Le Dilemme d’un Archidémon – Tome 3 – Chapitre 3

Bannière de Le Dilemme d’un Archidémon ***

Chapitre 3 : Naturellement, n’importe quel Archidémon aura une horrible personnalité

***

Chapitre 3 : Naturellement, n’importe quel Archidémon aura une horrible personnalité

Partie 1

Néphy pensait qu’elle avait perdu connaissance au début, alors qu’une vague d’étourdissements la submergeait et que sa vision devenait blanche. Pourtant, elle s’était tout de suite rendu compte qu’elle se trompait. La voix de Zagan avait retenti lorsqu’il l’appela dans ce brouillard blanc pur.

« Néphy ! Où es-tu !? » demanda Zagan en criant.

Le brouillard l’enveloppa soudainement, et en un rien de temps, il cacha la totalité du luxueux bateau à passagers du bal du soir. Même la table sous ses yeux avait disparu, et Néphy ne pouvait pas voir le siège de Zagan alors qu’il aurait dû être juste à côté d’elle. Les sorciers qui se trouvaient sur le pont du navire avaient tous élevé la voix en raison de l’agitation, semblant souffrir du même sort qu’elle.

Je suis là, Maître Zagan ! Néphy avait essayé de l’appeler, mais s’était vite rendu compte que sa voix ne sortait pas. Non, ce n’était pas seulement sa voix. Pour une raison inconnue, elle ne pouvait même pas bouger un seul doigt.

Ce n’était pas comme si elle s’était effondrée de fatigue, car elle pouvait clairement sentir qu’elle était assise sur une chaise, mais il semblait que Zagan était également incapable de percevoir sa silhouette.

S’agit-il d’une attaque contre le vaisseau... utilisant la sorcellerie ? Cela semblait improbable, car il n’y avait pas de sorcellerie qui pouvait tromper Zagan dans une telle mesure. Après tout, c’était l’Archidémon connu sous le nom de Tueur de Sorciers. Si ce brouillard était de la sorcellerie qu’il était incapable de détruire, alors seul un autre Archidémon aurait pu le jeter. Et si ce n’est pas ça...

Serait-ce... la personne qui avait le même visage que moi ? La Sombre Néphy manipulait le pouvoir tel que le mysticisme, c’était donc une possibilité distincte. Au fur et à mesure que cette pensée lui traversait l’esprit, un sentiment d’effroi s’empara de son corps.

Si c’était le pouvoir de cette personne, alors même le Maître Zagan serait incapable de se défendre contre elle !

Le seul adversaire que Zagan, qui détenait le surnom de Tueur de Sorciers, face à qui il n’était pas bien placé pour faire face était quelqu’un qui tirait son pouvoir d’autre chose que de la sorcellerie. Le mysticisme surpassait même des objets comme les Épées Sacrées et pouvait blesser Zagan. Néphy avait donc essayé de lui faire part du danger imminent, mais son corps était bloqué sur la chaise et ne bougeait pas d’un pouce.

J’aurais dû lui en parler plus tôt ! Néphy avait finalement réussi à mettre de l’ordre dans ses sentiments après que Manuela l’eut réprimandé, mais elle avait quand même raté l’occasion de lui révéler la vérité. Et pendant qu’elle se tortillait à cause de ça, quelqu’un à côté d’elle avait bougé.

« Lady Néphy, allez-vous bien ? »

C’était Néron. Pour une raison ou une autre, il pouvait se déplacer et, tout en tâtonnant, il avait réussi à arriver près de la chaise de Néphy.

Non, attendez, suis-je la seule à être bloquée... je me le demande ?

Si tel était le cas, il s’agissait d’une attaque contre Néphy elle-même. Et juste à ce moment-là, le brouillard s’était soudainement dissipé et sa vision était revenue. Le visage de Néron était juste devant ses yeux, mais ne la regardait pas. Et puis, comme s’il n’arrivait pas à le croire, Néron se retourna vers Néphy.

« Hein... ? Il y a... deux Ladys Néphy ? » s’écria Néron.

Une fille avec le même visage que Néphy s’était effondrée juste devant Zagan. Cependant, ce n’était pas seulement son visage, car même la couleur de sa peau et de ses yeux et sa robe qu’elle portait était les mêmes. La Sombre Néphy aurait dû avoir la peau sombre et les yeux dorés, mais pas cette nouvelle fille.

Est-ce que ça peut être la même personne que cette fois... ? Néphy ne comprenait pas ses intentions. Néron faisait aussi un visage confus en regardant alternativement Néphy et l’autre Néphy.

« Une marionnette... Ça ne peut pas être le cas, n’est-ce pas ? Hein ? Qu’est-ce qui se passe ici ? »

Néphy était capable d’une certaine manière de bouger son regard, donc il semblait que le fait qu’elle n’était pas une marionnette avait été transmis à Néron. Cependant, à l’instant d’après, Néphy était devenue complètement pâle devant les actes de Zagan.

« Tu vas bien, Néphy... ? » Zagan avait appelé la fille effondrée en utilisant ce nom. Et « Néphy » avait ouvert faiblement les yeux et fit entendre une voix douce.

« Maître Zagan... ? Qu’est-ce que... ? » demanda la deuxième Néphy.

« Qui sait ? Je ne pense pas que ce soit un phénomène naturel, mais ce n’est pas non plus de la sorcellerie, » déclara Zagan.

Alors qu’il était abasourdi par cette scène, Néron parla d’une voix déconcertée. « Seigneur Zagan, Lady Néphy est aussi... Hein, quoi ? Je ne peux pas avancer. » Néron cria à Zagan, mais la main que Néron étira fut repoussée, comme si elle était obstruée par quelque chose. Il semblait aussi que leur voix n’atteignait pas Zagan.

Ce qui veut dire... Maître Zagan ne peut pas nous voir ici ? Néphy devint de plus en plus pâle en réalisant ce fait. Voyant cela, Néron s’était précipité vers elle dans un état d’agitation.

« T-Tout va bien, Lady Néphy ! Bien qu’inadéquat, ce Néron vous sera d’une grande aide ! » Néron l’encouragea d’une voix qui ne pouvait pas vraiment être considérée comme celle d’un jeune garçon ou d’une jeune fille, mais à la fin, Néphy ne put y répondre. Tandis que « Néphy » se levait en tremblant, elle enlaça le bras de Zagan.

« Maître Zagan, j’ai... peur, » déclara la deuxième Néphy.

Ses yeux regardaient Néphy et semblaient se moquer d’elle, ce qui avait convaincu Néphy de qui il s’agissait.

Comme je le pensais, cette personne... est la même qui m’a attaquée !

C’était la Sombre Néphy, et toute cette situation était de sa faute. Et si c’était le cas, quel était exactement son but ? Enlancer Zagan de cette façon... était quelque chose que Néphy elle-même n’avait fait que quelques fois auparavant. Cependant, ce n’était ni le moment ni l’endroit pour l’enlacer comme ça. Et dans un virage inhabituel, Zagan lui arracha froidement le bras.

« Reste en arrière. On dirait qu’on est attaqués, » déclara Zagan.

Il semblait qu’il ne voulait pas que « Néphy » se fasse prendre dans des attaques dirigées contre lui. Et voir l’attention qu’il lui montrait suffisait à rendre Néphy folle.

Néron murmura alors d’un ton désorienté. « On dirait que le Seigneur Zagan croit que la Lady Néphy là-bas soit la vraie. Je doute que le Seigneur Zagan la confonde avec quelqu’un d’autre, alorrrsss, la Lady Néphy ici présente est-elle peut-être une fausse ? Ou peut-être que la Lady Néphy a une jumelle ? »

Tandis que Néron dressait arbitrairement une liste de possibilités, Néphy avait l’impression qu’on lui arrachait le cœur.

Maître Zagan ! Ce n’est pas moi ! pensa désespérément Néphy. Cependant, même si elle voulait qu’il s’en rende compte, Néphy était incapable de parler ou même de bouger le moindrement. Cependant, il semblait que ses larmes pouvaient couler, car elles coulaient le long de ses joues par frustration. La Sombre Néphy tourna alors un léger sourire vers Néphy au moment où cela se produisit. Et puis, une fois de plus, elle avait confié son corps à la poitrine de Zagan.

« Maître Zagan. J’ai froid... et j’ai peur. Pourriez-vous... s’il vous plaît me réconforter ? » demanda la deuxième Néphy.

Après ça, elle avait fermé les yeux et avait essayé d’appuyer ses lèvres contre celles de Zagan.

Arrêtez ! Je ne veux pas voir ça ! Néphy voulait détourner son regard, mais elle était bloquée et ne pouvait même pas cligner des yeux. Des sentiments de dégoût et de colère se déchaînaient dans sa poitrine. Pensant à la façon dont les lèvres de Zagan seraient souillées par cette femme, elle s’était mise à pleurer de peur. Et pendant que la Sombre Néphy le persuadait de l’embrasser, Zagan...

« Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu es trop familière avec moi alors que tu viens de me rencontrer !! »

« Fugyuuuuu ? »

Eh bien, il avait simplement écrasé les joues de la Sombre Néphy d’une main et avait parlé d’une voix exaspérée.

 

***

Partie 2

Qu’est-ce qu’elle a, cette fille ?

Puisqu’il y avait une fille qui ressemblait beaucoup à Néphy dans le brouillard, il avait fini par l’aider, mais elle s’était soudainement approchée pour un baiser. Zagan ne comprenait pas du tout ce que cela signifiait.

La jeune fille qui ressemblait à Néphy se tortillait et se débattait loin du bras de Zagan et faisait de l’espace entre eux, son visage ressemblant tout le temps à une pieuvre tordue. Sa silhouette passa peu à peu d’une robe de bal à une robe de sorcière, et sa peau d’un blanc pur s’assombrissait également. Après cela, ses yeux étaient devenus dorés, mais son visage était resté le portrait craché de Néphy. Il semble que son visage était en fait le sien. La fille qui ressemblait à Néphy avait alors gémi d’une voix comme si elle n’y croyait pas.

« C-Comment le saviez-vous ? » demanda l’autre.

« Hein... ? Qu’est-ce que tu racontes ? » demanda Zagan.

Il pensait qu’elle n’était qu’une cinglée qui aimait être dans une telle situation, mais il ne semblait pas non plus y avoir de signe qu’elle se préparait à lancer une attaque.

Quand Zagan s’était levé sur le pont, il avait fait tout un spectacle, alors il avait supposé qu’elle essayait juste de gagner sa faveur comme Néron, mais il semblait que ce n’était pas le cas. Après avoir penché la tête et avoir souffert de la situation pendant un certain temps, il avait émis un « ah » avant de parler.

« ... Je ne pense pas que ça ait beaucoup de sens, mais essayais-tu de te faire passer pour Néphy ? » demanda-t-il.

