Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 1 – Chapitre 5 – Partie 5

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Acte 5

Partie 5

D’un autre côté, en grinçant des dents, Yngvi ressentait la même chose.

Dans le chaos du début de la bataille, ils avaient pu réduire au maximum les pertes de leur côté, et il avait rassemblé ses troupes et lancé une contre-attaque, mais il ne ressentait plus que la victoire lui soit assurée. Il n’aurait jamais imaginé qu’il puisse être constamment assailli par une si petite armée !

Cette situation était probablement due à la fatigue des jours sans sommeil et à la baisse du moral. Mais plus important encore que cela...

« C’est quoi ces lances !? » cria Yngvi.

Tout comme ils l’avaient fait lorsqu’ils combattirent le Clan de la Corne, le Clan du Loup brandissait des lances en formations serrées qui doublaient leur portée d’attaques. Les attaques du Clan du Sabot ne pouvaient pas atteindre l’ennemi, et le Clan du Loup pouvait encore lancer une contre-attaque unilatérale.

Si cela n’avait été qu’une simple bataille où les soldats brandissant des lances ne pouvaient que poignarder leur opposant, il serait facile d’esquiver l’attaque et d’aller les tuer au corps à corps. Mais comme il y avait trop de lances rassemblées, il n’y avait pas d’ouvertures pour passer à l’attaque, et aucun moyen d’échapper aux contre-attaques. Et ce n’est pas tout, ils avaient facilement réussi à percer à travers les boucliers de bronze du Clan du Sabot. Ces boucliers ne pouvaient pas arrêter les attaques de lance. C’était, en vérité, la chose la plus frustrante de toutes.

« Se pourrait-il qu’elle soit fabriquée en fer !? » se demandait Yngvi.

Comme il s’agissait de l’âge du bronze, ces personnes-là ne savaient pas encore comment affiner correctement le fer. Pourtant, cela ne signifiait pas qu’ils ne savaient pas ce qu’était le fer. Ils avaient trouvé du fer dans les météorites, qui étaient elles-mêmes rares, mais qui contenaient souvent de grandes quantités de métal. Sur Yggdrasil, ce métal qui tombait du ciel et qui était infiniment plus robuste que le bronze avait été longtemps prisé comme bijoux ou pour sa valeur marchande.

« Mais ils ne pourraient pas en avoir autant..., » il était en train de réfléchir frénétiquement à la situation. « Ont-ils trouvé un moyen de fabriquer du fer !? »

Même si c’était difficile à le croire, il s’agissait de la seule conclusion qu’il pouvait trouver. Le fer était normalement un matériau rare qui ne pouvait être trouvé qu’en le récupérant dans les météorites. Même un grand clan comme le Clan du Sabot en avait très peu. Il ne pouvait pas imaginer un clan appauvri des montagnes possédant une si grande quantité.

« Huhoho ! J’avais entendu ces marmots du Clan du Loup qui débitaient à propos de ces trucs étranges. Il semble que c’était vrai. Fascinant ! Vraiment fascinant ! » Yngvi ne pouvait pas réprimer le rire qui avait jailli telle une explosion.

C’était sûrement à cause de ces armes que le Clan du Loup possédait la puissance lui permettant de s’opposer et de détruire le Clan de la Corne et le Clan de la Griffe.

« Hé hé, j’ai vraiment de la chance. Ceci signifie sûrement que les cieux se sont alliés avec moi, » continua Yngvi.

Avec des matériaux aussi impressionnants, le Clan du Loup pourrait tuer d’autres clans dérisoires. Le cœur de Yngvi avait gonflé avec un respect non compromettant.

Si le Clan du Sabot était équipé d’armes en fer, elles deviendraient encore plus puissantes et la force militaire suprême d’Yggdrasil serait encore plus menaçante.

« Une telle force pourrait changer la face du monde, » dit-il avec respect et admiration.

Avec l’expérience de centaines de batailles derrière lui, les mots de Yngvi étaient précis dans leur clairvoyance.

Si l’on examine l’histoire ancienne de l’Est, ceux qui avaient eu cet avantage avaient été les Hittites qui avaient réussi à raffiner le fer plus tôt que les autres. Ainsi, ils étaient devenus un pays qui avait établi une hégémonie et tenu le monde de l’âge du bronze à leur portée.

« Maintenant, que ferons-nous ? » Yngvi se lécha les lèvres et tourna de nouveau les yeux pour observer le champ de bataille.

