Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 3

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Chapitre 3 : Rébellion à Atlantica

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Chapitre 3 : Rébellion à Atlantica

Partie 1

« L’Albatros est de retour ! On dirait qu’Isabelle a ramené des navires supplémentaires avec le butin », s’écria un pirate qui faisait le guet dans une des tours de guet d’Atlantica.

Le navire d’Isabelle était suivi par le navire marchand de taille moyenne, où Sérignan et moi nous cachions, ainsi que par le plus grand navire, qui était rempli d’Essaims Éventreurs. Il était assez semblable au Cheval de Troie. Pour l’instant, le plan se déroulait sans problème et Isabelle ne donnait aucune indication qu’elle cherchait à nous trahir.

J’avais demandé aux Essaims Éventreurs de surveiller attentivement la situation. Heureusement, contrairement à une armée humaine, aucun membre de l’Arachnée ne défierait les ordres et n’agirait de manière incontrôlée.

L’Albatros s’était habilement dirigé entre les rochers, nous menant droit dans la cachette du pirate. Non seulement l’Atlantide était absente de toutes les cartes marines, mais le récif servait aussi à garder les pirates cachés.

J’imaginais que cette grotte était naturelle et qu’elle avait été agrandie par la suite par la main de l’homme. Elle avait une ouverture dans le plafond qui permettait à la lumière du soleil et à l’air frais de circuler à l’intérieur, et elle était structurée de manière à ne pas être inondée même à marée haute.

C’était comme une base de pirates tout droit sortie d’un conte de fées. Le simple fait d’être là remplissait mon cœur d’excitation et d’esprit d’aventure. J’avais dû retenir une envie d’aller

« Arrr ! »

Les pirates d’Atlantica s’étaient précipités sur le quai, en criant d’excitation.

« Isabelle est là ! »

« Quels sortent de trésors as-tu ramené aujourd’hui !? »

« Oh, le butin qu’on a trouvé cette fois est si bon que tu n’y croiras pas », répondit en souriant un des pirates de l’Albatros.

« Eh bien, notre butin cette fois-ci est sur ces autres navires », dit Isabelle en faisant un geste derrière elle.

« Regardez-les bien. Des jolies belles filles, n’est-ce pas ? Elles devraient aussi se vendre pour une jolie somme. Si l’un d’entre vous les veut, je peux vous les vendre à prix réduit. On pourra commencer à négocier une fois qu’on aura déchargé. »

« Avec des navires aussi gros, on peut faire des raids tant qu’on veut ! »

Les pirates regardaient les navires avec avidité.

« Ouais, ouais. Combien allez-vous me prendre cette fois-ci ? »

« Quarante pour cent. Désolé, ce sont les ordres de Blasco. Les dirigeants disent que c’est la taxe maintenant. Donnez-la-moi, Isabelle. »

« Très bien, très bien, prenez vos quarante pour cent. J’en ai tellement cette fois, je m’en fiche. »

L’impôt d’Atlantica était à l’origine un dixième de ses gains, mais il avait progressivement augmenté depuis. C’était probablement la raison pour laquelle les pirates étaient si mécontents. Je pouvais comprendre qu’ils soient mécontents. Quelqu’un d’autre continuait à prendre une grande partie de leurs revenus. Leurs supérieurs se réfugiaient dans la base d’Atlantica tandis que les pirates bravaient le danger pour rapporter des trésors, pour se voir ensuite retirer une partie de leurs gains.

En apparence, les supérieurs ne se contentaient pas d’empocher les impôts, mais les utilisaient plutôt pour couvrir les dépenses et faire fonctionner Atlantica. Mais, d’après ce qu’Isabelle m’avait dit, ces dirigeants étaient corrompus et utilisaient l’argent pour leur profit personnel.

« Nous allons donc prendre cette part. »

Les pirates souriaient en grimpant sur l’échelle du quai pour jeter un coup d’œil au trésor, ignorant tout simplement quelle sorte de « trésor » les attendait.

« Hein ? Quoi !? Est-ce que vous avez volé une sorte de bétail ? » demanda un des pirates quand il vit quelque chose se tordre dans la cale du bateau.

