Le manuel du prince génial pour sortir une nation de l’endettement – Tome 2 – Chapitre 5

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Chapitre 5 : Un conflit d’opinions

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Chapitre 5 : Un conflit d’opinions

Partie 1

Grinahae Antgadull considérait sa position de marquis impérial au service de l’Empire Earthworld comme totalement involontaire.

Mon père a été pathétique… Il a joué son rôle de sage, oubliant son orgueil de roi et abandonnant son propre trône !

Grinahae était un descendant direct de la famille royale, destiné à être roi. Et pourtant, son prédécesseur — l’ancien roi d’Antgadull — avait offert le vasselage à l’empire et consigné sa lignée au rang humiliant de marquis.

Et qu’est-ce que cela nous a apporté ? L’empire a volé la moitié de nos terres. Les nations alliées nous voient comme des traîtres. La noblesse impériale nous snobe en tant que nouveaux venus. Il s’agit d’un rôle de titulaire qui n’a pas son mot à dire dans la politique impériale.

C’était les graines que son père avait semées. Et Grinahae avait été laissé en train de nettoyer ce désordre absurde — Grinahae, la personne qui aurait dû, de plein droit, être en ligne pour être le prochain roi d’Antgadull.

S’il était resté dans l’alliance et qu’il avait écrasé l’empire, Antgadull aurait fait encore plus de progrès sous mon règne.

C’était la théorie préférée de Grinahae sur le sujet.

— Mais les enfants avaient tendance à ne pas comprendre les intentions de leurs parents.

Le roi Antgadull avait vu clair dans le fait que son enfant n’avait pas la sagesse requise d’un souverain. Il savait aussi qu’avec la chute de l’empire, le continent oriental allait entrer dans une ère de seigneurs de guerre rivaux, et qu’Antgadull finirait inévitablement avec le règne de son fils.

En vérité, Grinahae ne faisait pas un travail remarquable pour diriger le pays, même s’il n’avait été laissé à la tête que de la moitié de la zone administrée par ses prédécesseurs. Les terres étaient tombées en ruine, et le cœur de son peuple s’éloignait de plus en plus.

C’est pourquoi le roi d’Antgadull avait trahi l’alliance et s’était rangé du côté de l’empire. Il avait mis fin au royaume d’Antgadull et lui avait permis de devenir un nom souillé dans l’histoire du continent — tout cela pour que son fils ait une chance de s’en sortir.

Après que sa nation soit devenue un vassal de l’empire, le roi avait fait en sorte qu’ils restent en dehors de la politique impériale. Il savait que son fils serait dévoré vivant si jamais le garçon pénétrait dans la tanière des voleurs du palais, alors il avait pris des mesures pour le tenir à distance.

Mais Grinahae n’avait pas fait attention. Ce qui n’était pas surprenant. S’il avait été le genre de personne à arriver à cette réalisation par lui-même, le roi d’Antgadull n’aurait en premier lieu pris aucune de ces décisions.

Puis, plus tôt cet été-là, une occasion s’était présentée à lui.

« Seigneur Grinahae, j’ai de bonnes nouvelles pour vous…, » avait dit un homme nommé Owl.

Ils avaient été présentés l’un à l’autre par un vassal. Il avait d’abord prétendu être un marchand, mais après des rencontres répétées, il s’était révélé être lui aussi originaire d’une nation ruinée. Owl lui avait dit que l’ancienne alliance avait parlé de se soulever à nouveau contre l’empire.

Grinahae avait immédiatement bondi sur ça. Le royaume d’Antgadull pourrait être restauré dans sa gloire d’antan, et alors, tout serait bien pour une fois. Ce serait son heure de gloire. Il y croyait avec la plus grande sincérité.

Et puis il avait déclaré son soutien à l’un des Princes impériaux comme conseillé par Owl sans poser de question. Il avait commencé à rassembler des armes sous prétexte de préparer une guerre civile. Si l’influence d’Antgadull dans l’État de Gairan avait été très forte par le passé, elle l’était encore aujourd’hui. Il avait rassemblé de plus en plus d’armes et de soldats. Tout se passait bien — ou du moins c’est ce qu’il semblerait.

Mais c’était là que ses mauvaises habitudes avaient fait leur apparition.

— Est-ce que ça va vraiment marcher ?

On disait de Grinahae qu’il était un homme qui avait hérité de l’apparence et des ambitions de son père, mais pas de son courage ni de son ingéniosité. Ces jours-ci, il n’avait pas tenté de cacher ses critiques à l’égard de son prédécesseur. Mais du vivant de son père, il n’avait pas une seule fois objecté à l’une de ses opinions. Antgadull le jeune était un lâche.

Cela signifiait qu’il n’y avait aucune chance qu’il puisse se joindre à ce plan trop zélé et garder la tête froide. Dans ses accès d’anxiété, Grinahae avait constamment demandé à Owl de lui raconter les détails et les probabilités de succès, essayant de soulager son esprit endiablé. Mais Owl avait toujours évité ses questions, invoquant la nécessité d’un secret absolu. Cela avait rendu Grinahae encore plus nerveux, augmentant ses soupçons.

Il voulait une sorte de garantie — une carte dans sa manche qu’il pourrait utiliser pour se défendre si quelque chose arrivait. C’était normal que Grinahae pense de cette façon. Cela faisait partie de ses dispositions.

Quand la nouvelle était arrivée que la princesse impériale Lowellmina allait visiter le pays voisin de Natra, il n’aurait pas pu demander un meilleur minutage. Elle avait une revendication au trône, sa suite était faible, Natra venait de combattre Marden pratiquement l’autre jour, leurs soldats devaient être épuisés. La princesse serait en sa possession au milieu de l’hiver, et la neige abondante empêcherait les troupes impériales d’avancer. Une fois le printemps venu, leur rébellion commencerait.

C’était une situation parfaite. Il aurait pu appeler ça la volonté divine.

Comme il avait préparé la révolte, il pouvait immédiatement envoyer des soldats. Tout ce qui restait à faire était de partir pour Natra sous son commandement.

Mais toutes ses activités s’étaient arrêtées — quand une lettre de Natra s’était retrouvée entre ses mains.

☆☆☆

Dans une pièce de son manoir, Grinahae regardait la personne en face de lui et n’essaya pas de cacher sa mine renfrognée.

« Conformément à votre demande, voici les noms de ceux qui participent à notre plan, mon seigneur… »

Sa connaissance, Owl, était assis en face de lui avec une expression de révérence. Grinahae ne savait pas si c’était son vrai nom ou non, non pas qu’il s’y intéressait particulièrement. Il était plus important que cet homme soit son lien avec le soulèvement.

« Comme vous pouvez le voir, chaque personne sur cette liste est digne de se tenir à vos côtés. Je vous laisse ceci uniquement parce que j’ai une foi extrême en votre sagesse et votre perspicacité. Pour atteindre notre objectif, nous devons tous faire preuve de prudence et de discipline. Je vous demande de vous abstenir de tout mouvement imprudent…, » déclara Owl.

« Vous n’avez pas à me le dire ! Je le sais ! » Grinahae avait fait du tapage, élevant la voix alors qu’il claquait les documents sur le bureau.

Grinahae avait harcelé Owl pour obtenir des informations sur les membres de leur plan, et jusqu’à ce moment précis, et Owl n’avait fait aucun geste qui suggérait qu’il serait obligé.

Mais tout cela avait changé une fois que Grinahae avait commencé à organiser ses soldats.

