Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 2

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Chapitre 2 : Les dépouilles du raid

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Chapitre 2 : Les dépouilles du raid

Partie 1

« L’Albatros rentre au port ! La dame pirate Isabelle est de retour ! »

Un navire de taille moyenne naviguait vers Atlantica, le refuge des pirates. C’était l’Albatros, le galion appartenant à Isabelle Ismaël, une pirate de l’Atlantide. Elle avait souvent utilisé son navire pour attaquer les navires du Royaume Papal et du Duché, les dépouillant de leurs richesses avant de ramener le butin à Atlantica.

Les vents portaient le navire à travers l’entrée cachée d’Atlantica. C’était une petite grotte cachée entre deux récifs — un passage que personne ne saurait trouver à moins d’être familier avec les cartes nautiques de la région.

Après avoir navigué dans la petite grotte, l’Albatros jeta l’ancre à côté d’un quai secret utilisé uniquement par les pirates. Un groupe d’entre eux s’était précipité pour accueillir le navire qui arrivait.

« Alors, comment ça se passe à Schtraut !? », demanda l’un d’entre eux.

« L’endroit grouille de monstres ! », répondit un membre de l’équipage de l’Albatros en criant.

« Très bien, bande de salauds, descendez la marchandise ! », s’exclama Isabelle.

« Aye aye, madame ! »

Son équipage commença à transporter les marchandises volées à Schtraut de la cale de l’Albatros jusqu’au quai.

Isabelle avait encore une vingtaine d’années, mais elle se vantait d’avoir autant de cicatrices que la plupart de ses camarades plus âgés. De nombreux pirates avaient des cache-œil et des membres artificiels, et Isabelle ne faisait pas exception : elle avait un cache-œil au-dessus de son œil gauche. Cette blessure était la preuve qu’elle avait vu plus de quelques batailles dans sa vie.

Enfant de deux pirates, Isabelle était devenue orpheline à l’âge de douze ans après que ses parents se soient disputé un butin. Sa carrière de pirate commença par le balayage des ponts, mais elle avait vite appris à aider à la navigation du navire et était devenue un membre officiel de l’équipage.

Depuis lors, elle avait souvent combattu les forces navales de Schtraut et de Frantz. Elle avait gravi les échelons jusqu’au poste de capitaine grâce à ses compétences et à son courage. Une fois qu’elle avait obtenu son propre navire, elle réunit un équipage de subordonnés fiables et commença à se mêler aux autres capitaines pirates d’Atlantica.

Les femmes pirates n’étaient pas monnaie courante à Atlantica, mais ses cheveux courts et cramoisis lui donnaient une impression masculine et fougueuse. Associée à la luxure sauvage et désinhibée que la plupart des pirates exprimaient ouvertement, cela faisait d’elle un digne compagnon pour tout pirate masculin.

Tous ceux qui la méprisaient en tant que femme avaient le droit de goutter à son coutelas. Sa liste de victimes ne se limitait pas aux officiers de marine étrangers, tous ses compagnons pirates étaient également susceptibles de mourir de sa main s’ils ne lui témoignaient pas le respect qui lui était dû.

C’était peut-être une femme, mais elle n’était en aucun cas une fleur fragile. Isabelle ressemblait davantage à un prédateur sauvage prêt à massacrer sa proie sans pitié.

« Oooh ! Vous avez obtenu ça après un seul raid ? » s’exclama un pirate, surpris par la quantité de butin.

Parmi le butin se trouvaient des chandeliers et des ustensiles en argent, plusieurs types de pièces de monnaie et un certain nombre de pierres précieuses assorties. Les pirates qui regardaient étaient très excités en voyant le butin être mis dans des coffres et emporté.

Normalement, il faudrait des mois de pillage pour rassembler un tel trésor. La piraterie n’était pas un travail facile, car il fallait attendre longtemps entre les embuscades. Les pirates n’attaquaient pas souvent les ports, car ils étaient protégés par des armées, ils devaient donc généralement cibler des navires de commerce naviguant en solitaire.

Apprendre où et quand de tels navires pouvaient apparaître était plus facile à dire qu’à faire. Parfois, les pirates devaient passer des mois en mer, à lutter contre la faim avec de la nourriture dure et pourrie. Il n’était pas facile d’échapper aux attaques navales et de poursuivre des navires pleins de trésors.

« On dirait que tu as fait sacré pillage, hein, Isabelle ? »

Un homme regarda le trésor avec des yeux lascifs : Blasco Bartoli, le bras droit et le second d’Achille Alessandri, ici à Atlantica. Entouré de ses laquais, Blasco s’approcha du butin d’Isabelle au moment où il était emporté. Leurs expressions étaient toutes voilées par la cupidité, alors qu’ils s’en approchaient comme des requins affamés.

« Mais, ah, nous allons réclamer cette moitié au nom d’Atlantica », déclara Blasco, incitant ses subordonnés à chasser l’équipage et à s’emparer des coffres.

« Hein !? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ! La taxe d’Atlantica est censée ne représenter qu’un dixième de ce que je trouve ! Quand avez-vous décidé de la réduire de moitié ? ! », cria Isabelle.

« Geronimo et Mauro t’ont accompagné », répondit-il en inspectant soigneusement le trésor.

« Le bateau de Geronimo a été attaqué par un serpent de mer, et maintenant il est au fond de la mer. Mauro s’en est sorti de justesse. Ne te sens-tu pas mal pour lui ? Ta brillante idée de raid a faillit tuer quelqu’un. »

« Je n’en ai rien à foutre de ça ! Je suis passé par le même genre de danger pour réussir ce raid, et tout le monde savait dans quoi il s’engageait ! »

« C’est la première et la dernière fois qu’il y a un raid ici, madame. Je suis votre supérieur, et si vous ignorez mes ordres, vous allez devoir vous battre. Votre taxe est la moitié de ce que vous avez cette fois. On doit payer pour l’enterrement de Geronimo et la réparation du bateau de Mauro. »

« Merde ! Tu te prends pour qui ? »

« Allez, madame, laissez tomber », dit un des hommes d’Isabelle avec des mots d’encouragement.

