Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 7 – Acte 1 – Partie 4

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Chapitre 1 : Acte 1

Partie 4

« Je vais me coucher. Si tu veux parler de quoi que ce soit, garde-le pour demain, » dit-il d’un ton las, en passant ses doigts dans ses cheveux, puis il entra dans la maison.

L’odeur était désagréable, mais il pouvait la supporter. Au bout d’un moment, il s’y habituerait probablement suffisamment pour ne plus s’en rendre compte.

Cette pensée, bien sûr, était aussi désagréable à sa façon, mais pour l’instant, il voulait juste s’allonger.

« Très bien. Repose-toi bien. »

« Ouais… »

Les mots de son père étaient d’une gentillesse un peu atypique, mais Yuuto leur donna une réponse désinvolte et se dirigea vers sa chambre au deuxième étage. Ce faisant, il fut découragé par la vue d’une épaisse couche de poussière sur les escaliers.

La chambre de son père était au premier étage, donc il n’y avait probablement plus personne qui montait au deuxième étage.

« Au moins, nettoie ce foutu endroit pour le Nouvel An…, » avait marmonné Yuuto.

Tout comme le nettoyage de printemps, le Nouvel An était l’une des périodes traditionnelles de nettoyage de la maison familiale dans la culture japonaise. Cependant, ce niveau de poussière n’était pas quelque chose qui se produisait en quelques mois seulement. Cet endroit n’avait clairement pas été nettoyé depuis des années.

Ce niveau de négligence était tout simplement incroyable.

Le père dans les souvenirs de Yuuto était toujours un homme strict, mais un homme étonnant, quelqu’un qui pouvait créer des katanas avec une habileté que personne d’autre ne pouvait reproduire.

C’était exactement la raison pour laquelle Yuuto l’avait admiré dans sa jeunesse, et avait décidé très tôt qu’il voulait lui aussi être un fabricant de sabres.

« Était-il vraiment un type aussi désespéré et pathétique depuis le début !? » murmura Yuuto.

Il semblait que l’homme ne pouvait plus rien faire pour la maison maintenant que sa femme était partie, pas même le moindre nettoyage.

En vérité, c’était un peu une justification, comme si ça lui avait servi de leçon.

Cela dit, Yuuto détestait aussi l’idée que son père stoïque porte un tablier de ménage et utilise un aspirateur. Il pouvait dire qu’il y avait une partie de lui-même qui ne voulait pas que cela arrive.

« Tch, qu’est-ce qui me prend ? » Yuuto ne pouvait que claquer la langue et marmonner de frustration en montant les escaliers.

Il ne comprenait pas son propre cœur. Le fait qu’il ne le comprenait pas ne faisait qu’empirer les sentiments d’irritation en lui.

Et donc Yuuto avait décidé d’arrêter de penser à ses sentiments pour le moment.

Il était vraiment plus épuisé qu’autre chose.

Pour l’instant, il ne voulait penser à rien.

« D’accord, je vais dormir ! » Dès qu’il avait ouvert la porte de sa chambre, il avait plongé immédiatement dans son lit.

 

◆◆◆

« P-Père est retourné dans le pays au-delà des cieux !? Comment est-ce possible ? » La voix criarde de Sigrun était tendue, et elle tapa du poing sur la table dans un accès d’émotion.

C’était une belle fille avec de longs cheveux argentés attachés grossièrement derrière elle en une longue tresse.

Normalement, elle n’était pas du genre à afficher ouvertement des émotions fortes, au point que certains la surnommaient « fleur de glace ». Mais maintenant, la confusion et l’inquiétude étaient visibles sur son visage.

C’était le monde d’Yggdrasil, et elle était assise dans le quartier général temporaire installé dans le camp de la formation principale de l’armée du Clan du Loup, près du Fort de Gashina, à la frontière ouest du territoire du Clan du Loup.

Tous les autres grands généraux du Clan du Loup participant à cette campagne étaient également présents, tous réunis autour d’une table dans un espace d’à peine 40 elle (20 mètres) de large de part et d’autre, séparé de l’extérieur par un rideau.