Et une fois que Zagan avait réalisé que c’était le cas, la colère s’était soudainement enflammée en lui.

Ce foutu Bifrons ! Te moques-tu de moi ? Zagan pensait que Bifrons essaierait de commencer quelque chose, mais il ne pensait pas que cela se résumerait à une tentative de mauvais goût de le mettre sur les nerfs.

« Ridicule... Vous dites que vous n’avez pas été du tout trompé ? » demanda-t-elle.

Il semble qu’elle avait sérieusement l’intention de piéger Zagan. Ainsi, Zagan lui avait crié dessus avec une veine sur le front.

« Te fous-tu de moi ? Si tu veux faire semblant d’être Néphy, fais un petit effort pour la copier ! Rien d’autre que ton visage ne lui ressemble, donc c’est impossible de ne pas le remarquer ! » déclara Zagan.

« Non... pas possible... Vous... avez remarqué... ? » demanda l’autre.

La fille qui ressemblait à Néphy était tombée à genoux, comme si elle avait été vraiment frappée. En y regardant objectivement, son déguisement était parfait. Tout, de la raideur de l’expression de Néphy au ton de sa voix, en passant par ses vêtements et ses gestes, était parfaitement imité. Si c’était quelqu’un dont Néphy n’était qu’un peu proche, par exemple, d’un Raphaël, alors ils se seraient fait avoir. Ce n’était pas du tout un si mauvais travail qu’il méritait d’être dénigré.

Cependant, c’était Zagan, qui observait continuellement Néphy depuis leur rencontre il y a plus de deux mois. Comment elle montrait son bonheur, comment elle montrait sa tristesse, comment elle montrait qu’elle s’amusait, et comment elle montrait sa colère... Il les connaissait tous jusque dans les moindres détails. Face à cela, cette fille n’était qu’un bouffon. Et comme sa confiance s’était brisée, il ne semblait pas que la pitoyable jeune fille retrouverait son calme de sitôt.

Après cela, Zagan s’était tourné sur lui-même.

« Toi qui te caches depuis un moment, il est temps que tu te montres, » déclara-t-il.

Zagan avait balancé son poing dans le vide en disant cela. Cependant, il sentit une sensation terne, puis une fissure se fit dans le monde brumeux.

Je pensais qu’il y aurait un type qui utiliserait la sorcellerie.

C’était vraiment une sorcellerie ingénieuse. Le lanceur l’avait cachée en le glissant dans le brouillard non identifiable, mais c’était certainement de la sorcellerie. Et parce que c’était le cas, il n’y avait aucune raison pour que Zagan ne puisse pas le déconstruire...

Quelques instants après que Zagan ait levé le poing, le monde d’un blanc pur s’était effondré. Ce qui lui était apparu, c’était la table à laquelle lui et Néphy étaient assis auparavant. Néphy était encore assise dans un état complètement abasourdi, et à côté d’elle, Néron était assis sur le sol, s’étant replié.

« Alors c’est toi..., » Zagan serra le poing, plusieurs cercles magiques s’enroulèrent autour de ses bras en disant ces mots. C’était la partie du pouvoir qu’il avait mangé de la sorcellerie qu’il venait de détruire. S’il s’agissait d’une sorcellerie moyenne, même après l’avoir mangé, il ne pouvait être converti qu’en un seul cercle. Même la sorcellerie que Barbatos avait jetée avec sérieux atteindrait à peine cinq ou six. En d’autres termes, le lanceur de la sorcellerie qu’il venait de fracasser détenait un pouvoir au moins égal à celui de Barbatos. Et avec la colère de Zagan qui les regardait de haut, Néron se mit à trembler violemment et devint complètement pâle.

« Eeek ! V-Vous vous trompez ! J’étais juste... en train d’assister Lady Néphy, alors —, » cria Néron, prêt à se souiller. Il secoua violemment la tête sur les côtés pendant que Zagan balançait impitoyablement son poing en bas.

« HYAAAAAAAAAAAA !? » cria Néron.

Le poing de Zagan brisa le pont et fit s’effondrer l’avant du bateau sur lui-même. Le choc de cette frappe avait été énorme, et même si l’attaque était à l’avant, l’arrière du navire avait été renversé. Tout le pont s’était incliné vers l’avant, et les mâts robustes se pliaient comme un arc.

Zagan n’avait même pas hésité à jeter un coup d’œil aux derniers instants de Néron alors qu’il enlaçait doucement Néphy, qui ne s’était pas encore levée de sa chaise. Et juste à ce moment-là, la poupe qui s’était soulevée s’était écrasée sur la surface de l’eau. L’impact avait fait onduler massivement le lac et le brouillard qui recouvrait le bateau avait été complètement dissipé. L’eau du lac qui était projetée dans l’air était ensuite descendue comme de la pluie. Naturellement, les dommages causés au bateau étaient clairs comme de l’eau de roche lors de la disparition du brouillard.

Les tables couvertes de nourriture et même le piano de la troupe musicale avaient été jetés du pont dans le lac. Il semblerait aussi que la chanteuse-sirène ait été jetée dans le lac, bien qu’elle y soit probablement plus en sécurité. Et comme on pouvait s’y attendre de la part de ceux qui étaient invités au bal du soir de l’Archidémon, il n’y avait pas un seul sorcier idiot qui soit tombé dans le lac.

Cependant, il était difficile de se tenir debout sur le pont oscillant d’un navire qui pouvait couler à tout moment. Le seul capable de se tenir debout était Raphaël. Il avait simplement atterri sur le pont et s’était immobilisé avec une agilité qui semblait impossible pour quelqu’un de sa stature. Foll avait sorti des ailes de dragon de son dos et flottait dans les airs. Quant à celle qui avait le plus besoin d’inquiétude, dans un virage inattendu, Chastille était portée et protégée par Foll.

« ... Lourde, » déclara Foll.

« Gyaaaa !? »

Mais Foll la lâcha immédiatement et Chastille avait atterri face contre terre sur le pont. Zagan avait également cogné le pont à l’atterrissage, et quand il l’avait fait, Néphy avait tremblé alors qu’elle était dans ses bras. Après cela, ayant enfin retrouvé ses esprits, elle avait pris une grande respiration.

« Maître... Zagan... » déclara Néphy.

« Ça va, Néphy ? T’ont-ils fait quelque chose ? » demanda-t-il.

Bien que ce ne soit que pour quelques secondes, Zagan avait fini par perdre de vue Néphy. Non seulement ça, mais Néron était là. Il craignait sérieusement qu’elle n’ait attrapé d’étranges germes. Les lèvres de Néphy tremblaient comme si elle ne pouvait pas parler, et ne pouvait plus le supporter, elle enterra son visage contre la poitrine de Zagan et se serra contre lui. Ses épaules délicates tremblaient comme si elle avait peur, tout en étant soulagée en même temps.

Cette élégance... Oui, c’est bien Néphy..., Zagan se sentit soulagé alors qu’il caressait doucement la tête de Néphy.

« Je t’ai laissée vivre quelque chose d’effrayant. Pardonne-moi, » déclara Zagan.

« Vous vous trompez. Maître Zagan, c’est parce que... vous pouviez dire..., » les oreilles de Néphy frémissaient. Plutôt que d’avoir peur, on aurait dit qu’elle était submergée d’émotions.

Est-elle peut-être soulagée que je l’aie sauvée ? Zagan avait étreint Néphy une fois de plus pour lui donner une certaine tranquillité d’esprit. Alors qu’il réconfortait la fille qu’il aimait, il entendit une voix grinçante et gémissante.

« S-Seigneur Zagan, sauvez-moi... »

C’était Néron. La frappe de Zagan était passée devant Néron et elle avait frappé le pont. Alors qu’il avait évité un coup direct, le sorcier novice autoproclamé se balançait sur le pont brisé du navire. Et en réponse à cette voix pitoyable, le visage de Zagan s’était déformé, montrant son exaspération extrêmement évidente.

« Combien de temps comptes-tu continuer cette farce... Bifrons ? » demanda Zagan.

***

Partie 3

Tandis que Zagan disait cela, Néron le fixa d’un regard vide. Néphy ne semblait pas non plus comprendre le sens de ses mots et regardait Zagan et Néron à tour de rôle.

« H-Hein... ? Qu’est-ce que vous dites... ? » demanda Néron, s’agitant sans vergogne. Zagan, cependant, avait simplement serré le poing une fois de plus en réponse. À la fin, il ne serait pas satisfait tant qu’il n’aurait pas frappé Néron au visage.

« Attendez, Seigneur Zagan... vous plaisantez, n’est-ce pas... ? » Le visage de Néron montrait clairement un sentiment de peur malgré son insistance à dire que la situation n’était qu’une blague. Zagan, à son tour, avait impitoyablement levé le poing vers lui. Cependant, cette fois, il n’y avait pas du tout eu de réaction. Juste avant que le poing de Zagan n’entre en contact, le corps de Néron s’était effondré comme s’il était en sable.

Était-ce une sorte de téléportation ?

Néron ne traversait pas les ombres comme Barbatos. Il s’agissait d’une sorcellerie qui avait changé la place du corps avec celle d’un autre objet. On disait que parmi les fomoriens, il y avait ceux qui pouvaient transformer leur corps en brouillard, et c’était un pouvoir qui y ressemblait beaucoup.

« ... Mon Dieu. Comme toujours, tu n’as aucune pitié, hein, Archidémon Zagan ? »

Tandis que Zagan portait son attention sur cette voix, il aperçut le corps de Néron flottant au-dessus de l’avant du navire qui était complètement retombé dans l’eau.

« J’étais assez confiant dans ma petite pièce... Dis-moi, quand l’as-tu vraiment remarqué ? » demanda Bifrons.

« Comme s’il y avait un “sorcier novice” dont tu ne peux sentir aucune quantité de mana lors d’un bal d’Archidémon, » répliqua Zagan.

Oui. Dès que Zagan avait rencontré Néron, il l’avait suspecté. Et, comme on pouvait s’y attendre, Zagan était convaincu que c’était Bifrons après avoir échangé quelques mots avec lui.

D’ailleurs, Gremory semblait aussi avoir remarqué l’identité de ce type..., Zagan n’était pas sûr pour Kimaris, mais l’avertissement que Gremory lui avait donné concernait Néron. C’est pour ça que Zagan n’avait pas frappé cette vieille femme.

Néron s’était alors giflé le front et avait ri sèchement.

« Je vois. Je suppose que ça veut dire que j’ai gâché le décor. Je ne me suis pas présenté à beaucoup de bals, alors j’ai été un peu négligent... Mais, si tu l’avais remarqué, n’aurait-il pas été bien de jouer le jeu un peu plus longtemps ? Nephteros semble terriblement blessée en ce moment, tu sais ? » déclara l’autre.

