Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 10 – Chapitre 3 – Partie 4

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Chapitre 3 : Acte 3

Partie 4

Elle plaça une main sur la poignée de la véritable épée à sa hanche. Mais ce qui s’était passé ensuite l’avait surprise.

« … ! » Relâchant un souffle, Hildegard fit un bond en arrière pour s’éloigner de Yuuto.

Le visage d’Hildegard était couvert d’une sueur froide, et tout son corps tremblait.

Sigrún avait senti l’air autour d’eux changer, et son expression s’était tendue.

« Un assassin ? Qui t’a envoyée ? » Yuuto s’était adressé à la fille bestiale d’un ton froid et mortel. Son corps frissonnait violemment.

La colère était visible dans les yeux de Yuuto. C’était peut-être normal, car il venait de voir sa précieuse adjuvante se faire attaquer sous ses yeux.

Hildegard s’était mise à faire des bruits pitoyables et à gémir comme un chien, comme si elle ne pouvait pas résister au regard acéré de Yuuto. Elle s’était retournée sur le dos, les bras et les jambes repliés, exposant son ventre.

En effet, elle adoptait la même position que celle d’un chien qui se suppliait devant son maître.

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« Hein !? » Lorsque l’esprit d’Hildegarde revint, elle était allongée sur le sol, regardant le ciel.

Elle n’avait pas de souvenirs précis de ce qui s’était passé après avoir libéré la Bête en elle.

La seule exception était un souvenir flou d’avoir ressenti une puissante terreur, plus puissante que toute peur qu’elle avait ressentie auparavant dans sa vie. Tous ses muscles et ses articulations lui faisaient terriblement mal.

« Aïe, aïe… Grand Frère ! Grand Frère, es-tu sain et sauf ? », cria une femme.

« Je vais bien », dit une voix d’homme. « Et toi, Félicia ? Vas-tu bien ? »

Hildegard tourna son regard dans la direction des voix, et vit l’homme et la femme inconnus en question. Ils semblaient parler entre eux.

La femme avait des cheveux dorés, et était incroyablement belle.

L’homme était jeune et avait des cheveux noirs foncés.

Attends, des cheveux noirs ? ! L’esprit d’Hildegard vacilla.

Elle se leva d’un bond, se repositionna à genoux et, la tête basse, cria : « S’il vous plaît, pardonnez mon insolence ! »

Elle ne connaissait qu’un seul homme dans le Clan de l’Acier qui avait des cheveux noirs foncés : Suoh-Yuuto, le réginarque lui-même.

« N’essaie pas de t’en sortir par la comédie », déclara froidement Yuuto. « C’est trop tard. Je vais te le demander une fois de plus : qui t’a envoyée ? »

La voix du réginarque était calme, mais elle portait le message sans équivoque qu’elle lui répondrait.

Il la fixait droit dans les yeux, son regard glacé la transperçant, et elle ne pouvait plus bouger son corps.

Sa fierté, ses normes de ne pas laisser les autres la regarder de haut… rien de tout cela n’avait plus d’importance pour elle.

Tout ce qu’elle pouvait penser ou ressentir était la peur qu’elle avait envers le jeune homme en face d’elle en ce moment.

Lorsqu’elle avait affronté Sigrún pour leur duel, elle avait ressenti une énorme pression de la part de la guerrière aux cheveux argentés, mais pour dire les choses franchement, là, c’était d’un tout autre niveau.

Elle pouvait entendre ses propres dents claquer.

« Réponds à la question. »

« Ah… awawah… » Hildegard pouvait à peine respirer. Elle n’avait pas la force de former le moindre mot.

De plus, elle ne savait pas quel genre de réponse elle était censée lui donner.

Qu’a fait la Bête pendant qu’elle était libre ?

Tout ce qu’elle voulait faire, c’était fuir loin, très loin.

Mais l’air qui l’entourait était aussi lourd que de la pierre et pesait sur elle, et ses jambes étaient comme enracinées dans le sol.

La peur était si forte qu’elle avait cru qu’elle allait perdre la tête.

« Wôw !? » Soudain, le jeune homme aux cheveux noirs laissa échapper un cri, comme si quelque chose l’avait surpris.

