Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 2 – Chapitre 5 – Partie 4

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Acte 5

Partie 4

« Ah ! Très bien, messieurs, c’est le signal du Père, » dit Sigrun. « Tout le monde, montrez-moi votre esprit combatif ! »

Alors qu’elle avait vu l’apparition de bannières utilisées comme signal depuis sa position sur le flanc gauche, où elle attendait avec impatience sa chance de charger, Sigrun avait attiré l’attention de ses subordonnés.

Cette fois, ils n’allaient pas utiliser le type d’attaque-surprise suivi par une fuite qu’ils avaient utilisé contre le Clan du Sabot. À l’époque, ils se battaient sur le territoire de leur nation alliée, le Clan de la Corne, et donc ils avaient acquis une grande quantité d’informations sur la géographie, ainsi que des fournitures et de l’aide des citoyens. Cette fois, ils se trouvaient en territoire ennemi et devaient éviter toute manœuvre à haut risque.

Mais grâce au repos qu’ils avaient eux, les combattants et les chevaux avaient de l’énergie à revendre, et ils étaient prêts et attendaient le signal pour se lancer dans le combat.

« Unité Múspell, en avant ! » Sigrun avait dégainé son nihontou pendant qu’elle criait l’ordre.

Sa voix claire et belle débordait d’esprit combatif et alimentait les flammes de l’excitation de ses hommes.

Sa silhouette élégante et magnifique ressemblait à la façon dont on pourrait imaginer l’une de ces jeunes filles guerrières mythologiques qui guidaient les âmes dans l’au-delà. C’était loin de l’image que l’on pourrait imaginer de son titre de guerrière.

Sous sa direction, il avait été dit que ses hommes ne craignaient même pas la mort, et l’unité de Múspell avait foncé avec férocité sur leurs ennemis.

« Ennemis lointains, écoutez ma voix ! Ceux qui sont à proximité, venez me voir ! Je suis le Mánagarmr, Sigrun du Clan du Loup ! Si vous n’avez plus besoin de votre vie, alors venez auprès de moi ! »

Alors qu’elle annonçait son nom, Sigrun s’était frayé un chemin à l’arrière de la formation de la troupe du Clan de la Foudre. Elle avait balancé sa lance, coupant rapidement la tête d’un combattant monté sur char et elle l’avait envoyé voler.

C’était la tactique du « Marteau et l’Enclume ». En utilisant des troupes à faible mobilité, mais à haute défense et endurance pour arrêter l’avancée de l’ennemi et les maintenir en place, on pouvait envoyer un groupe plus mobile à l’arrière ou sur les côtés de l’ennemi, et les écraser lors d’une attaque en tenaille.

Le célèbre Alexandre le Grand avait aimé utiliser cette tactique, et il avait été dit dans l’histoire qu’il avait vaincu l’armée persane beaucoup plus nombreuse à plusieurs reprises avec elle. C’était la carte maîtresse du Clan du Loup, et elle leur avait apporté la victoire dans la bataille contre le Clan de la Corne et le Clan du Sabot.

Fondamentalement, les formations de troupes étaient positionnées en supposant qu’elles combattaient une force ennemie devant elles, et étaient donc particulièrement vulnérables aux attaques de côtés et de l’arrière.

Et l’unité de Múspell était une unité de cavalerie, sans précédent dans le monde d’Yggdrasil, avec les capacités de charge les plus rapides et les plus puissantes jusque là connues.

Frappés par l’attaque furieuse des deux côtés, les soldats du Clan de la Foudre étaient soudainement tombés dans un état de panique. Ils avaient complètement perdu le contrôle, et au milieu du pandémonium qui avait suivi, ils avaient été dispersés sans aucune résistance.

« Haha ! » Tandis que Sigrun continuait à frapper ses ennemis de gauche à droite et de droite à gauche, ses oreilles avaient capté le grincement d’un cheval excité, accompagné par le bruit des roues qui faisait fortement gronder le sol.

Ce qui lui était apparu devant elle, repoussant les fantassins voisins, était ce qui était considéré comme l’arme militaire la plus puissante connue d’Yggdrasil, dont le nombre au combat était dit équivalent à la puissance de l’armée : un char !

