Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 9 – Chapitre 6

+++

Chapitre 6 : Le chevalier le plus fort

+++

Chapitre 6 : Le chevalier le plus fort

Partie 1

« Il a aussi des statistiques de triche !? » J’avais poussé un juron dans le cockpit d’Arroganz en poursuivant l’armure démoniaque de Hering.

Cela m’avait rappelé un vieil adversaire : le Chevalier noir. Il était apparu dans le premier volet du jeu, et sa force au combat était tout simplement inégalable. À la fin, le fragment d’armure démoniaque qu’il avait incorporé dans son corps l’avait consumé, le transformant en un monstre qui avait attaqué le royaume. Ce vieux schnock avait des tas de motivations : loyauté, vengeance, etc. C’était aussi l’adversaire le plus redoutable que j’avais affronté jusqu’alors. À l’époque, même avec l’avantage que me conférait Luxon, je me demandais si je n’allais pas mourir en l’affrontant.

Les souvenirs du Chevalier noir me revenaient en mémoire, car le chevalier-gardien de l’Empire s’annonçait comme un ennemi encore plus redoutable. La performance d’Arroganz était encore plus impressionnante que lors du combat de la première année, mais elle était pratiquement en lambeaux face à une véritable armure démoniaque comme celle-ci.

« Luxon, missiles ! »

« Lancement des missiles. J’ai le regret de t’informer, Maître, qu’il ne nous reste plus rien après cela. »

La trappe du sac à dos d’Arroganz s’ouvrit, libérant six missiles en forme de cylindre. Hering réagit en manifestant une épée longue dans sa main droite. L’air autour d’elle crépitait d’éclairs, indiquant qu’elle était imprégnée de magie.

« Tu ne veux pas honnêtement me dire qu’il a l’intention de couper les missiles avec —. »

Je n’avais pas eu le temps de finir. Hering libéra la magie de sa lame, déchargeant de l’électricité dans l’air autour de lui. Il trancha l’air vide avec son épée jaune et lumineuse, créant une vague concentrée d’énergie électrique qui se propagea vers l’extérieur. Tous les missiles explosèrent avant de l’atteindre.

« Il peut aussi faire des attaques AoE avec ce truc ! ? On se fout de ma gueule ? »

Je n’avais jamais imaginé qu’une armure démoniaque avec un noyau intact serait aussi pénible. Je me doutais qu’elle serait résistante, certes, mais une partie de moi pensait que le Chevalier Noir la surpasserait. Je m’en voudrais d’avoir été aussi naïf.

De la sueur glacée coula sur mon front.

« Il ne reste plus de missiles », rapporta Luxon. « Tu as déjà abandonné votre fusil, ta mitrailleuse, ta hache de guerre et ta faux. Tous les drones ont également été détruits. La seule arme qui reste est ton épée, Maître. »

« Ouais, eh bien, se battre au corps à corps avec ce clown semble être une façon très amusante de mourir. » J’avais sorti mon épée tout en me plaignant. Je ne me voyais pas gagner contre Hering avec elle.

« Ce n’est pas le moment de plaisanter. »

« Qui plaisante ? Je suis seri — whoa ! »

J’étais au milieu d’une réplique habituelle quand Hering me fonça soudainement dessus, faisant s’écraser son épée longue dans l’air. J’esquivai le coup et me propulsai plus haut dans les airs avec Hering à mes trousses. Il déploya ses ailes de chauve-souris et lança un rayon d’énergie électrique du bout de son doigt.

« Tu t’occupes de lui ! » aboyai-je à Luxon.

« Prise de contrôle pour effectuer des manœuvres d’évitement. »

J’avais laissé le contrôle partiel d’Arroganz à Luxon pour qu’il puisse esquiver les attaques. L’un des rayons avait tout de même réussi à frôler l’épaule d’Arroganz, et il avait fait fondre le blindage extérieur.

« Qu’est-ce que l’électricité peut faire fondre ? »

« Ce n’est pas de l’électricité naturelle, c’est une manifestation de sa magie — manœuvres d’évitement d’urgence ! » L’explication approfondie de Luxon sur les mouvements de combat de Hering fut malheureusement interrompue. Hélas, Hering ne nous donnait pas assez de temps pour contrer, et encore moins pour tenir un discours académique.

J’avais vérifié les images de la caméra arrière. Hering avait créé de nombreuses grosses boules d’énergie électrique qui parsemaient l’air autour de lui. Lorsqu’il les libéra, elles s’étaient lancées à la poursuite d’Arroganz. Les esquiver ne servait pas à grand-chose, elles agissaient comme des missiles à tête chercheuse qui changeaient de trajectoire pour nous poursuivre où que nous allions. Mais nous ne pouvions pas non plus nous permettre d’être touchés par des attaques aussi puissantes. Arroganz était puissant, mais il ne pouvait pas résister à plusieurs coups de cette puissance.

« Maître, je demande la permission d’accéder à mon corps principal. Je dois t’avertir que même si tu refuses, je donnerai la priorité à ta sécurité et commencerai quand même mon attaque. »

J’avais serré les dents. « Disons que ton corps principal peut vaincre l’armure démoniaque. Qu’arrivera-t-il à la capitale ? »

« Elle subira un grand nombre de pertes. »

« Alors c’est absolument interdit… c’est ce que j’aimerais dire, mais tu as déjà promis que tu n’écouterais pas. Si tu insistes pour trahir mes ordres, reste au moins avec moi jusqu’à la fin. »

« Que prévois-tu ? »

« La même chose que d’habitude ! »

Je changeai de direction, faisant sauter Arroganz vers Hering, puis j’accélérai. Hering leva son épée longue pour m’affronter au corps à corps, pas le moins du monde inquiet de mon changement de plan d’attaque. Nous avions comblé la distance qui nous séparait et j’avais fait descendre ma main d’épée vers lui. La lame imprégnée de magie de Hering n’eut aucun mal à transpercer la mienne. Il semblait confiant dans sa victoire imminente. Il fit décrire un grand arc de cercle à son épée longue avant d’en aligner la pointe sur la poitrine d’Arroganz, où j’étais assis, enfermé dans le cockpit.

