Le manuel du prince génial pour sortir une nation de l’endettement – Tome 5 – Chapitre 1 – Partie 2

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Chapitre 1 : Hé, que diriez-vous de nourrir mon énorme ego ?

Partie 2

Il y avait alors eu un moment de silence.

« … Ninym. »

« Oui ? »

« Tu sais, il y a un goût amer dans la défaite… »

« C’était facile. » Ninym soupira d’exaspération. « Alors, que vas-tu faire ? »

« AAAAAAH ! » il avait crié à l’agonie. « Aaah ! Bon sang ! Qu’est-ce que je suis censé faire avec Marden !? »

« C’est une question délicate…, » elle avait un regard inquiet alors que Wein se tenait la tête.

Qui bénéficierait le plus d’une expansion économique à Natra ?

Marden, bien sûr. Parmi les trois menaces, son territoire offrait un lieu où les gens pouvaient se rassembler et faire des affaires.

Comme Marden faisait partie de leur royaume, toute augmentation de son économie était répercutée sur Natra. Cela signifie que tout va bien… sauf que ce n’est pas comme ça que les choses fonctionnaient dans un système féodal.

« Si nous pouvons maintenir cet essor, il ne faudra même pas dix ans avant que Marden dépasse la famille Arbalest. »

Oups, avait pensé Wein, en fronçant les sourcils.

Dans un État féodal composé de nombreux seigneurs, il était nécessaire de maintenir le pouvoir national pour rester au sommet. Cela impliquait la capacité de mobiliser des soldats — et à cette époque, la puissance militaire était primordiale.

C’est-à-dire que tout leader sans pouvoir national serait considéré comme faible. Sans le soutien du peuple, les autres seigneurs prendraient leurs distances.

« Bien sûr, » continua Ninym, « C’est un grand “si”. De façon réaliste, j’imagine que nous devrons faire face à une certaine forme d’interférence et de sabotage. »

« Mais disons que rien ne change. Dans dix ans, Marden ne nous écoutera plus… Je suppose que nous ferions mieux de faire quelque chose à ce sujet. »

Dans l’histoire, il y avait certainement eu des rois qui avaient conservé le contrôle grâce à leur popularité et leur charisme, bien qu’ils aient eu moins de pouvoir que leurs seigneurs. Cependant, il s’agissait d’exceptions.

« Ce serait bien si nous n’avions à gérer que l’insubordination. Je veux dire, ils étaient dans un royaume, et maintenant ils sont sous notre coupe. Ils vont tous être un peu têtus, y compris les citoyens et Zenovia. »

Zenovia était le seigneur responsable de Marden. En tant qu’ancienne princesse de la famille royale, elle avait été nommée marquise après avoir juré de sa vassalité à Natra.

« Crois-tu qu’elle va nous trahir, Wein ? »

Par le passé, elle avait caché son identité lorsqu’elle accompagnait Wein dans son voyage vers Cavarin. Il avait été témoin de sa sincérité de première main, mais…

« C’est possible, » avait-il répondu en hochant la tête. « Zenovia et Marden sont liés par la hanche. Si c’est pour son ancienne nation, elle n’hésitera pas à lancer des attaques sournoises ou à nous poignarder dans le dos. »

« C’est vrai. Je veux dire, son allégeance était essentiellement une attaque sournoise. »

« Tu vois ? Et dans le domaine de la politique, ses vassaux pourraient lui mettre la pression. Si c’était moi, je prévoirais de m’en séparer dès que possible. C’est juste un feu qui attend de s’allumer. »

Marden était un nouveau venu à Natra avec assez d’influence pour donner du fil à retordre à la famille Arbalest. Beaucoup de seigneurs du royaume de Wein se méfiaient de ce territoire.

Pour les espions étrangers, c’était une opportunité en or. Il était presque trop facile de semer la discorde entre Marden et la vieille garde de Natra, de les amener à s’attaquer l’un à l’autre, puis d’entrer en action une fois les deux camps épuisés.

Que pouvaient-ils faire ?

