Le Maître de Ragnarok et la Bénédiction d’Einherjar – Tome 1 – Chapitre 1 – Partie 2

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Acte 1

Partie 2

Les cris d’admiration continuèrent.

« Grande Sœur, encore une grande réussite pour vous ! »

« C’est notre Mánagarmr ! Les hommes du Clan de la Corne ne pourraient jamais vous résister ! »

« Vous vous trouvez sur mon chemin. Poussez-vous de là ! » Sigrun cracha brusquement ses mots en affichant un regard froid montrant bien qu’elle n’éprouvait aucune émotion pour les soldats qui la couvraient de flatteries et de louanges.

Les soldats s’étaient blottis les uns contre les autres avec un « Ahh ! » face à ce regard glacial.

Ces regards glaciaux n’avaient fait qu’augmenter en intensité au cours de ces deux dernières années, et même maintenant, elle était enveloppée par une atmosphère tranchante telle une lame qui donnait l’impression que le simple fait de l’approcher vous aurait coupé en morceaux.

Bien que sa carrure lui donnait l’apparence de quelque chose qui était si mignon qu’elle semblait à peine capable de tenir une épée, elle avait gagné le titre de Mánagarmr ou « Le Plus Fort Loup d’Argent » qui la désignait comme appartenant à l’élite de l’élite. Il s’agissait donc d’une personne qu’il était impossible à battre au corps à corps en raison de ses capacités martiales.

En regardant de plus près, on pouvait voir que les yeux des soldats montraient un mélange de respect et de peur.

« Ah ! » À l’instant où elle avait aperçu Yuuto, son expression s’était complètement adoucie. Elle avait ralenti son cheval afin d’arriver au trot et s’était approchée du char d’Yuuto, où elle était descendue doucement du dos de son cheval.

« Père, tu es sauf ! J’espère que tu n’as pas été blessé, » demanda Sigrun.

« Je ne me trouvais même pas sur la ligne de front, donc je ne pourrais pas me faire blesser, » Yuuto l’avait rassurée. « Run, c’est plutôt moi qui devrais te demander, es-tu blessée ? »

« Ne t’inquiète pas de ça. Grâce à la protection divine d’Angrboða, je suis complètement sauf. Il n’y a même pas une égratignure présente sur moi, » répondit Sigrun.

« Il s’agit de la chose la plus importante pour moi, » déclara Yuuto. « Et aussi, je suis fier de toi pour avoir réussi à capturer le chef du Clan de la Corne. Bon travail ! »

« Je suis indigne d’une telle louange, Père. Je suis humblement enchantée de ces compliments, » bien que son discours indiquait qu’elle utilisait un ton formel, un sourire large et joyeux s’était répandu sur le visage de Sigrun.

Dès qu’elle s’en rendit compte, Sigrun raidit son expression, mais elle était si heureuse d’être félicitée par Yuuto que les coins de sa bouche ne pouvaient s’empêcher de présenter ce sourire.

« Pff, Run, tu es en effet un fidèle toutou, » Félicia riait alors qu’elle disait ça.

« Pff ! » avant qu’il ait eu l’occasion de s’arrêter, Yuuto éclata aussi de rire face aux paroles de Félicia. Il s’agissait d’une pensée cruelle, mais Yuuto ne pouvait pas regarder Sigrun sans ne pas avoir le mot « assis » qui lui venait à l’esprit.

« Père ? Ai-je dit quelque chose d’étrange ? » Sigrun inclina la tête. Cette habitude rappelait celle d’un chien. Une fois qu’il en eut pris conscience, Yuuto réalisa qu’il ne la voyait pas autrement et cela le dérangea.

« N-Non, ce n’est rien. Ne t’inquiète pas à propos de ça, » comme il le disait tout en couvrant sa bouche et en détournant son regard, il n’était pas très convaincant. Mais bien sûr, il ne pouvait pas dire ce qu’il pensait vraiment.

Sachant que si cette conversation allait plus loin, il pourrait lui-même, laisser sortir ça, Yuuto avait décidé de les ramener sur le sujet initial.

« Ce qui est le plus important, c’est ta récompense, » déclara Yuuto. « Que désires-tu ? Ton accomplissement était important, alors je vais te donner ce que tu désires. »

« Vraiment ? N’importe quoi ? » demanda Sigrun.

