Kimi to Boku no Saigo no Senjo – Tome 1 – Chapitre 2

Bannière de Kimi to Boku no Saigo no Senjo ***

Chapitre 2 : La personne qu’il et elle ont rencontrée est…

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Chapitre 2 : La personne qu’il et elle ont rencontrée est…

Partie 1

Dans le domaine fortifié de « l’Empire des Cieux ».

Se trouvant dans un pays communément appelée l’Empire, sa capitale Yunmerungen se vantait partout dans le monde d’avoir la plus grande population présente dans une seule ville. La ville elle-même était divisée en trois grands secteurs.

Le premier secteur était celui où se trouvaient les institutions gouvernementales et de recherche. Le principal bâtiment du Parlement des Huit Grands-Apôtres qui avaient l’autorité sur toutes les questions politiques dans le pays se trouvait là. Il s’agissait du secteur où tout était décidé dans l’Empire.

Le secteur deux était la zone résidentielle. C’était là que vivaient soixante-dix pour cent de la population de la Capitale Impériale et il y avait un quartier commerçant de premier plan à côté de la zone d’habitation. Chaque jour, de nombreux touristes provenant de la « ville neutre » voisine visitaient ce secteur.

Et puis le secteur trois était une base militaire. Il contenait également les usines de fabrication des armes développées par les institutions de recherche du premier secteur ainsi que les vastes terrains d’essai utilisés pour les tester. Il y avait également les casernes pour les soldats impériaux présents à l’intérieur de ce secteur.

« J’ai oublié ce que c’était de dormir dans cette pièce..., » murmura Iska.

Dans le coin le plus profond du premier étage du Baraquement Impérial 03, Iska était allongé sur le sol depuis le milieu de la journée, regardant le plafond de la chambre particulière dans laquelle il vivait depuis l’âge de douze ans. Peut-être à cause de l’effet d’avoir passé autant de temps à camper à l’extérieur, il avait trouvé plus facile de dormir sur un sol dur que sur un lit moelleux.

« ... Mais je ne peux pas du tout dormir, » continua-t-il.

Il était somnolent, mais contrairement à son corps fatigué, son esprit était en pleine effervescence. Cela faisait deux jours depuis son retour de la forêt de Nelka. Cela aurait dû être le bref moment de repos qu’il avait entre les missions, mais même ainsi, il ne pouvait pas dormir.

« La Mage des Étoiles que l’Empire a surnommée la “Sorcière de la Glace de la Calamité” n’est autre que ma personne, » répéta-t-il.

La seule chose qui lui venait à l’esprit était la Sorcière de la Glace de la Calamité, Aliceliese. Chacun de ses Sortilèges d’Étoile était comparable à une calamité. Par le fait qu’elle avait envahi une base impériale à elle toute seule, Iska était maintenant en plein accord avec les précautions prises envers elle par les Huit Grands Apôtres.

« ... C’est pourquoi ? » murmura-t-il.

Il était incapable d’effacer ce visage de son esprit qui avait été révélé quand son voile était tombé. Elle était une Mage des Étoiles ayant la force convenable pour être appelée l’atout de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. Et par-dessus tout, elle avait un visage avec un fantastique charme. Son âge semblait aussi être autour de l’âge d’Iska.

« Pas bon. Vraiment pas bon. J’ai besoin de penser à autre chose ! » déclara-t-il.

Les pensées oisives émousseraient son esprit. Les ordres pour sa prochaine mission ne viendront sûrement pas avant un moment. Pour qu’il puisse se concentrer sur ça, il devait reposer son corps.

« Iska-kun, es-tu ici ? »

Une sonnerie. Et en même temps que cette sonnerie, il pouvait entendre une voix enfantine de l’autre côté de la porte.

« Capitaine Mismis ? » demanda-t-il.

Alors qu’il répondait à la voix, il avait ouvert la porte. Et comme il s’y attendait, la femme capitaine avec une petite carrure se tenait là.

« Je me demandais vraiment comment tu faisais... je veux dire par là que tu es resté enfermé dans cette seule pièce tout ce temps, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle. « Tu n’es pas sortie du tout, alors Néné-chan s’inquiétait, tu sais ? »

« Je vais bien, » répondit-il. « J’ai juste du mal à m’endormir, c’est tout. »

« Mais je te connais Iska-kun. Tu as fait une expression comme si tu t’inquiétais de quelque chose depuis que nous sommes revenus, » répondit Mismis. « N’as-tu pas regardé fixement le mur en étant complètement déconnecté de la réalité ? »

Mismis le regarda avec une expression inquiète et des yeux tournés vers le bas.

« Hmm ! Disons. Je... En général, je ne fais pas les choses que devrait faire un Capitaine, donc au moins je veux que mes subordonnés puissent me consulter quand ils ont un problème, » continua Mismis. « Je pense que si tu en parles, ça te fera du bien. »

« As-tu fait tout ce chemin jusqu’ici pour cela ? » demanda-t-il.

Iska baissa les yeux sur le spectacle rare d’une Mismis en civil. Elle portait une chemise avec un joli imprimé de chaton et une jupe à froufrous enfantine. Il s’agissait d’un vêtement très décontracté, mais c’était probablement parce que cette journée était censée être son précieux jour de congé. Et malgré cela, elle était venue lui rendre visite.

... Sérieusement.

... Il était vraiment incapable de lui correspondre.

Son talent de soldat n’était définitivement pas génial. Ses résultats pour se qualifier pour un poste d’officier étaient également au ras des paquerettes. Mais la raison pour laquelle Iska et les autres l’appréciaient grandement en tant que capitaine était sa considération délicate envers les autres. Ils voulaient suivre un capitaine comme ça. Elle avait ce genre de charme en elle.

« Regarde !? Comme je le pensais. Iska-kun, tu fais une expression un peu compliquée comme je m’y attendais ! » s’exclama Mismis.

« Le fais-je vraiment ? » demanda-t-il.

« Tu le fais ! Oui, tu le fais là ! » s’exclama Mismis. « Maintenant, dis tout à ta grande sœur ! Mais... eh bien, je ne pense pas que cela puisse être autre chose que ce qui s’est passé lors de la mission dans la forêt de Nelka. »

La capitaine le regardait maintenant tout en plissant les yeux.

« Quelque chose est-il arrivé ? » demanda-t-elle.

« ... Je ne peux pas sortir ce combat de ma tête, » avoua-t-il.

« Celui contre la Sorcière de la Glace de la Calamité ? Le combat n’a-t-il pas fini sur une égalité ? » demanda-t-elle.

« ... Je me suis perdu dans mes pensées quand je me le remémore, » répondit-il.

Il ne savait pas lequel des deux avait eu la supériorité dans cette bataille. Il était clair que dans un simple concours de puissance, aucun d’entre eux n’était capable de faire tomber l’autre, et il semblait qu’ils avaient une approche tactique similaire en créant une ouverture dans les défenses de leur adversaire. Il avait la même sensation de guerre psychologique que l’on pouvait voir au sommet d’un jeu d’échecs de première classe.

Même quand Iska pensait qu’il avait l’avantage, il était anxieux que l’ouverture en elle-même ne fût pas un piège créé par son adversaire. C’était la première fois qu’Iska devait faire face à un Mage des Étoiles comme ça. Toutefois... Était-ce vraiment la cause de son insomnie ?

« Et aussi..., » commença-t-il.

« Aussi !? » demanda-t-elle.

« ... Non. Ce n’est rien, » répondit-il.

Iska avait avalé de force les mots qu’il était sur le point de prononcé. « La Sorcière de la Glace de la Calamité est une femme extrêmement belle ».

... Comme on pouvait s’y attendre, ça ne pouvait pas être la raison de son insomnie... Ou ça n’aurait pas dû être le cas.

... Cela aurait aussi été embarrassant pour le capitaine Mismis de le regarder étrangement s’il disait une telle chose.

« Iska-kun. Ça pourrait être un traumatisme émotionnel, » déclara Mismis.

« Un traumatisme ? » demanda Iska.

« Oui. Après avoir vécu une bataille difficile, la douleur de tes blessures ou quelque chose comme la peur de la bataille pourrait finir par blesser ton cœur, » déclara Mismis. « Même au sein des forces impériales, il y a quelques personnes qui en font l’expérience. Puisque tu as combattu cette Sorcière de la Glace de la Calamité, il ne serait pas étrange que tu le deviennes aussi... »

Il était possible qu’il ne gagne jamais. C’était sa première rencontre avec un ennemi redoutable qui lui avait fait penser ça. Cela avait peut-être été une bataille qui avait semé la peur dans son cœur. En y regardant objectivement, l’analyse de Mismis était certainement valable. Mais était-ce vraiment ça ? Était-ce vraiment la raison ? Cela frustrait Iska qu’il soit incapable d’identifier la source des émotions enfouies dans son cœur.

« Hmmm. Mais je me demande quelque chose. Comment pouvons-nous résoudre cela ? » se demanda Mismis. « Si les symptômes sont graves alors nous pourrions consulter un docteur ou quelque chose du genre. »

La petite capitaine avait plié ses bras avec une expression troublée clairement visible.