« C’est fini », déclara-t-il.

Oh, comme j’étais reconnaissant de sa naïveté.

« Mange de la terre ! »

J’avais frappé mon poing droit contre la poitrine de Hering. Normalement, c’était un coup puissant, mais l’armure démoniaque n’avait subi aucun dommage. Hering pensait que c’était ma dernière tentative désespérée de lui résister. Il se trompait.

Une lumière rouge enveloppa la main droite d’Arroganz et envoya une onde de choc à pleine puissance sur l’armure démoniaque.

« Impact », déclara Luxon.

L’armure démoniaque fut projetée en arrière dans les airs. Peu après, elle perdit son élan et plongea vers la capitale. Je supposais que Hering avait perdu connaissance : ses orbes s’étaient transformés en une explosion d’électricité avant de se dissiper complètement. Hélas, comme son armure démoniaque avait conservé sa forme, j’avais senti que mon attaque avait eu moins d’impact que je ne l’espérais.

« Je l’ai frappé avec tout ce que j’avais, et il n’est toujours pas couché pour le compte !? »

La panique et la peur s’emparèrent de moi d’un seul coup. Jamais auparavant l’onde de choc d’Arroganz n’avait manqué de réduire un adversaire en cendres, ou du moins de lui porter un coup dévastateur qui l’avait mis hors course. Mon attaque avait touché heureusement, mais il était impossible de savoir quand Hering reprendrait conscience et qu’il reviendrait à la charge.

J’avais voulu accélérer en direction de Hering pour une nouvelle attaque, mais je m’étais arrêté net. Dans le coin de mon écran, j’avais vu un éclair de lumière. Je me tournai dans cette direction pour mieux voir et je me rendis compte qu’une légère barrière de lumière avait enveloppé une partie de l’académie. C’est le pouvoir de Livia !

« Qu’est-ce qui se passe là-bas ? »

Luxon tenta de confirmer la situation, mais son message avait été retardé par l’interférence de l’armure démoniaque.

« Il semble que des émeutes éclatent dans la capitale. Un groupe, soupçonné d’être une bande de pirates de l’air, a envahi l’académie. »

J’avais aspiré une bouffée d’air. « Nous rentrons. Maintenant. »

« Nous ne pouvons pas faire cela. »

J’avais failli voir rouge pendant un instant. Puis j’avais compris à quoi Luxon faisait référence et j’avais reculé d’un bond. Une onde de choc d’énergie électrique fendit l’air à l’endroit où je me trouvais une seconde auparavant.

Une fissure s’était formée à la surface de la combinaison de Hering, mais il parvenait à manœuvrer l’engin sans problème.

« Tu es bien trop solide. »

« Je devrais te dire la même chose », dit-il, bien que sa voix soit étranglée par sa respiration erratique. Mon attaque l’avait beaucoup affecté. « Mais tu utilises cette IA pour commettre des meurtres, alors je n’ai pas d’autre choix que de m’opposer à toi. Pour le bien de Mia. »

« Arrête tes conneries ! » lui avais-je rétorqué. « C’est toi qui tires les ficelles en coulisses. Tu as introduit des fragments d’une armure démoniaque dans ces gens et tu les as fait assassiner d’autres personnes ! »

« Je te demande pardon ? Je n’ai rien fait de tel. »

Alors que nous étions occupés à nous chamailler, une autre voix nous interrompit — celle de Kurosuke. « Partenaire, il y a du grabuge à l’académie ! Un dirigeable est en train d’envahir l’enceinte de l’école ! »

« Qu-Quoi !? » demanda Hering, tout en tenant son épée longue prête à repousser mes attaques potentielles.

« Mia pourrait être en danger ! Il faut se dépêcher ! », prévint Kurosuke.

« Je sais ! Mais je ne suis pas en état de lui tourner le dos. »

Je ne l’avais peut-être pas complètement mis à terre, mais j’avais causé des dégâts considérables. J’inspirai profondément et proposai : « Hé, faisons un marché. Je veux retourner à l’académie aussi vite que possible. »

Hering m’avait regardé fixement, sans donner de réponse immédiate.

« Trêve temporaire ? Tu as clairement quelqu’un que tu veux sauver. Moi aussi. »

Après une courte pause, Hering abaissa finalement son arme. « Très bien. Sache cependant que je ferai ce que je jugerai bon de faire. » Sur ce, il déploya ses ailes et se dirigea vers l’académie.

« Fais-toi plaisir. » Je lui avais emboîté le pas et j’étais retourné vers le campus, mais Luxon avait piqué une crise.

« Maître, es-tu sain d’esprit ? Il est inconcevable de passer un accord avec un armure démoniaque. Ils nous trahiront à coup sûr ! »

« Tu ne sais pas quand arrêter, n’est-ce pas ? Une fois que nous aurons sauvé tout le monde, je serai d’accord avec ce que tu diras. Il suffit de mettre tout en attente pour l’instant. »

Après une courte pause, il déclara à contrecœur : « Très bien. Tu ferais mieux de ne pas oublier ta promesse. »

« Nous savons tous les deux comment est ma mémoire, alors ne retiens pas ton souffle. Maintenant, déploie Schwert. »

J’avais appuyé sur la pédale d’accélérateur et j’étais retourné à toute vitesse vers l’académie. Plus nous nous rapprochions, mieux je pouvais évaluer la situation.

+++

Partie 2

À bord du vaisseau du Saint Royaume, Gabino commençait à transpirer abondamment. Ils avaient beau décharger leurs canons sur le dortoir, la barrière repoussait tous leurs tirs.

« Quelle sorte d’être est capable de déployer une barrière aussi durable ? Un monstre ? »

L’étudiante qui se tenait sur le toit du dortoir, générant à elle seule cette barrière, ressemblait vraiment à une bête en chair et en os pour Gabino. Sa puissance dépassait l’entendement.