Néron attira leur attention au bout du pont. Là-bas, la fille qui ressemblait à Néphy était encore à genoux. Et juste à ce moment-là, le grincement et la fissure de la structure en bois du navire qui s’était disloqué résonnaient dans l’air. Il semble que la frappe de Zagan ait causé des dommages mortels au bateau. Le pont à leurs pieds était très incliné, et même maintenant, le navire était traîné jusqu’au fond du lac.

« Oups, on dirait que le bateau va couler à cause de toi. Avec ça, on ne peut même pas avoir une conversation tranquille, hein ? » déclara Néron.

Après avoir trouvé quelque chose de drôle et avoir fait laisser sortir un rire étouffé, Néron claqua les doigts. Un cercle magique s’étendait à partir des pieds de Néron, et la proue du bateau brisée en morceaux s’était déformée comme du brouillard, se reconstruisant en un clin d’œil. La scène ressemblait à un aimant ramassant du sable de fer.

Tandis que Zagan jetait un coup d’œil fugace derrière lui, il remarqua que les tables, et même le piano qui aurait dû tomber dans le lac, étaient de retour dans leur position originale. Même la nourriture avait été réarrangée sur leurs assiettes, bien qu’il soit douteux que quelqu’un puisse en manger, étant donné la situation.

Zagan était tout à fait capable d’utiliser la sorcellerie pour reconstruire des objets cassés, de sorte qu’il pouvait dire à Néron qu’il utilisait quelque chose de complètement différent.

Comme la sorcellerie de téléportation d’avant... Est-ce que Bifrons utilise cette substance semblable à de la poussière comme médium ? Zagan observa vivement l’autre Archidémon, essayant de découvrir leurs secrets, alors que Raphaël et les autres venaient vers lui en courant.

« Un ennemi, mon seigneur ? » Raphaël essaya de se placer en avant tout en portant encore l’armure et le casque de Valefor, mais Zagan le retenait d’une main. Ensuite, Foll avait atterri doucement depuis le ciel nocturne, puis Chastille avait réussi à la rattraper.

« Chastille, occupe-toi de Néphy, » dit Zagan, confiant Néphy à quelqu’un qui ne semblait même pas capable de se tenir debout seule alors qu’il avançait vers la proue reconstruite du navire.

« Avec ça, je me le demande si on peut avoir une vraie conversation ? » demanda Néron.

Néron étendit les deux bras d’une manière prétentieuse tout en posant cette question ridicule.

« Je suis Archidémon Bifrons. Bienvenue sur mon vaisseau en cette belle soirée, » déclara-t-il.

En s’inclinant de manière théâtrale, Néron... non, l’Archidémon Bifrons s’était lui-même nommé. Comme avant, il n’y avait pas la moindre trace de la dignité d’un Archidémon dans son comportement. Néanmoins, Zagan ressentit un sentiment d’effroi lorsqu’il le regarda fixement.

Je ne sens rien du tout de ce type...

Rien ne se sentait, que ce soit un air d’intimidation, d’effroi, ou même simplement un sentiment de présence. C’était au point où Zagan doutait qu’il y ait réellement quelqu’un devant lui, même s’il pouvait les voir de ses yeux. Et après avoir étendu les bras, Bifrons fit signe à la jeune elfe qui s’accroupissait dans un coin du pont.

« Allez, Nephteros, ne te vautre pas dans la misère là-bas. Tu dois venir saluer tout le monde, tu sais ? » déclara Bifrons.

Il semblait que Nephteros était le nom de la fille qui était le portrait craché de Néphy. Nephteros mordit sur ses lèvres comme si elle subissait une humiliation durable, et tout en regardant Néphy, elle s’aligna à côté de Bifrons.

C’est une elfe noire, hein ? Comme c’est rare.

La première chose qui ressortait d’elle, c’était ses oreilles pointues, qui ressemblent à celles de Néphy. C’était une elfe. Ses cheveux, qui la recouvraient jusqu’à la taille, étaient argentés et ses yeux étaient dorés. Cependant, ce qui la différencie le plus de Néphy, c’est sa peau foncée. Sous sa robe, Zagan aperçut son décolleté, sa taille et ses deux cuisses exposés, alors c’était une tenue qui le troublait quand il la regardait.

Et tandis que la jeune fille continuait à se mettre en avant sans parler, Bifrons haussa les épaules.

« Hahahaha, désolé qu’elle soit une enfant si asociale. Cette fille est Nephteros. C’est ma mignonne petite poupée, » déclara Bifrons.

Zagan trouvait désagréable que Bifrons traite une fille avec le même visage que Néphy de poupée, mais il ne sympathisait pas avec elle.

Je vois. Alors, cette fille doit être celle qui a blessé Néphy dans Kianoides... Zagan pouvait le dire en regardant son visage. Être blessé par quelqu’un ayant exactement le même visage que vous serait troublant, et si c’était quelque chose de malicieux, alors c’était sûr de laisser une marque dans son esprit.

De plus, la jeune fille appelée Nephteros semblait avoir beaucoup d’hostilité envers Néphy. Même si elle ressemblait beaucoup à Néphy, la compassion de Zagan n’était pas assez profonde pour qu’il fasse preuve de bienveillance envers quelqu’un aux intentions hostiles. Par-dessus tout, il fallait montrer clairement ce qui arriverait à ceux qui oseraient mettre la main sur ceux qui étaient sous sa protection.

Zagan fit craquer son cou sur les côtés et fit signe à Bifrons de venir.

« Les actions d’une poupée sont la responsabilité de son propriétaire. Laisse-moi te remercier d’avoir joué avec ma disciple. Je vais t’arracher la tête loin de ton cou, alors, avance, » déclara Zagan.

« Hahahaha, tu as déjà écrasé l’honneur de Nephteros à tel point, alors peut-on appeler ça comme ça ? » demanda Bifrons.

« Hein... ? Comme si nous étions quittes ? » demanda Zagan.

Il était certainement vrai que celui qui avait directement blessé Néphy était Nephteros, et il lui avait peut-être porté un coup, mais Zagan n’avait pas encore fait rembourser Bifrons. Zagan se fichait que Bifrons soit un Archidémon ou autre chose. Il n’était ni assez doux ni assez calme pour montrer son pardon.

Zagan regarda alors la joue de Néphy. Y avait-il même des traces de ses pleurs ?

Ce n’était pas une chose triviale que Néphy a pleurée, d’autant plus que Zagan lui-même n’avait vu ses larmes qu’une seule fois auparavant.

« Tu as fait pleurer Néphy. À ce stade, même ta mort ne serait pas suffisante, » déclara Zagan.

Bifrons avait probablement réalisé que Zagan était sérieux. Et bien qu’il ait l’air surpris, il avait plissé les yeux avec plaisir.

« Hmm, je pensais que tu étais un enfant assez courageux quand on s’est rencontrés pour la première fois, mais il semble que tu sois devenu encore plus audacieux après être devenu un Archidémon, hein ? » Bifrons avait déclaré ça sur un ton semblable à celui d’un enseignant qui louangeait un élève qui avait bien réussi. Puis, Bifrons avait remonté sa manche gauche et avait laissé sortir son bras. Et sur la partie supérieure de ce bras... se trouvait un symbole de mauvais augure.

« Pourtant, le fait que mon premier junior ne me respecte pas est assez déprimant... Dois-je te donner une petite leçon ? » demanda Bifrons.

Immédiatement après cette déclaration, un mana suffocant commença à surgir du petit Archidémon.

« AAHAHAHAHAHAA ! C’est l’heure de commencer le petit spectacle amusant ! » Bifrons riait fort.

« Argh..., » Chastille n’avait pas pu le supporter et était tombée à genoux. Raphaël s’avança comme pour la couvrir, mais Zagan pouvait dire qu’il gémissait sous cette armure. Même la dragonne, Foll avait pâli et était tombée sur ses fesses. Et ce n’était pas seulement Chastille et les sorciers sur le pont qui était submergé, non plus... Même Nephteros, qui était à côté de Bifrons, se tenait la poitrine avec une expression douloureuse sur son visage. Au bout d’un moment, en regardant avec satisfaction la vue des invités sur le pont, Bifrons se mit à parler.

« Il doit y en avoir beaucoup ici qui n’en sont témoins que pour la première fois. C’est l’Emblème de l’Archidémon. C’est la preuve que nous, les treize Archidémons, nous sommes le sommet absolu des sorciers, » déclara Bifrons, montrant une fois de plus l’Emblème, puis poursuivant. « Le prochain à devenir Archidémon pourrait très bien être parmi vous. C’est pourquoi vous devriez jeter un coup d’œil à ce spectacle. Une collision entre Archidémons est un grand événement qui n’arrive même pas une fois tous les cent ans, après tout, » déclara Bifrons.

Même si Bifrons avait prononcé des paroles aussi belliqueuses, il était difficile de dire s’il avait sérieusement l’intention de se battre à cause de son attitude théâtrale. Cela avait même fait soupçonner à Zagan que, par hasard, il n’était peut-être qu’un sorcier sous les ordres de Bifrons.

L’Emblème de l’Archidémon semblait être la vraie affaire, mais il n’aurait pas été si étrange pour un monstre qui avait vécu pendant plusieurs centaines d’années d’en faire une ou deux répliques.

En fait, quel est le but de tout ça ? Zagan ne croyait pas qu’il y avait un intérêt à ce qu’un sorcier s’engage dans le combat. Si Bifrons visait les connaissances et le pouvoir de Zagan et Néphy, il aurait dû y avoir une façon plus intelligente de procéder. Faire des pieds et des mains pour rassembler les sorciers au pouvoir et les provoquer était une action qui n’avait absolument aucun sens.

Cela n’avait aucun sens, mais même ainsi, les Archidémons étaient d’une force inégalée. Bifrons regarda Zagan, le ridiculisant tout le temps.

***

Partie 4

« Le Tueur de Sorciers peut-il consommer le pouvoir de l’Emblème, je me le demande ? Mettons ça à l’épreuve, d’accord ? » demanda Bifrons.

Le principe qui avait accordé à Zagan le surnom de Tueur de Sorciers avait impliqué l’utilisation du même cercle magique que son adversaire. Cela s’empilait sur les mêmes circuits en un instant et avait ainsi pu détourner la sorcellerie de son adversaire, la réécrivant pour qu’elle soit la sienne. Le talent de Zagan à copier avec précision, même un circuit qu’il avait vu pour la première fois, était le fondement même de son pouvoir. Et de ce fait, plus le cercle magique était compliqué, plus il serait difficile à dévorer.