« Dans mon cas, même quand j’ai des problèmes, si je fais un barbecue et que je dors bien, je retrouve mon moral, hein ~. Veux-tu avoir un barbecue ? » lui demanda Mismis.

« Non, je ne pense pas que ce soit ce genre de..., » commença-t-il.

« C’est vrai ~, » répondit Mismis. « Je pense que ça ira mieux naturellement avec le temps, mais je pense aussi que ça serait toujours bien d’avoir un changement de rythme... Aah, c’est vrai ! Iska-kun, viens ici, viens ici ! »

Debout dans la porte, Mismis se retourna brusquement et commença à courir.

« J’ai quelque chose de sympa à te donner, Iska-kun. Suis-moi, » dit-elle.

Dans la Caserne Impériale 01, Iska regardait fixement une porte avec un adorable autocollant en forme de lapin.

« N’est-ce pas ta chambre ? » demanda-t-il.

« Oui Oui. C’est ma chambre, c’est un peu fouillis, mais viens dedans, » répondit-elle.

Il y avait des animaux en peluche étalés sur la moquette chaude et colorée du salon et la tasse posée sur la table avait également l’image enfantine d’un chiot imprimé dessus.

« Ta collection d’animaux a encore grandi, n’est-ce pas ? » demanda-t-il.

« Hehe. Qu’en penses-tu ? Ne sont-ils pas trop mignons ? » demanda-t-elle.

« Oui. Hmm... Mais, comment dois-je le dire, ça..., » déclara Iska.

Suspendu au plafond et magnifiquement exposé au centre de la pièce, il y avait le spectacle des sous-vêtements de Mismis accroché là et Iska avait fait fuir ses yeux loin de ça.

« C’est du poison pour les yeux, » déclara-t-il.

« Hein !? Qu’est-ce qui est un poison pour ... NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !? » cria-t-elle.

La femme ayant l’âge nubile avait complètement oublié que ses sous-vêtements séchaient dans sa chambre et, paniquée, elle tenta de sceller la vision d’Iska en levant les mains au-dessus de sa tête.

« T-tu as tort Iska-kun ! » cria-t-elle. « Ce n’est pas ça. Il s’agit juste d’un peu de curiosité ! Comme toutes mes amies ont eu des petits amis, alors j’ai essayé de me forcer un peu pour ça. Le fait d’avoir des sous-vêtements avec une allure un peu adulte pour relever un défi fait partie du fait d’être une femme. Ne te méprends donc pas sur mes intentions ! »

« Je ne comprends pas du tout ce que tu me dis, » répondit Iska.

« ... Hein !? Quoi qu’il en soit..., » déclara Mismis.

Mismis rangea rapidement les sous-vêtements qui avaient été laissés à sécher.

« Revenons à ce dont nous parlions avant, d’accord ? » demanda Mismis. « J’ai l’impression que ce n’est pas bon de rester dans ta chambre toute la journée. Je pense que tu devrais hardiment sortir et t’amuser. Donc pour ce faire, tadaaah ! »

Mismis avait attrapé un petit billet qui était sur la table et l’avait élevé haut en dessus d’elle et avec force.

« Ici. Va regarder ça et amuse-toi bien, » déclara Mismis.

« ... Un billet d’opéra ? “L’Amour Brisé de la Chevalière Beatrix” ? » demanda Iska.

« Tout à fait. C’est un spectacle qu’ils mettent en place dans la Cité Neutre chaque année, » répondit Mismis. « J’aime vraiment cet opéra et donc j’ai acheté un carnet avec dix billets et je l’ai déjà regardé neuf fois. Mais je pensais que c’est peut-être assez pour cette année. Alors je vais te le donner, Iska-kun. »

« Hein !? Mais quand..., » commença Iska.

« Je pense que cela ne pose pas de problèmes que tu le fasses avant la prochaine mission, » répondit Mismis. « Dans ce cas, n’est-ce pas bien d’aller demain ? »

La capitaine avait gonflé sa poitrine pleine de fierté et de confiance en soi.

« Il s’agit d’un opéra merveilleux. Je pense que ce sera un bon changement de rythme pour toi. Ceci est un ordre de ton capitaine, » déclara Mismis.

« ... Un ordre, hein ? » s’exclama Iska.

Puis, alors qu’il regardait le billet qu’il avait reçu, Iska avait fait un unique signe de tête.

***

De la vapeur blanche.

De l’eau chaude d’un blanc laiteux s’échappait de la bouche d’un robinet modelé d’après la tête d’un lion. La baignoire était remplie au point où elle débordait. Et ce qui flottait au-dessus de la surface de l’eau se trouvait être des fleurs et des herbes de toutes les couleurs.

On pourrait dire que la grande baignoire qui avait de la vapeur qui s’en dégageait pouvait contenir une vingtaine de personnes à l’intérieur. À côté de celle-ci, un bain chaud-froid avait été préparé, et plus profondément à l’intérieur de la pièce, il y avait un sauna qui était rempli de vapeur brûlante.

... *Goutte*.

Ce qui s’avançait le long des carreaux humides se trouvait être une jeune femme portant des vêtements de femme de ménage.

« Mademoiselle Alice, allez-vous rester dans le bain encore longtemps ? »

Le Palais Royal de Nébulis.

En réponse à la voix digne qui résonnait dans le bain, Alice ouvrit ses paupières fermées jusque là et elle souleva son visage hors de l’eau.

« Que diriez-vous de sortir maintenant ? Il est grand temps de se retirer pour la nuit. »

« ... Je ne suis pas fatiguée, » répondit Alice.

« Vous m’avez dit la même chose la nuit dernière, » répondit Rin. « Même si, normalement, quand vous revenez d’une bataille, vous ne prenez même pas de repas et que vous allez directement dormir. »

« Mais tu sais, je ne suis pas du tout fatiguée ~, » répondit Alice.

Tout en soufflant des bulles, elle avait coulé sous la surface de l’eau. Il s’agissait de ce qui s’était passé dans la forêt de Nelka. Elle était partie avec Rin pour détruire le Réacteur de Puissance d’Armement impérial à la suite des ordres de sa mère. La mission elle-même avait été parfaitement exécutée. Il n’y avait pas eu la moindre erreur.

... Mais même ainsi, qu’est-ce que c’était alors ?

... Pourquoi était-elle incapable de sortir cet épéiste de son esprit ? Elle était bien consciente que c’était l’une des raisons pour lesquelles elle était incapable de dormir.

« Est-ce à propos de ce soldat qui a déclaré se nommer Iska ? » demanda Rin.

Debout au bord de la baignoire, Rin portait comme d’habitude sa tenue de femme de chambre et avait les pieds nus.

« Vous voyez, je me posais des questions à propos de l’histoire de cet épéiste avant même que nous soyons revenues à la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, » déclara Rin.

« ... Je me demande simplement qui il est, » répondit Alice.

Il se trouvait être un jeune homme qui avait à peu près son âge. Elle pouvait voir par son apparence et sa conduite qu’il débordait de jeunesse, mais quand le moment du combat était venu, il ne pouvait être décrit comme quelque chose de bestial.

Avec sa concentration terrifiante et ses capacités physiques inhumaines, il avait pu se rapprocher d’Alice tout en faisant face à ses attaques. Quand elle s’était battue contre les Saints-Apôtres, elle avait senti qu’ils étaient de redoutables ennemis. Cependant, c’était la première fois qu’elle ressentait un sentiment d’effroi que quelque chose pourrait frappé son cou à tout moment.

« Je vais commencer une enquête sur le passé de cet épéiste. Cependant, au mieux, il faudra encore quelques jours pour avoir une réponse, » déclara Rin.

« C’est plus que suffisant. Merci beaucoup, Rin, » répondit Alice.

Tout en regardant fixement les pétales flottant au-dessus de l’eau, elle hocha la tête...

« Cette épée, » murmura-t-elle.

... Il n’y avait aucune chance... Les épées avaient seulement semblé pareilles...

... Son bienfaiteur ne pouvait pas faire partie de l’Empire.

« C’est tout, c’est juste une coïncidence..., » déclara Alice.

« Hein !? » s’exclama Rin.

« Non, ce n’est rien ! » répondit Alice.

Le murmure débordant de son cœur qu’elle laissa inconsciemment sortir fut repris par Rin, et Alice agita les mains dans une panique.

« Es-tu blessé ? Je n’aurais jamais imaginé qu’une arme impériale serait devenue hors de contrôle si près de la Cité Neutre... »

« Mais ça va, j’ai coupé la force motrice de l’unité de mobilité. Ce machin ne peut plus bouger. »

Un souvenir coloré dans le sable.

Une pluie d’étincelles et un épais nuage de sable suspendu au-dessus d’eux.

Un épéiste l’avait sauvée d’une arme impériale qui avait perdu le contrôle et qui l’avait attaquée. À cause du nuage de sable, sa silhouette et sa voix étaient floues. Mais même ainsi, elle se souvenait parfaitement de la lueur qu’il tenait dans chacune de ses mains. Acier noir et blanc. Ces lames brillantes qui ressemblaient aux antipodes l’une de l’autre ressemblaient aux épées que brandissait le jeune épéiste.

