Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 10 – Chapitre 3 – Partie 2

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Chapitre 3 : Acte 3

Partie 2

En cet instant, l’homme s’était redressé, le visage rouge vif, et il leva son autre bras pour la frapper… mais il laissa ensuite échapper un souffle, et le redescendit.

« Je vois au moins que tu n’es pas stupide », dit Hildegard avec un ricanement.

« Ngh… ! » L’homme serra les dents, et ne répondit pas.

Il était sûrement en colère et frustré, mais après cette seule attaque, il avait accepté le fait qu’il n’avait aucune chance de gagner contre elle dans un combat.

« Gah ! »

L’homme barbu poussa un nouveau cri de douleur lorsque, soudainement et sans remords, Hildegard enfonça son autre main dans sa cage thoracique, creusant avec ses ongles. Il s’agrippa à son estomac et s’effondra à genoux.

Hildegard baissa les yeux sur lui. « Et qu’est-ce que tu attends ? » demanda-t-elle d’un ton tranchant et menaçant ? « Arrête de traîner et commence à nettoyer. »

Elle lui tourna ensuite le dos, comme si elle avait complètement perdu tout intérêt.

Même s’il décidait d’essayer de l’attaquer par-derrière, elle pouvait gérer quelqu’un de son niveau. C’était ce qu’elle voulait faire comprendre : la différence flagrante entre leurs forces.

Finalement, elle entendit le bruit de l’homme qui ramassait la houe. Puis le son lorsqu’elle fut enfoncée dans le foin.

Il semblerait que l’homme ait décidé qu’il valait mieux se soumettre à Hildegard que d’essayer de s’opposer à elle.

Hildegard sourit. Enfin, elle était libérée de ce travail fastidieux.

« Hé maintenant, qu’est-ce que c’est que tout ça ? » cria une voix familière. « S’occuper des écuries était le travail d’Hildegard, n’est-ce pas ? Tu dois t’assurer qu’elle le fasse. »

Surprise, Hildegard se retourna. C’était le commandant en second, Bömburr. Comme toujours, il avait l’air trop détendu pour quelqu’un dans sa position, un sourire idiot sur le visage.

Lorsqu’elle l’avait vu pour la première fois, il lui avait semblé terne et ennuyeux, mais maintenant, il était un peu déstabilisant.

« Ah, euh, mais… » L’autre soldat débutant regarda timidement d’avant en arrière entre Hildegard et Bömburr.

Hildegard laissa échapper un soupir. Elle n’allait pas pouvoir s’en sortir par la parole.

« Ce genre de travail ne convient pas à quelqu’un comme moi, monsieur. Alors je l’ai donné à quelqu’un de plus approprié. » Elle parlait sans une once de honte, comme si elle n’avait rien fait de mal.

Bömburr poussa un long soupir de lassitude et se gratta l’arrière de la tête.

« Il ne s’agit cependant pas vraiment de savoir qui est le plus “apte” à le faire. Les nouveaux membres commencent par faire les corvées difficiles. C’est comme ça qu’on fait les choses dans cette famille. »

« Pour la famille connue comme la faction la plus puissante et la plus militariste du clan de l’acier, tout le monde semble assez accroché aux manières et aux formalités, » ricana Hildegard. « Lord David était prêt à faire de moi sa petite sœur jurée, et m’a dit qu’il me ferait éventuellement prêter le serment du Calice directement avec Lord Jörgen. Considérant que j’ai abandonné tout cela pour venir rejoindre cette famille, ce genre de traitement est tout simplement terrible. »

En effet, Hildegard ne pouvait pas accepter tout cela. Elle était une Einherjar choisie par les dieux, elle les gratifiait de sa présence, et pourtant ils avaient osé lui faire faire des corvées comme n’importe quel autre petit nouveau.

Elle ne pouvait pas les prendre au sérieux.

« Oh, non, non, tu dois me faire confiance quand je dis que je te considère en fait comme très précieuse, d’accord ? Et d’ailleurs, si nous parlons de la Famille Sigrún, alors nous parlons des Forces Spéciales de Múspell, n’est-ce pas ? Ne penses-tu pas qu’avoir la chance de travailler beaucoup avec les chevaux sera utile pour ta carrière future ? »

« Ha ! Dans ce cas, commencez à m’apprendre les techniques d’équitation. Je suis venue dans cette famille parce que je veux aller sur le champ de bataille et gagner un peu de gloire, et gravir les échelons le plus rapidement possible. Je ne suis pas venue ici pour faire des corvées. »

Hildegard parlait sans détour, mettant tout à plat. À ce stade, elle ne se souciait pas vraiment qu’ils la mettent dehors.

