci. »

J’avais sorti le livre saint de mon sac et l’avais offert à Chem.

« Le livre ! Vous êtes vraiment un disciple du Seigneur ! »

Chem poussa alors un cri de joie, tomba à genoux et s’inclina profondément. Gams rangea immédiatement ses armes et s’agenouilla pour la rejoindre. La seconde suivante, tous les villageois étaient à genoux. Seule Murus restait debout, les bras croisés, le regard froid.

« Pardonnez mon ignorance et mon impolitesse ! J’en prendrai l’entière responsabilité ! Mais je vous en prie, épargnez les autres villageois ! Ils n’ont rien fait de mal ! », cria Gams.

Tu réagis de façon excessive.

« Mon frère était simplement inconscient ! Ayez pitié ! Je vais m’offrir, alors soyez indulgents dans votre jugement ! » supplia Chem, enfonçant son front dans le sol.

Voilà ce que cela faisait d’être un dieu tout-puissant ? C’était affreux. C’était l’exact opposé de ce que je m’attendais au moment où j’avais dit que je suivais le Dieu du Destin.

« S’il vous plaît, levez-vous. Je ne suis pas du tout en colère, et le Seigneur non plus. Gams, vous avez bien protégé le village. Le Seigneur est content de vous. »

Je n’essayais pas de mentir, j’étais vraiment rempli de la plus grande gratitude pour lui.

« Je suis également heureux de voir que tout le monde est sain et sauf. »

Ce n’était pas particulièrement divin ou poétique, mais c’était tout ce que j’avais pu trouver.

J’avais l’habitude d’incarner un dieu grâce à toutes les prophéties que j’avais envoyées, mais parler si poliment et calmement sur place était bien plus difficile. Arranger tous les mots ensemble sans une seule erreur était presque trop pour moi.

« Merci ! S’il vous plaît, nous ne pouvons pas rester dehors dans le froid. Nous sommes encore en train de réparer notre village, mais permettez-nous de vous y accueillir. », dit Chem, les yeux pétillants.

Elle était une fervente croyante du Dieu du destin. Mon personnage supposé était probablement ce qu’elle aspirait à être elle-même. Les autres villageois se levèrent aussitôt et me firent signe de les suivre.

« Très bien, je vais me joindre à vous. J’ai hâte de voir comment se porte votre village, et j’aimerais vous parler de l’expérience de Carol dans le Monde des Dieux. »

Je les avais suivis, regardant autour de moi avec émerveillement. J’avais vu cette vue des tonnes de fois sur mon écran d’ordinateur, mais le voir en vrai était vraiment une autre chose. Le soleil filtrant à travers les trous dans les arbres. Les visages de mes villageois. La sensation de la terre sous mes pieds. L’odeur épaisse de la végétation et de la nature.

***

Partie 2

C’est vraiment un tout autre monde.

À première vue, la clôture en rondins qui entourait le village était la même qu’avant qu’elle ne s’effondre le dernier jour de la Corruption, mais de près, je pouvais voir les différences. Les rondins étaient plus récents, et la clôture entourait un espace plus grand. Elle était incomplète pour le moment, avec une section délimitée par une corde à la place. Une porte en bois avait été construite au centre de la clôture. Cela ne faisait qu’une semaine, et pourtant mes villageois avaient déjà fait tout cela. Même s’ils ne s’étaient pas reposés, ils ne devraient pas être aussi avancés.

Peut-être que j’avais des trous de mémoire. Ce jour-là fut quand même une situation de vie ou de mort. Peut-être que les dommages à la clôture n’étaient pas si graves.

« Bienvenue dans notre village. Ce n’est pas grand-chose, mais… »

Gams ouvrit le portail et Chem me fit signe d’entrer.

La zone au-delà de la clôture était méconnaissable. L’espace était plusieurs fois plus grand qu’avant, parsemé de structures ressemblant à des huttes. Ces dernières n’étaient pas en bois, c’étaient des tentes faites dans un tissu légèrement crasseux. Elles avaient des sommets en forme de crayon, et elles ressemblaient à des yourtes de notre monde, ces maisons portables mongoles.

« Quelles sont ces tentes ? »

« Nous les avons reçues d’un marchand. Ce sont des habitations faites de tissu et faciles à monter. Tout ce que vous avez à faire est de draper de la toile sur un poteau. »

Un marchand ? Ce doit être Dordold. Il fait la plupart de ses transactions après le Jour de la Corruption.

Les tentes étaient assez grandes pour abriter chacune une famille, et il y en avait peut-être une dizaine.

« Vous avez beaucoup plus que ce dont vous avez besoin ? »

« Oui, eh bien… Sortez tous ! C’est sans danger ! », dit Chem.

Plusieurs visages que je n’avais pas reconnus regardèrent hors des tentes.