Bien sûr, Owl avait été agité lorsqu’il avait réalisé que la cible était la princesse impériale Lowellmina, qui résidait actuellement à Natra. Grinahae était confiant dans son succès, mais ce résultat n’avait pas d’importance. Owl y voyait un geste qui mettrait en péril leurs plans de révolte, c’est pourquoi il avait cherché à s’attirer des faveurs en fournissant le document portant sa signature. Mais même Grinahae ne pouvait pas s’empêcher de s’irriter à cause de ce changement évident.

Sans parler du fait qu’il était maintenant confronté à un problème encore plus important.

« Assez ! Allez ! Je vais m’assurer que les soldats restent sur le territoire ! » déclara Grinahae.

« … Compris. » Owl traîna ses pieds hors de la pièce, alourdi par son mécontentement.

Mais Grinahae avait vite oublié son insolence. De plus, il n’avait jeté qu’un regard superficiel sur les documents qu’il avait désespérément voulu obtenir avant de les jeter. Au lieu de cela, il avait sorti une seule lettre.

En vérité, celle-là même qu’il avait reçue du prince héritier du royaume de Natra.

Le contenu était simple : un aristocrate souhaitait visiter le manoir du marquis Antgadull après leur séjour à Natra.

De penser que je recevrais de telles nouvelles…

On pourrait évidemment penser qu’il s’agit de la princesse impériale Lowellmina.

Mais il avait quelques questions : pourquoi la princesse voulait-elle visiter Antgadull ? Et pourquoi est-elle passée par le prince héritier pour le contacter ? Il n’y avait pas de réponses claires.

Mais en scrutant la lettre suffisamment pour la percer, il avait lu entre les lignes que c’était de la propre volonté de la princesse Lowellmina, et qu’elle voulait qu’il garde le secret.

En d’autres termes, elle ne veut pas que les factions le sachent.

C’était logique. Elle était entourée de personnes appartenant à chacune des factions des Princes impériaux. Si elle envoyait elle-même une lettre, son contenu serait censuré avant qu’elle ne puisse cligner des yeux. C’est pourquoi elle était passée par le prince héritier.

Eh bien, c’était en supposant que tout ce qui était dans la lettre était vrai.

Je ne vois aucune raison pour que la princesse Lowellmina veuille venir ici…

Il l’avait abordé sous tous les angles, mais c’était ce point qu’il ne pouvait pas comprendre, c’est pourquoi Grinahae ne pouvait pas faire entièrement confiance au message.

Eh bien, il serait plus précis de dire que s’il avait été plus créatif dans son approche, il aurait pu conclure, à tort, qu’elle essayait de déjouer les trois factions et de renforcer la sienne dans la lutte pour le trône. Mais dans un cerveau imprégné de misogynie, cette pensée ne lui serait pas venue à l’esprit même dans ses rêves.

Grinahae voulait croire la lettre. Si tout cela était vrai, la princesse Lowellmina tomberait directement entre ses mains sans qu’il soit nécessaire d’envoyer son armée. C’était une bénédiction divine qui semblait confirmer son retour en tant que roi.

En même temps, il lui était venu à l’esprit que c’était trop beau pour être vrai. Oh, que faire ?

Il avait été pris dans la tourmente à réfléchir à tout ça pendant quelques jours.

Mais ses problèmes s’étaient ensuite résolus de manière inattendue, grâce au retour fortuit de son fils Geralt de la capitale impériale.

Geralt Antgadull était l’enfant modèle impérial pour les fils rebelles. Il ne s’intéressait pas à la politique, bien sûr, ni aux arts martiaux ou aux universitaires. Il n’avait rien fait de la journée sauf échapper à la réalité par la romance. Il s’était attiré des ennuis plus d’une fois, et il était le genre de personne qui utilisait son statut pour s’en sortir.

Même Grinahae avait trouvé ça honteux. Il s’inquiétait sérieusement qu’un fils aussi minable ait pu venir de ses reins. Mais bon, un fils est un fils. Même s’il avait une mauvaise réputation, Geralt était toujours son précieux successeur, et Grinahae était optimiste quant au fait qu’il changerait ses habitudes tôt ou tard.

Il avait entendu dire que ce fils s’était entiché de la princesse Lowellmina. Quand Geralt était devenu violent avec un autre aristocrate lors d’une soirée, c’était elle qui avait servi de médiatrice. Il lui avait envoyé des cadeaux et des lettres depuis.

Lorsque Geralt avait appris la nouvelle de la lettre à son père, il s’était exclamé. « Mes sentiments ont enfin atteint la princesse ! Elle veut manifestement me voir ! »

Geralt avait ensuite affirmé que ses précédentes réponses défavorables à ses avances étaient sans doute dues au fait que les princes verraient ses avances envers la princesse comme une menace politique.

« Je dois aller rencontrer ma future femme dès que possible ! » il l’avait déclaré avant de se précipité hors de la pièce sans délai.

Même Grinahae était abasourdi par l’imprudence de son fils. En même temps, il était rempli d’un sentiment de Et si ?

Si Geralt et Lowellmina étaient unis par les liens du mariage, les Antgadull ne feraient plus qu’un avec la famille impériale. De plus, un futur empereur pourrait naître de leur lignée.

Grinahae avait foi en ses propres capacités. Mais si la rébellion réussissait et que l’empire actuel tombait en ruine, une période de guerres entre États risquait de se produire. Pourrait-il vraiment étendre son territoire jusqu’au domaine impérial ? Le fait de penser à ça avait fait dégonfler son ego.

Il est utile d’attendre que Geralt confirme la véracité de ses soupçons.

Voudraient-ils voler la princesse Lowellmina à Natra et poursuivre leur révolte contre l’empire ?

Ou faire en sorte que la princesse Lowellmina épouse Geralt et que la lignée des Antgadull fasse partie de la famille impériale ?

Les idées emplissaient la tête de Grinahae.

Il n’avait jamais réalisé que ces idées elles-mêmes avaient été fabriquées par deux tacticiens.

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Partie 2

Le manoir de Grinahae se trouvait au centre de la grande ville portuaire de Salude dans l’État de Gairan. C’était à l’origine une villa pour la famille royale d’Antgadull, mais ils avaient cédé leur palais en déclarant leur vassalité à l’empire et avaient fait de cette demeure leur fief en tant que nouveau marquis.

Salude était normalement un endroit animé avec une industrie de pêche prospère, mais la ville était actuellement remplie de soldats de Grinahae, qui causaient un tapage partout où ils allaient. Même lorsque le peuple faisait appel à son seigneur féodal, celui-ci ne se souciait pas particulièrement de ses plaintes et n’y prêtait pas attention. Les soldats n’étaient en fait sous aucune direction, et les habitants, craignant de s’égarer, retenaient leur respiration collectivement en s’enfermant dans leurs maisons.

Owl avait quitté le manoir, observant l’état de la ville avec des regards de côté et jetant de temps en temps un coup d’œil par-dessus son épaule en descendant une ruelle. Il s’était finalement arrêté devant la porte d’une petite maison. Il avait frappé deux fois, s’était arrêté un moment, puis avait frappé à la porte trois fois. Elle s’était ouverte sans bruit, et il s’était glissé à l’intérieur.

Il y avait quelques hommes en tenue civile, mais leur comportement était porteur d’une tension dangereuse.

« Comment ça s’est passé, capitaine ? Des nouvelles de Grinahae ? »

« Le mot “fou” a été fait pour lui. » Owl regarda les hommes autour de lui.

Comme son titre l’indiquait, Owl commandait ces personnes présentes ici. Leur but était la destruction de l’empire. Grinahae ne savait pas que des forces hostiles se rassemblaient secrètement sous son nez.

Ce qu’Owl avait dit à Grinahae n’était pas un mensonge. Mais il ne lui avait pas non plus dit toute la vérité. Comme sur sa patrie.

« Et pour Geralt ? » demanda Owl.

