Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 2 – Section 7 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Un travail difficile et mon endurance

Notre planning sera chargé.

« Tout le monde nous demande d’énormes nettoyages de fin d’année. Nous entrons dans le vif du sujet, alors préparez-vous ! »

Les mots de mon patron étaient légers, mais son expression était sérieuse. Je pensais m’être préparé… mais je n’en connaissais même pas la moitié.

« Ok, on a fini pour la matinée ! Prenez un déjeuner. Ensuite, nous irons sur le site de travail de cet après-midi. Après ça, on traînera dans la voiture jusqu’au relais de l’équipe de nuit. »

« Oui, monsieur. »

« Oui… monsieur… »

Mes collègues répondirent promptement, quoique sans enthousiasme, mais j’étais mort à l’intérieur. Mon esprit et mon corps me criaient que je ne pouvais pas continuer.

Avant, une « période chargée » au travail signifiait nettoyer deux endroits par jour, au maximum. Chaque endroit ne prenait jamais plus de trois heures. Mais dernièrement, nous avions nettoyé trois endroits la plupart du temps, et parfois quatre. Certains jours, j’étais au travail avant midi et jusqu’à 4 heures du matin le lendemain. Bien sûr, je prenais toujours un jour de congé après un tel travail, mais après plusieurs fois, mon corps atteignit ses limites. Je pensais être prêt pour un vrai travail pénible, mais ces derniers temps, j’étais à deux doigts de me faire porter malade ou autre. Comment les gens faisaient-ils pour travailler autant et tous les jours ? Les gens devaient s’y habituer au bout d’un moment, mais, en tant que nouveau venu dans le monde du travail, cela m’avait vraiment impressionné. Tous ceux qui travaillent à plein temps méritent des éloges.

Seul mon dévouement à garder un œil sur mon village m’avait empêché de m’effondrer complètement. Leurs circonstances étaient plus difficiles que les miennes, et pourtant ils travaillaient dur chaque jour. Il y avait Carol, qui travaillait sans relâche, malgré sa petite taille. Lyra, qui était là pour garder sa famille sous contrôle et soutenir tout le village. Rodice, qui ne pouvait pas se battre, mais travaillait assidûment dans l’ombre. Chem, qui en dehors de son étrange relation avec Gams, représentait un parfait pilier d’espoir religieux pour le village. Murus, qui était d’abord venu de la Forêt Interdite pour surveiller les autres, mais qui les soutenait désormais grâce à ses compétences en tir à l’arc, en pharmacologie et en magie végétale. Ensuite, il y avait Kan et Lan, qui n’étaient pas seulement des travailleurs qualifiés, mais qui pouvaient vous faire sourire rien qu’en les regardant.

Il m’avait suffi de regarder un instant le Village du destin pour constater que mon humeur et ma motivation avaient instantanément augmenté. Quel genre de Dieu serais-je si je ne travaillais pas aussi dur qu’eux ?

Je souriais face à mon téléphone dans le minivan alors que nous roulions vers notre prochain emplacement. Sentant une paire d’yeux me regarder, j’avais levé la tête. Yamamoto-san me fixait depuis le siège à côté de moi.

« Qu’est-ce qu’il y a ? », avais-je demandé.

« Est-ce le jeu dont tu parlais la dernière fois ? »

Attends, c’est mauvais ! Je ne suis pas censé en parler à qui que ce soit, non ?

Mais ce n’était pas comme si j’en parlais sur Internet. Sayuki l’avait vu, mais je n’avais pas reçu de lettre me renvoyant du jeu. La société ne saura pas que j’avais dit quoi que ce soit, tant que Yamamoto-san n’en parlait pas sur Internet. Mais je ne voulais pas prendre de risques.

« Euh, oui. Mais je suis en train de le tester, il n’est pas en vente et je ne suis pas encore autorisé à en parler. »

« Oh, c’est la même chose avec mon jeu. Ça craint quand tu veux chercher des stratégies en ligne et que tu ne trouves rien. »

Il semblait plus intéressé à me parler de son jeu qu’à apprendre le mien. Ça me convenait parfaitement.

