Murazukuri Game no NPC ga Namami no Ningen toshika Omoenai – Tome 2 – Section 8 – Chapitre 1

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Chapitre 1 : Le monde de Yamanoto

Quelqu’un de nouveau s’était présenté aujourd’hui.

Deux hommes étaient sortis de la voiture. Le premier avait à peu près le même âge que le patron et semblait avoir rarement le sourire. Il lui parla comme s’ils étaient de vieux amis. L’autre homme était resté planté là. Il était grand et bien bâti. Son visage était d’une pâleur maladive, et pour une raison inconnue, il portait un survêtement. Son comportement était étrange. Il ne voulait pas du tout croiser le regard de qui que ce soit, et il n’arrêtait pas de secouer la tête de haut en bas comme un pic. Il devait avoir à peu près mon âge.

D’après ce qu’on m’avait dit, le vieil homme était ami avec le patron, et son fils était… perturbé. Apparemment, il souffrait de dépression et avait de mauvaises aptitudes sociales. J’avais immédiatement compris. Le patron était à nouveau « serviable », il essayait de sauver quelqu’un qui en avait besoin, mais qui n’en voulait pas forcément. Quelqu’un comme moi.

« Je vais faire de mon mieux. »

L’homme s’était penché pour faire une révérence à quatre-vingt-dix degrés.

Il avait l’air assez sérieux, mais il était possible qu’il ne tienne pas plus que quelques quarts de travail. Comme j’étais celui qui lui enseignait les ficelles du métier, j’espérais qu’il s’en sortirait.

Il avait travaillé plus dur que je ne le pensais. Nous ne l’avions mis que sur les machines de base, mais il travaillait assidûment sans se plaindre. Son travail n’était pas exceptionnel, mais il n’était pas vraiment affreux. Je savais que les entreprises de nettoyage avaient une mauvaise réputation auprès des personnes à la recherche d’un travail à temps partiel, mais ce type ne semblait pas avoir une mauvaise opinion de nous. Il était super enthousiaste à l’idée de faire son travail et écoutait sérieusement les conseils que je lui donnais. Je voulais avoir de grands espoirs pour lui, mais il ne serait pas le premier à se montrer prometteur le premier jour pour ensuite tout faire disparaître.

« Toujours là, hein ? », avais-je dit en voyant Yoshio travailler dur à nouveau.

Je pensais vraiment qu’il jetterait l’éponge, mais il revenait à chaque fois et donnait tout ce qu’il avait. Non seulement ça, mais nous avions beaucoup de choses en commun, malgré le fait que je l’avais jugé comme étant trop sérieux. Et comme il s’était avéré que c’était un joueur comme moi, nous avions beaucoup de choses à nous dire pendant nos pauses. Nous avions des goûts différents en matière de genres, mais c’était toujours agréable d’avoir un collègue avec qui parler. Le patron était un homme d’extérieur, tandis que Misaki-san préférait la lecture aux jeux. J’avais enfin quelque chose à attendre avec impatience pendant mes pauses.

Yoshio m’avait dit qu’il était renfermé sur lui-même et qu’il n’avait pas travaillé depuis dix ans, depuis qu’il avait obtenu son diplôme universitaire. Cela m’avait pris par surprise. Je savais que les gens comme lui étaient courants de nos jours, mais je me sentais un peu bizarre à ce sujet.

J’avais été obligé d’arrêter le lycée pour le bien de ma famille, mais ce type avait eu le luxe de pouvoir choisir, et il l’avait gaspillé. Je ne pouvais pas me cacher du monde comme il l’avait fait, et même si je le voulais. Je ne voulais pas commencer à m’apitoyer sur mon sort, mais j’avais grandi dans l’un des pires environnements imaginables.

Quand j’étais enfant, je pensais que ma famille était normale : deux parents ordinaires et leur fils. Mon père était réservé, mais ma mère aimait toujours s’habiller et parler comme une adolescente. Elle m’embarrassait beaucoup. Pourtant, j’aimais mes parents, et je pensais qu’ils m’aimaient, même s’ils faisaient parfois des erreurs.