« D’après mes hommes cachés parmi les serviteurs, il arrivera bientôt à Natra. »

« Je suppose qu’on ne pourra pas l’arrêter… Et les enquêtes sur le prince héritier et la princesse impériale ? » demanda Owl.

Un subordonné avait secoué la tête. « Pas bon. Il a été difficile de se rapprocher d’eux… »

« Tout le contraire d’un certain idiot que nous connaissons, » Owl cracha sans chercher à cacher son mépris, et il regarda tout ce qui était présent. « Dans tous les cas, veillez sur Geralt, le prince héritier, et la princesse impériale. Pour renverser l’empire, on ne peut même pas négliger le moindre détail. »

« « Oui, monsieur ! » »

Avec leurs nouveaux ordres, les subordonnés avaient commencé à se déplacer. Owl regarda à l’ouest en les regardant partir — vers Natra.

Mon Dieu, penser que l’impossible puisse arriver…

La visite de la princesse à Natra avait ruiné leurs plans, qui s’étaient déroulés sans problème jusque-là. Maintenant, même Geralt essayait de sauter dans le maelstrom.

Qu’est-ce qui se passe à Natra de toute façon ? Owl ne pouvait pas s’empêcher de se le demander.

☆☆☆

« Alors, tu es le prince héritier, hein, » entendit Wein dès qu’il entra dans le hall d’entrée.

Il y avait un homme d’une vingtaine d’années avec un entourage d’une douzaine de personnes et un corps rond qui semblait n’avoir jamais manqué un repas de sa vie. Son profil lâche n’avait pas été ciselé par les difficultés. Ses vêtements étaient faits de tissus de la plus haute qualité et étaient ornés de magnifiques décorations.

On pourrait dire qu’il dégoulinait d’extravagance — ou qu’il s’y était noyé.

« C’est la première fois qu’on se rencontre face à face, Prince Wein. Je suis le fils de Grinahae Antgadull, Geralt, » déclara Geralt.

« … Bien, bien, bien, bienvenue à vous, Seigneur Geralt, » répondit Wein de façon monotone. « J’ai pensé pendant un certain temps que j’aimerais me lier d’amitié avec vous, un important vassal impérial. C’est un plaisir de vous rencontrer. Mais je dois admettre que votre visite me surprend. En quoi puis-je vous être utile ? »

Geralt avait mis son enthousiasme en évidence en proclamant. « Je suis bien sûr venu pour ma seule et unique fleur bien-aimée, la Princesse Lowellmina. »

YO, EST-CE QUE CE GARS EST TAPE-À-L’ŒIL ? Wein avait involontairement crié dans sa tête.

Il va sans dire que c’était le palais du royaume de Natra. C’était l’épine dorsale du gouvernement national, dirigé par un conglomérat de personnes importantes avec Wein à sa tête. L’enceinte était bien sûr très bien gardée, et ce n’était pas un endroit où les invités non sollicités pouvaient se promener sans préavis. À l’occasion, des dignitaires de nations étrangères étaient invitées au palais, mais non sans avoir pris des dispositions minutieuses au préalable.

Bref, un aristocrate qui entrait dans le palais avec ses serviteurs n’était pas seulement grossier. Cela avait fait douter de sa santé mentale.

Et dire que tu es ici pour Iowa… !

Il avait entendu de Ninym que Geralt était amoureux de Lowellmina. Il n’y avait aucun doute qu’il était rentré chez lui pour lire la lettre de Wein envoyé au marquis. Cela semblait allumer chez Geralt une flamme qui le poussait à arriver au palais. Ce qui nous amène ici.

Eh bien, Lowellmina s’était aussi invitée, en surface. Mais sa visite avait été planifiée. Ce n’était rien comparé à cette folie.

Mec, je m’en fous si tu me snobes, mais le moins que tu puisses faire c’est de prétendre me respecter !

Depuis son arrivée, Geralt n’avait pas pris la peine de prendre un air de révérence pour Wein. Il se considérait probablement comme l’égal de Wein ou au-dessus de lui. Si le royaume d’Antgadull avait conservé son indépendance, il aurait été lui aussi prince héritier. Ce n’était pas difficile d’imaginer pourquoi il se sentait comme ça.

Cela dit, cela avait mis Wein dans une situation difficile, car cela avait donné un mauvais exemple à ceux qui, dans la salle, le respectaient en tant que leur seigneur.

« Je comprends, » déclara Wein.

Wein avait décidé qu’ils devaient emmener cette conversation ailleurs, pronto. Il en avait profité pour rassurer son entourage en mettant Geralt à sa place, lui donnant ainsi un avant-goût de sa propre médecine.

« On est aveuglé par l’amour, selon d’anciens proverbes… et il semble que vous ne pouviez pas échapper à ses griffes, Seigneur Geralt, » déclara Wein.

« Oui, tu as raison, » déclara Geralt.

J’étais saaaaarcastique ! Remarque-le au moins ! Wein avait supplié.

Geralt avait continué, en faisant ses prières. « Et ? Où ma princesse m’attend-elle, se languissant de moi ? »

Elle ne se languit de personne. Wein retenait ses pensées.

« Il n’y a pas besoin de se dépêcher, Seigneur Geralt. Vous savez que ça prend du temps pour que les femmes se préparent. Et pour rencontrer un homme de votre calibre ? Elle ne peut même pas avoir une seule mèche de cheveux déplacée. Soyez généreux de votre temps. N’est-ce pas ce qui fait ou casse un homme ? »

« … Tu as raison. Je suppose que j’ai un peu perdu mon calme, » déclara Geralt.

Eh bien, plus qu’un peu, mais il n’y avait aucune raison de le souligner.

« Je vous ai préparé une chambre pour vous reposer pour le moment, et nous aurons un banquet pour vous deux dans la soirée, » déclara Wein.

« Ça ne me dérange pas si on fait ainsi, » déclara Geralt.

Alors qu’il était escorté, Geralt se pavanait comme s’il était le propriétaire des lieux avec ses assistants derrière lui. Dès qu’il les avait vus disparaître, Wein avait murmuré d’épuisement.

« Eh bien alors — Ninym. »

« Oui. Par ici. » Elle le guida vers une pièce voisine.

Personne n’était là, sauf eux deux. Wein avait laissé un petit soupir s’échapper de ses lèvres.

« POURQUOI DIABLE ES-TU VENU ICI, GEEEEEEERALT ! ? » il avait rugi. « Vraiment, mec ? Qui, dans leur bon sens, viendrait ici ? Au palais ! ? D’un royaume voisin ! ? Quand personne ne t’a invité ! ? » cria Wein.

Il avait jeté un coup d’œil à Ninym. « Hé, n’es-tu pas d’accord avec… ? »

Il s’était retiré parce que Ninym était de la plus mauvaise humeur.

« U-um, Ninym… ? » demanda Wein timidement. Ses frustrations s’étaient évaporées en un instant.

Elle avait craché en retour. « … Geralt te regardait de haut tout le temps. »

« O-ouais, eh bien, il est l’héritier d’un marquis impérial. C’est bon, » déclara Wein.

« Non, ce n’est pas le cas, » avait-elle affirmé. Il n’y avait pas de place pour la discussion. « Il n’y a rien de bien à ça. »

« … »

S’il faisait un lapsus ici, il serait sa prochaine cible.

Wein avait choisi ses mots avec soin. « Ouais, tu as raison. Mais tu ne devrais pas être en colère contre lui de ma part, Ninym. »

« Tu n’as pas le droit de me dire contre qui je peux être en colère et pourquoi, » déclara Ninym.

« Mais je le fais. Tu es mon cœur. Et je ne lui pardonnerai pas de te monopoliser, » déclara Wein.