« Le cœur du problème vient des régions environnantes. Elles ne parviennent pas à suivre la croissance rapide de Marden, ce qui fait craindre que ce fossé économique ne cesse de se creuser, » expliqua Wein. « En d’autres termes, si nous nous développons tous au même rythme, nous serons en mesure de maîtriser la situation. »

« C’est logique. Mais comment vas-tu t’y prendre ? »

« C’est drôle que tu demandes ça. » Wein renâcla. « Je n’ai rien ! »

Ninym s’était massé les tempes.

« Que voulais-tu que je fasse ? Si j’avais une formule magique pour tout résoudre, je l’aurais déjà utilisée ! »

Il avait raison, mais elle fronçait quand même les sourcils. « … Mais sans elle, notre avenir est sombre. »

« Je sais ! Argh ! Je voulais savourer ce moment ! Pourquoi les problèmes ne peuvent-ils pas attendre un peu ? Tu sais ce que c’est ! » gémit Wein. « Rrrrgh ! »

Ninym le regarda du coin de l’œil, réfléchissant à voix haute.

« Voyons voir… Et si tu ralentissais leur essor et limitais les affaires étrangères pour freiner la croissance de Marden ? »

Cela ralentirait leur développement et comblerait efficacement l’écart, mais…

« Pas question ! »

« Je le savais. »

Cela pourrait étouffer un problème dans l’œuf, mais au prix de leur succès actuel.

« Dans ce cas, nous pourrions trouver des partenaires commerciaux en dehors de Marden. »

Ninym avait raison. S’ils pouvaient profiter d’autres clients, cela empêcherait Marden d’être la seule région à se développer à un rythme effréné.

« La question est : qui ? Avons-nous même quelqu’un qui serait intéressé à faire des affaires avec nous ? »

« Ouais…, » gémit Ninym en croisant les bras. Wein lui emboîta le pas.

Quelqu’un frappa à la porte. Un fonctionnaire entra après ça.

« Pardonnez-moi, Votre Altesse. Un émissaire est arrivé du royaume de Soljest. »

« De Soljest ? »

Wein et Ninym avaient échangé un regard. Soljest était l’une des nations qui bordaient Marden. Leur roi, Gruyère, était l’une des Saintes Élites.

« Oui. Que dois-je faire ? »

« … Dites-leur que j’arrive. Montrez-leur la salle de réception. »

« Compris. » Le fonctionnaire avait battu en retraite.

Ninym avait penché la tête sur le côté. « Soljest, hein… Peut-être que le roi Gruyère a quelque chose d’important dont il veut discuter ? Hé, Wein… Wein ? »

Elle s’était tournée vers lui quand il n’avait pas répondu. Son large sourire se reflétait dans ses pupilles rouges.

« — J’ai un plan. »

 

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Tholituke. Ancienne capitale du royaume de Marden. Capitale actuelle du marquisat de Marden.

Le palais d’Elythro avait autrefois abrité la royauté. Il servait désormais d’installation administrative après avoir subi d’importantes rénovations.

Il reflétait les goûts criards du roi Fyshtarre et était connu pour ne servir à rien. Il avait presque entièrement brûlé lorsque Cavarin l’avait attaqué.

Même s’il s’agissait d’un édifice peu pratique, il était toujours considéré comme un symbole de la capitale royale. Une fois que le peuple avait récupéré les terres de Cavarin, il avait fait des plans pour le reconstruire en tant que bâtiment administratif, en s’assurant qu’il correspondait au budget et en donnant la priorité à la fonctionnalité.

Un homme s’était précipité dans le nouveau couloir.

Connu sous le nom de Jiva, il était nettement rond, servant à l’origine comme diplomate du royaume de Marden. Il avait rejoint l’armée de libération après la chute de la capitale, et son patriotisme et sa nature honnête avaient gagné la confiance de Zenovia. La capitale étant à nouveau entre leurs mains, il était désormais son bras droit.

Jiva était arrivé à l’un des bureaux du palais. Il avait repris son souffle un moment avant de frapper à la porte. Quelqu’un avait gémi à l’intérieur.

« Je le savais… »

Avec une expression troublée, il avait ouvert la porte, mais il s’était arrêté avant d’entrer. Une pile de papiers était tombée devant ses pieds.

