Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 2 – Chapitre 3 – Partie 2

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Acte 3

Partie 2

La ville de Gimlé avait été construite près de l’intersection de deux rivières : la rivière Körmt, la grande rivière centrale dont les eaux nourrissaient la grande région d’Álfheimr, et la rivière Élivágar, un affluent plus petit descendant des montagnes abruptes de Þrúðvangr qui formaient un coin du « Toit d’Yggdrasil ».

Une partie du mur entourant la ville s’était effondrée, et les ouvriers avec leur torse nu et brûlé par le soleil posaient de nouvelles briques. En regardant dans la ville proprement dite, on pouvait voir que dans plusieurs endroits le long de la rue principale, les charpentiers étaient occupés à réparer des maisons. Tous les membres de la population qui marchaient le long de la rue principale, des femmes et des enfants aux personnes âgées, travaillaient ensemble pour transporter plus de briques d’un bout à l’autre de la ville.

« C’est une réalité de la vie à la guerre. Ne t’inquiète pas à tort à ce sujet. » Les paroles de Félicia étaient prévenantes, mais un nuage restait au-dessus du cœur de Yuuto.

« Oui... Je le sais, » déclara Yuuto avec un peu d’autodérision. Il regardait la ville, gravant la scène dans ses yeux. Rien qu’à la regarder, sa poitrine se serrait en raison de la culpabilité, mais c’était une raison de plus pour qu’il s’en souvienne.

Il devait se souvenir de l’image des gens qui avaient souffert à cause de ce qu’il avait fait.

La citadelle forteresse au centre de la ville était encore endommagée ou détruite dans certaines zones, et avait été laissée exposée aux éléments d’une manière qui continuait à mettre en évidence les ravages de la guerre. C’était parce qu’on avait donné la priorité à la reconstruction de la ville proprement dite et qu’il n’y avait pas assez de main d’œuvres pour tout faire en même temps.

Cette forteresse était celle que Yuuto avait attaquée et capturée pendant la guerre avec le Clan de la Corne. Comme la forteresse elle-même était la cible, il s’était efforcé d’éviter des dommages excessifs à la ville, mais il avait été difficile de l’éviter complètement.

« C’est une grande ville, n’est-ce pas ? » murmura Yuuto, se retournant vers Félicia.

« Oui, j’ai entendu dire que sa population dépasse celle d’Iárnviðr, » répondit Félicia.

« Elle semble assez riche en ressources, » déclara Yuuto.

« En effet. À l’époque, c’était tellement incroyable que cela m’a laissé sans voix. » Félicia avait poussé un petit soupir d’admiration.

Il n’y avait plus aucune trace après la récolte d’automne, mais à l’époque où il avait pris la forteresse, tout le paysage à l’extérieur de la ville avait été couvert de blé doré, s’étendant à perte de vue. Les gens du pays avaient apparemment appelé cette vue Iðavöllr, « les Champs Lumineux ». Du point de vue d’un membre du Clan du Loup, dont le territoire se trouvait surtout dans les contreforts des montagnes avec un sol rocheux impropre à l’agriculture, la vue devait être plus captivante que n’importe quels lingots d’or ou bijoux.

« Pour ma part, je pousse un soupir de soulagement à l’idée que notre propre situation alimentaire est sur le point de s’améliorer de façon spectaculaire, » déclara Yuuto.

Actuellement, le Clan du Loup compensait ses pénuries alimentaires par le commerce. Ils avaient été incapables d’éviter d’acheter à un taux relativement élevé, et étaient parfois dans le rouge financièrement afin d’approvisionner leurs citoyens. Et au départ, les pays avec lesquels ils commerçaient n’avaient pas vraiment d’excédent de production alimentaire. Une mauvaise saison de récolte ferait monter en flèche la valeur marchande, et il y avait une chance qu’il n’y en ait pas assez pour le commerce. Yuuto voulait permettre au Clan du Loup de se pourvoir de sa propre production alimentaire.

« Hey hey hey, Seigneur Yuuto... » Albertina tirait sur son manteau, et Yuuto se retourna pour la trouver avec un regard absolument pitoyable.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? » avait-il commencé à dire. Cependant, l’estomac d’Albertina avait poussé un grognement vif et tonitruant, et il se doutait du reste de sa demande.

Tenant une main sur son estomac, Albertina avait souri, embarrassée.

Le ciel commençait déjà à briller avec le soleil couchant. Cela devait faire un certain temps qu’ils avaient mangé le déjeuner, sans parler du fait qu’elle avait utilisé la puissance de sa rune pour créer des vents arrière pour pousser le char de Yuuto pendant tout ce temps. Alors cela n’était pas surprenant qu’elle ait eu de l’appétit.

« Oh, tu es tellement désespérante, Al, » déclara Kristina. « Je suppose qu’il n’y a rien pour faire face à ça. Alors, j’ai encore du pain que j’ai gardé du déjeuner, donc... »

« Vas-tu me le donner !? » demanda Albertina.

« Je vais bien sûr moi-même le manger, » Kristina avait fourré les restes de pain dans sa bouche en une seule fois et avait commencé à mâcher furieusement. C’était un gros morceau de pain, donc ses deux joues étaient gonflées comme celles d’un écureuil.

« Ah... ahhh... ahhhhhhhh... » Albertina était tombée dramatiquement à genoux, tendant un bras à sa sœur en vain, les larmes coulant le long de son visage. Elle pleurait comme si c’était la fin du monde.

En regardant cette réaction, Kristina avait l’air absolument extatique, comme si elle se mettait à flotter dans les airs. Comme toujours, elle était entièrement dévouée à s’en prendre à sa sœur.

« On va vous trouver de la nourriture très bientôt, alors ne pleurez plus. » Yuuto, se sentant un peu désolé pour Albertina, lui avait caressé le sommet de sa tête, touchant un peu ses cheveux. Ils étaient arrivés à Gimlé plus tôt que prévu grâce à elle, et il voulait absolument lui offrir un bon repas.

« Wahhhh ! Merci infiniment…, » Albertina lui avait pris la main et l’avait abondamment remercié.

Pendant ce temps, sa sœur avait répondu par une objection froide. « Oh, mon Dieu. Seigneur Yuuto, pourrais-je vous déranger en vous demandant de ne pas la nourrir sans ma permission ? »

La bouche de Kristina souriait, mais pas ses yeux. On dirait que ce n’était pas si facile à résoudre.

Yuuto n’avait pas pu s’empêcher de faire un sourire ironique.

Quoi qu’elle puisse dire face à ça, Kristina avait attendu pour faire une scène en mangeant devant sa sœur jusqu’à ce que la ville soit juste en face d’eux, quand ils seraient en mesure d’obtenir quelque chose à manger sans trop attendre. Yuuto avait le sentiment que s’il n’avait vraiment plus de nourriture sans pouvoir en obtenir plus, elle aurait donné la dernière bouchée de sa propre nourriture à Albertina.

« Franchement, vous êtes une fille tordue, » déclara Yuuto.

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2 commentaires :

  1. Merci pour le chapitre.

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