Même Ninym avait l’air surprise. Et Wein n’allait pas laisser passer cette opportunité.

« De plus, être en colère ne fera que te faire déraper. Il vaut mieux penser à quelque chose qui te rend heureuse, » déclara Wein.

« … Comme quoi ? » demanda Ninym.

Wein avait réfléchi pendant quelques secondes. « Comme moi, » il avait plaisanté.

Ninym avait adopté une expression sérieuse et avait parlé doucement. « … OK. »

« D-D’accord. »

Wein pouvait sentir sa rage s’apaiser. Elle semblait être d’accord avec son point de vue.

Alors qu’il était accablé de soulagement, il s’était reposé sur une chaise voisine, et Ninym avait sauté sur ses genoux comme si c’était parfaitement normal.

« … Ninym ? » demanda Wein.

« Ne fais pas attention à moi, » déclara Ninym.

Ce qui était une demande déraisonnable, mais Ninym était déterminé à obtenir ce qu’elle voulait.

« C’était un coup de chance que leurs soldats ne soient pas ceux qui sont arrivés. Je pensais sincèrement que nous en aurions fini pour cette fois, » avait-elle admis.

Au moment où les deux tribus s’étaient réconciliées, Wein avait compris l’objectif de Lowellmina et avait envoyé la lettre au marquis. Si Antgadull était parti avec ses soldats avant son arrivée, Wein n’aurait pas pu les arrêter.

« Nous avons eu de la chance qu’il n’ait pas appelé à les mobiliser avant la toute dernière minute, » avait-elle poursuivi comme si rien dans cette situation n’était anormal.

Wein avait renoncé à essayer de la pousser hors de ses genoux. « … J’imaginais qu’il serait indécis jusqu’au dernier moment possible. Malgré tout, je savais qu’on aurait pu être dans une situation difficile. »

« D’après tes découvertes sur le roi d’Antgadull ? » demanda Ninym.

« C’est vrai. » Wein avait fait un signe de tête. « Grinahae Antgadull est un homme qui fuit les décisions, se cache des responsabilités, et espère que la bonne réponse tombera du ciel pour le sauver. Il ne peut pas faire preuve de confiance en lui pour juger de quelque chose qui pourrait changer le destin de tout un continent… Eh bien, le roi a vendu sa nation à l’empire pour sauver son fils, donc il est aussi très imprudent. »

Quel conte comique ! Penser que le prince d’une nation voisine comprendrait mieux les intentions d’un père que son propre fils.

Mais même Wein ne pouvait pas saisir ce que Geralt pensait.

« Qu’est-ce que tu vas faire ? Je veux faire sortir cet abruti d’ici le plus vite possible, » ajouta Ninym.

« Si on faisait ça, leur armée viendrait nous rendre visite… Une chose sur ma liste de choses à faire est d’arrêter Iowa. Je parie qu’elle est dans une panique folle dans sa chambre en ce moment, » déclara Wein.

Après que Ninym les eut informés de l’arrivée de Geralt, Lowellmina et Fyshe retournèrent dans sa chambre. Avec son plan en lambeaux, elle avait été forcée de faire des révisions.

 

 

« Lowa veut qu’on affronte Antgadull. Penses-tu qu’elle va essayer de s’incruster dans le banquet ce soir ? » demanda Ninym.

« Pas possible. Elle n’a pas de partisans dans le gouvernement impérial. Il lui faudrait une raison pour accuser Antgadull — comme si c’était des traîtres qui avaient essayé de la kidnapper ou quelque chose comme ça. Il nous suffira de ne pas nous engager dans une querelle avec Antgadull. »

« Eh bien, que penses-tu qu’elle va faire ? » demanda Ninym.

Wein avait fait un sourire sec. « Je suppose qu’elle va… »

***

Partie 3

« Je vais enrouler Geralt Antgadull autour de mon petit doigt, » déclara Lowellmina tranquillement, faisant face à Fyshe dans sa chambre.

« Et ensuite, je vais l’appâter avec le mariage. Je vais lui faire fournir des preuves et témoigner sur la rébellion, » déclara Lowellmina.

« Je vois… êtes-vous sûre de vouloir aller jusqu’au bout ? » demanda Fyshe.

« Je n’avais absolument pas prévu ça, » continua Lowellmina avec un soupir. « Je savais que Geralt s’était entiché de moi, mais je n’aurais jamais imaginé qu’il s’imposerait dans ce palais. On a perdu sur ça. On ne peut pas s’en tenir à notre plan initial, ou on va subir d’autres pertes. »

« Je crois que la lettre du prince a conduit à ce comportement imprudent. L’avez-vous pressé là-dessus ? » demanda Fyshe.

« Je méprise que ça aille dans le sens de Wein, mais je suis sûre qu’il a une excuse toute prête. Je laisse ça pour l’instant. Je n’obtiendrai rien en faisant passer Natra pour un méchant, » déclara Lowellmina.

Après tout, sa priorité absolue était de mettre fin à une rébellion qui allait faire des ravages sur tout le continent oriental. Et ça ne changerait pas, quoi qu’il arrive.

« J’imagine que Wein va essayer de nous faire entrer en contact, Geralt et moi, au banquet, » déclara Lowellmina.

« Voulez-vous dire que vous allez coopérer avec le prince ? » demanda Fyshe.

« Eh bien, oui. Nos intérêts se recoupent sur ce point. Mais, » continua Lowellmina, « tout ce qui se passe par la suite est une affaire distincte. Je vais gagner le cœur de Geralt et l’encourager. Et puis — . »

 

☆☆☆

« Il y a plus que le plan de Lowa, » déclara Wein.

Ninym avait penché la tête de manière étonnante. « Plus… après qu’elle ait arrêté la révolte ? »

« C’est vrai. La chose qu’elle recherche en fait… c’est le trône, » déclara Wein.

Ninym semblait plus confuse que surprise. Elle savait que Lowellmina était une vraie patriote, et elle pouvait comprendre pourquoi la princesse se donnait tant de mal, se servant d’elle-même comme appât pour sauver l’Empire.

Mais devenir impératrice était une autre histoire.

« Ce sera difficile de faire en sorte que ça arrive, » déclara Ninym.

« C’est pourquoi nous sommes dans cette situation. Écoute, » Wein avait continué. « Lowa avait prévu d’appâter les antilopes pour qu’elles attaquent Natra. De cette façon, elle pouvait faire passer Antgadull pour le méchant et le battre, obligeant le marquis à cracher les détails de la révolte. Ils seraient de retour à la case départ… Mais considère-le d’un point de vue extérieur. Ne dirait-on pas que Natra est du côté de Lowa ? »

La surprise était apparue sur le visage de Ninym. Ils pourraient simplement repousser le danger, mais il semblerait qu’ils s’allieraient par la même occasion avec la princesse impériale.

« Mais même si nous étions ses alliés, sa candidature au trône…, » déclara Ninym.

« … Ne changera pas. Nous n’avons pas le pouvoir de nous mêler de leurs affaires internes. Mais nous montrerions à l’empire qu’elle a des bailleurs de fonds. De plus, elle démontrera qu’elle peut faire preuve d’une ingéniosité imperturbable pour déjouer les princes et sauver l’empire. Toutes ces choses à elles seules ne feraient pas beaucoup de bruit. Mais ensemble, c’est une tout autre histoire. N’es-tu pas d’accord ? »

« … » Elle l’était.

Ceux qui ne l’avaient pas remarquée commençaient à y prêter attention. Ce n’était pas difficile à imaginer. Et si Lowellmina montrait l’étoffe d’une impératrice, il y en aurait qui abandonneraient les trois princes et s’aligneraient avec elle.