« Tout ce que je peux te donner, » déclarai-je.

« D-D’accord ! A-Alors, veux-tu bien me caresser la tête ? » Sigrun regarda Yuuto, ses yeux pétillants débordant d’espoir, alors qu’en réalité, ce qu’elle avait demandé était si trivial.

Cet air distant et inaccessible qui l’avait entourée plus tôt était introuvable en ce moment et c’était ainsi chaque fois qu’elle se trouvait proche d’Yuuto. Maintenant, Yuuto ne pouvait vraiment pas s’empêcher de la voir comme un chien qui avait repéré son maître et attendait un festin.

« Euh, eh bien, juste demander quelque chose de si simple est un peu..., » Yuuto affichait une expression troublée, se grattant la joue.

Décerner des punitions et des récompenses était le travail le plus important du souverain. Le fait de permettre à celle qui avait capturé un général ennemi d’accepter une si maigre récompense était clairement un problème. Si la rumeur se rependait que cette glorieuse réussite avait été récompensée par une simple flatte sur la tête, alors il était fort à parier que personne ne voudrait servir sous les ordres d’Yuuto dans un avenir proche.

« Cette récompense signifierait pour moi quelque chose de plus grand que toute autre chose !! » Sigrun avait fermement protesté.

Il ne semblait pas qu’elle feignait d’être altruiste ou de faire preuve de considération quant à l’état financier du Clan du Loup. Il paraissait que c’était, du fond de son cœur, son souhait le plus sincère.

Souriant avec résignation, Yuuto plaça doucement sa main sur la tête de Sigrun. « Tu as vraiment fait du bon travail ! »

« Ai-je pu t’être utile, Père ? » demanda Sigrun qui le regardait du coin de l’œil.

« Oui, plus que tout autre, » déclara Yuuto. « Mm, donc je ne peux pas accepter que tu ne demandes que cela comme récompense. Hé, Félicia, tu choisiras plus tard quelque chose pour elle à ta propre discrétion... »

« Pffff! Hahaha ! Je vois bien ça, » Félicia éclata de rire. « Je peux voir cette queue qui remue dans un va-et-vient ! »

Il avait alors regardé par-dessus la jeune fille qui se tenait à ses genoux. À ce moment-là, il avait alors vu que la beauté aux cheveux dorés, qui agissait d’une manière indiquant qu’elle était complètement indifférente à ceux qui pourraient être en train de regarder, était accroupie et elle se tenait l’estomac. Ses épaules tremblaient et elle raclait même ses ongles le long de la paroi intérieure du chariot. Peu importe comment vous l’auriez regardée, elle riait trop, causant ainsi une énorme scène.

Yuuto avait déploré cela, car selon lui, si seulement Félicia n’avait pas eu de tels moments, elle serait une combinaison parfaite de beauté et de compétences. Mais maintenant, elle ne serait d’aucune utilité jusqu’à ce que ses crises de rire disparaissent.

« Hmm, qu’est-ce qui se passe, Félicia... ? » commença Sigrun.

« Laissez-la être ainsi. Dans la vie, il y a certaines choses qu’il vaut mieux garder en tant que mystère, » déclara Yuuto.

« Ah ! Je comprends ! Si tu le dis, Père, alors cela doit avoir un sens ! » déclara Sigrun.

« Non, vraiment, ce n’est pas un gros problème, » Yuuto avait baissé ses épaules d’un air découragé alors qu’il disait ça.

Félicia avait ses propres caprices, mais l’acceptation aveugle de Sigrun envers Yuuto et tout ce qu’il disait l’inquiétait également. Si l’on devait décrire Sigrun en termes simples, ce serait probablement une guerrière dévouée, et même fanatique. Même si elle avait un talent naturel et avait reçu le titre de Mánagarmr à un si jeune âge, elle semblait ignorante des affaires mondaines, sa vie ayant été exclusivement axée sur les compétences martiales.

C’était probablement pourquoi elle ouvrirait seulement son cœur à ceux qui avaient démontré une force et à ceux qu’elle respectait.

En fait, pendant environ les six premiers mois après qu’Yuuto soit venu dans ce monde, Sigrun l’avait traité comme les soldats présents autour de lui. Il ne valait pas mieux qu’un rocher sur le bord de la route pour elle. Malgré la façon stupéfiante dont ils s’étaient rencontrés, à l’époque elle n’avait même pas pris la peine de se souvenir de son nom.