Le soldat qui surveillait le Chevalier pourri à l’aide de ses jumelles s’écria soudain : « La cible et une autre armure inconnue approchent à grands pas ! »

« Alors nous n’avons plus le temps. » Gabino ferma les yeux. Après quelques instants de tension pour réaffirmer ses convictions, il rouvrit les yeux et se dirigea vers la sortie du pont. En jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, il ordonna : « Continuez à tirer sur le dortoir ! Je vais préparer le chevalier démoniaque pour qu’il soit déployé. »

« Oui, monsieur ! Compris, monsieur ! »

Gabino observa un instant ses subordonnés se démener pour exécuter ses demandes, puis il tourna les talons et partit. Tout en marchant dans le couloir, il sortit une paire de gants noirs de ses poches et les plaça sur ses mains. Ces gants étaient indispensables pour éviter que les éclats de l’armure démoniaque qu’il toucherait ne le consument. Il ne craignait pas d’être victime de leur influence tant qu’il les avait.

Il y avait une pièce à mi-chemin entre le pont et le hangar du dirigeable. C’est là que Gabino s’arrêta pour frapper à la porte. « Monsieur le chevalier sacré, votre heure d’entrer en scène est arrivée », annonça-t-il respectueusement.

La porte s’entrouvrit. Un jeune homme se tenait là, vêtu de l’habit de chevalier blanc du Saint Royaume de Rachel. Il avait des muscles saillants et toniques et une expression douce et invitante. Ses yeux étaient naturellement étroits, et lorsqu’il vit Gabino, ils se plissèrent en un sourire.

« Ah. Je vois que c’est enfin mon tour de me battre. » Le ton de sa voix était doux et calme, ce qui correspondait parfaitement à son caractère doux.

« Oui. Le temps est venu pour vous de montrer la puissance d’un saint chevalier », répondit Gabino avec la plus grande révérence. « Mes plus humbles excuses pour qu’il ait fallu en arriver là, pour que vous ayez à affronter l’ennemi. »

« Je n’y vois pas d’inconvénient. C’est mon devoir, après tout. D’ailleurs… » Ses yeux bridés s’écarquillèrent et sa voix, par ailleurs douce, se teinta d’une fureur palpable. « Qu’est-il arrivé au chevalier ordure ? L’ennemi de Son Éminence est-il toujours sain et sauf ? »

« Il l’est, » admit Gabino. « Il s’approche de nous en ce moment même. »

Le jeune homme leva son regard vers le plafond et plaça son poing contre sa poitrine. « Je devrais être reconnaissant au ciel de m’avoir donné l’opportunité d’éliminer l’ennemi de Son Éminence. »

En arrivant au hangar, les deux hommes trouvèrent un certain nombre de soldats déjà déguisés en pirates de l’air. Tous les hommes présents s’arrêtèrent pour saluer le saint chevalier. Le jeune homme enleva les couches supérieures de ses vêtements de chevalier et les plia soigneusement avant de les tendre à l’un des soldats.

« Veuillez remettre ceci à Son Éminence. Je vous serais très reconnaissant de l’informer également que je me suis admirablement acquitté de ma tâche. »

Ce jeune homme était gentil avec les soldats et avait une âme modeste. Et pourtant, Gabino avança un fragment de l’armure démoniaque et le lui présenta. « Je l’ai préparé, Sire Saint Chevalier. »

« Alors s’il vous plaît, faites ce que vous avez à faire. » Il ferma les yeux.

Gabino n’hésita pas. Il planta le bord tranchant du fragment de l’armure démoniaque dans la poitrine du jeune homme. Le sang jaillit de la blessure. Les yeux du jeune homme s’ouvrirent et sa mâchoire s’affaissa, faisant jaillir encore plus de sang de ses lèvres. Malgré l’horreur de la scène, son visage reprit peu à peu son expression calme.

« C’est donc l’épreuve à laquelle il faut faire face pour devenir un vrai chevalier sacré ! Ô chevaliers d’Eld, bientôt, moi aussi, je vous rejoindrai en tant que héros — guh ! »

Le sang qui sortait de sa bouche était rejoint par un liquide noir qui dévorait tout son corps. Il se transforma avec une lenteur douloureuse en une armure incrustée de pointes qui finit par ressembler à une armure démoniaque complet. L’aspect le plus unique de cet homme était l’arme qu’il maniait le mieux : une lance avec une lame à trois branches à sa pointe. Il avait l’air très digne, tenant son trident à la main.

Aussi impressionnant que soit le chevalier sacré, le chevalier démoniaque était destiné à devenir un pion jetable. Les soldats le traitaient avec respect et le surnommaient chevalier sacré parce qu’il était prêt à recevoir un fragment de l’armure démoniaque dans son corps, conscient que cela le tuerait. Tous les chevaliers cultivés dans ce but étaient des guerriers exceptionnels. Chacun d’entre eux avait suivi un entraînement spécial pour contrôler correctement le fragment qui serait un jour inséré dans leur corps. Ils étaient des adversaires incomparablement redoutables sur le champ de bataille. Mais une fois le combat terminé, leur vie s’arrêtait. C’est ainsi que fonctionnaient les chevaliers du Saint Royaume de Rachel. C’est cette force de conviction et cette discipline intense qui impressionnent Gabino et les autres soldats.

Les yeux de Gabino brillèrent de larmes devant la transformation complète du jeune homme. « Vous êtes incroyable. La plus belle armure que nous ayons vue ces dernières années. »

« Je suis heureux de l’entendre, mais un homme ne peut s’appeler chevalier saint que s’il remplit son devoir », dit le jeune homme, aussi modeste maintenant qu’il l’était auparavant. « Je vais récupérer la tête du chevalier ordure et l’offrir à Son Éminence en guise de récompense. Maintenant, il est temps pour moi de tenir ma parole. »

« Oui, monsieur. Ouvrez l’écoutille ! » ordonna Gabino en saluant le saint chevalier.

Des ailes de chauve-souris apparurent sur le dos du saint chevalier, qui sauta du hangar et s’élança dans les airs. Les autres soldats l’encouragèrent en criant.

