Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Chapitre 5 – Partie 1

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Chapitre 5 : Traître

Partie 1

De retour à l’académie du Royaume de Holfort, Livia et Creare étaient réunies dans la chambre d’Anjie, dans le dortoir des filles. Les trois femmes étaient assises autour d’une table pour confirmer le contenu de la dernière correspondance de Léon. Les cheveux tressés d’Anjie, d’un blond doré, scintillaient sous la lumière. Son expression était d’abord excitée, mais elle s’était vite assombrie à la lecture de la lettre de Léon. Ses yeux rouges, toujours aussi brillants de détermination, fixaient durement le papier qu’elle tenait dans ses mains.

« Les choses sont plus turbulentes que jamais en République. Il n’y a pas si longtemps, ils ont subi un autre scandale, et maintenant on parle d’une rébellion ? » Anjie croisa ses jambes fines et croisa ses bras sous sa poitrine généreuse. Comme le racontait la lettre de Léon, les insurgés de la République prenaient de l’ampleur. C’était une information que même le Royaume ne pouvait négliger.

Livia avait serré ses mains sur ses seins volumineux tout en s’inquiétant de la sécurité de Léon. Ses cheveux soyeux, couleur lin, pendaient comme un rideau autour de son visage et cachaient l’expression qu’elle arborait. « C’est toujours une chose après l’autre. L’année dernière n’a pas été différente. »

Anjie se souvenait bien des événements de l’année passée — et de la série de scandales qui avaient affligé le Royaume — et soupira. Elle savait que s’appesantir sur le passé ne servirait pas à grand-chose, aussi se concentra-t-elle sur les troubles de la République. « Il semblerait que les Six Grandes Maisons ne tiennent pas compte de la menace que représentent ces rebelles, » dit-elle. « Léon pense différemment, mais je doute que cela serve à quelque chose, même si nous lançons un avertissement par les voies diplomatiques. »

Si le Royaume s’enquérait de l’agitation dans la République, ils allaient probablement répondre : « Vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de chaque petit problème. Nous sommes bien conscients de ce qui se passe dans nos propres frontières. » D’ailleurs, Léon ne leur avait pas demandé d’intervenir en son nom, le contenu de sa lettre les inquiétait simplement suffisamment pour qu’elles se sentent poussées à agir.

Livia avait soulevé son menton, ses yeux bleus clairs se remplissant de larmes non versées. « Penses-tu qu’il y aura une autre guerre ? »

« Qui peut le dire ? » Anjie haussa les épaules. Il lui était difficile de porter un quelconque jugement, car elle n’avait pas été présente lors du dernier conflit majeur. « Je n’en ai aucune idée. Mais je pense que je devrais le signaler à Sa Majesté, par précaution. C’est quand même de Léon que nous parlons ! Je suis certaine qu’il s’en sortira… à condition qu’il ne s’implique pas trop, et qu’il garde Luxon avec lui pour s’assurer qu’il revienne sain et sauf. »

Les épaules de Livia avaient fait un bond à la mention de Luxon.

Anjie avait immédiatement pris note de ça et avait froncé les sourcils. « Qu’est-ce qu’il y a ? »

« N-Non, ce n’est rien. »

« Es-tu sûre ? Je m’inquiète aussi pour lui, tu sais, mais Léon est fort. De plus, Luxon est là avec lui, et il empêchera sûrement Léon de faire quelque chose de trop imprudent. »

Creare — un robot de la même ressemblance que Luxon, qui ne différait que par sa couleur blanche et sa lentille oculaire bleue — avait gardé le silence jusqu’à ce moment-là, mais les mots d’Anjie lui avaient déplu au point de le rompre.

« Je n’en suis pas si sûre. Le maître a l’habitude d’être imprudent même si Luxon l’accompagne. Il y a aussi beaucoup plus de raisons de s’inquiéter maintenant qu’avant. »

L’expression de Livia s’était transformée en anxiété. « Veux-tu peut-être parler d’Ideal ? »

« Oh ? Alors il pèse aussi sur votre esprit ? C’est exact. C’est essentiellement le même genre d’entité que Luxon et moi, mais sa présence ici me met mal à l’aise. » Creare avait fait une pause avant de dire : « Mais je doute qu’il veuille se faire des ennemis de nous, alors tout ira bien. »

Anjie avait froncé les sourcils. « Ne nous fais pas peur comme ça. En tout cas, Léon nous a demandé une faveur. Creare, j’aimerais que tu te prépares pour mon voyage imminent au palais. »

« Bien entendu ! C’est enfin mon heure de gloire ! »

« Livia, tu l’aides à sortir… Livia ? » Anjie avait remarqué que l’anxiété de sa compagne n’avait pas diminué.