Aujourd’hui, ils avaient tous livré une succession de batailles féroces, comme ils n’en avaient jamais livré auparavant, contre le Clan de la Foudre et le Clan de la Panthère. Leurs visages, éclairés par la lumière des torches, étaient assombris par les nuances sombres de leur fatigue.

« Shh, tu ne dois pas parler si fort, Run, » dit Félicia. « Et si les soldats dehors t’entendaient ? »

« Ah. » Sigrun grimaça douloureusement à la réprimande de Félicia, et se tut.

Si la nouvelle de l’absence du commandant en chef de leur armée se répandait, les troupes pourraient tomber dans une terrible confusion. Sigrun comprenait bien à quel point ce genre de chose était dangereux dans la situation actuelle.

« Je suis désolée, » dit Sigrun à voix basse, le visage plissé. « Mais j’ai du mal à me calmer. »

Normalement, elle n’aurait jamais fait ce genre d’erreur élémentaire. Cela montrait à quel point la nouvelle de Félicia avait bouleversé son monde.

Un homme d’environ quarante ans, mais avec des mèches blanches dans ses cheveux bruns, prit la parole, le visage sinistre. « C’est exactement ce que dit Sigrun, tante Félicia. Nous avons besoin que tu nous donnes une explication complète. »

Il s’appelait Olof, et il était le quatrième officier du Clan du Loup.

Il n’était pas un guerrier tape-à-l’œil sur le champ de bataille comme Sigrun le Mánagarmr, ou comme Skáviðr, l’homme connu sous le nom de Bourreau Ricanant, Níðhǫggr. Pourtant, depuis l’époque du précédent patriarche du clan, Olof s’était attelé à des tâches difficiles, les unes après les autres, et avait obtenu des résultats solides chaque fois, construisant lentement ses réalisations et son statut dans le clan.

Il était également doué pour la politique et l’administration, et était actuellement le gouverneur de la ville et du territoire de Gimlé, une mission cruciale, car cette région était devenue le grenier du Clan du Loup de nos jours.

Il était le genre d’homme rare qui savait commander aussi bien sur le champ de bataille que derrière un bureau, et c’est ainsi qu’il s’était élevé à juste titre pour devenir une figure d’autorité dans le Clan du Loup.

Apparemment, les autres généraux présents étaient exactement dans le même état d’esprit qu’Olof. Ils s’étaient tous tournés vers Félicia pour une explication complète, avec des expressions remplies de trouble et d’inquiétude.

« Bien sûr, je comprends. » Félicia avait hoché la tête une fois, son expression étant rigide.

Le regard dur et sérieux qu’elle portait était tel que les généraux réunis pouvaient être sûrs que ce qu’elle allait leur dire ne contiendrait aucun mensonge.

« Comme vous le savez tous, Grand Frère est arrivé ici à Yggdrasil il y a trois ans, alors que j’effectuais le rituel pour le seiðr Gleipnir, » dit-elle.

« Hm, d’accord. » Olof avait hoché la tête, tout comme les autres généraux.

C’est ce jour-là que le destin du Clan du Loup avait changé, commençant son ascension vers la prospérité.

À l’époque, le clan était petit et faible, au bord de la destruction. En seulement trois ans, il était devenu une grande et puissante nation, à égalité avec le Saint Empire central d’Ásgarðr, et tout le monde avait compris que c’était grâce à Yuuto.

En effet, c’est la raison pour laquelle toutes les personnes présentes autour de cette table arboraient maintenant des expressions si terribles.

Pour le Clan du Loup, Yuuto était maintenant considéré comme absolument nécessaire, il était devenu un symbole de la gloire et de la prospérité du Clan du Loup dans l’esprit de chacun, leur pilier de soutien mental.

Perdre soudainement quelqu’un d’aussi important, sans aucun avertissement préalable, était quelque chose qui n’aurait pas dû être autorisé à se produire.