« Hmph, alors vous vous êtes montré. » Sigrun avait ressaisi sa prise sur sa lance.

Yngvi du Clan du Sabot avait favorisé une construction logique et ordonnée à ses formations militaires, et avait créé une grande escouade de chars pour mettre l’accent sur leur puissance et leur mobilité. Le Clan de la Foudre était plus traditionnel, ayant construit des escadrons mixtes avec de l’infanterie et des chars.

Ceux d’un statut élevé montaient un char et se battaient d’en haut, commandant une unité qui les suivait composée de l’infanterie. Il était plus difficile d’être frappé par des attaques ennemies au sommet d’un char, et le fait d’être surélevé permettait de mieux observer le champ de bataille et de donner des ordres à ses subalternes. Et plus que tout, cela permettait aux officiers supérieurs de caresser leur ego. C’était la façon la plus standard d’utiliser les chars, non seulement dans Yggdrasil, mais tout au long de leur utilisation dans l’histoire de la Terre.

Ça correspond aussi aux informations qu’ils avaient reçues de Kristina.

« Je vais mettre un terme à vos bouffonneries, ici et maintenant, fille louve ! » Le grand homme au sommet de la plate-forme du char avait crié, et avait préparé sa lance et son bouclier.

Il avait l’air d’avoir une vingtaine d’années, et loin d’être secoué par l’attaque par-derrière, la soif de combat était écrite sur son visage.

C’était une belle expression. Sigrun avait senti à nouveau la flamme du guerrier surgir dans ses yeux. Le fait de combattre tant de faibles n’avait pas pu lui donner un défi et cela avait commencé à l’ennuyer.

« Ha ! Alors, arrêtez-moi si vous pensez pouvoir le faire  ! » Sigrun avait répondu à ses paroles audacieuses avec les siennes, et elle avait poussé son cheval vers lui, avançant sa lance vers lui dès qu’il avait été à sa portée.

Clang !

« Arg ! »

L’arme de l’homme avait facilement stoppé le coup fatal de Sigrun, et la tension de l’impact s’était répercutée sur son visage pendant un moment.

Son arme avait la forme d’une lance combinée à une lame de faucille. La partie en forme de L et le fer de lance de Sigrun étaient verrouillés ensemble, et ils luttaient pour la domination.

Il s’agissait d’une arme en forme de hallebarde, connue sous le nom de hache-poignard. C’était une arme à deux mains qui pouvait être lancée à l’ennemi pour le poignarder, tandis que la partie en forme de faucille pouvait être utilisée pour attraper et trancher le cou d’un ennemi ou d’autres zones vitales.

Il y avait beaucoup de personnes dans Yggdrasil qui favorisait cette arme parce qu’il était plus facile de se battre sur un char qu’avec une lance normale.

« Un char et une arme en fer », cria Sigrun. « Vous devez être un homme digne de mention. Donnez-moi votre nom ! »

Sigrun avait remarqué que la lame de l’arme de l’homme brillait avec le même éclat sombre que sa propre lance de fer. Ce n’était plus une rareté pour le Clan du Loup, mais pour d’autres clans, une arme de fer ne pouvait être créée sans l’utilisation de fer météorique, et donc un objet aussi rare et précieux valait cinq fois son poids en or. Le fait que cet homme avait été autorisé à porter une arme aussi puissante et précieuse signifiait qu’il devait être un héros digne de mention au sein de son clan.

« Je suis Þjálfi, assistant du commandant en second du Clan de la Foudre. »

« Arg ! Vous êtes donc la main droite de fer, dont on parle dans les rumeurs comme le “Gantelet de Fer” Járnglófi ! Vous êtes un adversaire digne ! »

Avec un autre clang, Sigrun avait repoussé la hache-poignard de Þjálfi et avait déclenché une attaque horizontale.

C’était ainsi qu’une bataille féroce s’était déroulée entre eux.

Bien qu’ils aient échangé plus de dix attaques en un clin d’œil, il n’y avait pas eu de coup décisif.

