Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 3

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Acte 3

Partie 3

« Alors, on dirait que vous avez vraiment des problèmes avec ça, » avait déclaré Yuuto.

« Oui, Sire. » L’homme d’âge moyen assis en face du bureau de Yuuto avait incliné sa tête à plusieurs reprises, essuyant la sueur de son front avec un petit chiffon. « C’est juste qu’il y a quelques différences par rapport à ce à quoi nous sommes habitués, et, euh... »

Il était censé être dans la trentaine, mais il avait dû voir sa part de problèmes, car il avait l’air beaucoup plus âgé. Ses cheveux bruns avaient déjà des zones de blanc, et il y avait des lignes de rides épaisses gravées sur son visage.

L’homme s’appelait Olof. Il était le quatrième officier du Clan du Loup et le nouveau gouverneur chargé de la gestion de la ville de Gimlé.

Il n’avait pas de réalisations particulièrement remarquables associées à son nom, mais il avait obtenu son grade actuel en accomplissant toutes les missions ou les requêtes qui lui avaient été confiées sans fanfare ou plainte, et avec le temps, son dévouement long et inébranlable avait fait de lui un général apprécié et expérimenté.

On s’attendait à ce qu’une décision sur un territoire nouvellement annexé apporte sa part de problèmes, et Yuuto avait déterminé qu’un homme connu pour ses résultats simples, mais solides serait le mieux adapté à la tâche. Mais même pour Olof, cela semblait avoir été difficile à naviguer dans ses eaux troubles.

« Mais même ainsi, nous devons faire en sorte que ce système Norfolk soit mis en œuvre d’une manière ou d’une autre, » déclara Yuuto.

« J’ai tout donné pour y arriver, Sire, mais je crains de ne pas avoir été à la hauteur. » Olaf inclina de nouveau la tête. « Je suis vraiment désolé. »

« Non, c’est bon, je comprends que c’est difficile. » Yuuto agita les mains, essayant de rassurer Olof qui était en train de s’excuser. « Je sais que ça va être dur, mais continuez d’essayer. »

Le système de Norfolk était un système agricole à quatre rangs dans lequel quatre cultures différentes (orge, trèfle, blé et navets) étaient plantées dans quatre champs, puis leurs positions étaient alternées avec la nouvelle plantation chaque année.

Au XVIIIe siècle, l’augmentation extrêmement rapide de la productivité agricole, en grande partie grâce à l’utilisation généralisée de cette technique de rotation des cultures, était devenue la deuxième révolution agricole.

Jusqu’à l’avènement de ce système, il était difficile de préparer une quantité suffisante de fourrage pour tout le bétail domestique et, à l’approche de l’hiver, il était courant d’abattre la plupart d’entre eux, ce qui empêchait de conserver un grand nombre de bêtes.

Pour Yuuto, cela signifiait qu’en préparation de l’hiver prochain, il voulait au moins élaborer un plan de plantation de navets et de trèfle. Les navets serviraient de fourrage pour le bétail pendant l’hiver, tandis que le trèfle nourrirait le bétail et aiderait à renouveler le sol.

« Le plus grand problème pour nous, » expliqua Olof, « C’est que cette ville a été sous le contrôle du Clan de la Corne pendant de nombreuses années, et que les habitants d’ici en sont venus à les aimer et à les apprécier. Donc, ils ne regardent pas trop favorablement notre règne. »

« Je vois, » déclara Yuuto en hochant la tête. « C’est normal. Après tout, le Clan de la Corne a beaucoup amélioré leur vie ici. »

Le père de Linéa était connu familièrement sous le nom de Gullveig, « le Héros d’Or », et il semblait que ce nom n’était pas exagéré. Linéa elle-même était si dévouée au bien-être de son peuple qu’elle était prête à s’offrir en sacrifice pour eux. Il était probable qu’elle avait appris ce sens de la dévotion par les enseignements de son père et en observant son exemple.