« Laissez-les prendre leur moitié. Je suis sûr que le reste de l’équipage est aussi en colère. Ce n’est pas comme si nous n’avions pas été blessés en essayant d’obtenir ce butin. »

« Nous n’avons pas le choix. Nous ne pouvons pas continuer à travailler comme des pirates s’ils nous chassent d’Atlantica. La marine de Frantz nous attrapera, et nous serons de la nourriture pour les poissons avant que nous le sachions. Il vaut mieux abandonner la moitié de notre butin à la place… Maudit soit ce salaud ! », ajouta un autre compagnon de bord.

« Écoute, on se met en danger pour ça. La marine de Schtraut est kaputt, et on peut prendre tout ce qu’on veut, mais ces putains d’insectes continuent de ramper hors des boiseries. Un coutelas ne fait rien contre ces choses. Il vous faut au moins une arbalète. », s’exclama Isabelle.

Isabelle et ses hommes avaient rencontré et combattu des Essaims Éventreurs qui gardaient les villes portuaires. Ses coéquipiers avaient essayé de repousser les attaques des Essaims Éventreurs avec leurs coutelas, mais les lames n’avaient pas pu les blesser. Les pirates n’avaient réussi à les vaincre qu’avec des arbalètes et un gros marteau qu’ils avaient utilisé pour pénétrer dans l’entrepôt voisin. Ils avaient déjà perdu quelques hommes dans l’escarmouche.

« Ça va être une grande course maintenant. Tous les pirates de cet endroit vont essayer de faire un raid dans les villes portuaires de Schtraut. Franchement, je pensais qu’on ferait une grande course si on y allait d’abord… Mais ensuite, ce salaud de Blasco est venu et nous foutu dans cette merde. J’espère que ces putains d’insectes mangeurs d’hommes le mettront en pièces. »

Maintenant que les pirates savaient que les villes portuaires de Schtraut étaient faciles à dépouiller, ils se précipiteraient probablement en masse pour avoir une part du gâteau. Cependant, le duché ne disposait pas de toutes ces ressources. Le pays était en ruine et son économie était au point mort, si bien que les pirates ne pouvaient pas continuer à le piller indéfiniment. Ce qui en faisait une course au pillage selon le principe du premier arrivé, premier servi.

Sachant que cela allait arriver, Isabelle s’était assurée d’être la première à débarquer afin de pouvoir faire un très gros pillage, mais ensuite Blasco lui avait pris la moitié du butin. Il était impossible de ne pas se mettre en colère. Elle était sortie et avait bravé une menace inconnue tandis que Blasco restait derrière, sain et sauf. Comment pouvait-il obtenir la moitié de ce qu’elle avait ? Une rage noire tourbillonnait dans son cœur tandis que les sous-fifres de Blasco emportaient le trésor.

« Hé, Isabelle. »

« Huh, c’est toi, Achille. Quoi, tu viens me piquer encore plus de butin sous mon nez ? »

« Non, j’ai juste pensé que tu pourrais être contrariée. J’ai prévenu Blasco que s’il essayait d’en prendre autant, tu pourrais sortir ton coutelas et lui trancher la tête. Mais il a quand même pris la moitié… Heh, qu’est-ce que je vais faire de lui ? »

« Ouais, c’est ça. Reprends-lui ce truc, mon vieux. Geronimo et Mauro ont peut-être eu des ennuis, mais on a aussi dû prendre des risques pour ça. »

« Non, ce n’est pas possible. Il a raison, nous devons payer pour les funérailles de Geronimo et le bateau de Mauro, et c’est toi qui en as profité, Isabelle. Les pirates de l’Atlantica ne font qu’un, nous survivons en nous aidant les uns les autres. Si ton navire faisait naufrage, nous paierions quand même pour le faire réparer. Laisse-le tranquille. Sur cette île, nous participons tous. », dit Achille en secouant la tête.

« Je ne peux pas dire que je vous ai déjà vu, toi ou Blasco, payer les funérailles de quelqu’un ou les réparations d’un bateau, mon vieux. Il n’y a que les petits gars qui paient pour ça, comme moi. Vous, les gros bonnets, vous êtes toujours trop occupés à vous asseoir et à récolter les bénéfices des autres. »

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Partie 2

La colonie de pirates d’Atlantica était, en surface, une organisation coopérative, les membres s’aidaient les uns les autres à piller et à rassembler des ressources. Cependant, Achille et Blasco prenaient une partie des revenus de chacun sans partager les leurs. Ils payaient lorsqu’un pirate était blessé ou qu’un navire était endommagé, mais tout cela provenait des taxes que les pirates comme Isabelle devaient payer. En outre, l’argent que ces dirigeants fournissaient n’était généralement pas gratuit, mais prenait la forme d’un prêt avec intérêts.

Isabelle n’était certainement pas le seul pirate mécontent de cette situation. Les autres pirates avaient tous du ressentiment envers ce système oppressif. Alors que la quantité de butin augmentait, ils n’en voyaient pas beaucoup plus. Tout le monde, du capitaine le plus expérimenté au laveur de pont le plus bas, devenait progressivement plus amer à propos de cet état de fait.

« Je te dis de laisser tomber, alors fais ce que je te dis. Je suis le chef ici. », dit Achille avec fermeté.

« C’est vrai ? Très bien. Peu importe. »

Isabelle haussa les épaules.