Qui sont ces types ? Non, vraiment ! Qui sont-ils ? !

Il y avait une dizaine d’humains et cinq beaux elfes aux longues oreilles, hommes et femmes. Et il pourrait y avoir plus de personnes à l’intérieur des tentes. De l’autre côté de la zone clôturée se trouvaient les restes d’un glissement de terrain. C’était là que se trouvait la grotte.

Comment tout cela est-il arrivé ?

L’enclos contenait un puits et quelques parcelles agricoles. Près des parois rocheuses se trouvaient une clôture en bois et quelques cabanes en rondins. C’était complètement différent de ce que j’avais vu sur l’écran de mon PC.

« S’il vous plaît, venez par ici. »

Chem ouvrit l’entrée de la seule tente aux couleurs vives, les autres étaient dans les tons marron et gris, et elle s’était écartée pour moi.

Ils me traitaient comme un invité d’honneur, même si je n’étais qu’un humain normal comme eux. Cela me fit me sentir un peu coupable. J’avais pénétré dans la tente, remarquant l’épais poteau de bois en son centre qui montait jusqu’au plafond. À côté, il y avait un foyer creux et une statue en bois du Dieu du destin à côté d’un autel.

Je me demande si c’est leur église.

Le sol était recouvert d’un tapis, j’avais donc automatiquement retiré mes chaussures. Mais il n’y avait nulle part où les mettre, et de près, je pouvais voir des empreintes de chaussures sur le tapis lui-même. Il devait être possible de porter des chaussures à l’intérieur ici, comme c’était le cas à l’étranger.

Cette tente était bien plus grande à l’intérieur qu’elle n’en avait l’air. Une famille entière pouvait vivre ici assez confortablement. Gams, Chem, Rodice, Lyra, Carol et Destiné m’avaient tous suivi à l’intérieur. Murus, Lan et Kan étaient restés à l’entrée pour faire le guet.

Je m’étais assis sur un épais coussin, et immédiatement, tous (sauf Murus) s’étaient mis à genoux et baissèrent la tête. Ce ne fut que maintenant que je m’étais rendu compte que Murus n’avait pas dit un mot depuis mon arrivée. Elle avait simplement gardé ses distances et m’avait observé. La suspicion se lisait dans son regard, et peut-être une touche de solitude.

Je m’étais souvenu du fait que le village de Murus s’était également vu attribuer un dieu, un autre joueur comme moi. Sa maison avait été détruite lorsque ce dieu l’avait abandonnée, mais ce village était toujours gratifié de la protection de son dieu. Face à un gage de l’amour de ce dieu (moi), cela ne devait pas être facile pour elle.

Tout le monde me regardait en silence, comme s’ils attendaient un discours.

« Il n’y a pas besoin d’être si formel. N’est-ce pas, Carol ? »

« Oui ! »

Avoir Carol à mes côtés rendrait certainement les choses moins gênantes. Cette dernière se précipita vers moi au moment où j’avais croisé son regard, sautant sur mes genoux.

« C-Carol ! Qu’est-ce que tu fais ? ! Lève-toi tout de suite ! », cria Rodice.

« Nous sommes vraiment désolés ! Nous promettons de la gronder plus tard ! »

Une Lyra paniquée s’était jointe à son mari. Elle fit alors désespérément signe à Carol, mais celle-ci leva les yeux vers moi sans bouger.

« Ce n’est pas grave. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble dans le Monde des Dieux, n’est-ce pas, Carol ? », dis-je.

« Oui, c’est vrai, Yoshio ! »

On s’était alors souri.

Les autres villageois nous regardaient d’un air dubitatif, mais au moins ils se détendaient un peu.

« Veuillez vous asseoir confortablement. Je suis peut-être un disciple du Seigneur, mais dans ce monde, je ne suis rien de plus qu’un simple humain comme vous. Nous sommes tous égaux ici. »

Qu’importe l’aspect par lequel vous regardez, j’étais aussi humain qu’eux.

« S’il vous plaît, pourriez-vous me dire ce qui s’est passé après que vous ayez envoyé Carol dans le Monde des Dieux ? Le Seigneur s’appuie sur le livre saint pour voir dans ce monde, mais il a perdu ce pouvoir lorsque le livre lui a été envoyé. »

« Je vois. Pardonnez-nous d’avoir fait quelque chose de si… »

« Il n’y a pas de quoi s’excuser. »

J’avais arrêté Chem avant qu’elle ne puisse à nouveau baisser la tête. J’avais l’habitude de m’excuser moi-même, et pas le contraire. Je ne pouvais plus supporter ça.

« Je vais donc vous expliquer ce qui s’est passé. »

Chem était très nerveuses. Je voulais lui dire de se détendre à nouveau, mais j’avais peur que cela ne fasse que la stresser davantage.

