Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 3 – Chapitre 4 – Partie 1

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Chapitre 4 : Acte 4

Partie 1

« Même en hiver, cet endroit est toujours aussi chaud ! » Yuuto s’était plaint.

« Tais-toi, Yuuto ! » cria la fille aux cheveux roux. « Concentre-toi sur le mouvement de tes mains, et non pas sur tes lèvres ! »

« Je le sais ! » En ronchonnant et en jurant, Yuuto ramassa plus de sable de fer avec la pelle qu’il tenait et le déposa soigneusement dans la fournaise en flammes.

De l’autre côté de la fournaise, Ingrid avait fait la même chose, dégoulinant de sueur alors qu’elle jetait une pelletée de charbon de bois.

En plus d’eux deux, il y avait une dizaine d’hommes qui s’engageaient tranquillement dans leur propre partie du travail, chacun étant entassé dans un atelier de seulement dix mètres de long pour un peu plus d’une dizaine de mètres de large. Les connaissances sur la façon d’affiner le fer ne pouvaient pas être divulguées et tomber entre les mains des clans voisins, alors ces hommes étaient des protégés de confiance que Loptr avait triés sur le volet après plusieurs séries d’examens minutieux.

Près de six mois s’étaient écoulés depuis l’arrivée de Yuuto à Yggdrasil.

Le four à tatara était un four à soufflets d’argile qui avait vu le jour pendant la période Yayoi au Japon, entre 300 av. J.-C. et 300 apr. J.-C.. Dans l’ère moderne, on pouvait encore voir la méthode du tatara exposée au festival culturel d’une université, ou utilisée comme une forme de formation parascolaire pour les étudiants d’une école professionnelle spécialisée.

Yuuto pensait qu’il était peu probable qu’il soit capable de créer la meilleure qualité d’acier japonais de qualité militaire, appelé tamahagane. Mais il était presque sûr qu’il pouvait au moins produire du fer de qualité décente en environ un mois.

Malheureusement, les résultats avaient été un échec après l’autre, et même maintenant, il n’avait pas encore réussi une seule fois à raffiner le fer.

En fin de compte, il y avait une énorme différence entre le fait de n’avoir qu’une petite quantité de connaissances et le fait d’avoir une expérience du monde réel lorsqu’était venu le temps de mettre les choses réelles en pratique.

« Hé, Ingrid, le feu n’a pas l’air assez fort, » déclara Yuuto. « Pompe encore un peu plus le soufflet. »

« Je suis déjà dessus ! » répliqua Ingrid.

Ingrid et quelques hommes pressèrent leurs pieds sur la large planche du soufflet, pompant de l’air dans le fourneau. Cela avait accéléré la combustion des flammes dans la fournaise, ce qui l’avait rendue plus chaud.

Si l’on demandait pourquoi les humains s’étaient historiquement tournés vers les armes en bronze plutôt que vers le fer qui était largement supérieur, la réponse était que les processus de fusion et d’affinage du fer exigeaient beaucoup plus de chaleur.

Une flamme plus chaude nécessitait plus d’oxygène, mais il y avait une limite à la quantité d’oxygène naturellement présente dans l’air. Ainsi, ce n’était qu’en utilisant des techniques pour pomper rapidement de grandes quantités d’air dans le four que l’on avait pu produire des flammes assez chaudes pour affiner le fer.

« Yuuto, ça devrait suffire, non ? » demanda Ingrid.

« Hm, ouais, ça devrait pour l’instant le faire, » répondit Yuuto.

Tout en vérifiant la couleur et la force des flammes, Yuuto s’arrêta pour prendre une courte pause.

À l’heure actuelle, Yuuto était enfin capable de comprendre et de parler la langue locale, mais bien sûr, pas complètement. S’il ne pouvait pas communiquer, alors il ne pouvait rien faire. Il semble que la nécessité créée par ce type d’immersion forcée ait accéléré sa capacité à apprendre la langue.

« Bon travail aujourd’hui, Grand Frère, » Félicia avait fait un éloge à Yuuto. « Tu dois être fatigué. »

Bien sûr, c’était en grande partie grâce à l’aide de Félicia, qui pouvait utiliser son galldr de Connexions pour lui permettre de comprendre le sens des mots tels qu’il les entendait.

Yuuto secoua la tête. « On n’a pas encore fini. En vérité, c’est là que le travail commence vraiment. Maintenant que nous avons la bonne température, à partir de maintenant, nous devons la maintenir pendant trois jours et trois nuits entiers sans nous arrêter pour nous reposer ou dormir. »

 

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« S-Sire, ce n’est pas bien de faire fonctionner le commandant en second comme ça..., » s’était opposé un homme.

« C’est bon, c’est bon, » déclara Loptr. « Le destin du Clan du Loup en dépend. Alors, laissez-moi-le faire. »

L’homme aux cheveux d’or avait pris une pelle de l’ouvrier déconcerté, et commença à ramasser le sable de fer pour le déposer dans le four.

