Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 10 – Chapitre 3 – Partie 3

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Chapitre 3 : Acte 3

Partie 3

Sigrún fit une analyse réfléchie et sèche de la puissance et de l’habileté d’Hildegard, même si elle continuait à détourner adroitement tous ses coups d’épée.

Elle était délibérément restée sur la défensive, ne faisant aucune attaque de son côté.

Si Sigrún l’avait voulu, elle aurait pu depuis longtemps déjà mettre fin à ce match avec facilité. Hildegard, qui la combattait de front, le comprenait mieux que quiconque.

Ne me sous-estime pas !

Hildegard déchaîna tout ce qu’elle avait. Elle utilisa la force de ses jambes pour bondir dans tous les sens, changeant rapidement de position, mélangeant faux départs et feintes pour tenter de détourner son adversaire.

« Gah… ! » cria-t-elle avec exaspération, car elle n’arrivait même pas à porter un seul coup.

Non, c’était pire : elle n’arrivait même pas à faire vaciller l’expression glaciale du visage de Sigrún, ne serait-ce qu’un peu.

« Très bien, je vais aussi attaquer », dit froidement Sigrún.

« Ah… ! »

Dans un souffle, l’épée en bois de Sigrún fendit l’air, parfaitement synchronisée avec les attaques d’Hildegard.

Hildegard réussit de justesse à bloquer le coup, mais si elle n’avait pas été prévenue de l’attaque, elle n’aurait pas pu réagir à temps.

Ce fait ne faisait que blesser encore plus la fierté d’Hildegard.

« Que penses-tu de ça ? » demanda Sigrún.

« Khh ! Grrh… ! »

Maintenant que Sigrún attaquait, l’équilibre avait complètement changé.

En un rien de temps, Hildegard avait été complètement sur la défensive, faisant tout ce qu’elle pouvait pour repousser les attaques de Sigrún.

Et ce qui était le plus frustrant, c’est que son adversaire ne se battait toujours pas sérieusement. Elle pouvait le sentir à l’impact des épées qui s’entrechoquaient : Sigrún se retenait, afin de pouvoir arrêter son épée juste avant un coup net à tout moment.

« Comparée à tes attaques, ta défense a encore besoin d’être travaillée. » Sigrún continuait sur sa lancée, évaluant sèchement Hildegard tout en maintenant l’offensive.

Elle n’essayait pas de gagner, juste de faire une estimation de la force de Hildegard.

C’était comme si elle était complètement manipulée.

« Hmm, donc c’est tout ce que tu peux faire », ajouta Sigrún. « Très bien, j’ai une bonne compréhension de tes compétences. Il est temps d’en finir. »

En entendant ces mots, Hildegard eut l’impression d’entendre un son venant de l’intérieur d’elle-même, comme si quelque chose en elle se brisait et cédait. « Rgh… ! »

En tant que fille du chef du village, elle avait vécu sa vie avec d’autres personnes à son service.

Même lorsqu’elle était l’invitée de la famille David, personne d’autre n’était capable de lui tenir tête dans un combat. Elle avait toujours été au sommet, regardant les autres de haut. Elle ne pouvait pas supporter que quelqu’un la prenne à la légère, la regarde de haut comme ça. C’était impardonnable.

« “C’est tout ce que tu as” ? » Hildegard avait rugi. « Très bien, alors. Je vais vous montrer ce que je peux vraiment faire ! »

« Vraiment ? Si tu as plus à montrer, dépêche-toi de le faire. Tu n’as pas besoin de te retenir. »

« Ne m’en voulez pas si vous le regrettez après ça, d’accord ? » En disant cela, Hildegard laissa tomber son esprit rationnel et s’abandonna à la créature du fond de son cœur, la Bête.

Depuis le moment où elle s’était éveillée à sa rune, Hildegard avait ressenti la présence de la Bête qui avait également commencé à habiter son corps.

Laisse-moi me battre. Laisse-moi me nourrir. Laisse-moi tuer. La Bête grondait ces demandes au fond d’elle, mais jusqu’à présent, elle avait réussi à la faire taire avec son esprit rationnel.

Mais maintenant, pour la première fois, elle laissa la Bête agir librement.