« J’ai entendu parler de poursuites judiciaires contre des personnes qui partageaient des informations sur des jeux non sortis en ligne. Certaines personnes ont dû payer des millions de yens, voire des dizaines de millions », avais-je dit.

J’espérais qu’il comprendrait que j’essayais de l’avertir de ne pas diffuser d’informations sur mon jeu, même si j’étais presque sûr qu’il n’avait même pas vu l’écran titre.

« Vraiment ? Ça semble un peu extrême. Peut-être que je n’aurais pas dû t’en dire autant sur le jeu auquel je joue. »

« Tu m’as seulement dit qu’il s’agissait de capturer un territoire, mais je ne sais pas comment ça s’appelle. De plus, je ne vais pas le partager en ligne ou en parler à qui que ce soit. »

« Merci, j’apprécie. Je suppose que je dois être plus prudent. Mais ça ne te donne pas plus envie d’en parler quand tu n’en as pas le droit ? »

« Oh ouais, je comprends ça à cent pour cent. »

Surtout quand ce jeu était aussi incroyable que Le Village du Destin. Et ce n’était pas seulement le jeu en lui-même. J’avais vraiment envie de me vanter de mes merveilleux villageois et de la façon dont ils travaillaient dur jour après jour. J’avais été tenté d’en parler à Sayuki un nombre incalculable de fois. J’avais confiance en elle et je ne pensais pas qu’elle me dénoncerait à la société ou quoi que ce soit, mais je commençais à avoir des doutes sur le jeu lui-même. Et si ce n’était pas seulement un jeu ? Les personnages étaient si humains dans leur comportement, leur discours et leurs pensées. Presque chaque jour, je recevais un colis rempli de fruits étranges ou de pierres lumineuses. Et puis il y avait Destinée, mon lézard mystérieux et inclassable.

J’avais une théorie, mais je devais admettre qu’elle était un peu tirée par les cheveux. Une société avait créé une IA super compliquée, et Le Village du Destin était le premier jeu à l’utiliser. Ils s’étaient ensuite associés à une autre société qui utilisait la reproduction sélective pour créer de nouveaux fruits et animaux. Peut-être qu’ils essayaient de susciter l’intérêt des investisseurs, pour pouvoir gagner plus d’argent en plus des microtransactions. Et moi, un homme ordinaire, j’étais mêlé à tout ça.

C’était peu probable, mais c’était quand même plus logique qu’un jeu qui me laissait regarder un monde parallèle.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es devenu silencieux. »

« J’étais juste en train de penser. Je n’ai pas non plus le droit de parler de mon jeu aux gens, donc je comprends ce que tu ressens. »

« C’est ennuyeux, non ? Pourtant, je te fais confiance pour ne pas cracher le morceau. Tu n’as pas l’air d’être une commère. »

« Ne t’inquiète pas. Je ne le dirai à personne. »

Je pourrais laisser échapper quelque chose accidentellement, mais je doute que je le fasse. J’étais trop préoccupé par mes propres problèmes.

« Très bien, dans ce jeu, tu dois détruire le territoire ennemi, et tu paies pour avoir plus de monstres. Tu connais le principe. Tu les élèves, ils montent de niveau en combattant, et tu peux utiliser des objets pour les rendre plus forts. »

Un exemple célèbre de jeu avec des monstres en bataille m’était immédiatement venu à l’esprit, mais il y en avait beaucoup de similaires.

« Tu as dit que tu devais aussi capturer des territoires, non ? », avais-je demandé.

« C’est vrai, mais ce qui rend ce jeu intéressant, c’est que tu joues le méchant, et ton objectif principal est d’aller détruire des villages. Les graphismes sont aussi impressionnants ! Oh, et quand je dis méchant, tu joues en fait un Dieu maléfique, tu gagnes la partie si tu détruis toute l’humanité ! »

Ce n’était pas du tout mon genre. D’ailleurs, je n’avais pas le temps de jouer à de nouveaux jeux quand j’étais occupé à protéger mon village.