« Bon sang, ça ne va nulle part, » grogna Sigrun.

Fidèle au fer dans son alias, la défense de Þjálfi était aussi solide qu’un mur. Peu importe le nombre d’attaques que Sigrun lui lança, elle ne sentait aucune indication qu’elle pouvait trouver un moyen de s’en sortir.

C’était peut-être ce à quoi on pouvait s’attendre d’un Einherjar exalté pour sa bravoure, même au sein de la nation qui régnait sur tout le nord de Vanaheimr. Il était naturel que même le Loup d’Argent le plus Fort ne soit pas capable de le vaincre facilement.

L’objectif principal de Sigrun était de prendre la tête de Steinþórr. En vérité, elle savait qu’elle ne pouvait pas se permettre de continuer à se battre ici trop longtemps.

« Dans ce cas —, » Sigrun avait libéré sa main droite du manche de la lance.

Bien qu’il s’agisse d’un fait si évident qu’il n’était peut-être pas nécessaire de le mentionner, le fait de tenir une arme dans les deux mains donnait à ses attaques beaucoup plus de force qu’en la tenant d’une seule main. Le fait que Sigrun ait délibérément choisit de tenir son arme d’une seule main, et sa main non dominante, avait créé un vide dans sa défense qu’on pourrait appeler comme étant quelque chose de fatal.

Þjálfi avait soupçonné un instant qu’il s’agissait d’un piège, mais les pulsions guerrières étaient plus fortes. Avant qu’il n’ait eu l’occasion de réfléchir, il avait poussé sa hache-poignard de façon réfléchie.

« Haaaah ! » Sigrun avait poussé un cri féroce, et il y avait eu un éclair de lumière argentée près de sa taille.

« Quoi !? »

La tête de l’arme que Þjálfi avait utilisée pour submerger et dominer ses adversaires avait été tranchée proprement. Le visage du vétéran Einherjar s’était tordu dû au choc et à la surprise, et pendant un moment, il n’avait pas pu bouger.

Tout comme lorsque l’arme de Yngvi avait été coupée en deux, c’était dû à une seule frappe du nihontou.

Normalement, le fer pouvait être rendu plus dur par un processus de chauffage et de refroidissement connu sous le nom de « trempe ». Cependant, le fer météorique avait des propriétés matérielles complètement différentes du fer naturel que l’on trouvait dans les minerais souterrains ou du fer artificiel créé par le processus de thermite. Il ne pouvait pas être rendu plus solide par la trempe.

Ainsi, une arme faite de fer météorique n’était pas adaptée à une lame qui serait pliée, trempée et durcie un nombre incalculable de fois. C’était ainsi que s’arrêtait la comparaison.

« Préparez-vous ! »

Sigrun avait rapidement placé la poignée de l’épée dans sa bouche et l’avait tenue dans ses dents pour libérer sa main, avait préparé sa lance de nouveau dans ses deux mains, et en levant les bras, elle l’avait déplacé vers le bas.

— et elle avait vu le fer de sa lance se briser.

« Hé, ce type est mon bras droit », Steinþórr avait dit. « Je ne peux pas laisser quelqu’un le tuer aussi facilement. »

« Kh ! »

Le jeune homme aux cheveux roux avait fait tournoyer son énorme marteau avant de le poser sur son épaule, riant avec audace, et Sigrun avait senti un frisson parcourir à travers tout son corps.

Est-ce par joie quand au fait que sa cible, le patriarche du Clan de la Foudre, s’était montrée devant elle ? Était-ce à cause de la colère que sa lance préférée avait été détruite ? Était-ce l’excitation d’un guerrier à la perspective d’affronter un ennemi aussi fort ?

Non, ce n’était rien de la sorte. Le frisson était dû à la pure terreur.

L’énergie qui semblait rayonner de lui ici, sur le champ de bataille avec son arme à la main, était totalement différente de celle qu’elle lui avait rencontrée dans le hörgr sacré du Clan de la Corne. Il était comme une personne complètement différente. La puissance semblait sortir de lui, comme si elle ne pouvait pas être contenue dans son corps physique, et juste devant lui, Sigrun était soumise à une pression écrasante qu’elle devait lutter pour endurer.