« … Mais son plan a échoué. Si elle gagne contre Geralt, Antgadull n’aura plus de raison de se battre, » déclara Ninym.

« Bien… C’est pourquoi je suppose qu’elle prendra le chemin inverse, » déclara Wein.

« Que veux-tu dire… ? » demanda Ninym.

Wein avait souri.

 

☆☆☆

« — et de la propre main de Geralt, j’amènerai Grinahae Antgadull à genou devant moi, » déclara Lowellmina.

Les yeux de Fyshe s’élargirent de peur. « Votre Altesse Impériale. Qu’est-ce que vous êtes… ? »

« Il sera possible d’arrêter la rébellion avec Antgadull comme allié. Mais disons que je veux les inclure comme une force derrière ma candidature au trône. Leur implication passée dans le plan de révolte ne me rendrait pas service. J’ai besoin que leur ardoise soit effacée, » déclara Lowellmina.

« Et vous allez demander à Geralt d’attaquer son propre père ? » Fyshe avait tremblé.

Lowellmina fit un signe de tête désinvolte.

« Voilà le montage. Geralt était au courant du plan de son père depuis le début, et il se trouve qu’il a reçu une invitation de la princesse impériale, lui faisant signe de lui rendre visite dans un pays voisin. Là, il se confie à elle sur le terrible complot. Lorsque cela est porté à son attention, les deux maîtrisent le traître ensemble. C’est en gros ça, » déclara Lowellmina.

Fyshe gémissait alors que de multiples pensées se bousculaient dans son esprit.

C’était de Lowellmina qu’ils parlaient. Elle pourrait probablement réussir et convaincre Geralt de faire en sorte que tout se passe comme prévu.

Mais il y avait un problème.

« Votre Altesse, nous sommes peu nombreux, et leur entourage est petit. Pour subjuguer Antgadull…, » demanda Fyshe.

« C’est insuffisant. » Lowellmina avait montré un sourire éclatant. « Alors, empruntons quelques soldats de Natra. »

 

☆☆☆

« C’est ce qu’elle complote, et ce n’est pas drôle ! » cria Wein.

« Oui, ce serait une énorme douleur que l’Occident me donne des ordres après la chute de l’Empire. Disons que ça ne me dérangerait pas d’aider si cela signifiait éviter ce résultat pour le plaisir de la discussion. Je ne m’engagerais toujours pas à me battre pour le trône. Je n’ai aucun intérêt à mobiliser mes forces, » continua Wein.

« On dirait plutôt qu’on est à court d’argent, » déclara Ninym.

Les dépenses de la récente guerre avec Marden avaient pesé lourdement sur eux. Si cela se transformait en bataille avec Antgadull, ils brûleraient leur trésor jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des cendres.

« Très bien. Notre plan est de soutenir son plan pour tromper Geralt sans la laisser me coincer pour envoyer des soldats chercher Antgadull, » déclara Wein.

« On dirait une conversation difficile, » déclara Ninym.

« Eh bien, ça va s’arranger d’une façon ou d’une autre. Tu iras voir les vassaux. Je parie qu’ils sont confus par l’arrivée de Geralt, surtout quand je devais discuter de mariage avec Lowa. Et fais boire son entourage assez pour qu’il révèle toute information utile. Comme sur sa personnalité, » déclara Wein.

« Compris. Je vais m’en occuper, » déclara Ninym.

Wein fit un signe de tête et regarda là-haut avec nonchalance.

 

☆☆☆

« C’est ce que pense Wein. Mais ça ne va pas le faire. Je dois avoir son armée à tout prix, » déclara Lowellmina.

« Devrions-nous profiter du Seigneur Geralt ? » demanda Fyshe.

« Oui. Je pense qu’il est primordial que j’établisse des relations avec lui. Surtout s’il doit hériter d’Antgadull — ou devenir mon mari. Je sais que Wein va essayer de l’exploiter par tous les moyens possibles. Et je vais le prendre au dépourvu, » déclara Lowellmina.

Lowellmina avait regardé Fyshe. « Je m’occupe de ça. Je suis certaine que les vassaux de mes frères dans ma délégation sont en panique en ce moment, et j’aimerais que tu les fasses taire. »

« Laissez-moi faire, » déclara Fyshe.

Lowellmina fit un signe de tête et ferma doucement les yeux.

 

☆☆☆

Merde, cette personne sournoise m’a emballé dans son énorme bordel.

Je pensais l’avoir parfaitement coincé, mais il a réussi à m’échapper. Comme je m’y attendais de la part de Wein.

Mais…

Et pourtant…

 

 

☆☆☆

— Je serai le dernier à rire !

 

☆☆☆

Deux tacticiens s’étaient dirigés vers le banquet assuré de la victoire.

Bientôt, il deviendra clair quant à celui qui s’était gravement trompé — .

***

Partie 4

« — Merveilleux, Seigneur Geralt. Quelle perspicacité ! »

« C’est à notre grande perte que vous n’ayez pas pris la tête de l’empire, Sire Geralt. »

« Allez, bwa-ha-ha. »

La lune s’était levée haut dans la nuit. Parmi les invités au banquet, Geralt vivait la grande vie, pris en sandwich entre Wein, le prince héritier de Natra, et Lowellmina, la princesse impériale de l’empire.

« D’entendre ça de la part d’un prince et d’une princesse. Arrêtez ça. Je rougis. »

En ce moment, ils réalisaient la phase 1 de leurs stratégies respectives : Wein et Lowellmina travailleraient ensemble pour beurrer Geralt et le contrôler.

« Est-ce tout ce que vous avez à dire ? » Wein riait de façon facile. « Je dis juste la vérité. Je ne couvre pas les autres de fausses flatteries et de discours fleuris alors qu’ils n’ont rien à montrer pour cela. Je suis un homme de parole et fier de l’être. »

Oh, quel manque de sincérité ! Le regard de Lowellmina avait transpercé Wein, mais il l’avait ignoré, bien sûr.

« Il a raison. » Cette fois, Lowellmina avait affiché un sourire fugace. « Bien que vous soyez devenu l’un des grands piliers de l’empire, vous portez le sang de la famille royale d’Antgadull. Face à votre lignée, nous serons toujours à court de mots. »

Pour qui te prends-tu ? Les yeux de Wein s’étaient tournés vers elle, mais Lowellmina n’avait pas fait attention.

« Ha-ha-ha. OK, vous m’avez eu là. »

Tout se passait comme prévu.

Geralt était tout sourire en recevant les éloges de ceux du calibre de Wein et Lowellmina.

Et bien sûr, il n’avait pas ressenti une once de méfiance. On pouvait voir son ego comme un conteneur : en ce moment, leurs paroles d’or le remplissaient à ras bord, s’écoulant aussi librement que l’alcool.

D’autre part, les personnes présentes avaient assumé des expressions compliquées. Il y avait les serviteurs de Geralt et quelques-uns de la délégation impériale, ainsi que les vassaux du Royaume de Natra qui les accueillaient. Alors que ses serviteurs étaient heureux de voir Geralt de bonne humeur, ils étaient confus par la façon dont les deux le vantaient.

La délégation impériale était plus qu’inquiète et cela avait suinté de malaise.

Bien que Fyshe ait parlé avec eux auparavant, elle ne pouvait pas révéler tous les plans de Lowellmina puisque les envoyés étaient fidèles aux Princes impériaux. Elle ne pouvait que dire qu’avec l’arrivée de Geralt, il avait été décidé que la princesse et le prince le recevraient ensemble.

On aurait dit qu’il avait interrompu les affaires officielles. Et même si la princesse impériale l’avait gracieusement reçu face à son insolence, ils ne pouvaient pas croire qu’il lui manquerait autant de respect. Ils étaient sur le point d’exploser en furie.