« ... »

Toujours dans sa baignoire, Alice poussa sur sa poitrine avec sa main. Ce qui se passait à travers sa précoce ─ comme Rin la décrirait avec jalousie ─ poitrine féminine et très bien développée, était son cœur qui battait à un rythme bien plus rapide qu’elle ne pouvait le croire.

*boum boum* *boum boum*

Mais même maintenant, plutôt que de montrer des signes de vouloir se calmer, il semblerait que c’était de plus en plus fort.

« Aaaah, bon sang ! Ce n’est pas bien ! J’ai besoin d’un changement de rythme ! » s’exclama Alice.

« Attendez une minute Mademoiselle Alice. L’eau !? » s’exclama Rin. « Mon Dieu... S’il vous plaît, ne vous levez pas avec une telle vigueur. Regardez, même mes vêtements ont été mouillés. »

« Tout à fait. Changeons de rythme ! Rin, maintenant que tout est réglé, prépare-toi pour demain ! » s’exclama Alice.

« ... Mes vêtements..., » murmura Rin.

Poussant une Rin qui gonflait les joues, Alice se dirigea rapidement vers le vestiaire. Le long de l’un des murs se trouvait un miroir sur lequel elle se précipita en étendant ses mains vers un étui à accessoires.

« Oui, celui-ci fera l’affaire, » déclara Alice.

« Mademoiselle Alice, s’il vous plaît, ne marchez pas ainsi avant de vous sécher le corps, » répliqua Rin. « Vous allez glisser et tomber si vous continuez ainsi. »

« Je ne vais pas tomber. Je ne suis pas une enfant, » répondit Alice.

« Je vous dis ça, car vous courrez là telle une enfant, » répliqua Rin. « Venez ici ! Si vous ne vous faites pas sécher, vous allez attraper un rhume. »

Rin prit une serviette avec ses deux mains et sécha soigneusement les cheveux blonds dégoulinants d’Alice.

« Hé, Rin, regarde ça, regarde, » demanda Alice.

« “L’Amour Brisé de la Chevalière Beatrix”... ? Oh, Mon Dieu. Avez-vous effectué des réservations pour un opéra tout en gardant le secret pour moi ? » demanda Rin.

Après avoir essuyé ses cheveux, Rin descendit vers le cou et le dos d’Alice. Sa servante essuya les gouttes d’eau qui tombaient de la nuque et qui descendaient dans le dos. Rin était née d’une lignée qui servait de gouvernante pour la famille royale de Nébulis depuis des générations. Tout en étant un an plus jeune qu’Alice, elle avait le devoir de s’occuper d’elle. Pour Alice, elle était la seule bonne amie avec qui elle pouvait plaisanter librement.

« Tu sais, c’était difficile d’obtenir ces tickets, » déclara Alice. « Pour m’assurer d’avoir des sièges côte à côte, j’ai dû faire quatre fois des tentatives en allant au magasin. »

« ... Compris. Je vous accompagnerai, » répondit Rin.

Après avoir essuyé le corps d’Alice, Rin laissa échapper un grandiose soupir.

« Mais est-ce vraiment correct de faire ça ? » demanda Rin. « Même si vous venez d’avoir votre visage vu par cet épéiste ? »

L’épéiste impérial qui s’était baptisé Iska... Pendant la bataille avec lui, son masque était tombé, et le visage qu’elle avait caché derrière avait été révélé. Si l’Empire connaissait son visage, il était possible qu’ils envoient des assassins après elle. Pendant un certain temps, Alice avait aussi paniqué à cette possibilité, mais...

« C’est correct, » répondit Alice. « En y réfléchissant correctement, il n’y a pas de problème à ce qu’il ait vu mon visage. »

Contrairement à l’Empire qui considérait les Esprits des Étoiles comme quelque chose de maléfique, la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis qui les avait adoptés avait fait des recherches beaucoup plus approfondies sur ces esprits.

Et l’un de ces détails était les différences individuelles entre les Esprits des Étoiles.

Bien que les Esprits des Étoiles habitant à l’intérieur des humains étaient larges et variés, l’Esprit des Étoiles d’Alice avait un sens particulièrement aigu du danger. Lorsque le danger l’atteindrait, il prendrait automatiquement des mesures pour la défendre. Puisqu’elle avait un Esprit des Étoiles qui était capable de repousser une attaque d’une arme impériale de destruction à grande échelle, il n’y avait aucun besoin réel de craindre un ou deux assassins.

« Je n’ai pas peur des assassins impériaux, » répondit Alice. « J’ai mon Esprit des Étoiles, et surtout Rin, tu seras aussi avec moi. »

« ... Quel compliment pratique ! » répliqua Rin.

« C’est la vérité, » répondit Alice. « D’ailleurs, chaque fois que je me rendais à la Cité Neutre, je ne portais pas ma coiffe spéciale, n’est-ce pas ? Sortons simplement hardiment dans nos tenues habituelles. »

Alice avait agité autour d’elle les billets qu’elle tenait dans sa main pendant qu’elle parlait.

« Les rideaux se lèvent juste avant midi, donc je veux quitter le palais royal au lever du soleil, » déclara Alice.

« Dans ce cas, je vais préparer l’oiseau de sable, » annonça Rin. « Comme nous partirons le matin, revenez dans votre chambre et allez dormir pour la nuit. Je vais garder les billets en attendant. »

« Aah, attends, Rin !? » s’écria Alice.

« Mademoiselle Alice. Je fais ça pour que vous ne les perdiez pas, » expliqua Rin. « En outre, s’il vous plaît mettez déjà vos sous-vêtements. Essayiez-vous de vous vanter afin de me rendre jalouse en me les montrant ainsi ? »

« Je-je ne me vante pas ! » s’écria Alice.

Après que Rin ait regardé avec envie la poitrine d’Alice alors qu’elle se balançait avec vigueur, Alice devint en pleine panique.

« Eh aussi, informez la Reine de vos projets, » déclara Rin. « Car après tout, tout récemment, il y avait tout un tumulte quand vous êtes partie sans autorisation. »

« ... Que c’est ennuyeux ! » s’exclama Alice.

« Votre réponse alors ? » demanda Rin.

« ... D’acccccoooordddd ! » répliqua Alice.

En réponse au ton strict de sa servante, Alice laissa échapper un petit soupir.

***

Partie 2

Il y a deux ans...

Son assignation dans un peloton avait été déterminée. Au lendemain de cette annonce, son maître avait disparu sous ses yeux. Non, il serait plus correct de dire que son maître avait hardiment pris congé juste devant lui.

« Ceux qui ne pouvaient pas m’enfuir, c’était juste toi et Jhin, n’est-ce pas ? » Lors de son départ, il avait laissé ces mots cyniques derrière lui. « Mais... eh bien, je suppose qu’il vaut mieux que vous soyez deux. »

L’épéiste le plus fort de l’Empire, Crosswell Ness Livergate — également connu sous le nom de l’« Acier Noir ».

Après avoir servi comme chef des Saints-Apôtres dans la Capitale Impériale, il avait repéré des garçons et des filles de tout l’Empire et les avait entraînés dans l’espoir de se trouver un successeur. Non, il serait plus correct de le décrire comme leur faisant subir un enfer afin de les tester. Après seulement une demi-journée de formation, environ la moitié des personnes sélectionnées avaient déjà abandonné. À la fin de la journée, quatre-vingt-dix pour cent des participants avaient jeté l’éponge. Trois jours plus tard, la moitié des membres restants avaient déclaré forfait. Après ça, un, puis trois, puis cinq ans s’étaient écoulés, et il ne restait plus que Jhin et Iska.

« Iska, tu étais le dernier des candidats que j’ai choisis et éduqués. Était-ce bien ça ? » demanda Crosswell.

« Oui, » répondit Iska.

« Franchement, parmi tous les candidats que j’ai choisis, tu étais le plus..., » déclara Crosswell.

« O-Oui, » s’exclama Iska.

« Désespéré parmi eux, » finissait par dire Crosswell.

« Il y a une limite quant à la franchise. Non !? » s’exclama Iska.

Devant le jeune homme qui s’épuisait en s’entraînant de toutes ses forces, l’homme aux cheveux noirs habillé tout en noir parlait comme si c’était tout à fait naturel.

« Je suis allé à la recherche de personnes en fonction de la quantité d’espoir que j’avais en eux, » dit-il. « Dans ce cas, n’est-il pas naturel que l’individu que j’ai choisi en dernier soit celui dont je m’attendais le moins ? »

« ... Eh bien ! Cela a du sens, mais..., » balbutia Iska.

Le jeune homme gonfla ses joues d’insatisfaction. Il avait ensuite regardé ses mains qui venaient de recevoir une paire d’épées de son maître.

« Mais tu sais, il y a une meilleure façon de le dire, » déclara Iska.