Avec le mana surgissant de l’Emblème de l’Archidémon, quelle complexité d’un circuit pourrait-on construire ? Comme son adversaire était un Archidémon comme lui, Zagan n’était pas sûr s’il pouvait vraiment s’emparer de sa sorcellerie.

Bien qu’il se trouve dans une situation infiniment désavantageuse, l’expression de Zagan était tout à fait sereine. Naturellement, son estomac bouillonnait de colère à l’idée que Néphy soit blessée, mais il n’avait quand même pas perdu son sang-froid.

Finalement, Zagan avait légèrement agité la main droite, comme s’il frappait à une porte invisible. Avec un cliquetis, un son semblable à celui d’un diapason avait retenti. Mystérieusement, ce simple geste avait fait disparaître le tourbillon de mana qui dominait le pont.

« Hein... ? » Bifrons avait affiché une exclamation idiote.

Bien sûr, j’ai surtout enquêté sur les Celestian, mais ce n’est pas comme si je n’avais pas fait des recherches sur l’Emblème de l’Archidémon.

« Le pouvoir de l’Emblème est certainement gênant, mais j’ai la même chose à portée de main. Tu croyais vraiment que je ne pouvais pas le contrer ? » demanda Zagan d’une voix exaspérée.

Quand Zagan rencontra les douze Archidémons, il le vit pour la première fois. Cet Emblème de l’Archidémon résonne avec les douze autres.

C’était vraiment comme un diapason. En d’autres termes, il y avait une sorte de lien entre les emblèmes. C’est pourquoi Zagan avait réussi à sceller leur pouvoir.

« C’est impossible. Juste... Qu’est-ce que tu as fait ? » dit Bifrons d’une voix choquée.

Voyant le petit Archidémon perdre son sang-froid, Zagan avait laissé sortir un « Hmm » comme s’il trouvait cela très amusant.

Alors Bifrons m’a enfin montré ce qu’il avait en tête. Dans tous les cas, il ne semblait pas que Bifrons simulait le fait d’être secoué. Ainsi, Zagan tendit la main droite et commença à expliquer ses actions.

« Les Emblèmes de l’Archidémon résonnent les uns avec les autres. Tout ce que j’ai fait, c’est m’en servir pour les sceller, » déclara-t-il.

« ... Argh, mais si tu as fait ça, alors ton sceau ne devrait pas non plus être utilisable, » déclara l’autre.

Zagan hocha la tête comme s’il n’y avait pas de problème, à ce que Bifrons avait souligné.

« C’est vrai. Et alors ? » demanda Zagan.

Tout comme Bifrons, le sceau de la main droite de Zagan avait perdu son éclat. En scellant son propre sceau, Zagan avait condamné le sceau de Bifrons au même état. En d’autres termes, le fait que les deux étaient scellés prouve que l’Emblème de l’Archidémon de Bifrons était la vraie affaire.

Quoi qu’il en soit, c’est quelque chose que je n’ai jamais vraiment utilisé depuis que je l’ai... Zagan ne l’avait vraiment utilisé que deux fois dans le passé. Une fois, c’était quand il avait chassé le démon que Barbatos avait fini par invoquer, et l’autre quand il s’était battu contre Raphaël. Il essaya de voir ce qui se passerait s’il laissait le sceau entrer en collision avec une Épée Sacrée, mais le sceau n’était pas le moins du monde endommagé. C’était certainement un pouvoir digne du titre d’Archidémon, mais à la fin, Zagan ne l’avait considéré que comme un pouvoir emprunté. Et à la fin, on ne sait jamais quand on perdra la possession de quelque chose qu’on a emprunté.

Cependant, ce n’était pas comme si Zagan craignait un sceau aussi dangereux et qu’il en avait gardé ses distances. Il ne s’y fiait tout simplement pas parce qu’il ne lui faisait pas confiance. Il s’était également penché sur tout ce qu’il pouvait, à l’exception d’une simple méthode pour la détruire.

En premier lieu, Zagan enquêtait sur l’Emblème de l’Archidémon dans le but exprès de tuer tous les autres Archidémons. Tant qu’ils étaient aussi arrogants que Zagan le pensait, il les affronterait sûrement à un moment donné. Il ne savait pas si ce serait demain ou dans des centaines d’années, mais il se trouve qu’aujourd’hui en était un exemple.

« Es-tu en train de dire que tu as mis de côté ton propre pouvoir... ? » Les yeux de Bifrons s’ouvrirent en grand, clairement déconcertés par une action aussi téméraire. Et puis, bien que Bifrons ait vécu plusieurs centaines d’années, il s’était rendu compte qu’il n’était « qu’un sorcier » pour Zagan en raison de la perte du sceau.

« Je vois... Je n’aurais jamais imaginé qu’une telle méthode existait. Comme c’est splendide, » murmura Bifrons avec une expression d’admiration totale lorsque le mana commença à couler depuis les pieds du sorcier. Ensuite, il avait dit : « Je l’admets, mais je me demande si tu peux combler ton manque d’expérience. »

Le temps que Bifrons finisse de murmurer, la sorcellerie de l’Archidémon était terminée. Il semblait que même pendant que Bifrons faisait une expression surprise, des circuits étaient secrètement construits. À ce moment-là, il était trop tard pour se défendre contre elle ou la dévorer. Ou bien, c’était le plan, de toute façon.

« C’est une sorcellerie sophistiquée. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un qui peut construire autant de circuits en un seul mot. Je suppose que je peux en attendre autant d’un collègue Archidémon, » déclara Zagan.

Alors que le bruit de Zagan tapant du talon retentissait, les circuits que Bifrons avait construits s’étaient dispersés. Puis, ce pouvoir avait été dévoré par Zagan et recueilli dans son bras. Les cercles magiques qui avaient doublé en nombre depuis qu’il avait absorbé la sorcellerie dans le brouillard étaient maintenant enroulés autour du bras de Zagan, et les yeux de Bifrons s’ouvrirent en grand en raison de l’étonnement.

« Tu as pris autant de circuits... et tu les as dévorés au premier regard... ? J’étais sûr que je n’ai tissé que des circuits dont tu ne savais rien..., » déclara Bifrons.

« Oui. C’était assez intéressant..., » Zagan hocha la tête comme si ce n’était pas grand-chose. S’il ne s’agissait que de le dévorer, il n’avait aucun problème, même avec des circuits qu’il n’avait jamais vus auparavant. S’il n’en était pas capable, Zagan n’aurait jamais pu utiliser la sorcellerie pour se protéger quand il avait tué Andras.

Après avoir absorbé tout cela, Bifrons s’écria en s’amusant.

« Je vois, je vois... Vraiment un talent abominable. Il semble que notre choix était correct, n’est-ce pas ? Tu grandis à un rythme effrayant, » déclara Bifrons.

Même si Bifrons aurait dû être poussé dans un coin, son sourire était rempli de joie. Comme on pouvait s’y attendre, il ne semblait pas être un si mauvais sorcier qu’il hésiterait après avoir perdu l’accès à son sceau. Zagan se souvint de l’étrangeté sans fond venant des Archidémons qu’il avait ressentis ce jour-là.

Pourtant, à ce stade, la question était de savoir si l’atout de Bifrons sera découvert.

Bifrons était inquiétant précisément parce que Zagan n’arrivait pas à le comprendre. En fait, il n’était même pas clair s’il avait l’intention de l’utiliser. Bifrons avait appelé ça un spectacle secondaire. Il n’était même pas clair s’il souhaite se battre sérieusement, alors Zagan doutait qu’il révèle volontairement un atout. Et il semblait que le doute soit fondé. Alors que Zagan s’approchait tout en restant très vigilant sur son environnement, l’étrangeté qu’il ressentait chez Bifrons avait complètement disparu. Puis, Bifrons agita le drapeau blanc de la reddition.

« Fufufu, OK, j’ai compris l’essentiel de ton pouvoir maintenant. Allons-nous finir les choses pacifiquement ? » demanda-t-il.

« Je ne ressens pas le besoin de faire ça, » déclara Zagan.

« Hein... !? » s’exclama Bifrons, clairement confus. Il avait essayé de mettre fin à tout cela par ses propres moyens, mais Zagan n’avait pas encore calmé la colère qui s’emparait de lui. Et lorsque Zagan libéra le mana chargé dans son poing, Bifrons paniqua pour la toute première fois cette nuit-là. Même Nephteros, qui se tenait à côté de Bifrons, s’était rétractée avec un visage pâle.

« Attends ! T-Tu ne comprend pas bien les choses. C’était vraiment censé être un spectacle secondaire. Écoute, à la fin, ton elfe n’a pas été blessé, n’est-ce pas ? » demanda Bifrons.

« Elle a été assez maltraitée. Je n’ai pas besoin d’excuses, mais à partir de maintenant, je fais les choses à ma façon, » déclara Zagan.

D’après ce que Zagan pouvait dire, Bifrons n’avait pas de sorcellerie ou d’autres choses de ce genre misent en place pour se protéger. Et ainsi, il leva une fois de plus le poing.

« Tu es l’un de ces foutus Archidémons. Tu ne mourras pas d’un simple coup de poing, hein ? » demanda Zagan.

Si Bifrons était un adversaire si facile, alors Zagan serait sûrement capable de prendre la tête des douze autres Archidémons en peu de temps.

En réponse à ses paroles, Bifrons secoua vigoureusement la tête.

« N’importe quel sorcier pourrait mourir d’avoir été frappé par toi ! » s’écria Bifrons.

Bien sûr, quelque chose comme la guérison apportée par la sorcellerie ne pouvait pas être utilisé devant Zagan. Le Symbole de l’Archidémon et la sorcellerie étant tous deux scellés, il était vrai que même un Archidémon pouvait subir un coup fatal, bien qu’il soit difficile d’imaginer qu’un sorcier qui avait vécu pendant plusieurs centaines d’années puisse trouver sa fin si facilement.

Ce n’est pas comme si j’en avais quelque chose à foutre, pensa-t-il. Et juste au moment où il était sur le point de balancer impitoyablement son poing vers sa cible...

« Celestian. Ne veux-tu pas savoir quel est le lien entre ton elfe et les Épées Sacrées ? » demanda Bifrons.

Le poing de Zagan s’était arrêté un cheveu du nez de Bifrons. Et avec des sueurs froides descendantes sur leurs joues, Bifrons leva les deux index et continua à parler.

« Réfléchis-y, d’accord ? Quel était le but de mes efforts pour montrer à ton elfe le pouvoir de Nephteros ? » demanda-t-il.

« ... Es-tu en train de dire que tu as l’intention de rendre Néphy consciente du Celestian ? » demanda Zagan.