« Oui, Sire, » avait déclaré Olof. « Et quand des étrangers comme nous arrivent à ce moment-là, exigeant qu’ils changent les pratiques transmises de génération en génération, il est très difficile d’obtenir qu’un seul d’entre eux nous prête l’oreille... »

« Oui, ce sera le cas lorsque vos coutumes agricoles auront été transmises depuis des centaines d’années... » Yuuto n’avait pas pu s’empêcher d’être d’accord avec le point de vue d’Olof, soupirant amèrement et croisant les bras.

Dans la « société de l’information » du XXIe siècle d’où venait Yuuto, les progrès technologiques étaient pratiquement mensuels, voire quotidiens. Mais dans les temps anciens, il y avait souvent eu des périodes de plusieurs centaines, voire des milliers d’années sans changement significatif ou révolutionnaire, où les gens continuaient simplement à utiliser la technologie et les pratiques qui leur avaient été transmises.

Par exemple, même si le concept de combat à cheval avait déjà vu le jour vers 1 000 ans avant Jésus-Christ, il avait fallu 700 ans avant que l’embout buccal soit inventé, et 1 400 ans avant l’avènement de l’étrier moderne.

« Il n’y a rien de plus difficile à prendre en main, de plus périlleuse à conduire, ou de plus incertain dans son succès, que de prendre l’initiative avec l’introduction d’un nouvel ordre des choses... C’est ainsi. » Avec un peu d’ironie, Yuuto avait cité de mémoire Le Prince de Machiavelli.

Dans ce livre, Machiavelli avait poursuivi en disant : « Parce que l’innovateur a pour ennemis tous ceux qui sont bien dans les anciennes conditions, et des défenseurs tièdes chez ceux qui pousse ces nouvelles conditions. »

Et c’était l’agriculture, le cœur et le fondement des moyens de subsistance des individus. Un échec signifierait qu’ils n’auront peut-être rien à manger l’année suivante. Yuuto pouvait comprendre pourquoi les habitants de Gimlé réfléchiraient à deux fois avant de faire confiance à quelque chose de nouveau.

Au moment où il avait essayé de mettre le système en pratique avec le Clan du Loup à Iárnviðr, Yuuto s’était déjà construit une réputation avec plusieurs réalisations pour le clan, et il avait gagné la confiance des autorités de haut rang dans le clan comme Félicia et Jörgen. Et ces autorités du Clan du Loup avaient déjà toute la confiance des citoyens. C’était la seule raison pour laquelle il avait été capable d’implémenter même une version partielle du système aussi facilement qu’il l’avait fait.

Gimlé était, à cet égard, un territoire ennemi, et de l’autre côté de la frontière de la rivière Élivágar se trouvait le territoire du Clan de la Foudre. S’il n’était pas prudent dans la gestion des émotions de la population locale, au pire, cela pourrait conduire à une révolte, créant une ouverture fatale dans les défenses du Clan du Loup et invitant à l’invasion.

« Il n’y a rien de plus difficile à gérer que les émotions humaines », grogna Yuuto, puis il soupira.

« Vous avez raison, Sire, » Olof avait laissé sortir un accord sévère et solennel.

Puis ils avaient échangé des regards et tous les deux avaient fait un rire ironique.

Quelle que soit la logique, quel que soit le résultat attendu ou l’amélioration, sans la capacité d’influencer le cœur humain, toute nouvelle idée n’était rien d’autre qu’une tarte dans le ciel.

Les connaissances du XXIe siècle n’étaient, à la fin de la journée, rien de plus que cela. Combien de temps lui avait-il fallu pour apprendre ce simple fait ?

« Bon sang. Alors, qu’est-ce qu’on peut faire ? » en pleine perte, Yuuto avait fixé le plafond.

Il ne savait pas qu’une solution à ce problème qu’il pensait extrêmement difficile à résoudre était déjà en train de se précipiter vers lui depuis une direction inattendue.

La question de savoir si cette solution serait souhaitable ou non pour lui était tout à fait différente.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

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