Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 2 – Section 8 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Le village en danger, les gens et moi

« Yamanoto-san… il n’est pas possible que ce soit toi, hein ? », avais-je demandé à l’homme en noir, qui venait d’entrer chez moi, chaussures et tout.

S’il te plaît, dis non…

Sa taille, sa carrure, sa façon de marcher. C’était exactement comme Yamamoto-san.

« Mince. Tu m’as eu », répondit la voix familière.

L’homme, Yamamoto-san, retira sa cagoule.

Ugh. J’aurais aimé avoir tort juste une fois.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? Pourrais-tu poser ce pied de biche ? Fais ça, et nous pouvons juste écrire que c’est une farce. »

Yamamoto-san m’ignora et s’approcha lentement. Il avait l’air abattu ces derniers temps, mais maintenant il souriait. Ce n’était pas un beau sourire.

Ses yeux étaient injectés de sang, et sa bouche était courbée avec malice. Quelque chose en lui s’était brisé, et ça me fit trembler.

« Tu as tout compris, non ? Tu sais à quel jeu je joue. Tu sais ce que je pense. »

Je m’étais éloigné lentement de lui, les rouages de mon esprit s’emballant.

« Tu essayes d’interférer avec le jeu, non ? »

« Oui. Quand je t’ai vu jouer sur ton smartphone l’autre jour, j’ai repéré les mêmes noms dans le backlog de mon propre jeu. »

« Le backlog du moment où le gobelin rouge à un œil a été vaincu, c’est ça ? »

« Exactement. Je suppose que ton diplôme universitaire n’y est pas pour rien, hein ? »

Était-ce censé être un compliment ? Difficile à accepter quand il avait ce pied de biche à la main. Je me souvenais que Gams et les autres se parlaient à l’époque, et j’étais sûr qu’ils utilisaient leurs noms. Cela avait aussi dû être enregistré dans la version du jeu de Yamamoto-san. Si c’est le cas, faire l’idiot ici ne marcherait pas.

« Fais ce que je dis, et je ne ferai rien de dangereux. Tu dois juste attendre ici jusqu’à ce que l’attaque finale soit terminée. »

« Tu sais que c’est un crime, non ? Tu dois partir ! »

« OK, si je te disais de quitter le jeu et de me céder ton village, tu le ferais ? »

« Je ne peux pas. »

Fuir était impossible, Yamoto-san me bloquait le chemin vers la porte.

Et la fenêtre ?

Non. Mon téléphone et mon PC étaient au deuxième étage. Si je me sauvais, Yamamoto-san pourrait les détruire tous les deux et je n’aurais plus aucun moyen de protéger mon village.

« Je ne ferai rien si tu ne le fais pas. On peut juste prétendre que j’étais ivre, que je suis venu chez toi et qu’on s’est battus. J’ai juste pris ce pied de biche dans la boîte à outils sur ton porche, ce n’est donc pas comme s’il y avait des preuves. »

Pourquoi n’as-tu pas rangé ça, papa ?

« Personne ne le croirait. »

« Ce sera ta parole contre la mienne. Qui vont-ils croire ? Moi, ou le type qui n’a pas quitté sa maison depuis des années ? »

Je n’avais pas de réponse.

En tant que personne n’ayant rien apporté en dix ans, j’étais au plus bas de l’échelle de la société. Même si Yamamoto-san avait abandonné le lycée, il avait travaillé assidûment depuis. Il était beaucoup plus sociable que moi, et il avait fait ses preuves en travaillant dur.

Le fait de savoir lequel de nous deux la société verrait comme le plus digne de confiance était évident.

« Hé, je ne veux pas te faire de mal, tu sais. Je ne veux pas être un criminel. Alors, fais-moi une faveur, et attends que ça passe. Tu vas perdre ta partie, mais je partagerai l’argent avec toi, si tu veux. Ce sera gagnant-gagnant. »

Si je ne faisais rien, je sortirais de tout ça plus riche et indemne. J’avais même eu le Village du Destin gratuitement. Et même si mes villageois mouraient, même si je ne les revoyais jamais, ce n’était qu’un jeu vidéo, non ?