☆☆☆

« Qu… ! » Soudain, Sigrún fit un bond en arrière, ayant ressenti une puissante aura de la part d’Hildegard. Elle semblait jaillir d’elle, comme une onde de choc.

Un sixième sens du danger était l’une des capacités qui lui avaient été accordées par sa rune Hati, la Dévoreuse de la Lune. Et en ce moment, ce sixième sens lui criait dessus.

Lorsque ses yeux rencontrèrent ceux d’Hildegard, Sigrún sentit un frisson froid parcourir son dos.

Selon son évaluation, Hildegard avait une force physique et une dextérité surpassant celles d’une personne de son âge, mais mentalement, elle était encore faible et trop imbue d’elle-même. Encore une novice en tant que guerrière. C’est ce que leur combat de tout à l’heure avait révélé.

Cependant, la personne en face d’elle en ce moment semblait être quelqu’un de complètement différent.

Ou plutôt, c’était comme si elle était quelque chose, une créature ayant l’apparence d’Hildegard.

« GRAAH ! » Hildegard cria, et elle bondit en avant pour attaquer.

Contrairement à tout à l’heure, ses attaques étaient maintenant de grands coups imprécis et lourds, comme ceux d’un amateur. Cependant, elles arrivaient à une vitesse ridicule, bien plus rapide qu’avant.

« Khh ! » Sigrún bloqua rapidement, mais sentit la douleur de l’impact traverser sa main. Il n’y avait pas que la vitesse, chaque attaque était aussi beaucoup plus puissante.

« GRRR… GRAAAAAH ! » Hildegard grogna et mugit en déclenchant une attaque après l’autre.

Il y avait maintenant des coups de poing et des coups de pied sauvages mélangés aux coups d’épée.

Il n’y avait aucune forme ni aucun schéma. Les attaques étaient incohérentes et irrégulières.

Elles semblaient n’être rien de plus que des frappes irréfléchies et aléatoires qui ne reposaient sur rien de plus que la force physique pure.

« Hrgh ! » Sigrún serra les dents. Aussi jeune qu’elle soit, elle était aussi une combattante expérimentée qui avait affiné ses compétences dans le creuset d’innombrables batailles, contre un grand nombre d’ennemis puissants.

La vitesse et la puissance accrues l’avaient un peu déstabilisée au début, mais elle reprit son calme et utilisa la Technique du Saule contre l’un des coups sauvages d’Hildegard.

Le poids d’Hildegard avait été déplacé, son corps avait été déséquilibré.

« Sei ! » Avec un cri fougueux, Sigrún décocha une puissante frappe directement dans le dos exposé de son adversaire.

Hildegard fut envoyée dans les airs et faillit toucher le sol la tête la première. Mais à la dernière seconde, elle posa ses mains sur le sol et se retourna aussi adroitement qu’un chat, et atterrit sans encombre.

« En ce qui concerne le match, cela aurait été ma victoire, mais… » Sigrún s’interrompit. En effet, il s’agissait d’un coup net contre le dos de son adversaire.

Si ça avait été un vrai combat, ça aurait été fatal, et c’était donc suffisant pour arrêter le match. Cependant…

« URRUUGHH ! »

Les yeux qui fixaient Sigrún de l’autre côté de la cour étaient encore plus brûlants de rage.

Clairement, ce n’était pas fini, loin de là.

En fait, Sigrún n’était même pas sûre qu’Hildegard puisse l’entendre ou la comprendre en ce moment.

« Úlfhéðinn, la peau de loup », commenta-t-elle. « Elle fait honneur à son nom. »

« GRRHHH ! » Grommelant, Hildegard s’élança à nouveau vers l’avant, ne se rappelant même pas qu’elle devait ramasser l’épée en bois qu’elle avait laissé tomber et attaquant à mains nues.

Elle n’était vraiment rien de plus qu’une bête sauvage en ce moment.

Il serait assez facile pour Sigrún de la repousser avec sa propre épée en bois, mais il ne semblait pas qu’elle serait capable d’arrêter la fille tout en se retenant d’utiliser sa pleine force.