« Exactement. Un pouvoir que même nous, les Archidémons, sommes incapables de manipuler peut être facilement contrôlé par ces filles. N’est-ce pas dans la nature d’un sorcier de poursuivre de telles choses ? » demanda Bifrons. Agitant un doigt avec un Tsk Tsk Tsk, il continua, « Nous sommes tous les deux Archidémons avec une elfe à nos côtés. N’est-il pas évident que je voulais comparer ta croissance à la mienne ? »

« Quel mensonge éhonté ! Tu nous surveillais depuis que j’ai acheté Néphy, donc ça n’a jamais été nécessaire..., » Zagan ne s’en était rendu compte que lorsqu’il avait reçu la lettre d’invitation, mais c’était plus que suffisant. Il savait qu’il n’y avait pas besoin de tester quoi que ce soit, puisque ce sorcier avait observé Zagan et les autres tout le temps.

C’est exactement pour ça que je veux régler les choses ici.

Si Zagan n’avait pas dit clairement qu’il n’y avait pas grand-chose à gagner à mettre la main sur Zagan et ses compagnons, d’autres personnes mal intentionnées ne se retireraient pas. De plus, si Zagan laissait faire cette fois-ci, alors Bifrons s’en mêlerait sans aucun doute à nouveau.

« Oh, mon Dieu, donc tu le savais depuis un bon moment, alors. Il semble que je me sois moqué de toi un peu... Maintenant, pourrais-tu baisser ta main ? » demanda Bifrons.

En regardant l’Archidémon irritant qui l’implorait de se calmer, Zagan poussa un soupir. Même si je le frappe ici, ce type va juste l’ignorer.

Peu importe la soif de sang ou la colère que Zagan lançait sur Bifrons, il n’y avait pas la moindre résistance. En fin de compte, tout cela semblait dénué de sens. Si Zagan voulait se venger, cette méthode ne marcherait pas. Il avait besoin de repenser son approche.

Ainsi, Zagan retira son poing. Cette action avait marqué un tournant dans la première rencontre entre ces deux Archidémons.

***

Partie 5

Alors que l’hostilité de Zagan se dissipait, Chastille poussa un soupir de soulagement, et Néphy se leva. Regardant les personnes sur le pont qui étaient toutes silencieuses, Bifrons claqua des doigts.

« Oh, allez, qu’est-ce qui ne va pas ? La musique s’est arrêtée. J’aimerais une musique sombre et joyeuse ! » déclara Bifrons.

Et avec cette demande extrêmement contradictoire, le visage de la sirène de la troupe musicale s’ébranla. Malgré tout, c’était une professionnelle, alors elle s’était mise à chanter habilement une chanson endiablée dans une mélodie sombre.

Comme on pouvait s’y attendre, ce n’était pas une atmosphère qui permettait aux invités de se détendre, mais ils avaient tous au moins compris que tout acte de violence avait pris fin. Et ainsi, les sorciers avaient tous laissé baisser leurs gardes pour l’instant. Cependant, après avoir jeté un coup d’œil de côté sur le pont, Foll s’était fermement agrippée à l’ourlet de la robe de Zagan.

« Zagan, c’est un Archidémon ? » demanda Foll.

« C’est ce qu’on dirait. Sois prudente. Ce type n’a encore rien dit sur ses véritables mobiles, » déclara Zagan.

Bifrons avait été vraiment théâtral, ce qui avait amené Zagan à croire que tout ce qu’il avait fait jusqu’à présent faisait partie d’un acte théâtral. Même quand Bifrons s’était battu, il n’avait jamais eu l’intention de se battre sérieusement contre Zagan. Et même lorsque Bifrons tomba au sol, Zagan ne pouvait sentir aucune tension ou peur dans son visage. Cela dit, il ne semblait pas non plus que Bifrons essayait d’attirer Zagan dans un faux sentiment de sécurité.

C’est pourquoi il n’avait pas été en mesure de deviner le véritable objectif de Bifrons jusqu’à présent. Si Zagan était un sorcier doué pour voir à travers les mensonges, il aurait probablement été surpris de voir à quel point chaque mot qui sortait de la bouche de cet Archidémon était truffé de mensonges.

Ce serait mieux pour vous de ne pas faire confiance à un sorcier, vous savez ? Les sorciers sont après tout tous des menteurs.

Zagan se souvient de ce que Gremory avait dit plus tôt et elle était une sorcière qui semblait détecter absolument tous les mensonges, donc ses conseils semblaient judicieux dans ce cas précis.

Foll fixa alors Zagan du regard, s’enquérant davantage. « Alors, il n’y a pas encore de raison de le tuer ? »

« Probablement pas, » répondit Zagan.

« C’est quoi le Célestian ? » demanda Foll.

« Je me le demande. Ce type le sait probablement, mais je ne sais pas s’il a envie de le partager, » déclara Zagan.

En entendant cela, Bifrons afficha une expression très perplexe et haussa les épaules.

« Mon cher camarade, je pense qu’il vaudrait mieux que tu reconsidères la façon dont tu éduques ta fille. Ce n’est pas bon de supposer qu’on finira par tuer quelqu’un qu’on vient de rencontrer, » déclara-t-il.

« Je dirais qu’il serait pire de ne pas être prudent à propos de quelque chose dont on n’est même pas sûr qu’il soit humain..., » répliqua Zagan.

Zagan avait réfléchi davantage à la question, puis se rendit compte qu’il ne savait toujours pas si ce sorcier était un homme ou une femme.

Mais ce type éviterait la question si je lui posais la question.

Quoi qu’il en soit, il était sûr que Bifrons se contenterait de répondre : « Eh bien, qui penses-tu que je suis ? » et peu importe la réponse de Zagan, il était clair comme de l’eau de roche que Bifrons en rirait comme si c’était le contraire.

« ... Tu as raison. On dirait qu’il fait que parler. J’ai l’impression de regarder une marionnette mal manipulée, » fit remarquer Foll.

Le terme marionnette était une bonne description. La conduite superficielle de ce sorcier était certainement comme une marionnette mal contrôlée par un clown maladroit. Même si la marionnette avait l’air bête, le clown se moquait tout simplement d’elle.

« Mon Dieu, me traiter de marionnette est un peu méchant, tu ne trouves pas ? Même moi, j’ai un cœur ici. Et honnêtement, se faire insulter par une innocente petite fille le blesse terriblement. Ahahaha, » déclara l’autre.

Foll semblait aussi s’être progressivement habituée à l’étrangeté de Bifrons, alors qu’elle se cachait derrière Zagan tout en formant un visage clairement dégoûté. Et, alors que Foll gardait son regard sur Bifrons, Néphy semblait enfin se calmer et s’être rapprochée de Chastille. Voyant cela, Nephteros dirigea un regard fixe sur elle.

« ... Espèce d’esclave, » déclara Nephteros.

Même si elle portait une robe, Néphy avait un collier en acier autour du cou. Cependant, ce n’était pas la preuve d’un maître et de son esclave. Au lieu de cela, c’était la preuve du lien entre Zagan et Néphy. Ce n’était pas quelque chose que Néphy pouvait accepter tranquillement.

« Ce collier est un symbole de mon lien avec Maître Zagan. Qui qu’ils soient, je ne pardonnerai à personne de l’insulter, » déclara Néphy.

« ... Alors, que vas-tu faire ? Tu t’es abritée sans rien faire. Es-tu en train de dire qu’une simple salope a l’intention d’agir comme une personne normale ? » demanda Nephteros.

Néphy se faisait insulter sous les yeux de Zagan. Il semblait prêt à frapper Nephteros à cause de cela, mais Néphy avait répondu d’un ton ferme avant de pouvoir le faire.

« Je suis la seule à pouvoir vraiment décider de ce que je suis. Rien de ce que toi ou quelqu’un d’autre dira ne pourra changer ça, » déclara Néphy.

Zagan fut saisi d’émotion lorsqu’il entendit la réponse digne de Néphy. Elle est enfin capable de répondre correctement aux insultes !

Les changements chez Néphy lui donnèrent envie de la serrer dans ses bras, de lui frotter la joue et de la louer. Zagan savait que ce n’était pas à lui de couper dans leur conversation. Bien que Nephteros ait eu l’air effrayée un seul instant, elle avait immédiatement formé un sourire méprisant.

« ... Arrête de te trouver des excuses. Le fait que tu dises même que le collier est un symbole de ton lien prouve que tu es un esclave dans l’âme, » déclara Nephteros.

« ... »

L’elfe sombre avait encore crié à Néphy, laissant Zagan quelque peu perplexe.

Cette fille... Plutôt que d’être un peu obstinée, elle est juste irritante, hein ? Il n’avait pas l’intention de dire quoi que ce soit, mais toute cette conversation l’énervait vraiment. Zagan avait acheté Néphy après être tombé amoureux au premier regard, mais à la fin, c’était en raison de la nature de Néphy. Même si cette fille avait le même visage qu’elle, Zagan ne ressentait rien pour elle. Selon toute vraisemblance, même s’il la frappait, il n’aurait rien pensé de tout ça. C’est pourquoi Zagan avait levé la main droite et lui avait montré sa paume.

« Eeep ? » Nephteros jappa, se rappelant probablement quand il lui écrasait les joues tout à l’heure. Puis, elle avait tremblé et s’était levée.

« Ah... Mes oreilles me picotent parce que j’ai écouté des paroles si désagréables, » déclara Zagan en se grattant l’oreille sans cesse. C’était du harcèlement enfantin, mais après être tombé dans le panneau, le visage de Nephteros était teint en rouge vif.

« ... Hmph. » Foll ricana, les yeux pleins de pitié.

« ... Bande de salauds ! » Nephteros répondit d’une voix furieuse, et Raphaël marmonna à Foll, la réprimandant.

« Écoute-moi, Foll. Un chien faible est un chien qui aboie souvent. C’est bien d’en rire et de lui pardonner, » déclara Raphaël.

« Ahahahahahaha... Comme ça ? Comme ça ? » Foll rit d’une voix complètement dépourvue d’émotion et, debout à côté d’elle, Chastille regarda Nephteros, se sentant clairement désolée pour elle.

« Les gars, Néphy a déjà répondu, donc si ça continue, ça va trop loin, » déclara Chastille.

Parfois, la sympathie peut blesser les gens. Le fait d’être considéré comme pitoyable par Chastille, qui n’avait été qu’une pleurnicheuse jusqu’à il y a quelques instants, avait mis le visage de Nephteros en colère.

« ... Je vais vous tuer ! »

« Maintenant, si tu t’attaques à tous ces enfants en même temps, tu seras tué avant de pouvoir tous les abattre. Tu peux peut-être en prendre un ou deux avec toi, mais je ne t’aiderai pas, » déclara Bifrons en riant fort. Puis, il continua, « je suppose que mon serviteur ici présent a été assez grossier. Eh bien ! Vous avez tous répondu de la même façon, alors pardonnez-lui. Je vous l’ai déjà dit, mais j’ai choisi de tenir ce bal parce que je voulais vous parler. »

Après cela, Bifrons étendit les bras d’une manière exagérée et se glissa sur le pont.