« Puis-je te demander quelque chose, Yamamoto-san ? »

« Quoi ? »

« Ne t’es-tu pas senti mal quand tu as attaqué ces villages ? Quand tu as vu ces personnages très réalistes se faire tuer ? »

Il n’y avait aucune arrière-pensée derrière ma question. Je voulais juste savoir. Avec les graphismes du jeu, voir ces gens mourir, c’était comme le voir aux informations. Certains d’entre eux auraient supplié pour leur vie, des personnes âgées et de jeunes enfants. Qu’avait ressenti Yamamoto-san, avait-il au moins ressenti quelque chose, en regardant ce qui se passait ?

« Hein ? Les graphismes sont réalistes, oui, mais ça reste un jeu vidéo. Et puis, même si c’était de vraies personnes, ce n’est pas comme si je les connaissais. Est-ce que tu as mal au cœur chaque fois que tu regardes les infos et que tu vois des gens se faire exploser dans un pays en guerre ? Est-ce que ça te fait pleurer ? »

C’est comme ça qu’il voit les choses, hein ?

« Pas vraiment… pas seulement en regardant les infos. Mais les PNJs de ce jeu… ils doivent être réels ! Tu le penserais aussi si tu voyais à quel point ils travaillent dur, jour après jour. Ils travaillent plus dur que je ne l’ai jamais fait au cours de ces dix dernières années. J’ai l’impression de les connaître. »

J’avais tenu bon et j’avais regardé fixement Yamamoto-san.

Je mettais ma vie en danger pour le bien de quelques personnages de jeux vidéo, et cela semblait stupide, mais je leur devais cette vie. Ils m’avaient sauvé quand j’étais au plus bas ! Je ne pouvais pas les vendre comme ça.

« Es-tu stupide ? Tu sais, je pensais qu’on pouvait être amis. Le fait que tu agisses vraiment de cette manière est honteux. »

« S’il te plaît, pense à ce que tu fais, Yamamoto-san. »

« As-tu une idée de ce que j’ai traversé ? Juste parce que je suis né dans une famille pourrie, j’ai dû abandonner le lycée et travailler pendant toute mon adolescence et ma vingtaine pour rembourser une dette qui n’était pas la mienne. Maintenant, regarde-toi ! Tu as vécu ici sans avoir besoin de lever le petit doigt pendant des années ! Tu ne connais même pas la valeur de l’argent ! »

Les yeux de Yamamoto-san étaient sombres de rage.

« Dix ans à ne rien faire ! Sais-tu combien cela a dû coûter à ta famille pour t’entretenir pendant une seule de ces années ? Sais-tu combien d’argent durement gagné par ta famille tu as gaspillé ? »

Je ne pouvais pas lui répondre.

J’avais toujours pensé que j’étais maudit. Que c’était la faute de la société. Que ça n’avait pas d’importance parce que ce n’était pas comme si je gênais quelqu’un. C’étaient les excuses auxquelles je m’étais accroché ces dix dernières années.

« C’est ma seule chance de faire quelque chose de ma vie. Je n’ai pas les qualifications ou les compétences pour faire autre chose. Ça ne sert à rien de dire des conneries comme “les choses vont s’améliorer”. Elles ne le seront pas. En ce qui concerne la société, si tu n’es pas allé à l’université et que tu n’as pas trouvé un emploi directement après, tu as raté le coche ! »

Encore une fois, je n’avais pas de réponse.

J’avais de la chance d’être né là où j’étais, pourtant je ne faisais rien pour montrer une quelconque gratitude. J’avais laissé la chance de mener une vie correcte m’échapper. Tous les mots que je prononçais étaient vides et inutiles. Mes mots étaient impuissants.

« Pourquoi pleures-tu ? C’est moi qui devrais pleurer ! »

Je pleure ?

