Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 9 – Chapitre 3 – Partie 3

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Chapitre 3 : Acte 3

Partie 3

Il prit une profonde inspiration, puis ouvrit en grand les yeux, utilisant sa main droite pour déplacer le manteau qui pendait de ses épaules.

Il fit surgir son esprit combatif hors de lui, et une aura de commandement s’était développée autour de lui alors qu’il criait : « Et donc, qu’on le sache ici et maintenant, je déclare que nous allons vaincre définitivement le Clan de la Panthère ! »

« Tu étais comme une personne totalement différente là-bas ! C’était un peu effrayant ! » déclara Mitsuki avec excitation, fixant le vide devant elle comme si elle se représentait la scène de tout à l’heure.

Le soleil était déjà complètement couché, la fête était terminée, mais la bombe que Yuuto avait lâchée avec son discours à la fin avait plongé la salle de rituel dans un chaos tapageur.

Même maintenant, Yuuto pouvait entendre des bribes de voix des personnes encore là-haut, discutant de la conquête du Clan de la Panthère avec une grande ferveur.

Bien qu’il en ait eu envie, Yuuto n’avait pas la force de rester avec tout le monde plus longtemps, il avait donc rapidement pris congé.

Maintenant, il marchait avec Mitsuki dans l’un des couloirs du palais.

Sigrun était devant eux, et Félicia derrière eux, ils étaient donc protégés contre tout assaillant potentiel.

« C’est mieux de céder et d’aller jusqu’au bout quand il s’agit de ce genre de choses, » déclara Yuuto. « En plus, ce n’est pas comme si tout ça était faux. »

En effet, bien qu’aucun d’entre eux ne soit lié à Yuuto par le sang, il ressentait de la colère à l’idée que l’on prenne la vie de ses enfants et petits-enfants jurés. En ce sens, bien que son discours ait pu être un peu militant, il était également compréhensible quant à la raison.

« Eh bien, la partie “céder et aller jusqu’au bout” est cependant ce qui est le plus difficile, » déclara Mitsuki. « Au moins, pour les gens normaux. »

« Je ne sais pas… il me semble que tu aies toi-même fait un bout de chemin, mais peut-être d’une manière différente de la mienne. »

« Quoi, non, ce n’est pas vrai ! Je suis normale, tout à fait normale ! »

« C’est quoi cette blague de se dire normal ? » demanda Yuuto.

« Hmph ! Tu es la seule personne qui puisse dire ça, Yuu-kun. »

« J’ai entendu tous les autres dire que tu es une “femme vraiment digne d’être l’épouse d’un seigneur”, tu sais. »

En effet, Yuuto avait été honnêtement assez surpris de voir combien de personnes à la fête montraient un respect si évident envers Mitsuki dans leurs interactions avec elle.

Bien sûr, n’importe qui devrait traiter la femme d’un patriarche avec civilité, du moins en apparence. Cependant, Yuuto avait acquis suffisamment d’expérience à ce stade pour être capable de dire quand quelqu’un était seulement poli et respectueux pour la forme.

D’après ce que Yuuto avait pu voir, tout le monde semblait avoir une véritable admiration pour Mitsuki.

Le fait qu’elle soit connue pour posséder des runes jumelles, le plus rare des dons surnaturels, y était probablement pour quelque chose, mais il était tout de même impressionnant qu’elle inspire autant de respect alors qu’elle n’était ici que depuis un mois.

La réputation de Yuuto avait chuté comme une pierre au fond de la rivière dès son propre premier mois à Yggdrasil, et il était passé du nom de l’enfant de la victoire, Gleipsieg, à celui de Sköll, le dévoreur de bénédictions. Yuuto ne pouvait s’empêcher d’être un peu jaloux de cette différence.

« Père, Mère. » Sigrun était sortie de la chambre de Félicia, puis elle s’était mise au garde-à-vous et s’était adressée à Yuuto et Mitsuki. « J’ai fini de vérifier votre chambre, ainsi que celle de Félicia. Il n’y a pas eu d’intrus. Soyez tranquilles, et passez une bonne nuit de sommeil. »

« Euh ? » Un son de surprise s’était échappé des lèvres de Yuuto.

Il avait l’impression d’avoir entendu quelque chose de faux dans ce qu’elle avait dit, quelque chose qu’il ne devait pas ignorer.

« Maintenant, je vais prendre congé. » Mais avant que Yuuto ait pu exprimer ses soupçons, Sigrun avait incliné la tête et s’était éloignée d’un pas rapide.

Yuuto et Mitsuki se tenaient là, un étrange silence entre eux.

Yuuto ne pouvait pas laisser ça durer éternellement. « Au fait, les deux seules chambres présentes ici sont celle de Félicia et la mienne. D’ailleurs, où est la tienne ? »

Il avait placé son dernier espoir dans cette question.

« Eh bien, je suis ta femme, » dit Mitsuki. « C’est normal que nous partagions une chambre et dormions ensemble. »

Yuuto avait anticipé cette réponse, mais elle l’avait quand même laissé sans voix.

Bien sûr, son lit était inutilement large, un patriarche de clan ne pouvait pas se permettre d’avoir de maigres meubles. Il pouvait accueillir non seulement deux, mais trois personnes confortablement.

Cependant, ce n’était pas le problème ici.

« Bon, écoute, » dit Yuuto. « Je suis un homme, et tu es une femme. Tu comprends ça, hein ? »

« Yuu-kun, qu’est-ce que tu dis ? C’est la raison pour laquelle nous avons pu nous marier en premier lieu. »

« Non, écoute ! Comprends-tu ce que cela signifie pour un homme et une femme de partager le même lit !? »

Yuuto était un jeune homme dans son adolescence, après tout.