« Alors, ça te plaît ? Mon bateau, je veux dire. Je crois que tu as aussi aimé le spectacle, n’est-ce pas ? » demanda Bifrons.

Bien que sur la défensive, Zagan acquiesça honnêtement.

« Voyons voir. Tu as bon goût en matière de bateaux. Grâce à cela, mes compagnons ici présents ont pu s’amuser. Ou du moins, c’était le cas jusqu’à ce que tu arrives et que tu fasses quelque chose d’inutile, » déclara Zagan.

« Hahahaha, c’est tout ce qui compte. Malheureusement, la plupart des sorciers ne font même pas attention au paysage environnant, alors j’étais troublé que personne ne s’amuse. Pas vrai, Nephteros ? » demanda Bifrons.

Nephteros s’inclina respectueusement en réponse à l’appel sans donner un seul indice de la colère qu’elle manifestait auparavant.

« Je crois que les sorciers qui ont de l’empathie pour vos passe-temps sont les plus étranges, Maître Bifrons, » déclara-t-elle.

« Hahahaha, il semblerait qu’elle soit timide. Je sais qu’il peut sembler qu’elle me traite froidement, mais je vous assure que cette enfant est celle qui me comprend le mieux, » déclara-t-il.

« Après tout, rendre hommage à un maître qui appelle celle qui les comprend le mieux une poupée est extrêmement difficile, » déclara Zagan.

Zagan était continuellement poussé à plisser les sourcils devant leur relation plutôt étrange, mais il semblait qu’elle s’offusquait d’avoir été traitée de mignonne petite poupée plus tôt. Et, alors qu’elle regardait Bifrons avec les yeux froids, comme si elle regardait un déchet, Bifrons avait un sourire amer.

« Et bien, comme tu peux le voir, mon elfe est assez rebelle. J’aimerais bien un conseil sur la façon d’avoir une relation harmonieuse comme vous deux. » D’ailleurs, Bifrons regarda Foll, Chastille et Raphaël tour à tour derrière Zagan, puis il déclara. « Tu as rassemblé sous toi des individus de races et d’influences complètement différentes, mais ils n’entrent pas en conflit. Je dois dire que c’est un spectacle plutôt choquant. »

Zagan poussa un petit soupir.

« Est-ce pour ça que tu nous as fait venir ici pour raconter des blagues sans valeur ? » demanda Zagan.

« Appeler ça une blague, c’est un peu trop. Même si tu as la bouche si grossière, pour une raison ou une autre, les gens se rassemblent autour de toi. Est-ce étrange de trouver ça envieux ? » demanda-t-il.

« Est-ce qu’un Archidémon est quelque chose qui fait l’envie ? » demanda Zagan.

« Même un Archidémon éprouve de la solitude, » déclara Bifrons, puis étendit la main vers l’elfe noir à côté de lui. Cependant, elle l’avait évité avec une expression franchement mécontente sur son visage.

« Ahahahahaha. Hey, suis-je vraiment un solitaire ? »

Zagan ne pouvait pas dire à quel point Bifrons était sérieux quand il avait commencé à glousser avec force. Et à côté de Bifrons, Nephteros plaça sa main contre son front comme si elle avait mal à la tête.

Je ne l’aime pas, mais il semblerait qu’elle soit coincée dans une situation plutôt malheureuse.

Malgré son mépris pour la jeune fille, voir une personne avec le même visage que Néphy se tortiller dans l’angoisse n’avait pas fait du bien à Zagan. Et, comme s’il ne faisait pas attention à l’état de son serviteur, Bifrons avait fait un large sourire en riant.

« La nuit ne fait que commencer. On s’amuse bien à la fête, non ? » s’interrogea Bifrons, avec son sourire sinistre ne permettant pas de dire ce qu’il pensait vraiment.

Zagan avait répondu avec une expression déconcertée. « ... J’aimerais maintenant passer aux choses sérieuses. »

« Oh mon Dieu, et moi qui croyais que la conversation s’était enfin apaisée, » déclara Bifrons.

« Je voulais juste être poli, » déclara Zagan.

Pour le moment, Zagan était un invité. Il répondrait au moins s’il y était invité, mais il n’avait pas assez de temps libre pour perdre du temps à bavarder au ralenti. S’il n’avait rien à gagner de Bifrons, alors dans son esprit, il serait plusieurs milliers de fois plus important de retourner au château et de parler avec Néphy. En entendant cette réponse, Bifrons avait fait la moue, comme si les mots abrupts de Zagan l’ennuyaient.

« Mon Dieu, qu’est-ce que c’est que ça ? Eh bien, peu importe. J’ai réussi à un peu m’amuser..., » Bifrons s’était déplacé et s’était approché pour se placer devant Néphy. Cependant, Zagan les avait obstrués avec sa main, laissant entendre que Bifrons ne serait pas autorisé à s’approcher.

Je n’ai aucune idée de ce qu’il a l’intention de faire, donc mieux vaut prévenir que guérir.

***

Partie 6

Bifrons leva alors les deux mains comme s’il se rendait.

« Ce n’est pas comme si elle allait attraper une maladie rien qu’en la touchant, non ? » demanda-t-il.

« Non, elle le fera, » répondit Zagan, très sérieux, laissant Bifrons décontenancé.

Malgré cela, Bifrons commença à parler avec bravoure.

« Alors, allons droit au but ? C’est à propos de ton elfe, tu vois. C’est vrai, c’est une elfe, mais elle ne l’est pas non plus, » déclara-t-il.

« Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » demanda Zagan.

Zagan plissa les yeux, et Bifrons expliquait la vérité d’une voix claire et calme.

« Haut elfe, c’est le nom de sa race, » déclara Bifrons.

Ce nom avait fait ouvrir en grand les yeux de Zagan.

« Une haute elfe... tu dis ? » demanda Zagan.

Il n’avait jamais entendu parler de cette race auparavant. Il pensait qu’il s’agissait probablement d’une race de rang supérieur chez les elfes, mais Zagan ne l’avait jamais vue mentionnée dans les grimoires ou les documents qu’il avait lus.

« C’est vrai. On dit que les elfes ont hérité du sang des dieux anciens, et parmi eux, ceux qui sont les plus proches des dieux de sang pur sont de hauts elfes, » déclara Bifrons.

Zagan savait que les elfes étaient une existence étroitement liée aux dieux et aux esprits, mais il n’avait jamais pensé qu’ils avaient vraiment hérité du sang des dieux. Bifrons continua à parler, comme s’il était satisfait de la réaction de Zagan.

« Mais, eh bien, ce n’est pas si simple de préserver une lignée de pure race. Les hauts elfes ont graduellement diminué en nombre, et maintenant ils ont complètement péri. Il ne reste que des elfes ordinaires avec un mana légèrement surélevé, rien d’autre que les échecs connus sous le nom de demi-elfe, » déclara-t-il.

Cependant, Néphy était en fait ici. En d’autres termes...

« Alors l’atavisme est possible, hein ? » marmonna Zagan, et Bifrons acquiesça d’un signe de tête satisfait.

« Fufufufu, ça aide que tu comprennes si vite, » déclara Bifrons.

Zagan n’avait pas négligé le fait que les oreilles de Néphy tremblaient d’une manière troublée.

« Néphy, si tu as le moindre doute, alors ça ne me dérange pas si tu parles, » déclara Zagan.

« Mais..., » commença Néphy.

En réponse à Néphy qui regardait Bifrons d’un regard attentif, le petit Archidémon se mit la main à la poitrine et hocha la tête.

« Fufufu, tu fais attention à ne pas couper dans la conversation entre les deux maîtres, n’est-ce pas ? Comme c’est mignon. Mais ça ne me dérange pas. C’est une conversation sur tes origines, après tout. Tu peux poser des questions sur tout ce que tu ne comprends pas, » déclara Bifrons.

Alors même que les oreilles de Néphy frémissaient d’étonnement, elle coupait timidement le fil de la conversation.

« Alors, j’ai une question. Que signifie atavisme ? » demanda Néphy.

« Oups, je suis bête. Ce n’est certainement pas une phrase qui est généralement prononcée, » dit Bifrons en s’approchant de Néphy, essayant se tenir un peu trop proche, ce qui avait fait que Zagan s’était interposé pour l’arrêter.

« L’atavisme est, en quelque sorte, la réapparition d’un trait d’une génération antérieure, » déclara Zagan.

« La réapparition d’un trait... ? » demanda Néphy.

« Oui, c’est extrêmement rare chez les sorciers, mais dans la lignée des humains ordinaires, il y a des cas où un enfant naît avec un mana extrêmement fort. C’est un phénomène qui peut se produire si un ancêtre lointain était un sorcier. Dans ton cas, Néphy, cela signifie probablement que le sang dilué des hauts elfes qui s’est mélangé aux autres elfes est ressuscité en toi, » répondit Zagan comme tel. Cependant, Bifrons avait agité le doigt avec un tsk, tsk, tsk.

« C’est une réponse exemplaire, mais tu n’obtiens pas un score parfait, » avait affirmé Bifrons en souriant d’un sourire éclatant, puis en disant : « Vous voyez, l’atavisme ne s’applique pas seulement à un cas où le mana est hérité. Il y a aussi des cas où un ancêtre a été maudit, et cela apparaît chez un descendant éloigné. »

Les yeux de Néphy s’élargirent quand elle entendit ces mots. Enfant maudit. Néphy était méprisée en tant que telle dans le village elfique, il n’était donc pas étonnant qu’ils aient eu un tel impact sur elle.

 

 

Bifrons acquiesça simplement de la tête en voyant sa réaction.

« Fufufufu, ton visage me dit que tu as déjà entendu ces mots. Pour ces misérables elfes, tes cheveux blancs et ton mysticisme semblaient être une malédiction. Après tout, c’est une puissance beaucoup trop grande pour cette espèce inférieure, » déclara Bifrons.

Peut-être que dans le passé, il y avait d’autres enfants qui détenaient le pouvoir comme Néphy dans le village elfique. Des enfants qui possédaient un pouvoir inconnu. C’était certainement quelque chose à craindre, mais Zagan croyait qu’ils pouvaient aussi envier le pouvoir qu’ils avaient perdu. C’est pourquoi les elfes appelaient les enfants aux cheveux blancs des enfants maudits et les persécutaient. La façon dont ils s’accrochaient à elle quand les humains l’avaient envahie en était la preuve. Les elfes étaient plutôt fiers au fond d’eux-mêmes, alors ils ne supportaient rien qui puisse les dévaloriser. En y pensant de cette façon, la personnalité de Nephteros ressemblait beaucoup à celle d’un elfe.