Une fraction de seconde plus tard, l’homme tomba à terre. Il s’écrasa et se tordit sur le sol, en écumant à la bouche.

« Mais qu’est-ce que… !? Qu’est-ce qui vous est arrivé ? ! », demanda un de ses camarades, visiblement choqué.

« Regardez ça ! » cria un autre tout en pointant du doigt.

Les pirates avaient enfin repéré les Essaims Éventreurs. Ils avaient rampé hors de la cale dans laquelle nous nous cachions, leurs pieds s’écrasant contre le pont, et s’étaient précipités sur les pirates.

« Eeek ! Monstres, monstres ! »

« Oh, mon Dieu ! Dieu de la Lumière, Dieu de la Mer, Dieu des Navires, Dieu de… Pirates, je ne sais pas ! Que quelqu’un me sauve ! »

La seule vue des Essaims Éventreurs suffisait à démoraliser les pirates. Seuls quelques braves avaient osé affronter les créatures après les avoir vues de près.

Ils sont cependant si mignons…

« Le bateau grouille de monstres ! »

« C’est une malédiction ! Le trésor est maudit ! »

Les pirates sur le quai n’avaient pas d’armes sous la main et ne pouvaient que rester là, figés de terreur. C’était en fait un soulagement, car je voulais éviter toute effusion de sang si possible.

« Écoutez-moi bien, vous tous ! Les chefs sont corrompus ! Atlantica était un endroit où les pirates s’entraidaient, mais plus maintenant ! Ces salauds nous ont tous sous la main, et depuis, ils ne font que taxer et exploiter ! », cria Isabelle depuis l’Albatros.

Bien qu’ils se méfiaient encore des Essaims Éventreurs, les pirates s’étaient progressivement tournés vers Isabelle.

« J’en ai assez de cette Atlantica ! C’est pourquoi je vais faire tomber ceux qui ont fait ça et ramener notre île à sa gloire d’antan ! Atlantica sera de nouveau un lieu où les pirates se rassembleront et s’entraideront ! Où les impôts sont minimes, où les conseillers changent sans cesse ! »

« Ça ressemble plus à Atlantica ! »

« Bravo, bravo ! »

Des acclamations éclatèrent dans la foule.

Ils en ont vraiment marre de tout ça. Isabelle avait raison, ils détestent le fait que les dirigeants d’Atlantica prennent une énorme part de leurs revenus. Je serais probablement aussi assez énervée si mon employeur commençait à prélever la moitié de mon salaire sous forme d’impôt arbitraire.

« Quiconque est prêt à détruire ces connards devrait se joindre à ces insectes ! Si vous ne voulez pas vous battre pour le bien, eh bien, vous allez plutôt devenir un repas savoureux pour les insectes ! Allez, faites vos choix, les gars ! »

Avec les monstrueux Essaims Éventreurs sous les yeux, les pirates hésitèrent. Ils auraient pu détester la façon dont ils avaient été traités par les chefs de la colonie, mais ils hésitèrent à se rebeller contre eux.

Accepter la proposition d’Isabelle ne serait-il pas simplement vu comme une invitation à la vengeance ? À supposer qu’ils commencèrent une révolution, y avait-il une chance qu’ils puissent gagner ? Ce genre de doutes freina les pirates.

« Vous voyez ces choses ? ! Ce sont eux qui ont détruit le royaume de Maluk et le duché de Schtraut ! Aucun pirate ne peut les battre ! Croyez-moi, on a essayé… et ils nous ont botté le cul ! »

« Pourquoi les avez-vous amenés ici ? ! Les insectes vont s’emparer d’Atlantica ! », s’écria un pirate sur le quai.

Sa question était justifiée, c’était exactement pourquoi il était temps pour moi de faire une apparition.

« Vous pouvez être rassuré, messieurs. Je suis la reine de l’Arachnée, celle qui mène ces monstrueux insectes. Aucun mal ne vous sera fait, tant que vous resterez tranquille. Je vous promets ici et maintenant que je n’ai aucun désir de conquérir Atlantica. », lui dis-je en me dirigeant vers le pont.

« Reine de l’Arachnée… ? »

Les pirates m’avaient regardée avec suspicion.