En raison de sa silhouette élégante et noble, il n’avait pas l’air à sa place quand il s’agissait de faire le genre de travail manuel vous faisant normalement dégouliner de sueur. C’était plutôt ce que faisaient normalement, faute d’un terme plus poli, les gens les plus bas de l’échelle sociale.

« Et ton propre travail, Grand Frère Loptr ? » cria Yuuto de l’autre côté, sans arrêter son propre travail.

« J’ai tout lâché pour venir ici, » répondit Loptr.

« Hé ! » s’écria Yuuto.

« Hahahahaha, je disais ça seulement en plaisantant, » ricana Loptr. « C’est vrai que j’étais tellement préoccupé par la façon dont les choses se déroulaient ici que je n’arrivais pas à bien me concentrer sur mon travail. »

« N’as-tu pas confiance en moi, hein ? » demanda Yuuto.

« Après tout, si nous n’obtenons pas rapidement de résultats, les choses vont mal tourner pour nous, » répondit Loptr.

« ... Je comprends, Grand Frère, » déclara Yuuto.

Tous les deux avaient après ça continué leur travail en silence et minutieusement.

 

☆☆☆

 

Le lendemain matin, une fille aux cheveux argentés était passée à l’atelier pour une visite.

« Yuuto, je vois que tu travailles dur, » déclara Sigrun. « Je suis venue voir comment ça se passait sur ton front. »

« Oh, hé, Sigrun, » répondit Yuuto sans se tourner vers elle. « Bonjour. »

Le succès ou l’échec de la méthode du tatara reposait entièrement sur le contrôle de la température du feu. S’il faisait même un peu trop chaud ou trop froid, le processus échouerait. Yuuto n’avait pas obtenu un seul succès jusqu’à présent. Ainsi, il n’avait pas pu quitter la fournaise des yeux ne serait-ce qu’une seconde.

« Tu commences enfin à avoir l’air un peu plus en forme, » déclara Sigrun.

« Ouais, grâce à ça. » Tandis qu’ils échangeaient quelques plaisanteries, Yuuto ponctua sa remarque en enfonçant sa pelle dans l’imposante montagne de sable de fer entassée à côté de la fournaise.

La méthode du four tatara nécessitait de très grands volumes de charbon de bois et de sable de fer. Au cours des cinq derniers mois, Yuuto n’avait cessé d’aider à l’abattage des arbres et au transport du bois.

Quant au processus de fusion et d’affinage du fer, il travaillait sans relâche depuis trois jours et trois nuits à la fois, pelletant continuellement le sable de fer lourd avant de le placer dans le four. C’était le genre de travail qui était épuisant rien que d’y penser. Et ce genre de travail l’avait musclé.

De plus, à ce moment-là, son corps commençait enfin à s’adapter à la nourriture d’Yggdrasil, de sorte qu’il ne souffrait plus tout le temps de douleurs abdominales ni de maladies.

Yuuto avait quatorze ans, en pleine croissance. Il avait beaucoup mangé et travaillé dur, et il était devenu un peu plus grand au cours des six derniers mois.

« Alors, penses-tu que ça va marcher cette fois-ci ? » demanda Sigrun.

« Je vais faire en sorte que ça marche, » déclara Yuuto.

« Bonne réponse, » elle sourit malicieusement. « ... Hé, attention ! » cria Sigrun en avertissant Yuuto qui trébuchait sur ses propres pieds.

« Wouaouh — !? » s’écria Yuuto.

Son visage s’approcha dangereusement de la fournaise, mais en un instant, Sigrun avait saisi l’arrière de ses vêtements et le ramena en lieu sûr.

« Franchement, voilà ce que j’obtiens en te complimentant, » déclara Sigrun.

« D-Désolé. Merci quand même. Tu m’as vraiment sauvée, » en essuyant les sueurs froides et soudaines, Yuuto expira de soulagement.

Peut-être qu’à cause de sa concentration intense, il avait complètement bloqué toute sensation liée à la fatigue, mais il était resté au travail toute une journée et toute une nuit sans se reposer. Apparemment, l’épuisement avait atteint ses jambes.

« Donne-moi ça, » ordonna Sigrun. « Ce genre de chose est mon domaine de prédilection. »

« Mais, je ne peux pas..., » commença Yuuto.

« Ne dois-tu pas durer trois jours et trois nuits ? Je vais te remplacer un moment, alors assieds-toi et repose-toi, » Sigrun avait pris la pelle de Yuuto avec une certaine force.

Yuuto avait un sentiment de déjà vu. Il se souvenait d’une époque où il avait essayé d’allumer un feu, et quelque chose de semblable s’était produit.

À l’époque, Sigrun était complètement exaspérée par lui. Mais maintenant, malgré ses paroles brusques, il pouvait sentir qu’elle était plus attentionnée et respectueuse envers lui, même si ce n’était pas énorme.

Les choses avaient changé.

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4 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chapitre !!!

  3. Merci pour le chap ^^ Je suis contente de le voir enfin se rendre utile ~

  4. Merci pour le chapitre !

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