Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 12 – Chapitre 2 – Partie 1

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Chapitre 2 : Acte 2

Partie 1

Cla-Clack, Cla-Clack…

Les roues de la calèche claquaient en semi-rythme tandis qu’elle roulait rapidement à travers le désert aride, tirée par un attelage de trois chevaux.

Le paysage environnant était jonché de rochers, grands et petits, pas le genre de route qu’une charrette tirée par un cheval pourrait normalement emprunter. Mais bien que le chariot ait oscillé dans tous les sens, les roues avaient tenu bon et avaient continué à rouler.

Il s’agissait de roues en fer, beaucoup plus dures et résistantes que leurs homologues en bois, de sorte qu’un mauvais sol ne leur posait pas vraiment de problème.

Cependant, à cette époque particulière de l’histoire, il n’y avait qu’une très petite poignée de nations dans le monde ayant la capacité de raffiner le fer.

L’un d’entre eux était l’empire hittite d’Asie centrale, censé être la première civilisation de l’histoire à avoir développé une technologie d’affinage du fer.

À part cela, les seuls autres étaient peut-être le Clan de l’Acier et le Clan de la Flamme d’Yggdrasil, deux nations dirigées par des patriarches de clan qui étaient des voyageurs venus d’un lointain avenir.

« Zzz… »

Quant au chef du Clan de l’Acier, celui que ses sujets appellent du titre de Réginarque (« Grand Seigneur »), il était confortablement endormi, utilisant le corps d’un loup blanc géant comme oreiller.

C’était un jeune homme aux cheveux noirs et lisses, et au visage qui conservait encore un peu de jeunesse dans ses traits.

En regardant son visage endormi, on aurait du mal à croire qu’il était un héros-roi conquérant qui, en l’espace de deux ans, avait jeté les bases d’une nation superpuissante qui régnait sur les terres allant de Bifröst à l’est à Álfheimr à l’ouest.

« Je ne peux pas croire qu’il puisse dormir si profondément dans cette situation… Il y a si peu de personnes qui voyagent avec lui pour le protéger. »

La fille qui avait murmuré ces mots, moitié exaspérée, moitié admirative, était Hildegard.

Une jeune fille aux cheveux noués en jolies nattes tressées, elle était une Einherjar portant la rune Úlfhéðinn, la peau de loup.

Elle était une nouvelle membre des Forces Spéciales de Múspell, la force de combat d’élite du Clan de l’Acier qui servait directement sous les ordres de Yuuto. Peu de jours s’étaient écoulés depuis qu’elle avait été admise dans la Múspell, et elle n’était donc qu’une recrue, mais elle avait été choisie pour faire partie de l’escorte de Yuuto cette fois-ci en raison de ses extraordinaires sens de l’odorat et de l’ouïe.

« Je suppose que c’est ce à quoi je dois m’attendre de la part de quelqu’un d’aussi grand. Je suppose qu’“imperturbable” est une façon de le dire, non ? Mais c’est aussi pour cela qu’il a été capable de faire face à ce monstre à l’époque. »

Hildegard frissonna à ce souvenir.

 

 

Le « monstre » dont elle parlait était le patriarche du Clan de la Flamme, Nobunaga — c’est-à-dire l’Oda Nobunaga, qui avait été convoqué à Yggdrasil depuis la période Sengoku du Japon.

Son aura avait été si puissante que le simple fait d’y repenser lui donnait un frisson de terreur et menaçait de lui faire vider sa vessie.

Actuellement, l’entourage de Yuuto rentrait chez lui, sur le territoire du Clan de l’Acier, après la rencontre et les négociations de Yuuto avec Nobunaga.

« C’était vraiment un homme d’une force impensable, » répondit Félicia, un sourire amer effleurant ses lèvres tandis qu’elle baissait les épaules. « Pour l’instant, du moins, je suis honnêtement soulagée que nous ayons pu éviter d’en faire notre ennemi. »

Félicia était une femme dans la force de l’âge, aux cheveux dorés et aux yeux bleus vifs, et sa beauté était si séduisante que même Hildegard, une autre femme, avait été surprise en la voyant pour la première fois.

De plus, Félicia possédait des connaissances approfondies sur une grande variété de sujets, et personne d’autre ne semblait pouvoir se mesurer à sa combinaison d’intelligence et de beauté. En plus de sa position d’officier le plus haut gradé du Clan de l’Acier, elle était également l’adjuvante de Yuuto, une personne en qui il avait personnellement une grande confiance.

Pour Hildegard, Félicia était quelqu’un de tellement supérieur à elle, à bien des égards, qu’elle pourrait aussi bien vivre dans un autre monde. Et pourtant, même elle avait été frappée d’une peur profonde en réponse à la présence écrasante de Nobunaga.

« Pourtant, à cause de l’ordre d’assujettissement impérial qui a été émis contre le Clan de l’Acier, nos nations voisines ont déjà commencé à prendre des mesures en tant qu’Alliance des Clans Anti-Acier. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être optimistes dans cette situation… »

« Seigneur Réginarque ! Seigneur Réginarque ! »

Alors que l’inquiétude de Félicia pour l’avenir commençait à obscurcir son expression, un soldat messager à cheval s’approcha d’eux, comme pour confirmer ses sentiments sur le champ.

À en juger par son langage corporel paniqué, il ne faisait aucun doute que son rapport était urgent.

« Je suppose que quelqu’un a finalement fait son choix ? » déclara Yuuto en se redressant. Apparemment, il avait senti que quelque chose n’allait pas.