Est-ce que je pleurais par sympathie pour lui ou à cause de ma propre vie pathétique ? Je n’arrivais pas à comprendre, mais je ne pouvais pas non plus arrêter les larmes.

« Yamamoto-san… ta vie vaut dix fois la mienne. »

« Quoi ? Est-ce censé être du sarcasme ? »

« Non. J’ai gaspillé dix années entières de ma vie, sans réaliser la chance que j’avais. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’un peu de courage pour changer les choses, mais j’étais trop prisonnier de mon apitoiement sur moi-même pour rassembler ce courage. »

Je regrettais le fait de ne pas l’avoir réalisé plus tôt. J’aurais voulu faire quelque chose plus tôt. À quoi ressemblerait ma vie maintenant si je l’avais fait ? Peut-être que j’aurais pu offrir à Seika une vie heureuse. J’aurais peut-être pu aider ma famille avec ses problèmes. Au lieu de cela, je n’étais qu’un fardeau.

« Je n’ai pas besoin de ta pitié. Mais si tu veux faire quelque chose pour moi maintenant, alors ferme-la et regarde. C’est l’heure de l’attaque finale du Jour de la Corruption. »

Yamamoto mit son téléphone en face de mon visage.

« Jour de la Corruption : Vague finale ! », clignota en lettres rouges sur l’écran.

« C’est mon attaque totale ! L’attaque dans laquelle j’ai mis tout mon argent ! Si ça ne suffit pas à détruire ton village, alors c’est fini pour moi. Alors, laisse-moi faire. »

Il y avait des dizaines… non, des centaines de monstres à l’écran qui se dirigeaient vers mon village.

Mes villageois ne peuvent pas en combattre autant !

Plusieurs des ennemis étaient des créatures puissantes que je n’avais jamais vues auparavant. À ce rythme, mon village était condamné. Même si je parvenais à sortir le golem, la victoire était incertaine.

Gams, Chem, Carol, Rodice, Lyra, Murus, Kan, Lan… allaient-ils tous mourir ?

Que dois-je faire ? Comment puis-je les sauver ?

Mes pensées étaient éparpillées, ma panique ne faisait qu’augmenter.

La porte d’entrée s’était ouverte.

« As-tu un ami dans le coin ? J’ai entendu des cris. »

Seika entra dans le salon. Je l’avais regardée fixement.

Elle n’aurait pas pu choisir un pire moment !

« Qu-Qui êtes-vous ? Un cambrioleur ? »

« La ferme ! »

Yamamoto s’était retourné et leva le bar au-dessus de sa tête.

Mon esprit était devenu vide alors que le sang commençait à bouillir dans mes veines. Avant que je ne le sache, je bougeais. J’avais sauté par-dessus le canapé et j’avais foncé sur Yamamoto. Il était petit, et je l’avais renversé, on vola tous les deux contre le mur. Si je pouvais m’emparer du pied de biche et l’immobiliser, je pourrais l’empêcher de faire autre chose. L’instant d’après, j’avais senti une douleur aiguë dans mon dos. Quelqu’un avait crié.

Est-ce qu’il m’a touché dans le dos avec le pied de biche ?

« Je t’ai dit de faire ce que je te disais ! C’est de ta faute ! Ta faute pour t’être moqué de moi, juste parce que je suis pauvre ! »

Il frappa mon dos encore et encore. Et même quand la douleur était insupportable, il me frappait encore, la barre de métal s’écrasant encore et encore à ce même endroit. Ça faisait si mal que je ne pouvais même pas crier. Le sang chaud qui brûlait en moi auparavant était devenu aussi froid que de la glace.

Je savais qu’il avait dû casser quelques os, et je savais aussi maintenant que les émissions que je regardais où les personnages continuaient à se battre malgré leurs blessures étaient des conneries. J’avais du mal à garder mes esprits.

Pourquoi avais-je essayé de sauver Seika si cela devait se terminer dans une telle souffrance ? Est-ce que je pensais être un héros ? Je ne pouvais même plus sentir les mains qui s’agrippaient à Yamamoto, chaque sensation dans mon corps était envahie par la douleur. Je voulais… un moyen de sortir. Je voulais mourir.