« Tu étais celui qui était le plus comme moi. Voilà pourquoi je m’attendais le moins à ce que ce soit toi, » expliqua Crosswell.

« ... »

C’était un fait qu’Iska avait entendu pour la première fois. Son maître était généralement silencieux et sans émotion, jetant toujours un regard apathique sur lui. C’était la première fois qu’il entendait les « véritables pensées » de son maître.

« Ne lâche pas ces Épées d’Étoile, » déclara Crosswell.

« Bien sûr. C’est après tout un précieux souvenir de mon maître... Oh !! » s’exclama Iska.

Il avait été frappé. « Ne considère pas un souvenir par toi-même. Ne déclare pas ça ainsi comme si tu venais de tuer ton maître. » Après ça, il avait finalement déclaré ça... « Ces épées sont le seul espoir pour sauver le monde, » déclara Crosswell.

« ... Hein !? » s’exclama Iska.

« Les Épées d’Étoile t’obéiront. Juste en les touchant, tu peux les contrôler, et personne d’autre ne pourra les utiliser. Alors je te les laisse ainsi que..., » déclara son maître.

Après quelques secondes...

« Le devoir de mettre fin à cette guerre entre les hommes et les sorcières qui dure depuis cent ans t’incombe désormais, toi le ─ successeur de l’Acier Noire, » ainsi avait déclaré son Maître.

***

Partie 3

La terre brûlante était craquelée par la chaleur incessante qui s’y déversait. Il s’agissait d’un désert où l’on voyait seulement quelques mauvaises herbes qui poussaient ici et là. Si l’on marchait pieds nus ici, il était probable que les pieds seraient brûlés avant même qu’une seconde puisse s’écouler.

Les terres désolées de Vuishada.

Un buggy tout seul avait parcouru ce chemin à travers ces immenses terres désolées à une vitesse intense.

« Iska-nii, lève-toi, lève-toi. Nous sommes presque à Ayin. »

« Hm, déjà ? » demanda Iska.

Après avoir été bousculé par Néné depuis le siège du conducteur, Iska frotta ses paupières alors qu’il se trouvait dans le siège du passager. Il se souvenait de tout jusqu’au moment où ils avaient quitté la Capitale Impériale avant le lever du soleil, mais il ne se souvenait de rien après cela.

« Il est déjà près de midi, » déclara Néné. « Ce type a dormi pendant six bonnes heures. Franchement, Iska-nii, peu importe le nombre de fois où je t’ai parlé, tu as dormi comme une souche. »

« Désolé..., » répondit Iska.

« Hmm. Mais, Néné a aussi pu voir le visage endormi d’Iska-nii pour la première fois depuis très longtemps, » déclara Néné avec une voie gaie et animée. « Tu m’as aussi dit que tu avais du mal à dormir depuis ton retour de la forêt de Nelka. »

« Tout à fait..., » répondit Iska. « J’ai vu, un rêve de mon maître pour la première fois depuis si longtemps. Un souvenir de quand Jhin et moi avions travaillé jusqu’à l’épuisement. Au contraire, c’était plutôt un cauchemar. »

« Un rêve du Maître Noir ? » Néné parla en agrippant le volant de la voiture.

« Comme c’est nostalgique... tu n’as pas fait de rêve avec Maître Noir depuis tout ce temps, n’est-ce pas ? » demanda Néné.

« C’est probablement parce que je n’ai pas utilisé les Épées d’Étoile depuis si longtemps, » répondit Iska. « Même s’il m’a dit de les traiter avec précaution, elles avaient été confisquées par les Huit Grands-Apôtres. Je suis soulagé qu’ils me les aient rendues. »

Iska baissa les yeux sur les deux épées appuyées contre son siège.

La terre que traversait le buggy n’était affiliée ni à l’Empire ni à la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. Les terres désolées avaient même été désignées par le monde entier comme une zone naturelle où seules les bêtes sauvages résidaient. C’était une terre où il y avait même eu une fois un rapport concernant un énorme dragon qui avait été vu il y a longtemps. La route elle-même avait été classée comme sûre, mais dans tous les cas ce n’était pas un endroit où l’on devrait somnoler.

« Aaaaah, quel échec ~. Pourquoi ai-je dû m’inscrire à un travail à temps partiel juste au moment où Iska-nii se décidait à sortir ? » Avec un soupir remarquablement insatisfait, Néné lâcha le volant.

« Jhin donne un coup de main à l’armurier, et la capitaine Mismis fait du shopping, n’est-ce pas ? » demanda Iska.

« C’est vrai, mais ~, même Néné veut aller jouer dans la Cité Neutre avec Iska-nii, tu sais ? » déclara-t-elle.

La jeune femme à la queue de cheval avait posé sa tête sur les genoux d’Iska. Et tout cela, pendant que la voiture filait sur la route avec une terrifiante vitesse. Mais même ainsi, la jeune femme qui ne pouvait plus voir devant le véhicule manipulait parfaitement le véhicule en contrôlant le volant avec sa jambe.

« Néné, c’est dangereux si tu ne regardes pas pendant que tu conduis. Conduire avec ta jambe est un peu..., » déclara Iska.

« Mais ça fait si longtemps que je veux être avec mon Iska-nii, » déclara-t-elle.

« Est-ce que ça a été vraiment si long ? » demanda Iska.

Une fois de plus, Iska regarda négligemment Néné se trouvant en partie sur le siège du conducteur.

... Mais, elle est certainement devenue un peu plus adulte, non ? pensa-t-il. Elle était devenue plus grande à tous les niveaux, et on sentait que ses expressions étaient plus féminines.

C’était une année de puberté qui s’était écoulée pour elle.

Pendant qu’Iska était emprisonné, cette fille enfantine était devenue plus grande, et sa silhouette était devenue de plus en plus féminine. Il se posait la question quant à savoir si ces cheveux qui étaient retenus dans une queue de cheval étaient relâchés pour être libres, elle n’aurait pas eu l’air encore plus adulte.

« Hep. »

Néné avait soudainement corrigé sa posture et sa queue de cheval avait rebondi dans l’air alors qu’elle parlait avec insatisfaction. « Aaah... Nous sommes déjà arrivés. J’aurais dû rouler plus lentement. »

La Cité Neutre d’Ayin.

La ville construite sur une oasis au milieu des terres désolées était apparue alors qu’ils se dirigeaient vers la porte perçant les énormes murailles qui entouraient la ville.

« Merci Néné. Je vais prendre le bus régulier pour revenir, » déclara Iska.

« D’accord, d’accord. À plus tard, Iska-nii ! » déclara Néné.

« ... Oui. Hmm, en y pensant, où est le théâtre ? » se demanda Iska.

Après avoir vu le buggy roulé en produisant un nuage de poussière, Iska se tourna vers les rues de la ville.

La Cité Neutre... en réponse aux cent ans de conflit qui divisèrent l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, c’était le nom générique donné à la ville qui ne participait à aucun camp.

« La Cité Neutre, hmmm, ça fait longtemps, » déclara Iska. « Depuis combien d’années ne suis-je pas venu ici ? »

Iska jeta un coup d’œil à la rue principale où étaient alignés les impressionnants théâtres. À côté de la majestueuse et noble salle de concert en bois se trouvait un magnifique opéra avec un design moderne.

« Mais, comme d’habitude, c’est vraiment la foule, » déclara-t-il.

Il s’agissait de la terre où la culture et les arts fleurissaient. Tous les artistes qui détestaient la guerre entre l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis avaient été acceptés ici. Il s’agissait d’une terre où la peinture, la musique, la poésie et la sculpture parmi tous les autres types d’arts s’étaient hautement développées.

La Cité Neutre d’Ayin était la capitale de l’opéra. Les musiciens ambulants se trouvant dans la rue chantaient des chansons tous à leur guise, et les touristes remplissaient les rues partout où Iska regardait et ils étaient tous à écouter attentivement ces musiciens.

« ... Attends, c’est mauvais. Il est déjà temps que les rideaux se lèvent ! » s’exclama Iska.

Iska se précipita dans la rue principale tout en tenant fermement son ticket.

« C’est censé être le troisième bâtiment sur la rue principale, n’est-ce pas ? Merde, cela a déjà dû commencer ! » s’exclama Iska.

Iska se dirigea vers la vitrine d’un opéra avec un design moderne, utilisant des motifs blancs.

« Puis-je encore entrer ? C’était de peu... Merci, beaucoup ! » déclara-t-il.

Après cela, il avait continué à traverser tranquillement le chemin qui le menait vers la salle de spectacle.

« ... Excusez-moi. Je dois entrer, » ouvrant précautionneusement la porte, Iska entra dans la salle.

Comme le spectacle n’avait pas vraiment débuté, l’intérieur de la salle était noir. Tout en s’appuyant sur l’éclairage faible provenant des lumières d’urgence, il partit à la recherche de son siège assigné.

« La première rangée à l’étage supérieur, hein, » murmura Iska. « Comme on pouvait s’y attendre de la Capitaine Mismis, elle houspille même sur le siège des opéras. »

À cause de l’obscurité, il ne pouvait pas voir les visages de ceux qui l’entouraient, mais il pouvait dire qu’il s’agissait surtout des femmes en robes plutôt aisées et des nobles voyageant incognito en provenance d’autres territoires qui amenaient leurs familles avec eux.