Creare semblait également préoccupée par la fille. Elle s’était rapprochée de Livia et avait regardé son visage. « Qu’est-ce qui ne va pas ? Ne vous sentez-vous pas très bien ? C’est étrange… Vous sembliez bien ce matin. »

Livia ouvrit lentement la bouche. « Creare, j’aimerais que tu répondes à une question pour moi. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Tu ne voudrais pas… trahir Monsieur Léon, n’est-ce pas ? »

Anjie avait quitté sa chaise et s’était rapprochée de Livia, posant une main sur son épaule. Elle avait clairement du mal à discerner ce qui avait poussé Livia à demander une telle chose. « Qu’est-ce qui te tracasse vraiment, Livia ? »

« Je veux que tout soit dit maintenant. » Livia avait regardé directement Creare. Son visage était déterminé, elle ne se laisserait pas décourager par des réponses timides ou des tentatives de détournement.

« Trahir le maître ? » Creare avait répondu avec nonchalance. « Ce n’est même pas une option pour moi, personnellement, et même si ça l’était, ce serait un défi de taille pour des IA comme nous. Vous n’avez pas à vous inquiéter que l’un de nous le poignarde dans le dos. Nous ne pourrions pas le faire si nous le voulions. »

Si Anjie pensait que Livia serait rassurée par cette réponse, sa question suivante y mit un terme. « Et Lux alors ? Peux-tu jurer qu’il ne trahira jamais Monsieur Léon ? »

« Calme-toi », avait insisté Anjie. Le comportement étrange de Livia était une cause importante d’inquiétude. « Pourquoi es-tu si inquiète ? Parle-moi. » Elle était certaine que Creare donnerait la même réponse une fois de plus. Hélas, la réponse de Creare n’avait pas été immédiate. Il y eut une pause, comme si elle réfléchissait à la meilleure façon de répondre.

« Je ne suis pas Luxon, et il y a beaucoup de choses que je ne sais pas concernant le type de programmation qu’il a — ou peut-être, plus justement, le type d’ordres qu’on lui a donnés. Je ne peux pas vous jurer qu’il ne trahirait pas. Je suppose donc que je dois dire qu’il y a une chance non nulle qu’il puisse trahir le Maître. »

Livia avait baissé son regard. « Merci d’avoir répondu honnêtement. »

Anjie était sous le choc. Entendre le fait que Luxon pourrait trahir Léon l’avait rendue muette.

Creare avait ajouté : « Eh bien, en supposant que rien d’extraordinaire ne se produise, je ne le vois pas changer de camp — mais comme je l’ai dit, c’est en supposant que rien de fou ne se produise. Tant que les deux ne se battent pas, nous n’avons rien à craindre ! »

 

☆☆☆

 

Le Temple de l’Arbre Sacré était situé au cœur de la République d’Alzer. C’était un lieu sacré niché à la base des racines de l’arbre, et c’est là que les dirigeants des six grandes maisons se réunissaient pour débattre de la politique à suivre. Le sujet sur toutes les langues cette fois-ci était les mouvements suspects des jeunes aristocrates et soldats. Le rôle d’Albergue était de présider ces discussions en tant que président.

« Certains d’entre nous complotent une rébellion. La majorité semble être une cabale de jeunes aristocrates possédant des blasons de rang inférieur, bien que beaucoup plus nombreux soient les soldats sans blason. »

Contrairement aux autres nations du monde, les aristocrates de haut rang de la République avaient un avantage écrasant sur leurs collègues en vertu de leurs blasons de haut rang. Dans une bataille entre les deux camps, l’Arbre sacré accorderait le pouvoir aux nobles de haut rang tout en refusant l’appel de leurs inférieurs. Pour cette raison, la plupart des cerveaux à l’origine de ces tentatives de rébellion étaient issus de l’une des six grandes maisons. Ces efforts se soldaient invariablement par un échec, car les conspirateurs devaient faire face à l’écrasante majorité des Grandes Maisons restantes et de leurs alliés.

Les autres dirigeants des Grandes Maisons avaient échangé des regards les uns avec les autres.

« Quelles sont vos pensées ? »

« De jeunes impulsifs ont pris la grosse tête et ont fait un mauvais choix. C’est tout ce que c’est, n’est-ce pas ? »

« Ils peuvent essayer de lever les armes contre nous, mais ils ne pourront pas gagner. »

Les chefs n’avaient pas tenu compte de la menace, étant donné l’avantage écrasant que leur offrait leur position. Ils avaient poursuivi la réunion, parlant avec autant de désinvolture qu’on le ferait en discutant de la météo. Une seule personne parmi eux semblait gravement préoccupée : le chef de la maison Druille, Fernand.