 

☆☆☆

 

Hering était impatient de retourner à l’académie. Une vrille de sang descendit le long de son menton tandis qu’il forçait les ailes dans son dos à le propulser vers l’avant, alors même que son corps tout entier hurlait de résistance.

« Encore un peu, partenaire », dit Brave avec inquiétude.

« Je sais, Kurosuke. »

« Je m’appelle Brave ! Combien de fois dois-je te le dire ? Toi et Mia, vous êtes bien trop méchants avec moi. Kurosuke par-ci, Brave par-là, vous êtes tous les deux horribles ! »

Hering avait trouvé plus facile de l’appeler Kurosuke lors de leur première rencontre, et le nom était resté depuis.

« Sauve Mia et j’envisagerai de t’appeler Brave à la place. »

« C’est vrai. Nous devons la sauver rapidement. »

Ils se rapprochèrent de la barrière de lumière qui entourait l’académie.

« Couvrir autant de terrain avec une barrière est incroyable. S’agit-il d’une nouvelle arme développée par le Royaume ? » se demanda Hering à haute voix.

Il y avait deux façons d’ériger une telle barrière. En général, un humain utilisait sa magie pour en construire une, mais un dispositif pouvait créer des barrières similaires s’il était alimenté par une pierre magique. Cependant, les humains étaient notoirement incapables de maintenir de grandes barrières, et l’utilisation d’un dispositif nécessitait un nombre énorme de pierres magiques. Il était pratiquement impensable d’utiliser un dispositif pour protéger toute l’académie, vu le nombre de pierres magiques nécessaires. Hering resta bouche bée, choqué par le fait que l’académie ait préparé une barrière d’une telle ampleur.

« Tu te trompes, partenaire, » corrigea Brave. « C’est cette fille. Tu vois ? Là, sur le toit. Elle déploie cette barrière toute seule. » Il tourna son regard dans sa direction, agrandissant l’image pour que Hering puisse mieux la voir.

« Tu plaisantes, n’est-ce pas ? Bien que… Je suppose que c’est logique. Cette fille vient du premier jeu. »

« Partenaire, je crains que nous ne devions franchir cette barrière pour accéder à l’académie. »

Ils n’avaient pas d’autre choix que de percer la barrière. Et une fois la barrière percée, tout se briserait.

« Nous devrions lui envoyer une sorte de signal, peut-être lui demander de lever temporairement la barrière pour que nous —. »

À peine les mots étaient-ils sortis de sa bouche qu’une douleur intense lui déchira la poitrine.

« Ou peut-être pas. »

Bon sang, pourquoi mes blessures se manifestent-elles maintenant, à n’importe quel moment ? L’onde de choc d’Arroganz avait considérablement endommagé Hering. Alors que la douleur s’intensifiait, ses ailes faiblissaient, lui faisant perdre de l’altitude.

« Partenaire ! Je le savais. Nous aurions dû les tuer ! »

« Nous n’avons aucune preuve de leurs crimes. »

« Tu es mou ! Trop mou, partenaire ! Cet IA est pourri jusqu’à la moelle, je te le dis. Il n’y a rien qu’il ne puisse faire ! Ce chevalier ordre doit être une crapule sournoise et complice pour que cette chose l’appelle “Maître” ! »

« Je regrette d’avoir agi si imprudemment. » Hering réussit à se mettre à genoux sur le sol. « Si seulement j’avais… » Il tenta de rassembler ses dernières forces pour se remettre debout, mais il fut interrompu. Quelque chose transperça la barrière devant lui. Elle avait tenu bon jusqu’à présent, mais ce qui l’avait traversée avait laissé une fissure immédiate qui avait fracturé la barrière jusqu’à ce qu’elle se dissolve dans le néant.

Hering resta bouche bée un instant, incapable de digérer ce qui venait de se passer. Une armure démoniaque avait atterri devant lui avant qu’il n’ait pu s’orienter.

« Il a pris le contrôle direct d’un fragment d’armure démoniaque », cracha Brave. « Partenaire, nous avons affaire à l’un des chevaliers du Saint Empire. »

Hering serra les dents malgré la douleur en jetant un coup d’œil à l’intrus. « Qu’est-ce que les gens de Rachel font ici ? »

L’autre armure démoniaque planta son trident dans le sol, comme pour l’intimider. « Je ne savais pas qu’un autre chevalier démoniaque était présent ici », dit l’homme. « Et je doute fort que tu sois l’un de nos chevaliers sacrés. Dis-moi, qui es-tu ? »

« Je pourrais te poser la même question. Pourquoi as-tu fait tout ce chemin depuis Rachel ? » répliqua Hering.

L’autre homme semblait mécontent de sa question. Contrairement à Hering, il n’hébergeait qu’un simple éclat d’armure démoniaque dans son corps. Cela avait déjà affecté sa stabilité mentale.

+++

Partie 3

« C’est moi qui pose les questions. De toute façon, ça n’a pas d’importance — je doute que tu puisses te battre avec tes blessures. Seul un chevalier sacré est capable de manier une armure démoniaque. Tu vas devoir disparaître et laisser derrière toi ce qui reste de ton armure démoniaque, j’en ai bien peur. »

Hering laissa échapper un rire sec. « Faux ? Quelle chose insensible à dire. Alors, Kurosuke ? Qu’en penses-tu ? »

« Comment ose-t-il se moquer de nous ? Si mon partenaire était en pleine possession de ses moyens, il t’aurait brisé, ensanglanté et fait boiter avant même que tu ne puisses cligner des yeux ! » Kurosuke était furieux. Un chevalier errant avec un simple fragment d’armure démoniaque avait l’audace de les considérer comme des imposteurs ? Il ne le supporterait pas.

Malgré toute sa bravade, Hering était en effet trop blessé pour se déplacer correctement. Brave avait lui-même subi de nombreux dommages lors de l’escarmouche, et ne pouvait donc pas non plus utiliser tout son potentiel.

Le chevalier saint retira son trident du sol et le dirigea vers Hering. « Je vais prendre ton fragment d’armure démoniaque. »

Il n’y avait pas d’autre choix que d’y aller à fond. Hering s’y résolut, mais avant qu’il ne puisse agir, il fut interrompu par une voix venant d’en haut.