Mais leurs doutes n’avaient duré qu’un instant. Les Essaims Éventreurs environnants baissèrent la tête et levèrent leurs faux, me reconnaissant par leur geste de fidélité. Sérignan sortit également de derrière moi et s’agenouilla respectueusement. En voyant ce spectacle grandiose, les expressions des pirates s’étaient transformées en un choc total.

Il semblerait qu’ils aient réalisé que je suis vraiment le chef de l’essaim.

« Ces choses-là l’écoutent vraiment ? »

« C’est juste de la folie… »

« J’ai une proposition à vous faire. Je souhaite que nous devenions des alliés. Nous vous soutiendrons financièrement. Maintenant que nous avons conquis le royaume de Maluk et le duché de Schtraut, nous avons des richesses nombreuses et inimaginables, que je suis tout à fait disposée à partager avec vous. En échange, nous voulons acheter votre coopération et votre force. », avais-je poursuivi, un faux sourire en coin.

« Alliés… ? »

« Nous vous offrirons notre soutien, et en échange, vous attaquerez le Royaume Papal de Frantz. C’est la motivation derrière cette alliance. »

Je voulais envoyer ces pirates sur le Royaume Papal. Ils n’avaient pas forcément besoin d’entrer en guerre avec la marine de Frantz, il suffisait qu’ils attaquent sans relâche les rouages commerciaux du Royaume et qu’ils provoquent la marine pour qu’elle contre-attaque.

Cela nous permettrait d’éviter le pire scénario, dans lequel la marine de Frantz attaquerait le vaste littoral de Schtraut. Mon plan consistait essentiellement à utiliser les pirates d’Atlantica à la place d’une marine et à leur demander d’éloigner l’ennemi de nos côtes. Si nous échouions, nous serions confrontés à la possibilité très réelle que Frantz puisse effectuer un débarquement sur nos côtes.

« Qu’est-ce que vous en pensez ? Acceptez-vous ? »

« Allez-y, décidez, imbéciles. Vous voulez continuer à travailler sous les ordres de ces deux bâtards cupides ? Ou vous préférez vous associer à la plus grande force du continent, reprendre ce qui est à nous, et vous enrichir ? », insista Isabelle.

« Au diable les chefs ! Je fais partie de cette alliance. Je veux voir leurs têtes rouler ! »

« Ouais ! J’en ai assez qu’ils nous traitent comme des esclaves ! »

Tous les pirates présents étaient prêts pour la révolution.

« Oui, bon choix, les gars ! Amenez tous les capitaines ici, et donnons-leur aussi le choix ! La richesse ou l’esclavage ! », dit Isabelle en souriant.

Sur l’ordre d’Isabelle, des pirates et des Essaims Éventreurs se dispersèrent, cherchant à convoquer les autres capitaines pirates sur le quai. La plupart des pirates avaient l’air confus au moment où ils s’approchèrent des navires. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait, et ils avaient clairement peur des Essaims Éventreurs.

« Que se passe-t-il, Isabelle ? Qu’est-ce que ces monstres font ici ? », s’écria l’un des capitaines.

« Ce sont mes alliés. Et selon la façon dont tout se passe, ils pourraient aussi devenir vos alliés. », s’exclama Isabelle.

« Je suis la reine de l’Arachnée. Je commande ces monstres, et je veux former une alliance avec vous. », avais-je dit aux capitaines.

« Vous voyez, je vais coopérer avec Sa Majesté ici présente pour purger les chefs et toute la corruption qui les accompagne. »

Jusqu’à présent, tout le monde agissait de façon très rationnelle.

« Vous allez tuer les commandants ? », demanda un autre capitaine, les yeux écarquillés.

« Oui. J’ai vu des punaises de lit moins gênantes qu’Achille et Blasco. Ils se détendent ici, tranquillement, et ils ont eu le culot de demander une taxe de quarante pour cent. Et vu la façon dont ça se passe, je les vois bien les augmenter jusqu’à 50 ou 60 %. »

« Vous voulez garder vos profits pour vous, non ? Isabelle essaie de faire en sorte que ça arrive, et nous sommes prêts à l’aider. Les monstres ici sont tous prêts à l’aider de toutes les manières possibles. », avais-je ajouté.