« Maintenant, s’il vous plaît, profitez de L’Amour Brisé de la Chevalière Beatrix ! » Cette annonce avait pu être entendue dans toute la salle.

Les rideaux sur le pourtour de la scène s’étaient alors tous levés en même temps, et l’opéra avait commencé devant les centaines de spectateurs présents.

***

Partie 4

« Adieu, Beatrix, je ne peux plus vivre avec toi ! »

« ... Oui. Adieu, Ahzel. Je crois que la prochaine fois que nous nous rencontrerons ne sera pas dans une église, mais sur les champs de bataille. »

Nous nous trouvions au milieu de l’opéra. La performance émotionnelle de l’actrice jouant l’héroïne de l’histoire mélangée avec l’accompagnement musical de l’orchestre avait coloré la scène dans le chagrin et la passion.

« ... Aaah. J’ai maintenant compris. Je comprends maintenant pourquoi la capitaine Mismis aime tellement ce spectacle. » Mélangé avec les autres spectateurs passionnés par le spectacle, Iska murmura.

Touchés par la dignité et le mode de vie de la chevalière, ils avaient tous ressenti les émotions venant de son amour brisé. Actuellement, eux aussi étaient touchés par les circonstances douloureuses affectant Beatrix, et Iska pouvait sentir d’autres spectateurs qui étaient émus aux larmes et qui retenaient leur souffle. Pendant ce temps, pour une raison inconnue, il pouvait ressentir une sorte de sensation de froid juste autour de lui.

« Aah Beatrix ! Tomber amoureux d’un chevalier d’une nation ennemie... Peu importe combien tu l’aimes, il s’agit d’un amour qui ne pourrait jamais être comblé. Est-ce que c’est bien d’avoir un tel amour si douloureux ? C’est beaucoup trop cruel ! Pourquoi Dieu accorde-t-il... un sort si cruel... ? Uuu ! »

Dans tous les cas, il semblerait que la jeune femme assise à côté de lui était facilement émue aux larmes. Submergée par les émotions ressenties en raison de l’histoire, elle pleurait à chaudes larmes et elle semblait incapable d’essuyer toutes ses larmes, peu importe combien de fois elle s’essuyait le visage avec un mouchoir─, et Iska ne pouvait plus se concentrer pleinement sur la scène.

« Ce stupide Ahzel ! Pourquoi un homme comme lui vous aime-t-il !? »

« Chut, votre voix est trop forte, Mademoiselle Alice. Tout le monde regarde cela tranquillement. »

« M-mais... »

« Mon Dieu ! Qu’est-il arrivé au mouchoir ? Même si le vôtre était trempé de larmes, je vous ai également remis le mien. »

« ... Celui-là est aussi complètement trempé ! »

« Avez-vous autant pleuré !? »

La jeune femme essuyait ses yeux avec le dos de ses mains. Iska ne pouvait pas la voir clairement à cause de l’obscurité, mais à en juger par sa voix, il pouvait dire qu’elle était probablement dans son adolescence. Sa compagne dans le siège à côté d’elle semblait également être dans la même catégorie d’âge.

« Hum, vous pouvez le prendre si vous le voulez, » déclara Iska à la jeune femme à côté de lui.

« Hein !? » s’exclama la fille qui pleurait à chaude larme.

D’une voix calme, Iska avait sorti son propre mouchoir et l’avait proposé à celle qui se tenait sur le siège suivant.

Remettre un mouchoir à une dame dont on ne connaissait même pas le nom est une scène que les nobles aiment depuis très longtemps, pensa Iska... Mais cet acte n’est en vérité pas censé être quelque chose de particulier.

C’était vraiment sans arrières-pensées qu’il faisait ça. Mais cela s’était produit en partie, car Iska était incapable de rester là pendant que quelqu’un était troublé juste à côté de lui. Mais en vérité, il avait également le motif pragmatique qu’il ne pouvait pas se concentrer sur le spectacle alors qu’elle sanglotait comme ça à côté de lui.

« Je ne l’ai pas du tout utilisé et il est propre. Alors, euh, je pensais juste que vous seriez encore plus troublée si l’on vous laissait seule sans que personne vous propose son aide, » déclara Iska.

« ... » Elle devait avoir une certaine réticence à accepter un mouchoir de quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, mais même ainsi, elle semblait incapable d’arrêter ses larmes débordantes de ses yeux, alors, elle étira timidement sa main. « Merci beaucoup. »

Hmm !? À ce propos, où ai-je entendu cette voix avant aujourd’hui ? Se demanda-t-il.

Iska avait l’impression d’avoir trouvé cette voix familière, mais parce que sa voix était déformée par ses pleurs, il ne pouvait pas l’identifier avec précision. Cela avait dû être son imagination. En mettant rapidement cela de côté, Iska avait décidé de concentrer son attention sur les derniers instants de la pièce. Et ainsi le rideau tomba...

Les applaudissements du public avaient rempli le théâtre alors que les lumières avaient commencé à revenir.

« Uuu... * renifle *, comme c’est pitoyable, Béatrix ! »

« Mademoiselle Alice, regardez, c’est déjà fini. Avant que les lumières ne s’allument, s’il vous plaît, au moins finissez d’essuyer vos larmes. »

« M-Mais... »

La jeune femme se leva en essuyant son visage avec le mouchoir. Elle s’était ensuite inclinée vers Iska qui était toujours assis à côté d’elle.

« H-Hmm... Désolée d’avoir trempé votre mouchoir. Je vais vous rembourser pour cela. Rin, s’il te plaît, prend des dispositions pour lui présenter un cadeau fait du velours le plus fin. »

« Hein !? N -non, ce n’est pas nécessaire ! Ce mouchoir est quelque chose de bon marché, alors c’est correct ainsi, » déclara Iska.

« Non, ça ne va pas. C’est quelque chose qui m’a été accordé après avoir exposé un côté si embarrassant de ma personne. Ce n’est pas un problème quant à savoir si c’était bon marché ou non, » répondit la jeune femme.

Tout en agrippant le mouchoir avec ses deux mains, elle secoua la tête.

« Euh, permettez-moi une fois de plus d’exprimer mes remerciements, » après avoir murmuré cela avec sincérité, la jeune femme avait fait un pas en avant...

Et juste à ce moment-là, les lumières s’allumèrent complètement.

« Merci pour le... »

Sous le lustre brillant et lumineux, les cheveux blonds brillants de la jeune femme et ses jolis traits étaient apparus.

La Sorcière de la Glace de la Calamité Aliceliese.

Celui qui agrippait le mouchoir devant lui était l’auteur de la féroce bataille qu’Iska avait traversée il y a trois jours dans la forêt de Nelka.

« ... Hein !? » s’exclama-t-il.

« Pou... Pou-Pou-Pou-Pou-Pou-Pou-Pou-Pou-Pourquoi êtes-vous ici !? »

La jupe de la princesse Théocratie de la Maison Impériale Nébulis avait volé avec un bruit sourd. Elle ne portait pas les vêtements royaux de grande classe qu’elle avait sur les champs de bataille. À la place, elle portait plutôt une robe en une pièce que l’on pouvait trouver en vente dans n’importe quel magasin de vêtements dans n’importe quelle ville. Une aura totalement différente était dégagée par cette jeune femme qui voyageait incognito.

« Je vois, vous me surveillez depuis l’ombre. Très bien, permettez-moi de régler une fois pour toutes notre conflit, prêt... Ahhh ! » cria Alice.

« Mademoiselle Alice, vous ne pouvez pas faire ça ! Nous sommes dans la Cité Neutre ! » Celle qui avait bloqué les bras d’Alice par-derrière était sa préposée, Rin. « Dans cette ville, toutes formes de conflit sont strictement interdites. C’est la loi de la Cité Neutre. Même s’il s’agit de votre ennemi ancestral ou d’un général impérial, si vous lui mettez la main dessus... »

─ Loi Une, tout conflit dans la Cité Neutre est strictement interdit.

─ Loi Deux, en préambule de la précédente déclaration, celui qui a posé la main sur l’autre partie en premier est la partie violatrice.

─ Loi Trois, toutes les cultures sont acceptées, et le but premier de la ville est de s’amuser à l’aide des arts.

Il s’agissait des règles qui s’appliquaient à la Cité Neutre.

« ... Je le sais déjà. Si je faisais quelque chose ici, tous les territoires neutres le considéraient comme une violation des règles et cela se retournerait contre nous. Si cela arrivait, ce serait plutôt sérieux, » déclara Alice.

Rin relâcha les bras alors qu’elle se mordait les lèvres.

« Cependant, je n’aurais jamais imaginé que vous seriez venu apprécier l’opéra en vous tenant juste à côté de moi, » déclara Alice. « Pas étonnant que je ne pouvais pas me calmer. »

« Et ce n’est pas ça du tout. Vous sembliez tellement concentrée sur la pièce que vous n’avez pas arrêté de pleurer, » répliqua Iska.

