Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 3 – Chapitre 2 – Partie 4

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Chapitre 2 : Acte 2

Partie 4

« Attendez ! Qu’est-ce que c’est que ce bordel !? Ne vous foutez pas de moi !! » Yuuto avait perdu le contrôle de ses émotions et avait failli jeter son smartphone par terre en fureur, réussissant à peine à s’arrêter.

Le disque blanc de la pleine lune brillait dans le ciel.

Il s’était rendu à la tour et avait couru jusqu’au hörgr avant même le coucher du soleil. Au lever de la lune, il était prêt à utiliser son téléphone pour créer l’effet miroir opposé. Mais encore une fois, rien ne s’était produit.

Je peux rentrer à la maison à la prochaine pleine lune. Cette seule pensée l’avait maintenu en vie, et le fait de découvrir maintenant que ce n’était pas vrai après tout ce temps était quelque chose qu’il ne pouvait pas accepter.

Le Yuuto de deux ans plus tard lui aurait reproché d’être assez naïf pour se fier à une hypothèse aussi simple. Mais à ce moment-là, Yuuto était tout simplement rempli de colère et de ressentiment à l’idée que les choses ne s’étaient pas déroulées comme prévu.

« C’est quoi ce bordel !? Pourquoi ça ne suffit pas !? Qu’est-ce qui manque ici ? » se demanda-t-il à voix haute.

« Euh, Seigneur Yuuto ? » Félicia l’appela.

« Quoi — ! Vous... ! » Yuuto tourna sa rage dans sa direction et la regarda d’un air renfrogné.

Surprise, Félicia avait reculé devant son attitude menaçante, mais Yuuto l’avait ignorée et avait continué à avancer.

« C’est ça ! C’était vous ! J’ai assurément entendu votre voix à l’époque ! C’est vous qui m’avez convoqué ici ! Alors, renvoyez-moi d’où je viens ! » cria Yuuto.

« Euh ! Mais, même si vous dites ça, je... je ne sais pas..., » répondit Félicia.

« Vous faisiez une sorte de danse à l’époque, non ? Allez-y, recommencez. Ça devrait pouvoir me renvoyer chez moi ! » Yuuto parlait fébrilement, avec les bras croisés alors qu’il lui serrait les épaules.

Félicia le regarda avec une douleur dans les yeux, puis secoua la tête en silence. « Seigneur Yuuto, je serais prête à danser si c’est ce qui vous satisfait, mais je n’ai pas le pouvoir nécessaire pour vous envoyer — . »

« Ne me racontez pas ces conneries ! » Yuuto éleva la voix et coupa la parole de Félicia d’un ton grossier.

Il le savait déjà. Il savait qu’il n’y avait pas un seul mensonge dans ce qu’elle lui avait dit. Malgré tout, il ne pouvait pas l’accepter.

« Faites-le pour moi, d’accord ? Si vous faites ça, je pourrai rentrer chez moi. Je devrais pouvoir rentrer chez moi ! » cria Yuuto.

Yuuto la supplia comme s’il essayait aussi de se convaincre lui-même, s’accrochant à ses propres paroles comme son dernier espoir.

Félicia détourna le regard, comme si elle ne pouvait plus supporter de le regarder, et soupira avec force. « ... D’accord. »

Félicia fit un petit pas en avant et se mit à danser. Son expression était tout à fait sérieuse, et chacun de ses mouvements était vif et agile. C’était magnifique et envoûtant, et dans des circonstances normales, sa danse suffirait à l’envoûter.

Cependant, il y avait quelque chose qui n’allait pas.

« Faites-le sérieusement ! » avait crié Yuuto. « Ça ne marchera pas si vous ne faites que bouger ! À l’époque, vous étiez plus émotive, plus intense ! »

Yuuto savait qu’une œuvre d’expression artistique était un acte qui mettait à nu la condition du cœur et de l’esprit de l’artiste. En tant que fils d’un épéiste japonais traditionnel, il avait appris à le connaître de fond en comble.

Félicia ne se concentrait pas pleinement sur cet endroit et ce moment, et elle n’avait pas le vœu sincère de la victoire pour le Clan du Loup qu’elle avait tenu la fois précédente. Elle ne faisait que danser. L’« âme » de la danse, la partie la plus importante, manquait.

« Mais même si vous dites cela..., » l’expression de Félicia s’était assombrie, et elle semblait confuse.

