Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 2 – Partie 2

***

Chapitre 2 : Les dépouilles du raid

Partie 2

La colonie de pirates d’Atlantica était, en surface, une organisation coopérative, les membres s’aidaient les uns les autres à piller et à rassembler des ressources. Cependant, Achille et Blasco prenaient une partie des revenus de chacun sans partager les leurs. Ils payaient lorsqu’un pirate était blessé ou qu’un navire était endommagé, mais tout cela provenait des taxes que les pirates comme Isabelle devaient payer. En outre, l’argent que ces dirigeants fournissaient n’était généralement pas gratuit, mais prenait la forme d’un prêt avec intérêts.

Isabelle n’était certainement pas le seul pirate mécontent de cette situation. Les autres pirates avaient tous du ressentiment envers ce système oppressif. Alors que la quantité de butin augmentait, ils n’en voyaient pas beaucoup plus. Tout le monde, du capitaine le plus expérimenté au laveur de pont le plus bas, devenait progressivement plus amer à propos de cet état de fait.

« Je te dis de laisser tomber, alors fais ce que je te dis. Je suis le chef ici. », dit Achille avec fermeté.

« C’est vrai ? Très bien. Peu importe. »

Isabelle haussa les épaules.

« Bien, bien. Fais ce qu’on te dit, et tout ira bien. Travaille dur pour Atlantica, Isabelle. »

Avec un sourire en coin, Achille s’en alla.

« Salaud irritant… », cracha-t-elle.

« Tu as une seconde, Isabelle ? »

« Qu’est-ce que tu veux, Gilbert ? Tu veux prendre une partie de mon butin, aussi ? »

L’homme qui s’était approché d’elle était un autre pirate qui avait à peu près son âge.

Gilbert secoua la tête.

« J’ai entendu dire que tu étais allé à Schtraut. Comment c’était ? »

« Oh, oui. C’était un peu dangereux, mais il y a certainement un profit à faire. En supposant bien sûr que les responsables ne te le volent pas. »

« Dangereux, tu dis ? Quoi, il y avait des serpents de mer là-bas ? »

« Non, il y avait des monstres sur le rivage. Des araignées de mer. Je n’ai jamais rien vu de tel. Tu vois, je déteste les insectes. Ils me donnent la chair de poule. »

Isabelle et ses pirates ne savaient pas vraiment ce qu’était l’Essaim. Ils n’avaient aucune idée que ces créatures étaient celles qui avaient détruit Schtraut ou qu’elles étaient les ennemies du monde entier… ainsi que les propriétaires du butin qu’elle avait volé.

Bien qu’étant une vétérante chevronnée, Isabelle avait une grande faiblesse : elle avait toujours détesté les insectes. Quand elle était petite, elle ne pouvait même pas se résoudre à toucher un cafard de quai. Les garçons de son âge, comme Gilbert, l’avaient toujours taquinée pour cela.

« Bon… Cela mis à part, nous avons perdu beaucoup d’hommes à cause des serpents de mer ces derniers temps. Achille et Blasco essaient de trouver une solution. C’est peut-être juste leur saison de reproduction, mais ces serpents de mer agissent différemment de la normale. Je me demande quel est leur problème. »

« Hah, supposer que ces vautours peuvent résoudre nos problèmes est audacieux de ta part. La seule chose à laquelle ils pensent, c’est de prendre une part de nos bénéfices. »

Les serpents de mer étaient des monstres que beaucoup considéraient comme les souverains de la mer. Les serpents de mer adultes pouvaient atteindre 30 mètres de long, et ils pouvaient facilement couler des navires en les attaquant sous l’eau. Aucun navire n’était à l’abri, qu’il transporte des civils ou des pirates.

« Ne sois pas comme ça. Ils m’ont prêté de l’argent après que mon bateau ait pris un sale coup. Grâce à ça, je peux continuer à travailler. »

« Hmph. Ils nous prennent notre argent juste pour pouvoir nous le prêter et gagner plus d’intérêts. C’est juste une bande de serpents pourris. »

Isabelle était encore livide.

« Tout ce que je dis, c’est qu’ils pourraient t’envoyer t’occuper des serpents de mer, alors garde ça à l’esprit. Et si on en attrape un très gros, on aura un énorme festin. Mais, s’ils prennent le dessus sur nous, nous finirons probablement en dîner à la place. Il faut aimer être un pirate, tu sais ? Tu ne trouveras pas un travail plus dangereux, même si tu cherches bien. »

« Oui, merci. Je vais peut-être aller chercher d’autres trucs chez Schtraut avant qu’ils ne m’obligent à tuer les serpents de mer. J’espère juste que personne ne prendra une part de ça. »

Sur ce, Isabelle se sépara de Gilbert. Avec la colère qui l’obscurcissait, Isabelle oublia rapidement les paroles de Gilbert sur les serpents de mer.