« ~~~~~~~ !? C-C’était juste de la sueur qui provenait de mes yeux ! » répondit Alice. « Oubliez tout ce que vous avez vu aujourd’hui, vous m’entendez !? »

Alice recula d’un pas en frappant des pieds.

« Mademoiselle Alice, si vous parlez avec tant de force, vous attirerez bien trop de l’attention, » déclara Rin.

« Ahh !! Bon sang ! » s’exclama Alice.

Constatant enfin que le public environnant la regardait fixement, la jeune femme aux cheveux blonds qui avait les larmes aux yeux s’était mise à rougir encore plus qu’auparavant.

« Je vais me retirer d’ici. Je vous dis adieu, Iska ! » s’exclama Alice.

« ... D’accord. Prenez soin de vous, » répondit Iska.

Alice s’inclina gracieusement alors qu’elle soulevait sa jupe des deux mains d’une manière serait approprié à la cour.

« Mademoiselle Alice, qu’est-ce que vous faites ? » demanda Rin.

« Hein !? Ah... T-tu te trompes, Rin ! C’était la force de l’habitude ! » s’exclama Alice.

Après que la jeune femme avait semblé lui faire ses adieux comme elle le faisait au palais royal, elle s’était mise à rougir jusqu’à l’oreille alors qu’elle sortait du hall de l’opéra. Iska avait été laissé seul là où il se trouvait.

« Je suis celui qui a été choqué ici..., » murmura-t-il.

Puis, posant la main sur sa poitrine qui battait tel un marteau, Iska laissa échapper tout son souffle d’un coup.

***

Partie 5

« ... Je pensais que mon cœur allait s’arrêter de battre, » déclara Alice.

« Voilà ce que je voulais également dire. Mademoiselle Alice, qu’aurions-nous fait si vous vous étiez déchaînée en pleine salle ? » demanda Rin.

Laissant derrière eux la salle, elles passèrent devant la foule et arrivèrent à l’extérieur. Alice ressentit enfin un sentiment de soulagement au moment où elle arriva dans la rue principale,

« Sommes-nous suivies ? » demanda Alice.

« Nous ne sommes pas suivies. Jusqu’à ce que nous soyons sorties de la salle, cet épéiste n’a pas bougé d’un iota, » répondit Rin. « Cependant, nous devrions probablement faire l’hypothèse qu’il agira bientôt contre nous. »

La Cité Neutre ne faisait aucune distinction entre l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. Et comme les citoyens de l’un ou l’autre pays pouvaient librement venir ici, la possibilité de rencontrer quelqu’un de connu existait.

« ... Mais quand même, de penser qu’il était assis juste à côté de moi, » déclara Alice.

« En premier lieu, cet homme a déjà vu votre visage, » déclara Rin. « Tout autre soldat ne serait pas capable de vous reconnaître. Rencontrer des alliés ou des ennemis dans la Cité Neutre est quelque chose qui ne peut vraiment pas être évité en raison de la nature même de cette cité. »

« C-C’est vrai... ! » répondit Alice. « Allons prendre quelque chose à manger afin de nous ressaisir un peu. »

Après avoir fermé les yeux et secoué ses pensées oisives, Alice avait commencé à marcher dans la rue principale d’un pas décidé.

« Si je me souviens bien, il y a un célèbre restaurant de pâtes ici, » déclara Alice. « Après tout, mes préparatifs sont parfaits ! »

« Mademoiselle Alice, vous aimez vraiment les pâtes, hehe, » répliqua Rin.

« Je pourrais tout à fait n’avoir rien d’autre que des pâtes pendant un mois entier et cela ne me gênerait pas du tout, » répondit Alice.

« Que vous le puissiez ou non, vous ne devriez pas le faire, » répondit Rin.

« Ne sois pas si obstinée. Dans tous les cas, viens avec moi, » déclara Alice.

Puis, saisissant la main de Rin, elle se dirigea vers le nord de la rue. En arrivant au bout de la rue qui donnait sur la place, une pancarte pour un célèbre restaurant de pâtes apparut devant leurs yeux.

« Toutes mes excuses. La foule du midi vient juste d’arriver dans notre restaurant, » en regardant les deux filles qui venaient d’arriver, une serveuse portant un tablier avait baissé la tête et s’était excusée auprès d’elles. « Si vous avez une réservation ou si vous acceptez de partager une table, alors je pourrais tout de suite vous guider... »

« Cela ne nous dérange pas. Maintenant, Rin, allons-y, » déclara Alice.

Les deux filles s’étaient retrouvées placées sur le côté d’une table qui pouvait accueillir quatre personnes.

« Tenez Mademoiselle Alice, un peu d’eau pour vous, » déclara Rin en lui tendant un verre d’eau.

« Merci, Rin. Je viens de me rendre compte que j’avais vraiment très soif, » répondit Alice.

Peut-être parce qu’elle avait tellement pleuré lors de l’opéra, sa gorge était vraiment très desséchée. Elle avait immédiatement apporté le verre d’eau que Rin lui avait donné jusqu’à sa bouche. Et alors qu’elle venait de le faire, la serveuse avait guidé un autre client jusqu’à un siège libre de leur table.

« Monsieur Iska, nous avons bien confirmé votre réservation. S’il vous plaît, venez par ici, » déclara la serveuse.

« Buuu !? »

Et il était arrivé d’un coup devant elles. Pour la première fois de sa vie, Alice avait projeté l’eau qui était dans sa bouche avec la force d’un pistolet à eau.

« Wôw !? » En panique, le jeune homme avait reculé de quelques pas afin de s’éloigner de la table. « Qu’est-ce que vous faites ? »

« C’est ce que je voulais ─ * tousse *... E-eau, dans ma gorge... Que faites-vous ici !? » demanda Alice tout en toussant.

Avec une main à sa bouche, elle fronça les sourcils devant le jeune épéiste de l’Empire.

« Salaud, pas seulement une fois, mais déjà deux fois ! Comme je le pensais, vous suivez Mademoiselle Alice ! » Comme on pouvait s’y attendre, cette fois-ci, Rin fut incapable de se taire. Alors que Rin se levait de son siège, elle posa sa main sur le poignard caché sous sa jupe.

À ce rythme, elle va violer le tabou consistant à dégainer une arme dans la Cité Neutre.

Non. La clause interdisant le conflit stipule que « celui qui met la main sur l’autre est en faute. »

Si l’épéiste impérial attaquait en premier, Alice et Rin pourraient contre-attaquer affirmant carrément qu’il s’agissait d’autodéfense.

« Hmm ! N’êtes-vous pas encore en train de mal comprendre quelque chose ici ? » demanda Iska.

« Comment pouvez-vous être si effronté ? » demanda Rin. « Il n’y a plus de place pour le moindre doute. »

Iska leva les deux mains pour montrer qu’il n’avait aucune intention de résister. Et en réponse, Rin le pointa du doigt.

« Après notre séparation à l’opéra, n’alliez-vous pas faire vos propres activités ? Alors pourquoi êtes-vous venu dans ce restaurant ? Si vous avez une excuse à nous sortir, alors écoutons là ! »

« Je ne sais pas si vous le saviez, mais il s’agit du restaurant le plus proche de l’opéra. C’est également un lieu assez célèbre. D’ailleurs, c’est moi qui ai fait une réservation ici pour cette table. Quant à vous, n’êtes-vous pas celle qui vous êtes incrustées ici à ma table ? » demanda Iska.

« ... » Rin fut celle qui se figea en réponse à la réponse sans appel d’Iska. « ... Qu’en pensez-vous, Mademoiselle Alice ? »

« Il marque un point. Mais tu ne peux pas baisser la garde, Rin. Reste vigilante, » déclara Alice.

« Eh bien ! Vous savez, je peux vous entendre vous consulter ? » déclara Iska. « D’ailleurs, comme vous pouvez le voir, je ne suis pas armé. Après tout, j’ai laissé mes épées au poste de garde de la porte. »

Tout en levant les mains, Iska tourna sur lui-même. Rien qui ressemblait à une arme ne pouvait être vu sur sa personne.

Il semblait insister afin de bien montrer qu’il n’avait pas l’intention de se battre.

« ... J’ai compris. Pour l’instant, je vais vous croire, » déclara Alice.

Alice et Rin étaient assises côte à côte, et le jeune homme s’était assis en face d’elles.

« Mademoiselle Alice, est-ce vraiment correct ainsi ? » demanda Rin. « Même si nous sommes dans la Cité Neutre, siéger à la même table qu’un soldat impérial afin de prendre un repas est un peu... »

« Si nous nous retirons d’ici, ne semblera-t-il pas que nous aurions été intimidées par lui ? » demanda Alice.

La Sorcière de la Glace de la Calamité s’est enfuie. Si ce genre de rumeur se répandait, cela renforcerait le moral des troupes impériales, tout en rendant difficile pour elle de montrer son visage à ses subordonnés au sein de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis.

« D-Dans tous les cas, voyons ce que nous allons manger..., » déclara Alice.