Pour sa part, elle faisait de son mieux. Cependant, la vraie passion n’était pas quelque chose qu’une personne pouvait simplement invoquer et contrôler à volonté.

« Je m’en fiche, faites-le bien. Renvoyez-moi chez moi ! Renvoyez-moi au Japon ! » La voix de Yuuto devint criarde et hystérique. Quelque part au fond de son esprit, il savait qu’il était déraisonnable, mais il ne pouvait pas s’en empêcher.

Allait-il recommencer à avoir constamment des crampes d’estomac et des nausées ?

Allait-il devoir subir le mépris et les insultes de tous ceux qui l’entouraient ?

Allait-il devoir continuer à faire face à sa propre existence minuscule et inutile ?

S’il perdait cette chance de rentrer chez lui aujourd’hui, il devrait répéter cette vie d’enfer pendant encore un mois. Rien que l’idée l’effrayait.

« Arrêtez de déconner ! » hurla-t-il. « C’est vous qui m’avez fait venir ici ! Alors vous devriez pouvoir me renvoyer chez moi ! Assumez la responsabilité ! Si vous ne pouviez pas me renvoyer chez moi, alors vous n’auriez pas dû m’appeler dans ce... »

Clack!

Soudain, il y avait eu un choc brutal sur la joue droite de Yuuto, et il avait été projeté sur le sol.

« Gah ! »

Un moment plus tard, une douleur intense lui traversa la tête.

Tandis que Yuuto était allongé là, luttant pour comprendre ce qui venait de se passer, une voix déplaisante, rauque et âgée, l’appela d’en haut.

« Pheew-ee. Je n’arrive pas à y croire. Un vieil homme est assis là, essayant de profiter d’un verre sous la pleine lune, et vous avez dû venir ici pour tout gâcher, » déclara une voix d’homme.

Yuuto avait finalement réalisé qu’il avait été frappé. La douleur qui se propageait sur le côté de son visage se transformait en carburant pour sa colère.

« Ça fait mal, bon sang ! Qui êtes-vous, et pourquoi avoir fait ça ? » Yuuto sauta sur ses pieds et, pressant une main sur sa joue, regarda avec haine l’homme qui l’avait frappé.

C’était un très vieil homme. Ses cheveux étaient complètement blancs et son visage était plissé par des couches de profondes rides. Son corps était surtout composé de peau et d’os, si maigre qu’il ressemblait à un vieil arbre desséché.

Yuuto sursauta et prit du recul. « Argh ! Q-Qu’est-ce qu’il a, ce vieil homme ? »

D’un simple coup d’œil, l’homme semblait faible et frêle, mais il y avait aussi quelque chose d’étrangement intimidant chez lui. L’éclat vif dans ses yeux était aussi brillant que s’il était encore dans la fleur de l’âge, et semblait aussi exprimer la profondeur de ses années accumulées. Le simple fait d’être regardé par ces yeux donnait à Yuuto l’impression d’être enraciné en place, comme si son corps était soudainement fait de plomb.

« P-Père ! » Félicia sursauta.

« Hein ? » Yuuto avait été stupéfait pendant un moment.

Il savait que son père biologique était mort. Si elle appelait cet homme Père, alors il n’y avait qu’une seule autre personne...

« I-Impossible... Êtes-vous le patriarche !? » s’écria Yuuto.

« Oui, je suis le patriarche et souverain du Clan du Loup, Fárbauti. » En caressant sa belle barbe, le vieil homme gloussa. « Enchanté, Gleipsieg... ou, si l’on se fie à la façon dont vous vous comportiez à l’instant, peut-être êtes-vous aussi décevant que les rumeurs le disent, et je devrais vous appeler Sköll, hmm ? Keh-heh-heh-heh. »

« P-Père, pourquoi êtes-vous ici ? » Félicia bégayait. « Être dehors dans le vent de la nuit n’est pas bon pour votre santé. »

« Keh-heh ! Je vieillis peut-être, mais je ne suis pas si faible. Il y avait une si belle lune ce soir, j’ai pensé que j’allais l’apprécier ! Et il n’y a pas de meilleur endroit pour ça qu’ici, où nous sommes le plus près du ciel, » répondit Fárbauti.

En riant de son inquiétude, le vieux patriarche prit une gorgée de la coupe d’argent qu’il tenait. Elle avait l’air pleine d’alcool, et Yuuto pouvait voir que ses joues étaient légèrement rouges.