Heureusement, elle n’avait encore échangé le Serment du Calice avec personne. Elle pouvait encore rejoindre une autre faction.

Pour une Einherjar comme elle, il y avait sûrement beaucoup de gens désireux de l’avoir comme enfant juré. Elle n’avait aucun sentiment d’attachement à cette famille, étant donné la façon dont ils l’avaient traitée.

Elle s’attendait honnêtement à ce que Bömburr lui dise de partir sur-le-champ. Au lieu de cela, il avait ri.

« Heh heh ! Heh heh heh ! » Il riait comme s’il s’amusait, sans la moindre trace de colère. C’était tout le contraire de ce à quoi Hildegard s’attendait.

« Qu’est-ce qui est si drôle ? » demanda-t-elle.

« Ah, désolé. Je ne voulais pas être impoli. Nous sommes une famille de guerriers au caractère bien trempé, après tout. Nous avons donc beaucoup d’enfants comme toi qui franchissent nos portes. Bien sûr, peu d’entre eux sont si mauvais qu’ils commencent à agir dès leur premier jour. »

« Khh… ! » Hildegard sentait ses dents se serrer sous l’effet de la colère.

Bömburr venait d’insinuer qu’elle n’était pas différente de tous les péons médiocres du rang. C’était une insulte humiliante.

Comme s’il voulait prendre à la légère sa colère, Bömburr continua à parler, le sourire toujours présent sur son visage.

« Alors, pourquoi ne pas régler la question de ton traitement dans cette famille avec une coutume d’Yggdrasil, un duel en tête-à-tête ? La force est tout, et le fort doit dominer le faible. C’est ainsi que ce monde fonctionne. Et ça correspond aussi à ton propre style, n’est-ce pas ? »

« Parfait, » dit Hildegard. « Je n’aurais pas pu demander mieux. »

Elle se lécha les lèvres, et son esprit de combat se répandit dans son corps et dans l’air autour d’elle.

Quelle que soit son apparence, l’homme en face d’elle était le commandant en second des forces spéciales de Múspell.

Même elle pouvait dire qu’il devait cacher une force qui ne se voyait pas au premier coup d’œil. Cependant, même en prenant cela en considération, elle était toujours absolument certaine qu’elle était beaucoup plus forte que lui.

« D’accord, alors quand voulez-vous le faire ? », a-t-elle demandé. « Je suis prête à commencer tout de suite, si vous l’êtes. »

« Nous ne pouvons pas le faire tout de suite », répondit Bömburr. « Ton adversaire n’est même pas là. »

« Quoi ? Vous voulez dire que ce n’est pas vous qui allez me combattre ? » demanda Hildegard, un peu déçue.

Le ton de sa voix indiquait clairement qu’elle disait aussi : « Alors, tu as peur de te battre contre ta propre nouvelle recrue ? ».

Cependant, sa tentative d’insulte n’avait pas réussi à fissurer l’attitude insouciante du vice-capitaine de Múspell.

« Eh bien, tu as un problème avec la façon dont notre famille fait les choses. Alors, il est normal que tu règles ça en combattant le représentant de cette famille, tu ne crois pas ? »

« Ah… ! Alors, mon adversaire sera… »

« C’est exact. La mère de notre famille, la capitaine de l’unité Múspell, et la plus forte guerrière du Clan de l’Acier : Lady Sigrún. » Les lèvres de Bömburr s’étaient retroussées en un sourire.

Hildegard devina qu’il s’était probablement attendu à ce qu’elle frissonne de peur en entendant le nom de Sigrún.

Certes, cela avait du sens vu la renommée de Sigrún quant à sa force et son habileté.

Elle était une guerrière féroce et expérimentée, responsable de la mort de nombreux ennemis puissants, dont Yngvi du clan du Sabot.

En y pensant normalement, elle n’était pas quelqu’un qu’un novice de quatorze ans pouvait espérer vaincre, même avec les pouvoirs d’un Einherjar.

Mais… pour la jeune Hildegard, le titre de Mánagarmr, « le plus fort des loups d’argent », était aussi un de ses objectifs.

