Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 11 – Prologue 2

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Prologue 2

« Un ordre afin de nous détruire… ? » Étourdie, Linéa ne pouvait que répéter les mots du messager. Elle avait du mal à les comprendre.

C’était une jeune fille de quinze ou seize ans, et bien que son expression soit maintenant sinistre, elle avait toujours un air de beauté douce et délicate. Cela dit, elle était également le commandant en second exceptionnellement talentueux du Clan de l’Acier, la puissante nation qui contrôlait presque toutes les terres de Bifröst à Álfheimr.

Son seigneur régnant, le Réginarque Suoh-Yuuto, avait introduit des inventions et des idées bien au-delà du sens commun de cette époque, et elle était souvent la première à réaliser leur véritable valeur, grâce à son esprit intelligent et adaptable.

Mais même elle avait eu besoin de quelques secondes pour accepter que ce qu’elle avait entendu soit réel.

Voilà à quel point ce scénario était impossible, voire ridicule, pour elle.

« C’est absurde ! Pourquoi y aurait-il une raison pour émettre un tel ordre contre nous !? »

Linéa s’était retrouvée levée de son siège, criant sur le messager.

Le ton dur de sa voix ne convenait pas à la cérémonie de mariage de son seigneur, mais elle avait largement dépassé le stade où elle pouvait faire attention à ce genre de sensibilité.

Le Saint Empire d’Ásgarðr était dirigé par le Þjóðann, dont le titre signifiait « Empereur/Empératrice divin(e) ». Cependant, le Þjóðann ne possédait pas actuellement un grand pouvoir politique réel. La position n’était qu’un vestige de son ancienne influence, ne conservant que son autorité symbolique.

Même ainsi, formellement, le Þjóðann et le gouvernement impérial étaient toujours reconnus comme détenant la souveraineté sur toutes les terres d’Yggdrasil.

En désignant le Clan de l’Acier comme ennemi de l’empire, ils avaient donné à tous les autres clans d’Yggdrasil une justification officielle pour lui faire la guerre.

De même, en tant qu’ennemi de l’empire, le Clan de l’Acier avait été qualifié de « maléfique » et, par extension, avait perdu son statut de gouvernement légitime.

Dans la hiérarchie de l’empire, les patriarches des clans étaient techniquement des seigneurs féodaux gouvernant en tant que mandataires des Þjóðann, et bien que la relation ne soit guère plus que nominale, c’est ainsi que les clans obtenaient l’autorité politique pour gouverner leurs terres.

Rien que d’y penser, Linéa avait mal à la tête.

« Nous avons toujours fourni à l’empire un ample tribut. Il ne devrait pas y avoir de raison pour qu’ils nous fassent ça…, » déclara un homme, son expression déjà sévère s’assombrissant encore plus.

Cet homme grimaçant était Jörgen, l’actuel patriarche du Clan du Loup, et il avait raison.

Comme nous l’avions souligné plus haut, se faire un ennemi de l’empire était extrêmement problématique, tandis que bénéficier de son soutien politique permettait d’utiliser pleinement son autorité symbolique.

C’est pourquoi le Clan de l’Acier, et le Clan du Loup avant lui, n’avait jamais hésité à faire bon usage des profits qu’il tirait de la vente d’objets en verre. Un volume substantiel d’or, d’argent et d’autres trésors avait été donné à l’empire sous forme de généreux paiements de tribut.

Apparemment, Jörgen avait été tout aussi confus que Linéa que cette situation puisse se produire malgré cette loyauté constante.

« Ennemis de l’empire ? Qu’est-ce que cela signifie ? »

« Seigneur Réginarque, qu’avez-vous fait !? »

« Je ne me souviens pas que Sa Majesté ait déjà donné un tel ordre, pas même une fois ! »

Un moment après la remarque de Linéa, plusieurs des autres invités avaient compris la signification de l’ordre d’assujettissement et s’étaient mis à parler brusquement les uns au-dessus des autres.

C’était un monde où la foi dans les dieux et les superstitions populaires avaient encore cours en de nombreux endroits. Les Þjóðann possédaient un grand pouvoir surnaturel sous la forme de leurs runes jumelles, transmises de génération en génération, et il y avait peu de gens chez qui cela n’inspirait pas à la fois révérence et crainte.

« Ne paniquez pas ! » Alors que l’anxiété de la foule rassemblée commençait à se nourrir d’elle-même, un unique cri avait retenti dans la salle du sanctuaire comme un coup de tonnerre.

Instantanément, la foule était devenue si silencieuse qu’on aurait pu entendre une épingle tomber.

« C’est une des choses que j’avais prévu qu’il se produit. Il n’y a aucune raison de paniquer. Nous continuons la cérémonie. »

Le jeune marié s’était adressé à la salle comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé.

Il n’avait que dix-sept ans, mais ce jeune homme — connu sous le nom de Seigneur Suoh-Yuuto — avait, en deux ans seulement, fait de son minuscule Clan du Loup un État membre de la troisième nation la plus puissante du royaume d’Yggdrasil. Il était une figure héroïque comme on en voit rarement.

Et sa présence dominante, l’air de pouvoir qui semblait l’entourer, était tout aussi extraordinaire.

« C’est bien approprié pour Père, » se dit Linéa en regardant Yuuto avec un respect sincère.

Les invités à cette cérémonie de mariage étaient tous des patriarches de clans, des commandants en second ou des personnes de rang et d’importance similaires de leurs clans respectifs.

Ils avaient tous été stoppés dans leur élan et contraints au silence par une simple remarque de Yuuto. Le Clan de l’Acier avait son lot de personnes charismatiques, mais il était probablement la seule personne capable de réaliser un tel exploit.

Et même face à ce développement effrayant, il était resté complètement calme et imperturbable. C’est comme si la nouvelle ne l’avait pas dérangé le moins du monde.

Il était si fiable, quelqu’un sur qui elle pouvait vraiment compter pour n’importe quoi.

« Je le savais. Il n’y a aucune chance que je puisse envisager d’aimer un autre homme que lui. »

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