Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 9 – Chapitre 1 – Partie 3

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Chapitre 1 : Acte 1

Partie 3

La « stratégie de la forteresse vide » était un acte de tromperie psychologique de haut niveau, et la mettre en œuvre était loin d’être aussi facile que Haugspori le pensait clairement. Mais en ce moment, les forces du Clan de la Panthère avançaient sur leur position, et il n’y avait pas de temps à perdre à expliquer des choses qui n’avaient aucun rapport avec la bataille en cours.

Haugspori poursuit. « Et plus que tout, les célèbres “Mánagarmr” et “Gullviðrúlfr”, le Loup d’argent le plus fort et le Loup doré le plus sage, vous témoignent une admiration totale. Il semble que je n’ai rien à craindre après tout. Ha ha ha ! »

« Non, écoute, il faut vraiment que tu gardes la tête froide, » protesta Yuuto. « On est sur le point de se battre, là. »

Haugspori continua à rire bruyamment, et Yuuto s’affaissa, dépité. Il se demanda s’il ne valait pas mieux qu’il leur crie sérieusement dessus pour s’assurer qu’ils ont compris.

Alors qu’il était en train d’y penser, un signal statique avait été émis par le haut-parleur du talkie-walkie.

« Père, » annonça la voix de Kristina. « Je crois qu’il est temps. »

Quand il s’agit d’informations, la vitesse est primordiale. C’était d’autant plus vrai sur le champ de bataille.

Comme prévu, Kristina comprenait cela. Normalement, elle était du genre à aimer plaisanter un peu avant d’en venir au fait, mais dans des moments comme celui-ci, elle gardait tout brièvement.

« C’est bon ! » Yuuto ordonna alors. « À toutes les troupes, faites demi-tour ! Nous allons anéantir le Clan de la Panthère ! »

 

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« Oh, par tous les dieux ! On dirait qu’ils ont déjà perdu tout bon sens, » murmura Sigyn pour elle-même avec un mélange de stupéfaction, de dédain et de pitié en apercevant l’ennemi qui réapparaissait devant elle.

Ses forces avaient déjà terminé leur traversée de la rivière Körmt.

Si l’ennemi avait voulu l’attaquer, il aurait dû le faire pendant que ses troupes étaient en train de traverser. S’ils avaient voulu s’éloigner d’elle, alors ils auraient dû continuer à fuir à toute vitesse.

L’attaquer après qu’elle ait traversé était le comble de la bêtise.

Peut-être qu’au cours de leur retraite, ils avaient reconsidéré la situation et décidé qu’ils ne pouvaient tout simplement pas lui permettre d’amener ses forces de leur côté de la rivière. C’était un exemple d’indécision, la marque d’un commandant stupide.

Haugspori, du Clan de la Corne, était connu même dans le Clan de la Panthère pour sa grande maîtrise de l’arc, et il avait gravi les échelons jusqu’au poste d’assistant du commandant en second alors qu’il n’avait qu’une trentaine d’années, il était donc censé être quelqu’un de remarquable. Apparemment, il ne fallait pas se fier aux ouï-dire.

Les gens révèlent leur vraie valeur plus clairement quand ils étaient acculés dans un coin. Plus que probablement, ce Haugspori avait été mentalement usé par les conditions difficiles qu’il avait endurées jusqu’à présent.

En fin de compte, c’était l’étendue de son courage.

« Hm… maintenant, que dois-je faire ? » Sigyn réfléchit un moment.

L’ennemi était peut-être confus, mais il disposait toujours de la puissante tactique de la forteresse de wagons. À en juger par les résultats passés, si elle devait les charger sans réfléchir, elle ne ferait que subir de plus grandes pertes.

« La chose la plus propice à faire ici est de se retirer et de rejoindre le groupe de Rungr, » avait-elle décidé.

Faire entrer sept mille cavaliers sains et saufs dans le territoire du Clan de la Corne était après tout déjà un excellent accomplissement.

Pour une armée d’infanterie normale, se retirer du champ de bataille avec l’ennemi juste devant elle était incroyablement dangereux, car cela signifiait une forte probabilité que l’ennemi attaque lors de la poursuite. Mais l’armée du Clan de la Panthère était composée, pour la plupart, de cavaliers expérimentés, dont la vitesse et la mobilité étaient les plus grandes de tout Yggdrasil.

De plus, ils pouvaient tirer en arrière avec leurs arcs, attaquer à distance tout en se repliant. Ils allaient sûrement s’échapper de la zone avec facilité.