« La victoire appartient aux rapides ! » La voix de Léon retentit autour d’eux. Au même instant, plusieurs minces rayons rouges s’abattirent sur le Saint Chevalier. Ils brûlèrent la couche externe de son armure démoniaque, le forçant à abandonner Hering et à s’envoler vers les cieux.

Une fois dans les airs et en mesure de voir son adversaire, le saint chevalier poussa un cri dérangé. « Chevalier Ordre ! »

Arroganz planait dans les airs, le conteneur dans son dos transformé en ailes. À travers le voile de ténèbres qui recouvrait toujours la ville, la lueur rouge de la visière d’Arroganz paraissait d’autant plus sinistre aux yeux de Hering. Ce qui était encore plus terrifiant, c’était le fait que même après leur combat intense, Léon avait encore beaucoup d’endurance pour cette nouvelle bataille. Ce n’était pas la première fois qu’Hering sentait une sueur froide et rampante de terreur lui parcourir le dos. La présence de Léon le mettait sur les nerfs.

« A-t-il quelque chose d’autre dans sa manche ? »

 

☆☆☆

 

Livia leva les yeux de sa position sur le toit du dortoir pour voir Arroganz. Il était apparu quelques instants après qu’une armure démoniaque ait transpercé sa barrière. Elle plaqua son poing droit sur sa poitrine. La vue d’Arroganz, avec Schwert dans son dos, lui apporta un grand soulagement.

« Monsieur Léon est venu », dit-elle, la voix pleine d’espoir. Intérieurement, elle était immensément déçue d’elle-même. « Il fallait qu’il vienne encore une fois à mon secours. »

Livia avait espéré tenir plus longtemps, mais elle était heureuse que Léon soit arrivé pour la sauver. Heureuse… et pourtant vexée par sa propre impuissance. Elle décida alors de faire encore plus d’efforts à partir de maintenant. Elle remarqua qu’Arroganz jeta un bref coup d’œil dans sa direction avant de se concentrer à nouveau sur l’ennemi.

« C’est maintenant entre tes mains maintenant, Monsieur Léon. »

 

☆☆☆

 

En arrivant à l’académie, j’avais constaté que le nombre d’armures démoniaques ennemies avait doublé. Hering avait un genou à terre. Le nouveau challenger tenait un trident à la main et me maudissait.

« Je suis vraiment célèbre, hein ? »

« Ta notoriété n’a aucune importance, Maître. Annihilons plutôt ces deux armures démoniaques que nous voyons devant nous jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune trace. Mon corps principal est stationné dans les cieux au-dessus de l’académie, prêt et attendant tes ordres. Donne-moi la permission de tirer avec mon canon principal ! » Le bavardage constant et enthousiaste de Luxon était comme une abeille agaçante qui n’arrêtait pas de bourdonner dans mon oreille.

« Es-tu stupide ? Si tu tires avec ton canon principal, tu détruiras toute l’école. »

« Tu proposes donc de les laisser partir ? »

J’avais manœuvré les manettes de contrôle, et une énorme épée était sortie de l’endroit où Schwert était sur mon dos. J’avais saisi la poignée avec ma main droite.

« Pour l’instant, je veux abattre celui qui tient ce trident. » De ma main droite, je tournai ma lame vers lui, puis lui fis signe de la main gauche.

L’armure démoniaque mordit à l’hameçon. Ses ailes se déployèrent et il se propulsa à la même altitude.

« Chevalier ordre, je te ferai expier tes transgressions. Tu offriras ta tête devant Son Éminence ! »

Cette armure était différente de celle de Hering. Elle est plus fine et de couleur violette.

« Super, un autre type d’Armure. Je commence à en avoir vraiment marre de ces noyaux. »

Après avoir terminé son analyse de notre nouvel adversaire, Luxon m’informa : « Il s’agit d’un humain à qui un fragment d’armure démoniaque a été incorporé dans le corps. Je suppose qu’il a été soumis à un entraînement spécialisé ou qu’il possède un talent unique pour être capable de manœuvrer aussi bien sous l’influence de l’armure démoniaque. »

« Oui, je pense que je passerais s’ils m’en offraient la possibilité », avais-je plaisanté.

« Une décision d’une sagesse impressionnante pour une personne comme toi, Maître. »

Notre conversation hargneuse n’avait pas échappé à mon adversaire. Furieux de l’insulte implicite, il m’avait chargé avec son trident.

« Je suis un saint chevalier ! L’un des élus ! Je ne me laisserai pas intimider par des gens aussi malveillants que toi ! »

 

☆☆☆

 

Une jeune fille s’élança vers la forme couchée de Hering, qui reposait toujours sur le sol en dessous de la bataille qui se déroulait actuellement. Marie et les autres avaient tenté de l’arrêter, mais Mia les avait ignorés. Elle se mit à courir dès que la barrière de Livia s’estompa et qu’elle aperçut l’Armure.

Marie avait couru après Mia en criant : « Attends, tu veux bien ? Tu devrais savoir maintenant que ton corps ne supporte pas d’être poussé au-delà de ses limites comme ça ! »

Mia n’avait même pas jeté un coup d’œil par-dessus son épaule. Lorsqu’elle atteignit Hering, elle jeta ses bras autour de son armure et commença à pleurer. « Chevalier ! Comment avez-vous pu être aussi gravement blessé ? »

La voix de Hering se fendit à travers la douleur. « C’est dangereux ici. Repartez. »

« Je ne le ferai pas ! Vous avez dit que vous serez toujours à mes côtés ! »

« Je reviendrai », promit Hering, troublé par son obstination.

Marie avait fini par la rattraper. La brigade des idiots les suivit à la trace, protégeant Erica dans leur course. Lorsqu’ils aperçurent l’armure démoniaque, chacun prépara ses armes.

