Le Monde dans un Jeu Vidéo Otome est difficile pour la Populace – Tome 7 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Mère et fils

Partie 2

Marie et moi étions les seuls passagers du tramway qui nous ramenait chez nous. L’intérieur du tram était assez bien éclairé, mais il faisait de plus en plus sombre dehors. La nuit tombait déjà sur nous.

Marie était toujours grincheuse parce que Lelia n’avait pas assisté à notre réunion. Elle avait compris que les circonstances étaient indépendantes de la volonté de Lelia, mais cela ne l’empêchait pas d’être ouvertement mécontente. « Comment se fait-il que nous devions recevoir des ordres d’elle, hein !? Ce n’est pas elle qui a fait copain-copain avec Serge au départ ? Nous ne sommes pas ses petits serviteurs ! »

J’avais haussé les épaules. « C’est comme ça que ça se passe. Elle a son image à défendre. Tu comprends ça, hein ? »

« Je veux dire, je le comprends, mais… »

Le statut social n’était pas quelque chose à sous-estimer. Bien sûr, la fiction s’en moquait souvent, mais c’était un élément essentiel de la réalité. Peut-être pas tant pour la star de la série, mais pour les personnages de second plan comme nous ? Nous ne pouvions pas vivre nos vies sans tenir compte de la hiérarchie. Le Japon n’était pas différent avec ses classes sociales, mais ce monde était à des lieues derrière le Japon dans un sens culturel. Le statut était encore plus important ici.

« Alors ça ne te fait pas chier ? » demanda Marie.

« Bien sûr que oui, mais je suis plus mature que toi, alors je ne le laisse pas paraître. Bref, Luxon, c’est un peu bizarre que tu cherches Serge depuis tout ce temps et que tu ne l’aies pas trouvé. C’est quoi le problème ? »

Luxon et Ideal étaient censés le rechercher, mais le temps avait passé depuis le début du troisième trimestre, et ils n’avaient trouvé aucune trace de Serge. Luxon se camoufla en répondant : « Soit il a déjà fui le pays, soit il se cache quelque part sans qu’on le remarque. »

Ce serait très embêtant si Serge avait quitté les frontières de la République, mais même si ce n’était pas le cas, il était troublant qu’il ait échappé à la vigilance d’Ideal et de Luxon. Serge était un peu un enfant sauvage dans le jeu. Il admirait les aventuriers et rêvait d’en être un lui-même. Peut-être que le décrire comme un « enfant sauvage » le rendait attachant, mais ne vous méprenez pas. De la façon dont je l’avais vu, il était une personnalité violente et déséquilibrée.

Marie s’était réveillée, intriguée par notre échange. « De quoi parlez-vous ? »

« À propos de Serge. Tu sais, je pourrais comprendre si Monsieur Albergue était un être humain terrible et que cela avait rendu Serge si tordu, mais je connais cette personne. Il a l’air d’être un type bien. »

« Aussi discutables que soient tes critères, je suis d’accord. C’est bizarre. Serge me semble bien trop hostile. Et autre chose ! Il était si fort en combat dans le jeu, mais quelqu’un comme toi arrive et le met à terre d’un seul coup de poing ? C’est très désagréable. »

« Hé, attends. Quelle piètre opinion as-tu de moi, hein ? J’aimerais te rappeler que j’étais le fils d’une pauvre maison noble. Sais-tu à quel point j’ai dû me battre pour arriver là où je suis ? »

Ça n’en avait peut-être pas l’air, mais j’avais versé mon sang, ma sueur et mes larmes pour rester à flot à l’académie. Il y avait des événements pratiquement tous les jours, et les gars comme moi devaient envoyer aux filles un flot constant de cadeaux. Nous, pauvres garçons nobles, étions obligés de faire des explorations dans les donjons pour trouver assez d’argent pour nous les offrir : Plus on s’aventurait loin dans un donjon, plus il était dangereux et plus on pouvait se remplir les poches de pièces. Nous devions faire équipe pour pouvoir nous y rendre en toute sécurité et encaisser l’argent. Et tout ça pour quoi ? Le mariage ! Ce n’était pas une blague de dire que j’avais littéralement versé du sang pour accomplir mon devoir. J’avais envie de pleurer rien qu’en y pensant.

« Mais les filles ont vendu tous ces cadeaux à des prêteurs sur gage », avait déclaré Marie.

« Oui, je suis bien conscient. J’ai versé beaucoup de larmes avec mes amis sur le fait. Ce que je veux dire, c’est que contrairement à Serge, je ne suis pas parti à l’aventure pour m’amuser ! » C’était tout le contraire, en fait. Je l’avais fait pour maintenir mon statut et me marier ! C’est une raison assez pathétique, maintenant que j’y pense.

Marie semblait ennuyée par mon petit discours. Elle était plus préoccupée par la pitié qu’elle éprouvait pour Serge. « C’était un peu cruel de ta part de l’assommer d’un seul coup comme ça, tu ne trouves pas ? Les hommes sont si pénibles quand leur fierté est brisée. Parce que c’est tout ce qu’ils ont — leur fierté. »

« Tu n’as pas à parler des hommes comme ça », avais-je grommelé.

« Oh ? Je pense que j’en sais beaucoup plus sur eux que toi. La plupart des hommes mettent toute leur fierté dans des choses stupides. Cela les rend faciles à manipuler. »

Tu as oublié la partie où tu t’es fait avoir par un de ces hommes, n’est-ce pas ? Je n’avais pas pu m’empêcher de rire en pensant à l’ironie de tout ça.