« Ne prenez-vous pas tout cela un peu trop à la légère ? » dit-il. « Nous avons des étudiants du Royaume en échange parmi nous. Pouvez-vous honnêtement prétendre qu’ils ne seront pas impliqués ? »

Dès qu’il avait mentionné le Royaume, les visages des autres dirigeants étaient devenus amers. La raison en était simple : Léon. Depuis qu’il était arrivé dans leur nation en tant qu’étudiant d’échange, il avait semé la pagaille en se battant avec les Grandes Maisons. Les dirigeants qui étaient si mécontents de ses frasques avaient également perdu contre lui en de nombreuses occasions.

Le chef de la maison Barielle, Bellange, grogna : « S’il se joint à eux, ce sera une véritable épine dans le pied. Devrions-nous faire un geste avant que cela n’arrive ? »

Sentant qu’il avait trouvé un soutien, Fernand avait voulu capitaliser et obtenir l’accord des autres chefs. « Oui, je pense que nous devrions immédiatement prendre son dirigeable et son armure sous notre garde. De cette façon, nous pouvons être sûrs que les rebelles n’obtiendront pas d’avantages inutiles en termes de puissance. »

Albergue était habituellement le type à intervenir dans ces occasions, mais il n’était pas celui qui exprimait son désaccord maintenant. Cela venait du leader de la maison Feivel, Lambert. « Allons, cela semble une action extrême à prendre. »

Tous les regards s’étaient tournés vers lui. On ne pouvait pas qualifier cet homme d’intelligent ou de sage, pas même par flatterie. Il était le plus vulgaire et le plus ostentatoire d’entre eux, et s’était déjà querellé avec Léon par le passé, pour finalement subir de dévastatrices pertes. Il était logique qu’il soit le premier à plaider pour la soumission de Léon et de ses compagnons.

Albergue avait trouvé sa position suspecte. « Lord Lambert, voudriez-vous développer votre position ? »

« C’est vraiment simple. Peu importe à quel point ces dissidents de bas rang essaient de s’opposer à nous, ils tomberont devant la puissance de nos Grandes Maisons. »

Il était de notoriété publique au sein de la République que ceux qui détenaient des blasons moins puissants n’avaient aucun espoir de résister à ceux qui détenaient des blasons plus puissants. Lambert, cependant, n’était pas habituellement du genre à employer un raisonnement aussi logique dans ces discussions. Albergue était déstabilisé par sa position inhabituelle, et il n’était pas le seul.

« Il n’a pas tort. »

Lambert avait souri. « Par conséquent, ces insurgés doivent avoir un plan secret dans leur manche, non ? » Il ne montra aucune panique malgré la menace d’une rébellion.

« S’ils ont l’intention de voler les armes du Royaume pour nous combattre, alors nous n’avons aucune raison de nous inquiéter. Pensez-vous vraiment que le Héros du Royaume de Holfort se laisserait si facilement arracher son dirigeable ? »

Fernand se caressa le menton. « Je crois que votre propre maison a déjà réussi à lui voler son dirigeable, non ? »

« Oui, et il a riposté de la manière la plus dévastatrice qui soit. Supposons que les rebelles aient pris un otage pour le forcer à rejoindre leur camp. Ça leur exploserait à la figure, il ne laisserait jamais passer ça. L’un d’entre vous n’est pas d’accord ? »

Il y avait quelque chose de terriblement étrange chez Lambert aujourd’hui, c’était certain, et Albergue n’était pas le seul à le penser. Ses paroles les avaient néanmoins convaincus qu’il n’était pas nécessaire de saisir les armes de Léon.

Fernand était le seul à exprimer son désaccord. « Si les étudiants du programme d’échange ont l’intention de s’opposer à nous, nous manquerons notre chance d’agir si nous restons complaisants maintenant ! »

Lambert haussa les épaules. « Le président semble suffisamment ami avec eux pour que je sois sûr que nous puissions lui demander de garder un œil sur eux. Est-ce que c’est une demande juste à faire, Président ? »

Albergue avait hésité un moment avant d’acquiescer. « Je vais lui parler personnellement. »

« Eh bien, notre discussion est terminée, » dit Lambert, apparemment désireux de passer à un autre sujet. « Passons à d’autres sujets. »

Il était si inhabituellement animé que les autres personnes présentes s’étaient demandé s’il n’était pas une personne totalement différente.

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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