Évidemment, je n’avais aucun moyen de savoir si Isabelle allait vraiment réaliser l’utopie qu’ils désiraient. Mais, au moins, j’avais besoin des pirates pour maintenir la marine de Frantz occupée pendant quelques années jusqu’à la fin de la guerre. Quant à ce qui arrivera après…

Voyons comment les choses se passent. Et ce qui devra arriver arrivera.

« Je te rejoins. »

« Vraiment, Gilbert ? Brave homme », dit Isabelle avec joie.

« Pareil pour moi. »

« Avons-nous vraiment le choix ? Si on dit non, ces insectes vont nous manger. »

Les capitaines s’étaient mis d’accord les uns après les autres.

« Très bien. J’en suis », cria le dernier capitaine, en tapant du poing sur un bureau voisin.

« Tout le monde est d’accord, hein ? Heh ! Envoyons ces pigeons au casier de Davy Jones. » (NdT : Le casier de Davy Jones est une formule utilisée pour signifier le fond de la mer, là où reposent les marins perdus.)

Le sourire d’Isabelle était délicieusement désagréable.

***

Partie 2

« Trouvez Blasco et Achille, ainsi que tous les serpents qui travaillent pour eux ! Une fois que vous les aurez flairés, nous nous occuperons d’eux ! »

« Où se cachent-ils d’habitude ? », avais-je demandé.

« Dans la pièce la plus haute surplombant la zone, mais aucun d’entre eux est là. J’ai envoyé vos monstres les chercher, ils sont à leur recherche en ce moment. », répondit amèrement Isabelle.

« Hmm. Les Essaims Éventreurs ont un sens de l’odorat très développé, ils devraient donc être capables de traquer vos chefs. »

« Ouais ? Et bien, c’est bien. Ils pourraient avoir un port caché que nous ne connaissons pas. On doit les trouver et s’assurer qu’ils n’iront nulle part. »

Heureusement, les Essaims étaient au même niveau que les chiens de chasse en ce qui concernait les traces. Cela mis à part, j’étais toujours déconcertée par le fait que tous les pirates avaient pris le parti de la révolution. Tout le monde, des plus petits membres d’équipage aux capitaines chevronnés, s’était joint à nous, même si la présence des essaims Éventreurs les y avait incités.

Peut-être l’idée que la fortune et le statut des dirigeants seraient répartis entre tous était-elle trop lucrative pour être laissée de côté… Ou peut-être que la corruption des dirigeants avait simplement aggravé la situation des pirates jusqu’à un point de rupture.

J’avais pris une note mentale pour éviter de monopoliser tous les trucs amusants afin que l’Essaim ne finisse pas par se retourner contre moi. Après tout, seul mon petit groupe avait pu profiter d’un plongeon dans l’océan et d’un barbecue. Les autres Essaims méritaient aussi un peu de temps libre.

« Vous n’avez pas à vous inquiéter, Votre Majesté. L’essaim est tout en un et un en tous. Votre joie nous donne à tous de la joie. L’Arachnée ne se disputera pas la richesse comme les humains en ce lieu. », m’assura Sérignan.

« Tu as raison, Sérignan. Nous sommes un vrai collectif. Ma joie est la joie de tous, et le chagrin de tous est mon chagrin. », dis-je en faisant un signe de tête.

L’Arachnée était essentiellement un esprit d’Essaim, et la conscience collective nous reliait tous. Il n’y avait pas de disparité de richesse, et toutes les émotions — le bonheur, le chagrin, la colère ou le plaisir — étaient partagées par tous. Cela signifiait qu’il n’y avait pas de place pour les différences, sans parler de discrimination. Bien au contraire, en fait. Tout Essaim individuel se sacrifierait volontiers pour le bien du groupe.

Notre unité était à toute épreuve, et cette harmonie faisait de l’Arachnée une sorte de société idéale. Si j’envoyais tous les pirates ici dans un four de conversion, ils n’auraient plus jamais à se chamailler.

« Votre Majesté, nous avons découvert l’un des chefs. Nous allons y mener les pirates », rapporta l’un des Essaim Éventreurs.

« Bon travail. Capturez-le. »

Un de moins.

« Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Vous savez à qui vous avez affaire ici ? ! Je suis le putain de chef d’Atlantica ! »

Bientôt, mes Essaims Éventreurs traînèrent un gros homme portant un cache-œil.

« Eh bien, eh bien, si ce n’est pas Achille. Quoi, Blasco n’est pas fourré dans ton cul comme d’habitude ? » demanda Isabelle en le narguant.

« Isabelle ! Est-ce toi qui es derrière tout ça !? », cria Achille.

« C’est moi qui pose les questions ici. Tu sais que ton autorité ne vaut plus rien, hein ? On t’a fait descendre de tes grands chevaux pour te faire tomber dans la boue. Maintenant, sois un bon garçon et réponds à ma question : où est Blasco ? »

« Merde ! Je ne sais pas ! », dit Achille, en se débattant pour se débarrasser de ses ravisseurs.

« Je me suis caché dès que j’ai entendu parler de la rébellion ! Comment saurais-je où cette merde s’est enfuie !? »

« Oh, tu ne le sais donc pas. Eh bien, nous le trouverons nous-mêmes. C’est vraiment dommage. Dire que je pensais t’épargner si tu nous aidais. »

Isabelle haussa les épaules.

« A-Attends, Isabelle ! On peut s’arranger ! Si tu nous laisses partir, tu peux avoir tout le butin qu’on a empilé dans le coffre ! Ça sonne bien, non ? N’est-ce pas ? »

Le ton d’Achille avait changé.

« C’est sûr… Eh bien, j’aurais accepté avant que tu te décides de prendre la moitié de mon butin. Il est bien trop tard pour ça maintenant. Reste tranquille et accepte ton destin comme un homme. »

« Soyez tous damnés ! Avez-vous oublié qui vous a fait passer de bons à rien en pirates qui valent une sacrée valeur ? ! C’était nous ! Moi, Blasco, et le reste de la bande ! On vous a donné des bateaux ! Nous vous avons laissé utiliser Atlantica comme cachette ! C’est grâce à nous que vous pourriez même… »

J’avais silencieusement ordonné à un des Essaims Éventreurs de le piquer.

« Arrête de crier, vieux schnock. N’as-tu pas une once de dignité ? »

Isabelle lança un regard exaspéré et dégoûté sur Achille, alors que l’Éventreur l’attachait.

Au moment où nous l’avions aligné avec certains de ses sous-fifres, un des pirates de l’Albatros s’était précipité pour livrer une nouvelle alarmante.

« Sœur ! C’est mauvais ! »

« Qu’est-ce qui ne va pas ? »

« La chambre forte est vide ! Le trésor a disparu ! »

« Quoi !? »

L’expression d’Isabelle s’assombrit.

Le trésor des chefs — qui avait joué un rôle important dans l’unité des pirates — avait disparu.

« Blasco, ce salaud de rat ! Il a dû voler le trésor ! », cria Isabelle.

Je m’étais alors levée.

« Calme-toi, Isabelle ! Crois-moi, il ne va pas s’en tirer comme ça. Mes essaims ont déjà détecté quelqu’un qui correspond à sa description, essayant de s’échapper d’Atlantica avec une tonne de caisses en bois. Achille ici présent essayait juste de vous piéger. »

« Merci, je vous en dois une. Atlantica a besoin de ce truc ! On ne peut pas laisser Blasco l’avoir ! »

« Allons-y ! Il est par là ! »

J’avais sauté sur le dos d’un Essaim Éventreurs et j’avais fait signe à Isabelle et à son entourage de me suivre.

Nous nous étions précipités dans les tunnels qui traversaient l’Atlantica. Voyager avec des pirates à travers cette forteresse naturelle me fit frissonner d’excitation.

« Il devrait être par ici… Là, n’est-ce pas lui ? »

Après avoir traversé un étroit tunnel difficile à trouver, nous étions sortis dans une grotte ouverte de l’autre côté. Devant nous se trouvaient un petit quai et un galion de taille moyenne qui y était amarré. C’était un quai séparé, caché, que les autres pirates n’avaient jamais connu. Et là, au bout, se trouvait l’homme que nous cherchions.

Bingo.

« Blasco ! »

Isabelle sortit son coutelas et lui fonça dessus.