Ne sachant pas comment gérer cette réalité, Néphy avait pâli et se mit à trembler. Et avec un petit rire, Bifrons s’inclina devant Néphy.

« Allons, il n’y a pas besoin de se lamenter sur ton sort. Tu es une descendante de la race fière des hauts elfes. Tu ferais bien de suivre les traces de ton maître et d’être un peu plus arrogante, » déclara-t-il.

« Ça ne te regarde pas, » déclara Zagan.

Voyant que Bifrons essayait d’instiller une pensée étrange dans son esprit, Zagan se faufila entre Néphy et lui.

« Mis à part le fait que Néphy ait de l’atavisme, sur quoi te bases-tu pour dire qu’elle est une haute elfe ? Ils devraient déjà être une race éteinte, non ? » demanda Zagan.

Ce n’était pas comme si Néphy avait une apparence complètement différente de celle des elfes normaux. Il aurait dû y avoir une raison pour laquelle Bifrons était convaincu qu’elle était membre d’une race disparue depuis longtemps. Et en entendant cela, la bouche de Bifrons se tordit vers le haut. On aurait dit que Bifrons attendait ça.

« Bien sûr que oui. Même en mettant de côté sa connaissance du Célestian, la plus grande raison est sa chevelure blanche caractéristique. On dit que tous les hauts elfes possédaient des cheveux d’un blanc pur et des yeux d’azur, » déclara Bifrons.

Cela correspondait certainement à l’apparence de Néphy...

« Et par-dessus tout, ils avaient le pouvoir de manipuler la nature et de guérir les blessures, même celles des morts, simplement en le souhaitant, » déclara Bifrons.

Néphy avait déjà démontré de telles capacités devant Zagan à maintes reprises. Il n’était pas possible que Bifrons, qui les surveillait tous depuis le début, ne soit pas au courant. Néanmoins, Zagan avait laissé échapper un grognement.

« C’est une légende exagérée. Il est certainement vrai que Néphy a pu guérir les blessures causées par une Épée Sacrée, mais ce n’est pas comme si elle pouvait sauver les morts, » déclara Zagan.

Alors que Zagan avait fait remarquer cela, Bifrons l’avait regardé avec émerveillement comme si sa réponse était plutôt inattendue.

« Oh ? Tu ne l’as pas remarqué ? » demanda Bifrons.

« ... Qu’est-ce que tu veux dire ? » demanda Zagan.

« Kufufufu, mon Dieu, il n’y a pas d’erreur. Ton elfe peut même ressusciter les morts. Écoute, même la mort a quelque chose comme des étapes. Un cadavre qui a été réduit à l’état d’os ne peut probablement pas être ressuscité, certes, mais elle est capable de ressusciter le corps d’une personne qui fait face à la mort, » déclara Bifrons.

« ... C-C’est impossible ! » Néphy avait ouvert grand les yeux face à ces mots.

« Te souviens-tu de quelque chose ? » demanda Zagan.

« ... Oui. Quand j’ai été attaqué à Kianoides, la ville a été prise au piège. Je pensais que la sorcellerie de Maître Zagan les avait sauvés, » déclara Néphy.

Zagan avait certainement mis en place une barrière dans le but de protéger les Kianoides, donc Néphy n’avait probablement pas rapporté ce qui s’était passé parce qu’elle pensait que c’était sa faute.

« Ça ne te semble pas bizarre ? Je veux dire, les sorciers peuvent transformer ceux qui sont morts en morts-vivants, mais nous sommes incapables de les ranimer. Dans tous les cas, la sorcellerie a de telles restrictions. Et donc, le fait qu’elle ait été capable de faire quelque chose qui nous échappe complètement prouve qu’elle est une haute elfe, » déclara Bifrons.

Zagan s’était trouvé incapable de réfuter Bifrons alors que tant de preuves s’accumulaient. Bifrons acquiesça d’un signe de tête.

« Cela fait environ trois cents ans que je suis devenu sorcier, mais c’est la première fois que je puisse rencontrer un haut elfe. C’est vraiment vexant que je n’aie pas réussi à mettre la main sur elle, » déclara Bifrons.

Zagan ressentait un sentiment étrange en lui à cause de cette brève remarque. Il jeta alors un coup d’œil à Néphy, qui avait pâli devant la réalité dévastatrice qui l’avait frappée. C’était au point où il croyait qu’elle s’effondrerait s’ils parlaient davantage, c’est pourquoi il hésitait à exprimer de tels doutes par des mots. Malgré tout, malgré ses doutes, Zagan avait posé une question à Bifrons.

« ... Donc en gros, le bâtard qui a lancé l’attaque du village de Néphy... c’est toi ? » demanda Zagan.

Les yeux de Néphy s’étaient écarquillés comme si elle n’arrivait pas à le croire. Quant à Bifrons, il hocha simplement la tête comme si ce n’était pas grand-chose.

« Oui, c’est vrai, mais qu’en est-il ? Même si j’ai pris grand soin de revendiquer un haut elfe, Marchosias me l’a arrachée. Et comme ce type est mort tout de suite, j’ai complètement perdu la piste. En plus de ça, tu t’es retrouvé avec elle, » déclara Bifrons.

« V-Vraiment... ? » murmura Néphy comme si ça concernait quelqu’un d’autre.

Hein ? On dirait que ça ne la dérange pas vraiment...

Non, ce n’était pas qu’elle s’en fichait. En fait, il vaudrait mieux dire qu’elle ne l’avait pas bien compris. Pour l’instant, Zagan serra la main de Néphy.

« Est-ce que ça va ? » demanda Zagan.

« Oui. » Contrairement aux attentes, Néphy avait fait un signe de tête rassurant.

« Mon village a peut-être été attaqué à cause de moi. Si c’est vrai, je dois le reconnaître, mais je ne tomberai pas dans le désespoir, » déclara Néphy.

« Je vois... Néphy, tu es devenue forte, » déclara Zagan.

Après que Zagan l’ait louée, Néphy avait gonflé ses joues en le regardant.

« Maître Zagan, n’êtes-vous pas celui qui m’a dit de rester forte ? » dit Néphy en souriant. « J’ai été sauvée par vos paroles, Maître Zagan. Et ainsi, je ne céderai plus jamais face à des pensées aussi déprimantes. »

Zagan se souvient alors de ce qu’il avait dit. Ne sont-ils pas morts ? Oublie-les. Ils ne peuvent pas continuer à se plaindre pour l’instant.

C’était ce que Zagan lui avait dit en apprenant le sort de son village. Il semblait que Néphy avait chéri ces paroles et y croyait de tout son cœur.

Bifrons fit alors une grimace, comme si sa réaction l’ennuyait à mort.

« Tch... Et moi qui pensais que tu serais un peu plus surprise. Eh bien, peu importe. Ahahaha, » déclara Bifrons.

La réaction était semblable à celle de quelqu’un qui se plaignait qu’une farce innocente ait échoué. Cependant, il n’y avait rien de mal à cela. Telle était la vraie nature des sorciers, et c’est cette barbarie qui fit vaciller Zagan lorsqu’il affronta la première fois les Archidémons.

Je ne veux pas que Néphy soit mêlée à tout ça, alors je dois m’occuper de ces foutus Archidémons aussi vite que possible. Oui, les Archidémons n’étaient que des obstructions qui empêchaient sa bien-aimée de vivre sous la lumière du soleil.

« Alors, t’ai-je convaincu que c’est une haute elfe ? Si c’est le cas, j’aimerais vraiment passer à autre chose, car ce n’est pas vraiment ce que je veux dire ici, » poursuit Bifrons.

« Tu voulais parler du Célestian, non ? » affirma Zagan, et Bifrons lui fit un signe de tête à son tour.

« Depuis que je suis devenu Archidémon, j’ai étudié tout ce qui concerne le Célestian, » déclara Bifrons, puis il s’était arrêté un moment avant de leur montrer le sceau sur le bras gauche et de dire : « Et après toutes mes recherches, j’ai conclu que cet Emblème de l’Archidémon est quelque chose tissé avec les formules utilisant le Célestian. »

Après avoir entendu Bifrons aller droit au but, les sourcils de Zagan s’étaient plissés.

« Donc mon intuition était juste, » déclara Zagan.

***

Partie 7

Le seul problème était que même Néphy n’était pas capable de lire les lettres présentes sur le sceau. Devinant ce que Zagan pensait, Bifrons hocha la tête avec un air suffisant.

« Ce à quoi tu penses est correct. Pourtant, après avoir fait des recherches pendant trois cents ans, il y a un problème que je n’ai pas encore réussi à résoudre. Et comme ce n’est pas si facile à gérer, j’ai été troublé tout ce temps, » déclara Bifrons.

Bifrons était un sorcier étrange, mais son pouvoir d’Archidémon était réel. Et il semblait que même cet Archidémon était incapable de résoudre les mystères du sceau. Il semble que cette route sera assez longue.

Bifrons leva alors l’index vers le ciel et continua à parler.

« À l’époque, quand Nephteros t’a montré son pouvoir, tu aurais dû le comprendre, mais —, » déclara Bifrons.

Zagan avait incliné la tête sur le côté avec un « Oh ? » quand il avait coupé la parole de Bifrons.

« Je ne l’ai pas vu, et c’est la première fois que j’en entends parler, » déclara Zagan.

Après avoir été impitoyablement interrompue, la bouche de Bifrons s’était ouverte.

« Attends, tu n’es pas au courant ? Vraiment ? » demanda Bifrons.

« Ouais. Je ne sais rien à ce sujet, » déclara Zagan.

« Mon Dieu, ce n’est-ce pas bien de me taquiner comme ça... Attends... ? Attends, tu ne le savais vraiment pas ? » demanda Bifrons.

Complètement décontenancé, Bifrons regarda Néphy.

« Il plaisante, c’est ça ? Tu n’as vraiment rien dit à ton maître ? » demanda Bifrons.

« Je ne savais pas trop comment expliquer ce qui s’était passé..., » déclara Néphy.

Bifrons se rapprocha d’elle avec incrédulité, tandis que Néphy se retira derrière Zagan et lui fit simplement un petit signe de tête.

« Quoi ? Pourquoi serait-ce difficile ? Nephteros, as-tu fait si peu que ça ne valait pas la peine d’en parler ? » demanda-t-il.

« ... On ne m’a pas vraiment ordonné de me battre ou quoi que ce soit du genre, » répondit Nephteros.

« Avec ta personnalité, il n’y a aucune chance que tu laisses passer l’occasion de harceler une haute elfe ! » hurla Bifrons, puis il commença à se gratter la tête. Il semblait que quelque chose dans son plan ne se passait pas si bien. Cela avait réjoui Zagan, qui commença à caresser doucement la tête de Néphy comme récompense.