« Et puis qu’est-ce que je vois d’autres qu’un type qui s’en prend à une femme d’une façon vraiment inconvenante ! Vous parlez d’un truc qui tue l’ambiance. Ça gâchait le goût de mon verre, alors j’ai voulu un peu le gronder. Maintenant, pas besoin de me remercier. Keh-heh-heh-heh ! » ria Fárbauti.

« Hmph, quelle arrogance ! » Yuuto avait craché du sang venant de sa bouche sur le sol. « Je n’ai pas besoin d’un sermon d’un leader incompétent qui laisse son pays se perdre si vite que je peux le voir se produire. »

Dans des circonstances normales, Yuuto parlait poliment avec quelqu’un de plus âgé que lui ou au-dessus de lui dans la hiérarchie, mais ses derniers espoirs avaient été anéantis, et il était rempli du genre de désespoir où il ne se souciait plus vraiment des conséquences.

Et c’était sans parler du fait qu’il venait de lui donner un bon coup de poing dans la figure alors il n’y avait pas de meilleure cible pour toute l’indignation refoulée dans le cœur de Yuuto.

« La raison pour laquelle je me suis retrouvé dans cette situation au début, c’est parce que tu ne pouvais pas faire ton travail en tant que dirigeant, » grogna Yuuto. « C’est vrai, — toi, plus que quiconque, tu n’as pas le droit de me dire comment agir ! »

« S-Seigneur Yuuto, s’il vous plaît, ne..., » Félicia tenta nerveusement de le dissuader de continuer, mais pour Yuuto, elle était une autre des raisons pour lesquelles il avait été mis dans cette situation infernale, et il ne ressentait pas le besoin d’écouter ses conseils.

« Quoi ? Tu vas m’exécuter pour insulte à la dignité du souverain ? Ha ! Vas-y, essaye si tu le veux. Je mourrai de rire de ce souverain si mesquin. Ce n’est pas étonnant que ton pays tombe dans un gouffre, » déclara Yuuto.

Yuuto n’arrêtait pas d’aller et venir sur la situation. Au fond de son esprit, il s’entendait chuchoter : Ah, je suis mort, mais la partie de lui qui se sentait assez en colère pour ne pas se soucier de ce qui allait se passer ensuite avait quand même gagné.

Si cet homme avait fait les choses correctement, Yuuto aurait pu rester dans un Japon pacifique sans jamais avoir à venir ici. On l’avait tellement fait souffrir en l’amenant ici, et la cause profonde de toutes ses souffrances était en train de prendre un verre ici, sans se soucier de rien. Il ne serait pas satisfait tant qu’il n’aurait pas fait perdre son sang-froid à ce type et qu’il n’aurait pas laissé tomber son numéro de « dirigeant cool et ratatiné ».

Mais contrairement aux suppositions de Yuuto, le vieux patriarche ne s’était pas fâché, mais il avait croisé les bras et fermé les yeux. « Hrm... »

Quand il les ouvrit à nouveau, les coins de sa bouche se relevèrent en souriant.

« Tu as du culot, mon garçon. Tu es la première personne à m’en vouloir autant, même si tu savais que j’étais un patriarche. »

« Hehe, donc aucun de tes subordonnés ne t’a jamais parlé honnêtement ? » Yuuto sourit. « Je suppose qu’ils n’ont pas beaucoup confiance en toi, vieil homme. »

« S-Seigneur Yuuto, s-s’il vous plaît, arrêtez..., » demanda Félicia.

« C’est bon, Félicia, » déclara le patriarche. « Il n’est pas de mon peuple. Qu’il dise ce qu’il veut. »

« Mais..., » commença Félicia.

« J’ai dit que c’est bon, » déclara le patriarche.

Le vieux patriarche fit un unique et puissant regard à Félicia, qui s’inclina une fois et prit du recul.

« ... D’accord, c’est bon, » déclara Félicia.

Bien qu’il n’ait été ici qu’un mois, Yuuto était maintenant au courant du fait que les habitants du monde d’Yggdrasil rejetaient la noblesse et la lignée sanguine, et que leur société était un système basé d’une manière extrême sur la méritocratie.

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4 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. Merci pour le chap ^^

  3. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre.

  4. Merci pour le chapitre !

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