Compte tenu de son faible rang, elle s’était dit qu’il faudrait probablement un certain temps avant qu’elle ait l’occasion de défier Sigrún dans un combat. Elle n’avait jamais imaginé que cela lui tomberait dessus aussi facilement.

« Comme je l’ai déjà dit, je n’aurais pas pu demander mieux », déclara Hildegard.

Le sourire qui se répandait sur son visage était celui d’une bête sauvage.

☆☆☆

Trois jours plus tard, Hildegard se retrouva dans la cour intérieure de la citadelle de Gimlé, face à face avec une légende vivante.

« Alors, tu es Hildegard ? » demanda la femme aux cheveux argentés.

« Oui. Merci beaucoup d’avoir accepté de me combattre aujourd’hui. »

À première vue, Sigrún ressemblait à une jeune femme à la carrure fine, voire délicate, aux cheveux argentés brillants attachés grossièrement en une seule et longue tresse. Elle avait une beauté dure et glacée, qui rappelait les jolies œuvres d’art en verre si populaires actuellement.

Cependant, contrairement à cette jolie apparence physique, les sens d’Hildegard, semblables à ceux des animaux, lui disaient qu’il s’agissait de la créature la plus dangereuse qu’elle ait jamais affrontée.

Même en se tenant comme ça en face d’elle, elle pouvait sentir un pouvoir terrifiant.

Et même si Sigrún se tenait immobile, sans avoir l’air de monter la garde ou d’être prête au combat, elle n’avait pas la moindre ouverture.

Elle dégageait une aura de force profonde, fruit d’un temps infini passé à affiner et à cultiver ses compétences. Le poids de cette force pesait sur Hildegard, menaçant de l’écraser sous son poids.

C’est donc le Mánagarmr, Sigrún ! Elle devait s’avouer qu’elle avait largement sous-estimé cette personne.

Mais même ainsi, elle ne pouvait pas se laisser abattre avant même que le combat n’ait commencé. Si elle le faisait, elle perdrait toutes ses chances de victoire.

Hildegard se crispa, concentrant son énergie dans son estomac, et lança un regard furieux à la femme.

Les yeux de Sigrún s’étaient un peu élargis. Elle semblait légèrement plus intéressée maintenant. « Eh bien, maintenant. Tu as vraiment l’air prête à te battre. »

« Hmph ! Vous êtes peut-être calme en ce moment, madame, mais je vais m’assurer que vous ne le restez pas longtemps », répondit Hildegard.

Sigrún hocha la tête. « J’attends cela avec impatience. Bömburr, donne-nous le signal du départ. » Elle jeta un rapide regard à son vice-capitaine, et fit un geste de la mâchoire.

Comme s’il était prêt et attendait cet ordre, Bömburr leva sa main droite en l’air, puis il la baissa en criant : « Commencez ! ».

 

 

Dès que sa voix retentit, Hildegard utilisa toute sa force pour décoller du sol et bondir directement sur sa gauche.

La rune Úlfhéðinn, la peau de loup, comme son nom l’indique, conférait à Hildegard des capacités physiques accrues, comparables à celles d’un loup féroce.

Son premier mouvement avait été fait avec toute la vitesse dont elle disposait, et pour une personne normale, il aurait semblé qu’elle avait littéralement disparu.

Ses pieds frappèrent le sol une fois de plus, et elle changea de direction, bondissant en avant pour attaquer Sigrún par le côté.

« Haah !! » Elle frappa, abattant son épée de toutes ses forces.

Le coup était si puissant qu’il aurait tué instantanément un sanglier adulte, mais Sigrún l’intercepta facilement avec sa propre épée en bois.

« Tu es rapide. Tu te déplaces aussi bien qu’Albertina. Bien sûr, ce qui est vraiment effrayant chez cette fille, c’est qu’elle ne projette aucune intention meurtrière. »

« Grrh. Seyah ! » Avec un grognement et un cri fougueux, Hildegard se lança dans sa prochaine attaque.

Elle savait depuis le début qu’elle n’allait pas gagner contre Sigrún après un seul coup.

Elle refusa de reculer, et se lâcha dans un barrage incessant de coups d’épée.

De plus, il s’agissait d’attaques à pleine puissance sans aucune retenue ni considération pour son adversaire. Elle se battait pour de vrai.

Son adversaire, cependant…

« Hmm. Tu ne te déplaces pas non plus à l’aveuglette. On dirait que tu connais tes fondamentaux. Tu dois avoir été bénie par un bon instructeur. »

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