« Dame Sigyn, des forces ennemies sont également repérées à gauche et à droite ! » Un messager l’avait appelée.

« Oh là là, je ne m’attendais pas à ça. » Contrairement à ses paroles, le ton de Sigyn était encore plein de confiance.

Elle avait déjà confirmé que l’ennemi avait moins de la moitié de ses effectifs au total. Ils étaient déjà moins nombreux, et ils avaient encore divisé leurs forces en trois groupes. C’était suffisant pour qu’elle s’interroge sur leur santé mentale.

Même leur plan d’embuscade avait échoué, puisqu’elle avait appris leur emplacement avant qu’ils n’aient eu la chance de lancer une attaque.

C’était une préparation complètement bâclée.

Sigyn concentra son regard sur le groupe d’ennemis sur la droite en parlant. « Nous allons commencer par écraser les groupes en embuscade un par un, puis… huuuh !? » Elle laissa échapper un cri de surprise.

Mais cela n’avait duré qu’une seconde.

L’expression de Sigyn était redevenue normale, puis elle avait confirmé l’état du groupe ennemi à sa gauche également.

Après quelques secondes, elle avait porté une main à sa bouche. « Pfft. Heheheh… Ahahahaha ! »

Assise sur son cheval, Sigyn avait éclaté de rire. C’était un spectacle tellement hilarant à ses yeux.

Les groupes ennemis de chaque côté d’elle utilisaient le mur de wagons, la défense de chaque groupe étant disposée vers l’avant en direction de ses troupes.

Il n’y avait probablement que cinq cents wagons au total, mais leurs chariots renforcés offraient une incroyable puissance défensive. Il était impossible de percer ces fortifications avec une attaque normale.

Il y avait des murs de wagons à la gauche et à la droite de Sigyn, derrière elle se trouvait la rivière Körmt, et devant elle se trouvait la force principale du Clan de la Corne — à première vue, il semblait que le Clan de la Panthère avait perdu toute chance de s’échapper.

Cependant…

« Alors comment allez-vous protéger votre force principale ? » dit Sigyn avec un sourire en coin.

L’ennemi avait divisé ses chariots pour renforcer les défenses des groupes détachés à sa gauche et à sa droite. Il n’y avait aucun doute que cela signifiait qu’ils avaient laissé leur force principale avec beaucoup moins de chariots pour les protéger.

S’ils n’étaient pas entièrement équipés pour se défendre contre la cavalerie, alors les deux mille misérables troupes d’infanterie ne feraient pas le poids face aux sept mille cavaliers du Clan de la Panthère.

De plus, la tactique de la forteresse de wagons consistait fondamentalement à tenir le terrain contre l’ennemi et à lui tirer dessus lorsqu’il attaquait.

En d’autres termes, même si le Clan de la Panthère était encerclé maintenant, il n’y avait aucune chance que les groupes à sa gauche et à sa droite se rapprochent pour attaquer. Cela nécessiterait après tout de sacrifier les défenses fournies par les chariots lorsqu’ils étaient verrouillés en place. Il n’y avait rien à craindre.

« On dirait qu’ils sont vraiment confus, » murmura Sigyn.

L’ennemi s’était tellement préoccupé d’essayer d’éliminer les moyens de fuite de son camp qu’il avait oublié le plus important : ils devaient être capables de la vaincre.

Peut-être s’étaient-ils convaincus d’avoir été choisis par les dieux pour être victorieux dans cette bataille. Si les dieux étaient de leur côté, alors bien sûr, ils ne pouvaient pas être vaincus.

Il est certain que la seule chose qui pourrait renverser la situation désespérée et sans espoir du Clan de la Corne en ce moment serait un miracle divin.

Cependant, en tant que praticienne de la magie seiðr, Sigyn pouvait être certaine d’une chose. Les dieux n’étaient pas assez gentils pour montrer une telle faveur aux humains.

Les miracles étaient un événement rare lié au bon vouloir des dieux. C’est pourquoi c’était des miracles.

Sigyn avança une main, et cria à ses guerriers. « À toutes les troupes, chargez ! Attaquez les troupes du Clan de la Corne sur notre front, et mettez-les en pièces ! »

Elle était pleine de confiance à ce moment-là, absolument sûre de sa victoire.

Bien sûr, elle n’avait aucun moyen à ce moment-là de connaître la vérité.

Au plus profond des rangs des commandants de l’armée du Clan de la Corne se cachait un jeune homme qui était semblable à un dieu de la guerre dans les esprits révérencieux de son peuple.