Un jour, mon père avait disparu sans prévenir, ne laissant derrière lui que ses dettes. Même maintenant, je ne savais pas où il était allé ou ce qu’il faisait. Ma mère avait repris son ancien travail nocturne pour rembourser la dette et maintenir son style de vie. Ce n’était que plus tard que j’avais appris que mon père était l’un de ses clients réguliers. J’étais au lycée à l’époque, mais la seule façon pour nous de continuer à vivre était d’abandonner mes études et de trouver un emploi. La partie restante de mon salaire servait à rembourser la dette de mon père. J’étais stupidement sérieux à l’époque et j’étais convaincu qu’il était de ma responsabilité, en tant que fils de mon père, de la rembourser.

Ce que je voulais vraiment, c’était rester au lycée et oublier cette dette. Je ne voulais pas travailler.

J’avais travaillé si dur pour réussir l’examen d’entrée dans mon lycée, et j’avais tout juste réussi. Je n’oublierai jamais combien c’était écrasant de leur dire que j’abandonnais.

Vous comprenez maintenant pourquoi Yoshio me semblait si gâté ?

Je n’allais pas le détester pour autant. Où et comment nous avions grandi était hors de notre contrôle. Ce n’était pas juste de lui en vouloir.

Je me rappelais sans cesse qu’il n’avait rien fait de mal, même s’il avait tourné le dos à un avenir que je ne pourrais jamais avoir. J’étais jaloux, mais je ne voulais pas le détester pour quelque chose qui n’était pas de son choix.

De plus, j’avais une autre raison de vivre maintenant. Mes journées étaient remplies d’amusement, grâce à ce jeu génial, un jeu auquel j’étais le seul à avoir accès. Tout ce dont j’avais besoin était le Chemin de la Destruction. Rien d’autre ne comptait. C’était la seule chose qui me garantissait de pouvoir sourire à nouveau demain.

J’avais beaucoup parlé à Yoshio, c’était un type formidable. Il m’avait traité avec le même respect, même après avoir appris que j’avais abandonné le lycée. Je m’attendais à au moins un soupçon de mépris à partir de là, mais il n’y avait rien. Contrairement au reste de la société, et à mes amis du lycée, Yoshio ne semblait pas accorder beaucoup d’importance à la réussite scolaire. Depuis que j’avais abandonné l’école, mes anciens camarades de classe se comportaient comme s’ils étaient supérieurs. Lorsque je les croisais dans la rue, ils faisaient semblant de m’ignorer avant de ricaner de manière audible lorsque je passais devant eux.

Je m’étais teint les cheveux et j’avais fait des piercings pour les intimider quand ils me voyaient. Nous n’allions plus jamais nous entendre. Je voulais que le rejet vienne de moi, pas d’eux.

Mais Yoshio me traitait toujours poliment et ne m’avait jamais caché son diplôme universitaire. De plus, chaque fois que nous étions en pause ou dans le van ensemble, il continuait à me parler de jeux, comme avant. Peut-être que je pourrais m’entendre avec lui malgré nos origines différentes. Peut-être qu’il serait enfin l’ami avec lequel je pourrais être moi-même.

Mais au moment où j’avais eu de grands espoirs, je l’avais vu.

Nous étions dans le van ensemble, et j’avais jeté un coup d’œil à l’écran de son téléphone. Le jeu auquel il jouait me semblait familier. Les graphismes super réalistes bien trop beaux pour un jeu vidéo, les personnages qui bougeaient aussi naturellement que de vrais êtres humains… Si ce n’était que cela, j’aurais pu croire qu’il s’agissait d’un jeu différent, mais similaire. Mais il y avait plus.

Les noms des personnages que j’avais repérés sur l’écran. Chem, Gams. Murus. Je les avais reconnus. C’était les noms laissés en suspens après la destruction de mon camp.

J’avais immédiatement compris. Le jeu auquel j’étais accro et celui auquel Yoshio aimait jouer étaient une seule et même chose. Dans le monde du jeu, il était mon ennemi.

Choqué était un euphémisme. J’avais pensé que ce gars pouvait être mon ami. Puis j’avais découvert qu’il était mon ennemi dans le jeu que j’aimais tant. Il avait détruit le camp pour lequel j’avais travaillé si dur.