 

 

« Alors on se retrouve, jeune fille. Tu es plutôt bonne, poussez Þjálfi jusqu’à ce qu’il soit dos au mur comme ça. Je suppose que le fait de tuer le vieux n’était pas qu’un coup de chance. Alors, voyons ce que tu as dans le ventre ! » déclara Steinþórr.

« Kh ! »

Le marteau avait créé son propre vent avec la force de sa frappe vers Sigrun, et elle avait jeté la lance maintenant inutile et avait intercepté l’attaque avec le nihontou.

« Oh ? » Steinþórr avait dit.

« Rrrgh ! »

D’un côté se trouvait un marteau qui avait brisé d’innombrables autres armes en morceaux, maintenant rempli de l’énergie divine connue sous le nom d’« ásmegin » canalisée par son manieur.

D’autre part, il y avait une lame trempée à tel point qu’elle pouvait même couper le fer.

Le résultat de la collision entre ces deux armes, qui avaient été considérées comme invincibles jusqu’à présent — .

« Wôw, ce truc a résisté à mon attaque ? C’est une belle arme que tu as là, » déclara Steinþórr.

« Alors... je ne peux pas le couper, donc... ! » déclara Run.

C’était comme s’ils étaient parfaitement assortis.

Cependant, si les armes étaient d’une force égale, tout se résumait à la différence dans leur portée.

« Voyons, voyons ! Ha ! »

« Guh !... Hrgh ! » Sigrun haletait.

C’était un combattant à cheval contre un autre sur un char. L’épée, destinée au combat rapproché, n’avait pas pu atteindre sa cible.

Steinþórr lui avait lancé des attaques incessantes et unilatérales, et Sigrun s’était retrouvée dans une bataille purement défensive. Pour empirer les choses, Steinþórr avait pu frapper librement avec son marteau de fer sans aucune difficulté, malgré son poids et sa taille.

« Grrr... ! » Alors qu’elle avait surmonté la grêle des coups, Sigrun avait réussi à profiter d’un petit écart dans les attaques de Steinþórr pour mettre une certaine distance entre eux, et avait immédiatement tiré sur les rênes et avait fait tourner son cheval.

La force reconnaît la force. Pour deux combattants experts, quelques instants de combat mutuel leur avaient permis d’évaluer la force relative de l’autre dans une certaine mesure.

Sigrun avait compris que si elle continuait à se battre dans cette situation, tout ce qui l’attendait était une mort absolument certaine.

« Nous battons en retraite ! » Sigrun avait crié l’ordre en donnant un coup de pied à son cheval.

Ses mains n’arrêtaient pas de trembler, mais cette fois ce n’était pas par peur. Les attaques féroces de Steinþórr’s lui avaient laissé les mains engourdies, c’était tout ce qu’elle pouvait faire pour ne pas lâcher son épée.

« C’est donc ce que tu entendais par “ne casse pas et ne plie pas”, hein ? » murmura Sigrun. « On dirait que tu m’as encore sauvé, Père. Si je n’avais pas eu ça, je serais maintenant un tas de viande... »

Sigrun avait fait grincer les dents, alors que son cœur était alourdi par le sentiment de défaite. Depuis qu’elle avait reçu le titre de Mánagarmr, c’était la première fois qu’elle avait été aussi complètement battu.

Elle s’était retournée pour regarder derrière elle son unité.

L’unité de Múspell la suivait correctement, incitant leurs chevaux à suivre. Ils ne semblaient pas avoir subi beaucoup de pertes. L’avantage qu’ils avaient obtenu en attaquant l’arrière de l’ennemi avait porté ses fruits.

Pour elle, c’était sa plus grande consolation.

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3 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre et bonne continuation!

  2. Merci pour le chapitre.

  3. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour les combats.

    Un lapsus signalé ici :

    Est-ce par  »joue » quand au fait que sa cible, le patriarche du Clan de la Foudre, s’était montrée devant elle ?

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