Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 9 – Chapitre 5 – Partie 4

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Chapitre 5 : Le saint royaume de Rachel

Partie 4

Je courais dans les rues sombres de la capitale.

« Par ici, Maître, » dit Luxon.

Il avait installé un certain nombre de drones dans toute la ville et ils se transmettaient des informations par le biais d’un système de lumières clignotantes. Luxon avait lu leurs signaux et les avait utilisés pour me guider jusqu’à la scène du dernier crime.

« C’est vraiment une façon de faire à l’ancienne », lui avais-je dit.

« Garde tes plaintes pour toi, s’il te plaît. Prends à droite au prochain coin de rue. »

J’avais suivi son conseil et je suis arrivé sur les lieux, qui n’étaient pas encore occupés par les curieux. Nous nous étions retrouvés à une intersection en forme de croix, nichée dans une rue étroite entre les bâtiments, au milieu d’un réseau de ruelles similaires en forme de labyrinthe. Aucun des bâtiments n’avait de sortie dans cette direction, la circulation était donc peu dense.

Des cadavres étaient étalés sur le sol. Ils avaient l’air frais, tués quelques instants auparavant. J’aperçus ce qui semblait être un représentant du gouvernement entouré d’une flopée de gardes à gages. Ils étaient tous bien musclés et costauds, mais cela leur avait fait beaucoup de bien. Curieusement, rien sur les lieux n’indiquait qu’il y avait eu lutte.

Aussi horrible que soit la scène, ce qui avait attiré mon regard, c’était la silhouette ombrageuse d’un homme au milieu de la scène. Il portait un chapeau et un long manteau marron. Je m’étais approché. Il s’était tourné vers moi, les yeux rouges.

« Argh… Je… t’ai trouvé… Bart… fort… »

De la bave coulait du menton de l’homme. Ses mouvements étaient saccadés et peu naturels, suggérant qu’il ne contrôlait pas son propre corps. L’une de ses jambes semblait boiteuse, il la traînait derrière lui alors qu’il me faisait face. Ce faisant, j’aperçus son ventre.

Je grimaçai et j’attrapai l’arme de poing cachée dans mon pardessus, en pointant le canon vers lui. « Celui qui a fait ça est vraiment malade dans sa tête. »

« En effet. Un fragment d’armure démoniaque est apparemment incrusté dans son corps. J’ai le regret de dire qu’il est déjà irrécupérable. »

Ces mots m’avaient fait réfléchir. J’étais assailli par les souvenirs de Serge et du monstre en lequel il avait été transformé. Comme s’il lisait dans mes pensées, Luxon intervint : « Je vais m’occuper de lui. »

« Attends. J’aimerais lui parler pendant qu’il est encore conscient. »

« Si tu insistes, je t’en prie. »

Plusieurs yeux grotesques avaient bourgeonné sur la peau du torse de l’homme. L’éclat enfoncé dans son corps était accompagné de trois longs tentacules ondulants qui sortaient de son estomac fendu. Leurs extrémités formaient des lames acérées, couvertes de sang.

« Puis-je supposer que tu es notre coupable ? Quel est ton but ici, exactement ? » avais-je demandé.

« Bartfort… ennemi… Notre… ennemi… Tuer… »

« Pas très bavard, hein ? »

« Cet homme est un civil ordinaire. Il serait étrange qu’il ait conservé une quelconque conscience après qu’une partie d’une armure démoniaque ait été insérée dans son corps. De plus, il serait impossible pour cet homme d’accomplir à lui seul tout ce que nous avons fait jusqu’à présent. Il est fort probable qu’il y ait un marionnettiste derrière tout cela. »

Les humains qui incorporaient une armure démoniaque dans leur corps n’étaient pas faits pour ce monde. Luxon en déduisit donc que cet homme n’avait pas pu rester dans cet état pendant un mois entier. Il était plus probable que quelqu’un d’autre soit impliqué, manipulant les gens dans l’ombre par l’insertion de fragment d’armure démoniaque.

N’ayant pas d’autre recours, j’avais dit : « Alors, la prochaine étape, c’est de chercher ce cerveau, hein ? » Je visai à nouveau avec mon arme, après avoir marqué une courte pause dans l’espoir d’un échange intelligible. Au même instant, les yeux de l’homme s’étaient mis à briller. Je pressai la détente et la balle lui transperça le ventre. L’homme s’effondra vers l’avant avec une lenteur atroce. Les tentacules s’effondrèrent avec lui, tombant bien avant moi. Quelques instants plus tard, ils se dissolvaient en liquide noir et disparaissaient complètement. Il ne restait plus que le cadavre mutilé de l’homme.