« Plus tu tues d’ennemis, plus tu obtiens de points et plus tu peux invoquer de monstres. Mais les microtransactions sont un peu folles. Tu peux acheter une tonne de points avec de l’argent, je finis donc par jeter de l’argent dessus tout le temps. »

« Hé, tu es donc comme moi ? »

C’était comme se regarder dans un miroir, même s’il était difficile de trouver un jeu de nos jours qui n’avait pas de microtransactions. Il n’y avait rien de plus terrifiant qu’un jeu sans étiquette de prix. J’avais commencé à me demander combien j’avais dépensé pour Le Village du Destin, mais je ne voulais surtout pas le savoir.

Mais ça en valait la peine. J’en avais eu pour mon argent avec les fruits, la viande et toutes les autres offrandes. J’avais vérifié les prix des restaurants pour le sanglier en ligne, et c’était assez onéreux. Et les fruits étaient nutritifs et avaient un goût incroyable, ils seraient probablement vendus comme des produits de luxe s’ils étaient sur le marché.

« Tu peux même augmenter ton territoire, mais ça coûte une tonne de points. Tu sais, un territoire supplémentaire coûte… »

Yamamoto-san n’avait pas terminé sa phrase.

J’avais décidé qu’il était plus sûr de ne pas lui demander le chiffre exact.

« Bref, je me suis procuré trois zones, et deux d’entre elles ont été détruites ! »

« Et la dernière ? C’est la même que celle qui a été détruite avant ? »

« Oui ! Deux de mes zones ont été attaquées en même temps. J’ai dû diviser mes monstres ! La zone la moins défendue n’a eu aucune chance, et l’un de mes monstres les plus forts et les plus chers a été tué ! »

Son visage s’était tordu en un sourire, mais il était vide.

« Tout cet argent envolé juste comme ça. »

Il avait l’air désemparé, mais j’aurais eu la même réaction, ou pire, si mon village avait été détruit. J’aurais aimé savoir quoi dire pour le réconforter, mais ce fut là que mon manque de compétences sociales me fit défaut.

« Eh bien, en mettant de côté l’argent une seconde, c’est un jeu génial. Probablement le meilleur auquel je n’ai jamais joué. Je ne sais pas ce que je ferais si je perdais et que je ne pouvais plus jamais y jouer, je parie qu’ils se font une tonne… »

Juste à ce moment-là, le mini-van arriva à notre prochain lieu de travail.

« Hé, les gars, on doit aller au travail, mais je ne dirai pas non si vous voulez faire une petite sieste avant », dit le patron.

J’avais soudainement réalisé que le trajet en voiture avait pris toute notre pause, et que nous l’avions utilisée pour parler. Le patron, qui avait conduit, allait commencer à travailler tout de suite. Il était plus âgé que nous, cela ne devait pas être facile pour lui. Nous n’avions donc pas le droit de nous plaindre.

*****

« Je suis rentré… »

Après une journée interminable, le travail était terminé et j’étais de retour chez moi. Je n’avais jamais fini cette conversation avec Yamamoto-san.

« Tu as l’air épuisé ! Tu veux un bain ou un dîner d’abord ? », me proposa maman.

« Je vais prendre le bain… »

J’avais traîné mes pieds jusqu’à la salle de bains, j’avais enlevé mes vêtements et j’avais fait glisser la porte vitrée de la pièce humide… pour trouver ma sœur déjà dans la baignoire.

Maman ! Tu ne savais pas qu’elle était là ?!

« Je ne savais pas que tu étais un pervers. »

« Écoute, je suis mort de fatigue. C’est un accident. »

Sayuki me regarda fixement. Je ne pouvais rien voir à cause de la vapeur. Juste au cas où, j’avais couvert mon entrejambe avec mes mains. Mais ce n’était pas très grave, car nous étions de la même famille.

« Fais-moi juste savoir quand tu sors. »

Être de la même famille ne signifiait quand même pas que nous allions nous baigner ensemble. En me tournant pour partir, j’avais senti des éclaboussures d’eau chaude sur mon dos.