Certes, avec les longues lances en fer, le Clan du Loup était une menace. Bien que leur nombre soit inférieur à 2 000, les guerriers les plus prestigieux de l’armée du Clan du Sabot qui avaient réprimé Álfheim ne seraient pas de taille face à ça. Il y avait une réelle possibilité que si le Clan du Sabot les attaquait de front, les hommes du Clan du Loup puissent décimer cette armée de 10 000 hommes.

Cela étant dit, c’était seulement s’ils les attaquaient de front.

« Hmph ! Ils ont perdu ! » cria Yngvi.

C’était sûr, ces longues lances étaient effrayantes en face à face. Il pensait que, une fois rentrés chez eux, ils allaient concevoir une troupe en utilisant des armes similaires. Cependant, avec cette formation de combat rapprochée et une longueur considérable, il ne semblait pas du tout que des virages serrés fonctionneraient bien pour eux. S’ils se battaient contre leurs ennemis selon le bon angle, cela pourrait être gênant pour leurs opposants.

En d’autres termes, s’ils lançaient une attaque depuis le côté, les forces ennemies ne seraient pas en mesure d’effectuer une contre-attaque décente.

En plus de cela, le Clan du Sabot avait ses cinq cents chars bien-aimés. Si l’on tenait compte uniquement des chiffres pour calculer le pouvoir militaire, le Clan du Sabot, qui avait massacré de nombreux ennemis, aurait obtenu une victoire rapide.

« Hehe haha ! Cette parcelle de terre plate que ces fous ont choisie sera leur chute, » déclara-t-il.

Les grandes roues sur les chars limitaient sévèrement leurs mouvements.

La seule faiblesse du char était le terrain sur lequel il pouvait être utilisé, mais cela ne serait pas un problème ici.

Un général aussi expérimenté qu’Yngvi en savait assez pour envoyer un espion faire une enquête préliminaire sur le territoire du Clan de la Corne afin qu’ils puissent planifier l’itinéraire qui montrerait le mieux la puissance de leurs chars.

Se promenant sur son char préféré, Yngvi avait ri sans peur. « Je terminerai cette bataille de mes propres mains ! »

***

Alors que leur souverain patriarche se dirigeait vers le front, les soldats du Clan de la Corne laissèrent échapper un cri de guerre.

« Incroyable ! Nous pouvons gagner cette bataille ! » s’exclama Linéa, alors que les troupes du Clan du Loup franchissaient l’avant-garde avec une avance constante.

Ses propres troupes avaient autrefois beaucoup souffert alors qu’elles étaient à la merci des lanciers. Si quelqu’un connaissait la menace qu’ils représentaient, c’était bien elle.

C’était exactement pourquoi elle savait que son clan n’avait aucun allié plus fiable qu’eux.

« Attaque venant du côté gauche de l’ennemi ! » s’écria-t-elle. « Les voilà ! »

Son corps avait tremblé.

Linéa avait récemment connu une série incessante de défaites. Elle se disait que ce n’était pas le moment de s’inquiéter de savoir si elle était digne de commander ses troupes, et elle fit de son mieux pour surmonter ses doutes.

Avant que la bataille ne commence, Yuuto avait dit à Linéa que l’unité des longues lances était faible face à une attaque latérale. Cela faisait si peu de temps qu’elle était devenue sa subordonnée, alors les choses que son frère aîné avait partagées avec elle avaient laissé une profonde impression sur son cœur. Elle voulait être à la hauteur de ses attentes. En effet, elle avait fait le vœu de le faire.

« Uwah ! »

Mais tous ces sentiments avaient soufflé comme de la poussière dans le vent quand elle avait vu l’ampleur des forces ennemies. Linéa avait beaucoup d’expérience sur le champ de bataille. Même quand elle avait affronté l’unité des lances longues, son cœur avait brûlé de haine, mais n’avait jamais été paralysé par la peur.

Un grand nombre de chevaux, chacun plusieurs fois plus grand qu’un humain, avançait, et leurs mouvements faisaient même trembler la terre. Leur taille écrasante avait provoqué une véritable vague de terreur.

Il semblait que ses propres soldats ressentaient la même chose. Ils étaient tous en train de perdre leur sang-froid en voyant l’unité de chars approcher d’eux dans un nuage de poussière.

« Tenez votre position et résistez ! Si nous pouvons les retenir, la victoire sera nôtre ! » Linéa cria de toutes ses forces, mais ses mots n’atteignirent pas ses soldats.

Les soldats du Clan de la Corne étaient tombés dans un état de panique. Ils avaient perdu avant même que la bataille ne commence.

