Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 2 – Chapitre 2 – Partie 4

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Acte 2

Partie 4

« Attendez ! » Jörgen avait crié. « Ce jeune homme, c’est l’un des meilleurs guerriers vétérans de la famille Jörgen, et j’ai jugé qu’à l’avenir, il pourrait être digne d’échanger directement le Serment du Calice avec notre Père. S’il mourait maintenant, nous perdrions quelqu’un de précieux pour l’avenir du Clan du Loup. »

« Il est vrai qu’il a obtenu beaucoup de réalisations militaires, » s’interrogea Skáviðr en regardant froidement le jeune homme à ses pieds.

Contrairement aux louanges des deux hommes, l’homme ligoté et bâillonné avait l’air impuissant et pathétique. Cela dit, Yuuto savait que c’était seulement parce que son adversaire avait été trop fort.

Contrairement à son apparence maladive, Skáviðr était un Einherjar avec une rune appelée Dáinsleif, « la Lame Ensanglantée », et il était aussi l’ancien Mánagarmr. L’année dernière, il avait perdu le titre de plus fort dans le Clan du Loup au profit de Sigrun, mais il était encore indubitablement un adversaire pour elle sur le champ de bataille. Même avec une certaine capacité, le jeune soldat n’aurait eu aucune chance contre Skáviðr. Il n’y avait pas d’autre issue possible pour lui que la capture rapide et sans effort par son adversaire.

« C’est vrai que cette fois son comportement a peut-être un peu dérapé, mais cela arrive souvent chez les plus talentueux, car leur vigueur les fait agir avec trop de hâte », avait plaidé Jörgen. « On pourrait dire que ce sont les deux faces d’une même pièce. Il s’agit de la preuve qu’il a un avenir prometteur devant lui. Et rien que dans le dernier combat, il nous a apporté des gains significatifs sur le champ de bataille. Avec cela à l’esprit, ne pourriez-vous pas alléger sa peine ? »

« Hm... récompenser suffisamment ceux qui apportent le succès est aussi la loi du Clan du Loup. » Skáviðr semblait se relâcher un peu.

Personne ne servirait longtemps sous la direction d’un chef qui n’avait fait que le « bâton » représentant les punitions sévères. Si c’était tout ce que le leader faisait, les sentiments de frustration et de mécontentement s’accumuleraient, et cela mènerait éventuellement à l’animosité envers le dirigeant. Ainsi, le Clan du Loup offrait des récompenses pour remplacer l’acte de pillages et de viols. Tous ceux qui avaient participé à une bataille avaient reçu de l’argent ou d’autres biens matériels ou fournitures. C’était une « carotte » rendue possible par le pouvoir économique qu’ils avaient acquis grâce au commerce de marchandises telles que la farine moulue et le papier.

Si le jeune guerrier avait eu autant de succès que les deux hommes plus âgés l’avaient reconnu, son salaire devrait être assez élevé. En effet, à Yggdrasil, où l’esclavage était une pratique courante, cela suffirait littéralement d’acheter plusieurs fois la vie d’une personne.

« Oui, c’est vrai, n’est-ce pas ? » Jörgen, en constatant Skáviðr était d’être d’accord avec lui, avait commencé à avoir de l’espoir. « Alors, vous allez... Qu’est-ce que... ? »

Frappe !

L’épée de Skáviðr frappa impitoyablement au niveau du cou du jeune homme, d’où avait jailli du sang frais.

« Mon Seigneur, » déclara-t-il en se tournant vers Yuuto, « Je demanderais que la famille restante de cet homme reçoive une récompense généreuse et appropriée. »

Skáviðr avait parlé sans passion, après avoir tué un homme et avoir été aspergé de son sang sans le moindre changement dans son expression faciale. Il avait retiré le sang de son épée d’un coup rapide et l’avait remis dans son fourreau — .

Jörgen, son visage teint en rouge d’indignation, avait dégainé son épée et pointait le bout droit sur Skáviðr.

« Qu’est-ce que vous croyiez faire ? » Skáviðr demanda froidement, ne trahissant aucune émotion.