Pendant ce bref instant, elle avait eu l’impression que les liens de son corps et de son esprit s’étaient un peu relâchés.

Elle ouvrit précipitamment la bouche, désireuse de dire quelque chose, n’importe quoi, avant que le regard du jeune homme ne se pose à nouveau sur elle et ne la rende incapable de parler.

« Je… je suis… Hildegard, mon seigneur, une n-nouvelle… une nouvelle recrue de la famille Sigrún. Je regrette profondément toute impolitesse que j’ai pu montrer plus tôt. S’il vous plaît, je demande votre pardon. » Le front collé au sol, elle ne put que balbutier quelques mots à la fois.

Elle ne comprenait pas tout à fait la situation, mais le plus important pour l’instant était de garder la tête contre terre, de présenter ses excuses et d’obtenir le pardon pour ce qui avait pu se passer.

C’est tout ce à quoi elle pouvait penser à ce moment-là.

« Hildegard ? » déclara le réginarque. « Ah, c’est vrai, tu es l’Einherjar dont j’ai entendu dire qu’elle avait rejoint la famille David. Donc tu es passée à la famille de Rún, non ? »

« Oui, Père, » répondit la voix de Sigrún. « Il y a environ quatre jours. »

Il semblait que Sigrún se tenait tout près, elle aussi. Hildegard n’avait pas levé la tête pour regarder.

« Père, t’attaquer est une offense inexcusable, » déclara Sigrún. « Je m’excuse profondément pour ce que ma nouvelle recrue a fait. »

« Ngh !? » Hildegard pouvait sentir tout le sang commencer à s’écouler loin de son visage.

Elle a attaqué le réginarque ? C’était un crime punissable de mort à la première infraction !

C’est fini. Ma vie est finie… pensa-t-elle. Elle était envahie par un désespoir abject.

Sigrún poursuit. « Bien que je comprenne que d’ordinaire, c’est un crime qui pourrait exiger la peine de mort, la vérité est que la faute me revient en tant que son supérieur, pour avoir été incapable de la superviser et de la contrôler correctement. Si quelqu’un doit être puni, c’est moi. »

Choquée, Hildegard leva la tête pour regarder Sigrún.

Même Hildegard admettait qu’elle avait agi de façon terrible envers la famille qu’elle venait de rejoindre, et malgré tout, le chef de cette famille essayait maintenant de la sauver.

Hildegarde resta à terre, touchée par cet acte de compassion. Yuuto, lui aussi, semblait impressionné. Il poussa un petit soupir.

« Tu sais que je ne peux pas te punir pour ça. Écoute, je ne comprends pas vraiment ce qui s’est passé, mais le fait est que cette fille n’est pas une ennemie, non ? »

« Oui, Père. Tu peux en être certain. »

« D’accord. Dans ce cas, je te laisse t’occuper d’elle. »

« Je te suis reconnaissante pour ta décision bienveillante, Père. »

« Mais alors, pourquoi est-elle en premier lieu allée m’attaquer ? »

« Afin de tester ses capacités, je l’avais un peu bousculée dans un duel fictif. Mais apparemment, quand elle essaie d’utiliser la puissance maximale de sa rune, elle s’oublie. »

« Sérieusement ? C’est une rune vraiment pénible si tu veux mon avis. »

« En effet », acquiesça Sigrún. « Cependant, son incroyable force physique et sa vitesse sont très impressionnantes. Si elle pouvait apprendre à mieux se contrôler, elle pourrait devenir aussi forte que moi, ou peut-être même beaucoup plus. »

« Hein, vraiment ? Eh bien, Rún, si tu la complimentes à ce point, elle doit vraiment être quelque chose. » Yuuto jeta un coup d’œil à Hildegard, son regard étant maintenant rempli d’intérêt.

Il n’y avait plus la pression écrasante ou la sensation perçante qu’elle avait ressentie auparavant.

Cependant, il y avait toujours une présence indéniable en lui, un charisme puissant convenant au héros qui était passé de la direction d’un seul clan faible et minuscule à la direction d’une superpuissance qui tenait de multiples clans sous son emprise.

« Hé, ne t’inquiète plus de ce qui s’est passé, » déclara Yuuto en s’adressant à Hildegard. « Tout le monde fait des erreurs. J’ai déjà oublié tout ça. »

Il posa une main sur la tête d’Hildegard et ébouriffa un peu ses cheveux.