Greg tenait cette fois un fusil et sauta devant Marie et Erica. « Vous deux, ne vous approchez pas de lui. Nous avons déjà eu affaire à ce genre d’individus à plusieurs reprises lorsqu’ils se sont déchaînés. Vous feriez mieux de vous préparer à courir et à sortir d’ici. »

Marie saisit Erica par la main et l’entraîna avec elle, mettant une certaine distance entre elles deux et l’armure démoniaque de Hering. Même les garçons s’éloignèrent de lui.

Mia se jeta devant Hering, les bras écartés. « Ne dites pas des choses aussi cruelles sur mon chevalier ! »

Hering l’étudia un instant. « Assez, c’est assez. Kurosuke, annule notre transformation. »

« Es-tu sûr de cela, partenaire ? »

« Il serait plus dangereux de s’attarder ici. Nous devons évacuer la zone rapidement. De plus, je doute d’être en état de me battre avant un moment. »

Brave fit ce qu’on lui demandait et se sépara de Hering. L’imposante armure disparut immédiatement, laissant Hering comme un humain normal avec ses vêtements en lambeaux. Des coupures couvraient son corps — sans l’interférence de l’armure, du sang frais en coulait à nouveau. Mia l’entoura de ses bras pour l’aider à se relever.

« Chevalier ! » Des larmes perlèrent au bord de ses yeux.

Hering lui caressa le sommet du crâne et sourit. « Désolé de vous avoir inquiétée. Nous devrions partir d’ici. Ce n’est pas sûr. »

« Vous voulez évacuer ? Alors, venez par ici », déclara Marie en leur faisant signe de suivre.

 

☆☆☆

 

Marie avait prêté son épaule à un Hering blessé pour le soutenir alors qu’elle escortait leur groupe jusqu’à un abri. Il est assez incroyable qu’il ait pu sortir d’une bataille contre le Grand Frère et qu’il soit capable de marcher. Je me demande s’il est aussi fort qu’il le laisse entendre.

La brigade des idiots ne voyait pas d’un bon œil qu’elle assiste un autre homme et elle n’avait pas manqué d’exprimer bruyamment son mécontentement.

« Qu’est-ce qu’il a, ce type ? » grommela Julian.

Jilk plissa les yeux. « Plutôt culotté de sa part d’emprunter son épaule comme ça. »

Les trois autres étaient tout aussi mécontents de la situation. Marie les ignora tous.

Hering fronça les sourcils. « Désolé de devoir agir ainsi avec cette jeune femme, mais le corps de Mia est plutôt fragile. Je ne veux pas me reposer sur elle. »

Erica marchait derrière lui, soutenant Mia.

« Hé, toi », dit Marie d’une voix suffisamment basse pour qu’aucun des autres ne puisse l’entendre, « Quel est exactement ton but ? »

« Mon… but ? » Hering plissa les yeux.

Marie avait senti qu’il avait baissé sa garde. « Si tu essaies quelque chose de problématique, ces cinq garçons se mettront à l’œuvre. Mia est importante pour toi, hein ? »

Hering détourna le regard.

Marie trouva sa réponse un peu étrange. Néanmoins, elle lui assura : « Je ne vais rien faire. Je veux juste savoir pourquoi tu fais ça. Pourquoi es-tu venu au Royaume ? » Elle faisait allusion aux meurtres en série, bien que subtilement. Marie le soupçonnait d’être impliqué, tout comme Léon. Hering n’agissait pas du tout comme elle s’y attendait.

« Je suis là pour Mia. Elle n’a jamais été aussi fragile. Ce royaume détient la seule clé pour la sauver, alors je l’ai suivie jusqu’ici. »

« Bien sûr, mais alors pourquoi s’embêter à faire ces autres choses ? »

« Quelles sont ces “autres choses” ? »

N’ayant d’autre choix que d’être franche, Marie déclara : « Les meurtres en série dans la capitale. Tu y es pour quelque chose, n’est-ce pas ? » Léon lui avait dit à quel point il était suspect que Hering se présente à plusieurs reprises sur les lieux du crime. Si ce n’était pas suffisant pour douter de lui, son utilisation d’une armure démoniaque l’était certainement.

« J’enquêtais juste sur eux. C’est tout. » Il avait l’air choqué par cette accusation.

« Ah oui ? »

La surprise de Marie fut de courte durée. Un bruit sourd retentit derrière elles, indiquant que quelqu’un s’était effondré. Les deux femmes jetèrent un coup d’œil par-dessus leurs épaules et découvrirent Erica affalée sur le sol, incapable de soutenir Mia plus longtemps.

Hering se libéra de l’emprise de Marie et courut vers Mia. Brave se manifesta à ses côtés et lui déclara : « Mia, inspire ça. Lentement, maintenant. » Il émit des particules rouges —

Essence démoniaque — et dès que Mia les inspira, son visage pâle reprit des couleurs.

« Merci, Bravey », déclara-t-elle.

« Je m’appelle Brave, pas Bravey ! Je vais laisser passer cette fois, mais il faut que vous commenciez à m’appeler par mon vrai nom. Allez, je vous en supplie ! »

« Mais Bravey est tellement plus mignon ! » Mia souriait malgré la douleur.

Le visage de Hering se détendit, voyant que le danger est passé.

Ces types sont-ils vraiment méchants ? Marie commençait à douter d’elle-même. Le garçon et son armure démoniaque n’avaient pas l’air méchants.

+++

Partie 4

Erica fut la prochaine à se retourner sous l’effet de la douleur. Elle plaqua une main sur sa bouche, luttant pour respirer. Julian se précipita à ses côtés et lui caressa le dos. « Erica ! Tu n’es toujours pas bien ? »

Erica secoua la tête. « Non, je vais bien… Ce n’était qu’un choc momentané. Je ne suis pas très en forme. Rien de plus, frère aîné. »

« Si tu es sûre. »

Jilk se dirigea vers eux. « Votre Altesse, la bataille au dortoir semble se terminer. Poursuivons-nous notre route vers le palais comme prévu ? »

Julian leva son regard vers le ciel au-dessus d’eux. Le dirigeable ennemi avait épuisé les munitions de ses canons et battait en retraite. « Bonne question. Vu toute l’agitation qui règne à l’extérieur du campus, je pense que nous devrions aller de l’avant et nous rendre à —. »

Alors qu’ils discutaient de leur prochaine destination, Anjie et tout un groupe sortirent du dortoir des filles, Creare en tête. L’IA se mit à crier à tue-tête dès qu’elle aperçut Brave.