« Je devrais vous demander la même chose ! On n’avait même pas fini de parler ! Pourquoi l’avez-vous tué ? » demanda Jörgen.

« Les récompenses et les punitions sont des affaires distinctes, et je ne suis que le fonctionnaire chargé des exécutions, » avait froidement déclaré Skáviðr. « J’ai simplement accompli l’étendue de mes fonctions officielles. Il y a un problème avec ça ? »

« Espèce de salaud ! » Jörgen avait jeté tous les derniers restes de sang-froid et s’était perdu dans la rage.

Aucun parent ne regarderait son enfant se faire tuer et ne serait pas en colère. Il avait même été dit que les enfants les plus stupides étaient les plus aimés. Et selon les coutumes d’Yggdrasil, le lien du Calice était plus fort que celui du sang.

Jörgen avait élevé ses subordonnés au sein du clan de la même façon que s’ils étaient ses propres enfants de chair et de sang, et ils avaient sans doute aussi franchi la ligne de démarcation entre la vie et la mort sur le champ de bataille, devenant souvent des camarades aussi bien que de la famille. La profondeur et la force de ce lien étaient quelque chose qu’un étranger ne pourrait jamais espérer savoir.

« H-Hey, tous les deux ! Attendez ! » Yuuto, face à une situation qui menaçait soudainement de déborder, avait paniqué et avait tenté d’interrompre les deux, mais — .

« Oui, c’est vrai, vous n’aviez pas besoin de le tuer ! » avait crié quelqu’un dans la foule.

« C’était un héros ! Il a montré la force du Clan du Loup à nos ennemis ! »

« Mais ne vouliez-vous pas juste faire du mal à notre commandant en second !? »

« Ahh, ça doit être ça. Vous ne pouvez pas attaquer directement le commandant en second, alors vous utilisez des excuses pour trouver des fautes avec son subordonné. Il n’y a rien de plus laid qu’un homme jaloux, vous savez ! »

« Seigneur Jörgen, donnez une leçon à ce bâtard, coupez-le en deux ! »

Les cris de raillerie des masses rassemblées autour d’eux avaient noyé la voix de Yuuto.

Chacun d’entre eux avait exprimé sa sympathie pour le jeune homme tué, et avait jeté des insultes sur Skáviðr qui avait procédé à son exécution. Pour les gens d’ici, il y avait probablement encore beaucoup de haine et de peur envers leur ancien ennemi de longue date, le Clan de la Corne.

 

 

« Hmph. Eh bien, mon travail ici est terminé. Je suppose que je devrais partir, puisqu’on ne veut pas de moi. » Avec un haussement d’épaules, Skáviðr s’était brusquement retourné sur son talon pour partir. Il avait délibérément laissé son dos exposé à Jörgen, qui avait encore une lame pointée sur lui.

Le commandant en second était le chef des subordonnés directs du patriarche, et aussi un candidat pour être le prochain patriarche. Si Jörgen l’attaquait dans un tel état, ce serait un acte de disgrâce ultime.

Skáviðr l’avait peut-être fait parce qu’il le savait, mais il était également vrai que s’il devait être attaqué maintenant par-derrière, il serait abattu avec facilité. Pour qu’il tourne de toute façon le dos à Jörgen dans cette situation, sans le moindre changement d’expression, il lui fallait certainement un certain niveau de cran.

« Oh, c’est vrai. » Juste au moment où il passait la porte, Skáviðr s’était arrêté et avait regardé par-dessus son épaule pendant un moment. « Je ferais mieux de le dire maintenant pour le bien de vous tous, imbéciles. Si l’un d’entre vous fait quelque chose pour attirer mon attention, ne pensez pas un seul instant que vous en sortirez vivant. Si vous ne voulez pas que votre sang devienne une tache sur ma lame, vous feriez mieux de suivre la loi. Faites ça, et vous n’aurez pas à vous occuper de moi. Hehe hehe hehe... »

Pendant qu’il parlait, son visage était incrusté d’un sourire cruel et impitoyable. Après un moment, Skáviðr passa calmement par la porte vers le parc du palais.