Lorsqu’il avait levé les yeux, il s’était rendu compte que le sol entier était jonché de documents et d’autres matériels d’écriture. En fait, il n’y avait nulle part où se tenir. Il commença à ramasser les papiers à ses pieds, jetant un coup d’œil au bureau situé plus loin dans la pièce.

Il y avait quelqu’un, comme prévu, qui plantait son visage sur sa surface.

« Lady Zenovia, réveillez-vous, s’il vous plaît. Lady Zenovia… ! »

« Nngh... »

Se réveillant à son appel, une jeune femme s’était lentement détachée du bureau. Ses cheveux étaient ébouriffés par le sommeil. Les rides des papiers marquaient son visage.

Elle était le maître du palais, ancienne princesse de Marden, et actuelle marquise de Natra.

Zenovia.

« Oh… bonjour, Jiva. Est-ce déjà le matin ? » Elle le regarda à travers des yeux endormis.

« Bonjour ? Pas le temps pour les bonjours… ! » réprimanda Jiva. « Avez-vous encore passé une nuit blanche à lire des documents ? Je crois que je vous ai demandé de dormir dans votre chambre. »

 

 

« Oui, mais… il y a une section qui me dérangeait… »

« Combien de fois allez-vous utiliser cette excuse ? Et vos cheveux… C’est quelque chose. »

Jiva avait l’air exaspéré et il avait fait signe à d’autres personnes de passer la porte. Les dames d’honneur avaient commencé à affluer dans la pièce.

« Faites couler un bain pour Lady Zenovia. »

« Compris. »

« Ah, mais je suis encore en train de lire les rapports d’hier. »

« Pas de “mais”. Vous avez une réunion aujourd’hui, et cela nécessite que vous vous habilliez. Que vont penser vos vassaux si vous vous présentez devant eux dans votre état actuel ? »

Les dames d’honneur avaient commencé à traîner Zenovia jusqu’à son bain alors qu’elle se faisait gronder par Jiva.

Il avait soupiré.

Une troisième personne s’était aventurée à faire un commentaire.

« — J’ai pris l’habitude de voir Lady Zenovia se faire emmener ainsi. »

L’orateur était un homme dans la force de l’âge. Au vu de son corps musclé et de ses vêtements, il n’avait pas fallu plus d’un regard pour comprendre qu’il s’agissait d’un militaire.

« Borgen, êtes-vous ici pour remettre vos rapports habituels à Lady Zenovia ? »

« Ouais. Mauvais timing, on dirait. Ha ha ha. »

« Il n’y a pas de quoi rire, Borgen, » dit Jiva à l’homme en secouant la tête. « Elle est en train de détruire son corps. De plus, il ne faut pas oublier qu’elle a été forcée à cette position parce que nous n’avons pas les compétences nécessaires pour la soutenir. »

« Ngh, vous avez raison. C’est ma faute, » répondit Borgen en inclinant la tête.

C’était l’un des généraux qui avaient servi Marden quand elle était encore un royaume.

Borgen et Jiva se connaissaient depuis longtemps, et on disait que ses talents d’archer étaient les meilleurs du territoire. Les soldats le vénéraient comme un homme avec une grande bravoure et honneur, mais c’est aussi pour cela qu’il ne s’était jamais entendu avec le roi Fyshtarre, ce qui lui avait valu un poste qui laissait beaucoup à désirer.

Après la chute de la capitale, Borgen avait rejoint l’armée de libération dirigée par Zenovia à la demande de Jiva. En tant que commandant militaire avec une réelle expérience, il servait actuellement aux côtés de Jiva comme l’un des principaux dirigeants du territoire.

« De toute façon, Marden ne durera pas dans son état actuel sans elle pour nous diriger. J’aimerais qu’elle puisse se concentrer sur l’étude des affaires gouvernementales, mais… »

« Le roi Fyshtarre fuyait ça autant que moi… »

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3 commentaires :

  1. merci pour le chapitre

  2. Merci pour le chapitre.

  3. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le travail. Il faut ouvrir l’équivalent de l’ENA dans ce royaume pour avoir des fonctionnaires compétents !

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