« Noooooooonnnn ! Tout le monde, éloignez-vous de cette chose ! »

Tout le monde sursauta au volume de sa voix. Plusieurs robots s’étaient rassemblés dans la zone pour pointer leurs armes sur Brave. Craignant qu’une bataille n’éclate si elle n’intervient pas, Marie se jeta devant Creare.

« Attends ! Nous n’avons pas à nous battre maintenant. »

« Rie ? Oui, je comprends. »

« C’est un grand soulagement, Creare. » Les épaules de Marie s’affaissèrent visiblement tandis que sa tension se dissipait, mais sa joie ne dura pas longtemps. Marie avait sous-estimé la profondeur de la haine des IA pour les armures démoniaques.

« Je comprends… qu’ils t’aient trompé, mais tu n’as pas à t’inquiéter. Je vais te débarrasser de leur mauvaise influence tout de suite ! »

Les yeux des robots brillèrent d’une lueur inquiétante tandis qu’ils préparaient leurs armes.

« Je savais que les IA étaient incorrigibles ! » siffla Brave. Il avait adopté sa propre position de combat. « Il n’y aura pas de terrain d’entente avec eux ! »

« Vous allez arrêter, bande d’idiots ? » Anjie surgit de nulle part et asséna à Creare un coup de crosse de mitraillette.

« Mais euhhh ! J’essayais juste de protéger tout le monde de cet ennemi de l’humanité ! » se lamenta Creare.

« Nous allons nous précipiter sur le palais. Des incendies se sont déclarés dans toute la capitale. » Le choix de la destination d’Anjie s’expliquait par son désir de mieux comprendre la situation actuelle.

Bien que réticente à s’exécuter, Creare le fit, mais avec un avertissement acide. « Mais attendez un peu. Une fois que le Maître sera de retour, je jure que je réduirai cette chose en miettes ! » La lentille bleue au centre de son corps se focalisa sur Brave. Elle n’avait pas renoncé à le détruire.

Anjie soupira. « Vérifie d’abord que tous les élèves sont en sécurité. Tu devrais être capable de faire ça maintenant, non ? »

« Bien sûr que je peux faire ça mu — hm ? Euh, qu’est-ce que c’est ? Oh là là ! » Creare devint silencieuse avant de tourner follement autour de la zone dans une étrange démonstration émotionnelle qui fit froncer les sourcils à tout le monde. Il devait y avoir quelque chose qui clochait, vu la voix tremblante de Creare. « Je ne trouve pas Fin. »

Anjie leva la main pour se protéger les yeux et regarder le ciel. Léon était toujours en train de se battre avec l’armure démoniaque, mettant ainsi une certaine distance entre lui et l’académie.

 

☆☆☆

 

« Il est de mon devoir, en tant que saint chevalier, de vaincre tous les ennemis du Saint Royaume ! »

J’avais engagé l’armure démoniaque armée d’un trident tout en l’incitant à me suivre loin de l’académie. Schwert, actuellement arrimé au dos d’Arroganz, avait émis des lasers guidés l’un après l’autre. Des arcs de lumière traversaient l’air et s’écrasaient sur l’armure démoniaque, brûlant sa surface et rougissant sa couche extérieure violette. Ces attaques avaient fait fondre certaines des défenses de mon adversaire, mais elles n’infligeaient que des dégâts substantiels. Bizarrement, je ne ressentais pas la même détermination que lors de mon affrontement avec Hering.

« Jusqu’à présent, nous avons eu droit au feu, à la glace et à la foudre… Quelle magie symbolise le violet ? Je suppose que c’est le vent ou la terre ? »

J’essayais seulement de prévoir les attaques à longue portée que notre ennemi avait en réserve, mais Luxon avait été irrité par mon attitude. C’était une grande surprise. Il ne manquait jamais une occasion de me critiquer.

« Pourrais-tu envisager de prendre ce combat plus au sérieux, Maître ? »

« C’est ma faute. Un peu épuisé après m’être fait botter le cul par le chevalier de l’Empire, au cas où tu l’aurais oublié. »

« De telles bévues ne se produiraient pas si tu étais plus vigilant. »

« S’il te plaît. Il utilise essentiellement des pouvoirs de triche. Sinon, comment pourrait-il être plus fort que ce vieux chevalier noir ? J’étais sûr qu’il m’aurait achevé plusieurs fois là-bas. »

« Ces échecs répétés sont dus à ton manque d’assiduité dans tes entraînements quotidiens », me rappela consciencieusement Luxon.

« Oui, et je le regrette maintenant. »

« Je n’ai pas les données nécessaires pour une analyse complète, mais je peux confirmer que l’armure démoniaque de Hering est plus performante que celle-ci. Cela dit, l’homme qui la pilote est plus compétent que ne l’était le Chevalier noir. »

« C’est incroyable que j’aie réussi à le battre. C’est de la chance », avais-je dit.

« Une personne qui a de la “chance” ne se retrouverait pas à plusieurs reprises au bord de la mort. »

Notre échange insignifiant était ponctué d’esquives et de louvoiements tandis que j’évitais l’armure démoniaque qui me poursuivait. Je le faisais en tournant le dos à mon adversaire et en accélérant en marche arrière. Une façon certes anormale d’engager le combat, c’est certain. Cela avait rendu mon adversaire fou de rage.

« Veux-tu te moquer de moi, chevalier ordure ? » Sa rage était à son comble. Le nombre d’yeux effrayants et réalistes sur la surface de son armure se multiplia.

« Tu es trop facile à contrarier », avais-je marmonné.