Bien sûr, ils ne pouvaient rien dire puisqu’il était le fils d’un marquis, mais ils pensaient tous qu’il était une terrible plaie pour la réputation de la noblesse impériale.

Les vassaux de Natra n’avaient pas non plus été informés de la vérité. Wein avait pensé que ce serait une grande nuisance s’ils découvraient que Lowellmina essayait de les jeter dans la guerre. Mais ils n’étaient pas aussi perdus que la délégation impériale. Ils avaient tous confiance en Wein, et leur but était de suivre ses ordres et d’agir de la manière la plus hospitalière possible.

C’est pourquoi, au fur et à mesure que le banquet progressait, leur environnement se remplissait de chuchotements : « Qu’est-ce qui se passe ? » ou « Je n’ai aucune idée… »

Mais c’était un bruit blanc pour Geralt, car deux génies le tenaient occupé. C’était le résultat évident, cependant, cette équipe de rêve ne faisait que coopérer pour duper Geralt, et une fois qu’ils auraient atteint la phase deux de leurs plans, tous les paris seraient ouverts. Wein et Lowellmina avaient commencé à s’affronter dans leur lutte pour prendre la tête.

« Notre Royaume de Natra est ravi de vous aider dans votre rencontre. Je suis certain que votre père, le marquis Antgadull, sera heureux d’entendre la nouvelle, » dirait Wein.

« Eh bien, » Lowellmina répondit. « Puis il nous demandait de nous dépêcher de rentrer. Mais c’est une rencontre fatale, Sire Geralt. Ne voudriez-vous pas que cela reste entre nous, pour profiter de notre compagnie ? » Elle lui avait chuchoté à l’oreille.

Pour traduire cela en termes simples :

« Dis-le à Grinahae et fais-lui rappeler son armée, pronto. »

« Je ne peux pas te laisser faire ça. Je vais continuer à gagner du temps jusqu’à ce que Grinahae perde la tête. »

Bien sûr, Geralt n’avait pas du tout compris ça. Avec un cerveau trempé dans l’alcool et ne faisant presque jamais d’exercice, il avait pris leurs paroles au pied de la lettre.

Et comme ils l’avaient tous deux compris, une guerre d’esprit avait commencé.

« Princesse Lowellmina, si vous devez vous marier, ce serait une affaire sérieuse à Antgadull — et encore plus dans l’Empire. J’imagine que cette nouvelle assurerait vos sujets pendant leur période de besoin. N’est-ce pas le devoir de la famille royale de publier une déclaration officielle dès que possible ? » déclara Wein.

(Traduction : fais équipe avec Antgadull et va écraser dès maintenant la révolte.)

« Mais ça me ferait mal de quitter Natra sans vous remercier pour votre gentillesse. Voulez-vous vous joindre à nous dans l’Empire, Prince Wein ? Nous vous accueillerons à bras ouverts comme celui qui nous a réunis. »

(Traduction : j’y penserai si tu annonces que Natra nous soutient ?)

« Merci. Mais je dois rester pour protéger cette nation à la place de mon père. Je comprends votre position en tant que membre de la famille impériale, mais je ne peux pas abandonner ma place. »

(Traduction : je ne vais nulle part. Trouve toi-même comment être l’impératrice.)

« Je vois… Nous pouvons l’annoncer par lettre dès aujourd’hui. Je peux juste imaginer le regard surpris sur les visages de mes frères et du marquis Grinahae. »

(Traduction : Veux-tu que j’expose ta lettre ?)

« Dans ce cas, j’en parlerai aussi. Si c’est pour le futur marquis et sa femme, je serai heureux de vous aider. »

(Traduction : Quoi ? Je n’ai aucune idée de ce dont tu parles !)

La conversation entre les deux avait continué pendant un certain temps, mais elle avait changé de cap sans préavis.

« Votre Altesse, pardonnez mon interruption. » Ninym avait discrètement remis des documents à Wein par-derrière. « Ceux-ci nécessitent votre confirmation. »

Wein avait scruté les papiers. En surface, ils semblaient être des rapports d’affaires moyens. Ce ne serait pas un problème si d’autres personnes mettaient les yeux sur ces documents.

Sur les pages se trouvait un code que seuls Wein et Ninym pouvaient déchiffrer.

« Excusez-moi un instant. En attendant, profitez de la compagnie de l’autre, » déclara Wein.

Lowellmina en avait profité pour lancer son attaque sur Geralt. Wein déchiffra les pages en l’écoutant, en lisant les rapports sur Geralt qu’il avait demandés à Ninym.

Hmm, voyons voir. « J’ai confirmé que le retour de Geralt à Antgadull n’était pas une coïncidence… » Putain de merde. Sérieusement ?

Wein avait instinctivement regardé Ninym pour confirmation pendant qu’il traitait ce développement inattendu. Elle avait hoché la tête pour indiquer que ce n’était pas une blague.

OK, mais qu’est-ce que ça veut dire si ce n’est pas un accident… ?

Il était déconcerté, mais continuait à lire, et l’histoire de la vie de Geralt se déroulait sous ses yeux.

Geralt Antgadull était né fils aîné d’un marquis impérial et avait grandi en ne manquant de rien. Pendant qu’il se trouvait sur le territoire de sa famille, il n’avait connu ni agonie, ni conflit, ni frustration, ni regret. Comme une voiture sur une route pavée, sa vie était un voyage sans encombre du point A au point B.

Mais tout avait changé quand il avait atteint la capitale. Il avait été protégé par des privilèges toute sa vie jusqu’à ce qu’il devienne la cible d’un mépris impitoyable — en tant qu’Antgadull le Traître.

Pour quelqu’un qui avait été choyé depuis sa naissance, cela avait stressé Geralt au-delà de toute croyance. Il s’était donc tourné vers l’alcool et les amours, dégoulinant d’or et de bijoux, et s’entourant de Yes Men. Il avait acquis la réputation d’être un fils prodigue, même dans l’empire.

Et puis il avait eu une rencontre fortuite avec Lowellmina à une certaine soirée. Il avait essayé d’attirer son attention à plusieurs reprises par la suite.

Si c’était un coup de foudre, la situation aurait pu être sauvée. Mais la vérité était bien différente. Geralt savait qu’elle était populaire et pensait qu’il serait accepté s’il pouvait gagner son affection. Il voulait que Lowellmina le sorte d’un complexe d’infériorité présent dans son subconscient.

Mais ses avances malsaines n’avaient jamais pu capturer son cœur, et elle avait continué à lui échapper froidement. Bientôt, il était devenu furieux. Comment ose-t-elle renvoyer le fils aîné d’un marquis — princesse impériale ou non ? Pensait-elle qu’il laisserait passer ces absurdités ?

En apprenant la nouvelle de sa visite à Natra, Geralt n’avait pas pu contenir sa rage, explosant dans un accès de colère. En apparence, elle appréciait un voyage à l’étranger, mais Geralt avait entendu dire que c’était pour discuter de mariage avec leur prince. Il fouetta chacun de ses serviteurs en sang et il maudissa Lowellmina au point qu’il aurait été arrêté pour insulte à la famille impériale s’il n’avait pas été le fils d’un marquis.

Et puis il était revenu à Antgadull de la capitale impériale.

Pourquoi ?

Pour attaquer l’entourage de Lowellmina sur le chemin du retour de Natra.

BWAH !? Wein avait fait une crise interne dès qu’il avait lu ça. Est-ce que c’est pour de vrai… ?

Il se tourna immédiatement vers Ninym, qui acquiesça calmement. Sa joue s’était légèrement tordue, ce qui devait être dû au fait qu’elle ne s’attendait pas à ce que Geralt pousse les choses à l’extrême.