J’avais poussé un gros soupir en scrutant de loin le visage de notre coupable. « Le bon côté des choses, c’est que nous avons quelques indices maintenant. »

« Tout à fait. Identifions cet homme et contactons sa famille ou ses amis pour obtenir des informations. »

« Ça sonne bien. Mais… Celui qui est derrière tout ça est un sacré malade. »

« Le responsable est capable d’armer un fragment d’armure démoniaque avec une telle précision, ce qui laisse supposer des connaissances approfondies. Tout individu normal qui tenterait bêtement ce genre de manipulation avec une armure démoniaque serait consumé et tué par elle », déclara Luxon. Comme il l’expliquait, une armure démoniaque vidait sa victime de son mana, de son sang, de tout, ne laissant derrière elle qu’une enveloppe vide.

« On dirait un objet maudit. »

« Pas tout à fait exact, mais assez proche. Les humains ne devraient certainement pas s’en mêler. Ce sont des armes abominables. »

« Quoi qu’il en soit… Nous ferions mieux de fouiller le corps pour trouver des indices sur l’identité de ce type. »

Alors que je m’approchais du corps du défunt, je sentis soudainement une autre présence dans l’obscurité, de l’autre côté du corps.

« Maître, il semblerait que notre cerveau était plus proche que nous ne l’avions prévu. »

« Tu as raison. »

L’homme, qui semblait tout aussi méfiant à mon égard, s’était approché pour se dévoiler. Il avait de magnifiques cheveux argentés. J’avais tout de suite reconnu qu’il s’agissait du chevalier-gardien Hering. Il jeta un bref coup d’œil à l’homme que j’avais abattu avant de fixer ses yeux sur moi et sur l’arme que je tenais à la main. Une ride de dégoût flagrante et non dissimulée se forma sur son front. « Quel est ton but ici ? »

La question était incroyablement vague, mais j’avais cru comprendre qu’il me demandait pourquoi je poursuivais le tueur en série. Mais son intention n’avait pas d’importance. J’avais braqué mon arme sur lui.

« Ne bouge pas », avais-je prévenu. « C’est moi qui pose les questions. En fait, j’ai une liste de choses à demander —. »

« Maître ! » Luxon vola devant moi, déployant une barrière devant moi. Plusieurs charges électriques s’y heurtèrent une fraction de seconde plus tard, chaque coup repoussé émettant une lumière aveuglante.

Hering n’avait pas bougé d’un pouce, bien que ses yeux se soient écarquillés de surprise à l’apparition soudaine de Luxon. Ce qui était plus pressant, c’était l’inquiétant objet sphérique noir qui flottait derrière lui. Il avait exactement la même taille et la même forme que Luxon, avec un œil rouge. Les similitudes s’arrêtaient là, cette chose, quelle qu’elle soit, ressemblait plus à un être vivant qu’à un robot. La matière dont elle était faite était un mystère, mais son œil semblait résolument organique.

« Partenaire, » dit une voix étrange. Je suppose qu’elle appartenait à l’étrange créature, « Je crains que notre mauvais pressentiment n’ait été juste. Le chevalier-ordure a à ses côtés une arme laissée par les anciens humains. »

Luxon m’avait devancé, sa voix dégoulinant d’hostilité et de haine. « Jamais je n’aurais imaginé que nous trouverions le noyau d’une armure démoniaque complètement intact. Cette chose est l’incarnation même du mal et doit être exterminée au plus vite. Maître, je demande la permission de déployer mon corps principal. »

L’objet noir — faute de mieux à ce stade — leva une main minuscule. Il serra ses doigts en un poing serré et hurla : « Qui appelles-tu le mal, stupide morceau de métal ? Tu es bien plus malfaisant que nous ! Ton existence n’a aucun sens ! Partenaire, donne-moi immédiatement la permission ! Nous ne devons pas permettre à cette chose et à son maître de reprendre leur souffle ! » L’explosion de rage rendit ses yeux grotesquement humains injectés de sang. Des épines fleurissaient sur tout son corps, ondulant et se gonflant. Il semblait pouvoir changer de forme à volonté.