« Il perd de plus en plus le contrôle de ses sens. Il commence à montrer son vrai visage. »

Les mots de Luxon jetèrent de l’huile sur le feu. Alors que la colère de l’armure démoniaque enflait, des veines pulsantes commencèrent à saillir à la surface de son armure.

« Je suis un saint chevalier ! L’épée de son Éminence ! Un héros… de Rachel… » Un torrent tourbillonnant se manifesta à la pointe de son trident et se transforma en une lame tranchante. L’armure démoniaque le déchaîna sur Arroganz.

J’esquivai rapidement les attaques, déçu d’avoir complètement raté mes prédictions. « Quoi, c’est de l’eau cette fois ? C’est complètement à côté de la plaque. »

« Pourquoi insistes-tu pour jouer en plein milieu de la bataille ? Maître, mon analyse est terminée. » Il y eut une courte pause après cette annonce avant qu’il ne poursuive avec le rapport. « Sur le plan des performances, cette armure démoniaque est bien inférieure à celle qui possède un noyau. De plus, le début des attaques magiques est un signe que notre adversaire est en train de perdre le contrôle. Ni l’armure démoniaque ni le pilote ne sont une menace pour nous. »

« Une personne faible face aux provocations, hein ? »

« Nous avons également réussi à l’éloigner suffisamment de la capitale pour que la bataille ne cause aucun dommage à nos environs. »

« Alors je crois qu’il est temps de passer aux choses sérieuses. » J’avais ajusté ma prise sur les commandes, me penchant en avant dans mon siège alors que je lançais les propulseurs de Schwert au maximum, créant une distance supplémentaire entre moi et l’ennemi. Je pointai mon doigt gauche vers l’armure démoniaque, libérant toute la puissance des lasers à tête chercheuse de Schwert. Les faisceaux étaient plus épais que jamais, et ils transpercèrent le blindage de l’ennemi en succession rapide. Ils fondirent jusqu’à l’intérieur de l’armure.

« Gaaaah ! » Le cri de douleur de l’armure démoniaque a traversé l’air. Il a érigé une barrière, mais mes lasers n’ont eu aucun mal à la transpercer.

La lentille rouge de Luxon brillait à l’intérieur du cockpit tandis qu’il évaluait les dégâts. « La résistance est futile. J’ai terminé mon analyse. Ton temps est écoulé. »

« Je dois te remercier de m’avoir suivi docilement jusqu’ici », avais-je dit à mon ennemi.

Alors même que les lasers le grillaient, il agita son trident, invoquant d’autres lances d’eau pour les lâcher sur moi. Arroganz les évita avec facilité, elles étaient trop faibles et trop lentes pour représenter la moindre menace.

« Qu’est-ce que c’est ? », s’exclama l’ennemi, incrédule. Il n’avait pas dû se rendre compte que je l’avais fui exprès.

« Je t’ai fui parce que te faire tourner en bourrique dans l’école ou dans la capitale m’aurait donné du fil à retordre. T’abattre n’aurait pas été une mince affaire, mais…, » j’avais fait une pause, laissant Luxon terminer l’explication.

« Nous souhaitions obtenir d’autres informations de ta part. Malheureusement, ce que nous avons recueilli ne nous sera d’aucune utilité. Tu es la plus faible armure démoniaque que nous ayons affrontée jusqu’à présent. » Luxon n’avait aucun scrupule à piétiner la fierté de cet homme. Il détestait vraiment les armures démoniaques.

Nos moqueries n’avaient fait qu’alimenter l’indignation du pilote, déstabilisant encore plus son état mental. Bien qu’il ait gardé une forme humaine jusqu’à présent, il commença à gonfler de l’intérieur et à prendre une apparence plus monstrueuse.

« Ne vous avisez pas de vous moquer de moi ! »

La forme gonflée de l’armure démoniaque prit bientôt l’allure d’une masse de viande graisseuse. Un énorme œil injecté de sang apparut à sa surface et fixa Arroganz. Un liquide noir en suintait, presque comme des larmes.

« Finissons-en. Je vais t’abattre avec tout ce que j’ai. »

« Cela a effectivement pris plus de temps que je l’avais prévu. »

J’avais chargé l’armure démoniaque et l’avais transpercée de mon épée. Dès que j’avais été à proximité, plusieurs tentacules en étaient sortis pour tenter d’attraper Arroganz. Chaque tentacule fut arraché par les lasers de Schwert. J’appuyai mon pouce sur les boutons situés à l’extrémité des manettes de commande.

« Impact », déclara Luxon.

Chacune des mains d’Arroganz devint rouge, transférant son pouvoir à travers l’épée qu’elle tenait jusqu’à ce qu’elle change de couleur à son tour. Une chaleur brûlante s’en dégagea, provoquant un cri d’agonie de la part de l’armure démoniaque.

« Ça brûûûûûûûûûûûûle ! »

Les cris ressemblaient à ceux d’un enfant qui gémissait. Luxon avait coupé tous les sons après ce cri, laissant le cockpit totalement silencieux. Je pouvais voir ce qui se passait à travers les moniteurs, même sans pouvoir l’entendre.

L’amas charnu avait été projeté en l’air. Il explosa, faisant pleuvoir du sang et des morceaux de chair tout autour de nous. Une fois que j’eus la certitude que l’acte était accompli, je m’étais tourné vers Luxon.

« Pourquoi avoir coupé le son ? Et avais-tu vraiment besoin de le pousser à bout avec cette dernière phrase ? »

La lentille rouge de Luxon me fixa droit dans les yeux. Il répondit sèchement : « J’ai pensé que cela te causerait moins de stress mental s’il n’était pas sous forme humaine lorsque nous l’avons vaincu. Quant à l’audio, il était désagréable et inutile à écouter. Je l’ai éteint par égard pour toi. »

« Je ne comprends pas… ce qui se passe avec toi, » j’avais failli grommeler qu’il prenait un peu trop de libertés, mais son attitude typiquement merdique mise à part, j’avais senti qu’il pensait ce qu’il disait, à savoir qu’il le faisait pour mon bien. « Quoi qu’il en soit, dépêchons-nous de rentrer. »

+++

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Laisser un commentaire