Mais je ne pouvais pas le lâcher. Si je le lâchais, il se retournerait contre Seika. Je m’étais promis que je ne ressentirais pas ce regret pour le reste de ma vie.

« Cours… Sei…ka… Cours ! »

« Je ne peux pas ! », sanglota Seika.

« Ne… Ne me fais pas regretter ça ! Seika ! Cours ! », lui avais-je crié de toutes mes forces.

« Je vais chercher de l’aide ! », dit-elle en haletant, les larmes aux yeux.

Elle courut alors vers la porte d’entrée ouverte.

« Tu ne vas nulle part ! »

Le visage de Yamamoto se tordit d’une rage monstrueuse tandis qu’il levait le pied de biche au-dessus de sa tête pour le lancer.

Seika regarda par-dessus son épaule, son visage devenant pâle d’horreur.

Je dois faire quelque chose ! Mais la douleur m’avait paralysé. J’avais supplié mon corps. Allez ! Bouge !

Malgré la douleur, je m’étais étiré et j’avais réussi de justesse à placer mes mains autour du poignet de Yamamoto. Craignant le pire, j’avais fermé les yeux, mais ni la douleur ni le cri de Seika n’étaient venus.

« Lâche-moi ! Tu entends ! Mes mains ! Qu’est-ce qui arrive à mes mains ?! »

J’avais lentement ouvert les yeux. Yamamoto fixait son bras en état de choc.

« Je-je ne peux pas bouger mon bras ! Qu’est ce qui se passe ?! Qu’est ce qui se passe ?! »

Yamamoto berçait son bras droit, qui se raidissait lentement et devenait gris pierre.

« A -Attendez ! Est-ce toi qui as fait ça ?! »

Yamamoto ne me regardait pas de travers. J’avais suivi son regard. Il fixait Destinée.

Quand es-tu arrivé ici ?!

Il s’était approché de nous lentement.

« Reste en arrière, monstre ! Qu’est-ce que c’est que cette chose ?! Gardez-le loin de… »

Yamamoto fut interrompu par une violente quinte de toux.

Destinée s’était perché sur son bras raidi, avait ouvert la bouche et avait laissé échapper une bouffée de fumée violette en plein dans son visage. Yamamoto s’écroula sur le sol, les larmes et la morve coulant à flots.

« Quoi… quoi… ce lézard… »

Seika s’était effondrée sur le sol, la confusion et la peur dans les yeux alors qu’elle répétait les mêmes mots.

Destinée trotta jusqu’à elle et lui lécha le visage. Seika cria et s’évanouit.

Se faire lécher le visage par une créature qui la terrifiait, juste après tout ce dont elle venait d’être témoin, avait dû être trop dur pour elle. Je voulais remercier Destinée, mais j’étais encore trop à l’agonie pour parler. Destinée sauta sur la table et plongea sa patte dans mon portefeuille avant d’en sortir quelque chose.

C’était le mélange d’herbes de Murus !

Destinée retira le bouchon avec ses dents et porta le tube à ma bouche. Il attendit, semblant vouloir que je le boive. J’avais forcé ma bouche à s’ouvrir, et Destinée y versa le contenu du tube à l’intérieur. J’avais avalé, et la douleur disparut immédiatement.

« Et… je peux à nouveau parler ! »

J’avais essayé de bouger mes membres. Ceux-ci s’étaient déplacés librement, comme si rien ne s’était passé. J’avais remonté mon haut et j’avais touché mon dos à l’endroit où le pied de biche m’avait frappé. Je n’avais même pas de bleus. Je réprimai l’envie de me mettre à danser à la gloire de cet incroyable médicament.

Qu’est-il arrivé au village ?

J’étais sur le point de courir à l’étage quand j’avais trouvé un téléphone devant mon visage. Destinée avait dû le ramasser dans ma chambre pour moi. J’avais regardé l’écran.

La clôture brûlait, et mes villageois étaient couverts de sang.

 

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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