« Bien, bien. Fais ce qu’on te dit, et tout ira bien. Travaille dur pour Atlantica, Isabelle. »

Avec un sourire en coin, Achille s’en alla.

« Salaud irritant… », cracha-t-elle.

« Tu as une seconde, Isabelle ? »

« Qu’est-ce que tu veux, Gilbert ? Tu veux prendre une partie de mon butin, aussi ? »

L’homme qui s’était approché d’elle était un autre pirate qui avait à peu près son âge.

Gilbert secoua la tête.

« J’ai entendu dire que tu étais allé à Schtraut. Comment c’était ? »

« Oh, oui. C’était un peu dangereux, mais il y a certainement un profit à faire. En supposant bien sûr que les responsables ne te le volent pas. »

« Dangereux, tu dis ? Quoi, il y avait des serpents de mer là-bas ? »

« Non, il y avait des monstres sur le rivage. Des araignées de mer. Je n’ai jamais rien vu de tel. Tu vois, je déteste les insectes. Ils me donnent la chair de poule. »

Isabelle et ses pirates ne savaient pas vraiment ce qu’était l’Essaim. Ils n’avaient aucune idée que ces créatures étaient celles qui avaient détruit Schtraut ou qu’elles étaient les ennemies du monde entier… ainsi que les propriétaires du butin qu’elle avait volé.

Bien qu’étant une vétérante chevronnée, Isabelle avait une grande faiblesse : elle avait toujours détesté les insectes. Quand elle était petite, elle ne pouvait même pas se résoudre à toucher un cafard de quai. Les garçons de son âge, comme Gilbert, l’avaient toujours taquinée pour cela.

« Bon… Cela mis à part, nous avons perdu beaucoup d’hommes à cause des serpents de mer ces derniers temps. Achille et Blasco essaient de trouver une solution. C’est peut-être juste leur saison de reproduction, mais ces serpents de mer agissent différemment de la normale. Je me demande quel est leur problème. »

« Hah, supposer que ces vautours peuvent résoudre nos problèmes est audacieux de ta part. La seule chose à laquelle ils pensent, c’est de prendre une part de nos bénéfices. »

Les serpents de mer étaient des monstres que beaucoup considéraient comme les souverains de la mer. Les serpents de mer adultes pouvaient atteindre 30 mètres de long, et ils pouvaient facilement couler des navires en les attaquant sous l’eau. Aucun navire n’était à l’abri, qu’il transporte des civils ou des pirates.

« Ne sois pas comme ça. Ils m’ont prêté de l’argent après que mon bateau ait pris un sale coup. Grâce à ça, je peux continuer à travailler. »

« Hmph. Ils nous prennent notre argent juste pour pouvoir nous le prêter et gagner plus d’intérêts. C’est juste une bande de serpents pourris. »

Isabelle était encore livide.

« Tout ce que je dis, c’est qu’ils pourraient t’envoyer t’occuper des serpents de mer, alors garde ça à l’esprit. Et si on en attrape un très gros, on aura un énorme festin. Mais, s’ils prennent le dessus sur nous, nous finirons probablement en dîner à la place. Il faut aimer être un pirate, tu sais ? Tu ne trouveras pas un travail plus dangereux, même si tu cherches bien. »

« Oui, merci. Je vais peut-être aller chercher d’autres trucs chez Schtraut avant qu’ils ne m’obligent à tuer les serpents de mer. J’espère juste que personne ne prendra une part de ça. »

Sur ce, Isabelle se sépara de Gilbert. Avec la colère qui l’obscurcissait, Isabelle oublia rapidement les paroles de Gilbert sur les serpents de mer.

☆☆☆**

« Les préparatifs sont terminés, Votre Majesté. »

« Merci, Roland. Je te laisse le commandement de la marine. »

J’avais rassemblé tous les navires en état de marche de l’Arachnée aux abords de Doris, l’ancienne capitale du duché. Les navires étaient exploités par des Essaims Éventreurs, et ils en étaient pleins à craquer. Il y avait un grand voilier qui pouvait affronter la haute mer à pleine vitesse et deux navires de taille moyenne pour l’accompagner.

« Très bien, nous devons donc déterminer quel endroit va être attaqué ensuite », avais-je dit, en déroulant une carte sur la table.

Il y avait cinq grandes villes portuaires à Schtraut. Un endroit avait déjà été attaqué, mais j’avais encore installé mes souricières le long des cinq. Il y avait aussi une chance que l’ennemi attaque un petit village de pêcheurs, mais je ne me souciais pas tellement de ceux-là, car ils n’abritaient pas mes ressources.

« Croyez-vous qu’ils vont se faire avoir ? », demanda Lysa avec anxiété.

« J’espère bien, puisque nous n’avons pas d’autre moyen », lui avais-je répondu en regardant la carte.

Tout ce que nous pouvions faire était de prier pour que cela fonctionne. On ne savait pas ni quand ni où les pirates ou la marine de Frantz pourraient attaquer. Notre stratégie consistait à concentrer les essaims sur les lignes de front, mais les côtes de Schtraut étaient trop vastes pour que nous puissions les stationner tous efficacement. Nous avions été bien conscients du fait, désormais évident, que l’humanité pouvait traverser des eaux profondes, et cela signifiait que nous devions également sécuriser notre frontière avec Nyrnal le long de la rivière Themel.

Nyrnal pourrait traverser la Themel pour nous attaquer, tandis que Frantz pourrait venir de la mer. Ce serait le pire des scénarios. Nous serions obligés de battre en retraite et d’établir un périmètre défensif autour de notre base dans la forêt elfique.