« Je suppose qu’il n’y a pas d’autre choix Kurosuke ! »

« Compris ! »

Hering avait tendu sa main droite vers moi, et l’objet noir — Kurosuke — s’était transformé en un liquide qui s’était enroulé autour de lui et avait formé des ailes de chauve-souris dans son dos.

« Il a l’air d’un démon », avais-je commenté.

« Ce n’est pas le moment de plaisanter, Maître. Il s’agit d’une armure démoniaque parfaitement intacte. Nous devrions nous replier et rejoindre Arroganz avant de continuer. »

« Est-ce qu’ils vont nous laisser faire ? » Bien que j’aie posé la question, je l’avais laissé faire et j’avais fait volte-face pour me précipiter dans la direction opposée. Les rues labyrinthiques étaient à mon avantage.

« Ne bouge plus ! » me cria Hering en me poursuivant.

J’avais jeté un coup d’œil par-dessus mon épaule, puis j’avais tiré sur lui avec mon arme. Les balles avaient atteint leur cible, mais elles avaient été déviées.

« J’ai visé toutes les parties de lui qui étaient exposées et ça ne sert toujours à rien ! » grommelai-je. Même l’arme spécialement conçue par Luxon ne faisait pas le poids face à Hering dans son état actuel.

« Il érige une barrière devant son corps pour bloquer tes attaques. Il est inutile de continuer à tirer. Je t’ai demandé à plusieurs reprises d’avoir des armes plus puissantes à portée de main. »

J’avais remis mon arme dans son étui et j’avais continué à courir. « Oh, je t’en prie », avais-je rétorqué. « Si je me promenais avec un fusil ou une carabine sur moi, on m’arrêterait ! »

La police ne me laisserait jamais m’en sortir en portant une arme à l’air libre comme ça. Je serais menotté en quelques secondes. Le pire, c’est que Roland s’en donnerait à cœur joie.

Je m’élançai dans l’une des allées et repérai une caisse en bois devant moi. J’avais sauté dessus, utilisant la hauteur supplémentaire pour me propulser sur le toit — j’avais atterri là et j’avais continué ma course en suivant les indications de Luxon.

Hering, quant à lui, s’était envolé avec ses ailes de chauve-souris. Il me regardait de haut.

« Ça doit être sympa de se balader dans les airs comme ça. Luxon, trouve-moi une amélioration comme celle-là », avais-je dit.

« Quelle chance j’ai d’être une IA. Mon maître peut faire preuve de sagesse dans les situations les plus désastreuses que l’on puisse imaginer », rétorqua Luxon d’un ton sarcastique. Sa lentille rouge scintilla tandis qu’il lançait un regard noir.

Hering et Kurosuke, qui avaient fusionné, nous avaient appelés en nous poursuivant.

« Je dois te demander quelque chose », dit le chevalier-gardien. « Mais je suppose que je dois d’abord t’immobiliser. »

« Et avant de poser des questions, détruisons l’IA pourrie qu’il a avec lui ! » déclara Kurosuke.

La haine de Kurosuke et de Luxon était réciproque. Armes des deux camps opposés de l’humanité, ils avaient repris dans le présent leur querelle vieille de plusieurs siècles, sans en sacrifier l’intensité.

« Désolé de te le dire, mais c’est toi qui vas être immobilisé. » J’avais sorti mon arme de son étui et j’avais tiré sur lui. Hering n’avait pas tenté de s’écarter, certain par expérience que mes balles ne pouvaient pas le blesser.

« Inutile. Ton arme de poing ne peut pas —. »

Luxon l’interrompit. « Tu es le malheureux ici. Nous allons détruire toute trace des déchets que les nouveaux humains ont laissés dans leur sillage. Ici et maintenant. »

L’instant d’après, Arroganz était apparue pour frapper le corps d’Hering et l’envoyer valdinguer dans les airs. Il s’était arrêté sur le toit où je me trouvais, et le cockpit s’était ouvert. J’avais grimpé à l’intérieur et j’avais refermé l’écoutille en quelques secondes. Une fraction de seconde plus tard, une charge électrique était entrée en collision avec l’extérieur de l’écoutille, faisant trembler et osciller l’Arroganz.

« Wôw, c’était moins une ! »

Des sueurs froides coulaient dans mon dos. J’avais saisi les manettes de contrôle et j’avais guidé Arroganz dans les airs.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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