Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 2 – Chapitre 5 – Partie 2

***

Acte 5

Partie 2

Le lendemain, Yuuto avait déplacé ses troupes de l’autre côté de la rivière Élivágar dans le territoire du Clan de la Foudre. Il avait réussi à éviter de laisser son ennemi faire le premier pas et il avait ainsi empêché l’invasion de son propre territoire.

Au moins pour l’instant, cela signifiait qu’il avait gagné la bataille sur le front de l’information.

Il avait mis en place sa formation de troupes avec les collines à leur dos, et les avait fait se reposer pour retrouver leur force pendant qu’il attendait l’armée du Clan de la Foudre.

Cette armée s’était montrée deux jours plus tard. C’était ici que la première étincelle des flammes de la guerre avait été allumée entre deux clans, le Clan du Loup et le Clan de la Foudre.

 

☆☆☆

 

Une bataille sur terrain plat commençait généralement par des échanges de flèches.

La stratégie commune était d’utiliser le tir à l’arc comme couverture mobile, tout en utilisant des chars pour réduire la distance de face ou attaquer le flanc, jusqu’à ce que les deux camps soient finalement arrivés en combat au corps à corps.

« Pourquoi leurs flèches nous atteignent-elles de si loin ? » Steinþórr se tenait au sommet des fortifications en terre qu’il avait fait construire pour son quartier général sur le champ de bataille, inclinant son cou de manière bizarre alors qu’il regardait vers les lignes de front.

Le vent soufflait de son côté, donc il aurait dû être un vent de face pour l’ennemi. Et pourtant, comme si, malgré cela, les flèches du Clan du Loup atteignaient ses hommes depuis l’extérieur de la portée de ses propres archers. C’était véritablement mystérieux et bouleversant.

« J’ai entendu dire que le patriarche du Clan du Loup dispose d’un certain nombre d’outils étranges, » répond humblement un homme bien bâti du côté de Steinþórr. « C’est peut-être l’effet de l’un d’eux. »

Son visage sévère présentait l’air d’un vétéran militaire, tandis que le regard posé dans ses yeux indiquait une intelligence calme.

Il s’appelait Þjálfi. C’était un Einherjar portant la rune de Tanngrísnir, « le Grincheux », et il était le confident et conseiller militaire de Steinþórr.

« Ah, qui se soucie des détails, » murmura Steinþórr. Il éleva la voix et cria un ordre, poussant son bras vers lui dans un geste de commandement, la paume tournée vers l’avant. « Protégez-vous avec vos boucliers et avancez ! »

Une situation où seul l’ennemi pouvait attaquer signifiait que seules ses propres pertes augmenteraient. S’il devait gagner cette phase, il devrait d’abord atteindre une distance où ses propres attaques pourraient frapper.

Les archers avaient peut-être un peu de portée, mais alors quoi ? Ce n’étaient que des flèches. L’échange de tirs de flèches n’était rien de plus qu’un prélude, une escarmouche qui durait que jusqu’à ce que les chars et l’infanterie se rapprochent et que le combat en mêlée commence.

Tout ce que cela signifiait, c’était que cette fois-ci, la pluie de flèches frappant à mesure qu’ils avançaient durerait un peu plus longtemps, et si les soldats se protégeaient soigneusement avec leurs boucliers, il ne devrait pas y avoir beaucoup de victimes. En effet, il avait supposé que le danger serait insignifiant.

« Graah ! »

« Aaagh ! »

Des cris de douleur s’étaient levés les uns après les autres des lignes de front.

« Que s’est-il passé ? » Steinþórr avait crié.

« Les flèches de l’ennemi percent nos boucliers, Sire ! », avait signalé un guetteur.

« Quoi !? » Steinþórr cria en grimaçant en réponse à ce rapport.

Alors que de nombreux clans d’Yggdrasil s’appuyaient sur des boucliers en bois, le Clan de la Foudre avait été béni avec des réserves abondantes de cuivre et avait ainsi équipé ses soldats de boucliers en bronze. S’il s’agissait d’une attaque effectuée par une arme lourde comme une hache ou un marteau de guerre, il serait compréhensible qu’un bouclier de bronze se brise, mais comment cela pourrait-il être vrai face à de simples flèches ? Steinþórr n’avait aucune idée de ce qui se passait dans le monde.