Oh, tu as un sacré tempérament, ma chère…

Je devais m’assurer qu’elle ne se fasse pas tuer.

« Sérignan, aide-la, s’il te plaît. »

« Selon vos désirs. »

Sérignan était partie à la poursuite du pirate.

« Espèce de salaud ! Comment oses-tu essayer de t’enfuir avec le trésor d’Atlantica ? ! Tu as fait beaucoup de conneries jusqu’à présent, mais là, c’est vraiment la cerise sur le gâteau ! Espèce de serpent menteur ! » rugit Isabelle tout en agitant son coutelas devant Blasco.

« Et c’est toi qui oses dire ça, sale traîtresse ! Je n’ai fait ça que parce que tu as déclenché une putain de rébellion et laissé ces monstres entrer dans Atlantica ! » cria-t-il à Isabelle, en pointant son propre sabre dans sa direction.

Les sous-fifres de Blasco, qui avaient chargé la cargaison sur son navire, avaient déposé les caisses et avaient aussi sorti leurs armes. Franchement, je n’étais pas du tout inquiète.

« Vous devrez vous battre avec moi. »

En un instant, Sérignan s’était avancé et avait abattu un des hommes de Blasco.

Un autre pirate frappa Sérignan avec son coutelas, mais elle écarta rapidement sa lame et lui enfonça la pointe de son épée dans la gorge. Lorsqu’un troisième pirate lui chargea dessus, elle fit courir son épée parallèlement à son sabre et enfonça la lame dans son cœur.

La forme de combat de Sérignan était étonnante. Elle était fluide, sans erreur, et ne trahissait aucun signe d’hésitation. Elle repoussait ses adversaires avec précision et minutie. Elle reflétait l’expérience qu’elle avait acquise lors de nos combats à Maluk et Schtraut. Après tout, c’était une unité de héros capable de progresser constamment.

« Incroyable… »

« Cette dame est puissante et féroce… »

Isabelle et Blasco avaient été momentanément distraits par Sérignan, alors qu’ils étaient pratiquement engagés dans leur propre combat.

« N’allais-tu pas l’achever, Isabelle ? », avais-je demandé.

Ma question les ramena à la raison.

« Bien sûr ! Prépare-toi, espèce d’escroc ! »

« C’est toi qui vas périr ici, Isabelle ! »

Les deux croisèrent les lames. Isabelle avait clairement le dessus, probablement parce que sa jeunesse lui donnait beaucoup plus d’endurance. Elle repoussa Blasco avec une facilité ridicule et le fit bientôt s’appuyer contre un mur.

« Bon sang ! Aidez-moi, bande d’idiots ! », cria Blasco.

« Je ne sais pas à qui vous parlez. Vous êtes le seul qui reste. », dit froidement Sérignan.

Elle avait éliminé tous les hommes de Blasco comme si c’était un jeu d’enfant. Ayant connu leur fin sur la pointe de l’épée sacrée corrompue de Sérignan, les pirates gisaient dans des mares de leur propre sang.

« Déchets inutiles… J’ai dépensé une petite fortune pour vous ! »

Blasco hurla alors qu’il réussissait à peine à bloquer un coup de sabre d’Isabelle.

Lors du coup suivant, la lame d’Isabelle s’était enfoncée dans le bras de Blasco, sa propre arme tomba de sa main et s’écrasa sur le sol.

« Tu ne peux pas aller plus loin, Blasco », dit Isabelle en pressant la pointe de son coutelas contre sa pomme d’Adam.

« Grr ! Très bien, tue-moi si tu veux ! Tu peux parier ton joli cul que je te maudirai d’outre-tombe ! »

« Ooh, ça a l’air effrayant. Je suppose donc que je ne peux pas te tuer. Je vais juste demander à quelqu’un d’autre de m’en faire l’honneur. »

Isabelle hocha la tête dans ma direction.

Argh, à quoi pense-t-elle ?

J’avais grommelé intérieurement au moment où j’avais ordonné à un de mes Essaims Éventreurs d’assommer et d’attacher Blasco.

« Très bien. Maintenant, faisons leurs goûters à la même humiliation que nous avons dû subir », dit Isabelle.

Un sourire malicieux arriva sur ses lèvres.

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