Il se caractérisait par une retenue à toute épreuve, mais s’il devait partager une chambre avec cette fille qu’il aimait, même lui n’était pas sûr de pouvoir s’en détacher.

« Je… Je sais cela. » Mitsuki avait parlé d’un ton hésitant en baissant les yeux, le visage aussi rouge qu’une pomme. « C’est… c’est pourquoi je suis venue ici avec toi. »

« Ah… ! » Aussi lent que soit Yuuto dans ce domaine, même lui était capable de comprendre la détermination de Mitsuki.

C’est vrai, ils allaient être mari et femme à partir de maintenant. Il n’y avait rien d’étrange à ce qu’ils couchent ensemble.

Yuuto était également prêt à assumer la responsabilité que cela impliquait. Il y était prêt depuis le moment où il avait décidé de l’emmener avec lui dans ce pays non civilisé, sans possibilité de retour au Japon.

Mais même ainsi, Yuuto s’était constamment dit qu’il devait prendre les choses au sérieux avec elle, et il avait donc pensé qu’il devait essayer de garder les choses pures entre eux, au moins jusqu’à ce qu’ils aient eu leur cérémonie de mariage officielle.

Mais maintenant que Mitsuki est allée si loin, lui faire honte en la rejetant serait la mort de son honneur en tant qu’homme.

« Es-tu… vraiment sûre de toi ? » dit-il lentement.

« … Oui. » Avec un hochement de tête, Mitsuki avait légèrement serré la main de Yuuto.

Et, d’une toute petite voix à peine audible, elle avait ajouté : « Je suis peut-être inexpérimentée, mais s’il te plaît, prends bien soin de moi, maintenant et pour toujours. »

 

+

Chirp chirp. Chirp chirp chirp.

Yuuto avait été réveillé par le bruit des moineaux qui passaient par la fenêtre ensoleillée.

« Le matin, hein…, » marmonna-t-il, et il se redressa.

Le haut de son corps était nu.

Après plusieurs jours de voyage et l’épuisement de ses forces la nuit dernière, il avait dû s’endormir juste après, dans un état de vide béat.

« Bonjour, Yuu-kun. » Une voix légèrement embarrassée était venue de juste à côté de lui.

Yuuto s’était retourné et il avait vu Mitsuki, utilisant une couverture pour tout couvrir jusqu’à la moitié inférieure de son visage, le regardant la tête proche du lit.

En la voyant, il avait compris que c’était réel. Donc la nuit dernière n’était pas juste un rêve.

« Hé, bonjour, » dit-il. « Alors, euh… vas-tu… bien ? »

« Donc l’accouchement est…, » Mitsuki commença à parler.

« Un accouchement !? » Yuuto n’avait pas pu s’empêcher de la couper d’un cri, sa voix se brisant.

 

 

Bien sûr, il ne pouvait pas dire que cela n’avait aucun rapport avec la conversation, mais c’était quand même tellement inattendu d’en parler maintenant, et donc c’était normal qu’il soit surpris.

« Oui, apparemment l’accouchement est aussi mauvais que d’essayer de faire passer une pastèque par une de ses narines. »

« Hm ? D’accord…, » Yuuto hocha la tête pour qu’elle continue, mais il ne comprenait pas vraiment où elle voulait en venir.

« La nuit dernière a fait aussi mal qu’une pomme. »

« Je suis tellement, tellement désolé !!! » Yuuto s’était levé d’un bond, puis il s’était agenouillé pour s’excuser, tête baissée, sur place.

L’expérience n’avait été que du plaisir pour lui, alors naturellement il était rempli de culpabilité.

« Hum, je suis désolé pour ça, » dit-il désespérément.

« On a toujours l’impression qu’il y a quelque chose là-dedans. »

« Arghh... Je suis vraiment désolé. »

« Non, c’est bon. C’est plus comme, “Yuu-kun est vraiment encore là”. Ce genre de sentiment. Ça fait mal, mais ça me rend aussi heureuse. »

« Je… Je vois, » balbutia Yuuto.

« Alors, ne t’excuse pas. » Souriant doucement, Mitsuki avait tendu une main et avait caressé le menton de Yuuto.

Son visage lui paraissait si beau, si doux et adorable, qu’il se sentait à nouveau attiré vers elle…

Une voix comme une cloche et un léger coup à leur porte les avaient interrompus. « Grand Frère, Grande Soeur Mitsuki, puis-je maintenant entrer ? »

En un clin d’œil, Yuuto et Mitsuki avaient été tirés de leur propre petit monde et étaient revenus à la réalité.

« Attends un peu ! » Yuuto cria. « Mitsuki, des vêtements ! »

« O-Okay ! »

Les deux amoureux s’étaient empressés de récupérer leurs vêtements épars de la veille et avaient commencé à s’habiller, mais ils étaient si agités qu’ils avaient eu du mal à le faire.

Le temps qu’ils aient terminé et que Yuuto ouvre la porte pour laisser Félicia entrer dans la pièce, Yuuto et Mitsuki avaient l’air complètement épuisés.

En voyant cela, Félicia laissa échapper un petit sourire, mais elle reprit rapidement son expression sérieuse, et s’adressa à eux.

« Même si ça me fait mal de devoir m’interposer entre vous deux en ce moment, il y a une montagne de travail qui attend d’être fait. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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