Mon humour avait semblé irriter Marie, qui m’avait lancé un regard noir. « As-tu quelque chose à dire ? »

« Pas vraiment. C’était incroyablement instructif, c’est tout — se faire instruire par une femme si sûre de sa connaissance des hommes. Une femme qui s’est mise dans une situation désastreuse à cause d’un homme, rien que ça. »

« Tu sais exactement comment me contrarier, espèce de gros lâche sans envergure ! »

« Continue et je te coupe les vivres », avais-je menacé. C’était mon dernier recours pour m’esquiver de ce qui aurait pu être une querelle ennuyeuse.

Marie s’effondra sur le sol, se prosternant. « Oh, sage et courageux frère aîné ! Je t’en prie, je t’en supplie, ne me coupe pas les vivres ! Je ne peux pas sérieusement vivre sans ton aide. Les cinq crétins mis à part, je ne pouvais pas supporter de laisser Kyle et Carla en plan. Je t’en supplie, Grand Frère ! Aide-moi ! »

J’avais la fâcheuse habitude d’ignorer les appels à l’aide. La souffrance de Marie ne m’empêcherait guère de dormir la nuit, mais je voulais éviter de causer des ennuis à Kyle et Carla. Et pour les cinq crétins ? Ils étaient comme des cafards. Ils trouveraient un moyen de s’en sortir même si je les laissais mourir.

« Content de voir que tu comprends ta place », avais-je dit avec un petit rire noir.

Marie grogna dans son souffle. Ce retournement de situation l’avait laissée vexée.

Après avoir assisté à notre échange, Luxon avait fait une de ses blagues habituelles. « Je vois que ton faible pour Marie n’a pas changé du tout, Maître. »

« J’essaie d’être gentil avec tout le monde, à peu près. »

« Je ne suis pas sûr que ce soit considéré comme “gentil” de continuer à frapper un ennemi vaincu jusqu’à ce que sa fierté soit en lambeaux. Serge t’en veut pour cela, sans doute, » dit Luxon.

« Hé, en ce qui me concerne, c’est sa faute s’il a perdu. »

« Des mots impressionnants pour quelqu’un qui a emprunté mon pouvoir pour gagner. Ne trouves-tu pas ça sournois ? »

J’avais secoué la tête. « Pas le moins du monde. D’ailleurs, je crois me souvenir que quelqu’un m’a déjà dit quelque chose… comme quoi être sournois est un compliment. »

« Je suis sûr que d’autres personnes seraient révoltées d’entendre ça, surtout si c’est toi qui le dis. »

« Haha ! Même si je suis une personne si gentille !? »

Marie avait fait une grimace, comme pour dire : « Quel genre d’absurdités débites-tu en ce moment ? ». J’avais choisi de l’ignorer.

Le tram s’était finalement arrêté à la station proche du domaine, et nous étions descendus.

 

☆☆☆

 

Marie vivait dans une somptueuse propriété, ici en République. J’avais dormi là-bas avec elle, principalement parce qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant la fin de notre séjour, mais aussi parce que garder une résidence séparée était un peu difficile de nos jours.

Au moment où nous étions entrés dans le manoir, Mlle Yumeria s’était précipitée vers moi en toute hâte. « Bienvenue à la maison, Monsieur Léon — aaah ! » Elle était tellement pressée qu’elle avait trébuché et s’était écrasée sur le sol, envoyant ses deux jambes en l’air. Cela avait l’air plutôt douloureux.

« Vas-tu bien ? » avais-je demandé, inquiet.

Ses joues avaient rougi. Elle avait baissé la tête, les yeux embués, et avait lâché : « Je vais bi… en. »

Mlle Yumeria, qui avait faussé son énonciation avec toute la grâce adorable de sa chute, était une petite femme elfe à la poitrine généreuse. Elle avait l’air assez jeune de l’extérieur, pratiquement le même âge que nous, mais elle avait déjà un enfant à elle. Ses yeux étaient d’une douce couleur ambrée, et ses longues oreilles pointues perçaient le rideau de cheveux verts raides qui encadrait son visage. Malgré sa maladresse, c’était une fille… euh, une femme attachante et belle.

« Il n’y a pas besoin de se précipiter comme ça », l’avais-je rassurée.

Elle avait souri avec reconnaissance. À côté de moi, Marie s’était moquée : « Hmph ! Tu es bien trop gentil et chaleureux avec elle, hein ? » Elle n’avait pas cherché à cacher son mécontentement.

Qu’est-ce qu’il y a de mal à être agréable et chaleureux ?

Le vacarme à l’entrée avait attiré l’attention de notre autre femme de chambre, une qu’Angie avait spécialement envoyée ici depuis le domaine de son père : Miss Cordelia. Ses yeux étaient perpétuellement en train de tout juger derrière ses lunettes, mais c’était aussi une beauté.

« Bienvenue, Comte, » salua Miss Cordelia.

« C’est bon d’être de retour. »

Elle était très professionnelle, contrairement à Mlle Yumeria, et aussi plutôt froide. Elle n’avait pas la meilleure opinion de moi, j’avais donc supposé que sa froideur était liée à cela.

Marie avait glissé de son manteau et avait redressé son cou, balayant la zone. « Hein ? Où est Kyle ? » Le beau garçon demi-elfe devait normalement nous accueillir avec les autres, son absence était donc curieuse.

Mlle Yumeria avait pressé ses mains sur le bout de son nez meurtri en répondant : « Si vous le cherchez, je crois qu’il est dans l’entrepôt derrière. »

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Claramiel

Bonjour, Alors que dire sur moi, Je suis Clarisse.

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