Si quelqu’un d’autre lui avait fait quelque chose comme ça, elle aurait été absolument furieuse contre lui, mais pour une raison étrange, elle n’avait pas ressenti la moindre gêne quand il l’avait fait.

En fait, elle pouvait sentir une chaleur se répandre dans son cœur, comme un sentiment de sécurité.

« Fais de ton mieux, d’accord ? » Yuuto ajouta. « J’attends de grandes choses de toi. »

« O-O-Oui, monseigneur ! » Hildegard cria sa réponse d’une voix bégayante et stridente.

Le réginarque eut l’air un peu surpris, mais il lui fit un petit sourire, et à ce moment-là, elle sentit son cœur battre à tout rompre comme un marteau.

Un sentiment qu’elle ne comprenait pas bien avait commencé à monter en elle, et elle avait levé les yeux vers Yuuto avec une expression de pure félicité.

« Hum… Tu es libre de partir maintenant, d’accord ? » Le réginarque avait l’air un peu troublé, et détournait un peu son regard.

« Hein !? Oh ! D-Désolée, mon seigneur, d’avoir pris de votre temps précieux ! »

« Euh, non, ce n’est pas ce que je veux dire. Um, tu sais. Tu veux probablement aller te changer, non ? »

« Hein… ? » À ce moment-là, Hildegard baissa enfin les yeux et remarqua la tache humide à l’entrejambe de son pantalon.

Elle remarqua alors qu’il y avait une petite flaque d’eau autour de ses pieds.

Cela ne pouvait signifier qu’une chose…

En y repensant, lorsque Yuuto l’avait interrogée, et qu’elle s’était sentie submergée par la pression, il y avait eu ce moment où il avait été surpris. C’était quand… ?

Hildegard se tourna pour regarder à sa droite.

Elle vit alors les visages des soldats de Múspell qui s’étaient tous rassemblés.

Elle regarda à gauche.

Encore une fois, il y avait des soldats de Múspell alignés et qui regardaient.

Le sang qui s’était écoulé de son visage dans son moment de désespoir remontait maintenant d’un seul coup.

« S’il vous plaît, excusez-moi ! » Incapable de rester immobile plus longtemps, Hildegard s’élança aussi vite que ses jambes pouvaient la porter, quittant la cour à toute vitesse comme un lapin en fuite.

☆☆☆

Hildegard se tenait au sommet de la tour sacrée Hliðskjálf de Gimlé, contemplant le paysage urbain crépusculaire.

Le seul son était le croassement des corbeaux. Ils semblaient étrangement désespérés à ses oreilles.

Elle s’était changée pour mettre des vêtements propres, mais elle ne supportait pas de rester assise seule dans sa minuscule chambre avec ses seules pensées. Après avoir erré sans but pendant un moment, elle s’était finalement retrouvée ici.

« Je pourrais simplement sauter », avait-elle murmuré. « Peut-être que cela mettrait au moins fin à mes souffrances… »

Elle avait réfléchi pendant un moment.

« Mais non, si je faisais ça, je serais juste connue comme une femme qui s’est mouillée en public et qui s’est suicidée parce qu’elle ne pouvait pas supporter la honte. Je serais ça et rien de plus. »

La scène surgit à nouveau dans son esprit : la flaque d’eau sur le sol entre ses jambes. C’était trop dur à supporter, et elle s’était mise à taper sauvagement des pieds et à s’arracher les cheveux.

« Devant le seigneur réginarque, comment ai-je pu faire quelque chose de si… si… ! Aaaahhh ! Aaaahhh ! Aaaahhh ! » Incapable de continuer, elle hurla simplement sans mot dire dans le vide. Elle ne pouvait pas s’en empêcher.

Chaque fois que le souvenir et l’image revenaient, elle hurlait et se débattait. Elle répétait ce cycle depuis son arrivée à la tour.

« Je sais ! Je vais faire un voyage. Je vais aller dans un pays où personne ne sait qui je suis, et essayer de tout recommencer. Oui, c’est la meilleure chose à faire. »

« Non, non, ça ne l’est pas », interjeta une voix de derrière elle.

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