Alice tendit délicatement la main afin d’attraper le menu posé sur la table. Et alors qu’elle avait fait ça, ses doigts touchèrent les bouts des doigts d’Iska alors qu’il était lui aussi allé chercher le menu posé sur la table.

« Kyaa !? D-Désolée ! » s’exclama Alice.

« ... Ah, non, je devrais aussi... Désolé, » déclara Iska.

Iska retira immédiatement sa main.

« ... S’il vous plaît, A-allez-y en première, » déclara Iska.

« ... Vous devriez aller de l’avant et décider en premier. Je vais vous céder sur ça. Vous avez tendu la main, n’est-ce pas ? » demanda Alice.

« ... j’ai tendu la main en pensant que je vous donnerais le menu, » déclara Iska.

« ... Je-j’avais également l’intention de faire ça ! » répliqua Alice.

À la suite de leurs négociations, le menu avait été laissé ouvert au milieu de la table, et il avait été décidé qu’Alice et Iska le liraient de gauche à droite tout en se tenant chacun d’un côté opposé de la table.

Il y a un défaut dans le fait que nos visages soient si proches.

Attends, à quoi est-ce que je pense ? Nous regardons seulement un menu, Alice détourna instinctivement son regard alors qu’elle pensait ça.

Ce n’était pas comme si elle n’avait pas d’hommes parmi ses proches dans la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, mais de retour au palais royal, elle ne connaissait pas un seul homme qui soit à un moment ou à un autre si proche d’elle. Elle n’y était pas du tout habituée.

« Hmm, » commença Iska.

Alors qu’il commençait soudainement à lui parler, Alice se mit instinctivement sur ses gardes.

« A-Avez-vous besoin de quelque chose ? » demanda Alice.

« Avez-vous décidé de quelque chose ? » demanda Iska.

Sale chienne, j’ai décidé de t’arracher l’un après l’autre tous tes membres ! Il s’agissait d’un soldat impérial donc il n’aurait pas été si étrange pour lui de faire une telle déclaration, mais à la place, il l’interrogea avec des yeux tournés vers elle.

« ... J’ai trouvé. Je voudrais passer commande, » déclara Alice.

« D’accord. C’est bon pour passer commande ici ! » annonça Iska en haussant un peu la voix pour se faire entendre de la serveuse.

Une serveuse toute souriante était venue vers eux depuis l’intérieur du restaurant.

« Que désirez-vous ? » demanda la serveuse.

« « Je voudrais avoir le saumon avec les pâtes fraîches à la crème et des courgettes. Je voudrais qu’elles soient cuites “ben cotta [1]” et je voudrais que la taille des portions soit petite. Après le repas, s’il vous plaît, je voudrais du thé noir avec un sucre. » »

Alice et Iska. Ils avaient tous deux déclaré exactement la même phrase au même moment. Leurs paroles étaient prononcées au même rythme et à la même intonation et c’était si harmonieux que cela pourrait être décrit comme charmant.

« ... Euh ? »

« ... Hein !? »

Ai-je vraiment dit ça ? Parce qu’ils avaient parlé d’une manière si fluide, même Alice elle-même pouvait penser qu’il avait été le seul à parler. Effectivement, de l’autre côté de la table, Iska avait également une expression perplexe.

« Chers clients, vous vous entendez vraiment très bien, hehe ! Êtes-vous ensemble ~ ? » demanda la serveuse.

« « Vous vous trompez ! » » Une fois de plus, leurs réponses étaient magnifiquement synchronisées.

« Mademoiselle Alice, calmez-vous, » déclara Rin.

« Ne dis rien, Rin. Je sais, c’est juste pour aujourd’hui. C’est tout simplement qu’une coïncidence d’une coïncidence d’une coïncidence ! » déclara Alice.

Alice prit une profonde inspiration d’une manière qui fit que le jeune homme devant elle ne serait pas capable de prévoir qu’elle le ferait.

... Tout va bien. Je suis calme... Il semble que ses goûts en matière de théâtre et de nourriture soient alignés avec les miens, mais ce n’est pas pertinent de penser à ça, pensa Alice.

Jusqu’à ce que la nourriture arrive, ils avaient enduré l’atmosphère inconfortable dans un silence complet.

« Dans tous les cas, la nourriture est arrivée. Mangeons pendant que c’est encore chaud, » déclara Alice.

Alice posa sa fourchette dans l’assiette de pâtes se trouvant devant elle et elle commença à la faire tourner pour enrouler les pâtes ─ elle s’arrêta alors et releva soudainement la tête. Un éclair de curiosité était soudainement apparu dans son esprit. Après avoir accumulé tant de coïncidences, il y avait une chose qu’elle voulait confirmer avec le soldat impérial se trouvant devant elle.

« Aimez-vous les pâtes ? » demanda-t-elle.

« ... Moi ? » demanda Iska.

Peut-être parce qu’il n’avait jamais pensé qu’elle lui parlerait au cours du repas, sa réaction avait été légèrement retardée.

« Il n’y a personne d’autre que vous en face de moi, non ? » demanda Alice.

« J’aime ça, » répondit Iska. « Non, je pourrais plutôt dire qu’il s’agit là de mon plat préféré. Je l’aime comme ça avec de la crème, mais c’est aussi délicieux quand elles sont seulement assaisonnées avec du sel et du poivre. »

« Oh mon Dieu ! Vous avez parfaitement saisi ce plat. C’est assez simpliste, mais également assez savoureux, n’est-ce pas ? » demanda Alice.

Chaque fois qu’elle en parlait à Rin, la seule réponse qu’elle avait reçue était : « S’il vous plaît, mangez de tout sans être pointilleuse sur ce qui est bon ou mauvais. » Et quand Alice avait parlé aux serviteurs travaillant dans le palais royal, ils n’avaient fait que répondre assez sèchement. « C’est bien, » et ils avaient coupé court à la conversation.

Et ainsi la réponse du jeune homme de l’Empire était une nouvelle sensation de fraîcheur pour Alice.

C’était amusant.

Et donc elle avait naturellement fini par être excitée en parlant à Iska.

« Mais pour moi, quand il fait chaud dehors, je ne peux pas laisser passer un bon plat de pâtes froides aux légumes, » déclara Alice.

Ce à quoi l’épéiste avait répondu. « Aah, les pâtes froides aux légumes sont assez agréables, non ? Chaque fois qu’ils vendent des tomates bien sucrées sur le marché, je prépare une telle recette avec. »

« Tout à fait d’accord ! » répondit la jeune femme. « Les pâtes froides avec des légumes et des tomates ne sont-elles pas délicieuses ? Moi aussi ! Moi aussi ! Quand il fait si chaud dehors, même si c’est tous les jours... »

« Mademoiselle Alice, vous avez arrêté de manger, » interrompit Rin.

« ... Ah, » après avoir été sermonnée par Rin qui s’éclaircissait la gorge, Alice laissa échapper une voix calme.

Le jeune homme devant ses yeux était un soldat de l’Empire. Il avait vu son visage. Il était également un combattant qui valait au moins un millier d’hommes et qui était largement au niveau des Saints-Apôtres. Elle avait complètement oublié tout cela.

« D-Désolé. J’ai interrompu votre repas..., » murmura Iska.

« Je-je dois également m’excuser..., » déclara Alice.

Les deux opposants s’étaient inclinés en même temps tout en s’excusant.

Et une fois de plus, la scène d’un repas tranquille était revenue. Du moins, c’était ce que pensait Alice jusqu’à ce que sa servante qui avait déjà fini de manger commençait à marmonner d’une voix calme. « C’est le bon sens que les pâtes doivent être cuites “al dente” [2]. C’est pourquoi les amateurs sont si... »

« « Absolument pas d’accord. Elles doivent absolument être “ben cotta !” » »

Alors que Rin laissait échapper un soupir, Alice et Iska criaient ensemble avec une parfaite synchronisation quant à leurs paroles et à leurs rythmes.

Notes

  • 1 ben cotta : Bien cuit en italien. En italien dans le texte.
  • 2 al dente : La traduction française du terme italien « al dente » est « à la dent », sous-entendu « qui soit ferme sous la dent ».

***

Partie 6

Dans la sphère céleste noire du paradis, les étoiles dans le ciel brillaient telle une boîte à bijoux.

Tout en ayant un nombre incalculable de constellations, une étoile filante était apparue dans le ciel. Il s’agissait d’un ciel nocturne visible depuis le palais royal qui faisait qu’Alice ne douterait pas que cela soit la plus belle vue du monde. Cependant, elle ne la regardait même pas en ce moment.

« Mademoiselle Alice, s’il vous plaît, gardez ce qui s’est produit au cours de cette journée strictement pour vous, » demanda Rin.

« ... » Alice écoutait Rin alors qu’elle était allongée sur son lit.

« Bien sûr, je devrais signaler tout cela à Sa Majesté la Reine. Après tout, même si ce n’était pas un champ de bataille, vous avez rencontré un soldat impérial, » déclara Rin.