Pour l’instant, l’Empire de Nyrnal ne montrait aucun signe de vouloir nous attaquer, donc notre défense de Themel n’était pas notre priorité. Ayant choisi de se battre seul, Nyrnal était tout aussi digne que nous de l’agression de l’alliance. Je savais déjà que le penchant de l’Empire pour la domination créait des frictions entre lui et les pays environnants. Si l’armée alliée du Royaume Papal devait changer de cap et entamer une sorte de croisade, elle pourrait très bien choisir d’attaquer Nyrnal.

Je suppose qu’ils sont tout aussi détestés que nous. Ou peut-être est-ce le contraire ?, me suis-je dit.

Mais même si les chances étaient faibles, nous nous étions quand même préparés au pire.

« Nous ne pouvons pas nous replier si nous voulons remporter notre victoire. Nous devons garder notre territoire occupé fermement sous notre contrôle, nous devons protéger à la fois la terre et la mer. »

Perdre du territoire, c’est perdre des ressources. La force de l’Essaim résidait dans son nombre, et laisser ce nombre diminuer serait fatal. Si je voulais maintenir notre production d’Essaims, nous devrions continuer à nous développer. La retraite n’était pas une option.

« Si nous pouvions juste gérer les pirates… »

Une partie de mon opération reposait sur les mouvements des pirates. J’avais pensé que nous pourrions les utiliser pour empêcher l’armée de Frantz de se mobiliser, ce qui nous permettrait de nous concentrer sur nos efforts terrestres et nous donnerait la chance de nous développer.

En supposant que, bien sûr, tout se passe bien.

« Tout plan que vous proposez est voué à réussir, Votre Majesté. Nous gagnerons cette fois-ci, tout comme nous avons gagné toutes les autres batailles jusqu’à présent. Nous n’avons pas à nous inquiéter. »

« Je l’espère, Sérignan. Mais je suis d’un naturel inquiet et lâche. Penser à ce qui va se passer ensuite me rend anxieuse. »

Est-ce que l’essaim va grandir et s’étendre, pour finir par envelopper tout le continent ? Ou bien apprendraient-ils à vivre en paix avec les humains de cette terre et en viendraient-ils à cesser de s’étendre de leur propre gré ?

Pour l’instant, je ne saurais le dire. Même si j’étais le chef de l’Arachnée, je ne voyais pas comment je mettrais fin à la guerre.

« Votre Majesté, un navire suspect s’approche d’une de nos villes portuaires », dit Roland.

Cela me fit m’éloigner de mes pensées.

« Très bien. Commencez l’opération. »

Bien. Il est temps de se concentrer sur la bataille en cours. Si nous ne pouvons pas gagner cette bataille, la conquête du continent ne sera qu’un rêve. Gloire à l’Arachnée.

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Partie 3

L’Albatros s’était rapproché d’une autre ville portuaire, dans l’intention d’en vider ses magasins.

« Allez ! Balayez ces insectes, et prenez tout le trésor ! »

Les pirates d’Isabelle débarquèrent du navire et ramèrent jusqu’au rivage sur de petites embarcations. Quatre Essaims Éventreurs apparurent, mais, étant en infériorité numérique, ils furent contraints de battre précipitamment en retraite. Les Essaims Travailleurs avaient déjà évacué.

La ville portuaire était complètement déserte et rien ne pouvait entraver la charge des pirates. Dans le passé, les soldats de Schtraut se seraient précipités pour les arrêter, mais le duché de Schtraut avait été détruit. Les seuls qui restaient dans cette ville étaient les monstres étranges et instables. Peut-être que les insectes avaient appris à craindre les gens puisqu’ils fuyaient maintenant les pirates.

« Hah ! Les insectes ont peur de nous ! »

« Fuyez et ne montrez plus jamais vos hideuses tronches ! »

Après s’être moqués des monstres en fuite, les pirates ouvrirent la porte d’un des entrepôts. Ils firent irruption à l’intérieur, en espérant le vider. Un homme arracha le couvercle de la caisse, regardant à l’intérieur pour voir son contenu…

« Hein !? »

Cela n’avait pris qu’un seul instant. Quelque chose sauta de l’intérieur de la caisse, plongea dans la bouche du malheureux pirate et s’accrocha à sa gorge.

« Hé, il s’est passé quelque chose ? », demanda un de ses camarades, en courant pour le regarder.

« Rien… ne s’est passé », répondit le pirate d’un ton maladroit et instable. D’un geste brusque, il referma le couvercle de la caisse.

« Très bien, alors reprenons tout ça. Je suis sûr qu’Isabelle va sauter de joie quand elle verra combien nous avons pris. J’espère juste que ces connards n’en reprendront pas la moitié cette fois-ci… »

« Oui. Tu as… raison. »

Le deuxième pirate regarda son ami avec suspicion quand il prit la caisse et la ramena à leur bateau. Le butin allait alors être transporté vers le bateau pirate, qui avait déjà fait des préparatifs pour le départ.

Tout comme l’Arachnée, les pirates accordaient de l’importance à la vitesse. Ils volaient toujours à leurs ennemis et battaient rapidement en retraite avant qu’une marine ne se présente pour les appréhender.

Le deuxième pirate chargea la caisse en bois sur le bateau et s’éloigna, laissant derrière lui l’entrepôt dépouillé.

Aucun des autres pirates n’avait remarqué qu’il y avait plus de 50 Essaims Éventreurs à l’affût dans cette ville. Que les Globe Oculaires étaient là, mais que, pour une raison quelconque, ils ne les attaquaient pas. Mais parmi ça, un homme suspect semblait regarder un peu trop souvent autour de lui.

Ils avaient été complètement et totalement pris au piège.