Une vague de peur avait réduit au silence le tumulte de la foule, et tout à coup, le calme était tel que l’on pouvait entendre une mouche volée. Une fois Skáviðr complètement disparu de la vue, leurs plaintes éclatèrent à nouveau.

« Vous avez vu ça ? Il a aussi ri comme ça lors d’une précédente exécution ! »

« Eh bien oui, c’est après tout le “Boucher Ricanant” Níðhǫggr. Ce salaud adore tuer les gens. »

« Non seulement ça — . D’après ce que je sais, il se promène en ville tous les jours à la recherche de quelqu’un qu’il peut tuer. Gaaah, ça me donne la chair de poule ! »

Des mots de ressentiment et de dépit étaient sortis des lèvres de tout le monde.

Pendant que Yuuto écoutait, il fit disparaître les mots qu’il sentait lui-même sur le point de dire en réponse. Il devait se souvenir de son premier devoir. Se laisser submerger par ses émotions ici serait un gaspillage insensé du sacrifice qui venait d’être fait. Il y avait autre chose qu’il devait faire maintenant.

« Je suis désolé, » Yuuto s’agenouilla à côté du jeune mort, plaçant une main sur la poitrine, avant d’offrir une prière silencieuse.

D’ordinaire, selon les valeurs de ce monde, ce qu’il avait fait était parfaitement normal et banal. Bien sûr, il y avait beaucoup de gens qui avaient exprimé leur désapprobation face à de tels actes, mais même ces individus auraient fini par le rationaliser comme étant quelque chose qu’ils ne pouvaient rien faire pour faire changer.

En tant que personne qui avait apporté des valeurs étrangères d’une autre époque et les avait imposées aux personnes d’ici, Yuuto sentait qu’il avait l’obligation d’offrir au moins ses condoléances à une victime de ce changement.

De plus, c’était l’enfant juré de Jörgen, comme Jörgen l’était pour Yuuto. Ils n’avaient peut-être pas échangé directement le Serment du Calice, mais il avait toujours été quelque chose comme le petit-fils de Yuuto.

« Protégez votre famille. » C’était censé être la croyance personnelle de Yuuto, mais loin de protéger le garçon, c’était la loi que Yuuto avait établie qui l’avait tué.

Mais tant que Yuuto était patriarche, il devait s’efforcer d’atteindre le bonheur du plus grand nombre. Il ne pouvait pas se permettre de donner la priorité à son désir de protéger sa famille si cela signifiait que des citoyens innocents seraient lésés dans le processus. Car les citoyens aussi étaient la famille de Yuuto.

Ce qui aide l’un pouvait nuire à l’autre, comme le disait le vieil adage. Lorsque deux devoirs égaux étaient en conflit, on n’avait pas d’autre choix que de choisir son camp. Il n’y avait rien d’autre qu’il aurait pu faire. Mais même s’il n’y avait rien d’autre qu’il n’aurait pas pu faire...

Les émotions de Yuuto l’individu et la raison d’être de Yuuto le patriarche s’affrontaient, laissant un sentiment de contradiction sans espoir. Qu’est-ce que je fais ? Le vide et le dégoût de soi avaient traversé son cœur.

Son angoisse visible donnait une impression très différente aux individus rassemblés devant la porte du château.

« Quelle gentillesse ! Regarde comme il pleure la mort d’un seul membre de son clan. »

« En effet, c’est exactement pour cela que les braves combattants du Clan du Loup l’admirent comme Père malgré sa jeunesse. Franchement, c’est un homme d’une dimension si différente de celui de Níðhǫggr ! »

« Nous devrions aussi offrir nos prières à ce jeune homme malchanceux. »

« Ohh, tu as raison ! »

En s’inspirant de Yuuto, les autres avaient posé une main sur leur propre poitrine et avaient commencé à prier en silence. Quelques-uns avaient été émus jusqu’aux larmes.

Je ne suis pas un grand homme de caractère comme vous le pensez ! Yuuto voulait le crier à haute voix. Mais même s’il le faisait, il n’aurait aucune possibilité de s’expliquer.

Yuuto avait serré durement les dents, incapable de résoudre ses sentiments désespérés.

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre.

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