Même Wein ne s’attendait pas à ce que le fils d’un marquis prépare une attaque contre la princesse impériale à cause d’un ressentiment personnel mesquin. D’après ce qu’il avait lu, il était tout à fait logique que Geralt agisse de cette façon. Il croyait que Lowellmina l’avait trahi, et il ne serait pas à l’aise tant qu’il ne lui aurait pas fait comprendre de sa propre main — tant que justice n’aurait pas été rendue.

Mais cela avait changé avec la lettre en question.

Après l’avoir lu, Geralt s’était mis à brailler sans se soucier d’être vu par les autres.

« Ohhhhhhh, je savais que je pouvais lui faire confiance. Elle a finalement compris mes sentiments. »

Le fait qu’il l’ait maudite une fois avait été effacé de son esprit. À sa place, l’image de sa femme, Lowellmina se tenant à ses côtés alors qu’il était béni par les citoyens de l’empire avait surgi.

C’est pourquoi il avait dit à son père qu’il allait à Natra et s’était précipité pour aller la chercher.

… Je vois. Wein avait poussé un petit soupir en finissant de lire les documents. Il est sérieusement fou…

Il avait reculé de dégoût.

Il avait pensé que Geralt était un peu bizarre, mais ça. C’était autre chose. S’il y avait eu quelqu’un d’autre que Wein aurait pu utiliser autrement, il l’aurait fait sans poser de questions.

Quel cruel tour du destin ! De penser qu’il avait dû trouver un moyen de nouer le nœud entre ce type et son amie, Lowellmina — .

Eh bien, peu importe.

Sans une seconde d’hésitation, Wein avait trouvé sa solution. Mes besoins passent en premier. En plus, Lowa s’est mis la moitié de ça sur le dos ! C’est elle qui a provoqué ça !

Si la personne en question pouvait entendre ses pensées, son visage s’agiterait, sans doute.

Wein avait fixé Lowellmina comme pour la provoquer. En plus, si tu ne peux même pas contrôler ce type, tu peux dire adieu à tes rêves de devenir impératrice, Lowa.

Elle avait dû sentir son regard, car elle avait laissé sortir un petit sourire.

***

Partie 5

Contrairement à Wein, Lowellmina n’avait pas de pions pour enquêter sur Geralt pour elle, mais elle avait dû saisir son tempérament de leur temps à la capitale impériale. Elle savait qu’elle ne pouvait pas s’occuper de lui avec des méthodes normales.

Et même là, elle savait qu’elle pouvait lui faire faire ce qu’elle voulait. Elle le leur montrait à tous. Son sourire en était un de confiance et de fierté.

Mais c’est alors que le sujet de leur guerre de volontés s’était exprimé, en remarquant que Wein et Lowellmina communiquaient entre eux en silence.

« … Oh oui, vous m’avez envoyé cette lettre tous les deux. Vous êtes de vieilles connaissances ? » demanda Geralt, une sombre jalousie couvant dans sa voix.

Le duo s’en était rendu compte. En fait, ils s’attendaient à ce qu’il nourrisse du ressentiment, ce qui signifiait qu’ils n’étaient pas du tout effrayés.

« Ouais, de quand j’étudiais à l’étranger dans l’Empire ? Mais wôw. Quel dommage ! Si je vous avais connu à l’époque, Seigneur Geralt, je me serais lié d’amitié avec vous. » Ils l’avaient tissé dans la vérité avec des mensonges.

Geralt avait fait un petit signe de tête. « … Huh. J’ai passé un long moment dans la capitale, mais je n’avais pas entendu de rumeurs sur toi, Prince Wein. Comment as-tu passé tes journées là-bas ? »

S’il avait été stupide et honnête et avait dit qu’il avait falsifié son identité pour aller à l’académie militaire et s’était classé premier de sa classe, Geralt se serait tordu le visage au-delà de ses limites.

Wein avait parlé en demi-vérités. « Je voulais m’immerger dans les arts, mais j’avais tant à apprendre dans l’Empire. J’ai passé la plupart de mon temps dans un manoir là-bas. La seule forme de divertissement que j’avais venait de l’entraînement avec mon épée. »

Si c’était vrai, il ne serait pas anormal que Geralt n’ait pas entendu parler de lui. Mais dans une tournure inattendue des événements, Geralt s’était accroché à quelque chose.

« Hein… Es-tu bon avec une épée ? » demanda Geralt.

« … Eh bien, j’ai un minimum de familiarité, » répondit Wein.

Wein avait senti que cela pourrait prendre une tournure négative, mais n’avait pas eu le temps d’empêcher Geralt de continuer.

« Quelle coïncidence! Je suis assez confiant dans mon talent avec une épée. »

Tu plaisantes. Il n’avait fallu qu’un instant pour que Wein et Lowellmina arrivent à la même conclusion.

Eh bien, tout le monde dans la salle aurait la même réalisation. D’après son corps, sa masse musculaire, son jeu de pieds et tout le reste, il devait être loin d’être un épéiste.

Alors pourquoi mentirait-il ?

Il est furieux que Lowa et moi soyons copains-copains. Il complote probablement pour me battre à l’épée et se remettre à ma place, Wein l’avait deviné.

Si c’était le but, n’importe qui dirait qu’il aurait dû choisir un autre défi. Mais Geralt n’avait pas choisi le combat à l’épée au hasard.

Ils n’avaient aucune idée que Geralt rayonnait de satisfaction lorsqu’il gagnait régulièrement contre ses propres serviteurs. Eh bien, c’était plutôt comme s’il ignorait que ses serviteurs luttaient quotidiennement pour trouver les meilleurs moyens d’être vaincus — tout cela pour éviter d’invoquer sa colère.

En tout cas, Geralt ne mentait pas quand il disait qu’il était doué avec l’épée. Du moins, il le pensait.

Bon sang. Qu’est-ce que je fais ? Les yeux de Wein s’étaient fixés sur Lowellmina.

Elle avait répondu avec son propre regard de choc. Tu n’as pas d’autre choix que de lui donner un combat décent. Apaise-le.

Hum, je suis désolé. Une bataille « décente » ? C’est la partie difficile.

Je vais t’encourager. Woo-hoo. Tu peux le faire. Allons-y. Lowellmina avait l’air plutôt calme, puisqu’elle allait juste assister au spectacle.

Maudit sois-tu, Wein l’avait maudit.

« Et alors ? Qu’est-ce que tu en dis ? Faisons la démonstration de notre habileté à l’épée devant la princesse Lowellmina, » proclama Geralt.

Sa déclaration avait mis la pièce en émoi. Bien sûr que si. Geralt et Wein étaient tous deux des personnages importants. Si l’un d’eux était blessé, ce serait un énorme problème.

« Votre Altesse…, » Ninym avait fait un pas en avant, derrière lui.

Wein l’avait retenue avec une main. « Ne vous inquiétez pas. Ce sera un bon spectacle. Les épées de bois, » ordonna-t-il, en retirant son manteau et en en prenant une.

Il se tenait au centre de la salle. Les vassaux et les serviteurs s’étaient précipités pour faire de la place.

Geralt lui avait fait face avec une épée de son cru. « Et les règles du jeu ? »

« Celui qui lâche son épée le premier perd. »

Ils s’étaient fait face en adoptant tous deux une position.

C’est alors que tout le monde était certain de la victoire de Wein.

Ce n’était pas à cause du népotisme. Son adversaire était instable sur ses pieds, tremblant sur place. En comparaison, le souffle, le regard et l’épée de Wein étaient réguliers, ce qui rend la différence entre leurs capacités très claire.

Mais les deux combattants pensaient à autre chose.