« Uwaaaaaagh!! »

« Eeeeeek!! »

Au moment où les deux armées s’étaient affrontées, des cris avaient pu être entendus depuis la ligne de front.

L’unité des chars avait très facilement et sans résistance brisée la ligne de front et avait fendu les forces du Clan de la Corne en deux.

Au centre de l’avant-garde, ce qui ressemblait à un géant se tenait là, choquant tous ceux qui le regardaient par sa terrifiante présence. Il balayait autour de lui sans retenue une lance géante tel un démon en colère. Il fauchait les troupes du Clan de la Corne avec ses attaques vicieuses. Comme s’ils agissaient en réponse à ça, les soldats du Clan du Sabot lancèrent des cris de guerre qui semblaient secouer le sol. Ils essayaient sûrement de se remonter le moral.

« Il-Il n’y a aucune chance que nous puissions gagner contre eux ! » Linéa grinçait des dents en raison de son désespoir.

Plus que sa propre mort, Linéa craignait de ne pouvoir protéger tout le monde. Bien qu’elle ait fait tout ce qui était en son pouvoir, la dure vérité avait été mise à nu pour que tout le monde puisse la voir. Elle savait désormais qu’elle était réellement impuissante. Voilà sa vérité. Ses subordonnés bien-aimés étaient transformés en cadavres, les uns après les autres.

« Sauvez-les... s’il vous plaît, sauvez-les tous, Grand Frère ! » plaida-t-elle en l’air.

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« Ils continuent toujours !? » Yuuto se mordit la lèvre, fixant l’impasse avec un regard sombre clairement visible dans ses yeux.

L’ennemi n’était pas un imbécile. Afin d’éviter d’affronter les longues lances, la ligne de front ennemie s’était positionnée sur la défensive, tout en lançant des volées de flèches depuis leur arrière.

Peu à peu, les soldats du Clan du Loup commençaient à subir des pertes. Il était clair que, même s’ils avaient causé beaucoup plus de pertes à l’ennemi, s’ils continuaient à subir des dommages comme maintenant, ils seraient désavantagés par le nombre de troupes restantes.

« Grand Frère, les troupes du Clan de la Corne sur notre flanc gauche sont attaquées par des chars ! » annonça Félicia.

« Il semble qu’ils aient compris notre point faible ! » se plaignit Yuuto.

Il s’agissait de la première fois que le Clan du Sabot faisait l’expérience des tactiques spécialisées de l’ennemi. Et dans ce court laps de temps, ils avaient vu à travers le point faible des troupes équipées de longues lances et avaient changé leur stratégie en conséquence. La capacité de parvenir à une telle conclusion au milieu de tout ce chaos et de lancer une contre-attaque si tôt après le début du combat était vraiment admirable.

Yuuto ne pouvait pas s’empêcher de considérer le général ennemi comme étant quelqu’un d’exceptionnel. Il s’agissait vraiment d’un adversaire gênant contre qui il était difficile de se battre.

« Mais dans ce jeu de tactique... On dirait que je suis le vainqueur... Eh bien... cependant dans mon cas, j’ai triché, » déclara Yuuto, les coins de sa bouche se contractèrent en un sourire.

Une autre partie du passage qu’il avait lu dans les écrits de Sun Tzu lui était venue à l’esprit. « En leur offrant des avantages, on peut amener l’ennemi à s’approcher de lui-même. »

En d’autres termes, vous pourriez faire en sorte que l’ennemi vous approche d’eux-mêmes, exactement selon vos plans, aussi longtemps que vous les trompez en leur faisant croire qu’ils ont quelque chose à y gagner.

Après avoir affronté la menace provoquée par les troupes à longues lances, l’ennemi devrait certainement comprendre leur point faible, et ensuite d’aller les attaquer comme ils le faisaient maintenant. Ils l’avaient fait avec l’unité la plus forte dans cette période, les chars.

Donc, ce serait le moment et l’endroit idéal pour mettre en place un piège.

En temps de guerre, abaisser le moral de l’ennemi était essentiel. Il faudrait briser ce à quoi l’ennemi avait mis sa confiance jusqu’à ce que plus rien ne reste. Les attaques psychologiques étaient d’une grande importance.

Si un ennemi perdait son dernier rayon d’espoir, même une armée d’une dizaine de milliers d’hommes serait simplement une foule géante sans réelle force. Et si cela arrivait, cette foule ne serait plus un ennemi capable d’affronter le Clan du Loup.

C’est à toi de jouer, Run, Pensa Yuuto. Détruis-les !

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Un commentaire :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le chapitre.

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