☆☆☆**

« Les préparatifs sont terminés, Votre Majesté. »

« Merci, Roland. Je te laisse le commandement de la marine. »

J’avais rassemblé tous les navires en état de marche de l’Arachnée aux abords de Doris, l’ancienne capitale du duché. Les navires étaient exploités par des Essaims Éventreurs, et ils en étaient pleins à craquer. Il y avait un grand voilier qui pouvait affronter la haute mer à pleine vitesse et deux navires de taille moyenne pour l’accompagner.

« Très bien, nous devons donc déterminer quel endroit va être attaqué ensuite », avais-je dit, en déroulant une carte sur la table.

Il y avait cinq grandes villes portuaires à Schtraut. Un endroit avait déjà été attaqué, mais j’avais encore installé mes souricières le long des cinq. Il y avait aussi une chance que l’ennemi attaque un petit village de pêcheurs, mais je ne me souciais pas tellement de ceux-là, car ils n’abritaient pas mes ressources.

« Croyez-vous qu’ils vont se faire avoir ? », demanda Lysa avec anxiété.

« J’espère bien, puisque nous n’avons pas d’autre moyen », lui avais-je répondu en regardant la carte.

Tout ce que nous pouvions faire était de prier pour que cela fonctionne. On ne savait pas ni quand ni où les pirates ou la marine de Frantz pourraient attaquer. Notre stratégie consistait à concentrer les essaims sur les lignes de front, mais les côtes de Schtraut étaient trop vastes pour que nous puissions les stationner tous efficacement. Nous avions été bien conscients du fait, désormais évident, que l’humanité pouvait traverser des eaux profondes, et cela signifiait que nous devions également sécuriser notre frontière avec Nyrnal le long de la rivière Themel.

Nyrnal pourrait traverser la Themel pour nous attaquer, tandis que Frantz pourrait venir de la mer. Ce serait le pire des scénarios. Nous serions obligés de battre en retraite et d’établir un périmètre défensif autour de notre base dans la forêt elfique.

Pour l’instant, l’Empire de Nyrnal ne montrait aucun signe de vouloir nous attaquer, donc notre défense de Themel n’était pas notre priorité. Ayant choisi de se battre seul, Nyrnal était tout aussi digne que nous de l’agression de l’alliance. Je savais déjà que le penchant de l’Empire pour la domination créait des frictions entre lui et les pays environnants. Si l’armée alliée du Royaume Papal devait changer de cap et entamer une sorte de croisade, elle pourrait très bien choisir d’attaquer Nyrnal.

Je suppose qu’ils sont tout aussi détestés que nous. Ou peut-être est-ce le contraire ?, me suis-je dit.

Mais même si les chances étaient faibles, nous nous étions quand même préparés au pire.

« Nous ne pouvons pas nous replier si nous voulons remporter notre victoire. Nous devons garder notre territoire occupé fermement sous notre contrôle, nous devons protéger à la fois la terre et la mer. »

Perdre du territoire, c’est perdre des ressources. La force de l’Essaim résidait dans son nombre, et laisser ce nombre diminuer serait fatal. Si je voulais maintenir notre production d’Essaims, nous devrions continuer à nous développer. La retraite n’était pas une option.

« Si nous pouvions juste gérer les pirates… »

Une partie de mon opération reposait sur les mouvements des pirates. J’avais pensé que nous pourrions les utiliser pour empêcher l’armée de Frantz de se mobiliser, ce qui nous permettrait de nous concentrer sur nos efforts terrestres et nous donnerait la chance de nous développer.

En supposant que, bien sûr, tout se passe bien.

« Tout plan que vous proposez est voué à réussir, Votre Majesté. Nous gagnerons cette fois-ci, tout comme nous avons gagné toutes les autres batailles jusqu’à présent. Nous n’avons pas à nous inquiéter. »

« Je l’espère, Sérignan. Mais je suis d’un naturel inquiet et lâche. Penser à ce qui va se passer ensuite me rend anxieuse. »

Est-ce que l’essaim va grandir et s’étendre, pour finir par envelopper tout le continent ? Ou bien apprendraient-ils à vivre en paix avec les humains de cette terre et en viendraient-ils à cesser de s’étendre de leur propre gré ?

Pour l’instant, je ne saurais le dire. Même si j’étais le chef de l’Arachnée, je ne voyais pas comment je mettrais fin à la guerre.

« Votre Majesté, un navire suspect s’approche d’une de nos villes portuaires », dit Roland.

Cela me fit m’éloigner de mes pensées.

« Très bien. Commencez l’opération. »

Bien. Il est temps de se concentrer sur la bataille en cours. Si nous ne pouvons pas gagner cette bataille, la conquête du continent ne sera qu’un rêve. Gloire à l’Arachnée.

***

Si vous avez trouvé une faute d’orthographe, informez-nous en sélectionnant le texte en question et en appuyant sur Ctrl + Entrée s’il vous plaît. Il est conseillé de se connecter sur un compte avant de le faire.

Laisser un commentaire