☆☆☆**

« Très bien, je connais leur position. Ils devraient être à peu près ici », avais-je dit en jetant un coup d’œil sur les cartes marines de Schtraut. En ce moment, je parlais avec Roland dans la propriété de feu le duc à Doris.

J’avais tracé la route du bateau pirate sur les documents. Les pirates se déplaçaient toujours pour s’échapper rapidement après un raid, mais grâce aux Essaims parasites, j’avais pu les suivre tout ce temps. J’avais caché les Essaims parasites dans des caisses dans les entrepôts, car je savais que les pirates les ouvriraient pour confirmer le butin de leurs raids. Maintenant que les Essaims parasites avaient infecté plusieurs pirates, ils nous mettaient constamment au courant de leur localisation par le biais de la conscience collective.

« Sommes-nous prêts à attaquer ? »

« Oui, Votre Majesté », dit Roland.

C’était le commandant de notre petite marine.

« Ils ont un navire, alors que nous en avons trois. Notre victoire est assurée. »

« Ne soyez pas trop hâtifs et ne coulez pas accidentellement le navire. Et ne tuez pas l’équipage non plus. Notre but ici n’est pas de les vaincre — nous devons trouver leur cachette et les inciter à négocier avec nous. », l’avais-je prévenu.

« Compris, Votre Majesté. »

Peu importe nos efforts, le plus que nous puissions accomplir est de couler un seul bateau pirate. Aussi optimiste que j’aie pu être, je doutais sérieusement que les pirates n’aient qu’un seul navire. De plus, la marine de Frantz était toujours une menace imminente.

« Je compte sur toi, Roland. »

Si Roland part tout de suite, il devrait pouvoir rattraper l’ennemi avant qu’ils ne dépassent complètement Doris. Notre plus gros navire était peut-être un peu trop lent pour y arriver, mais les navires de taille moyenne devraient faire l’affaire. Il pouvait encercler le bateau pirate avec ces deux-là dans une manœuvre de tenaille, puis l’éperonner avec notre plus grand.

Certes, je n’avais jamais été très doué pour le combat naval dans le jeu, car je n’avais que rarement à m’en occuper. Néanmoins, je crois que les choses se dérouleront comme prévu.

« Hmm… »

Pendant que je réfléchissais à l’opération, Sérignan ronchonnait en elle-même avec une expression amère sur le visage.

« Quoi de neuf, ma chère ? Pourquoi cette tête ? »

« Ce n’est rien, vraiment… Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à mon inutilité dans cette bataille. Normalement, je chargerais le bateau pirate à côté de Roland et l’aiderais à soumettre l’ennemi. »

« Dans ce cas, veux-tu bien te dépêcher de le rejoindre sur le champ ? »

Quelle femme responsable ! Moi, par contre, je suis ravie d’avoir un peu moins de travail à faire.

« Puis-je ? »

« Fais-toi plaisir. Garde juste à l’esprit que je ne t’ai pas mise sur cette mission parce que tu ne sais pas nager. Penses-tu que tu pourras t’en sortir ? »

« Tout ira bien, Votre Majesté ! », gazouilla-t-elle, les yeux pétillants.

« Eh bien, d’accord. Je vais donner l’ordre à Roland, alors va le rejoindre. »

J’avais contacté Roland par la conscience collective. Heureusement, lui et sa flotte n’étaient pas encore partis. Je me sentais déjà confiante dans notre opération avec seulement Roland et les Essaims Éventreurs impliqués, mais avec Sérignan se joignant à la mêlée, notre victoire était gravée dans le marbre. Il n’y avait absolument aucune raison de s’inquiéter !

Cependant, j’espérais secrètement que Sérignan ne finirait pas par glisser du pont et qu’elle se noie.

☆☆☆**

« Sœur ! On a deux bateaux qui arrivent en force ! Deux… Non, trois ! », s’écria un membre de l’équipage de l’Albatros.

« Quoi ? Je croyais que la marine de Schtraut avait disparu ! »

Isabelle s’empressa d’arracher les jumelles des mains du guetteur.

En effet, deux voiliers de taille moyenne suivaient l’Albatros, suivis d’un troisième navire, plus grand. À bord de tous ces navires se trouvaient d’innombrables insectes géants.

« Eh bien, merde. Ces insectes peuvent réquisitionner les navires ? »

Isabelle avait pensé que les insectes étaient des monstres sans cervelle, elle n’avait jamais imaginé qu’ils pouvaient faire quelque chose d’aussi avancé que de manœuvrer un navire. Mais si ces créatures étaient responsables de la destruction du Duché, c’était sûrement à cause de leur nombre.

Malgré le fait que le duché de Schtraut était censé être déserté, ces trois navires poursuivaient l’albatros juste au large des côtes de Doris. L’un d’entre eux avançait même pour leur barrer la route.

« Ces navires sont-ils vraiment contrôlés par des insectes ? Comment ont-ils su que nous étions ici ? ! », cria l’un des pirates.

« Comme si je le savais. Mais je peux vous dire une chose. Si nous ne nous défendons pas, ils prendront le butin que nous avons volé, et nous serons tués, comme tout le monde à Schtraut. », dit Isabelle avec amertume.

C’était une situation critique. Si ces navires étaient vraiment dirigés par les monstres insectes, cela signifiait que cette marine arrivant ici n’était pas composée de soldats, mais des créatures qui avaient massacré les habitants de Schtraut.

Les pirates les avaient à peine repoussés lors de leurs rencontres dans les villes portuaires, et Isabelle ne savait pas comment les choses allaient se terminer s’ils devaient les combattre sur le pont. Les batailles navales dans ce monde étaient basées sur qui embarque sur quel navire. Les troupes quittaient leur propre navire pour prendre le contrôle d’un navire ennemi. Les canons n’avaient pas encore été inventés, l’abordage était donc la seule façon appropriée de combattre… et l’image de ces insectes qui abordaient son navire était cauchemardesque.