« Tu as bien fait, Néphy. Grâce à toi, il semble que nous ayons pu nous jouer de Bifrons, » déclara Zagan.

« ... H-Heureuse de vous aider ! » déclara Néphy.

En fin de compte, elle avait probablement été assez angoissée à propos de tout. Pourtant, Zagan avait l’impression que c’était la première fois depuis un certain temps qu’il entendait une voix si joyeuse de sa part.

Extrêmement découragé, le petit Archidémon continua à parler sur un ton exaspéré.

« Eh bien, vous voyez, il y a cette chose comme la sorcellerie que j’ai créée en utilisant les fruits de mes trois cents ans de recherche sur le Célestian. Pensez-y, le mysticisme est terriblement instable, non ? Mais si nous utilisons le Célestian, il peut être contrôlé et développé en quelque chose de plus fort, » expliqua Bifrons.

Zagan avait enseigné la sorcellerie à Néphy principalement parce qu’il voulait qu’elle ait un moyen de se protéger, mais aussi pour l’aider à manipuler librement son mysticisme. Cependant, il semble que Bifrons ait poussé cette recherche un peu plus loin.

« C’est pourquoi, vois-tu, j’ai essayé que Nephteros l’utilise proche de Néphy. Et, tu sais, ce n’est pas comme si j’étais en conflit ouvert avec toi, donc je n’ai pas donné d’ordre direct ou quoi que ce soit, mais je voulais te pousser un peu comme ça... Ou attends, non, comment dire..., » déclara Bifrons.

« Tu es le pire, » répondit Zagan.

« Oui... Le pire. Néphy était super triste, » Foll avait suivi avec mépris.

Avec cela, Bifrons était devenu encore plus découragé.

« Je vous déteste, vous autres. Ne pensez-vous pas que vous devriez montrer un peu plus de respect quand vous vous tenez devant un Archidémon ? » demanda Bifrons.

« ... On peut rentrer à la maison maintenant ? » Zagan avait commencé à trouver cette discussion de plus en plus ennuyeuse, et Bifrons insista pour la poursuivre alors même que leur visage se tordait d’humiliation. Il semblait qu’il y avait quelque chose que Bifrons voulait désespérément que Zagan entende.

« Quoi qu’il en soit, le Célestian est composé de mots qui contiennent une puissance innée, donc en développant la sorcellerie avec la langue, tu obtiens un mysticisme céleste ! » déclara Bifrons.

« Et quoi, tu as demandé à cette fille de l’utiliser ? » Zagan regarda Nephteros en posant cette question, et Bifrons acquiesça d’un signe de tête.

« Elle l’a fait. Et pourtant, Néphy ne l’a même pas signalé à son maître... Dis-moi, ce pouvoir n’est-il pas assez remarquable ? » demanda Bifrons.

Il semblait que Bifrons était mortifié que le point culminant de leur poursuite de plusieurs siècles ait été balayé sur le bord de la route. Et, alors que Zagan faisait une tête exaspérée, Bifrons se calma et s’éclaircit la gorge.

« Fondamentalement, cet Emblème de l’Archidémon est également tissé avec le Célestian et se situe à un niveau terriblement supérieur à celui de mes propres créations. C’est ma conclusion, » dit Bifrons, puis regarda Nephteros et poursuivit. « Comme tu peux le voir, Nephteros est aussi une haute elfe, et elle a étudié la mystique céleste. J’ai essayé de l’envoyer sur ton elfe, mais il semble que je n’ai pas vraiment eu le résultat que j’espérais. »

La couleur de ses yeux était dorée, et plutôt que les cheveux blancs comme neige, les siens étaient plus argentés, mais Nephteros avait certainement une apparence proche de celle d’un haut elfe. Il était dans la nature des sorciers de vouloir mettre à l’épreuve les résultats de leurs recherches, et cela semblait également s’appliquer aux Archidémons. Toutefois, Zagan s’était souvenu d’un certain doute sur ce point.

Je croyais que Bifrons disait que c’était la première fois qu’il rencontrait une elfe comme Néphy en trois cents ans... ? Dans ce cas, d’où vient exactement cette Nephteros ? Il était possible qu’elle ait servi Bifrons avant qu’il ne trouve Néphy, mais leur visage identique pourrait-il vraiment être une simple coïncidence ? Un sentiment indescriptible d’inconfort commença à s’installer à l’intérieur de Zagan. Il ne pouvait pas dire si Bifrons avait remarqué les doutes en lui, mais il avait alors déplacé son regard vers Néphy.

« J’aimerais vérifier, mais peux-tu utiliser le mysticisme céleste ? » demanda Bifrons.

« ... Je n’en suis pas sûre. Si je l’ai étudié, peut-être, mais je n’ai jamais essayé, » répondit Néphy.

« Hm, j’ai l’impression d’avoir enfin la réponse que j’espérais. Il semble que même les hauts elfes n’ont pas les techniques des traditions perdues qui leur ont été transmises, » déclara Bifrons.

Bifrons était visiblement étourdi à l’idée d’obtenir de toutes nouvelles informations, mais il semblait aussi qu’il se vantait de ce qu’il avait fait. Soupçonnant la raison, Zagan poussa un profond soupir avant de parler.

« Alors, nous as-tu tous appelés ici juste pour dévoiler les résultats de tes recherches ? » demanda Zagan.

« Fufufu, en partie, oui. Mais je n’ai pas encore fini de parler. Ne sois pas si pressé, » déclara Bifrons, tout en prenant des airs, avant d’expliquer, « J’ai mentionné que cet emblème de l’Archidémon était tissé avec du mysticisme céleste, non ? Alors, la question se pose : quel est son but exact ? Et, comme je le pensais, la seule personne avec qui en discuter est un collègue Archidémon qui garde aussi une haute elfe à ses côtés. Zagan, tu as appris l’existence des démons dans ce monde, n’est-ce pas ? »

« ... Eh bien, ouais, » répliqua Zagan. Et c’était logique, car il cherchait un moyen de s’y opposer.

« Parmi ces démons, comme on pourrait s’y attendre, il existe un être éternel qui se classe au-dessus de tous les autres. Cela dit, ce serait déroutant de l’appeler un Archidémon, alors je l’appellerai simplement le Seigneur-Démon. C’est aussi un point sur lequel l’Église est d’accord, alors je ne suis pas le seul sur ce front. Bien sûr, selon eux, ce sont les douze manieurs d’Épée Sacrée qui ont mis fin au règne de terreur de cette créature, » déclara Bifrons.

L’attention de Bifrons s’était portée sur Chastille et Raphaël. Comme Bifrons les regardait, c’était évident, mais il semblait que l’Archidémon avait vu à travers le fait que celui qui portait l’armure de Valefor était Raphaël.

Zagan haussa les épaules.

« Les Épées Sacrées sont certainement puissantes, mais je doute fort que cela soit vrai, » déclara Zagan.

Au moins, Zagan ne pensait pas qu’ils seraient capables de vaincre le démon auquel il avait été confronté. Et ce roi, ce seigneur ou ce dieu, ou quoi que ce soit d’autre parmi eux, aurait probablement été beaucoup plus difficile à gérer. Il était sûr que c’était le cas, mais Bifrons avait simplement secoué un doigt sur les côtés avec un Tsk, Tsk, Tsk.

« Pour ma part, je ne pense pas que ce soit nécessairement un mensonge. S’il avait été découpé en morceaux par douze Épées Sacrées, alors les restes seraient en treize morceaux, n’est-ce pas ? » demanda Bifrons.

Il y avait treize Sceaux de l’Archidémon. Comme si ce fait l’avait frappé, Zagan avait baissé le regard à son propre sceau.

« En d’autres termes, tout ce qui a été mis en pièces par les Épées Sacrées est mis dans nos sceaux ? » demanda Zagan.

« Fufufu, tu viens maintenant de comprendre, c’est bien d’être plus direct, » déclara Bifrons en tendant le bras gauche, puis en continuant, « Je crois que le Sceau de l’Archidémon est ce qui scelle l’enveloppe du Seigneur-Démon. »

Zagan serra fermement sa main droite. C’était quelque chose qu’il réalisait vaguement. Pourquoi le démon a-t-il obéi au Sceau de l’Archidémon ? D’où vient exactement cette quantité colossale de mana ? Aussi, pourquoi les sceaux résonnaient-ils l’un avec l’autre ?

L’Emblème de l’Archidémon scellait le Seigneur Démon.

En fait, les treize Archidémons étaient peut-être des sorciers qui devaient servir de gardiens du sceau. Aujourd’hui, ils n’étaient plus que des monstres méprisables aux yeux de la population en général.

Zagan se tourna ensuite vers Chastille et Raphaël.

Donc, en gros, les Épées Sacrées elles-mêmes ont créé ce sceau... ? Même si ce n’était pas vrai, Bifrons semblait le croire. Et si c’était le cas, alors les Épées Sacrées actuelles avaient perdu leur puissance originelle, ou peut-être qu’il y avait une autre façon de les utiliser.

Bifrons s’était ensuite interrompu avec un « cependant ».

« Où leur bataille a-t-elle eu lieu ? Il se peut que ce soit dans les régions inexplorées du Norden, ou dans la région où l’Église a établi sa ville sainte. Ma théorie est qu’il n’a pas été réglé après un seul combat, donc il doit y avoir plus d’une option, » déclara-t-il.

Zagan avait plissé les yeux là-dessus.

« Attends, ne me dis pas..., » commença Zagan.

« Fufufufu, il semble que tu aies enfin compris pourquoi nous sommes ici, hein. » déclara Bifrons, puis étendit les deux bras d’une manière grandiose et déclara : « Oui, une bataille contre le Seigneur Démon eut lieu à Suflaghida. »

Zagan remarqua alors que le sceau sur sa main droite, qui avait son pouvoir scellé dans la querelle avec Bifrons, palpitait comme s’il contenait de la chaleur.

Ce n’est pas possible... Le sceau ne réagit pas à Bifrons, mais au lac lui-même ?

En même temps que Zagan se rendait compte de ça, le sceau de Bifrons commença à se remplir de la lumière du mana. Et puis il s’était souvenu. Bifrons avait qualifié l’affrontement avec Zagan de spectacle secondaire. Dans ce cas, quel était l’acte principal ?

« Maintenant, dévoilons ce qui se passe quand deux Sceaux de l’Archidémon se rassemblent sur la terre où le Seigneur Démon a combattu ! » déclara Bifrons.

Les Sceaux de l’Archidémon brillaient de plus en plus. Cette fois, même Zagan n’avait pas pu l’arrêter... Finalement, le lac, auparavant serein, avait été teint de la couleur de l’enfer.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Un commentaire :

  1. Merci pour le chap ^^

Laisser un commentaire