« Le seiðr magique Gleipnir est un sort qui capture les choses d’origine surnaturelle, les lie et les scelle, » déclara Félicia. « Comme effet de ce sort, Grand Frère, qui est un résident du monde au-delà des cieux — en d’autres termes, quelqu’un dont l’existence n’est pas naturelle ici — a été lié à ce monde. Ce lien magique a été défait, et l’auteur en est Sigyn, la femme connue sous le nom de Sorcière de Miðgarðr. »

« Sigyn… !? » Le nom était sorti des lèvres d’Olof dans un souffle de choc.

Comme son pseudonyme le suggérait, Sigyn était l’une des rares personnes d’Yggdrasil à maîtriser l’utilisation de la magie rituelle connue sous le nom de seiðr.

Elle était également l’ancien patriarche du Clan de la Panthère, l’ennemi même avec lequel ils étaient en guerre en ce moment, et elle était l’épouse de son patriarche actuel Hveðrungr.

« En d’autres termes, » dit Olof, « tu dis que l’ennemi est celui qui a renvoyé Père dans le pays au-delà des cieux… c’est terrible. C’est juste trop terrible. »

Olof fronça les sourcils et grimaça aussi amèrement que s’il venait de mordre un insecte.

Les autres personnes présentes ici étaient toutes des soldats vétérans, et ils savaient donc exactement ce que les mots d’Olof signifiaient.

Pour commencer, il s’agissait d’une situation de crise, avec leur commandant en chef soudainement absent du front, en plein milieu d’une série de batailles.

De plus, ce fait était une information sensible qui ne devait pas être divulguée, or l’ennemi en avait sûrement déjà pleine connaissance. C’était la pire combinaison possible.

Félicia avait hoché lourdement la tête à la déclaration d’Olof, et avait continué.

« Oui, alors même si je comprends parfaitement à quel point tout le monde ici doit être bouleversé par le retour soudain de Grand Frère dans son monde, à l’heure actuelle, notre Clan du Loup est dans un état de danger terrible. Il est probable que dès demain, l’ennemi profitera de cette occasion pour lancer un assaut féroce contre nous. »

L’air autour de la table était tendu, mais personne ne parlait, bien qu’il y ait le bruit de quelques personnes qui déglutissaient nerveusement.

Comme par habitude naturelle, chacun de leurs regards s’était dirigé vers un seul endroit.

C’était le siège surélevé juste à la droite de Félicia.

Cependant, le jeune homme courageux et sage, qui les avait toujours guidés hors du danger et vers la victoire et la gloire, n’était plus assis là.

Olof croisa les bras et réfléchit un instant, puis prit la parole. « Tante Félicia, es-tu incapable d’invoquer à nouveau Père depuis le monde où il est retourné ? »

« Ohh, oui, c’est vrai ! » Un autre général de clan s’était exprimé bruyamment à ce sujet, suivi de plusieurs autres qui avaient ajouté leur grain de sel.

« Bon, vous avez réussi à l’invoquer ici une fois. Il n’y a aucun mal à essayer à nouveau. »

« Tante Félicia, vous pouvez le faire !? »

Alors que les autres généraux étaient de plus en plus excités, ils avaient tous dirigé leurs regards vers Félicia avec anticipation, et après une pause, elle répondit…

… en secouant la tête.

« C’est impossible. D’abord, nous n’avons pas le miroir divin ici. »

« Alors, on a besoin de ça ? » Olof fronça les sourcils. « C’est vrai que lorsque Père communiquait avec son monde d’origine, il avait besoin d’être proche de ce miroir, sinon ça ne marchait pas. Hmm… Cependant, si c’est le cas, nous allons devoir faire quelque chose pour résoudre cette situation urgente tout seuls… »

Même sur un cheval rapide, il faudrait trois jours pour atteindre la capitale du Clan du Loup, Iárnviðr, d’ici. Si l’on tient compte du voyage de retour, il n’y avait aucune chance qu’il soit à temps pour aider.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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