« Pour l’instant, concentrez-vous afin de les larguer. Si ça échoue, eh bien, préparez-vous à les combattre à bord. »

« Aye aye, madame ! »

L’Albatros étendit ses voiles et prit de la vitesse, essayant de mettre de la distance avec les navires derrière lui. Cependant, il semblerait que la direction du vent ne soit pas en faveur des pirates. Les navires de Schtraut se rapprochaient de plus en plus. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’Albatros ne soit à la portée de l’ennemi.

Et bientôt, les navires du duché le rattraperaient.

« Ils vont nous enfoncer ! »

« Tout le monde sur le pont ! Préparez-vous à l’abordage de l’ennemi ! Assurez-vous d’avoir des arbalètes ! », cria Isabelle.

Les pirates saisirent leurs armes, certains prenant des coutelas et d’autres des marteaux et des arbalètes.

« Les voilà ! »

« Préparez-vous à l’abordage ! »

Alors que les navires ennemis naviguaient juste à côté d’eux, des Essaims Éventreurs sautèrent vers eux et atterrirent sur le pont de l’Albatros.

« Battez-vous ! Repoussez-les ! », ordonna Isabelle.

Répondant à l’appel de leur capitaine, les pirates s’étaient précipités pour engager les Essaims Éventreur. Les coutelas ne firent pas de dégâts, et l’ondulation constante du navire fit que beaucoup de leurs coups ratèrent la cible. Même ceux qui brandissaient des arbalètes n’avaient pas réussi à toucher leurs adversaires agiles et durent perdre du temps pour recharger.

« Whoa ! »

***

Partie 4

Alors que les pirates se redressaient et rechargeaient, les Essaims Éventreurs se précipitèrent. Plutôt que d’attaquer pour tuer, ils utilisèrent leurs dards paralysants pour attaquer. Ils ne balançaient leur faux que pour repousser les attaques, en prenant soin de ne pas porter de coups mortels. Les pirates piqués tombaient sur le pont, incapables de bouger. Les Essaims Éventreurs tirèrent alors des fils pour les attacher.

« Ne reculez pas ! Je ne sais pas pourquoi, mais ils y vont mollo avec nous ! Attaquez-les avec tout ce que vous avez ! »

« Oui, madame ! »

Les coutelas ne percèrent pas les essaims, mais cela occupait les créatures. Pendant ce temps, les pirates brandissant marteaux et arbalètes réussirent finalement à atteindre leurs cibles. Ils s’étaient regroupés en un seul endroit, criblant de carreaux tout essaim qui osait s’approcher d’eux.

Mais à ce moment précis…

« Haaaah ! »

Une femme et un homme élevèrent la voix dans un terrifiant cri de guerre.

« Encore des ennemis ? ! Aww, merde ! »

« Préparez-vous, pirates ! »

C’était Roland et Sérignan.

Ils coupèrent le groupe de pirates et brisèrent leur formation. Leurs attaques étaient précises, même sur un terrain aussi instable, et ils avaient pris soin de porter des coups non mortels en neutralisant progressivement l’équipage des pirates.

« Avancez, pirates ! Saluez tous la reine ! », s’exclama Sérignan en assommant un pirate.

« Saluez tous la reine ! » s’écria un essaim d’éventreurs tout en attachant un autre pirate.

« Bon sang ! » Isabelle jura sous son souffle.

Peu après, il ne restait plus que cinq pirates qui pouvaient encore se défendre. Les Essaims, par contre, étaient pour la plupart indemnes. C’était sans espoir, il n’y avait aucune chance que les pirates puissent gagner.

« Continuez, mes hommes ! Mettez-vous au travail ! On ne va pas laisser l’Albatros couler si facilement ! »

« Oui, madame ! »

Les pirates restants saisirent leurs marteaux, faisant face aux essaims d’éventreurs qui se rapprochaient d’eux.

« Avez-vous toujours l’intention de vous battre ? Nous essayons de ne pas verser de sang inutile », dit Sérignan, en s’avançant.

« Ne nous regardez pas de haut, monstres ! », cracha l’un des pirates en levant son marteau.

« Haaah ! »

Sérignan abaissa sa lame, frappant non pas le pirate, mais l’arme qu’il tenait. Son épée trancha le marteau comme si c’était du papier, le fendant en deux.

« Eeek ! »

Devenu impuissant, le pirate perdit l’équilibre et tomba sur le dos. Un Essaim Éventreur le piqua rapidement et l’emmêla dans un faisceau de fils.

« On ne peut pas les battre, sœurette ! Nous devons nous rendre ! », dit un membre de l’équipage.

« Est-ce que tu t’entends au moins ? ! Ce sont des monstres ! Ils ne vont pas nous laisser nous rendre ! », Isabelle lui fit un croche-pied.

« Nous sommes prêts à faire des prisonniers. Notre reine est généreuse et miséricordieuse. Sa volonté est que vous vous agenouilliez devant elle, et si vous le faites, elle pardonnera vos raids sur nos stocks. Venez, pirates. Mettez de côté vos armes et soumettez-vous. Toute résistance supplémentaire est futile. », dit Sérignan.

Sérignan brandit sa lame, et Roland fit de même.

Isabelle poussa un cri.

« Arrêtez de vous moquer de moi, bande d’insectes ! Croyez-vous que la grande pirate Isabelle s’agenouillerait devant quelqu’un d’autre ? ! Je vais vous montrer ! »

Isabelle brisa alors la formation et se précipita vers Sérignan pour tenter de l’abattre.