Lorsque la bataille commença, l’air était devenu bruyant avec le sifflement d’un volume massif de flèches coupant l’air, tirées par les troupes du Clan de la Corne.

Haugspori était, après tout, un maître archer. Il était logique qu’il ait rassemblé un certain nombre d’autres archers talentueux comme subordonnés dans son armée.

Les cavaliers du Clan de la Panthère étaient également d’excellents archers, mais les arcs de plus petite taille qu’ils utilisaient à cheval ne pouvaient pas atteindre l’ennemi à cette distance. En effet, s’ils y parvenaient, ce serait un exploit stupéfiant.

Cela dit, la masse de flèches perdait beaucoup de vitesse en traversant une si longue distance. Les combattants d’élite du Clan de la Panthère pouvaient utiliser leurs gantelets ou leurs épées courtes pour les dévier facilement.

En fait, tout ceci était en accord avec les prédictions de Sigyn. Il n’y avait pas eu de vraies pertes à proprement parler.

Ou plutôt, cela avait été le cas jusqu’à maintenant.

Bang ! Ba-bang ! Ba-ba-ba-ba-ba-ba-bang !!

Tout à coup, elle avait été entourée d’un bruit qu’elle n’avait jamais entendu auparavant, un son terrible qui lui faisait mal aux oreilles.

Ce n’était pas seulement du bruit.

Dans tous les rangs du Clan de la Panthère, il y avait des éclats de feu qui volaient dans tous les sens.

Les chevaux s’étaient mis à hennir, alors que les soldats du Clan de la Panthère se mettaient à crier.

« Aïe, ça brûle ! Qu’est-ce que c’est que ça !? Uwaah !!! »

« Wh-whoaaa, c-calme-toi ! Calme-toi, ma fille ! Eeek ! »

« Des serpents faits de feu !? Non, n’approchez pas, n’approchez pas ! Wôw ! Guaagh ! »

Ce qui ressemblait à des serpents rouge vif enroulés autour de flèches avait atterri parmi le Clan de la Panthère et avait commencé à cracher de la lumière, du feu et du bruit, s’agitant sauvagement et s’enroulant autour des jambes des chevaux.

Les chevaux sont, par nature, des créatures très facilement effrayées. Et, naturellement, ces choses terrifiantes qui crachaient du feu, de la lumière et du son étaient quelque chose qu’aucun des chevaux n’avait jamais rencontré auparavant.

Même les magnifiques chevaux élevés dans les vastes plaines de Miðgarðr, réputés pour leur courage supérieur à la moyenne, ne pouvaient s’empêcher d’être pris d’une panique frénétique.

Ils se cabraient, rejetant leurs cavaliers.

Pire encore, ils tentaient désespérément de fuir l’endroit, se heurtant les uns aux autres dans leur panique.

Ils avaient également percuté les soldats à pied, les envoyant voler.

Quelques dizaines de secondes seulement après le lancement des premières flèches, les troupes du Clan de la Panthère étaient plongées dans un état de pandémonium total.

Et ce n’était pas tout.

Alors que les serpents de feu semblaient commencer à se calmer, comme s’ils avaient été calculés pour ce moment, une deuxième vague de flèches avait atterri au milieu d’eux.

Bang ! Ba-bang ! Ba-ba-ba-ba-ba-ba-bang !!

Les bruits d’explosion, les éclairs de lumière et les éclats de feu recommencèrent sans remords, entraînant les soldats et les chevaux dans un nouveau chaos.

« Rrrraaaaaggghhh !!! » C’est alors que les troupes du Clan de la Corne poussèrent un énorme cri de guerre et chargèrent.

L’armée du Clan de la Panthère, chevaux et cavaliers confondus, était déjà frappée de peur face à cette étrange diablerie qu’ils n’avaient jamais rencontrée auparavant, et ils n’étaient pas en état de se battre.

Même s’ils voulaient fuir, les murs des wagons bloquaient les deux flancs, et la rivière Körmt était dans leur dos.

Réaliser qu’ils n’avaient nulle part où aller n’avait fait qu’attiser la peur dans le cœur des combattants du Clan de la Panthère.

« Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui se passe ? » L’assurance de Sigyn s’était évanouie, elle était pâle comme un fantôme et jetait des regards pressés dans tous les sens.

Elle était tellement perplexe devant la situation insondable qui se déroulait autour d’elle qu’elle avait oublié de continuer à donner des ordres à ses troupes.

Bien sûr, même si elle avait essayé de le faire, personne n’y aurait répondu.

Ce n’était plus une bataille entre deux armées.

Le massacre de l’armée du Clan de la Panthère avait commencé.

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