Joou Heika no Isekai Senryaku – Tome 3 – Chapitre 2 – Partie 1

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Chapitre 2 : Les dépouilles du raid

Partie 1

« L’Albatros rentre au port ! La dame pirate Isabelle est de retour ! »

Un navire de taille moyenne naviguait vers Atlantica, le refuge des pirates. C’était l’Albatros, le galion appartenant à Isabelle Ismaël, une pirate de l’Atlantide. Elle avait souvent utilisé son navire pour attaquer les navires du Royaume Papal et du Duché, les dépouillant de leurs richesses avant de ramener le butin à Atlantica.

Les vents portaient le navire à travers l’entrée cachée d’Atlantica. C’était une petite grotte cachée entre deux récifs — un passage que personne ne saurait trouver à moins d’être familier avec les cartes nautiques de la région.

Après avoir navigué dans la petite grotte, l’Albatros jeta l’ancre à côté d’un quai secret utilisé uniquement par les pirates. Un groupe d’entre eux s’était précipité pour accueillir le navire qui arrivait.

« Alors, comment ça se passe à Schtraut !? », demanda l’un d’entre eux.

« L’endroit grouille de monstres ! », répondit un membre de l’équipage de l’Albatros en criant.

« Très bien, bande de salauds, descendez la marchandise ! », s’exclama Isabelle.

« Aye aye, madame ! »

Son équipage commença à transporter les marchandises volées à Schtraut de la cale de l’Albatros jusqu’au quai.

Isabelle avait encore une vingtaine d’années, mais elle se vantait d’avoir autant de cicatrices que la plupart de ses camarades plus âgés. De nombreux pirates avaient des cache-œil et des membres artificiels, et Isabelle ne faisait pas exception : elle avait un cache-œil au-dessus de son œil gauche. Cette blessure était la preuve qu’elle avait vu plus de quelques batailles dans sa vie.

Enfant de deux pirates, Isabelle était devenue orpheline à l’âge de douze ans après que ses parents se soient disputé un butin. Sa carrière de pirate commença par le balayage des ponts, mais elle avait vite appris à aider à la navigation du navire et était devenue un membre officiel de l’équipage.

Depuis lors, elle avait souvent combattu les forces navales de Schtraut et de Frantz. Elle avait gravi les échelons jusqu’au poste de capitaine grâce à ses compétences et à son courage. Une fois qu’elle avait obtenu son propre navire, elle réunit un équipage de subordonnés fiables et commença à se mêler aux autres capitaines pirates d’Atlantica.

Les femmes pirates n’étaient pas monnaie courante à Atlantica, mais ses cheveux courts et cramoisis lui donnaient une impression masculine et fougueuse. Associée à la luxure sauvage et désinhibée que la plupart des pirates exprimaient ouvertement, cela faisait d’elle un digne compagnon pour tout pirate masculin.

Tous ceux qui la méprisaient en tant que femme avaient le droit de goutter à son coutelas. Sa liste de victimes ne se limitait pas aux officiers de marine étrangers, tous ses compagnons pirates étaient également susceptibles de mourir de sa main s’ils ne lui témoignaient pas le respect qui lui était dû.

C’était peut-être une femme, mais elle n’était en aucun cas une fleur fragile. Isabelle ressemblait davantage à un prédateur sauvage prêt à massacrer sa proie sans pitié.

« Oooh ! Vous avez obtenu ça après un seul raid ? » s’exclama un pirate, surpris par la quantité de butin.

Parmi le butin se trouvaient des chandeliers et des ustensiles en argent, plusieurs types de pièces de monnaie et un certain nombre de pierres précieuses assorties. Les pirates qui regardaient étaient très excités en voyant le butin être mis dans des coffres et emporté.

Normalement, il faudrait des mois de pillage pour rassembler un tel trésor. La piraterie n’était pas un travail facile, car il fallait attendre longtemps entre les embuscades. Les pirates n’attaquaient pas souvent les ports, car ils étaient protégés par des armées, ils devaient donc généralement cibler des navires de commerce naviguant en solitaire.

Apprendre où et quand de tels navires pouvaient apparaître était plus facile à dire qu’à faire. Parfois, les pirates devaient passer des mois en mer, à lutter contre la faim avec de la nourriture dure et pourrie. Il n’était pas facile d’échapper aux attaques navales et de poursuivre des navires pleins de trésors.

« On dirait que tu as fait sacré pillage, hein, Isabelle ? »

Un homme regarda le trésor avec des yeux lascifs : Blasco Bartoli, le bras droit et le second d’Achille Alessandri, ici à Atlantica. Entouré de ses laquais, Blasco s’approcha du butin d’Isabelle au moment où il était emporté. Leurs expressions étaient toutes voilées par la cupidité, alors qu’ils s’en approchaient comme des requins affamés.

« Mais, ah, nous allons réclamer cette moitié au nom d’Atlantica », déclara Blasco, incitant ses subordonnés à chasser l’équipage et à s’emparer des coffres.

« Hein !? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ! La taxe d’Atlantica est censée ne représenter qu’un dixième de ce que je trouve ! Quand avez-vous décidé de la réduire de moitié ? ! », cria Isabelle.