Plus je lui parlais, plus j’étais confiant dans mes soupçons. Yoshio jouait contre moi. Je n’avais aucun doute.

Il devrait l’avoir réalisé lui-même maintenant.

J’étais aux anges quand j’avais remporté la victoire sur le village elfique et gagné tout cet argent, mais deux de mes territoires furent ensuite détruits, me laissant avec un seul. Yoshio était responsable de la destruction d’un de ces camps.

Après tout ce que je lui avais appris au travail, c’était ainsi qu’il me remerciait ? Après lui avoir parlé de ma famille, il était toujours assis là, souriant devant son téléphone.

Il n’était pas différent de mes camarades de classe. Il se moquait de moi depuis l’ombre, tout comme eux.

Pourquoi la souffrance devait-elle venir me chercher à chaque fois ? Pourquoi avait-il une famille parfaite qui le soutenait, alors que je n’avais personne ?

Mon père était parti, et maman s’était trouvé un nouvel homme tout en me laissant payer la dette de papa. Ce n’était pas juste !

Je détestais Yoshio de plus en plus chaque jour. Très rapidement, je ne pouvais même plus supporter de le regarder. Je savais qu’il n’était qu’une petite partie de mes problèmes et que je me défoulais sur lui. Je le savais, mais qu’est-ce que j’étais censé faire d’autre ? Pendant que je trimais sans que ce soit de ma faute, Yoshio se prélassait en ne faisant rien, et je le détestais pour ça.

Attends, attends. Tu ne te souviens pas qu’il n’a rien fait de mal ?

Le combat intérieur fit rage pendant des jours. Ma haine se battait contre mon sens de l’équité, mes sentiments contre ma conscience.

À ce rythme, j’allais faire quelque chose de stupide.

Calme-toi. Sois rationnel.

Ça ne servait à rien de ruminer pendant des jours et des jours. Je devrais juste lui parler. C’était un type bien. Il serait compréhensif si je lui disais tout. Il pourrait même me laisser détruire son village pour m’aider. Sinon, nous pourrions nous battre à la loyale dans le jeu lui-même.

J’avais décidé que c’était ce que j’allais faire. Je ne voulais pas non plus être déprimé pendant le Nouvel An. J’étais donc sur le point de quitter mon appartement quand on sonna à la porte. Je l’ouvris et découvris un homme bien habillé qui se tenait là. Je ne le reconnaissais pas, et il détonnait complètement dans cet immeuble délabré.

« Qui êtes-vous ? »

« Hey. Ne t’inquiète pas. Je suis comme toi, je joue au Chemin de la destruction », expliqua l’homme en écartant sa longue frange de ses yeux.

Il joue au Chemin de la Destruction ?

J’étais resté là, perplexe.

« Ok… mais qu’est-ce que tu veux ? Je m’apprêtais à sortir. »

« Je sais. Tu vas chercher un des Dieux Majeurs, non ? »

Comment l’avait-il su ? Je ne l’avais dit à personne !

« Ne me regarde pas comme ça. On est tous les deux des Dieux corrompus, non ? On est du même côté. Détends-toi une seconde. »

Plus il essayait de me rassurer, plus je devenais méfiant. Pourquoi devrais-je lui faire confiance juste parce qu’on joue le même jeu ?

« Pars, ou j’appelle les flics. »

« Oh, effrayant ! Fais-moi confiance, tu vas vouloir m’écouter. Je sais comment tu peux gagner le Jour de Corruption de ce mois-ci, ok ? »

La porte était déjà à moitié fermée, mais je ne l’ai pas poussée plus loin.

Qu’est-ce qu’il vient de dire ?

« Si tu me laisses entrer, je te dirai tout. »

J’avais senti sa main sur mon épaule. Quand j’avais levé les yeux vers son visage, ma vision s’était brouillée et ma tête s’était mise à tourner.

« Hé, ça va ? Viens, assieds-toi. Je vais te dire ce que j’ai. », dit l’homme en souriant.

Je l’avais laissé me ramener à l’intérieur.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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