« Trop lent. »

Sérignan évita facilement l’attaque d’Isabelle et frappa le dos du pirate avec la poignée de son épée. Isabelle émit un grognement guttural et s’effondra sur le sol, où elle resta immobile. Les Essaims Éventreurs l’avaient rapidement ligotée avec leurs fils.

« Ils l’ont eue ! »

« Tout est fini maintenant… »

Les pirates restants étaient accablés de désespoir.

« Désarmez-vous et rendez-vous. Si vous le faites, nous ne prendrons pas vos vies. », dit Roland en pointant sa lame sur eux.

« Je… je me rends ! »

« Je me rends ! »

La vue de la défaite rapide de leur chef leur avait coupé le souffle. Les pirates s’empressèrent donc de se rendre. Ils avaient été rapidement ligotés eux aussi.

« Je crois que nous en avons fini ici. »

Sérignan regarda autour d’elle et hocha la tête avec satisfaction.

« En effet, Mlle Sérignan. Nous devrions informer Sa Majesté de notre victoire. »

Ils avaient réussi à prendre le contrôle du bateau pirate sans tuer un seul membre de l’équipage.

« Sa Majesté est déjà au courant de tout. L’Essaim est toujours connecté à travers la conscience collective. »

Au moment même où cet échange avait lieu, les Essaims Éventreurs changeaient la trajectoire des navires, les amenant à retourner vers Doris. Ayant appris à faire fonctionner les navires grâce à la conscience collective, leur maniement des embarcations était parfait, et les navires firent donc tranquillement leur retour.

Mais juste à ce moment-là…

« Quelque chose arrive », siffla Sérignan en tirant son épée.

« Oui, j’ai remarqué. »

Roland se préparait, sa lame était prête.

Soudain, l’eau de mer se mit à gonfler, et quelque chose se jeta sur un des navires de taille moyenne. C’était un monstre qui ressemblait à un serpent de mer colossal, de plus de 50 mètres de long. La bête enroula son corps autour du navire, le serrant si fort que la structure en bois gémit et commença à se briser sous la tension. Des Essaims Éventreurs furent projetés du pont, et ils tombèrent sans défense dans l’océan.

Une fois le navire coulé, le monstre replongea sous l’eau.

« Qu’est-ce que c’était ? » demanda Sérignan d’une voix tremblante.

« Un serpent de mer. C’est la première fois que j’en vois un aussi gros… », répondit Roland, des perles de sueur froide glissant sur ses joues.

« Je ne pense pas que nous pourrons résister si cette chose nous attaque. Que ferons-nous ? »

« Nous devons nous battre. C’est notre devoir. »

« Bonne réponse, Roland. D’ailleurs, je ne pense pas qu’elle pourra faire couler celui-ci. »

« Pourquoi ne pourrait-il pas ? »

« À cause de ça. »

Sérignan secoua son menton en direction de l’eau qui déferlait, là où le serpent de mer remontait à nouveau à la surface.

Mais cette fois, les Essaims Éventreurs s’accrochaient à son corps, le poignardant de leurs dards paralysants. Grâce à cela, ses mouvements devenaient de plus en plus lents.

« Il vient par ici ! »

« C’est ça ! »

Le serpent de mer empiéta sur l’Albatros, déterminé à le détruire. Roland et Sérignan se séparèrent et enfoncèrent leurs épées dans le corps de la bête. Tourmenté par leurs attaques, le serpent de mer hurla de douleur et se retira dans l’eau.

« Nous avons réussi », dit Roland.

« Oui, même si j’aurais voulu en finir », marmonnait Sérignan.

À leur insu, ce même serpent de mer allait devenir une nuisance majeure sur leur chemin.

☆☆☆**

« Alors, vous êtes des pirates, hein ? Je suis désolée que mes amis aient dû vous malmener comme ça, mais voyez ça comme une récompense pour les biens que vous m’avez volés. »

Je parlais au chef des pirates, Isabelle, qui me regardait avec une expression maussade. Elle était étroitement liée par les fils des Essaims Éventreurs, bouder était donc la seule forme de résistance qu’elle avait.

« Maintenant, il y a quelque chose que j’aimerais te demander. Où se trouve exactement votre cachette ? » lui avais-je demandé.

« Tch. Croyez-vous que je vous le dirais ? », cracha Isabelle.

« Eh bien, n’es-tu pas belliqueuse ? Je voudrais vraiment que l’on puisse s’entendre. »

J’avais haussé les épaules et j’avais fait signe à un des pirates.

« Salut, Barbe Noire. Comment te sens-tu ? »

« Je me sens… bien… Votre Majesté », répondit le pirate.

Il était infecté par un Essaim Parasite, mais Isabelle ne le savait évidemment pas. Les yeux écarquillés, elle se tourna vers l’homme qui aurait dû être son loyal subordonné.

« Qu’est-ce que vous avez fait à mon équipage ? ! »

« Oh, ne t’inquiète pas. Je lui ai juste fait avaler un insecte », lui avais-je dit en passant.

« Écoute, je vais maintenant lui faire cracher le morceau. »

J’avais ordonné à l’Essaim Parasite de partir. La couleur du visage d’Isabelle s’était progressivement dégradée alors qu’il sortait de sa bouche. C’était en fait assez drôle.

« Je peux utiliser ces Essaims Parasites pour transformer n’importe qui en ma propre petite marionnette. Vois-tu, je pourrais mettre un de ces trucs en toi et te faire tout cracher… Ou je pourrais te demander d’ordonner à un de tes équipiers de le faire. Me comprends-tu ? »

J’avais souri vicieusement.

« Merde ! Voyez-vous, c’est pour ça que je ne supporte pas les insectes ! », couina Isabelle, son regard fixé sur l’Essaim Parasite se tortillant dans ma main.