Et si Sigrún utilisait toute sa force, elle pourrait finir par blesser gravement un nouveau membre prometteur de sa faction, ce qu’elle voulait éviter.

« Bon sang… » Sigrún jeta enfin de côté sa propre épée en bois. Alors qu’un coup de poing volait vers elle, elle attrapa le poignet droit d’Hildegard.

Elle tira son adversaire vers elle par le bras, puis effectua un coup de pied balayé pour lui faire perdre l’équilibre.

Alors que son adversaire tombait face contre terre, Sigrún avait rapidement fait le tour par-derrière et elle tira le bras vers le haut tout en s’agenouillant sur le dos.

« GRAAAAH ! AAAAAH ! » Bien sûr, Hildegard hurlait et se débattait, mais Sigrún maintenait le bras droit de la fille dans une position verrouillée, et le tirait davantage vers le haut.

Il y avait eu le bruit sourd des articulations d’Hildegard qui étaient tendues…

« GWAAGH ! » Hildegard cria à cause de la douleur intense.

Sigrún avait décidé de la maintenir dans cette position pendant un moment et de voir si elle se calmait. Cependant…

« GRUHH… URAAAAH ! » Soudainement, Hildegard utilisa sa force brute pour pousser Sigrún loin d’elle.

« Quoi !? »

Sigrún avait une carrure mince, mais elle était physiquement très forte, au moins dans la catégorie supérieure en termes de puissance pure parmi les Einherjars connus.

Hildegard avait été enfermée dans une position désavantageuse qui ne lui permettait pas d’utiliser sa propre force contre Sigrún.

Pourtant, malgré ces deux facteurs, Hildegard avait pris le dessus sur elle. Sigrún écarquilla les yeux face à cette révélation.

« GRRAH ! »

« Merde ! »

Alors que Sigrún se remettait de sa surprise, Hildegard se redressa et abattit sauvagement un poing sur Sigrún.

Sigrún inclina son cou et l’esquiva au dernier moment, mais un coup de pied avait rapidement suivi.

Elle le bloqua avec ses deux bras, mais c’était assez puissant pour l’envoyer voler.

Elle toucha le sol en roulant, et utilisa l’élan pour reprendre pied et se relever.

Hildegard se tenait debout et l’observait, haletant fortement et reniflant.

Elle semblait toujours désireuse de continuer à se battre.

Sigrún ne se sentait pas en danger de perdre si cela continuait, mais elle n’avait plus l’impression de pouvoir arrêter le déchaînement de cette fille sans la blesser.

« Bon sang… Tu es une sacrée combattante. Tu ne t’arrêteras pas tant que je n’aurai pas brisé un ou deux de tes os, au moins. » Sigrún laissa échapper un petit soupir, puis elle changea de perception.

Ce n’était pas un match. C’était une bataille.

« … ! » Cette fois, ce fut Hildegard qui fit un bond en arrière, mettant de la distance entre elles.

Ses sens aiguisés et primitifs avaient dû détecter l’énergie agressive émanant de Sigrún.

Pour chaque pas en avant que Sigrún faisait, Hildegard faisait un pas en arrière.

C’est à ce moment-là que, de façon inattendue, Sigrún avait entendu une voix très familière.

« Hé, Rún ! » Yuuto l’avait appelé.

À cet instant, le corps d’Hildegard s’était mis en mouvement.

Cela semblait être une action purement faite par réflexe, sans aucune réflexion.

Son instinct sauvage lui avait dit qu’elle ne pouvait pas gagner contre Sigrún, et elle profitait donc de ce bref moment où l’attention de Sigrún était détournée pour essayer de s’échapper de la zone aussi vite que possible.

Cependant, elle avait essayé de s’échapper dans la pire direction possible.

« Un ennemi qui attasshhhh !? » Félicia s’était instinctivement placée devant Yuuto et avait commencé à dégainer son épée, mais elle n’était pas assez rapide, et elle cria en recevant un coup de pied sur le côté.
« Père ! » Le maître de Sigrún, le jeune homme qui était son objet d’amour et de loyauté, était en danger. Elle avait couru vers lui aussi vite qu’elle le pouvait.
Elle n’avait plus aucune option.

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