Les traces de jeunesse innocente que l’on pouvait voir sur son visage endormi quelques instants plus tôt avaient disparu, ne laissant que le visage d’un commandant d’armée.

« M-M-Monseigneur, c’est une situation d’urgence ! » Le messager balbutia, sa voix était stridente et cassante. « Nous avons reçu la nouvelle que les clans environnants ont tous fait des déclarations de guerre formelles contre nous et ont commencé des invasions, et qu’ils l’ont tous fait simultanément, comme s’ils s’étaient mis d’accord entre eux ! »

Il semblait avoir vraiment perdu son sang-froid, mais c’était tout à fait compréhensible.

La prédiction de Yuuto selon laquelle les clans environnants conspireraient pour attaquer le Clan de l’Acier en une seule fois était quelque chose qu’il n’avait partagé qu’avec les officiers exécutifs de son administration, il était donc impossible qu’un soldat au bas de la chaîne de commandement soit au courant.

Pour quelqu’un qui n’avait pas cette connaissance préalable, rencontrer soudainement cette situation sans avoir le temps de s’y préparer mentalement et sans perdre son sang-froid serait bien plus étrange.

« Je vois. » Yuuto était, par contraste, tout à fait calme.

Et c’était, peut-être, tout à fait naturel.

Après tout, pour commencer, la campagne punitive sur le territoire du Clan de la Foudre était en fait un piège que Yuuto avait tendu dans le but d’attirer ses ennemis dans une action ouverte. Il n’y avait pas une seule chose qui le surprenait dans cette nouvelle.

Cependant, du point de vue du jeune soldat servant de messager, le fait qu’une crise aussi terrible et sans précédent n’ait absolument rien fait pour perturber le calme de Yuuto était une nouvelle preuve de sa grandeur en tant que réginarque.

Le messager était rempli d’un sentiment de grande révérence pour son seigneur, et ses yeux pétillaient alors qu’il continuait à faire son rapport. « Actuellement, les Clans de la Panthère, du Blé et du Frêne sont attaqués. En particulier, le Clan du Frêne est envahi par une armée massive composée de soldats des Clans de l’Épée, du Croc, des Nuages, du Casque et de la Lance. Ils sont trente mille ! »

« Vraiment ? » Les yeux de Yuuto s’étaient légèrement élargis. « On dirait que notre appât a fait une sacrée prise. »

Elle dépassait largement ses prévisions initiales, qui avaient estimé une force d’une vingtaine de milliers de personnes tout au plus.

Il avait espéré qu’un ou deux clans ne parviendraient pas à se coordonner avec les autres, mais il semblerait que ce n’était qu’un vœu pieux.

Pourtant, avant que tout cela ne commence, Yuuto avait initialement prévu d’envahir la capitale impériale, Glaðsheimr, avant la fin de l’année. C’était donc tous des adversaires qu’il aurait eu à combattre de toute façon.

Il était certain qu’il ne restait plus beaucoup de temps avant qu’Yggdrasil ne commence à sombrer dans l’océan, alors avoir la chance d’éliminer ces obstacles maintenant lui convenait parfaitement.

« Ceci contient tous les détails, monseigneur. » Le messager avait tendu un document à Yuuto.

« Ah, permettez-moi, » intervint Félicia. « Je vais le lire à haute voix. »

« Merci. Je t’en prie, » déclara Yuuto.

En vérité, Yuuto avait participé aux sessions d’étude de Mitsuki, et il avait déjà atteint le point où il pouvait lire et écrire la langue d’Yggdrasil — c’était en grande partie grâce au fait que l’Yggdrasilien utilisait des caractères phonétiques dans son écriture — mais il savait que Félicia aimait faire des choses comme ça pour lui, et il ne voulait pas lui enlever ça.

Il avait donc décidé de ne rien dire et de la laisser continuer à lire et à écrire pour lui.

« Informez le Seigneur Yuuto, réginarque du Clan de l’Acier. Je suis Hrymr, chef des subordonnés de la fratrie du Clan du Frêne et maître du château de Dauwe. » Félicia commença à réciter à haute voix le contenu du rapport.

La taille et la composition de l’armée ennemie, l’état du moral des soldats de Hrymr et d’autres aspects pertinents de la situation militaire avaient tous été enregistrés dans les moindres détails.

Le rapport datait d’il y a deux jours.

À cette époque, la norme pour la livraison rapide d’informations détaillées sur de longues distances était encore un messager conduisant une charrette tirée par des chevaux — qui aurait mis au moins dix jours complets pour lui apporter ce même document. En tenant compte de cela, deux jours, c’était exceptionnellement rapide. Anormalement, en fait.

Cependant, deux jours c’était toujours deux jours.

Yuuto n’était qu’un humain, et il n’avait donc aucun moyen de savoir qu’à ce moment précis, le château de Dauwe était tombé aux mains de l’ennemi.

Yuuto se dirigea rapidement vers la formation principale de son armée, où la voix ravie de Sigrún fut l’une des premières choses qui l’accueillit.

« Ah… ! Bienvenue, Père ! »

C’était une femme d’une beauté si exceptionnelle que ceux qui la voyaient en restaient bouche bée, une beauté que l’on pouvait à juste titre qualifier d’unique en son genre.

Sa silhouette était mince et élégante, et ses bras minces étaient si délicats qu’on aurait pu penser qu’elle aurait du mal à tenir une épée, mais elle était en fait la plus puissante guerrière du Clan de l’Acier, et l’un de ses plus valeureux généraux.

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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