Elle s’en méfie, comme si elle craignait qu’il ne lui tombe dessus à tout moment. La gravité de sa réaction me donnait une envie chatouilleuse de continuer à jouer avec elle.

Oh, non. La volonté de l’Essaim prend de nouveau le dessus.

« Quoi qu’il en soit, crache le morceau. Tu peux le faire volontairement, ou je peux te faire parler avec mon petit ami ici présent. À toi de choisir. »

J’avais mis l’Essaim Parasite devant elle.

« Arrêtez ! Je vais parler ! Je vais parler, alors rangez ce truc ! »

Huh. Un pirate audacieux a peur des insectes ?

« Alors, dis-moi. J’ai la carte marine juste ici, où se trouve donc la cachette ? » demandai-je, en défaisant les fils autour de ses mains.

« Là. C’est ça, juste là. Ça s’appelle Atlantica. », répondit-elle, en pointant du doigt.

Hmm. Cette île n’est pas sur les cartes, mais elle est au large des côtes du Royaume Papal. C’est très pratique…

« Très bien, une dernière question, alors. Vas-tu rejoindre l’Arachnée ? »

« Hein ? Vous voulez faire équipe avec nous ? »

Isabelle me regardait avec incrédulité.

« Oui. Je ne suis vraiment pas d’humeur à plaisanter sur quelque chose comme ça. J’ai besoin de forces navales, et malheureusement, ma propre marine est assez faible. Nous pouvons à peine vous tenir à distance, vous les pirates, alors qu’allons-nous faire quand nous entrerons en guerre avec Frantz ? C’est un problème que je dois résoudre. »

Je savais que les mensonges et la persuasion détournée ne fonctionneraient pas sur cette rousse sauvage. Je pourrais l’effrayer un peu avec l’Essaim Parasite, mais cela ne m’achèterait pas son honnête coopération. Pour gagner cela, je devais simplement être franche avec elle.

De plus, je venais à peine de la rencontrer. Je ne pouvais pas me résoudre à la haïr. Ses hommes avaient peut-être tué certains de mes adorables Essaims, mais je croyais que cette personne avait assez de valeur pour justifier que je répare notre relation. Mais il y avait quand même une chance que je fasse une erreur.

« Si je fais équipe avec vous, je n’aurai plus à m’inquiéter d’aucun raid et j’aurai la force navale dont j’ai besoin. Naturellement, je ne suis pas la seule à tirer profit de cet arrangement. Vous aurez une part de tout ce que je pillerai à partir de maintenant. »

« Hmm… Alors, vous voulez nous engager, hein ? Et vous savez quoi, ce n’est franchement pas un mauvais accord. Mais désolée, madame, je ne peux pas prendre cette décision pour les autres. Atlantica est une colonie de pirates, mais je ne suis pas un de ses chefs. Et qui sont donc ces chefs ? Ce sont tous des petits salauds lâches et sournois. Il n’y a aucun moyen qu’ils choisissent de se joindre à vous. »

« C’est une honte. Dis-moi, si on s’occupait de ces chefs, ton équipe coopérerait avec moi, non ? »

Il s’avérait que même la société pirate avait une hiérarchie. Cela signifiait qu’il n’y avait qu’une seule solution.

« Eh bien, je suppose que oui. Attendez, vous ne voulez pas dire que… ? »

Isabelle avait vite compris.

« Supposons — hypothétiquement, bien sûr — que je tue les chefs d’Atlantica et que je m’assure que tu prends leur place… »

On pourrait démolir l’ancien système d’Atlantica.

« Pas mal… J’aime ça. »

Les lèvres d’Isabelle se mirent à faire un sourire sordide.

« De toute façon, j’en ai plus que marre de ces deux-là. Même si vous n’étiez pas venu, cela aurait été sûrement le bon moment pour monter un coup d’État. Et hé, vous avoir de notre côté sera utile, vu que vous avez renversé Maluk et Schtraut. »

L’espièglerie de son sourire m’avait semblé étrangement juvénile. J’avais pensé qu’elle était beaucoup plus âgée que moi, mais peut-être que l’écart d’âge réel entre nous n’était pas si grand.

« Très bien, c’est décidé. Voici mon plan : vous ramenez nos navires avec vous, en disant que vous les avez capturés lors de votre raid. Ils seront pleins d’Essaims, que nous utiliserons pour lancer une attaque-surprise. Ne vous inquiétez pas, je vous promets que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter de blesser les pirates. En attendant, vous travaillez à rassembler les gens pour votre coup d’État. », avais-je dit en souriant.

« Oui, d’accord. Ça ne devrait pas être un problème. Je ne suis pas la seule à avoir un problème avec ces gars. Je suis sûre que je trouverai plein de gens qui voudront les supprimer. »

« Y a-t-il quelque chose qui pourrait se mettre en travers de notre chemin ? »

« Huh. Rien ne me vient à l’esprit. Avec vous à nos côtés, on devrait pouvoir couper la tête du serpent. Après tout, la meilleure façon de résoudre vos problèmes est de vous battre avec tout ce que vous avez. C’est comme ça que fonctionnent les pirates. »

Ouah. Dois-je vraiment compter sur cette femme ?

« Travaillons donc ensemble. Je vais détacher vos amis, mais ne faites rien de précipité, d’accord ? Je fais ça seulement parce que je vous fais confiance. »

« Ça va dans les deux sens. On comptera aussi sur vous, alors ne nous poignarde pas dans le dos. »

Mon alliance avec les pirates commençait à ressembler à une réalité. J’avais aussi décidé de me joindre à la prochaine opération. Je n’avais pas le pied marin, c’est sûr, mais je ne pouvais pas me plaindre.

***

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Un commentaire :

  1. Merci pour le chapitre

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