« Pourquoi ne pas te laver, et je sortirai quand tu auras fini ? », suggéra Sayuki.

Ça ne me dérangeait pas, mais je ne m’attendais pas à ce qu’une telle suggestion vienne d’elle. Peut-être que c’était moi qui était bizarre, que je ne devrais pas en faire toute une histoire. Mais il n’y avait pas si longtemps, elle se plaignait de devoir aller aux toilettes après moi. C’était un progrès. Ces pensées dérivèrent paresseusement dans mon esprit à moitié mort alors que je commençais à me laver les cheveux. J’étais tellement épuisé. Même mes pensées me fatiguaient.

« Tu as toujours cette cicatrice sur ton ventre », dit Sayuki tout en posant sa mâchoire sur le bord de la baignoire.

« Eek ! Arrête ça, perverse ! »

« Très drôle. Mets-y au moins un peu de sentiment si tu dois agir comme un abruti. »

C’était trop facile de critiquer

« Je suis désolé, Oniichan. D’abord, tu te fais poignarder, et puis tu finis par t’engueuler avec cet abruti encore une fois. »

Sayuki n’avait pas été aussi morose depuis longtemps. J’avais entendu des larmes dans sa voix, même si je ne pouvais pas les voir.

« Ne t’en fais pas. C’est le travail d’un frère de protéger sa sœur, et j’ai échoué la dernière fois. »

« Non, tu n’as pas échoué. Tu as pris le coup pour moi. »

« Seulement parce que je me suis figé. Je suis désolé, tu as un frère vraiment pathétique. »

Je me souvenais avoir paniqué, n’avoir pensé qu’à m’échapper en suppliant le jeune Yoshinaga de me laisser la vie sauve. Il était encore au collège. Mes souvenirs étaient flous à cause de la blessure, mais je savais que j’avais agi comme une mauviette.

« Parfois, c’est comme si nous ne parlions pas de la même chose. Es-tu sûr que tes souvenirs ne sont pas embrouillés ? Je criais sur Yoshinaga, et il s’est énervé et a sorti un couteau sur moi. Et tu lui as dit, “Si tu dois poignarder quelqu’un, poignarde-moi, mais ne pose pas un doigt sur ma sœur !” », demanda Sayuki.

Je… ne me souvenais pas de ça comme ça. Peut-être que Sayuki l’avait inventé afin que je me sente mieux. J’avais levé les yeux vers elle, elle me souriait avec des larmes qui coulaient sur son visage.

Est-elle sérieuse ?

Peut-être que je me sentais tellement coupable de ne pas l’avoir protégée que mon esprit avait déformé mes souvenirs afin qu’ils soient pires que l’événement réel. Je savais que les faux souvenirs étaient un phénomène courant, surtout lorsque l’événement remontait à si longtemps. Combien de mes souvenirs étaient réels, et combien en avais-je inconsciemment fabriqué au cours des dix dernières années, pour le meilleur et pour le pire ?

J’avais ignoré la gentillesse de mon père et l’avais dépeint comme une obstruction grincheuse à mon bonheur. Je ne fuyais pas seulement la réalité, mais aussi mon passé, et il semblerait que cette fuite ait affecté mes souvenirs. Comment avais-je pu être aussi stupide ?

« Même dans ce cas, je ne t’ai pas sauvée », avais-je dit.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? Après t’avoir poignardé, Yoshinaga s’est enfui ! Tu m’as sauvée. Bien que tu aies l’air plutôt effrayé ! »

Sayuki m’avait regardé fixement et m’avait aspergé avec plus d’eau de bain.

« Arrête ! L’eau me monte au nez ! »

J’avais attrapé le pommeau de douche et l’avais aspergée d’eau froide pour me venger.

« C’est glacé ! Je suis en colère maintenant ! », cria Sayuki.

« Hé, j’étais déjà en colère ! »

Sayuki avait un seau à la main alors que je m’armais du pommeau de douche.

« Arrêtez d’utiliser la salle de bain comme un terrain de jeu ! Quel âge avez-vous tous les deux ?! »

Le cri de colère de maman nous força à un cessez-le-feu.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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