« ... C’est du fer. » Þjálfi avait craché les mots d’un ton presque haineux, grimaçant. « Lord Alexis avait dit que pendant la guerre avec le Clan du Sabot, le Clan du Loup avait équipé ses soldats de lances de fer. Je n’aurais jamais imaginé qu’ils l’utiliseraient aussi dans les flèches... »

« Attends, du fer ! Franchement ? Tu dis qu’ils en ont assez pour nous tirer dessus !? » Steinþórr n’avait pas pu s’empêcher d’être choqué par cette idée.

D’une certaine façon, c’était une réaction naturelle et justifiée. Dans Yggdrasil, le fer était quelque chose de rare et de seulement obtenu à partir de météorites, considéré comme un cadeau du ciel. Les flèches ne devaient être rien de plus que des munitions jetables. Prendre quelque chose dont la valeur dépassait de loin celle de l’or ou de l’argent, et le jeter comme si ce n’était rien semblait sortir du domaine du bon sens.

« Peut-être que de leur point de vue, ce n’est plus une marchandise particulièrement rare ou précieuse, » murmura Þjálfi.

Ses paroles avaient atteint la cible avec précision. Le Clan du Loup avait accès sur son propre territoire à tout le sable de fer qu’il pouvait désirer. En raison de sa densité relative, le sable de fer s’était accumulé dans les sédiments des berges de la rivière dans ce qu’on appelait un gisement minéral dérivant du littoral.

Ces gisements n’avaient pas encore été touchés par les mains de l’homme, et les terres montagneuses du Clan du Loup regorgeaient également du bois nécessaire à la production de fer.

Si c’était pour quelque chose comme forger un nihontou convenable, du sable de fer de qualité supérieure provenant des montagnes serait mieux, mais le sable de fer de rivière était plus qu’assez bon pour fabriquer de l’équipement de fer pour leurs soldats communs.

Avec les guerres continues avec Clan de la Griffe et le Clan de la Corne qui avait mené à la bataille précipitée avec le Clan du Sabot, le Clan du Loup n’avait jamais eu l’occasion d’en préparer suffisamment, mais cette fois-ci, ils étaient venus complètement préparés.

« Bordel ! Tu crois que je vais arrêter maintenant !? Ils utilisent un petit truc ou quelque chose pour faire voler leurs flèches plus loin et plus vite, mais il semble que cela allonge aussi l’écart entre une volée et la suivante. Ne bronchez pas ! C’est le moment d’aller de l’avant ! Plus vite ! Allez plus vite ! » cria Steinþórr.

La nature humaine était telle que, face à quelque chose de complètement imprévu, une personne se figeait souvent momentanément, ou son esprit se vidait. Un commandant moyen aurait certainement été ébranlé par l’efficacité écrasante des attaques de l’ennemi et serait tombé dans la panique.

Cependant, Steinþórr s’était rapidement rendu compte de leur faiblesse, du fait qu’ils ne pouvaient pas tirer en succession rapide, et avait pris la décision rapide de charger implacablement en avant sans la moindre hésitation.

C’était en effet l’homme qui, malgré sa jeunesse, avait gagné bataille après bataille en tant que commandant et qui, en l’espace de trois ans à peine, avait régné sur tout le nord de Vanaheimr.

Cependant, même quelqu’un d’aussi grand que lui ne pouvait pas imaginer que les volées des flèches de fer étaient, pour le Clan du Loup, vraiment et exactement comme il l’avait dit : une petite astuce. Les soldats du Clan de la Foudre étaient sur le point de vivre la véritable terreur qu’était l’armée du Clan du Loup commandée par Yuuto.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

4 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

  2. amateur_d_aeroplanes

    Merci. Il faudra voir si le prochain épisode de l’animé retranscrira cette bataille correctement. Pour le moment, je n’ai pas trouvé le dessin animé à la hauteur.

  3. Merci pour le chapitre et bonne continuation!

Laisser un commentaire