« Vous ne pouvez pas combattre dans la Cité Neutre, » répliqua Alice. « Rin, n’as-tu pas dit quelque chose comme ça ? »

« Je n’aurais jamais imaginé qu’après l’opéra, nous allions nous asseoir avec lui pour prendre un repas, » répondit Rin.

Dans la chambre personnelle d’Alice dans le palais royal de Nébulis, la « Boîte à Bijoux à Clochettes », Rin se tenait près du mur alors qu’elle parlait d’une voix inhabituellement émue.

« Heureusement, d’après la conversation que nous avons eue aujourd’hui avec lui, il semblerait qu’il ne parlera pas du secret de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, » continua Rin. « Si je n’avais pas confiance en ce fait, c’est quelque chose qui devrait être signalé à Sa Majesté la Reine, peu importe ce qui se passera après ça. »

« ... Je le sais déjà, » répondit Alice.

L’autre partie était un chien de compagnie du vil Empire. Il faisait partie de ceux qui avaient persécuté ses ancêtres en tant que sorcières et sorciers. Iska était l’un d’entre eux. Cependant, qu’était-ce que cette sensation d’insatisfaction gonflant en elle ?

« Ceci, » murmura Alice.

À côté de son oreiller se trouvait un mouchoir tout à fait ordinaire. Il avait dit que c’était quelque chose qui pourrait être acheté partout où vous pouviez trouver ce genre d’article.

« J’ai raté ma chance de le lui redonner..., » murmura Alice.

Il s’agissait du mouchoir qu’elle avait emprunté à l’opéra. Parce que c’était quelque chose qu’elle avait utilisé afin d’essuyer ses larmes, elle ne pouvait pas le retourner dans l’état où il était actuellement. D’un autre côté, elle ne savait pas quoi faire avec et elle avait fini par le prendre avec elle.

« Il s’agit là d’un effet personnel d’un soldat impérial, » déclara Rin. « Il devrait n’y avoir aucun problème à le jeter à la poubelle. »

« ... Mais... » murmura Alice.

« Je l’ai dit déjà. Alors, s’il vous plaît, oubliez tout ce qui s’est produit aujourd’hui, » continua Rin. « L’épéiste connu sous le nom d’Iska est un ennemi. Il n’est pas seulement l’ennemi votre ennemi, Mademoiselle Alice, mais il est également l’ennemi de toutes les personnes qui sont vos camarades. »

Rin releva sa jupe. Et au moment où Alice pensait cela, Rin avait saisi à deux mains les dagues qu’elle avait dissimulées là afin de se défendre.

Cela n’avait pris qu’un instant.

Des aiguilles minces en métal, du fil d’acier et même de petites bombes étaient également cachés sous sa jupe. Il y avait un grand nombre de sombres outils cachés dans ces vêtements de femme de chambre dont Alice ne connaissait même pas de nom approprié pour eux.

Elle était un génie qui maîtrisait tous les arts martiaux. Il s’agissait de l’autre visage de la jeune femme connue sous le nom de Rin.

« Le vieux maître de la tour d’entraînement était assez déçu, » déclara Alice. « Comme une élève qu’il avait entraînée pour maîtriser l’épée, la lance, le tir à l’arc, la torture et tout ce qu’il savait s’est retrouvée, être une simple préposée. Même si cette petite fille a eu le talent pour devenir la plus grande artiste martiale de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. »

« Il s’agit d’une sale habitude du vieux maître de devenir bavard quand il est en état d’ébriété, » répliqua Rin. « Mais même ainsi, je ne peux pas imaginer une scène annonçant ma victoire dans la bataille contre l’épéiste connu sous le nom Iska. Que ce soit avec une épée ou dans les arts martiaux, ou même en utilisant mon Esprit des Étoiles à son effet maximum. »

« Même pour toi ? » demanda Alice.

« Oui. Selon la bataille, je pense que même le vieux maître serait en danger face à lui, » répondit Rin.

Tout en produisant un bruit, Rin rengaina les dagues dans leurs fourreaux.

« Mademoiselle Alice, vous devriez faire de votre mieux pour le comprendre. Vous avez révélé à un simple soldat la “Fleur de Glace” dont vous avions même cachée l’existence aux Apôtres... Cet épéiste est un monstre. À un moment donné, quand vous devrez défier l’Empire, celui qui se poserait comme le plus grand obstacle pourrait très bien être cet épéiste. »

L’expression de Rin alors qu’elle disait ça semblait être mélangé avec de la vexation. En dépit d’être l’escorte d’Alice, elle savait maintenant qu’il y avait un adversaire dans l’Empire contre qui elle ne pouvait pas gagner. Elle avait probablement ressenti sa propre dévalorisation.

« Et bien, même si vous avez quelque chose en tête aujourd’hui, s’il vous plaît, oubliez tout ça. Cet épéiste est la plus grande composante de la gêne occasionnée à la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis. »

Les conseils de Rin étaient raisonnables. La force d’Iska était quelque chose qu’Alice elle-même voyait comme inhumain. Basée sur le fait qu’il était encore dans son adolescence, elle ne pouvait même pas imaginer à quel point il deviendrait un adversaire terrifiant après avoir accumulé encore plus d’expérience et d’entraînement.

... Cependant, de l’atmosphère présente pendant la journée.

... Elle ne pouvait pas sentir un seul indice de cet effroi à vous glacer le sang.

Rin avait dit qu’il était naturel qu’il réfrène son esprit combatif dans la Cité Neutre, mais Alice avait un autre point de vue. À ce moment-là, il n’avait absolument aucune soif de sang présente en lui. Ce n’était pas qu’il réprimait ou effaçait son esprit combatif, il n’avait vraiment pas l’intention de se battre.

... De plus, son Esprit des Étoiles n’avait pas même réagi une fois au cours de ce laps de temps.

... Alors même que ce même esprit lui disait quand ses subordonnés avaient le moindre mécontentement envers elle en eux.

Son Esprit des Étoiles ne le considérait pas à ce moment-là comme un ennemi.

Et pour couronner le tout, ils avaient regardé ensemble un opéra, ils avaient pris ensemble un repas, et pendant un instant, elle avait baissé la garde. Le fait qu’elle était consciente de cela était probablement le plus gros problème.

Elle ne pouvait pas devenir complètement impitoyable envers lui. Et elle se souvint de son hésitation à jeter le mouchoir qu’il lui avait donné avant ça.

« ... Mais je crois que Rin, tu es également responsable, » déclara Alice.

« Dans quel sens ? » demanda Rin.

« Parce que tu as dit quelque chose comme : “C’est le bon sens que les pâtes soient cuites ‘al dente’” que je me suis retrouvée étrangement en accord parfait avec Iska, » répondit Alice.

« Tout ce que j’ai dit était la vérité. Les pâtes sont à leur maximum quand elles sont “al dente”. Je ne reconnaîtrai aucune objection, » répliqua Rin.

« Andouille ! » riposta Alice.

Elle jeta son oreiller sur sa préposée qui se tenait au loin, puis Alice s’enveloppa sous sa couverture.

***

Dans le secteur 3 de la Capitale Impériale, au premier étage du Baraquement Impérial 03.

Dans sa chambre, Iska était couché de tout son long sur le sol, fixant le plafonnier.

« Je ne peux pas dormir, » murmura-t-il.

Même si ses paupières étaient lourdes, et même quand il fermait les yeux pendant plusieurs heures, sa conscience refusait de s’estomper.

Était-ce de la nervosité ? Ou peut-être de l’exaltation ?

... Les deux étaient faux.

... C’était sûrement parce qu’il l’avait vue.

Le visage d’Alice, que tout l’empire craignait comme la Sorcière de la Glace de la Calamité, appréciait exactement le même opéra que quelqu’un de l’Empire, prenait un repas avec lui et se réjouissait de tout ce qu’elle voyait dans la Cité Neutre.

« Rien que des mensonges, » ce qui était sorti de sa bouche n’était qu’un petit murmure semblable à une douce brise. « L’Empire a propagé des rumeurs comme quoi la Sorcière de la Glace de la Calamité était un monstre insensible. Pourtant, elle a tellement pleuré au cours de l’opéra. Comme je le pensais, les Mages des Étoiles ne sont-ils pas que des individus tout à fait comme les autres ? »

Ce visage qu’elle lui avait montré ce jour-là...

Dans l’Empire, combien de personnes qui abhorraient les Mages des Étoiles pourraient conclure qu’Alice était la Sorcière de la Glace de la Calamité en la voyant sangloter comme ça ? Cette fille qui était si délicate et sensible.

Lui de l’Empire, et Alice de la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis... pas une seule chose n’était différente entre eux. Ils étaient juste des êtres humains tout à fait normaux...

« ... Aaaah, zut ! Je ne peux pas m’endormir ! » s’écria Iska.

***

« ... Aaaah, zut ! Je ne peux pas m’endormir ! » s’écria Alice.

Et en même temps, séparés par la grande distance présente entre l’Empire et la Théocratie de la Maison Impériale Nébulis, un jeune homme et une femme se plaignaient tous les deux de la même manière.

***

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