Le prince sera dompté. Geralt était certain de sa propre victoire.

Très bien, je vais emballer ça avec un minimum de dégâts. Wein était occupé à penser à leur réputation et à ce qui pourrait s’ensuivre par la suite. Je dois laisser Geralt avoir toute la gloire si je veux que mon plan fonctionne, mais j’ai aussi un nom à respecter. Je ne peux pas me permettre de perdre sans une bonne bagarre.

Ce qui signifie que sa meilleure cible était — l’épée en bois dans les mains de Geralt. Sa prise était faible, et il serait facile de la faire tomber. Wein lâcherait son épée en même temps que Geralt. Ce serait une égalité.

C’est pourquoi il avait établi ces règles comme condition de victoire.

Pour être honnête, il est tellement affalé qu’il ne peut pas se servir de cette épée. Je parie qu’il va se vautrer. Je vais l’essouffler en quelques coups et ensuite agir selon ce que j’ai décidé.

Avec son plan gravé dans la pierre, les choses s’étaient mises en place.

« HYAAAAH ! » Geralt cria en donnant un coup de pied au sol, comme s’il n’était plus capable de supporter le silence, en se dirigeant vers Wein.

Il n’y avait rien de délibéré dans ses frappes alors qu’il s’était précipité vers le prince. Ce serait facile à contrer, mais ce n’était pas la victoire dont il avait besoin.

« Heh —. »

Les épées en bois s’entrechoquèrent, et un bruit sourd et sec résonna dans la salle.

Puis deux fois. Trois fois de suite.

Wein avait analysé les mouvements et la position de l’épée de Geralt alors qu’il faisait semblant d’être repoussé.

Avec le temps, la respiration de son adversaire était devenue laborieuse et sa charge s’était affaiblie, comme Wein l’avait prévu. Le moment était venu. Wein avait retenu sa respiration, avait calculé son moment et…

— Maintenant !

Il avait chargé.

Geralt avait trébuché sur ses jambes.

« Quoi ? »

Était-ce parce qu’il était ivre ou parce qu’il avait été poussé dans ses derniers retranchements par la force de son adversaire ?

La réponse n’était pas claire.

Geralt avait cependant perdu l’équilibre comme s’il était en parfaite synchronisation avec la charge de Wein.

Il s’avança, la tête baissée, et bizarrement, elle se propulsa vers l’épée que Wein avait avancée dans l’intention d’arracher l’arme de Geralt de ses mains.

HEY MAINTENANT ! Wein avait fait un cri interne. À ce rythme, la tête de Geralt deviendrait une œuvre d’art épouvantable que personne n’oserait regarder deux fois.

NOOOOOOOOOOOO ! TOURNEEEEE ! Wein avait concentré toute sa force dans ses bras.

Et en réponse à ses muscles et à ses prières, l’épée de bois avait miraculeusement changé de trajectoire, avait frôlé le visage de Geralt et s’était écrasée sur l’épée dans son poing faible.

Un bruit sourd et un cri aigu s’étaient superposés. Un bruit sourd quand Geralt était tombé, et l’autre quand son épée avait claqué à terre. Wein était resté figé sur place après avoir fini son mouvement d’attaque. Il s’était lentement détaché de sa position et avait laissé tomber son épée.

Des acclamations avaient éclaté autour de lui.

D’un point de vue extérieur, cela semblait être une victoire parfaite pour Wein.

Comme Geralt avait été abattu dès le début, même la délégation impériale applaudissait — rejoignant les vassaux de Natra, qui le soutenaient depuis le début.

Wein était sous les applaudissements, et Lowellmina était dans le public. Les deux se disaient :

BONTÉ DIVINEEEE ! JE SUIS DANS LE PÉTRIN MAINTENANT !

POURQUOI DIABLE AS-TU FAIT ÇA ?

Leurs cris silencieux étaient à l’unisson.

Parce qu’il avait utilisé toutes ses forces pour changer la trajectoire de l’épée, il n’avait pas pu lâcher prise comme prévu quand ils s’étaient affrontés.

Ce qui signifiait qu’il n’avait pas eu la chance de faire une égalité.

Peut-être que je peux les tromper en lâchant l’épée maintenant… ? Wein aurait pu essayer ce petit tour, mais le public n’y aurait pas cru.

Tous les engrenages dans sa tête tournaient alors qu’il se dépêchait de trouver autre chose à faire.

« Votre Altesse ! » Ninym l’avait appelé.

Wein se tourna, et là, le visage empli de honte et de rage de Geralt se trouvait là. Il avait ramassé son épée tombée, en essayant de presser Wein.

— Oh, merde.

À ce moment, Wein avait paniqué à cause de l’attaque-surprise — enfin, il aurait pu, s’il était quelqu’un d’autre. Wein pourrait se défendre avec sa propre épée, facilement. Mais cela ferait plus de dégâts à Geralt, qui se comportait comme un lâche pour avoir traqué Wein malgré sa défaite incontestable. Il serait incroyablement difficile pour Geralt de sauver la face.

Je pourrais me défendre. Mais ça ne changera pas le fait qu’il m’a attaqué. Parer ferait la même chose. En tout cas, je n’ai pas d’autre choix que de l’éviter. Et naturellement, pour faire croire que je n’esquive pas — !

Pourrait-il le faire ?

Il n’avait pas d’autre option.

Wein avait attendu que Geralt se rapproche, avait calculé l’attaque de tout son cœur et de toute son âme —

Et il l’avait esquivé, tournant pour lui faire face comme s’ils venaient de passer l’un devant l’autre.

C’est parfait !

Il pouvait insister sur le fait que Geralt venait de trébucher et de manger la terre en allant chercher son épée. Wein avait établi un contact visuel avec Geralt juste en face de lui.

Je m’excuse d’avoir divulgué cette information si tard dans la partie, mais il est essentiel de mentionner que le banquet avait lieu au deuxième étage.

Et pendant qu’ils se battaient, les deux individus s’étaient rapprochés de façon précaire des murs.

Et bien sûr, les murs avaient des fenêtres, comme c’était souvent le cas.

Et Geralt avait plongé en plein dedans.

« Ah, » dit Wein.

La vitre s’était brisée en morceaux lors d’une collision frontale.

« Oh, » dit Lowellmina en guise de surprise.

Geralt n’avait pas seulement brisé la vitre avec son élan. Sa moitié supérieure était passée à travers le cadre.

« « Attenm — . » » le duo avait haussé la voix, regardant sa moitié inférieure s’élever lentement —

Et il avait glissé par la fenêtre.

Ils avaient entendu un violent coup contre le sol.

« — »

Tout le monde dans la salle était sous le choc en voyant cette scène.

Ninym avait été la première à réagir instantanément et à récupérer suffisamment pour se déplacer. Elle s’était avancée et s’était frayé un chemin à travers la foule, s’agrippant au cadre de la fenêtre et sautant vers le bas. Sauter du deuxième étage n’était rien pour elle.

Et alors, dans l’ordre, Wein, Lowellmina et les serviteurs grimpèrent à la fenêtre en signe de protestation et regardèrent par-dessus son rebord.

« S-Sire Geralt !? »

« Ninym ! Est-ce qu’il va bien ? » demanda Wein.

Sous les yeux de tous, Ninym s’était agenouillée à côté de Geralt, qui était étendu sur le sol, et avait vérifié son état. Quelques instants passèrent avant qu’elle lance un regard sinistre.

« Eh bien. Je ne sais pas quoi dire. » Elle avait regardé les deux et avait parlé nerveusement. « Je suis terriblement désolée, mais il est décédé. »

Wein et Lowellmina s’étaient tournés pour se regarder en parfaite synchronisation.

***

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