« Nous étions prêts à perdre nos vies après avoir renvoyé Carol, et nous étions sur le point de quitter la pièce où nous étions réfugiés, avant que Kan et Lan ne nous arrêtent. »

Elle jeta un coup d’œil aux pandas près de l’entrée, qui hochèrent la tête.

« La pièce où nous étions cachées avait des murs barricadés. Ils nous ont parlé d’une issue de secours cachée derrière. »

Je m’étais souvenu de ce jour-là, de Kan et Lan blottis au fond de la grotte. J’avais supposé qu’ils avaient cédé au désespoir. En y repensant maintenant, c’était logique. Ils avaient vécu dans cette grotte avant l’arrivée des villageois et en connaissaient les secrets. Les réserves cachées, et maintenant un chemin de fuite. Le fait qu’ils ne l’aient pas mentionné plus tôt m’avait un peu ennuyé.

« Nous avons enlevé les planches et trouvé ce passage caché. Nous avons allumé les explosifs laissés dans la grotte et nous nous sommes échappés avant qu’ils n’explosent. Et il semblerait bien que les monstres aient tous été tués dans l’éboulement qui a suivi. »

Les villageois s’étaient donc échappés pendant que les monstres mouraient. C’est une bonne chose. Mais…

Je sais que c’est mesquin de ma part, mais j’aurais vraiment aimé voir l’explosion !

Je n’arrive pas à croire que j’ai manqué l’explosion de la grotte qui avait emporté tous les monstres avec elle. Je parie que c’était spectaculaire. Bien sûr, le fait que mes villageois survivent était le plus important. Ils s’en étaient bien sortis.

« Notre village a été entièrement détruit. Nous étions complètement perdus, mais Dordold est arrivé. Il nous a prêté les matériaux nécessaires pour restaurer notre maison, ainsi que de la nourriture pour tenir le coup. Ces tentes appartenaient à des nomades, il nous les a laissées pour un très bon prix. »

Des nomades ? Cela explique pourquoi elles me rappellent les yourtes mongoles.

« Il a aussi amené des migrants avec lui, comme nous l’avions demandé auparavant. »

Cela explique les nouveaux visages.

« Certains d’entre eux vivaient avec nous dans notre ancien village, et d’autres sont des survivants du village de Murus. Nous avons tous travaillé dur pour restaurer les choses ici. Ce que vous voyez maintenant est le fruit de nos efforts. »

Les gens que Dordold avait amenés avec lui connaissaient donc déjà mes villageois. C’était parfait, le marchand avait fait du bon travail. Et il était arrivé exactement au bon moment. J’espérais avoir l’occasion de le remercier personnellement.

« J’ai compris — je veux dire, je comprends ce qui s’est passé. Vous avez clairement tous travaillé sans relâche. Je suis sûr que le Seigneur est très satisfait de vos efforts. »

Je m’étais presque remis à parler de manière décontractée.

Reprends-toi ! Rappelle-toi que tu es censé être un disciple du Dieu du Destin !

Chem leva une main timide, le regard toujours fixé sur le sol.

« Puis-je vous poser une question, Yoshio ? »

« Tout ce que tu veux. »

J’aurais voulu qu’elle cesse d’être si formelle, mais c’était la personne la plus dévouée au Dieu du Destin parmi eux. Je doutais de pouvoir la faire se détendre.

« Pourquoi êtes-vous venu dans ce village avec Carol, monsieur ? Le Seigneur vous a-t-il donné une sorte de mission à remplir ? »

Ah ! J’étais tellement heureux de voir mes villageois en sécurité et Carol réunie avec sa famille que j’ai complètement oublié !

J’avais sauté à travers le portail sans une seconde d’hésitation et sans même demander la permission aux dieux. Ils étaient probablement furieux. Je ne l’avais fait que pour m’assurer que Carol serait en sécurité, mais il devait sûrement prendre ça comme un acte de défiance, non ? Si je provoquais vraiment la colère des dieux, je serais probablement puni. La culpabilité me compressa la poitrine. Qu’avais-je fait ?

« O-oh, s’il vous plaît, pardonnez-moi. C’était peut-être impoli de demander ça », dit Chem qui remarqua que je fixais le sol en silence.

« Non, pas du tout. »

J’avais essayé de garder mon expression calme, même si une tempête de panique faisait rage en moi.

« Le Seigneur m’a demandé de vérifier l’état du village et d’aider à vos réparations. »

Comme c’était la première excuse qui me venait à l’esprit, je l’avais dit sans réfléchir.

« Oh, je vois ! Cela signifie que vous allez rester avec nous pendant un certain temps, et ne pas retourner immédiatement dans le Monde des Dieux ? »

« O-oui, tant que cela ne représente pas un inconvénient… »

Oh, oui. C’était une question.

Comment étais-je censé rentrer au Japon ?

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