« Geronimo et Mauro t’ont accompagné », répondit-il en inspectant soigneusement le trésor.

« Le bateau de Geronimo a été attaqué par un serpent de mer, et maintenant il est au fond de la mer. Mauro s’en est sorti de justesse. Ne te sens-tu pas mal pour lui ? Ta brillante idée de raid a faillit tuer quelqu’un. »

« Je n’en ai rien à foutre de ça ! Je suis passé par le même genre de danger pour réussir ce raid, et tout le monde savait dans quoi il s’engageait ! »

« C’est la première et la dernière fois qu’il y a un raid ici, madame. Je suis votre supérieur, et si vous ignorez mes ordres, vous allez devoir vous battre. Votre taxe est la moitié de ce que vous avez cette fois. On doit payer pour l’enterrement de Geronimo et la réparation du bateau de Mauro. »

« Merde ! Tu te prends pour qui ? »

« Allez, madame, laissez tomber », dit un des hommes d’Isabelle avec des mots d’encouragement.

« Laissez-les prendre leur moitié. Je suis sûr que le reste de l’équipage est aussi en colère. Ce n’est pas comme si nous n’avions pas été blessés en essayant d’obtenir ce butin. »

« Nous n’avons pas le choix. Nous ne pouvons pas continuer à travailler comme des pirates s’ils nous chassent d’Atlantica. La marine de Frantz nous attrapera, et nous serons de la nourriture pour les poissons avant que nous le sachions. Il vaut mieux abandonner la moitié de notre butin à la place… Maudit soit ce salaud ! », ajouta un autre compagnon de bord.

« Écoute, on se met en danger pour ça. La marine de Schtraut est kaputt, et on peut prendre tout ce qu’on veut, mais ces putains d’insectes continuent de ramper hors des boiseries. Un coutelas ne fait rien contre ces choses. Il vous faut au moins une arbalète. », s’exclama Isabelle.

Isabelle et ses hommes avaient rencontré et combattu des Essaims Éventreurs qui gardaient les villes portuaires. Ses coéquipiers avaient essayé de repousser les attaques des Essaims Éventreurs avec leurs coutelas, mais les lames n’avaient pas pu les blesser. Les pirates n’avaient réussi à les vaincre qu’avec des arbalètes et un gros marteau qu’ils avaient utilisé pour pénétrer dans l’entrepôt voisin. Ils avaient déjà perdu quelques hommes dans l’escarmouche.

« Ça va être une grande course maintenant. Tous les pirates de cet endroit vont essayer de faire un raid dans les villes portuaires de Schtraut. Franchement, je pensais qu’on ferait une grande course si on y allait d’abord… Mais ensuite, ce salaud de Blasco est venu et nous foutu dans cette merde. J’espère que ces putains d’insectes mangeurs d’hommes le mettront en pièces. »

Maintenant que les pirates savaient que les villes portuaires de Schtraut étaient faciles à dépouiller, ils se précipiteraient probablement en masse pour avoir une part du gâteau. Cependant, le duché ne disposait pas de toutes ces ressources. Le pays était en ruine et son économie était au point mort, si bien que les pirates ne pouvaient pas continuer à le piller indéfiniment. Ce qui en faisait une course au pillage selon le principe du premier arrivé, premier servi.

Sachant que cela allait arriver, Isabelle s’était assurée d’être la première à débarquer afin de pouvoir faire un très gros pillage, mais ensuite Blasco lui avait pris la moitié du butin. Il était impossible de ne pas se mettre en colère. Elle était sortie et avait bravé une menace inconnue tandis que Blasco restait derrière, sain et sauf. Comment pouvait-il obtenir la moitié de ce qu’elle avait ? Une rage noire tourbillonnait dans son cœur tandis que les sous-fifres de Blasco emportaient le trésor.

« Hé, Isabelle. »

« Huh, c’est toi, Achille. Quoi, tu viens me piquer encore plus de butin sous mon nez ? »

« Non, j’ai juste pensé que tu pourrais être contrariée. J’ai prévenu Blasco que s’il essayait d’en prendre autant, tu pourrais sortir ton coutelas et lui trancher la tête. Mais il a quand même pris la moitié… Heh, qu’est-ce que je vais faire de lui ? »

« Ouais, c’est ça. Reprends-lui ce truc, mon vieux. Geronimo et Mauro ont peut-être eu des ennuis, mais on a aussi dû prendre des risques pour ça. »

« Non, ce n’est pas possible. Il a raison, nous devons payer pour les funérailles de Geronimo et le bateau de Mauro, et c’est toi qui en as profité, Isabelle. Les pirates de l’Atlantica ne font qu’un, nous survivons en nous aidant les uns les autres. Si ton navire faisait naufrage, nous paierions quand même pour le faire réparer. Laisse-le tranquille. Sur cette île, nous participons tous. », dit Achille en secouant la tête.

« Je ne peux pas dire que je vous ai déjà vu, toi ou Blasco, payer les funérailles de quelqu’un ou les réparations d’un bateau, mon vieux. Il n’y a que les petits gars qui paient pour ça, comme moi. Vous, les gros bonnets, vous êtes toujours trop occupés à vous asseoir et à récolter les bénéfices des autres. »

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Un commentaire :

  1. merci pour le chapitre

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