Mais là, avec son genou à terre, cette même fille avait maintenant montré qu’elle reconnaissait Yuuto comme son maître et qu’elle avait hâte de le servir.

« Comme c’est ironique, » Yuuto murmura dans l’autodépréciation.

Au cours des deux années (oui, juste deux ans) qui avaient suivi l’arrivée d’Yuuto, tant de choses avaient changé dans une rapide succession d’événements plus ou moins dramatique. Cela avait affecté le monde autour de lui, et Yuuto lui-même.

Il avait une peau claire quand il était arrivé en ce monde, mais sa peau avait depuis longtemps été teintée par le soleil. Sa carrure élancée n’avait pas changé, mais ses muscles avaient été considérablement tonifiés. Il était également devenu un peu plus grand. Et, il avait également acquis une grande partie des compétences nécessaires afin de se débrouiller dans ce monde.

Yuuto avait survécu à de nombreuses batailles sanglantes. Il n’était plus un enfant errant perdu et effrayé à travers ce monde. Y compris les branches du clan, il tenait entre ses mains la vie et l’avenir de dizaines de milliers de membres du Clan du Loup, en tant que leur patriarche souverain.

« Oh, ce n’est pas le moment de se laisser prendre par le sentimentalisme, » déclara-t-il. « Run, qu’en est-il de la souveraine capturée du Clan de la Corne ? »

Sigrun, qui lui avait affiché un côté plus semblable à un chiot alors qu’elle était caressée par Yuuto, avait instantanément repris son attitude plus digne. Bien qu’Yuuto avait eu moins d’occasions de la voir ainsi de ses propres yeux ces jours-ci, cette image était celle qui venait à l’esprit de la plupart des membres du Clan du Loup quand vous mentionniez le nom de Sigrun.

« Mais... Père, comme je voulais d’abord m’assurer de ta sécurité, » déclara Sigrun. « Je l’ai laissée sous la garde de quelques soldats se trouvant à proximité. Elle devrait être dans un char en route vers ici au moment où nous parlons. »

« Je vois..., eh bien, je me demande ce que nous devrions faire avec elle, » pour aucune raison particulière, Yuuto regarda le ciel.

Le soleil couchant avait commencé à teindre d’une couleur cramoisie le ciel de l’ouest. Les cris des corbeaux attirés par tout ce sang étaient devenus forts et grinçants.

À ce moment-là, ces pensées étaient naturellement focalisées sur ce qu’il devrait faire avec la souveraine ennemie. Il jeta un coup d’œil à Félicia, qui avait finalement réussi à réprimer son fou rire.

« Est-ce qu’elle acceptera sérieusement mon Calice ? » lui demanda-t-il.

« C’est difficile à dire, » lui répondit-elle. « J’ai entendu dire que Lady Linéa, la souveraine du Clan de la Corne, est extrêmement fière. Elle peut préférer une mort honorable à une vie tachée de disgrâce. »

« Dans ce cas, la faire mourir de notre propre main serait problématique, » Yuuto poussa un soupir de frustration.

Dans le monde d’Yggdrasil, le souverain était considéré comme le « parent » de tous les membres du clan, et ceux-ci le servaient en ayant les rôles d’« enfants » ou de « frères et sœurs plus jeunes », organisant le clan dans une sorte de structure pseudo-familiale.

À travers le rituel du « Calice de l’Allégeance, » un souverain établissait avec leurs enfants et leurs frères et sœurs cadets un lien ferme semblable à une cérémonie traditionnellement tenue lors des mariages Shinto et des initiations Yakuza. Le souverain pourvoyait à ses enfants et à ses frères et sœurs plus jeunes ce qu’il leur fallait avec soin et affection, et en retour, ils montraient à leur souverain la déférence et le respect dû à un parent ou à un frère aîné. Ces relations pseudo-familiales nées du Calice avaient en elles bien plus d’importance que les relations familiales classiques.

En d’autres termes, si leur souverain était tué, les membres du Clan de la Corne ne pardonneraient probablement jamais au Clan du Loup, se perdraient dans la haine et chercheraient la vengeance en raison de leur parent tué.

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Un commentaire :

  1. amateur_d_aeroplanes

    Merci pour le travail.

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